Affaire Chirac: Une certaine France qui fait peur (A scary France that has just shown its face)

31 octobre, 2009
Backstabbing Chirac
L’argent est le baromètre des vertus d’une société. (…) On maudit l’argent mal acquis; on respecte l’argent bien gagné. Ayn Rand
Il y a certains jours où on peut se poser des questions au sujet de tous ces procès d’épuration, de liquidation, vingt ans après. Jean-François Probst (ancien conseiller spécial de Jacques Chirac)

De la même manière qu’il y a une France généreuse que nous aimons, il y aussi une certaine France qui fait peur, et c’est cette France là qui vient de nous présenter son visage …

Après le calvaire que vit actuellement en Suisse le maitre mondialement reconnu du 7e art pour avoir voulu booster la carrière artistique d’une jeune fille qui posait déjà nue

Après le lynchage médiatique d’un ministre pour avoir trop bien défendu les relations touristiques de son pays avec la Thaïlande …

Après la condamnation d’un ex-ministre pour avoir aidé son pays à écouler ses stocks de décorations …..

Marchés truqués, voyages et frais de bouche bidouillés, faux électeurs et emplois fictifs, valises de billets et barils de pétrole irakien …

Consternation, dans le pays même des droits de l’homme où le dernier homme à avoir tenu tête à Bush non encore nobélisé de la planète se voit, au terme d’une longue carrière au service de son pays, sauvagement trainé devant les tribunaux pour des broutilles remontant pour certaines à plus de 20 ans.

Faits pour lesquels l’un de ses lieutenants avait déjà écopé de 14 mois de prison avec sursis et un an d’inéligibilité, l’ayant obligé à un cruel exil dans les neiges canadiennes …

Voilà donc comment, dans la terre de Voltaire et de Zola, on remercie un homme qui avait tant confiance en la justice de son pays qu’il avait accepté une loi d’immunité sur mesure en échange de la promesse solennelle de redevenir, au terme de ses douze ans de mandat, un justiciable comme les autres!

Mais qui peut douter que la Justice d’un si grand pays restera muette devant tant d’injustice et qu’une annulation ou un non-lieu ne viendront pas, dans les jours ou mois qui suivent, mettre un terme à tant d’infâmie?

Chirac devant la justice: « abracadabrantesque » ou « légitime »?
Le Monde
30.10.09

Le renvoi de Jacques Chirac devant la justice pour « détournements de biens publics » et « abus de confiance » dans l’affaire des chargés de mission de la Ville de Paris a été diversement apprécié, vendredi 30 octobre, par les acteurs et observateurs de la classe politique. Si certains, à gauche comme à droite, estiment que cette décision intervient « trop tard », d’autres rappellent que la justice doit être la même pour tous. Certains espèrent enfin que cette affaire permettra de remettre en question « l’immunité totale » accordée en France au chef de l’Etat.

Après l’avoir directement impliqué dans l’affaire de l’Angolagate ces derniers jours, Charles Pasqua a cette fois pris la défense de Jacques Chirac. « Je trouve cela non seulement triste mais aussi un peu indigne », a-t-il déclaré. « Ce système judiciaire qui juge plus de quinze ans après les faits me choque […] Je pense que les Français vont trouver cela incompréhensible. Ils savent bien qu’à droite comme à gauche, tout le monde a eu recours à des emplois dits aujourd’hui fictifs », fait valoir l’ancien ministre dans un entretien au Journal du dimanche.

Même réaction du constitutionnaliste Dominique Rousseau, qui qualifie « d’abracadabrantesque » le renvoi de Jacques Chirac en correctionnelle pour des faits remontant à plus de vingt ans et estime que l’immunité totale accordée en France au chef de l’Etat était « une fausse bonne idée ». « La crédibilité de la justice est même atteinte dans la mesure où une sanction se doit d’être exécutée dans des délais raisonnables », souligne cet ancien membre du Conseil supérieur de la magistrature, aujourd’hui professeur de droit de l’université de Montpellier.

Une analyse qu’est loin de partager le juge Eric Halphen. Selon lui, « il n’est pas du tout anormal, pour parler sous forme d’euphémisme, qu’une fois que le président n’est plus président la justice reprenne son droit ». Interrogé pour savoir s’il n’était pas « trop tard », le juge, qui avait instruit pendant douze ans l’affaire des HLM de Paris avant d’en être dessaisi en 2001, a remarqué : « C’est trop tard, mais ce n’est peut-être pas du fait de la justice : la justice, dès les années 90, s’intéressait au comportement de Jacques Chirac lorsqu’il était maire de Paris. »

En écho aux propos du juge Halphen, le porte-parole du Parti socialiste Benoît Hamon s’est félicité de cette décision qui « rappelle l’importance de conserver un juge d’instruction indépendant », alors que la suppression du juge d’instruction est un des points-clés de la réforme de la procédure pénale, qui doit faire l’objet d’un projet de loi d’ici à l’été 2010. « Quand il n’y aura plus de juge d’instruction, est-ce qu’on pourra voir ces affaires jugées ? », a-t-il demandé.

Olivier Besancenot (NPA) a salué le renvoi de Jacques Chirac devant la justice, tout en souhaitant que le « procès de Supermenteur » soit aussi celui de « l’immunité présidentielle ».

Nicolas Sarkozy a lui estimé ne pouvoir « faire aucun commentaire » sur cette affaire. « Il existe un principe qui est celui de la séparation des pouvoirs. Je suis le président de la République, successeur de Jacques Chirac. S’il y a bien quelqu’un qui ne peut présenter le moindre commentaire, c’est moi. Quels que soient les sentiments que j’ai pu avoir à l’endroit de Jacques Chirac, je ne peux faire aucun commentaire », a-t-il insisté. M. Sarkozy a également rappelé avoir « regretté » le « commentaire » qu’il avait fait à propos de l’affaire Clearstream, quand il avait parlé de « coupables » alors même que l’affaire n’était pas encore jugée.

« L’affaire est ancienne, les faits ne paraissent pas qualifiés et pourquoi donner le sentiment de s’acharner sur un homme, Jacques Chirac, qui a été président de la République et qui a quitté la politique ? C’est le statut du chef de l’Etat qu’il faut revoir », a pour sa part estimé Renaud Muselier, député UMP et ancien ministre.

Le porte-parole adjoint de l’UMP, Dominique Paillé, s’est lui placé sur le terrain de l’affectif, disant « regretter cette issue », une « épreuve douloureuse » pour l’ancien président. « Jacques Chirac est un personnage que les Français aiment bien. Il est dommage qu’en sa fin de carrière personnelle il soit renvoyé en correctionnelle », a-t-il déclaré sur France Info.

Pas de sentiments pour Noël Mamère, en revanche, qui estime que la justice doit être la même pour tous. « Ce n’est que justice. Quand on est dans un pays où on pratique la justice d’abattage avec les comparutions immédiates, on ne peut pas continuer plus longtemps de protéger ceux qui ont accédé au sommet du pouvoir et se sont protégés eux-mêmes », a souligné le député Vert de Gironde sur France Info.

Jean-François Lamour, député UMP, ancien ministre de M. Chirac, a déclaré : « A titre personnel, j’aurais préféré que le président Chirac soit à l’écart de tout cela. L’acharnement n’est jamais souhaitable. Il faut que chacun aborde ce dossier avec sérénité. Mais Jacques Chirac démontrera que, pour chacun des éléments du dossier, il a des réponses à apporter. Je remarque qu’il y a débat au sein même de la justice sur ce dossier… »

Le député UMP Henri Cuq a regretté vendredi le renvoi de Jacques Chirac devant la justice, estimant que l’ancien président « avait le droit de vivre en paix ».

« C’est l’histoire de clans au plus haut sommet du pouvoir qui sont en train de régler leurs comptes. C’est beaucoup plus facile de s’en prendre à quelqu’un qui n’est plus président de la République et qui n’est plus protégé », estime Jean-François Probst. Pour l’ancien conseiller spécial de Jacques Chirac, « il y a certains jours où on peut se poser des questions au sujet de tous ces procès d’épuration, de liquidation, vingt ans après ».

La secrétaire nationale à la justice et aux libertés publiques du Parti socialiste, Marie-Pierre de la Gontrie, a jugé « légitime » le renvoi de M. Chirac devant la justice. « On prend acte de cette décision. On note qu’elle est prise par un juge indépendant », a précisé cette avocate qui se dit attachée au maintien du juge d’instruction.

« J’éprouve comme tout un chacun un malaise par rapport à une affaire qui est ancienne et qui resurgit aujourd’hui, et (…) parce qu’il s’agit de Jacques Chirac, un ancien président », a réagi l’ancien premier secrétaire du PS, François Hollande, sur i-Télé. « Maintenant, la justice doit passer, cela vaut pour tous les citoyens », a-t-il poursuivi, estimant toutefois que « depuis plusieurs semaines », le « feuilleton » des affaires, « de Villepin à Jacques Chirac », « devient pénible à vivre » pour les Français. « J’ai du respect pour la fonction, j’ai du respect pour la personne et en même temps j’ai du respect pour la justice », a résumé le député socialiste de Corrèze.

Pour le député PS de l’Isère, André Vallini, « il y a une satisfaction de voir que la justice travaille de manière indépendante dans notre pays, quelles que soient les personnalités mises en cause. J’ai aussi un autre sentiment, qui est de penser que ça vient bien tard ».

Le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, a affirmé vendredi que le renvoi de Jacques Chirac devant la justice ne dévoilait qu’une « toute petite partie de l’iceberg ». « La Chiraquie, c’est un iceberg, dont on ne voit qu’une toute petite partie immergée et dont on ne voit pas l’énorme bloc, qui est toujours caché sous la mer. »

Le secrétaire général de l’UMP, Xavier Bertrand, avait estimé sur RTL avant même l’annonce de la décision de la juge Xavière Simeoni, qu’il n’était « pas utile de revenir en arrière » à propos de l’affaire des chargés de mission de la Ville de Paris.

L’ex-candidate socialiste à la présidentielle de 2007, Ségolène Royal, avait quant à elle estimé sur Europe 1 vendredi matin : « Je pense que ce sont des affaires très anciennes et qu’aujourd’hui Jacques Chirac a sans doute beaucoup de choses à se reprocher, mais en même temps il a donné beaucoup au pays. Il mérite d’être tranquille mais la justice doit être la même pour tous. »

Voir aussi:

The law catches up with Jacques Chirac
Charles Bremmer
Times correspondent in Paris
October 30, 2009

When the judge comes calling, French politicians always declare themselves « serene » because they are not guilty of anything. Today it was finally the turn of Jacques Chirac. From his luxury hotel in Morocco, he had his spokesman issue the traditional serene statement as France pondered on the prospect of putting its last president on trial.

The charges that have caught up with Chirac, 76, are a trifle compared with the shenanigans that went on at the city hall during his 18-year-reign as the first Mayor of Paris since the 19th century. Against the wishes of the prosecutor — an old friend — the examining judge wants Chirac to stand trial over a couple of dozen allegedly fraudulent jobs on the city payroll when he was Mayor, from 1977-1995.

Back in his 1980s and early 90s, when Chirac used the baronial city hall as his power base and seat for his Gaullist party, the mayoral machine was celebrated for this kind of largesse. Generous to a fault, Chirac commanded a grace and favour system that benefited friends, supporters and their associates. If you had the connections, someone in the Mayor’s big private office could help your children with jobs or fix you up with a handsome Paris apartment at council-house prices. The son of Alain Juppé, Chirac’s first Prime Minister, was among beneficiaries of such cut-price accommodation — until he was exposed and forced to leave in 1996. Two of the charges facing the former President now involve the provision of chauffeurs on the mayoral payroll to a former prefect and a former trade union leader.

Money was no object for the Chirac family, according to accounts from former insiders and judicial investigators. When Bertrand Delanoe, a Socialist, followed Jean Tiberi, Chirac’s successor, as Mayor in 2001, his inspectors found that the city’s tax payers had been funding 600 euros a day in food and drink for Jacques, Bernadette and Claude, their daughter. The funds did not even cover entertainment expenses, which were separate.

Until today, the former President has escaped the legal fall-out from a period when the city hall was raking in millions of pounds a year in kickbacks from building contractors and other businesses. Several of Chirac’s former lieutenants and about four dozen businessmen and former officials have been convicted in recent years for their role in the illicit payments and use of public money for financing the Rassemblement pour la République, the Mayor’s party. The most prominent among them was Juppé, who received a suspended sentence and a brief ban on holding elected office in 2004 for corruption while he served as Mayor Chirac’s deputy in the 1980s and 1990s. The fall-out from the case forced him to resign a cabinet post from President Sarkozy’s first Government but he has bounced back as Mayor of Bordeaux.

It is acknowledged in the political world that Juppé carried the can for his boss, who as president enjoyed immunity from prosecution for 12 years until Sarkozy succeeded him in 2007. But it was not always plain sailing. The cloud of sleaze dogged Chirac for much of his presidency, as it became ever clearer that the city administration had been a money machine. Until appeal courts confirmed a judicial ruling on his immunity in 2001, Chirac skirted disaster after the publication of a posthumous video tape made by Jean-Claude Méry, one of the RPR’s clandestine financiers in the 1980s and early 90s. Méry depicted Chirac as the instigator and controller of the biggest kickback schemes. He claimed to have regularly collected suitcases of cash from donors and deposited them with the Mayor.

At the same time, investigators found that Chirac, his family and friends, including a woman journalist, had recently made expensive trips to Indian Ocean resorts and the United States, with expenses paid in cash. The President’s staff explained — with difficulty — that the money came from cash which he had legally accumulated when he had served as Prime Minister under President Mitterrand from 1986-88. Chirac shook off the brewing scandal by deploying his charm and an obscure word in a celebrated television appearance in September 2001. The sleaze allegations were « abracadabradantesque » — pure fantasy — he said. Nevertheless, the government of the time, under Lionel Jospin, put an end to the so-called « special funds ». These were bundles of cash which were traditionally distributed to cabinet ministers once a month for use at their discretion. The money was supposed to be used to top up staff pay, but no records were kept.

Chirac, who now enjoys his country’s affection as its genial elder statesman, has always succeeded in ‘passing between the raindrops’, or staying dry, as the handy French expression puts it [passer entre les gouttes]. He has escaped serious scrutiny in other matters, such as persistent reports that he had held secret bank accounts in Japan, and may have had a second family there. This month, he was an invisible presence in the court in the so-called Clearstream trial. Dominique de Villepin, his former Prime Minister, was accused of plotting to smear Sarkozy and witnesses said that President Chirac had been involved. But the former President was not asked to testify.

In yet another case, Charles Pasqua, a former Interior Minister and old Gaullist colleague, claimed this week that Chirac was implicated in bribery over arms sales to Angola in the 1990s. Pasqua was sentenced to 12 months’ prison. The sentence was very stiff by the standards of French political corruption cases. Pasqua may never serve it but it is just possible that Chirac’s alleged role will be investigated. Few people expect that case or yesterday’s corruption charges to go far. Even if he is tried and convicted on the new city hall charges, the most Chirac can expect is a fine or suspended sentence.

There is a lot of sympathy for the old man. His presidency achieved little and will probably be remembered by historians as an uneventful 12 years. His chief act in public memory was his opposition to George Bush’s Iraq invasion in 2003. But he now enjoys the rank of most popular politician in France, according to polls. Even old foes think they should just leave him in peace.


Nobel 2009: Obama est le Brésil de la politique (Obama is the Brazil of today’s politicians)

30 octobre, 2009
BrazilC’est si comique. Absurde. Un prix décerné à Kellogg et Briand, Le Duc Tho et Arafat, et Rigoberta Menchú, et finalement à Obama en dit long. Pour Obama, ce n’est pas très bon parce que cela réaffirme les stéréotypes à son sujet comme célébrité vide. (…) C’est un homme de promesse perpétuelle. Il y avait une plaisanterie cruelle qui disait que le Brésil est le pays de l’avenir et qu’il le sera toujours; Obama est le Brésil des politiciens d’aujourd’hui. Il n’a évidemment rien accompli. Et dans le contexte américain, être le héros de cinq gauchistes norvégiens n’est pas exactement positif du point de vue politique. Charles Krauthammer

Contre l’obamalâtrie ambiante qui menace de nous emporter tous …

A lire d’urgence, sur le site du Spiegel (merci lagrette), l’une des rares voix outre-Atlantique à avoir gardé son sens critique.

Celle de l’immense Krauthammer, loyale opposition à lui tout seule à sa Majesté.

Sur le prix Nobel, sur l’élection sans précédent du Prince de sang-mêlé, sur son jusqu’ici inédit (pour un président américain) positionnement du côté de la gauche radicale, sur l’incroyable naïveté de sa politique étrangère, sur le bilan de son prédécesseur, sur l’avenir du parti Républicain …

Extraits (traduits au babelfish):

Ce qui rendait Obama unique, c’est qu’il était le politicien charismatique par excellence – le plus total inconnu à jamais accéder à la présidence aux Etats-Unis. Personne ne savait qui il était, il sortait de nulle part, il avait cette figure incroyable qui l’a catapulté au-dessus de la mêlée, il a annihilé Hillary, pris le contrôle du parti Démocrate et est devenu président. C’est vraiment sans précédent : un jeune inconnu sans histoire, dossiers, associés bien connus, auto-créé. Il y avait une bonne volonté énorme, même moi j’étais aux anges le jour de l’élection, quoique j’aie voté contre lui et me sois opposé à son élection. C’était rédempteur pour un pays qui a commencé dans le péché de l’esclavage de voir le jour, je ne croyais pas personnellement le voir jamais de mon vivant, quand un président noir serait élu. Certes, il n’était pas mon candidat. J’aurais préféré que le premier président noir soit quelqu’un d’idéologiquement plus à mon goût, comme par exemple Colin Powell (que j’ai encouragé à se présenter en 2000) ou Condoleezza Rice. Mais j’étais vraiment fier d’être Américain à la prestation de serment. Je reste fier de ce succès historique.

(…)

il s’avère qu’il est de gauche, non du centre-droit à la manière de Bill Clinton. L’analogie que je donne est qu’en Amérique nous jouons le jeu entre les lignes des 40 yards, en Europe vous jouez tout le terrain d’une ligne de but à l’autre. Vous avez les partis communistes, vous avez les partis fascistes, nous, on n’a pas ça, on a des partis très centristes. Alors qu’ Obama veut nous pousser aux 30 yards, ce qui pour l’Amérique est vraiment loin. Juste après son élection, il s’est adressé au Congrès et a promis en gros de refaire les piliers de la société américaine — éducation, énergie et soins de santé. Tout ceci déplacerait l’Amérique vers un Etat de type social-démocrate européen, ce qui est en dehors de la norme pour l’Amérique.

(…)

Obama a mal interprété son mandat. Il a été élu six semaines après un effondrement financier comme il n’y en avait jamais eu en 60 ans ; après huit ans d’une présidence qui avait fatigué le pays; au milieu de deux guerres qui ont fait que le pays s’est opposé au gouvernement républicain qui nous avait lancé dans ces guerres; et contre un adversaire complètement inepte, John McCain. Et pourtant, Obama n’a gagné que par 7 points. Mais il a cru que c’était un grand mandat général et qu’il pourrait mettre en application son ordre du jour social-démocrate.

(…)

[la gauche du parti Democratique] ils sont déçus parce qu’il a ignoré une partie de leur ordre du jour social, tels que les droits des homosexuels; poursuivi certaines des politiques de Bush qu’il avait par le passé dénoncées, comme la détention sans preuve pour les terroristes; et son grand ordre du jour pour l’éducation et l’énergie, où il n’a eu aucun succès.

(…)

Le prix pourrait avoir deux effets contraires. Cela pourrait l’inciter à envoyer plus de troupes pour prouver à sa propre population qu’il n’est pas un instrument de cinq gauchistes norvégiens. Ou ça pourrait marcher en sens inverse où, pour ne pas perdre la popularité qu’il sent évidemment de l’Europe, il serait moins incliné à le faire. Je crois que dans un sens ou dans l’autre, ces considérations se neutralisent. Le prix aura donc un effet nul sur sa décision.

(…)

[sur l’Afghanistan] la stratégie sur laquelle il revient n’est pas la stratégie de Bush, c’est la stratégie d’Obama. Le 27 mars, il a pris la parole sur un fond de drapeaux, la secrétaire d’état Hillary Clinton d’un côté et le Secrétaire de la Défense Robert Gates de l’autre, et a déclaré: « Aujourd’hui, j’annonce une nouvelle et complète stratégie pour l’Afghanistan et le Pakistan. » Alors ne me dites pas que c’est revoir les huit ans de la stratégie de Bush, ce n’est pas vrai. Depuis toutes ces semaines et mois il remet à jour sa propre stratégie, et c’est tout à fait légitime, on peut faire cela. Mais si vous êtes président et commandant-en-chef et que vos hommes se font tirer dessus et tuer sur le champ de bataille, et vous pensez:  » peut-être que la stratégie que j’ai moi-même annoncée en grande fanfare il y a six mois a besoin d’être remise à jour »; faites-le discrètement. Ne montrez pas au monde que vous ne savez plus où vous en êtes et que vous n’avez aucune idée de ce que vous voulez faire ! Vos alliés européens sont déjà nerveux et peu disposés, se demandant s’ils doivent continuer. C’est votre propre stratégie, si elle ne marche pas, alors remettez la à jour et arrangez la. Simplement ne démoralisez pas vos alliés.

(…)

Le Général Stanley McCrystal est un expert mondialement reconnu en matière d’anti-terrorisme. Pendant cinq ans il a dirigé l’opération anti-terroriste probablement la plus réussie de l’histoire du monde : ses hommes ont poursuivi l’ennemi en Irak, réalisé toutes sortes d’opérations spéciales, employé des avions sans pilote et ont tué des milliers de jihadistes dont on n’a même aucune idée, tout ça s’est passé sous le radar. Et maintenant ce même général dit à Obama que la stratégie d’anti-terrorisme en Afghanistan va échouer, qu’il faut faire de la contre-insurrection, de la protection de la population. Cela m’a l’air un argument extrêmement persuasif que l’anti-terrorisme ne marcherait pas.

(…)

sa vision du monde me semble si naïve que je ne suis même pas sûr qu’il est capable de développer une doctrine. Il a la vision d’un monde régulé par des normes internationales auto-suffisantes, où la paix est gardée par un certain genre de consensus international vague, quelque chose appelé la communauté internationale, qui pour moi est une fiction, via des agences internationales évidemment insatisfaisantes et sans valeur. Je n’éleverais pas ce genre de pensée au niveau d’ une doctrine parce que j’ai trop de respect pour le mot de doctrine.

(…)

Peut-être que quand il aboutira à rien sur l’Iran, rien sur la Corée du Nord, quand il n’obtiendra rien des Russes en échange de ce qu’il a fait aux Polonais et aux Tchèques, rien dans les négociations de paix au Moyen-Orient – peut-être qu’à ce moment-là, il commencera à se demander si le monde fonctionne vraiment selon des normes internationales, le consensus et la douceur et la lumière ou s’il repose sur la base de la puissance américaine et occidentale qui, au bout du compte, garantit la paix.

(…)

Henry Kissinger a dit une fois que la paix peut être réalisée seulement de deux manières : l’hégémonie ou l’équilibre des forces. Ca, c’est du vrai réalisme. Ce que l’administration Obama prétend être du réalisme est du non-sens naïf.

(…)

[sur le changement climatique] Ce n’est pas le fait des institutions, c’est la convergence d’intérêts parmi les nations, comme, par exemple la grippe porcine ou la poliomyélite, vous pouvez avoir des institutions internationales fiables comme l’Organisation mondiale de la santé. Et vous pouvez agir. Le changement climatique est différent parce que la science demeure hypothétique et les coûts économiques potentiels exorbitants.

(…)

Pour moi, il y a bien réchauffement climatique lié à l’activité humaine. A plusieurs occasions, j’ai écrit que je ne crois pas qu’on puisse pomper du CO2 dans l’atmosphère indéfiniment et ne pas avoir de réaction. Mais il y a de grands scientifiques tels que Freeman Dyson, un des plus grands physiciens des cent dernières années, qui a étudié la question, qui croit tout à fait l’opposé. La raison pour laquelle l’action transnationale est si difficile, c’est parce que le problème majeur avec le changement climatique est, A, qu’il n’y a aucun consensus, et, B, que le coût économique est simplement exorbitant. Tout remettre en question pourrait entrainer la destruction de l’économie industrielle moderne.

Je ne suis pas contre des institutions internationales qui essayeraient d’aborder la question. Mais la voie à suivre, au moins à court terme, c’est l’énergie nucléaire. C’est incroyable pour moi que des gens qui s’inquiètent tant du réchauffement global soient si peu disposés à adopter l’évidente solution à court terme – la transition jusqu’au jour où nous aurons l’énergie renouvelable accessible – de l’énergie nucléaire. Ca me semble intellectuellement malhonnête. Le nucléaire n’est évidemment pas la réponse définitive parce qu’il produit ses propres déchets – mais vous avez un choix. Rien n’est gratuit. Si vous voulez une économie industrielle, vous avez besoin d’énergie. Si vous voulez de l’énergie, elle produira de la pollution. Vous pouvez l’avoir sous deux formes. Vous pouvez la faire absorber dans l’atmosphère – comme le CO2 – que vous ne pouvez alors récupérer, ou vous pouvez avoir les déchets concentrés sur un petit espace comme le nucléaire, ce qui est bien plus facile à traiter. L’idée que vous pouvez créer de l’énergie renouvelable à un prix proche du prix actuel du pétrole ou du gaz ou du charbon est une illusion.

[sur Obama en tant que président à un seul mandat] Non, je pense qu’il a une très bonne chance de réélection. Pour deux raisons. D’abord, il n’y a aucun vrai candidat de l’autre côté, et vous ne pouvez pas battre quelque chose avec rien. Deuxièmement, ça dépendra de l’économie – et en regardant juste l’histoire américaine, on sait que dans les cycles économiques normaux, les présidents qui ont leurs récessions au début de leur premier mandat sont réélus (Reagan, Clinton, Bush II), mais pas les présidents qui les ont à la fin de leur première mandat (Carter, Bush I). Obama perdra beaucoup de sièges à l’élection congressionnelle de l’an prochain, mais l’économie devrait s’améliorer en 2012.

(…)

Il y a des cycles dans la politique américaine. Les cycles des USA sont bien plus prononcés parce que nous autres Américains avons un système présidentiel totalement entreprenial. Nous n’avons pas de partis d’opposition parlementaires avec un premier ministre et des cabinets fantômes. Tous les quatre ans, l’opposition se réinvente. Nous n’avons aucune idée qui sera le candidat nommé républicain en 2012. Les structures de parti sont très fluides. Nous avons une histoire de partis politiques jetés de la Maison Blanche après deux mandats – comme cela s’est produit à chaque fois avec une seule exception (Ronald Reagan) depuis la deuxième guerre mondiale. L’idée qu’un parti est fini aux USA est idiote. Les Républicains se sont fait massacrer en 2006 et 2008, mais ils seront de retour.

(…)

Et si les Républicains n’en ont pas un [leader capable] d’ici 2012, ils perdront et devront attendre jusqu’à 2016. Ca pourrait prendre huit ans à développer. Vous savez, les gens disent — la Maison Blanche avait lancé l’idée — que le présentateur de talk show Rush Limbaugh était le chef de l’opposition parce qu’il n’y avait personne d’autre. Mais, posez-vous la question: en 2001, 2002 et 2003, qui était le chef du parti démocrate ? Il n’y en avait aucun. Nous n’avons pas de système parlementaire dans lequel les leaders sont désignés.

(…)

Quelques uns des candidats présidentiels de l’an dernier reviendront en 2012. Sarah Palin n’est pas une candidate sérieuse, mais quelqu’un comme Mitt Romney oui. C’est un type sérieux, il comprend l’économie. Il y aura également quelques jeunes dont beaucoup n’ont pas encore entendu parler, comme le représentant Paul Ryan ou le gouverneur Tim Pawlenty. Ou des outsiders comme le cerveau du « surge » en Irak, le général David Petraeus, qui pourrait quitter l’Armée et prendre part à la présidentielle sur le ticket républicain.

(…)

[sur Bush] Fondamentalement je pense que Bush aura la même réhabilitation historique que Truman. (…) Truman est parti au milieu d’une guerre inpopulaire, pour employer votre expression, une guerre de choix. Truman n’avait pas à intervenir en Corée du Sud. Et il a été fustigé et ridiculisé pour l’impasse qui en a résulté. Maintenant, il est reconnu comme l’un des grands présidents du 20e siècle. Je pense que Bush a réellement mieux géré la guerre d’Irak que Truman la guerre de Corée. D’abord, il n’a eu qu’un dixième des pertes. Deuxièmement, il a pris la bonne décision avec le « surge ». Troisièmement, si l’Irak s’en sort bien, c’est-à-dire devient un pays assez autosuffisant et assez amical envers l’Occident, cela aura un effet plus important sur l’Occident que le fait d’avoir une Corée du Sud non-communiste. Stratégiquement, le Moyen-Orient est une région bien plus importante. La pire erreur de Bush, c’était la conduite de la guerre d’Irak dans les années 2004-2006 et la tentative de gagner à l’économie, avec un impact minimum.

D’un autre côté, je crois qu’il a fait exactement ce qu’il fallait après le 11/9. Regardez le Patriot Act, qui a révolutionné la manière dont nous appréhendons le terrorisme domestique, qu’il a réussi à faire passer à moins de six semaines du 9/11 dans la fureur du moment. La preuve que Bush a bien maitrisé la chose est que les Démocrates, qui controlent à présent le Congrès et qui l’avaient fortement critiqué, le réautorisent après huit ans avec presque aucun changement crucial.

L’Afghanistan est plus problématique. Réussir à renverser les Talibans en 100 jours était remarquable. C’est l’un des grands succès militaires de l’histoire. D’un autre côté, tenir l’Afghanistan est beaucoup plus dur que le prendre, et à ce jour nous ne sommes pas sûrs de savoir comment nous y prendre. Mais le succès initial de 2001-2002 a décimé et dispersé al-Qaida. Ce n’est pas un hasard si nous n’avons pas subi une deuxième attaque, chose que personne qui vivait à Washington le 11 septembre ne croyait possible. Je suis sûr qu’il sera réhabilité à long terme.

Clare Booth Luce a dit une fois qu’on se souvient de chaque président pour une chose, et c’est précisément la chose pour laquelle on se souviendra de Bush: il nous a protégés.

Interview with Charles Krauthammer
‘Obama Is Average’
Spiegel Online
10/26/2009

In a Spiegel interview, Charles Krauthammer, the leading voice of America’s conservative intellectuals, discusses Barack Obama’s Nobel Peace Prize, the president’s failures and the state of the United Nations and the international community.

SPIEGEL: Mr. Krauthammer, did the Nobel Commitee in Oslo honor or doom the Obama presidency by awarding him the Peace Prize?

Charles Krauthammer: It is so comical. Absurd. Any prize that goes to Kellogg and Briand, Le Duc Tho and Arafat, and Rigoberta Menchú, and ends up with Obama, tells you all you need to know. For Obama it’s not very good because it reaffirms the stereotypes about him as the empty celebrity.

SPIEGEL: Why does it?

Krauthammer: He is a man of perpetual promise. There used to be a cruel joke that said Brazil is the country of the future, and always will be; Obama is the Brazil of today’s politicians. He has obviously achieved nothing. And in the American context, to be the hero of five Norwegian leftists, is not exactly politically positive.

SPIEGEL: It hardly makes sense to blame him for losing the Olympic bid in one week, and then for winning the Nobel Prize the next.

Krauthammer: He should have simply said: « This is very nice, I appreciate the gesture, but I haven’t achieved what I want to achieve. » But he is not the kind of man that does that.

SPIEGEL: Should he have turned down the prize?

Krauthammer: He would never turn that down. The presidency is all about him. Just think about the speech he gave in Berlin. There is something so preposterous about a presidential candidate speaking in Berlin. And it was replete with all these universalist clichés, which is basically what he’s been giving us for nine months.

SPIEGEL: Why do Europeans react so positively to him?

Krauthammer: Because Europe, for very understandable reasons, has been chaffing for 60 years under the protection, but also the subtle or not so subtle domination of America. Europeans like to see the big guy cut down to size, it’s a natural reaction. You know, Europe ran the world for 400 or 500 years until the civilizational suicide of the two World Wars. And then America emerged as the world hegemon, with no competition and unchallenged. The irony is America is the only hegemonic power that never sought hegemony, unlike, for example, Napoleonic France. Americans are not intrinsically imperial, but we ended up dominant by default: Europe disappeared after the Second World War, the Soviet Union disappeared in 1991, so here we are. Of course Europeans like to see the hegemon diminished, and Obama is the perfect man to do that.

SPIEGEL: Maybe Europeans want to just see a different America, one they can admire again.

Krauthammer: Admire? Look at Obama’s speech at the UN General Assembly: « No one nation can or should try to dominate another nation. » Take the first half of that sentence: No nation can dominate another. There is no eight year old who would say that — it’s so absurd. And the second half? That is adolescent utopianism. Obama talks in platitudes, but offers a vision to the world of America diminished or constrained, and willing to share leadership in a way that no other presidency and no other great power would. Could you imagine if the Russians were hegemonic, or the Chinese, or the Germans — that they would speak like this?

SPIEGEL: Is America’s power not already diminished?

Krauthammer: Relative to what?

SPIEGEL: To emerging powers.

Krauthammer: The Chinese are rising, the Indians have a very long way to go. But I’m old enough to remember the late 1980s, « The Rise and Fall of the Great Powers » by Paul Kennedy and the prevailing view that America was in decline and Japan was the rising power. The fashion now is that the Chinese will overtake the United States. As with the great Japan panic, there are all kinds of reasons why that will not happen.

Look, eventually American hegemony will fade. In time, yes. But now? Economically we now have serious problems, creating huge amounts of debt that we cannot afford and that could bring down the dollar and even cause hyperinflation. But nothing is inevitable. If we make the right choices, if we keep our economic house in order, we can avert an economic collapse. We can choose to decline or to stay strong.

SPIEGEL: Do you really believe that Obama deliberately wants to weaken the US?

Krauthammer: The liberal vision of America is that it should be less arrogant, less unilateral, more internationalist. In Obama’s view, America would subsume itself under a fuzzy internationalism in which the international community, which I think is a fiction, governs itself through the UN.

SPIEGEL: A nightmare?

Krauthammer: Worse than that: an absurdity. I can’t even imagine serious people would believe it, but I think Obama does. There is a way America will decline — if we choose first to wreck our economy and then to constrain our freedom of action through subordinating ourselves to international institutions which are 90 percent worthless and 10 percent harmful.

SPIEGEL: And there is not even 1 percent that is constructive?

Krauthammer: No. The UN is worse than disaster. The UN creates conflicts. Look at the disgraceful UN Human Rights Council: It transmits norms which are harmful, anti-liberty, and anti-Semitic among other things. The world would be better off in its absence.

SPIEGEL: And Obama is, in your eyes, …

Krauthammer: He’s becoming ordinary. In the course of his presidency, Obama has gone from an almost magical charismatic figure to an ordinary politician. Ordinary. Average. His approval ratings are roughly equal to what the last five presidents’ were at the same time in their first term. Other people have already said he’s done and finished because his health care plans ran into trouble; but I say they’re wrong. He’s going to come back, he will pass something on health care, there’s no question. He will have a blip, be somewhat rehabilitated politically, but he won’t be able to pass anything on climate change. He will not be the great transformer he imagines himself to be. A president like others — with successes and failures.

SPIEGEL: Every incoming president to the White House has to confront reality and disappoint voters.

Krauthammer: True. But what made Obama unique was that he was the ultimate charismatic politician — the most unknown stranger ever to achieve the presidency in the United States. No one knew who he was, he came out of nowhere, he had this incredible persona that floated him above the fray, destroyed Hillary, took over the Democratic Party and became president. This is truly unprecedented: A young unknown with no history, no paper trail, no well-known associates, self-created.

There was tremendous goodwill, even I was thrilled on Election Day, even though I had voted against him and argued against him.

SPIEGEL: What moved you that day?

Krauthammer: It’s redemptive for a country that began in the sin of slavery to see the day, I didn’t think I would live to see the day, when a black president would be elected.

Now he was not my candidate. I would have preferred the first black president to have been somebody ideologically congenial to me, say, Colin Powell (whom I encouraged to run in 2000) or Condoleezza Rice. But I felt truly proud to be an American as I saw him sworn in. I remain proud of this historic achievement.

SPIEGEL: What major mistakes has Obama made?

Krauthammer: I don’t know whether I should call it a mistake, but it turns out he is a left-liberal, not center-right the way Bill Clinton was. The analogy I give is that in America we play the game between the 40-yard lines, in Europe you go all the way from goal line to goal line. You have communist parties, you have fascist parties, we don’t have that, we have very centrist parties.

So Obama wants to push us to the 30-yard line, which for America is pretty far. Right after he was elected, he gave an address to Congress and promised to basically remake the basic pillars of American society — education , energy and health care. All this would move America toward a social democratic European-style state. It is outside of the norm of America.

SPIEGEL: Yet, he had promised these reforms during the campaign.

Krauthammer: Hardly. He’s now pushing a cap-and-trade energy reform. During the campaign he said that would cause skyrocketing utility rates. On healthcare, the reason he’s had such resistance is because he promised reform, not a radical remaking of the whole system.

SPIEGEL: So he didn’t see the massive resistance coming?

Krauthammer: Obama misread his mandate. He was elected six weeks after a financial collapse unlike any seen in 60 years; after eight years of a presidency which had tired the country; in the middle of two wars that made the country opposed to the Republican government that involved us in the wars; and against a completely inept opponent, John McCain. Nevertheless, Obama still only won by 7 points. But he thought it was a great sweeping mandate and he could implement his social democratic agenda.

SPIEGEL: Part of the problem when it comes to health care is the lack of solidarity in the American way of thinking. Can a president change a country?

Krauthammer: Yes. Franklin D. Roosevelt did it. Back then, we didn’t have a welfare state, we didn’t have old age pensions, we didn’t have unemployment insurance. This country was the Wild West until FDR. Yes, you can change the spirit of America.

SPIEGEL: If Obama is so radical, why is the left wing of the Democratic Party so unhappy with him?

Krauthammer: They are disillusioned because he has ignored some of their social agenda, such as gay rights; continued some of the Bush policies he had once denounced, such as the detention without trial for terrorists; and on his large agenda for education and energy, where he has had no success.

SPIEGEL: How could Obama still win Republican support for healthcare reform?

Krauthammer: He should finally realize that we need to reform our insane malpractice system. The US is spending between $60 and $200 billion a year on protection against lawsuits. I used to be a doctor, I know how much is wasted on defensive medicine. Everybody I practiced with spends hours and enormous amounts of money on wasted tests, diagnostic and procedures — all to avoid lawsuits. The Democrats will not touch it. When Howard Dean was asked why, he said honestly and explicitly that Democrats don’t want to antagonize the trial lawyers who donate huge amounts of money to the Democrats.

SPIEGEL: What would be your solution?

Krauthammer: I would make Americans pay half a percent tax on their health insurance and create a pool to socialize the cost of medical errors. That would save hundreds of billions of dollars that could be used to insure the uninsured. And second, I would abolish the absurd prohibition against buying health insurance in another state — that reduces competition and keeps health insurance rates artificially high.

SPIEGEL: But you also need to cut back on healthcare expenses.

Krauthammer: It is absolutely crazy that in America employees receive health insurance from their employers — and at the same time a tax break for this from the federal government. It’s a $250 billion a year loophole in the government’s budget. If you taxed healthcare benefits, you would have enough revenue for the government to give back to the individual to purchase their own insurance. If you did those two reforms alone, you would have the basis for affordable health insurance in America.

What the Democrats seem to be aiming for, however, is something somewhat different: the government gets control of the healthcare system by proxy; you heavily regulate the insurance companies, you subsidize the uninsured. That kind of reform would also work, but less efficiently — and because of its unsustainable costs, we would, in the end, have to go to a system of rationing, the way the British do, the way the Canadians do, there is no other way. Obama can’t say any of that, the word rationing is too unpopular.

SPIEGEL: Mr. Krauthammer, can a Nobel Peace Prize winner send more troops to Afghanistan?

Krauthammer: Sure, I don’t see why not. The prize could have two contrary effects. It could give him an incentive to send more troops to show his own people that he is not an instrument of five Norwegian leftists. Or it can work the other way where in order not to lose the popularity he obviously feels from Europe, he would be less inclined. I think whatever impulses come out of those considerations neutralize each other. The prize will have zero effect on his decision.

‘What the Obama Administration Pretends Is Realism Is Naïve Nonsense’

SPIEGEL: You have called him a « young Hamlet » over his hesitation about making a decision on Afghanistan. However, he’s just carefully considering the options after Bush shot so often from the hip.

Krauthammer: No. The strategy he’s revising is not the Bush strategy, it’s the Obama strategy. On March 27, he stood there with a background of flags, Secretary of State Hillary Clinton on one side and Secretary of Defense Robert Gates on the other, and said: « Today, I’m announcing a comprehensive, new strategy for Afghanistan and Pakistan. » So don’t tell me this is revising eight years of Bush, he’s not. For all these weeks and months he’s been revising his own strategy, and that’s okay, you’re allowed to do that. But if you’re president and you’re commander-in-chief, and your guys are getting shot and killed in the field, and you think « maybe the strategy I myself announced with great fanfare six months ago needs to be revised, » do it in quiet. Don’t show the world that you’re utterly at sea and have no idea what to do! Your European allies already are skittish and reluctant, and wondering whether they ought to go ahead. It’s your own strategy, if it’s not working, then you revise it and fix it. You just don’t demoralize your allies.

SPIEGEL: Is Afghanistan still a war of necessity, still a strategic interest?

Krauthammer: The phrase « war of necessity and war of choice » is a phrase that came out of a different context. Milan Kundera once wrote, « a small country is a country that can disappear and knows it. » He was thinking of prewar Czechoslovakia. Israel is a country that can disappear and knows it. America, Germany, France, Britain, are not countries that can disappear. They can be defeated but they cannot disappear. For the great powers, and especially for the world superpower, very few wars are wars of necessity. In theory, America could adopt a foreign policy of isolationism and survive. We could fight nowhere, withdraw from everywhere — South Korea, Germany, Japan, NATO, the United Nations — if we so chose. From that perspective, every war since World War II has been a war of choice.

So using those categories — wars of necessity, wars of choice — is unhelpful in thinking through contemporary American intervention. In Afghanistan the question is: Do the dangers of leaving exceed the dangers of staying.

SPIEGEL: General Stanley McCrystal is asking for more troops. Is that really the right strategy?

Krauthammer: General Stanley McCrystal is the world expert on counterterrorism. For five years he ran the most successful counterterrorism operation probably in the history of the world: His guys went after the bad guys in Iraq, they ran special ops, they used the Predators and they killed thousands of jihadists that we don’t even know about, it was all under the radar. And now this same general tells Obama that the counterterrorism strategy in Afghanistan will fail, you have to do counterinsurgency, population protection. That would seem an extremely persuasive case that counterterrorism would not work.

SPIEGEL: You famously coined the term « Reagan Doctrine » to describe Ronald Reagan’s foreign policy. What is the « Obama Doctrine? »

Krauthammer: I would say his vision of the world appears to me to be so naïve that I am not even sure he’s able to develop a doctrine. He has a view of the world as regulated by self-enforcing international norms, where the peace is kept by some kind of vague international consensus, something called the international community, which to me is a fiction, acting through obviously inadequate and worthless international agencies. I wouldn’t elevate that kind of thinking to a doctrine because I have too much respect for the word doctrine.

SPIEGEL: Are you saying that diplomacy always fails?

Krauthammer: No, foolishness does. Perhaps when he gets nowhere on Iran, nowhere with North Korea, when he gets nothing from the Russians in return for what he did to the Poles and the Czechs, gets nowhere in the Middle East peace talks — maybe at that point he’ll begin to rethink whether the world really runs by international norms, consensus, and sweetness and light, or whether it rests on the foundation of American and Western power that, in the final analysis, guarantees peace.

SPIEGEL: That is the cynical approach.

Krauthammer: The realist approach. Henry Kissinger once said that peace can be achieved only one of two ways: hegemony or balance of power. Now that is real realism. What the Obama administration pretends is realism is naïve nonsense.

SPIEGEL: How do you solve problems like climate change if international institutions are failing?

Krauthammer: It’s not the institution that does it, it’s the confluence of interests. Where there is a confluence of interests among nations, as, for example the swine flu or polio, you can get well functioning international institutions like the World Health Organization. And you can act. Climate change is different, because the science remains hypothetical and the potential costs staggering.

SPIEGEL: You think it’s a speculative theory?

Krauthammer: My own view is that there is man-made warming. On several occasions I have written that I don’t think you can pump carbon dioxide into the atmosphere indefinitely and not have a reaction. But there are great scientists such as Freeman Dyson, one of the greatest physicists of the last hundred years, who has studied the question, who believes quite the opposite. The reason transnational action is so difficult is because the major problem with climate change is, A, that there is no consensus, and, B, that the economic cost is simply staggering. Reversing it completely might mean undoing the modern industrial economy.

I’m not against international institutions that would try to tackle it. But the way to go, at least in the short run, is to go to nuclear power. It’s amazing to me that people who are so alarmed about global warming are so reluctant to adopt the obvious short-term solution — the bridge until the day when we have affordable renewable energy — of nuclear power. It seems to me intellectually dishonest. Nuclear is obviously not the final answer because it produces its own waste — but you have a choice. There’s no free lunch. If you want an industrial economy, you need energy. If you want energy, it will produce pollution. You can have it in two forms. You can have it dissipated in the atmosphere — like carbon dioxide — which then you cannot recover, or you can have the waste concentrated in one small space like nuclear. That is far easier to deal with. The idea that you can be able to create renewable energy at a price anywhere near the current price for oil or gas or coal is a fantasy.

SPIEGEL: Do you basically think Obama is going to be a one-term president?

Krauthammer: No, I think he has a very good chance of being reelected. For two reasons. First, there’s no real candidate on the other side, and you can’t beat something with nothing. Secondly, it’ll depend on the economy — and just from American history, in the normal economic cycles, presidents who have their recessions at the beginning of their first term get reelected (Reagan, Clinton, the second Bush), and presidents who have them at the end of their first term don’t (Carter, the first Bush). Obama will lose a lot of seats in next year’s Congressional election, but the economy should be on the upswing in 2012.

SPIEGEL: Is the conservative movement in the United States in decline?

Krauthammer: When George W. Bush won in 2004, there was lots of stuff written that about the end of liberalism and the death of the Democratic Party. Look where we are now.

SPIEGEL: A Democrat is back in the White House, the party also controls Congress.

Krauthammer: Exactly. We see the usual overreading of history whenever one side loses. Look, there are cycles in American politics. US cycles are even more pronounced because we Americans have a totally entrepreneurial presidential system. We don’t have parliamentary opposition parties with a shadow prime minister and shadow cabinets. Every four years, the opposition reinvents itself. We have no idea who will be the Republican nominee in 2012. The party structures are very fluid. We have a history of political parties being thrown out of the White House after two terms — as has happened every single time with only one exception (Ronald Reagan) since World War II. The idea that one party is done in the US is silly. The Republicans got killed in 2006 and 2008, but they will be back.

SPIEGEL: The party lacks a strong, intelligent leader.

Krauthammer: Yes. And if the Republicans don’t have one by 2012, they’ll lose and they’ll have to wait till 2016. It could take eight years to develop. You know, people say — the White House was pushing this idea — that the radio talk show host Rush Limbaugh is the leader of the opposition because there’s no other leader. Well, ask yourself, in 2001 and 2002 and 2003, who was the leader of the Democratic Party? There was none. We don’t have a parliamentary system in which opposition leaders are designated.

SPIEGEL: Some people say you’re that leader.

Krauthammer: I’m just getting to an age where a lot of my contemporaries are retiring or dying. So I’m on default a voice of authority. I don’t attribute very much to that.

SPIEGEL: Who will be the next leader of the Republican Party?

Krauthammer: Some presidential candidates from last year will return in 2012. Sarah Palin is not a serious contender, but somebody like Mitt Romney will be. He is a serious guy, he understands the economy. There will also be some young people many haven’t yet heard about, such as Rep. Paul Ryan or Gov. Tim Pawlenty. Or outsiders like the mastermind behind the surge in Iraq, General David Petraeus, who might retire from the military and run for President on the Republican ticket.

SPIEGEL: Many people, however, currently think the Republicans are the party of « no. »

Krauthammer: That perception is a serious problem for them.

SPIEGEL: At the end of Bush’s second term, he granted you a long interview. Afterwards, you wrote that history would judge Bush kindly. Why?

Krauthammer: Basically I think Bush will have the same historical rehabilitation that Harry Truman did.

SPIEGEL: And why is that?

Krauthammer: Truman left in the middle of an unpopular war, to use your phrase, a war of choice. Truman didn’t have to go into South Korea. And he was reviled and ridiculed for the stalemate that resulted. Now, he’s seen as one of the great presidents of the 20th century.

I think Bush actually handled the Iraq War better than Truman handled the Korean War. For one thing, the number of losses is about one-tenth. Secondly, he made the right decision with the surge. Thirdly, if Iraq turns out well, meaning becomes a country fairly self-sufficient and fairly friendly to the West, it will have a more important effect on the West than having a non-communist South Korea. The Middle East is strategically a far more important region.

Bush’s worst mistake was the conduct of the Iraq war in the middle years — 2004-2006 — and the attempt to win on the cheap, with a light footprint.

On the other hand, I think he did exactly the right thing after 9/11. Look at the Patriot Act, which revolutionized how we deal with domestic terrorism, passed within six weeks of 9/11 in the fury of the moment. Testimony to how well Bush got it right is that Democrats, who now control Congress and had been highly critical of it, are now after eight years reauthorizing it with almost no significant changes.

Afghanistan is more problematic. Our success in overthrowing the Taliban in 100 days was remarkable. It’s one of the great military achievements of all time. On the other hand, holding Afghanistan is a lot harder than taking it, and to this day we are not sure how to do it. But the initial success in 2001-2002 did decimate and scatter al-Qaida. It is no accident that we have not suffered a second attack — something no one who lived in Washington on Sept. 11 thought possible.

I’m sure he will be rehabilitated in the long term.

Clare Booth Luce once said that every president is remembered for one thing, and that’s what Bush will be remembered for. He kept us safe.

SPIEGEL: Is it too early to foresee what Obama will be remembered for?

Krauthammer: It is quite early. It could be his election.

SPIEGEL: Mr. Krauthammer, we thank you for this interview.

Interview conducted by Klaus Brinkbäumer and Gregor-Peter Schmitz.


Nobel 2009: La mise en cause de George Bush ne divise plus le Comité Nobel (Nobel Committee Honors Obama, Disses Bush)

30 octobre, 2009
Just for changing the bumper stickerJe pense que nous ne pouvons pas nous soustraire à l’obligation de travailler au Conseil de sécurité des Nations unies, d’attendre que nous y obtenions la condamnation de Saddam Hussein, de le forcer, à travers les Nations unies, à se plier à des inspections illimitées et de nous assurer qu’il détruise toutes ses armes de destruction massive, ainsi que ses capacités de production d’armes nucléaires, dans l’avenir. Carter (CNN)
Il est clair que, compte tenu de la position prise par M. Carter sur cette question, cela peut aussi être pris comme une critique de la ligne adoptée par l’administration américaine actuelle vis-à-vis de l’Irak. Gunnar Berge (président du Comité Nobel, octobre 2002)
Faut-il voir dans le choix du Comité Nobel norvégien d’attribuer le prix Nobel de la paix à l’ancien président américain Jimmy Carter une critique explicite de la politique de son successeur, George W. Bush, en ces temps de préparation de guerre contre l’Irak ? La question agite le Tout Oslo après les propos controversés tenus vendredi 11 septembre par le président du Comité, Gunnar Berge. Le Monde (octobre 2002)
L’homme que le jury d’Oslo a choisi pour le Nobel de la paix 2002 incarne autant l’Amérique que George W. Bush. Il symbolise à merveille l’une des facettes de l’Amérique: l’engagement militant, la générosité, l’optimisme humaniste, l’ouverture à l’Autre – le contraire d’un hyper-patriotisme un tantinet paranoïaque, dont certains des tenants disent leur fierté de ne pas posséder de passeport et ignorent superbement une scène internationale à laquelle, jurent-ils, les Etats-Unis n’auraient pas à rendre de comptes. (…) Jimmy Carter incarne une autre Amérique que l’officielle. Et cette Amérique-là méritait le Nobel de la paix. Le Monde (éditorial, octobre 2002)

Pour ceux qui n’ont toujours compris qu’Obama était le nouveau Carter

Faut-il voir dans le choix du Comité Nobel norvégien d’attribuer le prix Nobel de la paix à l’actuel président américain une critique explicite de la politique de son prédécesseur, George W. Bush?
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Nouvelle confirmation, à la relecture de ces articles du Monde de 2002 (dont on apprécié au passage la leçon d’antiaméricanisme à la Frédo sur « l’autre Amérique »), que l’attribution du prix à l’actuelle « incarnation même de la naïveté et de l’impuissance sur la scène internationale » est bien à nouveau le contre-prix destiné en fait à l’ancien président américain Bush qu’il avait déjà été il y a sept ans face à Carter (qui lui aussi, autre redécouverte, semblait croire à la présence d’ADM en Irak).

Sauf bien sûr que cette année la question ne semble plus agiter grand monde à Oslo ou ailleurs

La mise en cause de George Bush divise le Comité Nobel
Antoine Jacob
Le Monde
13.10.02

Faut-il voir dans le choix du Comité Nobel norvégien d’attribuer le prix Nobel de la paix à l’ancien président américain Jimmy Carter une critique explicite de la politique de son successeur, George W. Bush, en ces temps de préparation de guerre contre l’Irak ? La question agite le Tout Oslo après les propos controversés tenus vendredi 11 septembre par le président du Comité, Gunnar Berge.

Comme le veut la tradition, celui-ci a lu devant la presse les attendus motivant le choix de l’institution qu’il préside, avant de répondre aux questions des journalistes. Interrogé sur le fait de savoir si le choix de Jimmy Carter pouvait être interprété comme une critique de la politique irakienne de l’actuel président américain, l’ancien ministre et député travailliste a répondu par l’affirmative : « Il est clair que, compte tenu de la position prise par M. Carter sur cette question, cela peut aussi être pris comme une critique de la ligne adoptée par l’administration américaine actuelle vis-à-vis de l’Irak. »

Dans ses attendus, le Comité Nobel s’est bien gardé de donner une telle dimension polémique à son choix. Seul le dernier paragraphe évoque la tension à propos de l’Irak : « Dans une situation actuellement marquée par des menaces d’utilisation de la force, peut-on lire, M. Carter s’en est tenu aux principes selon lesquels les conflits doivent, autant que possible, être résolus par la médiation et la coopération internationale, fondées sur le droit international, le respect des droits de l’homme et le développement économique. »

Les propos de M. Berge ont surpris deux des quatre autres membres du Comité Nobel, avec lesquels il avait pourtant longuement discuté, ces dernières semaines, de la désignation du lauréat du prix 2002. Une critique de la politique américaine « n’était pas un thème de discussion lors des réunions du Comité, a assuré Inger Marie Ytterhorn. Nous sommes tous unis derrière l’attribution du prix et sa justification, mais M. Berge n’avait pas pour mandat d’aller plus loin que cela ». Mme Ytterhorn, qui est conseillère auprès du Parti du progrès, une formation populiste et xénophobe représentée au parlement norvégien, a été épaulée dans ses critiques par un autre membre du Comité, Hanna Kvanmo, du bord politique opposé puisqu’elle est une ancienne députée des Socialistes de gauche. M. Berge a toutefois reçu le soutien public d’un autre membre, l’évêque Gunnar Johan Staalsett, et du secrétaire du Comité Nobel.

Divergences internes

Les cinq membres de cette institution sont élus par le Parlement norvégien pour une période de six ans renouvelable. Durant leur mandat, ils sont censés mettre leurs opinions politiques de côté, ce qu’ils parviennent généralement à faire. Les divergences internes, s’il y en a, ne sont que rarement étalées en public, ce qui rend plus étonnant encore la polémique suscitée par les déclarations de M. Berge. Ce n’est toutefois pas la première fois que le Comité Nobel prend des risques dans le choix des lauréats. La décision de récompenser Yasser Arafat, Yitzhak Rabin et Shimon Pérès, en 1994, avait été considérée comme prématurée et lourde de sens politique. Un des membres du Comité avait d’ailleurs démissionné pour protester contre l’attribution du prix au dirigeant palestinien – l’un des rares autres éclats à avoir entaché le choix du Comité.

La Norvège, qui siège actuellement parmi les membres non permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, y appuie Washington et Londres à propos de l’Irak. Le ministre norvégien des affaires étrangères, le conservateur Jan Petersen, s’est dit « un peu surpris » par les propos de M. Berge. Mais la plupart des autres responsables norvégiens, ainsi que de nombreuses capitales de par le monde, de Tel Aviv à La Havane, ont choisi de ne pas évoquer la controverse, préférant se féliciter du choix de M. Carter et rappeler ses initiatives multiples en faveur de la paix.

Voir aussi:

L’attribution du prix Nobel de la paix à Jimmy Carter irrite Washington
Patrick Jarreau
Le Monde
13.10.02

Selon l’ancien président, il appartient à l’ONU de gérer la crise avec l’Irak

Commençant sa journée, comme d’habitude, à 7 heures du matin, George W. Bush a téléphoné à Jimmy Carter pour le féliciter de s’être vu attribuer le prix Nobel de la paix. « Il m’a dit que ç’aurait dû être fait depuis longtemps », a raconté M. Carter, quelques heures plus tard, sur CNN.

M. Bush a profité de l’occasion pour remercier l’ancien président démocrate du travail qu’il avait fait, avec le républicain Gerald Ford, à la tête d’une commission chargée de proposer une réforme des opérations électorales après le long contentieux de l’élection présidentielle de 2000 en Floride. M. Carter a fait observer à M. Bush que la réforme avait certes progressé au Congrès, mais qu’elle n’était toujours pas financée. « Il m’a assuré qu’il allait faire en sorte qu’elle le soit. Ce fut donc une conversation très agréable », a résumé M. Carter avec son insoupçonnable sourire.

Le ton était moins amène à la Maison Blanche. Interrogé sur les propos du président du comité Nobel, qui avait opposé les accords de Camp David entre l’Egypte et Israël, patronnés par M. Carter, à la politique de l’administration Bush au Proche-Orient, le porte-parole de la présidence, Ari Fleischer, a répété plusieurs fois : « Le président pense que c’est un grand jour pour Jimmy Carter. Il s’est concentré là-dessus. » « N’est-ce pas un grand jour pour le peuple américain ? », a lancé Helen Thomas, la très impulsive doyenne des journalistes de la Maison Blanche, qu’elle suit depuis Kennedy. « La conversation a été amicale. Elle a aussi été courte », a répondu M. Fleischer.

En dehors de l’importance qu’a pour eux la religion, tout oppose M. Bush et M. Carter. Celui-ci a déclaré que s’il avait siégé au Congrès il aurait voté contre la résolution soutenant la politique du président au sujet de l’Irak. « Je pense, a-t-il dit sur CNN, que nous ne pouvons pas nous soustraire à l’obligation de travailler au Conseil de sécurité des Nations unies, d’attendre que nous y obtenions la condamnation de Saddam Hussein, de le forcer, à travers les Nations unies, à se plier à des inspections illimitées et de nous assurer qu’il détruise toutes ses armes de destruction massive, ainsi que ses capacités de production d’armes nucléaires, dans l’avenir. »

Le voyage à la havane

Pour M. Carter, « tout cela doit être fait à travers les Nations unies et non pas, unilatéralement, par les Etats-Unis ». Il s’est félicité des choix que M. Bush a faits contre « le secrétaire à la défense et le vice-président », Donald Rumsfeld et Richard Cheney, « qui appelaient à agir unilatéralement et à contourner les Nations unies » d’emblée.

Le président a décidé d’aller devant les Nations unies, le 12 septembre, mais la résolution qu’il a obtenue du Congrès l’autorise à agir hors du cadre de l’ONU s’il le juge nécessaire.

M. Bush ne pouvait manquer de féliciter M. Carter, mais il avait certainement présente à l’esprit l’initiative récente de l’ancien président démocrate de se rendre à La Havane, en mai, pour appuyer ceux qui plaident en faveur de l’abandon de l’embargo américain sur les échanges avec Cuba. M. Bush a décidé, au contraire, de maintenir cet embargo, toute autre attitude ne pouvant que profiter, selon lui, à Fidel Castro. Le gouvernement cubain a d’ailleurs exprimé sa « grande satisfaction » de l’attribution du prix Nobel à M. Carter.

L’ancien président Bill Clinton a salué le prix Nobel de M. Carter avec une chaleur très politique. « Personne n’en est plus digne », a-t-il déclaré, voyant dans cette distinction « un hommage à l’Amérique, à la cause de la paix dans le monde et, spécialement, au président Carter pour une vie au service de l’intérêt commun ».

L’exécutif s’est gardé de polémiquer avec le comité Nobel et de répondre aux propos de M. Carter sur l’Irak, mais l’honneur fait à l’ancien président démocrate ne peut qu’irriter une administration républicaine aux yeux de laquelle il est l’incarnation même de la naïveté et de l’impuissance sur la scène internationale.

Voir enfin:

EDITORIAL

L’autre Amérique
Le Monde
13.10.02

LA LEÇON S’ADRESSE, peut-être involontairement, aux antiAméricains. Elle vise ceux d’entre eux qui « démonisent » en réduisant, en simplifiant, en gommant la pluralité et la diversité d’un pays comme les Etats-Unis. Car, en distinguant Jimmy Carter, vendredi 11 octobre, ce sont bien les Etats-Unis que le comité Nobel a décidé d’honorer. L’homme que le jury d’Oslo a choisi pour le Nobel de la paix 2002 incarne autant l’Amérique que George W. Bush. Il symbolise à merveille l’une des facettes de l’Amérique : l’engagement militant, la générosité, l’optimisme humaniste, l’ouverture à l’Autre – le contraire d’un hyper-patriotisme un tantinet paranoïaque, dont certains des tenants disent leur fierté de ne pas posséder de passeport et ignorent superbement une scène internationale à laquelle, jurent-ils, les Etats-Unis n’auraient pas à rendre de comptes.

Le jugement que l’Histoire portera sur le mandat de Jimmy Carter à la Maison Blanche (1976-1980) peut être divers. Pour certains, il est l’homme dont les hésitations ont conduit à l’humiliation de l’Amérique en Iran ; celui dont la préoccupation pour les droits de l’homme a laissé le champ libre à l’expansionnisme soviétique ; le président qui a donné du pays une image de faiblesse, qu’il reviendra au flamboyant Ronald Reagan de corriger. Pour d’autres, il restera le bâtisseur de la paix israélo-égyptienne – qui a changé la face du Proche-Orient ; celui qui, réglant l’épineuse question du canal de Panama, a contribué à des relations plus confiantes avec le sud du continent. Ce n’est pas rien ; c’est même beaucoup.

Mais son action politique ne s’est pas arrêtée à sa sortie de la Maison Blanche. L’homme ne sera pas l’un de ses ex-présidents courant le cachet sur les circuits des conférences (façon George Bush père et Bill Clinton). Il va se battre pour la paix et le développement ; il va montrer l’importance que peut prendre une ONG dans la vie publique ; il va tenter de promouvoir une éthique du règlement des conflits par la négociation. Exaspérant d’angélisme et de bonne conscience ? Peut-être. Mais l’Amérique est bien là, aussi, dans cette part de rêve d’un monde moins cruel, dans la conviction que les problèmes ont des solutions, dans l’utopie entretenue que le meilleur de l’homme peut, parfois, prendre le dessus. Jimmy Carter ou le progressisme version baptiste.

Il n’est pas indifférent que l’attribution du Nobel attire l’attention sur son opposition à la politique irakienne de George W. Bush. Mais elle manifeste aussi la pluralité d’une Amérique trop souvent caricaturée en Europe, et particulièrement en France. Parce que Jimmy Carter est très « américain », ce Nobel brouille l’image d’une Amérique en proie à une crise aiguë d’unilatéralisme belliqueux. Les Etats-Unis sont un lieu de pouvoirs – et de contre-pouvoirs ; un pays qui cultive institutionnellement la contradiction ; une nation qui hésite, débat et doute, irréductible à une administration ou à une politique.

Jimmy Carter incarne une autre Amérique que l’officielle. Et cette Amérique-là méritait le Nobel de la paix.


Nobel: Nous avons besoin d’un candidat qui n’est pas pour Bush (Bush did it again!)

29 octobre, 2009
Nobel for not being BushNous avons besoin d’un candidat qui n’est pas pour Bush, mais pour Obama. Werner Faymann (chancelier autrichien)
En vous décernant son prix le plus prestigieux, le Comité (…) consacre (…) le retour de l’Amérique dans le cœur de tous les peuples du monde. Nicolas Sarkozy
En tournant le dos à la politique de George Bush et son horrible choc des civilisations, en défendant une approche multilatérale des relations internationales, en menant le difficile combat pour les Droits de l’Homme partout dans le monde, en s’engageant dans le processus de paix israélo-palestinien et en pesant de tout son poids pour le désarmement nucléaire, Barack Obama oeuvre de manière déterminante pour la construction d’une paix durable dans le monde. Martine Aubry
Barack Obama n’a pas attendu la fin de son mandat pour engager les efforts de paix au Proche-Orient. Ses discours ont affirmé avec force la volonté de tourner une page obscure. Les prétentions impériales d’une Amérique ivre de puissance ont laissé place à une politique de coopération, fondée sur le respect et l’intérêt mutuels, sur la compréhension lucide de l’autre et le dépassement des antagonismes. Ségolène Royal
Nous désirons voir dans cette décision, plus qu’un prix au président des Etats-Unis, une critique contre la politique génocidaire qu’ont suivie nombre de présidents de ce pays, une exhortation à la paix et à la recherche de solutions conduisant à la survie de l’espèce. Castro
Après la période sombre de la présidence Bush marquée par la doctrine du choc des civilisations Obama s’évertue à restaurer des bases plus saines pour les relations internationales. SOS Racisme
Le prix Nobel de la Paix est désormais une illustration de l’inversion des valeurs qui caractérise le monde de Big Brother. Il est attribué cette année au dirigeant qui mène les guerres les plus importantes du moment et les plus onéreuses de l’histoire, et qu’aucune considération morale ou de droit international ne peut justifier. Jean-Marie Le Pen
Ce prix suscite de l’étonnement et de l’incompréhension. Parti communiste français
Ce n’est pas tous les jours qu’une belle âme est à la tête de la première puissance militaire mondiale. Cela aurait valu que, le lendemain même de son investiture, les jurés norvégiens se réunissent pour lui décerner le Nobel de la Paix. Il le méritait. François Miclo

A l’heure où, pour cause de canicherie bushienne, Tony Blair pourrait se voir privé de présidence de l’Europe …

Retour de l’Amérique dans le cœur de tous les peuples du monde, réconciliation, échec au choc des civilisations, tournant le dos à la politique de George Bush et son horrible choc des civilisations, tourner une page obscure, les prétentions impériales d’une Amérique ivre de puissance, critique contre la politique génocidaire, Après la période sombre de la présidence Bush marquée par la doctrine du choc des civilisations …

Confirmation, dans la belle unanimité qui, de Sarkozy à Castro et d’Aubry à SOS racisme, a salué la récente nobélisation du Prince au sang mêlé, que celui-ci n’était pas tant une récompense destinée à l’actuel président américain qu’un contre-prix pour son prédécesseur …

A croire qu’il n’y a que la haine d’un Le Pen ou la marginalité d’un PCF pour oser dire que le roi est nu …

Ou, fort heureusement sur Causeur, ce remarquable et réjouissant commentaire du philosophe et éditeur François Miclo …

Nobel: t’as le bonjour d’Alfred!

Les pacifistes tentent la blitzkrieg
François Miclo
Causeur
le 16 octobre 2009

Il était temps. Le monde se languissait d’attendre. Barack Obama était installé à la Maison Blanche depuis neuf longs mois déjà et il n’avait toujours pas de Nobel à poser sur la cheminée du bureau ovale. Lorsque, dans deux ou trois semaines, le temps aura fait son œuvre, les historiens nous expliqueront pourquoi cette distinction a été décernée aussi tardivement au président américain.

Ce n’est pas tous les jours qu’une belle âme est à la tête de la première puissance militaire mondiale. Cela aurait valu que, le lendemain même de son investiture, les jurés norvégiens se réunissent pour lui décerner le Nobel de la Paix. Il le méritait.

Certes, Barack Obama n’a rien fait. Mais il n’en pense pas moins. Son âme est emplie de bons sentiments, sa bouche de vœux pieux et son cœur de louables intentions.

Barack Obama l’a dit lui-même : il est pour la paix. Il est favorable au désarmement. Ce qui le révulse le plus, c’est la guerre et l’injustice sous toutes ses formes : les inégalités, le racisme, la mort, les maladies (y compris la grippe A).

S’il a renvoyé récemment 13 000 soldats en Afghanistan et qu’il s’apprête à y expédier de nouveaux renforts, s’il augmente de 30 % le budget 2010 des opérations extérieures, s’il poursuit la modernisation de l’armée américaine entamée sous George W. Bush, s’il continue à assumer presque la moitié des dépenses mondiales de défense, s’il ne reçoit pas le Dalaï Lama pour ne pas mettre en rogne les Chinois, c’est à son corps défendant qu’il le fait.

Pour le reste, c’est-à-dire pour ce qui ne concerne pas la réalité de son action politique, Obama est nickel avec son Nobel. Et le comité norvégien n’a pas besoin de se fendre de longues explications pour justifier son choix : il a décidé d’attribuer le prix à Barack Obama pour “ses efforts extraordinaires en faveur du renforcement de la diplomatie et de la coopération internationale entre les peuples”.

En langage clair, cela signifie que Barack Obama est le cador incontesté de la paix dans le monde, car il n’a encore déclaré la guerre à personne et sait se tenir à table lorsqu’il est invité à l’étranger.

C’est un peu court pourtant. Les bonnes intentions et les lettres au Père Noël ne valent rien face à la réalité. Et la réalité est que le président américain n’est pas tant attaché à s’illustrer dans un irénisme sans frein qu’à faire honorablement sortir son pays de la pétaudière irakienne, tout en trouvant une solution militaire à l’ornière afghane. Il est vrai qu’il a peut-être trouvé la voie de la paix… avec l’Iran, en décidant de laisser les mollahs faire leur omelette nucléaire en regardant ailleurs.

Lorsque le comité norvégien décerna, en 1926, le prix Nobel de la paix à Gustav Stresemann et Aristide Briand, c’était pour encourager les “efforts extraordinaires” des deux hommes d’Etat en faveur du rapprochement franco-allemand. On connaît la suite : le succès du rapprochement fut tel que nos voisins nous occupèrent cinq ans durant. En matière de guerre et de paix, ce n’est pas l’intention ni l’effort qui comptent, mais l’action et la volonté.

Et si ces sottes histoires de guerre et de paix n’intéressaient pas le comité Nobel ? Composé de parlementaires norvégiens, dont les compétences en géopolitique sont aussi certaines que celles de Jean Sarkozy en aménagement urbain, le comité Nobel semble s’être résolu à sacrifier à l’obamania ambiante, sans se poser d’autres questions.

Mais qui trop embrasse peu étreint : il se pourrait bien que ce prix Nobel de la Paix soit très difficile à porter par le chef d’un Etat engagé dans deux opérations extérieures délicates et que la couronne faite aujourd’hui de lauriers se révèle être, dans les mois qui viennent, tressée entièrement d’épines. Bien loin d’encourager les “efforts extraordinaires” de Barack Obama, le comité Nobel lui a peut-être lié, définitivement, les mains.

Soyons pourtant optimistes : un autre prix Nobel attend bientôt Barack Obama. Celui de littérature, qu’on lui décernera en 2010 pour son œuvre littéraire en général et son discours de réception du prix Nobel de la paix 2009 en particulier.

Voir aussi:

OBAMA PRIX NOBEL
Les réactions mitigées au Nobel de la Paix de Barack Obama
NOUVELOBS
12.10.2009

Voici les réactions, en France et dans le monde, à l’attribution du prix Nobel de la Paix au président américain Barack Obama, vendredi 9 octobre :

Les réactions en France

Dominique Paillé, porte-parole adjoint de l’UMP
« Je me réjouis qu’Obama ait reçu ce titre. Je le félicite. C’est pour moi une surprise. Personne ne s’y attendait. C’est un prix d’encouragement car dans le domaine de la paix, il n’a pas encore obtenu de résultats tangibles ». »Je note simplement qu’il s’agissait de récompenser un politique. Il y avait d’autres personnes qui auraient pu être récompensées, comme Nicolas Sarkozy qui à la tête de l’Union européenne a mis fin au conflit en Géorgie. Il s’est illustré contre la prolifération nucléaire en Iran avec fermeté. Il y a aussi les mesures admises par tous au G20. Or si le plan de relance n’avait pas été arrêté, cela aurait été déstabilisant pour la paix internationale. »

Nicolas Sarkozy
Le président de la République a adressé vendredi ses « plus chaleureuses félicitations » à Barack Obama, saluant les « efforts extraordinaires » du président américain « en faveur du renforcement de la diplomatie et de la coopération internationale ». « En vous décernant son prix le plus prestigieux, le Comité récompense votre engagement déterminé pour les droits de l’Homme, pour la justice et pour la propagation de la paix à travers le monde, selon les volontés de son fondateur, Alfred Nobel », écrit Nicolas Sarkozy à Barack Obama. « Il rend aussi justice à votre vision en faveur de la tolérance et du dialogue entre les Etats, les cultures et les civilisations. Il consacre, enfin, le retour de l’Amérique dans le cœur de tous les peuples du monde », poursuit le chef de l’Etat.
« Si je me réjouis autant que ce prix vous soit aujourd’hui attribué, c’est aussi parce que je sais qu’il confortera votre détermination à agir pour la justice, pour la paix et pour préserver les grands équilibres de notre planète. Je suis convaincu que chacun, partout dans le monde, y puisera une volonté encore plus forte de coopérer avec vous-même et avec l’Amérique pour atteindre ces objectifs communs », ajoute Nicolas Sarkozy.
« Sachez que sur ce chemin, vous pourrez compter sur mon soutien résolu et sur celui de la France », conclut le président. (Courrier, vendredi 9 octobre)

François Fillon, Premier ministre
« Une personnalité dont le parcours exceptionnel constitue un symbole d’espoir et de renouveau ».
« Cette récompense illustre le message d’ouverture et de réconciliation qu’a représenté son élection à la présidence des Etats-Unis ». « Depuis son élection, le président Obama a œuvré en faveur de la réconciliation et de la paix. Il a prononcé au Caire un discours majeur qui vise à faire échec au choc des civilisations ». »Barack Obama a aussi su faire évoluer en profondeur le message que les Etats-Unis adressent au monde. Qu’il s’agisse du désarmement, de l’environnement ou de la fermeture du camp de Guantanamo, il a pris des positions courageuses qui sont autant de messages d’ouverture ». »Au-delà de la personnalité du président Obama, ce prix Nobel de la Paix consacre la force des idéaux qu’incarnent les Etats-Unis, la force de l’engagement collectif, la force du rêve américain. Il nous encourage, plus que jamais, à oeuvrer avec les Etats-Unis pour la justice et pour la paix ».(Communiqué)

Les députées Aurélie Filippetti (PS) et Marie-Georges Buffet (PCF) ont interrompu les débats à l’Assemblée. Aurélie Filippetti s’est levée pour annoncer à l’hémicycle l’attribution du prix Nobel. Marie-Georges Buffet, qui devait intervenir à ce moment, a renchéri en félicitant le président américain. (Déclarations à l’Assemblée nationale, vendredi 9 octobre)

Martine Aubry, première secrétaire du PS
« Avec audace, force et courage, Barack Obama est parvenu à créer un nouveau climat dans les relations politiques internationales. En tournant le dos à la politique de George Bush et son horrible choc des civilisations, en défendant une approche multilatérale des relations internationales, en menant le difficile combat pour les Droits de l’Homme partout dans le monde, en s’engageant dans le processus de paix israélo-palestinien et en pesant de tout son poids pour le désarmement nucléaire, Barack Obama oeuvre de manière déterminante pour la construction d’une paix durable dans le monde ». (Communiqué, vendredi 9 octobre)

Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP
« Son élection et ses actions au quotidien sensibilisent déjà le monde à la paix, et cela est essentiel pour pacifier les relations entre les pays, les communautés, les cultures et les civilisations. Ses efforts en faveur du renforcement de la diplomatie et de la coopération internationale sont ainsi récompensés. Ce Prix Nobel est un véritable encouragement à la réalisation de grands projets diplomatiques et une incitation à promouvoir la paix dans le monde ». (Communiqué, vendredi 9 octobre)

Parti communiste français (PCF)
« Ce prix suscite de l’étonnement et de l’incompréhension. On comprend que son engagement déclaré pour le désarmement nucléaire puisse soulever un espoir, comme ses déclarations en faveur d’une solution politique au Proche Orient. Mais pour l’instant, malgré les engagements pris et les grands discours, rien de positif n’est intervenu (…) Les crises du Moyen Orient ont atteint un degré de gravité inquiétant et des impasses dramatiques (…) Barack Obama est devant des choix urgents et cruciaux, et ceux qui viennent de le couronner le rappellent finalement à ses engagements et donc à sa responsabilité ». (Communiqué, vendredi 9 octobre)

Axel Poniatowski, député UMP du Val-d’Oise
« Ce choix peut paraître surprenant mais il est assez compréhensible. C’est une façon de délivrer un satisfecit et un encouragement à une nouvelle politique. Vu l’action qui a été la sienne depuis 24 mois, Nicolas Sarkozy aurait tout autant pu prétendre avoir le Nobel. Il faisait d’ailleurs partie des nominés. Mais on voit là une différence de puissance entre nos pays (Etats-Unis et France) et de poids à travers le monde » (Entretien au JDD.fr vendredi 9 octobre).

Ségolène Royal, présidente (PS) de la région Poitou-Charentes
« C’est la juste récompense d’un courage politique exceptionnel, mis au service d’une volonté ardente de réconciliation de l’Amérique. Barack Obama n’a pas attendu la fin de son mandat pour engager les efforts de paix au Proche-Orient. Ses discours ont affirmé avec force la volonté de tourner une page obscure. Les prétentions impériales d’une Amérique ivre de puissance ont laissé place à une politique de coopération, fondée sur le respect et l’intérêt mutuels, sur la compréhension lucide de l’autre et le dépassement des antagonismes. C’est l’espérance d’une histoire dans laquelle l’humanité montrera enfin le meilleur d’elle-même ». (Communiqué vendredi 9 octobre)

Jean-Marie Le Pen, président du Front national
« Le prix Nobel de la Paix est désormais une illustration de l’inversion des valeurs qui caractérise le monde de Big Brother. Il est attribué cette année au dirigeant qui mène les guerres les plus importantes du moment et les plus onéreuses de l’histoire, et qu’aucune considération morale ou de droit international ne peut justifier. Le comité Nobel devrait maintenant créer un prix Nobel de la Vérité pour l’attribuer au plus grand menteur, mais là il aura beaucoup de mal à départager les candidats ». (Communiqué, vendredi 9 octobre)

Hervé Morin, ministre de la Défense
« Aujourd’hui, à travers ce prix Nobel de la paix, c’est plus de 6 milliards de personnes qui adressent un message de confiance, d’optimisme et d’espoir à un homme qui, par son action contribuera à l’avenir de notre planète. Barack Obama symbolise, au-delà des frontières, la réconciliation des hommes et donne l’espoir qu’un autre monde est possible. Car l’heure des décisions importantes est venue pour faire face aux nouveaux défis environnementaux, pour installer durablement la paix dans les régions instables, pour ériger en lois universelles la liberté et l’égalité ». (Communiqué, vendredi 9 octobre)

Les réactions en Europe

Angela Merkel, chancelière allemande
Angela Merkel félicite Barack Obama pour son Prix Nobel de la paix qui constitue « une incitation pour le président et pour nous tous » à faire encore plus pour la paix.
Barack Obama « a réussi en peu de temps à instaurer un nouveau ton et à permettre une ouverture au dialogue ». Ce prix constitue une « incitation pour le président et pour nous tous » à « œuvrer encore mieux pour la paix dans le monde », a souligné la chancelière conservatrice. (Déclaration à la presse, vendredi 9 octobre)

Lech Walesa, Nobel de la Paix en 1983 et ancien président polonais
« Qui, Obama ? Si vite? Trop vite ! Il n’a pas eu le temps de faire quoi que ce soit. Pour le moment il ne fait que proposer », affirme Lech Walesa.
« Parfois, le Comité Nobel donne son prix pour encourager une action responsable. Alors, donnons-lui une chance, à Obama ». (Déclaration à l’AFP, vendredi 9 octobre)

José Manuel Barroso, président de la Commission européenne
« L’attribution du prix au président Obama, leader de la puissance militaire la plus importante dans le monde, au début de son mandat, est le reflet des espoirs qu’il a soulevés au niveau mondial avec sa vision d’un monde sans armes nucléaires ». « Ce prix est un encouragement pour l’engagement de tous ceux qui peuvent contribuer à faire naître un monde plus sûr ». Le prix constitue également « une reconnaissance des attentes créées partout par la volonté du président Obama de travailler en étroite collaboration avec les partenaires des Etats-Unis pour façonner des réponses mondiales aux défis internationaux auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui », a estimé le chef de l’exécutif européen. (Communiqué vendredi 9 octobre)

Silvio Berlusconi, chef du gouvernement italien
« Nous avons entendu au cours du Conseil des ministres que le (Prix) Nobel de la paix a été attribué à Barack Obama et nous avons applaudi avec conviction », raconte Silvio Berlusconi. Le président américain devra observer désormais « un comportement oecuménique » à l’égard du monde entier, estime-t-il. Il y a deux semaines Silvio Berlusconi avait de nouveau qualifié Barack Obama et sa femme Michelle de « bronzés ». (Déclaration, vendredi 9 octobre)

Le Vatican
« L’attribution du Nobel de la paix au président Obama est accueillie favorablement au Vatican à la lumière de l’engagement démontré du président en faveur de la promotion de la paix au niveau international et en particulier, tout à fait récemment, en faveur du désarmement nucléaire », a déclaré le porte-parole du Vatican, père Federico Lombardi. « Nous espérons que ce prix très important encouragera davantage encore cet engagement difficile mais fondamental pour l’avenir de l’humanité ». (Déclaration à la presse, vendredi 9 octobre)

José Luis Zapatero, chef du gouvernement espagnol
Ce prix Nobel, à l' »intérêt hautement stratégique », est une « incitation, un soutien au président pour qu’il remporte des succès dans la recherche de la paix ». « Les objectifs de Barack Obama sont des objectifs positifs pour le monde entier et nous devons réfléchir à ce que nous devons faire pour les mettre en pratique ». (Conférence de presse, vendredi 9 octobre)

Javier Solana, diplomate en chef de l’UE
« Ce prix est un hommage mérité à l’extraordinaire leadership du président Obama, son dévouement à la cause de la paix et son engagement sans faille à l’égard de la diplomatie internationale ». (Communiqué, vendredi 9 octobre)

Anders Fogh Rasmussen, secrétaire général de l’Otan
« Comme le comité Nobel l’a déclaré, le président Obama a fait des efforts extraordinaires pour renforcer la diplomatie et la coopération internationale entre les peuples ». Le président américain « a également démontré son engagement résolu à aider à bâtir la paix et défendre les droits humains fondamentaux, y compris par l’Alliance atlantique. Cet honneur est bien mérité ». (Communiqué, vendredi 9 octobre)

Mairead Corrigan Maguire, lauréate du prix Nobel de la paix 1976
L’Irlandaise du nord, récompensée avec Betty Williams pour une campagne de marches pour la paix dans la province britannique alors minée par les violences interreligieuses, critique l’attribution du prix au président américain estimant qu’il s’agit d’une décision « très triste ». « Le président Obama doit encore prouver qu’il va faire sérieusement bouger les choses au Moyen-Orient, et qu’il mettra fin à la guerre en Afghanistan et à beaucoup d’autres problèmes ». « Le comité Nobel n’a pas rempli les critères indiqués dans le testament d’Alfred Nobel, puisqu’il avait stipulé que le prix devait être donné aux gens qui mettent fin au militarisme et sont pour le désarmement ». (Déclaration, vendredi 9 octobre)

Les réactions dans le reste du monde

La famille kényane de Barack Obama
« C’est un honneur pour la famille… nous sommes très contents que l’un d’entre nous ait été consacré. Nous félicitons Barack », déclare le demi-frère du président, Saïd Obama, depuis le village de Kogelo. Ce prix « touche beaucoup de monde » car le président représente « des gens d’horizons très divers ».
Le président américain, dont le père kényan aujourd’hui décédé est né à Kogelo, est considéré au Kenya comme un enfant du pays où il jouit d’une grande popularité. (Déclaration, vendredi 9 octobre

Hamid Karzaï, président de l’Afghanistan
Le président américain Barack Obama est la « bonne personne » pour une telle distinction, a estimé Hamid Karzaï, le président de l’Afghanistan, où Barack Obama doit décider de l’envoi ou non de soldats en renfort contre les talibans. « Nous félicitons M. Obama pour avoir remporté le Prix Nobel », déclare Siamak Hiraï, porte-parole de la présidence afghane. « Son travail acharné et son projet pour de nouvelles relations internationales, sa volonté et ses efforts pour créer une atmosphère d’amitié et de bonnes relations, ainsi que pour la paix dans le monde, en faisaient la bonne personne pour recevoir le Prix Nobel de la paix. » (Déclaration, vendredi 9 octobre)

Fidel Castro, leader cubain
« Je ne partage pas toujours les positions de cette institution mais je me dois de reconnaître que cette fois cela a été une mesure positive. Cela compense l’échec qu’a subi Obama à Copenhague alors que Rio de Janeiro et non Chicago a été désigné pour accueillir les Jeux Olympiques de 2016, ce qui a provoqué les attaques de ses adversaires de l’extrême droite ». « Plusieurs pensent qu’il n’avait pas encore gagné le droit de recevoir une telle distinction. Nous désirons voir dans cette décision, plus qu’un prix au président des Etats-Unis, une critique contre la politique génocidaire qu’ont suivie nombre de présidents de ce pays, une exhortation à la paix et à la recherche de solutions conduisant à la survie de l’espèce ». (Billet sur le site cubadebate.cu)

Dmitri Medvedev, président russe
« Je considère que cette décision du Comité Nobel est l’évidence d’une vision réaliste des dynamiques du développement mondial ». »J’espère que cette décision sera un encouragement supplémentaire à joindre les efforts pour créer un nouveau climat dans les relations internationales et promouvoir des initiatives d’une importance cruciale pour la sécurité globale ». (Déclaration à la presse)

Les Talibans
« Nous n’avons perçu aucun changement de stratégie pour la paix, il n’a rien fait pour la paix en Afghanistan, il n’a pas pris une seule mesure pour cela ou pour rendre le pays plus stable », commente Zabihullah Mujahid, le porte-parole des talibans. « Nous condamnons l’attribution du Nobel de la paix à Obama. » (Déclaration, vendredi 9 octobre)

Rebiya Kadeer, dissidente ouïghoure en exil
Je suis très heureuse qu’il (Barack Obama) ait reçu le prix. Maintenant il doit en faire quelque chose. Cela augmente les attentes de le voir défendre les nations opprimées ». Le nom de la dissidente ouïghoure avait été cité comme lauréate possible du Nobel de la Paix. « Des Ouïghours sont tués en ce moment même. Avec le prix, il (Obama) doit savoir comment parler aux dictatures du genre de la Chine », a dit Rebiya Kadeer, qui réside dans la région de Washington. (Déclaration, vendredi 9 octobre)

Mahmoud Ahmadinejad, président de l’Iran
« Nous espérons que cela l’incitera à emprunter la voie qui apportera la justice dans le monde », a indiqué Ali Akbar Javanfekr, son porte-parole. « Nous ne sommes pas contrariés et nous espérons qu’en recevant ce prix, il commencera à entreprendre des démarches concrètes en vue de mettre fin à l’injustice dans le monde. » (déclaration, vendredi 9 octobre)

La fondation Nelson Mandela
« La Fondation Nelson Mandela, au nom de son fondateur Nelson Mandela, salue l’attribution du Prix Nobel de la Paix au président Barack Obama », écrit le directeur de la fondation Verne Harris dans un communiqué. « Nous sommes certains que ce prix va lui permettre de renforcer son engagement, en tant que leader de la nation la plus puissante du monde, pour continuer de promouvoir la paix et la fin de la pauvreté », poursuit-il. Nelson Mandela, premier président noir d’Afrique du Sud avait également reçu en 1993 cette distinction du comité Nobel. (Communiqué, vendredi 9 octobre)

Le dalaï lama
« Je continue à affirmer que les pères fondateurs des Etats-Unis ont fait de ce pays la plus grande démocratie du monde et le défenseur de la liberté ». « Il est donc important que les leaders américains fondent leur influence sur ces idéaux. Une telle approche ne va pas seulement mettre en valeur la réputation des Etats-Unis, mais va aussi formidablement contribuer à réduire les tensions dans le monde ». (Communiqué)

Mohamed ElBaradei
Barack Obama, apporte « l’espoir d’un monde en paix avec lui-même », a déclaré le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) Mohamed ElBaradei. Il s’est dit « absolument enchanté » du choix du président américain, qui, « au pouvoir depuis moins d’un an », « a transformé notre façon de nous voir nous-mêmes et de voir le monde dans lequel nous vivons ». « Il a ravivé l’espoir pour un monde en paix avec lui-même ». Le chef de l’Etat américain « a fait preuve d’un leadership extraordinaire » en prônant un monde dénucléarisé et « d’un engagement inébranlable pour la diplomatie, le respect mutuel et le dialogue comme étant les meilleurs moyens de résoudre les conflits ». (Communiqué, vendredi 9 octobre)

Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU
Ban Ki-moon « félicite de tout cœur » Barack Obama. « Le président Obama personnifie un nouvel esprit de dialogue et d’engagement personnel sur les plus grands problèmes mondiaux comme le réchauffement climatique, le désarmement nucléaire et une grande variété de menaces à la paix et à la sécurité internationale ». (Communiqué, vendredi 9 octobre)

Michael Steele, président du parti républicain américain
« Une chose est sûre : le président Obama ne recevra pas de récompense des Américains pour les créations d’emplois, la responsabilité budgétaire, ou pour avoir lié ses paroles à des actes ». « Qu’a donc accompli le président Obama ? ».
« Il est fâcheux que le vedettariat du président ait éclipsé d’inlassables militants qui ont obtenu des résultats en matière de paix et de droits de l’homme », a-t-il ajouté. (Communiqué, vendredi 9 octobre)

Manuel Zelaya, président déchu du Honduras
« Je veux féliciter le président Barack Obama pour le Prix Nobel. Je considère que c’est un défi pour le président des Etats-Unis en personne d’assumer la responsabilité du symbole de la paix ». (Déclaration à l’AFP)

Luiz Inacio Lula da Silva, président brésilien
« J’ai déjà envoyé un télégramme de félicitations à Obama, et il est possible que je lui parle sous peu. Je pense que le prix est en de bonnes mains et j’espère que la paix mondiale deviendra une réalité et que nous n’aurons plus de bombes nucléaires ». « Je n’y ai vraiment pas pensé (à avoir le prix, ndlr) Le jour où je voudrais être candidat à ce prix, je m’inscrirai moi-même ». (Déclaration à la presse)

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien
« Je me réjouis d’avance d’œuvrer en étroite collaboration avec vous pendant les prochaines années pour faire avancer la paix et donner l’espoir aux peuples de la région qui méritent de vivre en paix, en sécurité et dans la dignité ». « Vous avez déjà inspiré tellement de gens à travers le monde, et je sais que cette récompense exprime aussi l’espoir que votre présidence sera annonciatrice d’une nouvelle ère de paix et réconciliation ». « Nulle part ailleurs qu’au Moyen-Orient, une région longtemps endeuillée par le terrorisme et les effusions de sang, la paix est à ce point nécessaire », a également plaidé Benjamin Netanyahu. (Communiqué, vendredi 9 octobre)

Shimon Peres, président israélien et lauréat du prix en 1994
« Vous avez apporté à l’humanité toute entière un nouvel espoir (…). Sous votre leadership, la paix est devenue une vraie priorité ». « Très peu de leaders sont parvenus à changer l’état d’esprit du monde en si peu de temps et avec un tel impact ». (Message à Barack Obama, vendredi 9 octobre)

Le roi du Maroc Mohammed VI salue (son) « engagement personnel résolu, (son) action continue et (ses) efforts sincères, en faveur de la paix et de la sécurité internationales ». Cette récompense est une « reconnaissance à vos décisions judicieuses et vos initiatives constructives sur la voie de la réalisation de la paix mondiale, notamment au Proche-Orient, ainsi qu’aux efforts soutenus que vous ne cessez de déployer pour limiter la prolifération des armes nucléaires ». « Cette consécration internationale ne manquera pas de renforcer votre détermination à poursuivre vos nobles actions en faveur d’un climat de confiance, de rapprochement et de compréhension entre les différents peuples, civilisations et religions, en particulier votre vision positive des relations entre l’Occident et le monde islamique, et d’un avenir meilleur pour l’humanité et notre planète ». (Message au président des Etats Unis)

Adolfo Perez Esquivel, Prix Nobel de la Paix argentin
« Je suis surpris par l’attribution du Prix à Obama, qui est le président du pays qui commet le plus d’agressions au monde, et qui impose les choses du point de vue du complexe militaro-industriel, les guerres et les conflits ».
Il espère qu’Obama « utilise (le Prix) au service des peuples, pour résoudre les graves conflits dans lesquels les Etats-Unis sont impliqués, les guerres en Irak et en Afghanistan, et les graves violations des droits de l’Homme dans ces pays ». (Déclaration à la presse)

Alvaro Garci, vice-président bolivien
« Nous saluons et nous nous réjouissons de cette nomination, sans aucun doute pour un président qui a beaucoup fait pour les droits du peuple américain », a dit le vice-président bolivien Alvaro Garcia, au cours d’une conférence de presse. Il « a des difficultés, nous le sentons prisonniers d’un réseau impérial qui bouge de façon presque indépendante au dessus de lui ». « Au-delà du fait que le président Obama soit prisonnier de l’empire, disons, de la machine impériale, nous saluons sa nomination ». (Déclaration à la presse)

Les associations et organisations humanitaires

SOS Racisme
« Barack Obama qui a su transformer profondément l’image des Etats-Unis dans le monde. (…) Après la période sombre de la présidence Bush marquée par la doctrine du choc des civilisations Obama s’évertue à restaurer des bases plus saines pour les relations internationales », écrit l’association dans un communiqué. « Nous nous réjouissons que ce prix Nobel viennent récompenser un homme qui a redonné au dialogue ses lettre de noblesse sur le plan international ». (Communiqué, vendredi 9 octobre)

La FIDH
« Le Prix Nobel de la Paix à Obama, c’est aussi une incitation méritée à ne pas revenir sur les principes universels qu’il a remis à l’honneur. C’est une reconnaissance et une nouvelle légitimité pour qu’il fasse preuve de plus de fermeté sur les principes », a déclaré la Fédération internationale des ligues des Droits de l’Homme (FIDH).
« On l’a entendu sur les principes. Aujourd’hui, il faut le passage à l’acte: le prix Nobel peut l’encourager », a dit Souhayr Belhassen.
« Nous aurions préféré voir un défenseur des droits de l’homme comme Oleg Orlov, de Memorial, en Russie, ou à titre posthume Natalia Estemirova », militante des droits de l’homme assassinée en juillet dernier en Tchétchénie. (Déclaration, vendredi 9 octobre)

Handicap International
L’organisation invite Barack Obama « à renforcer le contrôle des armes conventionnelles, en signant les deux traités d’interdiction des mines antipersonnel et des bombes à sous-munition ». L’ONG rappelle que les Etats-Unis refusent depuis 1997 « de signer le Traité d’Ottawa interdisant les mines antipersonnel, adopté par 156 Etats », et n’envisagent « toujours pas de signer le Traité d’Oslo de décembre 2008 » interdisant les bombes à sous-munition. (Communiqué, vendredi 9 octobre)

(Nouvelobs.com avec AFP, AP et Reuters)


Documenteurs: En mettre plein les yeux, c’est le contraire exactement de donner à voir (Two truths can make a lie)

29 octobre, 2009
Apocalypse (France 2)
En mettre plein les yeux: c’est le contraire exactement de donner à voir. (…) Les documentalistes d’Apocalypse n’ont choisi que des images authentiques, mais le montage de deux authenticités qui n’ont rien à voir – par exemple tel visage et tel nom propre – n’est que pur mensonge au regard de l’histoire. Georges Didi-Huberman
Post-war filmmakers gave us the documentary, Rob Reiner gave us the mockumentary and Moore initiated a third genre, the crockumentary. Jean-Luc Godard
William Karel est aussi l’auteur d’Opération Lune (2002), faux documentaire sur la conquête spatiale, qui mêle images d’archives et faux témoignages – un « documenteur ». Il se plaît à rappeler les mots de François Truffaut, selon lequel un documentaire est mille fois plus menteur et manipulateur qu’une fiction, où les cartes sont mises sur table dès le départ. Wikipedia
En octobre 1929, alors que la croissance grise l’Amérique, Wall Street s’effondre. Avec son talent coutumier, William Karel (Le Monde selon Bush, Opération Lune) dissèque le grand krach boursier et tord le cou à quelques mythes. Un documentaire de référence sur le sujet. Télérama (« Un krach, ce Karel »)

Au lendemain d’un énième documentaire à charge de notre documenteur national Willam Karel sur sa chaine favorite (« 1929« )…

Qui, sans avoir besoin de recoloriser les images d’archives choisies pour illustrer son montage de commentaires d’historiens triés sur le volet (pour leur discours critiques du capitalisme à la Howard Zinn), nous a concocté à nouveau un véritable petit joyau de propagande anti-américaine.

Remplaçant un mythe (le New Deal) par un autre (tout est venu de ou a mené à la guerre, la sortie américaine de la crise de l’effort de guerre comme l’arrivée d’Hitler au pouvoir du retrait des capitaux américains).

Avec la bonne vieille technique du montage, par un commentaire envahissant, de morceaux de réponses-monologues d’experts systématiquement coupées des questions qui les motivaient ou des éventuelles corrections ou atténuations de leurs propres auteurs comme de toute discussion entre eux …

Retour, avec le philosophe et historien de l’art Georges Didi-Huberman, sur la critique d’une autre récente série documentaire (« Apocalypse » de France 2 sur la deuxième guerre mondiale) qui a le mérite, en ces temps de MichaelMoorisation et de phototshopisation triomphantes, de rappeler quelques principes élémentaires de la présentation des images de l’histoire.

Notamment que tout traitement de l’image historique n’est nécessairement pas neutre et ce d’autant plus pour un film qui se faisait un véritable point d’honneur de cumuler au plus haut niveau des techniques actuelles montage, colorisation et sonorisation dans l’objectif naïvement explicite de bluffer et d’en mettre plein la vue aux jeunes.

Confondant ainsi « rendre visible quelque chose du réel » et « nous en mettre plein les yeux » …

Extraits:

Au même moment, le film s’autoproclame en voix de la vérité, débutant sur ces mots qui vont faire date dans l’histoire de l’immodestie : «Ceci est la véritable histoire de la Seconde Guerre mondiale ».

(…)

toute image – dès sa prise de vue – est le résultat d’une opération technique, d’une médiation, donc d’une manipulation. La question est de savoir ce qu’on veut faire de nos mains qui manipulent : étouffer les images ou bien les traiter avec tact. Il s’agit aussi d’avoir l’honnêteté minimale de reconnaître les limites de ce qu’on fait. Pourquoi prétendre restituer la «vérité en histoire» tout en reconnaissant vouloir nous «séduire» et nous «bluffer» ? Bluffer, cela veut dire impressionner – la guerre est impressionnante, de toute façon -, mais cela veut aussi dire mentir.

(…)

Coloriser, technique vieille comme le monde, n’est rien d’autre que maquiller : plaquer une certaine couleur sur un support qui en était dépourvu. C’est ajouter du visible sur du visible. C’est, donc, cacher quelque chose, comme tout produit de beauté, de la surface désormais modifiée. Ainsi rend-on invisibles les réels signes du temps sur le visage – ou les images – de l’histoire. Le mensonge ne consiste pas à avoir traité les images mais à prétendre qu’on nous offrait là un visage nu, véritable, de la guerre, quand c’est un visage maquillé, «bluffant», que l’on nous a servis.

François Montpellier, le technicien de colorisation d’Apocalypse, admet lui-même que son traitement des images consiste, je le cite, à «unifier, dans une même continuité visuelle, des documents provenant parfois de sources différentes». Mais la continuité visuelle n’est qu’un choix esthétique et narratif parfaitement arbitraire, tous les monteurs le savent bien. La véritable histoire, quant à elle, n’est faite que de discontinuités, ne serait-ce que parce qu’elle a été regardée, vécue, enregistrée selon des points différents. Apocalypse, au contraire, veut nous faire croire qu’un seul cinéaste, avec le même sens des couleurs, aurait tout vu à la fois en tous les points du globe. Pourquoi voit-on partout ce même ciel bleu pâle des cartes postales rétros ? Pourquoi l’Ange bleu devient-il tout jaune ? Pourquoi le cadavre flottant dans la mer, à Omaha Beach, se découpe-t-il sur un beau fond outremer (la mer était peut-être verte et Samuel Fuller, qui était sur place, raconte que l’eau près du rivage était toute rougie du sang des morts) ? Pourquoi coloriser Dachau et pas Auschwitz ? Pourquoi diviser Buchenwald en noir pour certains plans, en couleurs pour d’autres ? Pourquoi l’enfer atomique est-il vert et mauve comme dans un film de science-fiction ? En justifiant le renoncement à coloriser les images de la Shoah pour «ne laisser aucun doute sur leur authenticité» et pour que «personne ne puisse y trouver matière à supercherie», les auteurs d’Apocalypse admettent que tout le reste de leur film peut se voir comme une véritable matière à supercherie.

Ce qui peut être dit de la colorisation des images vaut également pour leur sonorisation et leur commentaire. Gilbert Courtois connaît la différence de bruit entre un moteur Yakovlev et un moteur Stuka, fort bien. Moyennant quoi il se targue de n’avoir donné que des sons authentiques. Quant à Daniel Costelle, il émaille également son récit de noms authentiques : August Von Kageneck, Gaston Cirech, Armand (l’Alsacien enrôlé dans les «malgré-nous»), etc. Mais les gros plans associés à ces noms forment-ils un montage authentique ? Même le chien berger qui passe dans une rue de Berlin se voit associé au nom de Blondie, le chien de Hitler. Les documentalistes d’Apocalypse n’ont choisi que des images authentiques, mais le montage de deux authenticités qui n’ont rien à voir – par exemple tel visage et tel nom propre – n’est que pur mensonge au regard de l’histoire.

La série Apocalypse n’a restauré ces images que pour leur rendre une fausse unité, un faux présent de reportage et de mondiovision. Elle a pensé que nous étions trop stupides pour accepter de voir des bribes blêmes, des lacunes, des bouts de pellicule rayés à mort. Elle s’est tout approprié et ne nous a rien restitué. Elle a voulu nous en mettre plein les yeux et, pour rendre les images bluffantes, elle les a surexposées. Façon de les rendre irregardables.

En mettre plein les yeux et rendre «Apocalypse» irregardable
Georges Didi-Huberman
philosophe et historien de l’art
Libération
21/09/2009

Les images nous rendent l’histoire visible. Elles assument un rôle crucial dans notre façon de comprendre ce qui s’est passé, ce qui se passe autour de nous. Un rôle crucial, cela veut dire : à la croisée des chemins, donc pour le meilleur ou pour le pire. C’est en cela que les images – y compris les images du passé – sont toujours des objets politiques et, même, des actes politiques : des prises de position. Tant il est vrai qu’une image ne vaut que par la position qu’elle occupe dans un montage où interviennent, bien sûr, d’autres images choisies à propos, mais aussi des mots, des pensées, des prises de position devant l’histoire.

La série télévisée Apocalypse nous rend «visibles» un certain nombre de documents relatifs à la Seconde Guerre mondiale. Nous les rend-elle regardables, «lisibles», pensables, compréhensibles pour autant ? Quelle est donc sa position ? Les réalisateurs, les producteurs et les directeurs de programme se sont contentés d’adopter une posture typique du monde commercial, l’autocélébration : projet «pharaonique», émission «miracle», «révélation» de l’histoire… On a remonté des archives visuelles en leur restituant, dit-on, «une qualité d’image tout simplement époustouflante ! De quoi convaincre tout le monde !» (dixit Daniel Costelle, l’auteur du commentaire). La chaîne de télévision, de son côté, a réussi la prouesse de transformer une «commémoration» – le soixante-dixième anniversaire du déclenchement de la guerre – en cet «événement» nommé prime time.

Mais de quel événement parlons-nous ? Et de quoi veut-on nous convaincre ? Avant tout de la puissance même dont se targue la machine télévisuelle. Les réalisateurs nous disent avoir fabriqué un objet capable de «carrément séduire un jeune public», de «bluffer» les spectateurs par leurs techniques de traitement de l’image, en sorte que, devant les archives remontées, colorisées, sonorisées, «les jeunes vont s’éclater» (redixit Daniel Costelle). Au même moment, le film s’autoproclame en voix de la vérité, débutant sur ces mots qui vont faire date dans l’histoire de l’immodestie : «Ceci est la véritable histoire de la Seconde Guerre mondiale.» On comprend qu’il n’y ait pas, au générique, un seul nom d’historien de premier plan (comme Raul Hilberg avait pu assumer son rôle de chercheur dans Shoah de Claude Lanzmann). Les historiens sont en général bien trop modestes – et respectueux – devant leur objet pour oser croire «bluffer» qui que ce soit ou prétendre «convaincre tout le monde» avec leurs hypothèses.

Les trois premières minutes d’Apocalypse forment un cocktail parfaitement stéréotypé de mort (pour «bluffer» ?), de haine (dont Mathieu Kassowitz, l’auteur du film du même nom, nous ressassera le motif à longueur d’épisodes) et de sexe (pour «s’éclater» ?) : cadavres dans la rue, sang, flammes, plus le récit du viol d’une femme allemande qui se termine par le dicton «mieux vaut avoir un Russe sur le ventre qu’un Américain au-dessus de la tête». Les trois dernières minutes, quant à elles, débitent un montage qui fera se succéder les ruines d’Hiroshima, une vision de camp, l’héroïsation des cameramen, le retour de Rose – petite fée de toute la série, comme le «petit chaperon colorisé», rouge comme il se doit, de la Liste de Schindler – et enfin un vrai baiser sur la bouche digne du meilleur cinéma américain. C’est sans doute ainsi que l’on veut «carrément séduire un jeune public». C’est ainsi que le «jeune» spectateur en aura plein les yeux.

En mettre plein les yeux : c’est le contraire exactement de donner à voir. Mais l’appareil télévisuel, nous en faisons l’expérience chaque jour, fonctionne à la surenchère et à l’autosatisfaction : nous avons réussi à placer huit cents plans par épisode, nous avons reconstitué les couleurs, nous avons ajouté les sons absents des images originales… Autant dire que les documents de l’histoire deviennent des confettis dans un montage qui veut ressembler à un feu d’artifice d’images. Les réalisateurs ont bien anticipé la possible polémique avec les puristes du document. Mais il ne s’agit pas de purisme, justement : rien n’est pur en ce domaine, et toute image – dès sa prise de vue – est le résultat d’une opération technique, d’une médiation, donc d’une manipulation. La question est de savoir ce qu’on veut faire de nos mains qui manipulent : étouffer les images ou bien les traiter avec tact. Il s’agit aussi d’avoir l’honnêteté minimale de reconnaître les limites de ce qu’on fait. Pourquoi prétendre restituer la «vérité en histoire» tout en reconnaissant vouloir nous «séduire» et nous «bluffer» ? Bluffer, cela veut dire impressionner – la guerre est impressionnante, de toute façon -, mais cela veut aussi dire mentir.

Que la colorisation d’Apocalypse ait été obtenue par des procédés nouveaux et performants n’entre pas en ligne de compte dans ce débat. Ce qui compte est l’acte, et son résultat. Coloriser, technique vieille comme le monde, n’est rien d’autre que maquiller : plaquer une certaine couleur sur un support qui en était dépourvu. C’est ajouter du visible sur du visible. C’est, donc, cacher quelque chose, comme tout produit de beauté, de la surface désormais modifiée. Ainsi rend-on invisibles les réels signes du temps sur le visage – ou les images – de l’histoire. Le mensonge ne consiste pas à avoir traité les images mais à prétendre qu’on nous offrait là un visage nu, véritable, de la guerre, quand c’est un visage maquillé, «bluffant», que l’on nous a servis.

François Montpellier, le technicien de colorisation d’Apocalypse, admet lui-même que son traitement des images consiste, je le cite, à «unifier, dans une même continuité visuelle, des documents provenant parfois de sources différentes». Mais la continuité visuelle n’est qu’un choix esthétique et narratif parfaitement arbitraire, tous les monteurs le savent bien. La véritable histoire, quant à elle, n’est faite que de discontinuités, ne serait-ce que parce qu’elle a été regardée, vécue, enregistrée selon des points différents. Apocalypse, au contraire, veut nous faire croire qu’un seul cinéaste, avec le même sens des couleurs, aurait tout vu à la fois en tous les points du globe. Pourquoi voit-on partout ce même ciel bleu pâle des cartes postales rétros ? Pourquoi l’Ange bleu devient-il tout jaune ? Pourquoi le cadavre flottant dans la mer, à Omaha Beach, se découpe-t-il sur un beau fond outremer (la mer était peut-être verte et Samuel Fuller, qui était sur place, raconte que l’eau près du rivage était toute rougie du sang des morts) ? Pourquoi coloriser Dachau et pas Auschwitz ? Pourquoi diviser Buchenwald en noir pour certains plans, en couleurs pour d’autres ? Pourquoi l’enfer atomique est-il vert et mauve comme dans un film de science-fiction ? En justifiant le renoncement à coloriser les images de la Shoah pour «ne laisser aucun doute sur leur authenticité» et pour que «personne ne puisse y trouver matière à supercherie», les auteurs d’Apocalypse admettent que tout le reste de leur film peut se voir comme une véritable matière à supercherie.

Ce qui peut être dit de la colorisation des images vaut également pour leur sonorisation et leur commentaire. Gilbert Courtois connaît la différence de bruit entre un moteur Yakovlev et un moteur Stuka, fort bien. Moyennant quoi il se targue de n’avoir donné que des sons authentiques. Quant à Daniel Costelle, il émaille également son récit de noms authentiques : August Von Kageneck, Gaston Cirech, Armand (l’Alsacien enrôlé dans les «malgré-nous»), etc. Mais les gros plans associés à ces noms forment-ils un montage authentique ? Même le chien berger qui passe dans une rue de Berlin se voit associé au nom de Blondie, le chien de Hitler. Les documentalistes d’Apocalypse n’ont choisi que des images authentiques, mais le montage de deux authenticités qui n’ont rien à voir – par exemple tel visage et tel nom propre – n’est que pur mensonge au regard de l’histoire.

Notre langue elle-même nous prévient à chaque fois de toutes ces ambiguïtés lorsqu’elle distribue des sens opposés pour des mots tels que histoire (veut-on nous rendre l’histoire visible, ou bien veut-on juste nous raconter des histoires ?), légende (veut-on nous expliquer ce qu’une image dénote, ou bien veut-on juste construire un récit légendaire ?) et, bien sûr, image (veut-on nous rendre visible quelque chose du réel, ou bien veut-on juste nous en mettre plein les yeux ?). Les images d’Apocalypse ne constituent en rien notre patrimoine historique. Elles forment juste un montage et un traitement contestables de ce patrimoine. En ce sens, elles ne nous appartiennent pas. Elles n’appartiennent qu’au monde de la télévision qui les commercialise habilement.

La série Apocalypse n’a restauré ces images que pour leur rendre une fausse unité, un faux présent de reportage et de mondiovision. Elle a pensé que nous étions trop stupides pour accepter de voir des bribes blêmes, des lacunes, des bouts de pellicule rayés à mort. Elle s’est tout approprié et ne nous a rien restitué. Elle a voulu nous en mettre plein les yeux et, pour rendre les images bluffantes, elle les a surexposées. Façon de les rendre irregardables.

Dernier ouvrage paru : «Quand les images prennent position», aux éditions de Minuit, 2009.

Voir aussi:

Entretien avec William Karel
Arte

William Karel (CIA, guerres secrètes, Les hommes de la Maison-Blanche) dissèque la grande crise de 1929, quatre-vingts ans après. De Roosevelt à Kennedy père, il terrasse quelques mythes au passage et tend un reflet troublant à notre époque. Entretien.
zoom

Qu’avez-vous découvert en préparant ce film ?

William Karel : Tout, ou presque. J’ai appris que le New Deal de Roosevelt n’a été qu’un mythe, destiné à empêcher une révolte de devenir une révolution: seuls l’effort de guerre et la relance de l’industrie militaire ont permis au pays de sortir de la crise. Que la Seconde Guerre mondiale s’enracine dans ce krach, car le rapatriement des capitaux américains placés en Allemagne a mené Hitler au pouvoir. Qu’en Amérique même, l’antisémitisme et le racisme ont connu des poussées sans précédent – Joseph Kennedy, père du futur président, trafiquant d’alcool et antisémite virulent, fut l’un des responsables de l’effondrement de Wall Street. Mais pour avoir financé la campagne du parti démocrate, il sera nommé contrôleur de la Bourse, puis ambassadeur… Ce n’est pas un film d’économie, mais « d’histoires », grâce notamment à Howard Zinn, auteur d’Une histoire populaire des États-Unis, mais aussi témoin direct. À 10 ans, il a vu sa mère mendier pour le nourrir. C’est lui qui se montre le plus critique envers Roosevelt.

D’où viennent ces images très marquantes, films et photos ?

Des agences spécialisées (British Pathé, Gaumont, Getty Images, le Nara, les archives nationales américaines), qui m’avaient envoyé par erreur, pour les besoins d’un autre film*, plusieurs heures de documents sur la Grande Dépression, tous magnifiques, et souvent inédits – dont les premières actualités sonores, puisqu’en octobre 1929, le cinéma venait d’apprendre à parler. Le projet est parti de là. Puis nous avons eu accès aux photos exceptionnelles de Dorothea Lange et de Walker Evans, qui ont largement amplifié dans l’opinion l’impact du New Deal. Malheureusement, la misère est toujours photogénique. Pour la photographie, les actualités, le cinéma, la littérature, ça a été une période d’une richesse inouïe.

Peut-on décrypter 2009 dans le miroir de 1929 ?

Chaque mot de ce film nous ramène à aujourd’hui. Le système qui a entraîné le krach et la Dépression, il y a quatre-vingts ans, est toujours debout, toujours le même. Les deux événements n’en sont pas pour autant similaires, ne serait-ce que par l’ampleur de la crise de 1929. Après le krach, plus de cinq mille banques ont fermé en trois jours, la production industrielle a chuté de 50 %, et la population américaine comptait 25 % de chômeurs… Autre différence fondamentale : à l’époque, les hommes politiques, qui ignoraient tout de l’économie, n’avaient aucune idée des mesures à prendre.

ARTE Magazine n° 44 – Semaine du 24 au 30 octobre 2009
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* « Meurtres à l’Empire State building», qui sera diffusé par ARTE le 24 décembre 2009.


Guantanamo: Vous avez dit goulag? (Anyone for vastly more draconian conditions than Gitmo?)

28 octobre, 2009
Gitmo Breakfast Club Sinn Fein ne voulait pas que la grève de la faim s’arrête. C’est terrible. On est bien obligés de se demander pourquoi toutes ces personnes sont mortes après Bobby Sands. (…) Je ne pense pas que cela aura un effet sur la jeune génération parce que les grèves de la faim sont portées aux nues comme élément fondateur du mythe de Sinn Fein et des choses merveilleuses qu’ils ont faites. Brid Rogers (ancienne ministre de l’Agriculture irlandaise, 22.10.09)
Devenu un goulag moderne, Guantánamo confirme l’idée qu’une personne peut être détenue sans bénéficier d’aucune voie de recours. Rapport Amnesty international (mai 2005)
Ce n’est pas tous les jours qu’une belle âme est à la tête de la première puissance militaire mondiale. François Miclo
Il sera difficile de fermer le centre de détention le 22 janvier 2010. Robert Gates (ministre de la Défense, le 27 septembre)
Le gouvernement ne fait pas une fixation en ce qui concerne la date de l’échéance. Robert Gibbs (porte-parole de la Maison-Blanche, le 28 septembre)
Il va être difficile de respecter la date butoir. Eric Holder (ministre de la Justice, le 6 octobre)
Guantanamo présente aujourd’hui les standards les plus élevés en matière de sécurité et d’humanité des conditions de détention des terroristes. A moins que le gouvernement n’ait l’intention de dépenser des millions de dollars pour améliorer les conditions de détention dans les établissements de sécurité maximale, transférer les détenus de Guantanamo aux Etats-Unis signifiera automatiquement des conditions moins humaines pour les détenus et une sécurité amoindrie pour les Américains. Kirk S. Lippold (ancien commandant du destroyer USS Cole, militant d’un groupe de défense des droits des familles de militaires)

A l’heure où, contre la légende dorée de nos belles âmes, se confirme pour la énième fois que l’IRA avait bien, pour susciter l’indignation du monde contre l’épouvantail du moment Mme Thatcher il y a près de 30 ans, délibérément sacrifié ses grévistes de la faim de la prison de Maze

Et au moment où, devant la mauvaise volonté tant du Congrès et du peuple américain que de ses alliés européens, une Administration Obama de plus en plus embarrassée commence à discrètement préparer son public pour une énième promesse non tenue, à savoir (sans parler de Bagram et des éliminations ciblées: plus en 9 mois que Bush en 3 ans!) celle de la fermeture de Guantanamo avant janvier 2010 …

Voici qu’on apprend que, contrairement à ce que nous rabâchent les mêmes belles âmes depuis huit ans, le président Bush avait non seulement parlé de fermer Guantanamo 18 fois mais libéré plus de ses prisonniers pendant les derniers mois de son mandat que son successeur en une année …

Et que, si d’aventure ils y étaient transférés, la prétendue barbarie du goulag tropical de Guantanamo ne serait rien, … face aux terriblement plus draconiennes conditions des prisons fédérales à sécurité maximale qui les attendent (isolement strict jusqu’à 23h par jour)!

Des conditions de détention plus dures
Peter Finn
The Washington Post
22.10.2009

traduit par Courrier international

Dans le centre de détention de Guantanamo, celui qui se présente comme le cerveau des attentats du 11 septembre 2001, Khaled Cheikh Mohammed, peut rester assis jusqu’à quatre heures par jour au soleil des Caraïbes et bavarder à travers un grillage avec le détenu occupant la cour de promenade voisine. Il peut également profiter de ces quatre heures pour regarder un film, lire des journaux et des livres ou encore jouer à des jeux électroniques. Comme les autres détenus, il a également à sa disposition des tapis de course et des vélos d’appartement.

Selon un rapport du Pentagone sur les conditions de vie au Camp 7, qui abrite 16 détenus de haute valeur, ces activités rompent le rythme d’une existence par ailleurs monotone. Pourtant, ces prisonniers pourraient bientôt ne plus bénéficier de ces avantages. Le ministère de la Justice a en effet laissé entendre que plusieurs des accusés dans le dossier des attentats du 11 septembre, ainsi qu’un certain nombre d’autres suspects, pourraient être transférés dans des établissements pénitentiaires fédéraux aux Etats-Unis. Pendant que législateurs et associations se querellent sur l’opportunité d’un tel transfèrement, personne n’accorde d’attention aux conditions d’incarcération auxquelles Mohammed et les autres détenus seront confrontés une fois aux Etats-Unis. Or ces conditions seront beaucoup plus draconiennes que celles de Guantanamo.

D’après ce que l’on sait des restrictions imposées dans les prisons fédérales à sécurité maximale, Mohammed et les autres suspects y seraient soumis à un strict régime d’isolement. S’ils se retrouvaient, par exemple, à la prison fédérale de Florence, dans le Colorado, ils seraient enfermés vingt-trois heures par jour dans des cellules dotées pour tout mobilier d’un lit en béton. En cas de bonne conduite, on ne les autoriserait à se dégourdir les jambes qu’une heure par jour dans une cour minuscule. Ils n’auraient pas ou peu de contacts humains en dehors du personnel pénitentiaire. Et le Comité international de la Croix-Rouge, seul organisme disposant d’un droit d’accès au Camp 7, ne pourrait plus les rencontrer. La prison de Florence, dotée de 490 places, abrite quelques-uns des criminels les plus endurcis du pays, parmi lesquels le Français Zacarias Moussaoui, Ramzi Yousef, condamné après le premier attentat contre le World Trade Center en 1993, ou encore Theodore J. Kaczynski, dit “Unabomber”.

Partisans comme adversaires de la fermeture de Guantanamo soulignent que les conditions sévères qui attendent les détenus à Florence ou dans d’autres prisons fédérales ne représentent qu’un aspect mineur de tous les problèmes soulevés par la décision du président de fermer Guantanamo. Le centre de détention situé sur l’île de Cuba “présente aujourd’hui les standards les plus élevés en matière de sécurité et d’humanité des conditions de détention des terroristes”, souligne Kirk S. Lippold, ancien commandant du destroyer USS Cole, qui milite aujourd’hui dans les Military Families United, un groupe de défense des droits des familles de militaires. “A moins que le gouvernement n’ait l’intention de dépenser des millions de dollars pour améliorer les conditions de détention dans les établissements de sécurité maximale, transférer les détenus de Guantanamo aux Etats-Unis signifiera automatiquement des conditions moins humaines pour les détenus et une sécurité amoindrie pour les Américains.”

L’American Civil Liberties Union (ACLU), principale association américaine de défense des libertés civiles, déclare que son objectif prioritaire est d’obtenir que les détenus de Guantanamo soient jugés devant un tribunal fédéral. “Les protections sont bien plus grandes dans le système fédéral”, souligne Anthony D. Romero, directeur de l’ACLU. “L’absence de tout fondement juridique à Guantanamo en fait un trou plus noir encore que la prison de Florence.”

Voir aussi:

Obama’s Gitmo blame game
Josh Gerstein
Politico
October 6, 2009

Greg Craig, the top in-house lawyer for President Barack Obama, is getting the blame for botching the strategy to shut down Guantanamo Bay prison by January — so much so that he’s expected to leave the White House in short order.

But sources familiar with the process believe Craig is being set-up as the fall guy and say the blame for missing the deadline extends well beyond him.

Instead, it was a widespread breakdown on the political, legislative, policy and planning fronts that contributed to what is shaping up as one of Obama’s most high-profile setbacks, these people say.

The White House misread the congressional mood – as it found out abruptly in May, when the Senate voted 90-6 against funds for closing the base after Republicans stoked fears about bringing prisoners to the U.S. The House also went on record last week opposing bringing Gitmo detainees here.

The White House misread the public mood – as roughly half of Americans surveyed say they disagree with Obama’s approach. A strong element of NIMBY-ism permeates those results, as Americans say they don’t want the prisoners in their backyards.

But most of all Obama’s aides mistook that political consensus from the campaign trail for a deep commitment in Washington to do whatever it takes to close the prison.

“The administration came in reading there to be wide support for closing Guantanamo at home and abroad, and I think it misread that attitude,” said Matthew Waxman, a Columbia law professor who held Defense and State Department positions on detainee policy. “In general, they were right….but there was very little willingness to accept the costs and risks of getting it done.”

The White House declined to make Craig available for an interview, or discuss the Gitmo deliberations in detail, but several allies and even some critics scoffed at suggestions that Craig bears the main responsibility for the missteps.

“This clearly was a decision that had the full support of the entire national security team,” said Ken Gude, who tracks Guantanamo issues for the liberal Center for American Progress think tank. “It’s typical Washington that someone has their head on the chopping block, but it’s ridiculous that it’s Craig.”

“The implication that this was the brainchild of the White House counsel is not really credible,” said Elisa Massimino of Human Rights First.

When Obama signed a series of executive orders on Guantanamo during his second full day in office, what grabbed attention was not his promise to close the prison but his pledge to do it within one year.

During the presidential campaign, Obama talked almost daily about closing Guantanamo, but he rarely offered a timeline. His Republican rival, Sen. John McCain (R-Ariz.), spoke in a far greater specificity, proposing to move the Gitmo prisoners to Ft. Leavenworth in Kansas.

However, back in July 2007, Obama co-sponsored an amendment offered by Sen. Dianne Feinstein (D-Calif.) and Sen. Tom Harkin (D-Iowa) that called for Guantanamo to close within a year. Obama’s primary rival, Sen. Hillary Clinton (D-N.Y.) was also a co-sponsor.

Some Bush administration officials contend that the one-year timeline was driven by a naïveté on the part of Obama’s aides.

“To a certain extent, they had drunk a lot of the far-left Kool-aid: that everybody, or most people, at Guantanamo were innocent and shouldn’t be there, and the Bush administration was not working very hard to resolve these issues, and that the issues were fairly easy to resolve once adults who were really committed to doing something about it in charge,” said one Bush official who met with Obama’s aides during the transition on Gitmo. “It became clear to me they had not really done their homework on the details.”

But even back on Jan. 22, 2009, the same day Obama signed the orders, Craig acknowledged some of the difficulties involved – including that some of the detainees can never be tried, a problem Craig called “difficult” and “most controversial.”

Now Obama’s decision to set a one-year deadline is being widely second-guessed. Craig supported the idea – and Craig’s allies say that a deadline was needed to persuade foreign governments that Obama was serious. They note that President George W. Bush talked on at least eight occasions about his desire to close Guantanamo – and left office with 250 prisoners there.

“Simply reasserting the intention to close Guantanamo would not have been sufficient in the international community,” Gude said. “They had to have a firm date and they had to have a timeline.”

Gude had advocated an 18-month timeline to “build in a cushion” but he said the only real mistakes the White House made involved failing to anticipate the resistance in Congress – particularly surrounding the Senate’s sharp rejection of Obama’s $80 million request to close Gitmo.

“They made that request without much supporting information and opened the door for Republicans in Congress to make it a Congressional issue and they did it very successfully,” Gude said. “The White House didn’t have a plan to support Democrats who were willing to back up their proposal and it all fell apart.”

Craig’s backers contend that, if that was the White House’s key misjudgment, other top officials share responsibility for the breakdown.

“It seems very unlikely to me that Greg Craig, by himself, engineered a DOD appropriations request,” one lawyer close to Craig said.

In retrospect, there were early signs of possible trouble ahead. Within hours of Obama signing the orders, McCain warned of a backlash and said the time frame the president set out would be “very difficult” to achieve.

A McCain adviser said the Obama team should have known. “I don’t think they realized how much heat McCain took from conservatives” during the GOP primary, said the aide, who asked not to be named. “Had they been aware of that I don’t think they would have handled it this way…..It shouldn’t have surprised anybody.”

Today, the National Security Council and Obama senior adviser Pete Rouse are effectively in charge of closing Gitmo, though Press Secretary Robert Gibbs denied Craig had been stripped of his responsibilities on the prison. “There are number of people that are working on it, Greg being one of them,” Gibbs said.

A review of Guantanamo prisoners is also nearly complete, with about 80 detainees up for release and State Department envoy Dan Fried lining up places to receive them.

“Our friends and allies have accepted or agreed to accept more than 30 of the remaining detainees at Guantanamo who cannot be sent home due to humane treatment concerns, and are seriously considering taking others,” said a White House official who asked not to be named.

But it’s been slow. Obama’s administration has transferred 17 Guantanamo prisoners to other countries so far – compared to 19 by the Bush administration in the first nine months of 2008.

Obama aides have blamed the delays on disarray in government files about the detainees, but several former officials said that is not directly linked to the thorniest questions such as where to locate detainees in the U.S. “Those issues that have been kicked down the road are by far the hardest,” Waxman said.

Voir par ailleurs:

THE HUNGER STRIKE: Special Investigation
By Staff Reporters
Irish News
28/09/09

THE LIVES of six of the 10 1981 hunger strikers could have been saved in a deal which was acceptable to the prisoners, according to former taoiseach Garret FitzGerald, left.

In an interview in today’s Irish News, the architect of the Anglo-Irish Agreement also reveals for the first time that the Irish government had a mole within the Maze prison.

The then Fine Gael leader says he believes a deal proposed by the British after the death of the fourth hunger striker in 1981 was vetoed by the Sinn Fein leadership – a claim rejected by Martin McGuinness.

“[The prisoners] were keen to accept [the deal] – we had our sources within the prison,” Dr FitzGerald says.

However, he did not elaborate on the status of the mole and whether he/she was a prisoner or a member of staff.

In today’s special investigation, Mr McGuinness also reveals for the first time that he was the conduit for the offer from the British government which he says was passed to him from the intermediary Brendan Duddy.

Mr McGuinness, who has never previously confirmed if he played a role during the hunger Strike, reveals that the message was then passed to Gerry Adams in a phone call and on to Danny Morrison who took it to the prisoners.

However, Mr McGuinness disputes claims that there was a deal on the table that was acceptable to the prisoners and accuses Sinn Fein’s political opponents of attempting to portray Margaret Thatcher as being someone who was anxious to solve the dispute when she was “a ruthless, hypocritical enemy”.

A bitter divide has developed within republicanism since the publication of the book Blanketmen by former IRA prisoner Richard O’Rawe, in which he suggested that the Sinn Fein leadership blocked the deal for political reasons.

The strike resulted in not only the death of 10 IRA and INLA prisoners, but led to serious street violence which caused dozens of deaths.

Sourced from The Irish News

Voir enfin:

Deal with British government vetoed by IRA says FitzGerald
THE HUNGER STRIKE
Seamus McKinney
Longkesh.info
28/09/09

Dr Garrett FitzGerald is convinced that, if the IRA had allowed them, the 1981 hunger strikers would have accepted either of two deals on offer to them in the days and hours before Joe McDonnell became the fifth man to die.

The former taoiseach bases this belief on, among other things, intelligence supplied to him by a heretofore-undisclosed Irish government source in the Maze prison in 1981.

Now 83 years old, Dr FitzGerald admits the 1981 Hunger Strike changed his view of relations with Northern Ireland in a way that ultimately led to the Anglo-Irish Agreement of 1985.

Elected to the Dail in 1969, the future taoiseach was already the intellectual driver of Fine Gael when he first took his seat.

His two major areas of expertise were the Irish economy and foreign affairs through which he had a special interest in the north.

He served two periods as taoiseach, leading coalition governments from July 1981 to February 1982 and later from December 1982 until March 1987.

On his first day as taoiseach he was thrown into the maelstrom of northern politics and one of the defining periods in Irish republicanism.

After receiving his seal of office from President Patrick Hillary on June 30 1981 Dr Fitzgerald and his Labour tanaiste Michael O’Leary were faced with the prospect of further hunger strike deaths.

At the time the Catholic Church’s Irish Justice and Peace Commission was working towards a possible solution to the standoff between republican prisoners in the Maze and the British government.

“Despite an IRA statement [describing a British response to an Irish government statement as arrogant] the prisoners wanted the commission to continue its involvement,” Dr FitzGerald said.

While there was contact between the British government and the republican movement, Dr FitzGerald is adamant that his government never spoke to the IRA.

“The only contact ever with the IRA was at the Europa hotel when one of the IRA stopped one of our officials and talked to him, looking for us to let them run free – they were having some negotiations about a ceasefire – to let them do what they want and not arrest them to which we paid no attention,” he said.

Dr FitzGerald believed it was a mistake by the British government to maintain contacts with the IRA.

He believed that any contact with government encouraged the IRA to believe that its campaign of violence would eventually lead to negotiations.

“Unless they were willing to have a settlement they should not have been involved,” he said.

On taking up the position of taoiseach Dr FitzGerald was briefed about the situation in the north.

He believed the efforts by the Irish Justice and Peace Commission (IJPC) would lead to a solution before the next death – that of McDonnell.

At Dr FitzGerald’s request the IJPC was granted a meeting with NIO minister of state Michael Allison who gave the impression that he wished to be conciliatory.

Mr Allison cleared the way for the IJPC to visit the prisoners who afterwards issued a more conciliatory statement than the messages coming from Sinn Fein outside the prison.

The prisoners said they were not seeking special privileges over other inmates.

Dr FitzGerald said at this stage on July 3 he believed events were moving towards a solution to the Hunger Strike without any more loss of life.

Around this time Dr FitzGerald said Sinn Fein president Gerry Adams was contacted by Britain’s MI6 and a deal parallel to the IJPC was worked out.

“He was delighted the British were running to him and he did get an additional offer to the IJPC offer. It is my recollection that he got an offer on [access for prisoners to] the Open University which wasn’t in the IJPC offer,” he said.

Mr Adams contacted the IJPC to notify it of his talks and urge that it contact the NIO to cancel a planned meeting, clearing the way for him to continue negotiations. The commission refused to do this, believing they could achieve a protest-ending deal, Dr FitzGerald said.

“I felt that the deal which had been worked out [by the IJPC] we were talking about finishing – and which the prisoners accepted – that should go ahead and I kept on to the British about that,” he said.

“But [the British] had interfered with that and I didn’t trust the IRA about it.

“The fact was once the prisoners had a separate position from the IRA and were not pressing for the fulfilment of all five demands there was clearly a chance of moving.

“If the British had not intervened and brought the IRA back in again a deal could have been done.”

Even after the IJPC pulled out, the former taoiseach believed the prisoners were ready to accept the new deal if they had been allowed to do so by Sinn Fein.

“They were keen to accept that. We knew that. We had our sources within the prison,” he said.

“As well as from the commission, we knew something was happening in the prison from other sources.”

Dr FitzGeral added: “[Richard] O’Rawe’s account seems to me to be, within his framework of knowledge, honest and accurate.”

Dr FitzGerald said he would co-operate with any official inquiry although he felt it was pointless as he believed the leadership of the IRA would not provide an accurate account of what happened.

Following the death of McDonnell, Dr FitzGerald still believed a solution could be found because the prisoners had indicated a willingness to accept the ICJP deal.

For 10 days he pursued the ICJP deal with Britain but no agreement was reached. All negotiations over a possible solution ended and in total 10 men died before the Hunger Strike was ended.


Emeutes urbaines: Répétiton générale pour le grand soir? (Looking back at the first credit crunch riots: A taste of things to come?)

27 octobre, 2009
When anarchists and muslims can't be told apart)Les économistes de pays ayant un chômage de jeunes aussi élevé, tels que l’Espagne et l’Italie, avertissent qu’ils doivent se préparer à des troubles. The Independent
In a few words they were trained in a fashion that distinct them from the usual « Athenian rioters ». They seemed to have international experience and plenty of hideouts within the city centre. (…) They were more interested in creating damage, rather than attacking a public building to present a political message but having also the risk of being arrested. The last two days the police took more action against them and they disappeared. This is a typical urban guerrilla way of fighting; avoid confrontation and strike when least expected, always in a very fast mode. There was looting involved but it was not done by the rioters but by other elements that exploited the situation. Therefore the rioters were not seeking immediate financial gains, nor did they want to make a political pronouncement. Their aim was to inspire fear. (…)I think in general terms that the recent riots was a « Prova generale » for what will come in the future. Ioannis Michaletos

Mobilisation des émeutiers en moins d’une demi-heure, journées entières d’émeutes, milliers de jeunes dont des groupes extérieurs et 30% d’immigrés, 2 milliards d’euros de dégâts, contagions à quelques 50 villes, présence de casseurs professionnels issus de l’étranger, manifestations de sympathie de Copenghague à Moscou, bombes incendiaires sur l’Institut français d’Athènes avec graffitis (‘Etincelle à Athènes, incendie à Paris, c’est l’insurrection qui vient’, ‘France, Grèce, soulèvement partout’), graffitis sur le consulat grec à Bordeaux reprenant le titre d’un ouvrage autonome français vantant faisant l’éloge des actes de sabotage (‘L’insurrection qui vient’) …

Après le contre-sommet de l’OTAN d’avril à Strasbourg et les émeutes de Paris du 21 juin …

Puis tout récemment le saccage du centre-ville de Poitiers par un groupe de 300 casseurs masqués et cagoulés se réclamant (avec communiqué de rigueur au Monde) d’un collectif anticarcéral prétextant leur opposition à un transfèrement de détenus) et profitant d’un festival de spectacles de rue pour contourner la loi anti-cagoules …

Retour, avec l’entretien d’un officier des services de renseignement grecs à un journal polonais, sur les émeutes grecques de décembre dernier (les pires, en plein renflouement des banques européennes et mondiales, depuis des décennies).

Qui, via l’instrumentalisation, par des groupe anarchistes, de la mort d’un adolescent de 15 ans tué lors d’une rixe entre une trentaine de jeunes et des policiers dont ils caillassaient le véhicule, avaient vu plusieurs jours d’émeutes par des milliers de jeunes et deux milliards d’euros de dégâts dans les quartiers chics d’Athènes.

Dans un pays certes considéré, du fait de sa position de point d’entrée au Moyen-Orient avec sa frontière turque mais aussi des Blakans et de leurs diverses mafias et réseaux terroristes, comme le maillon faible de l’Europe.

Mais dont l’expérience pourrait bien, comme le rappelait the Independent, sur fond de chômage massif des jeunes (la ‘génération sacrifiée des ‘600 euros’), immigration hors de contrôle, dévaluation des diplômes et longue tradition de violence urbaine, à nombre d’autres pays européens touchés par les mêmes maux comme la France, l’Italie ou l’Espagne …

Extraits:

The Greek national security is symmetrical and the rioters used asymmetrical warfare. The have done it elsewhere and the issue is that Greece doesn’t have the mentality of coping with this kind of opponents. It never had urban guerrillas or experienced the existence of powerful organized crime groups=mafias. Therefore it will take time until new agencies will be created or the old ones figure out ways to understand how their opponents think and most importantly what do they want to achieve…which is basically destroy the way of life as we know it. I would call them the extreme angle of the postmodernist movement.

The weakest side was I think the disinformation and psychological warfare one. The Greek police do not have the ability to use such techniques and deter any « Opponent ». It relies only in the traditional police operation methods and it is not capable of penetrating effectively the groups of the radicals. In a broader sense, Greece is gradually coming into terms with the changing global environment after 9/11 2001 which calls for agile and asymmetrical police forces to counteract against threats such as radical anarchism, Islamic terrorism and translational organized crime. Although a lot have been improved, the geopolitical placement of the country right beside the explosive Middle East-Turkey-North Africa and the Balkans will make the issue more and more pressing in the future.

I think in general terms that the recent riots was a « Prova generale » for what will come in the future. In the current riots the Muslim element was embedded with the rest of the protesters. But in the future they will definitely stage their own riots…once they learn the know-how of operations.

So in a few words, the religion element was not significant but it is increasing. The current riots are the turning point from an era of political demonstration to one associated with immigration issues.

Interview: Riots in Greece
Ioannis Michaletos
Polska Times
15 Dec 2008

The following interview was presented to the newspaper « Polska Times », and the deputy opinion editor Tomasz Pompowski, regarding the recent riots in Greece

The Article in Polish

Could you analyze important aspects of present street battles in Athens?

1) The street battles are the worst Athens has ever experienced, although it is a city with rather frequent clashes with the police.

Important characteristics include the rapid mobilization of the rioters. For example they were out in the streets destroying property in just 20-25 minutes after the death of the young person was announced. It happened in 21.03, it was first announced in a website around 21:30 and the riots were already swinging at 22:00. I have served in the Navy but I don’t think armed forces are that quick in mobilizing their personnel!

Over the coming days, the rioters that numbered between 1,500-2,000 people (30% of those immigrants-mostly Muslim), were able to move from one part of the city to another in a quick way using a variety of methods, such as public transportation in small groups, motorcycles or even riding taxis alone and gathering in a specific « meeting place ».

Lastly, they used extensively the internet, mobile phones and instant messaging services to alert against police and gather information of what the media were transmitting. In a few words they were trained in a fashion that distinct them from the usual « Athenian rioters ». They seemed to have international experience and plenty of hideouts within the city centre.

What is your assessment of unrest in Greece?

2) I think it was a mixture of social disappointment, aftershocks of the global economic crisis coupled with foreign involvement and Greek tradition in extrovert activities such as taking out in the streets for a number of reasons! For the moment although it is a bit early to tell, I think that foreign involvement played a big part in making these riots last long and create big damages.

How would you describe those street fighting?

3) During the first two days, the street fighting was intense, although the police had orders not to use violence in order to calm things down. The rioters had plenty of molotov bombs, heavy sticks, stones and other heavy equipment and were targeting specific items in the city: Shops and cars. Public buildings were not hurt especially due to police protection and that shows that the rioters were very much concerned of not get caught and « become heroes ». They were more interested in creating damage, rather than attacking a public building to present a political message but having also the risk of being arrested. The last two days the police took more action against them and they disappeared. This is a typical urban guerrilla way of fighting; avoid confrontation and strike when least expected, always in a very fast mode. There was looting involved but it was not done by the rioters but by other elements that exploited the situation. Therefore the rioters were not seeking immediate financial gains, nor did they want to make a political pronouncement. Their aim was to inspire fear.

Do you know how they started?

4) They started immediately after the Greek Indymedia website posted the news of the death of the young boy, with phrases such as «Revenge for the dead » « Police should pay now » « Everybody out in the streets ». As I said that happened les than 30 minutes after the incident. It is interesting to note that the national TV learned of the killing only after the first rioters took out in the streets. According to unverified information, the local media were informed of the whole incident by the rioters that called them with their mobiles as soon as they were marching out in the streets.

Do we have any reason to say about foreign involvement in sustaining those street battles?

5) The rioters were trained, disciplined and in a fighting mood for 3 days; and another 2 days with less stamina though. This is not a typical Greek group and I would say not typical of any country if one takes into account that the rioters were not replenishing their numbers but were the same people more or less for the whole period.

Secondly, after the riots broke out in Athens, almost simultaneously riots begun in all major Greek cities with the same style. Next day, almost 50 Greek cities were experiencing street battles and the following incident was reported were groups of people were moving from a city to city to start a riot for a few hours and then moving to the next one. Also in one city, named Kozani, groups of people that started the riots came from Athens, rented a hotel room and took the streets the next day. So we have people that are coordinated, able to control their « anger » and expose it with ferocity when needed. I would call them « urban guerrillas-mercenaries ». There were reliable estimations by police circles over the past few months, that something is « happening » in the Greek radical scene and there are evidence that Greek NGO’s collaborate with foreign ones by bringing volunteers in Greece from abroad, which in reality turn out to be radicals-anarchists. So a web of relations has been developed between Greek radicals and foreign ones. In that sense a provocation or the involvement of foreign intelligence apparatus it is not improbable judging by the recent European history.

Why Greece became a target of that attack?

6) My point of view is that Greece is the « weakest link » of the Eurozone, and I am not talking only from an economic point of view. It is Europe’s gateway to the Middle East; its neighbour Turkey is a large country with explosive social problems and on its Northern borders it is accustomed into coexisting with the Balkan insecurity of Albania-Kosovo and so on. Therefore should Greece is destabilized it will create problem to Brussels that will loose contact with the all important East Mediterranean region and the Balkan politics will suffer a great deal of insecurity as well.

Moreover Greece is an ideal base for anyone wishing to enter EU for ill purposes. A strong Greek security system deters the flow of drugs, illegal immigration and terrorists into Europe. A destabilized Greece along with the already dysfunctional state of affairs in the Balkans will cause a number of security issues for the whole of Europe.

Who organized that fighting?

7) The culprits in first sight are the leaders of the anarchist-radical networks in Europe. Greek radicals are an important part of the European networks along with their « comrades » in Italy, France and Spain the so-called Mediterranean networks. The other elements to be found are based in Germany and UK. The former provided human resources and the latter have already organized the so-called « Antifa » groups in Athens.

So we have a Pan-European network, which is to an extent under the surveillance of the European intelligence services. So my rough estimation is that no operation and preparation could have been implemented if some international officers were not involved.

Also if one adds the question « Cui bono? » in the long-term…the answer could perfectly be: The terrorist networks based already in the Middle East trying to find ways to establish firm roots in a Eurozone country. They have already managed to do so in Bosnia, Kosovo to an extent but Greece is a gateway to Brussels in all senses.

I have to note that many analysts here in Greece believe that the USA Intel. Services were involved due to the recent business deals the government made with Russia, China, Germany and France. I think this is not feasible, but it cannot be excluded that private intelligence firms based in USA could have offered consultation or information. Of course this is another facet of globalization and doesn’t involve Washington with which Greece cooperates strongly in many important fields.

How a country can defend itself against such destabilization?

8) The Greek national security is symmetrical and the rioters used asymmetrical warfare. The have done it elsewhere and the issue is that Greece doesn’t have the mentality of coping with this kind of opponents. It never had urban guerrillas or experienced the existence of powerful organized crime groups=mafias. Therefore it will take time until new agencies will be created or the old ones figure out ways to understand how their opponents think and most importantly what do they want to achieve…which is basically destroy the way of life as we know it. I would call them the extreme angle of the postmodernist movement.

What weak sides of national security were exploited by organizers of those attacks?

9) The weakest side was I think the disinformation and psychological warfare one. The Greek police do not have the ability to use such techniques and deter any « Opponent ». It relies only in the traditional police operation methods and it is not capable of penetrating effectively the groups of the radicals. In a broader sense, Greece is gradually coming into terms with the changing global environment after 9/11 2001 which calls for agile and asymmetrical police forces to counteract against threats such as radical anarchism, Islamic terrorism and translational organized crime. Although a lot have been improved, the geopolitical placement of the country right beside the explosive Middle East-Turkey-North Africa and the Balkans will make the issue more and more pressing in the future.

You wrote about Paris attacks pattern used in Greece riots. You also mentioned proximity of Turkey.. In Paris there was an Islamic element involved.. Do you think that we can say that such situation may take place in Greece?

10) think in general terms that the recent riots was a « Prova generale » for what will come in the future. In the current riots the Muslim element was embed with the rest of the protesters. But in the fuure they will definitely stage their own riots…once they learn the know-how of operations.

So in a few words, the religion element was not significant but it is increasing. The current riots are the turning point from an era of political demonstration to one associated with immigration issues.

Voir aussi:

Are the Greek riots a taste of things to come?
Greece’s riots are a sign of the economic times. Other countries should beware, says Peter Popham in Athens
The Independent
December 13, 2008

After firing 4,600 tear-gas canisters in the past week, the Greek police have nearly exhausted their stock. As they seek emergency supplies from Israel and Germany, still the petrol bombs and stones of the protesters rain down, with clashes again outside parliament yesterday.

Bringing together youths in their early twenties struggling to survive amid mass youth unemployment and schoolchildren swotting for highly competitive university exams that may not ultimately help them in a treacherous jobs market, the events of the past week could be called the first credit-crunch riots. There have been smaller-scale sympathy attacks from Moscow to Copenhagen, and economists say countries with similarly high youth unemployment problems such as Spain and Italy should prepare for unrest.

Ostensibly, the trigger for the Greek violence was the police shooting of a 15-year-old boy, Alexis Grigoropoulos. A forensic report leaked to Greek newspapers indicated he was killed by a direct shot, not a ricochet as the policeman’s lawyer had claimed. The first protesters were on the streets of Athens within 90 minutes of Alexis’s death, the start of the most traumatic week Greece has endured for decades. The destructiveness of the daily protests, which left many stores in Athens’s smartest shopping area in ruins and caused an estimated €2bn (£1.79bn) in damage, has stunned Greece and baffled the world. And there was no let-up yesterday, as angry youths shrugged off torrential rain to pelt police with firebombs and stones, block major roads and occupy a private radio station.

Their parents grope for explanations. Tonia Katerini, whose 17-year-old son Michalis was out on the streets the day after the killing, emphasised the normality of the protesters. « It’s not just 20 or 30 people, we’re talking about 1,000 young people. These are not people who live in the dark, they are the sort you see in the cafes. The criminals and drug addicts turned up later, to loot the stores. The children were very angry that one of them had been killed; and they wanted the whole society not to sleep quietly about this, they wanted everyone to feel the same fear they felt. And they were also expressing anger towards society, towards the religion of consumerism, the polarisation of society between the few haves and the many have-nots. »

Protest has long been a rite of passage for urban Greek youth. The downfall of the military dictatorship in 1974 is popularly ascribed to a student uprising; the truth was more complicated, but that is the version that has entered student mythology, giving them an enduring sense of their potential. So no one was surprised that Alexis’s death a week ago today brought his fellow teenagers on to the streets. But why were the protests so impassioned and long-lasting? « The death of this young boy was a catalyst that brought out all the problems of society and of youth that have been piling up all these years and left to one side with no solutions, » said Nikos Mouzelis, emeritus professor of sociology at LSE. « Every day, the youth of this country experiences further marginalisation. »

Although Greece’s headline unemployment of 7.4 per cent is just below the eurozone average, the OECD estimates that unemployment among those aged 15 to 24 is 22 per cent, although some economists put the real figure at more like 30 per cent.

« Because of unemployment, a quarter of those under 25 are below the poverty line, » said Petros Linardos, an economist at the Labour Institute of the Greek trade unions. « That percentage has been increasing for the past 10 years. There is a diffused, widespread feeling that there are no prospects. This is a period when everyone is afraid of the future because of the economic crisis. There is a general feeling that things are going to get worse. And there is no real initiative from the government. »

For Greek youngsters such as Michalis Katerini, job prospects are not rosy, but without a university degree they would be far worse, so he and his mother are making serious sacrifices to get him into further education. So inadequate is the teaching in his state high school that he, like tens of thousands of others across the country, must study three hours per night, five nights a week at cramming school after regular school, to have a hope of attaining the high grades required to get the university course of his choice. His mother, whose work as an architect is down 20 per cent on last year, must pay €800 a month to the crammer for the last, crucial year of high school.

She believes the government of Prime Minister Costas Karamanlis faces more turbulence if it fails to grasp the reality of the past week, and pass it off as a spontaneous over-reaction. « The government has tried hard not to connect what is happening with the problems of young people. The government says one boy died, his friends are angry, they over-reacted then anarchists came to join in the game. But this is not the reality. »

Vicky Stamatiadou, a kindergarten teacher in the rich northern suburbs with two teenage sons, agrees. « Until now, our society was full of dirty but calm water; nothing was moving, nothing improving, all the problems of our society remained unsolved for years. People pretended that everything was going well. But now this false picture has been broken and we are facing reality. »

Greece’s official youth unemployment statistics are not far removed from the rates in other European countries with a history of mass protest, such as France, Italy and Spain. With the graffiti « The Coming Insurrection » plastered near the Greek consulate in Bordeaux this week, the warning signs to the rest of the continent’s leaders are clear.

Additional reporting by Nikolas Zirganos
Independent News and Media Limited


Education: On ne touche pas à la tour Eiffel (Blame it on Eiffel)

27 octobre, 2009
University world rankingsOn ne touche pas à la tour Eiffel. Xavier Darcos
Le programme de bourses d’excellence Eiffel, lancé en janvier 1999 par le ministère des Affaires étrangères et européennes, est destiné à soutenir l’action de recrutement à l’international des établissements d’enseignement supérieur français, dans un contexte de concurrence accrue entre pays développés pour attirer l’élite des étudiants étrangers dans des formations de niveau Master, Ingénieur ou Doctorat. Ministère des Affaires étrangères
Un lycéen a le choix entre près de 1.450 licences professionnelles, 109 BTS, 138 CAP ! C’est un casse-tête extraordinaire. Xavier Cornu (directeur délégué de la formation de la chambre de commerce et d’industrie de Paris)
Un rapport de la Banque mondiale explique la mauvaise position des universités françaises dans les classements internationaux par l’absence de sélection à l’entrée. Cette question reste taboue mais la sélection existe de façon larvée puisque seuls 64 % des inscrits obtiennent une licence, souvent après avoir redoublé. Un échec en partie lié à l’afflux des bacheliers professionnels et technologiques qui s’inscrivent à la fac, même s’ils n’y sont pas préparés. Aujourd’hui, 40 % des 25-34 ans ont un diplôme de l’enseignement supérieur, contre 20 % il y a vingt ans. Aux États-Unis c’était déjà 40 % il y a vingt ans. «La France a rattrapé son retard mais doit s’atteler aux problèmes que les autres pays ont résolus, comme l’efficacité des formations universitaires et leurs débouchés», affirme Éric Charbonnier, expert auprès de l’OCDE. Le Figaro
Alors qu’après la grande peur de la contagion grecque et les mois gagnés par la longue concertation avec le patron de Sciences Po Richard Descoings, notre omniprésident est bien obligé maintenant de trouver un contenu à sa réforme du lycée promise …
.
Et qu’abandonnant toute vélléité révolutionnaire pour le pragmatisme plus discret des petites touches et des simples circulaires, les nouveaux projets, au pays des présidents hommes de lettres et des concours d’orthographe, de revalorisation de la filière littéraire (devant la désertion de la série L réduite à 17% des lycéens) via l’accent sur les langues vivantes, l’ouverture aux civilisations étrangères, au droit et aux nouvelles formes d’expression artistique, ne devraient, hormis la sempiternelle question des moyens, pas faire trop de remous …

Comment ne pas voir, derrière la montagne des rapports et des missions comme la petite souris de l’accent sur l’encadrement et l’aide à l’orientation dont elle a accouché (nonobstant, pour sa gestion, un timide début d’autonomie locale sur lequel ne manqueront pas de s’acharner les citadelles syndicales), que les tabous de l’enseignement français ont encore de beaux jours devant eux?

Que ce soit, dans un pays endetté jusqu’aux yeux et plombé par des effectifs pléthoriques de fonctionnaires, celui de la gestion des deniers publics (ie. la nécessaire réduction des postes que devaient permettre semestrialisation et refonte du bac).

Ou, hormis les grandes écoles des enfants des élites protégées (4% des effectifs concentrant 30% des ressources), la vache sacrée du refus de toute sélection à l’entrée à l’enseignement supérieur sans laquelle se perpétuera le gâchis de la sélection insidieuse et hypocrite de l’échec massif dans les premières années de l’université …

En trente ans, la valeur du bac s’est effondrée
Marie-Estelle Pech
15/07/2009

Après un taux de réussite record de 86 % en 2009, les critiques pleuvent sur un diplôme «bradé». Amorcée en 1985, la démocratisation du bac montre ses limites.

Le bac a-t-il encore un sens alors que 86 % des candidats l’ont réussi cette année, un record ? On le dit bradé, pourtant, il reste aussi indéboulonnable que la tour Eiffel, affirment les ministres qui se succèdent. Car évoquer la fin du bac, c’est briser un symbole, celui de l’égalitarisme républicain, celui du diplôme unique qui donne accès à l’enseignement supérieur quel que soit le lycée d’où l’on vient. C’est abandonner l’objectif fixé en 1985 par Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de Mitterrand, de porter 80 % d’une classe d’âge au niveau du bac.

Mais de quel bac parle-t-on ? Car il en existe soixante-six aujourd’hui ! Au final, seuls 34 % d’une classe d’âge se voient délivrer un baccalauréat dit général – littéraire (L), économique (ES), ou scientifique (S) – le plus prestigieux dans l’opinion. C’est aussi le seul comparable au diplôme originel. Pour parvenir à 66,4 % de réussite dans une classe d’âge, il faut ajouter les filières technologique et professionnelle, inventées en 1968 et 1985 pour démocratiser le diplôme. Le record de cette année (86 % de réussite contre 83 % l’an dernier) est précisément lié à l’augmentation du succès au bac «pro». Pour la première fois, ses candidats ont eu droit à une épreuve de rattrapage, une réforme de l’ancien ministre de l’Éducation Xavier Darcos.

Le bac général, lui, est-il vraiment plus facile qu’avant ? Oui, répondent les enseignants. Les copies sont truffées de fautes d’orthographe, racontent-ils. «Sur un paquet de cent vingt copies, une dizaine sont rédigées en langage texto», s’exaspère un professeur de philosophie. Des études comparatives l’ont démontré : dès le primaire, le niveau est en forte baisse, comme le montrent les résultats à une même dictée à vingt ans d’intervalle. Lors des réunions d’harmonisation des notes, pour stabiliser les taux de réussite, les correcteurs peuvent être amenés à relever leurs appréciations. Un pourcentage important des copies voit leurs notes augmentées. D’ailleurs, dans certaines disciplines, le barème est au-dessus de 20, avec au final des notes surévaluées.

Même le niveau du bac S, le plus prestigieux, est remis en cause. Pour le recteur de l’académie de Versailles, «il est devenu l’un des bacs les plus faciles à obtenir». Selon un professeur en classe prépa scientifique, «depuis les années 1980, une grande part des réformes a eu pour but de rendre les sciences d’assimilation plus faciles. Ceci s’est payé par une baisse du niveau». Les responsables d’écoles d’ingénieurs s’inquiètent d’un bac qui serait devenu «moins scientifique» car depuis dix ans, le nombre d’heures de maths a été revu à la baisse.

L’an dernier un rapport sénatorial s’inscrivait en faux contre les Cassandre : «Non, le bac n’est pas dévalué puisqu’un tiers d’une génération ne le présente pas ou le rate.» Et ceux qui n’obtiennent pas le diplôme ne peuvent plus prétendre à un emploi d’enseignant ou de cadre, comme il y a trente ans. Enfin, la France reste en dessous des pays développés de l’OCDE : l’objectif fixé en 1985 par Jean-Pierre Chevènement de porter 80 % d’une classe d’âge au niveau du bac est loin d’être atteint.

Question taboue

Si supprimer le bac s’avère trop périlleux politiquement, certaines matières ne pourraient-elles pas être passées au contrôle continu, comme l’avait proposé en son temps François Fillon ? Il avait été désavoué par la rue… Reste à voir si la future réforme Chatel-Descoings du lycée abordera ce sujet sensible car, pour un élève de terminale, une discipline qu’il ne passe pas au bac perd une grande partie de sa valeur.

Un rapport de la Banque mondiale explique la mauvaise position des universités françaises dans les classements internationaux par l’absence de sélection à l’entrée. Cette question reste taboue mais la sélection existe de façon larvée puisque seuls 64 % des inscrits obtiennent une licence, souvent après avoir redoublé. Un échec en partie lié à l’afflux des bacheliers professionnels et technologiques qui s’inscrivent à la fac, même s’ils n’y sont pas préparés. Aujourd’hui, 40 % des 25-34 ans ont un diplôme de l’enseignement supérieur, contre 20 % il y a vingt ans. Aux États-Unis c’était déjà 40 % il y a vingt ans. «La France a rattrapé son retard mais doit s’atteler aux problèmes que les autres pays ont résolus, comme l’efficacité des formations universitaires et leurs débouchés», affirme Éric Charbonnier, expert auprès de l’OCDE. L’orientation apparaît bien comme la clef de la prochaine réforme du lycée.


Présidence Obama: Vous avez dit magie du verbe? (Harry Potter and the Half-Blood Prince)

26 octobre, 2009
Obama magic
Je veux que chaque laboureur de mon royaume puisse mettre la poule au pot le dimanche. Henri IV
Un poulet dans chaque casserole, une voiture dans chaque garage Herbert Hoover (1928)
Ensemble tout devient possible. Nicolas Sarkozy (2007)
« Yes we can » est tout le contraire d’un slogan politique. Il ne dit rien. Il ne condense aucun programme, aucune vision politique, ne fixe aucun horizon. Il n’a pas de contenu assignable, il est entièrement indéterminé. Il ne désigne ni adversaire ni ennemi. Il est difficile, dans l’histoire des démocraties, de trouver un mot d’ordre plus inconsistant que celui qui a rythmé la victoire d’Obama. (…) Ce logo sonore est une monade sans portes ni fenêtres. Il frappe par son indétermination. Robert Redeker

« Transcendance », « extériorité à son énonciation », « monde linguistique clos sur lui-même », « réel et Eros », « opposition freudienne », « monade sans portes ni fenêtres » …

A l’heure où, face à la dure réalité et après les fiascos en série de sa réforme du service de santé, de la candidature de Chicago pour les JO de 2016, de sa guerre contre Fox ou, autrement plus grave, celle de l’Afghanistan, la pure magie du verbe obamien commence, malgré sa toute récente nobélisation, à sérieusement montrer ses limites …

Et où l’on découvre (via Fox news à nouveau) qu’entre deux attaques contre la chaine de Rupert Murdoch, la directrice de la communication de la Maison blanche, louait dernièrement devant des étudiants les mérites (au côté – je vous le donne en mille – de… Mère Teresa!) d’un des plus grands bouchers de l’histoire …

Retour sur un article de janvier dernier du philosophe Robert Redeker dont il vient de sortir un petit livre (« Yes we can: slogan politique »), sur la remarquable « vacuité » du « logo sonore planétaire Yes we can » …

Et chapeau bas devant la perspicacité d’un philosophe dont on se souvient de la courageuse critique de l’islam il y a quelques années.

Tant d’ingéniosité critique et conceptuelle déployée pour pointer, chez le Prince de sang-mêlé de l’Amérique,… si peu de consistance!


Barack Obama Harry Potter

Robert Redeker
La Dépêche du Midi
le 4 janvier 2009

2008 fut l’année Obama, l’année du « yes we can ». L’Amérique a donné ces derniers temps au monde au monde deux icones médiatiques que l’on aurait tort de croire éloignées l’une de l’autre : Barack Obama et Harry Potter. Le slogan de la campagne électorale de Barack Obama – « yes we can » – a fait, entre mars et novembre, le tour de la terre. Dépassant le cadre américain, il s’est élargi aux dimensions de l’humanité. Il a pénétré le cœur d’une foule d’humains. Il s’est infiltré dans leur paysage intime. A la façon d’une chanson de Madonna ou des Beatles, à la façon de « We are the champions » naguère. A la façon, surtout, d’Harry Potter.

« Yes we can « est tout le contraire d’un slogan politique. Il ne dit rien. Il ne condense aucun programme, aucune vision politique, ne fixe aucun horizon. Il n’a pas de contenu assignable, il est entièrement indéterminé. Il ne désigne ni adversaire ni ennemi. Il est difficile, dans l’histoire des démocraties, de trouver un mot d’ordre plus inconsistant que celui qui a rythmé la victoire d’Obama.

Semblable à de la publicité, « Yes we can » est devenu malgré son inconsistance un logo sonore planétaire. Un logo sonore n’a rien à voir avec ce que naguère on appelait mot d’ordre politique. Tous, nous avons dans l’oreille des logos sonores : « Hollywood chewing-gum » par exemple, ou, en France « C’est la MAAF que je préfère ». La campagne présidentielle de Barack Obama a réussi le coup de génie d’imposer son slogan, supposé passer pour un slogan politique, comme un logo sonore venant se placer aux côtés des logos sonores publicitaires que tous les hommes, même dans les endroits déshérités de la planète, connaissent. Pourtant, il se trouve que « yes we can » se révèle encore plus vide qu’un slogan publicitaire. Qu’il en dit moins que « Mars et ça repart », ou « Parce que vous le valez bien ». Bref, qu’il en dit moins que la plupart des slogans publicitaires – du type « Mars et ça repart » ou « Parce que vous le valez bien » -, cantonnés pourtant du fait de leur nature à un impératif de vacuité. Ce logo sonore est une monade sans portes ni fenêtres. Il frappe par son indétermination.

« Yes we can » a été conçu comme un produit, vendable mondialement. Ce logo sonore est devenu une marque, comme Coca-Cola, comme Mc Donald, ou l’appel, la sonnerie d’une marque comme « Holywood chewing-gum ». De fait, il est encore plus vide que la publicité « Hollywood chewing-gum », dans la mesure où celle-ci présentait un style de vie, joyeux et acéphale, teen-ager et écervelé, qui pouvait entrer en opposition avec d’autres styles, plus consistants et répartis un peu partout sur la planète, de vie. « Hollywood chewing-gum » figure un cliché publicitaire à la fois universel (on le rencontre sur les écrans du monde entier) et implicitement conflictuel. « Yes we can » n’entre en contradiction ni en conflit avec rien. Il ne possède pas de transcendance, d’extériorité à son énonciation. Il est un monde linguistique clos sur lui-même. Son universalité ne s’ancre pas ailleurs que dans son abstraction vide. Ainsi, « Yes we can » fusionne-t-il ce que la politique doit disjoindre : le principe de réalité et le principe de plaisir. Le réel et Eros – les deux instances qui se mêlent dans le bouillon des sorcières pour cuisiner une potion magique.

La magie est cette pratique qui suppose le pouvoir des mots. Pour elle, les mots sont plus forts que les lois de la nature (ou de l’économie, ou de la politique) ; ils sont, contre le principe de réalité, les soldats efficaces et invincibles, du principe de plaisir, du désir. Le credo de toute magie se ramasse dans cet énoncé : je peux, nous pouvons. Pouvoir des mots : il suffit de répéter certaines formules idoines, dans le rythme d’une diction appropriée, pour que le désir se réalise. Le désir que la magie veut réaliser est un désir impossible. Prononcer certains mots dans certaines conditions et dans un certain état d’esprit est censé rendre possible la réalisation d’un désir impossible dans les circonstances normales de la nature, de l’histoire ou de la politique. N’est-ce pas ce qui se passe avec le « yes we can » ?

« Yes we can », psalmodié tout autour de la terre, ne manque pas de ressembler à une formule magique. Harry Potter a façonné l’imaginaire des années 2000. Est-ce un nouveau « Sésame , ouvre-toi » ? La formule suppose ceci : à force de répéter litaniquement et en chœur « yes we can », la réalité prendra la couleur de nos rêves, elle deviendra une réalité selon nos rêves. Réalité, rêve – une opposition freudienne. « Yes we can » se veut une formule politique. C’est en fait une formule magique infantile, refusant l’opposition entre principe et plaisir et principe de réalité (refus qui définit l’enfant) qui place Obama dans le rôle d’Harry Potter.

Voir aussi:

Anita Dunn and Mao Zedong
Hans von Spakovsky
The NRO
Friday, October 16, 2009

Glenn Beck showed an absolutely damning video of Anita Dunn on his show yesterday. As everyone knows, she is the White House communications director who has declared war on Fox News. The video shows Dunn giving a speech in which she highlights the two most important political philosophers shaping her outlook on politics: Mao Zedong and Mother Teresa. The first “political philosopher” Dunn is praising was a tyrannical dictator who imprisoned, tortured, and killed millions of his own people. In fact, it is estimated that the Chinese Communists — led, inspired, and controlled by Mao — have killed 65 million Chinese citizens since 1949 through the Great Leap Forward, the Cultural Revolution, and the Gulag system of slave-labor prisons (the “Laogai” system) that Mao implemented.

Imagine what would happen if a White House communications director cited Adolf Hitler as one of her favorite political philosophers. Not only would it be an above-the-fold, front-page story in every major newspaper in the country, but there would also be outraged howls in the editorial pages. Mao killed more people than Hitler — they were two of the three worst mass murderers of the 20th century (the third being Joseph Stalin). However, the revelation of Dunn’s comments will probably be greeted by the mainstream media with a big collective yawn.

Voir enfin:

Now We Know Why He Passed on the Dalai Lama
Victor Davis Hanson
NRO’s The Corner
October 22, 2009

I am not a big fan of saying that officials should resign for stupid remarks. But interim White House communications director Anita Dunn’s praise of Mao Zedong as a « political philosopher » is so unhinged and morally repugnant, that she should hang it up, pronto.

Mao killed anywhere from 50 million to 70 million innocents in the initial cleansing of Nationalists, the scouring of the countryside, the failed Great Leap Forward and Cultural Revolution, Tibet, and the internal Chinese gulag. Dunn’s praise of a genocidal monster was no inadvertent slip: She was reading from a written text and went into great detail to give the full context of the remark. Moreover, her comments were not some student outburst from 30 years ago; they were delivered on June 5, 2009. Her praise of Mao’s insight and courage in defeating the Nationalists was offered long after the full extent of Mao’s mass-murdering had been well documented. Mao killed more people than any other single mass killer in the history of civilization.

So where do all these people, so intimate with our president (Dunn is the wife of his personal lawyer), come from? A right-wing attack machine could not make up such statements as those tossed off by a Dunn or a Van Jones. There seems to be neither a moral compass nor even a casual knowledge of history in this administration. And now we have the avatars of the « new politics » claiming it’s okay to praise Mao’s political and philosophical insight and his supposed determination (« You fight your war, and I’ll fight mine. ») because Lee Atwater supposedly once evoked Mao too.

Ms. Dunn should simply duck out of her D.C. suburb and ask any Tibetan or Chinese immigrant in his 70s and 80s what life was really like in Mao’s China.


Guerre d’Obama: L’histoire est décidément cruelle (Fouad Ajami’s unequalled appreciation of historical irony)

25 octobre, 2009
Blundering Into Syrian Quagmire? | Clarion IndiaComme dictature, l’Irak avait un fort pouvoir de déstabilisation du Moyen-Orient. Comme démocratie, il aura un fort pouvoir d’inspiration pour le Moyen-Orient. George Bush (September 2003)
Quand vous pilotez, vous devez le faire en fonction de l’endroit où vous vous trouvez, pas de celui où vous auriez aimé vous trouver ! (…) Une stratégie qui ne vise pas à laisser derrière nous un Afghanistan stable est une stratégie à courte vue. Général McChrystal (octobre 2009)
On the face of it, there is nothing overwhelmingly stirring about Sen. Obama. There is a cerebral quality to him, and an air of detachment. He has eloquence, but within bounds. After nearly two years on the trail, the audience can pretty much anticipate and recite his lines. The political genius of the man is that he is a blank slate. The devotees can project onto him what they wish. The coalition that has propelled his quest — African-Americans and affluent white liberals — has no economic coherence. But for the moment, there is the illusion of a common undertaking — Canetti’s feeling of equality within the crowd. The day after, the crowd will of course discover its own fissures. The affluent will have to pay for the programs promised the poor. The redistribution agenda that runs through Mr. Obama’s vision is anathema to the Silicon Valley entrepreneurs and the hedge-fund managers now smitten with him. Their ethos is one of competition and the justice of the rewards that come with risk and effort. All this is shelved, as the devotees sustain the candidacy of a man whose public career has been a steady advocacy of reining in the market and organizing those who believe in entitlement and redistribution. A creature of universities and churches and nonprofit institutions, the Illinois senator, with the blessing and acquiescence of his upscale supporters, has glided past these hard distinctions. On the face of it, it must be surmised that his affluent devotees are ready to foot the bill for the new order, or are convinced that after victory the old ways will endure, and that Mr. Obama will govern from the center. Ambiguity has been a powerful weapon of this gifted candidate: He has been different things to different people, and he was under no obligation to tell this coalition of a thousand discontents, and a thousand visions, the details of his political programs: redistribution for the poor, postracial absolution and « modernity » for the upper end of the scale. It was no accident that the white working class was the last segment of the population to sign up for the Obama journey. Their hesitancy was not about race. They were men and women of practicality; they distrusted oratory, they could see through the falseness of the solidarity offered by this campaign. They did not have much, but believed in the legitimacy of what little they had acquired. They valued work and its rewards. They knew and heard of staggering wealth made by the Masters of the Universe, but held onto their faith in the outcomes that economic life decreed. The economic hurricane that struck America some weeks ago shook them to the core. They now seek protection, the shelter of the state, and the promise of social repair. The bonuses of the wizards who ran the great corporate entities had not bothered them. It was the spectacle of the work of the wizards melting before our eyes that unsettled them. Daniel Patrick Moynihan, the late Democratic senator from New York, once set the difference between American capitalism and the older European version by observing that America was the party of liberty, whereas Europe was the party of equality. Just in the nick of time for the Obama candidacy, the American faith in liberty began to crack. (…) This election is the rematch that John Kerry had not delivered on. In the fashion of the crowd that seeks and sees the justice of retribution, Mr. Obama’s supporters have been willing to overlook his means. So a candidate pledged to good government and to ending the role of money in our political life opts out of public financing of presidential campaigns. What of it? The end justifies the means. (…) The morning after the election, the disappointment will begin to settle upon the Obama crowd. Defeat — by now unthinkable to the devotees — will bring heartbreak. Victory will steadily deliver the sobering verdict that our troubles won’t be solved by a leader’s magic. Fouad Ajami
The current troubles of the Obama presidency can be read back into its beginnings. Rule by personal charisma has met its proper fate. The spell has been broken, and the magician stands exposed. We need no pollsters to tell us of the loss of faith in Mr. Obama’s policies—and, more significantly, in the man himself. Charisma is like that. Crowds come together and they project their needs onto an imagined redeemer. The redeemer leaves the crowd to its imagination: For as long as the charismatic moment lasts — a year, an era — the redeemer is above and beyond judgment. He glides through crises, he knits together groups of varied, often clashing, interests. Always there is that magical moment, and its beauty, as a reference point. Mr. Obama gave voice to this sentiment in a speech on Nov. 6 in Dallas: « Sometimes I worry because everybody had such a fun experience in ’08, at least that’s how it seemed in retrospect. And, ‘yes we can,’ and the slogans and the posters, et cetera, sometimes I worry that people forget change in this country has always been hard. » It’s a pity we can’t stay in that moment, says the redeemer: The fault lies in the country itself — everywhere, that is, except in the magician’s performance. (…) Five years on, we can still recall how the Obama coalition was formed. There were the African-Americans justifiably proud of one of their own. There were upper-class white professionals who were drawn to the candidate’s « cool. » There were Latinos swayed by the promise of immigration reform. The white working class in the Rust Belt was the last bloc to embrace Mr. Obama—he wasn’t one of them, but they put their reservations aside during an economic storm and voted for the redistributive state and its protections. There were no economic or cultural bonds among this coalition. There was the new leader, all things to all people. A nemesis awaited the promise of this new presidency: Mr. Obama would turn out to be among the most polarizing of American leaders. No, it wasn’t his race, as Harry Reid would contend, that stirred up the opposition to him. It was his exalted views of himself, and his mission. The sharp lines were sharp between those who raised his banners and those who objected to his policies. (…) A leader who set out to remake the health-care system in the country, a sixth of the national economy, on a razor-thin majority with no support whatsoever from the opposition party, misunderstood the nature of democratic politics. An election victory is the beginning of things, not the culmination. With Air Force One and the other prerogatives of office come the need for compromise, and for the disputations of democracy. A president who sought consensus would have never left his agenda on Capitol Hill in the hands of Harry Reid and Nancy Pelosi. Mr. Obama has shown scant regard for precedent in American history. To him, and to the coterie around him, his presidency was a radical discontinuity in American politics. There is no evidence in the record that Mr. Obama read, with discernment and appreciation, of the ordeal and struggles of his predecessors. At best there was a willful reading of that history. Early on, he was Abraham Lincoln resurrected (the new president, who hailed from Illinois, took the oath of office on the Lincoln Bible). He had been sworn in during an economic crisis, and thus he was FDR restored to the White House. He was stylish with two young children, so the Kennedy precedent was on offer. In the oddest of twists, Mr. Obama claimed that his foreign policy was in the mold of Dwight Eisenhower’s. But Eisenhower knew war and peace, and the foreign world held him in high regard. During his first campaign, Mr. Obama had paid tribute to Ronald Reagan as a « transformational » president and hinted that he aspired to a presidency of that kind. But the Reagan presidency was about America, and never about Ronald Reagan. Reagan was never a scold or a narcissist. He stood in awe of America, and of its capacity for renewal. There was forgiveness in Reagan, right alongside the belief in the things that mattered about America—free people charting their own path. If Barack Obama seems like a man alone, with nervous Democrats up for re-election next year running for cover, and away from him, this was the world he made. No advisers of stature can question his policies; the price of access in the Obama court is quiescence before the leader’s will. The imperial presidency is in full bloom. There are no stars in the Obama cabinet today, men and women of independent stature and outlook. It was after a walk on the White House grounds with his chief of staff, Denis McDonough, that Mr. Obama called off the attacks on the Syrian regime that he had threatened. If he had taken that walk with Henry Kissinger or George Shultz, one of those skilled statesmen might have explained to him the consequences of so abject a retreat. But Mr. Obama needs no sage advice, he rules through political handlers. Valerie Jarrett, the president’s most trusted, probably most powerful, aide, once said in admiration that Mr. Obama has been bored his whole life. The implication was that he is above things, a man alone, and anointed. Perhaps this moment—a presidency coming apart, the incompetent social engineering of an entire health-care system—will now claim Mr. Obama’s attention. Fouad Ajami
L’argument selon lequel la liberté ne peut venir que de l’intérieur et ne peut être offerte à des peuples lointains est bien plus fausse que l’on croit. Dans toute l’histoire moderne, la fortune de la liberté a toujours dépendu de la volonté de la ou des puissances dominantes du moment. Le tout récemment disparu professeur Samuel P. Huntington avait développé ce point de la manière la plus détaillée. Dans 15 des 29 pays démocratiques en 1970, les régimes démocratiques avaient été soit initiés par une puissance étrangère soit étaient le produit de l’indépendance contre une occupation étrangère. (…) Tout au long du flux et du reflux de la liberté, la puissance est toujours restée importante et la liberté a toujours eu besoin de la protection de grandes puissances. Le pouvoir d’attraction des pamphlets de Mill, Locke et Paine était fondé sur les canons de la Pax Britannica, et sur la force de l’Amérique quand la puissance britannique a flanché. (…) L’ironie est maintenant évidente: George W. Bush comme force pour l’émancipation des terres musulmanes et Barack Hussein Obama en messager des bonnes vieilles habitudes. Ainsi c’est le plouc qui porte au monde le message que les musulmans et les Arabes n’ont pas la tyrannie dans leur ADN et l’homme aux fragments musulmans, kenyans et indonésiens dans sa propre vie et son identité qui annonce son acceptation de l’ordre établi. Mr. Obama pourrait encore reconnaître l’impact révolutionnaire de la diplomatie de son prédecesseur mais jusqu’à présent il s’est refusé à le faire. (…) Son soutien au  » processus de paix » est un retour à la diplomatie stérile des années Clinton, avec sa croyance que le terrorisme prend sa source dans les revendications des Palestiniens. M. Obama et ses conseillers se sont gardés d’affirmer que le terrorisme a disparu, mais il y a un message indubitable donné par eux que nous pouvons retourner à nos propres affaires, que Wall Street est plus mortel et dangereux que la fameuse  » rue arabo-musulmane ». Fouad Ajami
Il n’y a aucune garantie qu’un clair soutien américain aurait modifié l’issue de la lutte entre l’autocratie et la liberté en Iran. Mais il n’en restera pas moins dans la grande geste de la liberté qu’au moment où la Perse s’est soulevée à l’été 2009, le responsable de la puissance américaine s’est dérobé et qu’un président si fier de son éloquence n’a même pas réussi à trouver les mots pour faire savoir aux forces de la liberté qu’il avait compris les sources de leur révolte. Fouad Ajami
Les lamentations sur ce qui est advenu de la politique étrangère américaine au Moyen-Orient passent à côté de l’essentiel. Le plus remarquable concernant la diplomatie du président Obama dans la région, c’est qu’elle est revenue au point de départ – jusqu’au début de sa présidence. La promesse d’ « ouverture » vers l’Iran, l’indulgence envers la tyrannie de Bashar Assad en Syrie, l’abandon des gains américains en Irak et le malaise systématique à l’égard d’Israël — tels étaient les traits distinctifs de l’approche du nouveau président en politique étrangère. A présent, nous ne faisons qu’assister aux conséquences alarmantes d’une perspective aussi malavisée que naïve. Fouad Ajami (oct. 2013)
Ce qui caractérise pour l’essentiel Ajami n’est pas sa foi religieuse (s’il en a une au sens traditionnel) mais son appréciation sans égal de l’ironie historique – l’ironie , par exemple, dans le fait qu’en éliminant la simple figure de Saddam Hussein nous ayons brutalement contraint un Monde arabe qui ne s’y attendait pas à un règlement de comptes général; l’ironie que la véhémence même de l’insurrection irakienne puisse au bout du compte la vaincre et l’humilier sur son propre terrain et pourrait déjà avoir commencé à le faire; l’ironie que l’Iran chiite pourrait bien maudire le jour où ses cousins chiites en Irak ont été libérés par les Américains. Et ironie pour ironie, Ajami est clairement épaté qu’un membre de l’establishment pétrolier américain, lui-même fils d’un président qui en 1991 avait appelé les Chiites irakiens à l’insurrection contre un Saddam Hussein blessé pour finalement les laisser se faire massacrer, ait été amené à s’exclamer en septembre 2003: Comme dictature, l’Irak avait un fort pouvoir de déstabilisation du Moyen-Orient. Comme démocratie, il aura un fort pouvoir d’inspiration pour le Moyen-Orient. Victor Davis Hanson

L’histoire est décidément bien cruelle …

Quand le Naïf en chef découvre à son tour que « la guerre est hélas une activité humaine qu’on ne peut pas faire à moitié »…

Quand après s’être fait élire contre la guerre à présent gagnée de son prédécesseur, le fraichement nobélisé nouvel espoir noir du monde se voit plus que jamais empêtré dans sa propre guerre et contraint d’y ordonner les mêmes renforts victorieux qu’il avaient tant fustigés pour l’Irak …

Et quand, suprême ironie, Mr. Cool himself se voit emporté dans sa propre guerre avec la presse

Retour, avec l’historien militaire américain Victor Davis Hanson et le recul des trois années passées, sur l’un des meilleurs livres-bilan, par le célèbre politologue libano-américain Fouad Ajami, de la tant vilipendée guerre de Bush.

Et notamment sur la série d’ironies qu’il met à jour.

Comme le fait que par la simple élimination d’un Saddam, Bush ait réussi à contraindre l’ensemble du Monde arabe à un règlement de comptes général qu’il refusait jusqu’alors.

Ou que c’est par sa véhémence même qu’a finalement été vaincue et humiliée sur son propre terrain l’insurrection irakienneque tant de commentaeturs voyaient sans fin.

Ou encore que les mollahs que tous les observateurs voyaient alors gagnants aient déjà commencé, comme on déjà pu le voir cet été, à maudire le jour où leurs cousins shiites d’Irak ont été libérés par les Américains.

Ou enfin, ironie des ironies, que ce soit un membre de l’establishment pétrolier américain, lui-même fils d’un président qui en 1991 avait appelé les Chiites irakiens à l’insurrection pour finalement les abandonner à leur sort, qui ait transformé le puissant pouvoir de déstabilisation du Moyen-Orient que représentait l’Irak en septembre 2003 en un puissant pouvoir d’inspiration pour la région entière …

Free at Last
Victor Davis Hanson
Commentary Magazine
September 6, 2006

A review of The Foreigner’s Gift: The Americans, the Arabs, and the Iraqis in Iraq by Fouad Ajami (Free Press, 400 pp)

The last year or so has seen several insider histories of the American experience in Iraq. Written by generals (Bernard Trainor’s Cobra II, with Michael Wood), reporters (George Packer’s The Assassins’ Gate), or bureaucrats (Paul Bremer’s My Year in Iraq), each undertakes to explain how our enterprise in that country has, allegedly, gone astray; who is to blame for the failure; and why the author is right to have withdrawn, or at least to question, his earlier support for the project.

Fouad Ajami’s The Foreigner’s Gift is a notably welcome exception—and not only because of Ajami’s guarded optimism about the eventual outcome in Iraq. A Lebanese-born scholar of the Middle East, Ajami, now at the Johns Hopkins School of Advanced International Studies, lacks entirely the condescension of the typical in-the-know Western expert who blithely assures his American readers, often on the authority of little or no learning, of the irreducible alienness of Arab culture. Instead, the world that Ajami describes, once stripped of its veneer of religious pretense, is defined by many of the same impulses—honor, greed, selfinterest—that guide dueling Mafia families, rival Christian televangelists, and (for that matter) many ordinary people hungry for power. As an Arabic-speaker and native Middle Easterner, Ajami has enjoyed singular access to both Sunni and Shiite grandees, and makes effective use here of what they tell him. He also draws on a variety of contemporary written texts, mostly unknown by or inaccessible to Western authors, to explicate why many of the most backward forces in the Arab world are not in the least unhappy at the havoc wrought by the Sunni insurgency in Iraq.

The result, based on six extended visits to Iraq and a lifetime of travel and experience, is the best and certainly the most idiosyncratic recent treatment of the American presence there. Ajami’s thesis is straightforward. What brought George W. Bush to Iraq, he writes, was a belief in the ability of America to do something about a longstanding evil, along with a post-9/11 determination to stop appeasing terror-sponsoring regimes. That the United States knew very little about the bloodthirsty undercurrents of Shiite, Sunni, and Kurdish sectarianism, for years cloaked by Saddam’s barbaric rule—the dictator “had given the Arabs a cruel view of history,” one saturated in “iron and fire and bigotry”—did not necessarily doom the effort to failure. The idealism and skill of American soldiers, and the enormous power and capital that stood behind them, counted, and still count, for a great deal. More importantly, the threats and cries for vengeance issued by various Arab spokesmen have often been disingenuous, serving to obfuscate the genuine desire of Arab peoples for consensual government (albeit on their own terms). In short, Ajami assures us, the war has been a “noble” effort, and will remain so whether in the end it “proves to be a noble success or a noble failure.”

Aside from the obvious reasons he adduces for this judgment—we have taken no oil, we have stayed to birth democracy, and we are now fighting terrorist enemies of civilization—there is also the fact that we have stumbled into, and are now critically influencing, the great political struggle of the modern Middle East. The real problem in that region, Ajami stresses, remains Sunni extremism, which is bent on undermining the very idea of consensual government—the “foreigner’s gift” of his title. Having introduced the concept of one person/one vote in a federated Iraq, America has not only empowered the perennially maltreated Kurds but given the once despised Iraqi Shiites a historic chance at equality. Hence the “rage against this American war, in Iraq itself and in the wider Arab world.”

No wonder, Ajami comments, that a “proud sense of violation [has] stretched from the embittered towns of the Sunni Triangle in western Iraq to the chat rooms of Arabia and to jihadists as far away from Iraq as North Africa and the Muslim enclaves of Western Europe.” Sunni, often Wahhabi, terrorists have murdered many moderate Shiite clerics, taken a terrible toll of Shiites on the street, and, with the clandestine aid of the rich Gulf sheikdoms, hope to prevail through the growing American weariness at the loss in blood and treasure. The worst part of the story, in Ajami’s estimation, is that the intensity of the Sunni resistance has fooled some Americans into thinking that we cannot work with the Shiites—or that our continuing to do so will result in empowering the Khomeinists in nearby Iran or its Hizballah ganglia in Lebanon. Ajami has little use for this notion. He dismisses the view that, within Iraq, a single volatile figure like Moqtadar al-Sadr is capable of sabotaging the new democracy (“a Shia community groping for a way out would not give itself over to this kind of radicalism”). Much less does he see Iraq’s Shiites as the religious henchmen of Iran, or consider Iraqi holy men like Ayatollah Ali al-Sistani or Sheikh Humam Hamoudi to be intent on establishing a theocracy. In common with the now demonized Ahmad Chalabi, Ajami is convinced that Iraqi Shiites will not slavishly follow their Khomeinist brethren but instead may actually subvert them by creating a loud democracy on their doorstep.

In general,according to Ajami, the pathologies of today’s Middle East originate with the mostly Sunni autocracies that threaten, cajole, and flatter Western governments even as they exploit terrorists to deflect popular discontent away from their own failures onto the United States and Israel. Precisely because we have ushered in a long-overdue correction that threatens not only the old order of Saddam’s clique but surrounding governments from Jordan to Saudi Arabia, we can expect more violence in Iraq.

What then to do? Ajami counsels us to ignore the cries of victimhood from yesterday’s victimizers, always to keep in mind the ghosts of Saddam’s genocidal regime, to be sensitive to the loss of native pride entailed in accepting our “foreigner’s gift,” and to let the Iraqis follow their own path as we eventually recede into the shadows. Along with this advice, he offers a series of first-hand portraits, often brilliantly subtle, of some fascinating players in contemporary Iraq. His meeting in Najaf with Ali al-Sistani discloses a Gandhi-like figure who urges: “Do everything you can to bring our Sunni Arab brothers into the fold.” General David Petraeus, the man charged with rebuilding Iraq’s security forces, lives up to his reputation as part diplomat, part drillmaster, and part sage as he conducts Ajami on one of his dangerous tours of the city of Mosul. On a C-130 transport plane, Ajami is so impressed by the bookish earnestness of a nineteen-year-old American soldier that he hands over his personal copy of Graham Greene’s The Quiet American (“I had always loved a passage in it about American innocence roaming the world like a leper without a bell, meaning no harm”).

There are plenty of tragic stories in this book. Ajami recounts the bleak genesis of the Baath party in Iraq and Syria, the brainchild of Sorbonne-educated intellectuals like Michel Aflaq and Salah al-Din Bitar who thought they might unite the old tribal orders under some radical antiWestern secular doctrine. Other satellite figures include Taleb Shabib, a Shiite Baathist who, like legions of other Arab intellectuals, drifted from Communism, Baathism, and panArabism into oblivion, his hopes for a Western-style solution dashed by dictatorship, theocracy, or both. Ajami bumps into dozens of these sorry men, whose fate has been to end up murdered or exiled by the very people they once sought to champion. There are much worse types in Ajami’s gallery. He provides a vividly repugnant glimpse of the awful alGhamdi tribe of Saudi Arabia. One of their number, Ahmad, crashed into the south tower of the World Trade Center on 9/11; another, Hamza, helped to take down Flight 93. A second Ahmad was the suicide bomber who in December 2004 blew up eighteen Americans in Mosul. And then there is Sheik Yusuf alQaradawi, the native Egyptian and resident of Qatar who in August 2004 issued a fatwa ordering Muslims to kill American civilians in Iraq. Why not kill them in Westernized Qatar, where they were far more plentiful? Perhaps because they were profitable to, and protected by, the same government that protected Qaradawi himself. Apparently, like virtue, evil too needs to be buttressed by hypocrisy.

The Foreigner’s Gift is not an organized work of analysis, its arguments leading in logical progression to a solidly reasoned conclusion. Instead, it is a series of highly readable vignettes drawn from Ajami’s serial travels and reflections. Which is hardly to say that it lacks a point, or that its point is uncontroversial—far from it. Critics will surely cite Ajami’s own Shiite background as the catalyst for his professed confidence in the emergence of Iraq’s Shiites as the stewards of Iraqi democracy. But any such suggestion of a hidden agenda, or alternatively of naiveté, would be very wide of the mark. What most characterizes Ajami is not his religious faith (if he has any in the traditional sense) but his unequalled appreciation of historical irony—the irony entailed, for example, in the fact that by taking out the single figure of Saddam Hussein we unleashed an unforeseen moral reckoning among the Arabs at large; the irony that the very vehemence of Iraq’s insurgency may in the end undo and humiliate it on its own turf, and might already have begun to do so; the irony that Shiite Iran may rue the day when its Shiite cousins in Iraq were freed by the Americans. When it comes to ironies, Ajami is clearly bemused that an American oilman, himself the son of a President who in 1991 called for the Iraqi Shiites to rise up and overthrow a wounded Saddam Hussein, only to stand by as they were slaughtered, should have been brought to exclaim in September 2003: “Iraq as a dictatorship had great power to destabilize the Middle East. Iraq as a democracy will have great power to inspire the Middle East.” Ajami himself is not yet prepared to say that Iraq will do so—only that, with our help, it just might. He needs to be listened to very closely.

Voir aussi:

Obama est trop indécis sur l’Afghanistan
Renaud Girard
Le Figaro
14/10/2009

ANALYSE – Depuis un mois, le président Barack Obama donne l’impression, à propos du conflit en Afghanistan, de croire qu’on peut faire la guerre à moitié. Par Renaud Girard, grand reporter au service Etranger du «Figaro».

La guerre est hélas une activité humaine qu’on ne peut pas faire à moitié. Les Allemands et les Italiens l’ont récemment appris à leurs dépens en Afghanistan. Comme s’ils n’avaient pas été capables de tirer par eux-mêmes les leçons des difficultés connues par l’Armée rouge de 1980 à 1988, ils se plaignent d’avoir des soldats tués ou d’être critiqués à l’occasion de telle ou telle bavure, comme si la guerre pouvait se faire sans aucun mort, parmi les combattants comme parmi les civils. Cet angélisme européen n’est pas très grave, dans la mesure où la guerre occidentale en Afghanistan, qui dure depuis 2001, est avant tout une guerre américaine. Elle a été décidée par l’Amérique (après les attentats du 11 Septembre) ; elle a été conduite par les stratèges du Pentagone ; elle protège un leader afghan initialement choisi par Washington ; elle ne pourra être gagnée que par l’armée américaine. À l’exception des Anglais (qui se battent férocement dans la province de Helmand, grenier à opium du pays, et qui ont eu déjà plus de 200 soldats tués), les Européens ne font que de la figuration politique en Afghanistan.

Beaucoup plus grave est l’indécision de Barack Obama sur le dossier militaire afghan. Depuis un mois, le président américain donne, lui aussi, la fâcheuse impression de croire qu’on peut faire la guerre à moitié. Durant sa campagne électorale, il tenait un langage clair : se retirer d’Irak et gagner en Afghanistan. Au mois de mars dernier, il annonçait solennellement sa stratégie, fondée sur un triptyque classique : sécurisation militaire des provinces malmenées par les insurgés ; amélioration de la gouvernance afghane dans les territoires repris à l’ennemi ; renforcement des projets de développement afin de gagner les «cœurs et les esprits» de la population afghane. Deux mois plus tard, Obama donne un nouveau commandant en chef aux 100 000 soldats de l’Otan (dont les deux tiers sont américains) déployés sur le terrain, le général McChrystal.

Mais lorsque ce dernier, après étude d’une situation militaire se détériorant de jour en jour, lui demande l’envoi de 40 000 soldats supplémentaires, le président tarde à lui répondre. Il atermoie parce que les sondages ne sont pas enthousiastes à l’égard de cette guerre et que son vice-président, l’ancien sénateur Joe Biden, milite pour un engagement minimum des forces américaines en Afghanistan, limité à 50 000 hommes des forces spéciales, prêtes à détruire toute résurgence des camps d’entraînement d’al-Qaida.

Interrogé sur la pertinence de l’option stratégique défendue par Biden, le général McChrystal a répondu avec son franc-parler habituel : «Quand vous pilotez, vous devez le faire en fonction de l’endroit où vous vous trouvez, pas de celui où vous auriez aimé vous trouver !» Puis ce soldat, très respecté par ses pairs comme par ses subordonnés, a eu le courage d’ajouter : «Une stratégie qui ne vise pas à laisser derrière nous un Afghanistan stable est une stratégie à courte vue.»

Peut-être les Américains ont-ils eu tort, lors de la conférence de Bonn de décembre 2001, de promettre à la population afghane la reconstruction de leur État, l’avènement de la démocratie et le retour à une économie viable. Peut-être auraient-ils dû se contenter du pouvoir tadjik et ouzbek qui avait chassé, avec leur aide financière et aérienne, les talibans de Kaboul. Il se trouve qu’ils ont vu les choses en grand et l’ont annoncé au monde entier. Le moment n’est pas de fléchir et de renier ses promesses. Car un tel aveu de faiblesse aurait des conséquences incalculables sur une région gangrenée par l’islamisme, à commencer par le Pakistan, pays doté de la bombe atomique.

Obama a, jusqu’à l’été, fait preuve d’une démarche logique. Il a investi de sa confiance McChrystal. Le général a forgé une nouvelle stratégie de terrain – louée par tous les observateurs -, privilégiant la protection de la population et du pays utile. Le président se contredirait lui-même à refuser à son général les moyens qu’il réclame aujourd’hui.


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