Manuels scolaires: Comment l’antiaméricanisme est enseigné à nos enfants (America-bashing 101: how French students are taught to view America as a threat)

Revisionist Plantu
Si aujourd’hui la France devait écrire un manuel binational à des fins d’apaisement des tensions, ne serait-ce pas plutôt avec les Etats-Unis? Barbara Lefèbvre et Eve Bonnivard
Comment la puissance américaine a-t-elle été contestée le 11 septembre 2001? (Sujet de géographie du brevet 2005)
Polluer, c’est bon pour la santé des Etats-Unis. (Manuel de 3e, Magnard)
Le terrorisme est l’arme des faibles, qui dans l’incapacité d’attaquer frontalement une grande puissance, cherchent à la déstabiliser en s’en prenant à des cibles symboliques. Manuel d’histoire-géographie Magnard

A l’heure, on vient de le voir, où nos courageux éditeurs floutent les images de Mahomet …

Petit retour sur le monde où, antilibéralisme oblige, la planète est sous domination américaine et où, faisant totalement l’impasse sur le fondamentalisme islamique, le djihad islamique est réduit à un mouvement de résistance et à une simple contestation de l’Oncle Sam!

Non pas celui d’ATTAC et de José Bové ou de Tariq Ramadan, mais celui, comme le montre preuves à l’appui (y compris nombre de citations, photos ou dessins – hélas non reproduits – tirés de périodiques de gauche ou d’extrême-gauche comme Alternatives économiques, Politis ou Plantu du Monde) le livre-enquête de Barbara Lefebvre et Ève Bonnivard (« Élèves sous influence », 2005),… des manuels scolaires de nos enfants.

Quand les livres scolaires expliquent le terrorisme
Les auteurs de Élèves sous influence démontrent que les manuels d’histoire présentent un monde sous domination américaine et réduisent le djihad islamique à une contestation de l’Oncle Sam.
Cécilia Gabizon
Le Figaro
Le 14.10.2005

Que met-on dans la tête de nos enfants ? La lecture assidue des manuels d’histoire du secondaire laisse perplexe. Le terrorisme, au programme de terminale depuis 2002, se présente comme une for me aiguë d’antiaméricanisme. Rien ou presque n’est dit sur le projet fondamentaliste, ni sur les États théocratiques musulmans. Les attentats du 11 septembre ne sont qu’une contestation de l’hégémonie américaine, tandis que le fanatisme religieux n’est pas évo qué. Les attentats kamikazes des Palestiniens figurent au chapitre Moyen-Orient de préférence aux pages consacrées au terrorisme. Voilà ce qu’il ressort d’une analyse roborative des manuels scolaires intitulée Élèves sous influence (1).

Dans cet ouvrage de 350 pages transparaît une acceptation du recours à la violence, présentée dans les manuels scolaires comme une « forme de résistance ». Presque tous suggèrent ce que l’éditeur de livres scolaires Magnard écrit noir sur blanc : le terrorisme « est l’arme des faibles, qui dans l’incapacité d’attaquer frontalement une grande puissance, cherchent à la déstabiliser en s’en prenant à des cibles symboliques ».

Plus qu’un dogmatisme, explique Barbara Lefebvre, enseignante d’histoire géographie dans les Hauts-de-Seine et coauteur de l’ouvrage, la vision de l’histoire récente présentée par les manuels reflète une « une mollesse idéologique débouchant sur la dénonciation d’un seul coupable aux yeux de la planète » : l’Amérique. L’altermondialisme devient une forme de lutte, avec des héros comme José Bové. Les djihadistes sont des « protestataires » qui, selon le manuel d’histoire Bordas à destination des terminales, trouvent une audience accrue « dans le contexte d’opposition à Israël et aux États-Unis ». L’islamisme séduit aussi par son refus de « la prépondérance occidentale et la mondialisation du modèle américain », insiste ce manuel. Quant aux livres d’histoire de Nathan et Belin, ils écrivent : « La présence de troupes occidentales dans la région du Golfe accroît le sentiment d’humiliation de l’opinion arabe. » Un autre qualifie le régime des talibans « d’ordre moral islamiste très rigoureux »…

Les professeurs ne sont pas tenus de suivre précisément les ma nuels. Mais sur ces sujets, le livre de classe fait souvent référence. Par ailleurs, « la plupart des élèves ne font pas d’effort pour s’informer et c’est à l’école qu’ils reçoivent une explication raisonnée du monde », assure Barbara Lefebvre.
Cécilia Gabizon

(1) Élèves sous influence, Barbara Lefebvre et Ève Bonnivard (Éditions Audibert).

« Le djihad, forme extrême de l’antiaméricanisme »

Voici quelques extraits du livre Élèves sous influence :
* Magnard : « La forme extrême des poussées d’antiaméricanisme prend le nom de “guerre sainte” ou djihad lancé par Ben Laden. »
* Propos d’une inspectrice d’histoire de l’Académie de Créteil présentant le nouveau programme de terminale : « Prudence dans l’utilisation du terme “terrorisme”, en particulier devant un certain type de public car une notion de résistance peut parfois être incluse dans le terrorisme. »
* Hachette propose un texte de journaliste écrit avant l’intervention en Irak : « Les États-Unis veulent imposer par la force leur loi. Cet ordre-là n’en est pas un. (…) Un ordre imposé de la sorte au mépris des alliés, fait le lit de l’antiaméricanisme le plus primaire. Il devient urgent de contenir la puissance américaine. »
* Article de lycéens de l’Isère sur le thème : “A quoi sert le terrorisme ?” Réponse : « Ils se révoltent contre l’agresseur, ça, c’est pas vraiment con. Qu’ont fait les résistants pendant l’Occupation de 39-45 ? (…) Le terrorisme apparaît quant un peuple souffre et qu’il n’y a plus d’autre solution que de se faire exploser la tronche. »

Voir aussi:

« Elèves sous influence » : honte aux auteurs de livres scolaires!

Le 27/10/2005

L’Education Nationale serait-elle un lieu d’endoctrinement de nos chères têtes blondes ? Les rédacteurs de programmes et les auteurs des livres d’histoire profiteraient-ils de leur position pour manipuler nos enfants ? On le sait, l’Education Nationale est un milieu très syndiqué et de nombreux élèves doivent subir les orientations idéologiques de certains professeurs. Notre « élite » intellectuelle qui parvient à influencer la pensée française au moyen de positions stratégiques glanées au sein de la presse et des universités ou par des manifestations syndicales médiatiques bien que minoritaires pousserait-elle le vice de la malhonnêteté au sein même de nos Ecoles ?

C’est ce que laisse penser l’article de Cécilia Gabizon publié dans le Figaro en ce vendredi 14 octobre 2005. La journaliste traite en effet courageusement d’un livre « événement » dont la plupart de ses confrères journalistes tairont sans aucun doute l’existence, tant il est dérangeant. Le livre en question a été écrit par Barbara Lefebvre et Eve Bonnivard (Editions Audibert), deux enseignantes ( ?) d’histoire géographie qui dénoncent avec bravoure les dérives du système au sein duquel elles évoluent.

Les deux enseignantes ( ?)  » démontrent que les manuels d’histoire présentent un monde sous domination américaine et réduisent le djihad islamique à une contestation de l’Oncle Sam « . Preuve à l’appui, le livre propose au lecteur des extraits édifiants des manuels scolaires d’histoire-géographie. Faisant totalement l’impasse sur le fondamentalisme islamique, les livres tendraient à légitimer le terrorisme comme seul moyen de résistance à la soi disante oppression américaine :  » dans cet ouvrage de 350 pages transparaît une acceptation du recours à la violence présentée dans les manuels scolaires comme une forme de résistance « .

Liberté Chérie ne peut que s’indigner, voire s’horrifier, devant ce contenu enfin dévoilé au grand jour de certains manuels scolaires. Certains idéologues n’hésitent donc pas à endoctriner les élèves à leur idéologie anti-américaine primaire, mais également anti-libérale et altermondialiste, allant pour cela jusqu’à « excuser » les actes terroristes. Les terroristes, qui tuent des innocents, des femmes et des enfants sont ramenés par le manuel d’histoire Bordas au rang de simples « protestataires ». Les terroristes ne sont plus des meurtriers sanguinaires mais en quelque sorte des syndicalistes au service des peuples du monde défendant une meilleure répartition des richesses…

Rappelons-le, les terroristes ne s’opposent pas uniquement aux Etats-Unis et ils ne s’opposent pas non plus aux Etats-Unis pour la simple raison qu’ils seraient plus développés ou plus puissants que d’autres pays : les terroristes sont en effet en guerre contre tous ceux qui sont « infidèles », c’est-à-dire qui ne sont pas des musulmans islamistes. Américains, Français, Espagnols, Polonais etc. : tout le monde occidental est visé parce que démocratique et non islamiste. Leur message est clair et le voir ainsi détourné dans les manuels scolaires est une véritable honte. L’article de Cécilia Gabizon témoigne de ce détournement :  » le fanatisme religieux n’est pas évoqué  » dans ces manuels au moment où ils traitent du terrorisme. Comment peut-on traiter des attentats de terroristes en occultant leur véritable motivation ? Comment peut-on récupérer des actes aussi odieux afin de les utiliser au service de la cause altermondialiste, anti-libérale ou anti-américaine? Que la bataille idéologique ait encore lieu entre le libéralisme et le socialisme au XXIe siècle, soit. Que l’on endoctrine les esprits facilement pénétrables de jeunes sans expérience de la vie et peu au fait de l’actualité dans nos écoles au nom d’une idéologie du passé démontre non seulement l’incapacité de notre système scolaire à préparer les enfants d’aujourd’hui à leur future vie d’adulte mais également la dangerosité de ce système.

Honteux, infamant, scandaleux, j’avoue ne plus savoir comment qualifier un tel système éducatif… qui serait pourtant aux yeux de certains « le meilleur du monde »…

Nous invitons en tout cas nos lecteurs à lire l’excellent livre de Jean-François Revel :  » l’obsession anti-américaine  » (Editions Plon). Revel démontre à de nombreuses reprises la malhonnêteté de certaines élites françaises vis-à-vis des Etats-Unis que l’on accuse de tous les maux, sans avoir peur des flagrantes incohérences, contradictions ou falsifications.  » Elève sous influence  » sera une excellente illustration des propos de Revel puisque l’on n’hésite pas au sein de l’Education Nationale à transformer de manière malhonnête les faits réels afin de les mettre au service d’une idéologie qui ne recule décidément devant rien.

Voir également:

LES MANUELS DE LA DESINFORMATION
Bogdan Calinescu
Les cercles libéraux

Plusieurs manuels d’histoire des collections Nathan, Hachette, Bordas, Belin sont passés au crible dans l’ouvrage Elèves sous influence, Editions Audibert, 2005. Les résultats sont effarants.

On savait que les médias étaient anti-américains et très méfiants à l’égard de la mondialisation. Que leurs leitmotivs sont le réchauffement climatique et les « ravages de l’ultralibéralisme ». Mais on savait moins que les manuels scolaires pouvaient être des instruments de désinformation qui n’ont rien à envier aux médias étatistes. Alors qu’un manuel ne saurait être qu’un outil de travail, de transmission des connaissances, le voici transformé en organe de propagande. Le résultat des recherches de Barbara Lefebvre, enseignante dans le Secondaire et de Eve Bonnivard, journaliste à l’AFP est très inquiétant. En disséquant plus d’une dizaine de manuels d’histoire de la troisième à la terminale, elles ont trouvé un fil commun à plusieurs sujets traités comme les Etats-Unis, le terrorisme, l’islamisme, la mondialisation, le libéralisme : la complaisance envers le terrorisme et l’accusation de la mondialisation (et, implicitement, des Etats-Unis).

Plusieurs manières de traiter l’information se rejoignent. D’une part, les commentaires des auteurs du manuel sur un fait précis, comme par exemple le 11 septembre, d’autres part, l’appel aux « experts » comme dans ce manuel de troisième (Bréal) où l’on donne la parole à Pascal Boniface, chercheur que nous avons déjà eu l’occasion de voir répandre la bonne parole antiaméricaine dans les médias. Son analyse du 11 septembre est symptomatique : « Les attentats du 11 septembre ont renforcé l’assurance des Américains qui, une fois la peur évacuée, ont interprété leur victoire en Afghanistan comme un véritable triomphe et restent convaincu qu’ils peuvent toujours imposer leur point de vue ». On peut aussi utiliser le ludique, le dessin. Dans le Nathan de troisième, un dessin de Plantu est reproduit. L’oncle Sam est de dos, ses jambes, remplacées par les deux tours attaquées, vacillent.

Mais qui est le coupable des attentats ? Certains manuels entretiennent le suspense comme dans un roman policier, préservent le flou historique. L’élève apprend que les attentats du 11 septembre sont « attribués » à Al-Qaïda et « Ben Laden a été désigné comme le commanditaire par les Etats-Unis » (Bordas). La CIA est, bien sûr, le « support » de Ben Laden et les terroristes « tentent de remettre en cause l’hégémonie américaine ». D’autres manuels sont silencieux sur la montée de l’islamisme et ne disent pas ce que c’est qu’un Etat islamiste. Qui plus est, l’islamisme serait aussi une réponse à l’occidentalisation des sociétés arabes, un rejet du modèle capitaliste et libéral.

On a bien compris que derrière toutes ces déformations idéologiques la cible principale ce sont les Etats-Unis. « Ils ont décidé d’intervenir en Afghanistan et en Irak sans l’aval de l’ONU », « Ils ont une politique unilatérale contrairement à la France qui a une politique multilatérale », le Président Bush est, on s’en doutait, un débile profond, l’image des Guignols de l’info étant reprise sans aucune nuance. On insiste sur l’impérialisme américain, dangereux pour le reste du monde, « coupable » d’avoir « fomenté le terrorisme » : ils méritent donc la vengeance islamiste !

Les sources de ces manuels ? Le Monde diplomatique est le chef de file de « la contestation de l’hyperpuissance » et expose les arguments de la « lutte antilibérale ». De même, les revues Alternatives économiques et Alternatives internationales sont souvent citées. Dans un manuel (Nathan 3), les instances internationales sont présentées comme des organismes à la botte des Américains et le mouvement altermondialiste occupe une place de choix.

Des manuels sous influence, de la désinformation idéologique : ce n’est pas étonnant que notre école (et les élèves) soit un repaire du gauchisme.

Voir enfin:

Magnard affirme de son côté que « le scénario optimiste d’une «mondialisation heureuse» est remis en cause. Ainsi des millions d’individus résistent et s’opposent violemment à un ordre du monde qu’ils jugent injuste et destructeur. Ce rejet se nourrit de la pauvreté, des inégalités, de l’incompréhension et des dégâts écologiques souvent imputés à la mondialisation économique ».

« M’sieur ! M’sieur ! L’économie, ça s’apprend ? »
Les manuels scolaires évoquent de façon critique la mondialisation
Pierre-Antoine Delhommais
Le Monde Economie
Le 08.02.05

Les conséquences négatives du phénomène sont davantage soulignées que la croissance rapide de pays comme l’Inde et la Chine

Maîtres du monde, avez-vous la maîtrise de votre maîtrise ? ». C’est cette phrase de Pierre Bourdieu que l’éditeur Magnard a choisie pour introduire le chapitre consacré à la mondialisation dans son livre destiné aux classes de terminale ES. Bréal, de son côté, a préféré une longue citation de Joseph Stiglitz, ancien conseiller de Bill Clinton, Prix Nobel d’économie et grand pourfendeur de la mondialisation libérale, pour introduire le même thème. Chez Hatier, pas de citation, mais deux photographies. La première est celle d’une manifestation des ouvrières françaises de Levi’s contre les délocalisations, assortie d’une question : « Quelle conséquence de la mondialisation est évoquée par le document 1 ? » La seconde reproduit une affiche de l’Organisation internationale du travail où sont repris quelques slogans, tels « La liberté syndicale est essentielle au développement durable » ou encore « Négocier collectivement les conditions de travail ». Question associée : « En quoi les préconisations de l’Organisation internationale du travail décrites dans le document 2 peuvent-elles répondre aux inquiétudes nées de la mondialisation chez les travailleurs des pays développés ? »

EFFETS PERVERS OU AVANTAGES

C’est donc un ton généralement critique que les manuels scolaires adoptent pour évoquer la mondialisation. Chez Nathan, celle-ci est définie comme « l’affirmation d’un réseau planétaire de communication (l’Internet), la victoire quasi universelle d’une idéologie (le libéralisme), la diffusion d’un modèle culturel, celui des Etats-Unis ». Dans la balance, « les effets pervers » du phénomène pèsent nettement plus lourd que les avantages, comme la croissance très rapide de la Chine et de l’Inde grâce au commerce mondial, passée sous silence dans presque tous les ouvrages. Après avoir noté que « le développement du commerce mondial a surtout profité aux régions les plus riches, Amérique du Nord et Europe occidentale », les auteurs de l’édition Nathan soulignent que « la mondialisation implique une «marchandisation» du monde qui constitue un vrai danger culturel : celui de la standardisation, de l’homogénéisation, qui sont dans la logique de l’économie de marché ». L’ouvrage publié chez Magnard affirme de son côté que « le scénario optimiste d’une «mondialisation heureuse» est remis en cause. Ainsi des millions d’individus résistent et s’opposent violemment à un ordre du monde qu’ils jugent injuste et destructeur. Ce rejet se nourrit de la pauvreté, des inégalités, de l’incompréhension et des dégâts écologiques souvent imputés à la mondialisation économique ». Chez Bréal, « la mondialisation qui était présentée comme une fatalité est mise en cause par des «citoyens du monde» ».

Chez Hatier, « au-delà de la grande diversité de leurs revendications et de leurs formes d’action, les Organisations non gouvernementales (ONG) aspirent à faire entendre la voix de la société civile au nom des valeurs incarnant une citoyenneté mondiale ». Les différents livres d’économie destinés aux élèves de terminale s’en prennent aussi aux institutions internationales.

Chez Nathan, « le modèle de développement libéral imposé par les institutions internationales type FMI et OMC semble avoir échoué (…). Ces régulations libérales ont fragilisé des économies et des sociétés qui avaient pourtant engagé un processus de développement, en privatisant trop brutalement, en accueillant trop massivement des capitaux spéculatifs, qui ne sont pas investis dans le secteur productif, et qui se sont retirés dès la première alarme ». A l’évidence, le coeur des auteurs des manuels économiques penche plus du côté des adversaires de la mondialisation que du côté de ses défenseurs. Comme celui des élèves auxquels ils sont destinés. Cause ou effet ?

4 Responses to Manuels scolaires: Comment l’antiaméricanisme est enseigné à nos enfants (America-bashing 101: how French students are taught to view America as a threat)

  1. jcdurbant dit :

    Voir aussi, avec l’inévitable dessin anti-américain de Plantu, le sujet du bac d’histoire 2012:

    La tuerie des milliers de civils du World Trade Center et du Pentagone est le prix payé, avec une décennie de décalage, pour le “zéro mort” américain du jihad contre l’Armée rouge.

    Gilles Kepel (2003)

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  2. jcdurbant dit :

    Voir aussi:

    « Le 11-Septembre, c’est une arnaque ! » À la sortie de ce collège de Noisy-le- Grand, dans le 93, les avis des élèves sont tranchés. À Nice, même son de cloche : « Le World Trade Center, c’est la CIA. » D’où viennent ces atterrantes certitudes ? D’internet évidemment, mais, plus surprenant – et plus inquiétant –, elles se nourrissent aussi des manuels scolaires.

    Les thèmes, les légendes et les exercices proposés laissent souvent entrevoir une vision politique des événements radicalement critique vis-à-vis des États-Unis, décrits comme une hyperpuissance manipulatrice, menteuse et belliqueuse, prête à tout pour s’emparer des puits de pétrole du Proche-Orient : sans aller tout à fait jusqu’à l’anti-américanisme primaire, les livres conçus pour instruire les élèves laissent une large place au doute, contribuant aux ravages des théories du complot. Les attentats et leurs conséquences faisant partie du programme surchargé de première – plus de cent cinquante ans d’Histoire ! – ne bénéficient pas du même traitement selon les éditeurs.

    Dans le manuel Magnard1, plutôt discret sur le sujet, « Le 11-Septembre et ses conséquences » est un sous-chapitre concis d’un vague dossier intitulé « Les États-Unis face à leurs défis contemporains, 1991-2011 », qui insiste sur le caractère symbolique de la cible (les tours jumelles) et la personnalité belliqueuse de George Bush. Message subliminal : les États-Unis l’ont bien cherché !

    En revanche, on trouve peu d’éléments sur le régime taliban et sur celui de Saddam Hussein – et pas un mot sur le gazage des Kurdes par ce dernier en 1988 (trois ans avant le début de la période couverte par ce chapitre). Belin consacre, pour sa part, deux doubles pages au sujet [2.« Programme 2012 Histoire Géographie TERM S, éditions Belin », pages 80, 81 82, 83 : « Le 11 septembre 2001 et ses conséquences » ; « La puissance remise en question (1989-2008) ».].

    Ici, le récit insiste sur le déclin des États-Unis, tout en critiquant sévèrement l’hégémonie américaine, le 11-Septembre étant présenté comme le point culminant de la contestation de cette hégémonie. Les titres des paragraphes évoquent des tracts altermondialistes : « Répondre au 11-Septembre par la guerre » ; « Les ambitions américaines au Moyen- Orient » ; « Les USA tombent dans le piège » ou « Obama vers une Amérique post-impériale ? ». Les légendes des photos sont également mobilisées pour soutenir ces interprétations :

    « Comme Pearl Harbor, qui marque le début de la Seconde Guerre mondiale, les attentats du 11 septembre 2001 doivent être considérés comme le début de la Quatrième Guerre mondiale (la Troisième étant la Guerre froide), peut-on lire sous la reproduction de la « une » de The Economist sur les attentats. « C’est un petit peu provocateur, concède Olivier Caruso, professeur au lycée Marc-Chagall de Reims, qui a participé à la rédaction de ce manuel. Il s’agit de susciter l’intérêt des élèves plutôt que de montrer les méchants islamistes et les gentils Américains. » C’est ce qu’il appelle l’« apprentissage de la complexité ». « Les élèves sont à même de comprendre que l’on retrouve la même dramaturgie que le 7 décembre 1941 [date de l’attaque de Pearl Harbor] », ajoute- t-il. Comprenez : le 11-Septembre fut un prétexte pour entrer en guerre au Proche-Orient.

    Le 11-Septembre, un prétexte ? Le manuel Nathan2 joue, lui, à fond sur le « choc des civilisations ». La définition du salafisme donnée dans l’introduction du chapitre sur le 11-Septembre donne le ton : « L’islamisme ou le salafisme est une réaction à la colonisation européenne pour “réveiller la civilisation musulmane”. » S’agit-il de cultiver l’esprit critique des élèves en les invitant à ne pas prendre pour argent comptant tout ce qui est dit par les médias ou les institutions ? Peut-être, mais la pente qui conduit du scepticisme de bon aloi au relativisme obtus, voire au négationnisme délirant, est glissante, et certains n’hésitent pas à s’y engager. Michel Dupuis, professeur d’histoire dans le Nord, aime citer une phrase de l’historien américain Howard Zinn, devenu la vedette malgré lui des révisionnistes du 11-Septembre : « Les versions officielles des événements historiques devraient toujours être remises en question. »

    Le problème est que cette saine évidence conduit le professeur à asséner sa propre version en reprenant sans précaution l’idée que les attentats ont servi de prétexte à une série d’interventions au Moyen-Orient. Certes, ce point de vue n’est pas en soi illégitime. Encore faut-il qu’il soit présenté comme l’une des interprétations possibles. Faute de quoi, on imagine aisément la conclusion que peuvent en tirer des élèves déjà perméables aux lectures conspirationnistes : si les attentats ont servi de prétexte, n’ont-ils pas été perpétrés par ceux qui y avaient intérêt ?

    Ce pas a presque été franchi, en 2013, par un professeur d’histoire au lycée professionnel Maxime-Belbou de Cagnes-sur-Mer, lors d’un cours sur la puissance américaine : « Le 11-Septembre, expliquait-il, est l’œuvre des lobbies de l’armement et de la finance », révélant une curieuse prédilection pour les « thèses » de Thierry Meyssan. D’autres vont plus loin encore, utilisant leur statut et l’influence qu’il leur donne sur de jeunes esprits pour distiller leurs théories délétères.

    Aujourd’hui étudiante, Caroline Sue n’a pas oublié les diatribes de son prof d’histoire de terminale, il y a deux ans, au lycée D’Estienne-d’Orves de Nice, dénonçant avec virulence la version prétendument « officielle » du « 11/9 ». Et cette propagande ne se limite pas aux cours d’histoire. Dans le même établissement, poursuit-elle, « dans un cours sur les chutes, un prof de chimie réalisait des expériences miniatures qui contredisaient les hypothèses communément admises sur l’effondrement des tours jumelles. »

    Qu’on ne croie pas, cependant, que l’hostilité à l’Amérique ne se manifeste que dans le traitement du 11-Septembre : l’anti-américanisme apparaît souvent comme une quasi-évidence, un point de vue implicite et naturel. Ainsi, dès le collège, les élèves peuvent lire, dans un manuel de troisième édité par Magnard, que « polluer, c’est bon pour la santé des États-Unis ».

    En 2007, au cours d’un colloque, des professeurs allemands avaient pointé du doigt l’anti-américanisme des manuels scolaires français. Il est vrai que la résistance à l’hégémonie américaine est l’une des composantes de notre histoire et de notre culture politiques.

    Morgan Karim Lesbir

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  3. […] Confirmation, d’historiens dans le Figaro la semaine dernière suite à la demande par le ministère de l’Education d’un audit des manuels d’économie à une commission dirigée par le professeur du Collège de France Roger Guesnerie et au coup de gueule de Rocard (qualifiant, avant de se raviser, l’enseignement de l’économie en France de "catastrophe ambulante"), de la remarquable aptitude des manuels de nos enfants à rester parfaitement dans l’air du temps. […]

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  4. […] la puissance américaine a-t-elle été contestée le 11 septembre 2001? Sujet de géographie du brevet francais […]

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