Propos du Pape sur le sida: Comment désinformer en trois étapes (You can’t overcome this problem with slogans alone)

Pope cartoon
Alors les disciples s’approchèrent de Jésus, et lui dirent en particulier: Pourquoi n’avons-nous pu chasser ce démon? C’est à cause de votre incrédulité, leur dit Jésus. (…) Mais cette sorte de démon ne sort que par la prière et par le jeûne. Mathieu 17: 19-21
Le Pape a raison. Ou pour répondre plus précisément : les meilleures données dont nous disposons confirment les propos du Pape. Il existe une relation systématique, mise en évidence par nos meilleures enquêtes, y compris celles menées par l’organisme “Demographic Health Surveys” financé par les Etats-Unis, entre l’accès facilité aux préservatifs et leur usage plus fréquent et des taux d’infection par le virus du sida plus élevés, et non plus faibles. Cela pourrait être dû en partie au phénomène connu sous le nom de “compensation du risque”, ce qui veut dire que lorsque l’on a recours à une “technologie” de réduction du risque comme le préservatif, l’on perd souvent le bénéfice lié à la réduction du risque par une “compensation” qui consiste à prendre davantage de risques qu’on ne le ferait en l’absence de technologie de réduction du risque. (…) Les solutions avant tout médicales financées par les plus grands donateurs n’ont eu que peu d’impact en Afrique, le continent le plus durement touché par le sida. Au contraire, des programmes relativement simples, peu onéreux, visant à changer les comportements – en mettant l’accent sur la progression de la monogamie et sur le recul des premières relations sexuelles chez les jeunes – ont permis les plus grandes avancées dans la lutte contre le sida et la prévention de son extension. Edward C. Green (directeur du Projet de recherche sur la prévention du sida de Harvard)
Le continent africain, ce n’est pas le Marais. Il ne suffit pas de négocier un prix de gros à la société Durex pour faire de la distribution gratuite, de demander à Line Renaud de tourner un spot télé ni d’arborer une fois l’an un petit ruban rouge à sa boutonnière. Si d’ailleurs la question du préservatif pouvait tout régler, il serait criminel que la communauté internationale ne se mobilise pas pour envoyer au quasi milliard d’Africains de quoi se protéger. (…) Puisque la seule question qui vaille est la capote, le jour viendra où, dans des affaires de viol en réunion, le port du préservatif jouera comme une circonstance atténuante. Pourrait-on s’interroger, ne serait-ce qu’un moment, sur cette société où la règle consiste à tout consommer, même les corps? François Miclos
(…) Je dirais qu’on ne peut pas surmonter ce problème du sida uniquement avec des slogans publicitaires. Si on n’y met pas l’âme, si on n’aide pas les Africains, on ne peut pas résoudre ce fléau par la distribution de préservatifs: au contraire, le risque est d’augmenter le problème. La solution ne peut se trouver que dans un double engagement : le premier, une humanisation de la sexualité, c’est-à-dire un renouveau spirituel et humain qui apporte avec soi une nouvelle manière de se comporter l’un avec l’autre, et le deuxième, une véritable amitié également et surtout pour les personnes qui souffrent, la disponibilité, même au prix de sacrifices, de renoncements personnels, à être proches de ceux qui souffrent. (…) Benoît XVI
(…) on ne peut pas résoudre ce fléau par la distribution de préservatifs: au contraire, le risque est d’augmenter le problème. Citation tronquée du pape
Les Français veulent le départ du Pape Titre du Figaro
Propos du pape: le PCF distribue dimanche des préservatifs place Jean-Paul II à Paris La Croix

Après la condamnation unanime du discours de Ratisbonne où contre la bien-pensance politico-médiatique un pape prenait pour la première fois au sérieux la dimension violente de l’islam …

Et plus récemment de sa prise de position sur l’aberration du prétendu « mariage homosexuel »

Mais aussi de la déclaration hyperréaliste, sur le même sujet, d’un animateur de la télévision ouvertement homosexuel et d’ailleurs décédé du sida depuis …

Petite leçon de désinformation dans nos médias la semaine dernière …

1ère étape: Tendre un piège à la future victime (avec son consentement, c’est encore mieux) avec une question sur un sujet aussi hautement polémique que le sida dès le départ de son premier voyage sur le continent le plus pauvre et le plus touché par l’épidémie …

2e étape : Tronquer largement une déclaration élaborée et plutôt nuancée (passant ainsi de 279 à… 21 mots!) et matraquer ladite déclaration sur tous les supports et du matin au soir pendant toute la semaine …

3e étape : Commander un sondage avec des questions largement orientées sur la démission dudit Pape et dénaturer totalement ledit sondage avec un titre accrocheur qui, 1er mensonge, prétend que les Français veulent le départ du pape (alors que le sondage n’a interrogé que des catholiques), puis, 2e mensonge, qu’il s’agit de l’avis de l’ensemble ou au moins la majorité des personnes interrogées (alors qu’il n’est question que de 43%) …

Cerise sur le gâteau: Donner un large écho, aux journaux télévisés du dimanche soir, à la distribution délibérément provocante et agressive de préservatifs sur le parvis de Notre-Dame à la sortie de l’office du matin par des militants homosexuels (qui ont toujours, on le sait, brillé par leur sens des responsabilités et qui ont naturellement rien à voir avec ladite épidémie) et des députés communistes (au bilan eux aussi notoirement « globalement positif »)…

Voir le texte complet de la déclaration du Pape:

Philippe Visseyrias de France 2.

*Question -* Votre Sainteté [?], parmi les nombreux maux qui affligent l’Afrique, il y a également en particulier celui de la diffusion du sida. La position de l’Eglise catholique sur la façon de lutter contre celui-ci est souvent considérée comme n’étant pas réaliste et efficace. Affronterez-vous ce thème au cours du voyage ?

*Benoît XVI -* Je dirais le contraire : je pense que la réalité la plus efficace, la plus présente sur le front de la lutte contre le sida est précisément l’Eglise catholique, avec ses mouvements, avec ses différentes réalités. Je pense à la Communauté de Sant’Egidio qui accomplit tant, de manière visible et aussi invisible, pour la lutte contre le sida, aux Camilliens, à toutes les religieuses qui sont à la disposition des malades… Je dirais qu’on ne peut pas surmonter ce problème du sida uniquement avec des slogans publicitaires. Si on n’y met pas l’âme, si on n’aide pas les Africains, on ne peut pas résoudre ce fléau par la distribution de préservatifs : au contraire, le risque est d’augmenter le problème. La solution ne peut se trouver que dans un double engagement : le premier, une humanisation de la sexualité, c’est-à-dire un renouveau spirituel et humain qui apporte avec soi une nouvelle manière de se comporter l’un avec l’autre, et le deuxième, une véritable amitié également et surtout pour les personnes qui souffrent, la disponibilité, même au prix de sacrifices, de renoncements personnels, à être proches de ceux qui souffrent. Tels sont les facteurs qui aident et qui conduisent à des progrès visibles. Je dirais donc cette double force de renouveler l’homme intérieurement, de donner une force spirituelle et humaine pour un juste comportement à l’égard de son propre corps et de celui de l’autre, et cette capacité de souffrir avec ceux qui souffrent, de rester présents dans les situations d’épreuve. Il me semble que c’est la juste réponse, et c’est ce que fait l’Eglise, offrant ainsi une contribution très grande et importante. Nous remercions tous ceux qui le font.

Voir aussi:

From Saint Peter’s Square to Harvard Square
Media coverage of papal comments on AIDS in Africa is March madness .
Kathryn Jean Lopez
National review on line
March 19, 2009

‘We have found no consistent associations between condom use and lower HIV-infection rates, which, 25 years into the pandemic, we should be seeing if this intervention was working.”

So notes Edward C. Green, director of the AIDS Prevention Research Project at the Harvard Center for Population and Development Studies, in response to papal press comments en route to Africa this week.

Benedict XVI said, in response to a French reporter’s question asking him to defend the Church’s position on fighting the spread of AIDS, characterized by the reporter as “frequently considered unrealistic and ineffective”:

I would say that this problem of AIDS cannot be overcome with advertising slogans. If the soul is lacking, if Africans do not help one another, the scourge cannot be resolved by distributing condoms; quite the contrary, we risk worsening the problem. The solution can only come through a twofold commitment: firstly, the humanization of sexuality, in other words a spiritual and human renewal bringing a new way of behaving towards one another; and secondly, true friendship, above all with those who are suffering, a readiness — even through personal sacrifice — to be present with those who suffer. And these are the factors that help and bring visible progress.

“The pope is correct,” Green told National Review Online Wednesday, “or put it a better way, the best evidence we have supports the pope’s comments. He stresses that “condoms have been proven to not be effective at the ‘level of population.’”

“There is,” Green adds, “a consistent association shown by our best studies, including the U.S.-funded ‘Demographic Health Surveys,’ between greater availability and use of condoms and higher (not lower) HIV-infection rates. This may be due in part to a phenomenon known as risk compensation, meaning that when one uses a risk-reduction ‘technology’ such as condoms, one often loses the benefit (reduction in risk) by ‘compensating’ or taking greater chances than one would take without the risk-reduction technology.”

Green added: “I also noticed that the pope said ‘monogamy’ was the best single answer to African AIDS, rather than ‘abstinence.’ The best and latest empirical evidence indeed shows that reduction in multiple and concurrent sexual partners is the most important single behavior change associated with reduction in HIV-infection rates (the other major factor is male circumcision).”

And while, as Travis Kavulla writes from Kenya today, the international media will ignore all sorts of fascinating new stories about church and civilizational growth in favor of a sexier, albeit way-too-familiar storyline, Green has some encouraging news: The pope is not alone. “More and more AIDS experts are coming to accept the above. The two countries with the worst HIV epidemics, Swaziland and Botswana, have both launched campaigns to discourage multiple and concurrent partners, and to encourage fidelity.”

The pope added during that Q&A, “I would say that our double effort is to renew the human person internally, to give spiritual and human strength to a way of behaving that is just towards our own body and the other person’s body; and this capacity of suffering with those who suffer, to remain present in trying situations.”

We need to, in other words, treat people as people. Reason with them and show them there is a better way to live, respectful of themselves and others. It’s a common-sense message that isn’t madness whether you’re in Africa or dealing with hormonal American teenagers. It’s a hard message to hear over the same-old silly debates, parodies, and dismissals. But it’s one that is based on real life—and acknowledged not just in Saint Peter’s Square but in Harvard Square.

— Kathryn Jean Lopez is editor of National Review Online.

Voir par ailleurs:

« Un glory hole (anglicisme signifiant littéralement « trou de la gloire ») est un trou pratiqué dans un mur ou une cloison dans le but (…) de permettre l’insertion d’un pénis en érection, afin d’avoir un rapport sexuel avec la personne située de l’autre côté (masturbation, fellation, pénétration vaginale ou anale). Les particularités du glory hole sont qu’il permet de conserver son anonymat et qu’il assure une séparation physique entre les partenaires. Il constitue la matérialisation poussée à son paroxysme du fantasme du rapport sexuel sans lendemain avec un inconnu. Dans une optique de sexualité de groupe, une même cloison peut comporter plusieurs glory holes.Dans la mesure où le partenaire situé de l’autre côté de la cloison, ainsi que son passé sexuel, restent inconnus, le glory hole augmente les risques d’infection par les maladies sexuellement transmissibles, surtout si un préservatif n’est pas utilisé.

(…)

De plus, pour les hommes introduisant leur pénis dans un glory hole, il s’engagent à prendre toutes sortes de risques si ils ne conaissent pas les motivations des personnes avec l’usage de leur sexe de l’autre coté de la cloison…

En outre, les contours du trou peuvent infliger des abrasions et/ou des lacérations du pénis, particulièrement si la découpe est grossière. Afin d’éviter de tels désagréments, certains établissements proposant des glory holes en ont équipé les bords de surfaces protectrices.

Enfin, si cette pratique est réalisée dans un lieu public (en particulier les toilettes publiques), elle expose ses participants à des poursuites judiciaires, de tels comportements pouvant être considérés comme exhibitionnistes par la loi. »

Wikipedia

Voir enfin:

« Une étude publiée dans la revue American Journal of Medicine en 1984 a retracé plusieurs des premières infections par le HIV de New York City à un steward homosexuel infecté anonyme. Les épidémiologues supposaient alors incorrectement que Dugas avait importé le virus d’Afrique dans la communauté homosexuelle occidentale. (…)

Shilts dépeignait Gaëtan Dugas comme possédant un comportement presque asocial, ayant infecté intentionnellement, ou au moins mis en danger avec insouciance, d’autres avec le virus. Dugas y était décrit comme un athlète sexuel beau et charmeur, qui, selon ses propres dires, avait des centaines de partenaires sexuels par an. Il prétendait avoir eu plus de 2 500 partenaires sexuels dans toute l’Amérique du Nord depuis 1972. En tant que steward Dugas pouvait voyager d’un bout du monde à l’autre à peu de frais, notamment entre les premiers épicentres du HIV tels que Los Angeles, New York, Paris, Londres et San Francisco.

Diagnostiqué avec le sarcome de Kaposi en juin 1980, et après avoir été averti que ceci pouvait être causé et diffusé par un virus sexuellement transmis, Dugas refusa de cesser d’avoir des relations sexuelles non protégées, prétendant qu’il pouvait faire ce qu’il voulait avec son corps. Il informait, paraît-il, ses partenaires sexuels après coup qu’il avait “le cancer gay” et peut-être qu’ils l’auraient aussi.

Dugas est mort à Québec le 30 mars 1984 des suites d’une insuffisance rénale provoquée par des infections continuelles au HIV.”

Wikipedia

3 Responses to Propos du Pape sur le sida: Comment désinformer en trois étapes (You can’t overcome this problem with slogans alone)

  1. […] en ces temps de mise à pilori systématique et avec les mêmes procédés du christianisme et du Pape, par rapport à l’apparent silence des historiens ayant participé à ces entreprises sur […]

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  2. Peter dit :

    Bonjour,
    Merci pour ce billet qui permet de mieux comprendre l’actualité. Il est en effet si facile de faire dire ce que l’on veut en déformant ses propos ou en ne prenant que ce qui nous convient, et agir sur l’émotion que cela peut provoquer dans l’opinion publique.

    Peut-être le Pape aurait-il dû prendre certaines précautions langagières sachant qu’il s’adressait à des journalistes. A-t-il usé de sa liberté de parole ? ou est-il « tombé » dans un piège ? J’en doute fort. A mon avis, l’ex-cardinal a dit tout simplement qu’il fallait « humaniser » la sexualité et responsabiliser chacun face à l’expansion du sida. On ne devrait pas présenter le préservatif comme LA solution. Même si, on reconnaît qu’il aide à prévenir et à protéger du sida. Le problème du sida sur le continent africain et dans le monde doit être pris dans sa dimension globale où tous les acteurs de la société pourront participer pour trouver une solution. Il y a encore du chemin à faire…

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  3. jcdurbant dit :

    Vous avez raison, ce n’était effectivement pas un piège puisque les questions avaient, d’après ce que j’ai entendu, été soumises à l’avance et choisies par le Pape lui-même.

    Il a donc en effet « usé de sa liberté de parole » pour rappeler, en tant que chef religieux, non seulement l’idéal chrétien mais la dimension globale des choses et de nos actes que tant de médias et de commentateurs font mine de ne pas voir.

    Ce qui ne veut pas pour autant dire que je suis d’accord avec tout ce que dit le Pape, notamment sur la contraception ou même l’avortement qui tout en étant la pire des solutions ne me semble pas à exclure dans les cas extrêmes …

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