Irak: Les derniers stratèges de salon tournent casaque (If you can’t stand the heat, get out of the kitchen!)

Allo maman, bobo! Alain Souchon
Quand on ne supporte pas la chaleur, on sort de la cuisine. Hillary Clinton
Putain, quel changement de voir une FEMME traiter un HOMME comme un chien dans un pays musulman, plutôt que le contraire! Julie Burchill
Les très graves événements qui ont lieu de 1995 à 1998 à la maison d’arrêt de Beauvais, où des cadres et des surveillants ont pu se livrer, en toute impunité, à des exactions répétées – insultes racistes, harcèlement sexuel, tabassages en règle – au sein de la prison, ont montré, de manière terrible, la vulnérabilité des détenus. L’administration n’a diligenté une inspection qu’en traînant les pieds. Le directeur a été révoqué mais le parquet de Beauvais a classé l’affaire sans suite – une manière d’absolution… Prisons: promesses non tenues Le Monde du 10.07.99
PRISONS Un rapport du Comité pour la prévention de la torture stigmatise à nouveau les pratiques de l’administration La France coupable de « traitements inhumains » Le Monde du 07.12.07
Certains semblent croire que nous devrions négocier avec des terroristes et des radicaux, comme si un discours ingénieux suffisait à persuader ces derniers qu’ils se trompent depuis le début. Nous avons déjà entendu cette illusion ridicule par le passé. Lorsque les chars nazis marchaient sur la Pologne en 1939, un sénateur américain avait dit: ‘Monsieur, si seulement nous avions pu parler à Hitler, tout cela ne serait jamais arrivé. Nous avons l’obligation d’appeler cela le confort illusoire de l’apaisement, qui a été discrédité à maintes reprises dans l’Histoire. George Bush (devant le parlement israélien, le 15 mai 2008)
En 1991, nous appelions les démocraties à stopper par tous les moyens – militaires si nécessaires – les boucheries et purifications ethniques inaugurées alors par Slobodan Milosevic en Croatie. Nous fûmes allégrement contredits, à l’époque, par les états-majors, les experts et les gouvernements, sans compter la plupart des leaders politiques. Au bout de huit ans, après 200 000 morts, c’est bien une intervention de l’OTAN qui permit de rapatrier un million de Kosovars. Déjà, à l’époque, les pacifistes nous expliquaient que l’expédition « américaine » contre la Serbie mettrait le monde à feu et à sang. Aujourd’hui, Milosevic s’explique devant un tribunal pour crimes contre l’humanité. Saddam Hussein n’est pas moins mais plus cruel que Milosevic et bien plus dangereux. En diabolisant George W. Bush, « nouveau Satan », « nouvel Hitler » et « nouveau Ben Laden », les manifestants pour la paix du 15 février ont oublié dans leurs protestations le maître de Bagdad, ce grand admirateur de Staline, qui écrase, torture, étouffe son peuple depuis trente ans. Il joue avec le feu au cœur d’une poudrière mondiale, le Moyen-Orient. Il défie la communauté internationale et persiste à ne pas désarmer franchement et radicalement. Il est temps pour lui de quitter la scène. Il faut que le Conseil de sécurité de l’ONU l’y oblige, pacifiquement si possible, militairement s’il n’obtempère pas. (…) Comment ne pas garder en mémoire le génocide des Tutsis au Rwanda (1994) accompli au vu et au su d’une communauté internationale passive. Comment ne pas penser aujourd’hui au martyre du peuple tchétchène alors que l’alliance « morale » franco-allemande érige la Russie en chantre de la paix ! Saddam Hussein n’est sans doute pas le seul dictateur, mais lui, au moins, nous avons la possibilité de le mettre hors d’état de nuire en soutenant la pression des forces anglo-américaines aux frontières de l’Irak. Il serait dommageable de réduire la crise actuelle à un affrontement franco-américain, alors que les points de vue des deux pays auraient pu être complémentaires. Il serait calamiteux que Paris, par gloriole et entêtement, aille au veto, au risque de casser la solidarité occidentale et d’ébranler un peu plus l’Europe (laquelle, rappelons-le, ne se réduit pas au seul axe Paris-Berlin). Que Saddam parte, de gré ou de force ! Les Irakiens, Kurdes, chiites mais aussi bien sunnites respireront plus librement et les peuples de la région en seront soulagés. Après Milosevic, les Balkans ne sont pas le paradis, mais il y règne davantage de paix et moins de dictature. L’après-Saddam ne sera pas rose, mais moins noir que trente années de tyrannie, d’exécutions sommaires et de guerre. Pascal Bruckner, André Glucksmann et Romain Goupil (03.03.03)
Quelle joie de voir le peuple irakien en liesse fêter sa libération et… ses libérateurs ! Il y a quelques mois, la France prétendait canaliser les ardeurs belliqueuses des Etats-Unis dans la « légalité » onusienne. Malheureusement, l’opposition à la guerre a dégénéré en opposition systématique à Washington. A tort ou à raison, nos dirigeants donnèrent le sentiment de protéger Saddam, en s’obstinant dans une partie de bras de fer avec les alliés anglo-saxons. L’amitié fit place à une hostilité ouverte, malgré les sourires diplomatiques et les dénégations valant aveu : « Les Américains ne sont pas nos ennemis »…. Par son intransigeance et la promesse d’un veto « quelles que soient les circonstances », notre pays a divisé l’Europe, paralysé l’OTAN et l’ONU, anéanti les possibilités non militaires de faire céder, par un ultimatum commun et précis, la dictature irakienne. Loin d’éviter la guerre, le « parti de la paix » l’a précipitée en jouant Astérix contre l’Oncle Sam. La France s’est mise hors jeu, ridiculisée. On ne dirige pas une grande nation en s’enivrant de succès médiatiques et de joutes oratoires. A cet égard, Tony Blair, qui prit le risque d’affronter son électorat tout en restant fidèle à ses convictions, s’est révélé un véritable chef d’Etat. La ligne de conduite élyséenne s’est reflétée dans l’opinion publique. Il faudra raconter un jour l’hystérie, l’intoxication collective qui ont frappé l’Hexagone depuis des mois, l’angoisse de l’Apocalypse qui a saisi nos meilleurs esprits, l’ambiance quasi soviétique qui a soudé 90 % de la population dans le triomphe d’une pensée monolithique, allergique à la moindre contestation. Il faudra étudier la couverture partisane de la guerre par les médias – lesquels, à de rares exceptions près, furent moins objectifs que militants, minimisant les horreurs de la tyrannie baasiste pour mieux accabler l’expédition anglo-américaine, coupable de tous les crimes, toutes les fautes, tous les malheurs de la région. (…) Il faudra analyser cette proportion alarmante de Français (33 %) qui, ne souhaitant pas la victoire de la coalition, se prononçaient de facto pour celle de Saddam Hussein. Force est de constater que l’antiaméricanisme n’est pas un accident de l’actualité ou la simple réticence face à l’administration de Washington, mais le credo d’une politique qui soude les uns avec les autres, en dépit de leurs divergences, le Front national et les Verts, les socialistes et les conservateurs, les communistes, les souverainistes… A droite comme à gauche, ils sont rares ceux qui n’ont pas cédé à ce « nationalisme des imbéciles » qui est toujours un symptôme de ressentiment et de déclin. (…) La deuxième guerre du Golfe est un formidable révélateur. Recrudescence de l’antisémitisme et de la haine ethnique, crise économique et sociale, profanation d’un cimetière militaire britannique, passage à tabac des Juifs et des opposants irakiens lors des grandes marches « pacifistes », alliance à revers avec le peu ragoûtant Vladimir Poutine massacreur de Tchétchènes, réception du despote africain Robert Mugabe à Paris, insultes publiques adressées aux pays d’Europe de l’Est coupables de ne pas nous obéir au doigt et à l’œil, notre grande nation n’est pas en train d’écrire une de ses pages les plus glorieuses. (…) L’histoire continue, la France n’en fait-elle plus partie ? Pascal Bruckner, André Glucksmannn et Romain Goupil (14.04.03)
Nous nous sommes en effet retrouvés piégés par le caractère très idéologique du débat franco-français. Face à ceux qui affirmaient : « La guerre est toujours la pire des solutions » ou « Il faut respecter la souveraineté de l’Irak », nous répondions en clamant d’autres grands principes : «droit d’ingérence » et « démocratie ». Nous n’avons pas assez prêté l’oreille à ceux d’entre nous qui, au milieu du vacarme antiaméricain, s’inquiétaient de l’absence de vrais projets politiques, de « building nation », pour l’après-guerre. Hantés par le passé, nous avons vu l’Amérique de 2003 avec les lunettes de 1944. Or George W. Bush n’est pas Franklin D. Roosevelt. Aveuglé par le 11-Septembre, ignorant des réalités du monde, le président américain a conduit son pays et le peuple irakien au désastre. Si nous souhaitons la défaite des terroristes, si nous nous réjouissons de chaque succès de l’armée américaine et de ses alliés en Irak et du recul fragile mais substantiel des violences, nous jugeons très sévèrement aujourd’hui le bilan de l’administration républicaine. George Bush a fait reculer, peut-être pour longtemps, la belle idée de droit d’ingérence, initiée par Bernard Kouchner au Kurdistan au début des années 1990 avec le soutien de François Mitterrand et de Michel Rocard. George Bush a aussi souillé le drapeau américain et l’honneur des démocraties en laissant bafouer les droits de l’homme à Abou Ghraïb et à Guantánamo. Le Meilleur des mondes

« Mea culpa des néoconservateurs français sur l’Irak », exulte Libération:… à quand celui de nos journaleux!

Aveuglés par les guignolades d’Abou Ghraib, ignorant des réalités de la guerre asymétrique (Guantanamo) à travers lesquelles le président Bush aurait « peut-être pour longtemps » « souillé le drapeau américain et l’honneur des démocraties », nos stratèges de salon de la jusque-là courageuse revue Le Meilleur des mondes ont, à l’heure où le président américain rappelle justement le bilan historiquement désatreux de l’apaisement, tourné casaque.

Oubliant au passage que la vraie perversion et le voyeurisme étaient en grande partie du côté de nos propres médias et têtes pensantes qui ont matraqué le monde, jusqu’à la nausée et sans la moindre vergogne, d’images de ce qui n’était en fait que des bizutages un peu appuyés.

Que le droit international n’était tout simplement plus adapté à cette nouvelle race de massacreurs de civils fanatiques jusqu’au suicide et prêts, au nom d’Allah, à toutes les manipulations.

Et surtout qu’une entreprise aussi ambitieuse qu’imposer une certaine modernité et civilisation à un Moyen-Orient aussi arriéré que fanatisé, n’allait nécessairement pas se régler en quelques années, ne serait-ce que le temps que les anciens ex-Baasistes et Sunnites se rendent à l’évidence de leur défaite et se résignent enfin à lâcher un pouvoir qu’ils avaient monopolisé pendant des décennies.

Et ce même si l’édito (que se garde bien de citer, au-delà d’une unique phrase, Libé) est plus nuancé, récusant l’étiquette de néoconservateurs, parlant entre autres de « refuser la double tentation de l’angélisme et du cynisme », avant, plus loin dans la revue… un hommage au père français de la guerre contre-insurrectionnelle David Galula!

Mais peut-être ne fallait-il pas trop attendre de gens qui se revendiquent « liberal » au sens américain et qui appellent probablement de leurs voeux une présidence de monsieur Gnangan en personne: un certain Barack Obama …

Le «Meilleur des mondes» fait son mea culpa sur l’Irak
E.A
Libération
5 mai 2008

Les néoconservateurs français lâchent Bush. Fondé au printemps 2006 dans le but explicite de défendre l’intervention américaine en Irak et de faire entendre une voix sinon pro-américaine, du moins «anti-anti-américaine», la revue le Meilleur des Mondes publie ces jours-ci son numéro 7, qui s’ouvre par un éditorial aux allures de repentance. «Hantés par le passé, nous avons vu l’Amérique de 2003 avec les lunettes de 1944. Or, George W. Bush n’est pas Franklin D. Roosevelt, peut-on y lire. Aveuglé par le 11-Septembre, ignorant des réalités du monde, le président américain a conduit son pays et le peuple irakien au désastre. Si nous souhaitions la défaite des terroristes, si nous nous réjouissons de chaque succès de l’armée américaine et de ses alliés en Irak et du recul des violences, nous jugeons très sévèrement aujourd’hui le bilan de l’administration américaine.»

Le comité de rédaction du Meilleur des mondes réunit des personnalités telles qu’André Glucksmann, Pascal Bruckner, Olivier Rolin, Marc Weitzmann ou Stéphane Courtois.

Voir aussi:

guerre en Irak
Le mea-culpa des intellectuels français pro-Bush
Thierry Leclère
Télérama
07/05/2008

Mieux vaut tard que jamais. La revue “Le Meilleur des mondes”, notamment alimentée par le fleuron intellectuel des transfuges de la gauche soutenant la guerre en Irak, fait volte-face. “Bush n’est pas Roosevelt”, explique-t-elle dans l’édito du numéro de mai. Eh non…

En gymnastique artistique, on appelle cela un flip-flop. L’auteur de la figure, également connue sous le nom de « renversement arrière », peut s’y casser les reins. Dans le domaine des idées, l’exercice est tout aussi acrobatique. Il consiste en une rotation entière… pour exprimer le contraire de ce que l’on pensait quelques années auparavant. Le flip-flop magistral offert dans le numéro de mai de la revue Le Meilleur des mondes risque fort de la qualifier aux prochains jeux Olympiques : voila que les plus inconditionnels soutiens intellectuels français de l’intervention américaine en Irak baissent la garde. Et consacrent un édito entier à leur mea-culpa : « Nous nous sommes en effet retrouvés piégés par le caractère très idéologique du débat franco-français (…). Nous n’avons pas assez prêté l’oreille à ceux d’entre nous qui, au milieu du vacarme antiaméricain, s’inquiétaient de l’absence de vrais projets politiques pour l’après-guerre. Hantés par le passé, nous avons vu l’Amérique de 2003 avec les lunettes de 1944. Or, George Bush n’est pas Franklin D. Roosevelt. Aveuglé par le 11 Septembre, ignorant des réalités du monde, le président américain a conduit son pays et le peuple irakien au désastre, regrette la revue dirigée par Michel Taubmann (également journaliste à Arte-info), proche de l’essayiste André Glucksmann. Nous jugeons très sévèrement aujourd’hui le bilan de l’administration républicaine »… Ouf ! Il n’est jamais trop tard. Même si on l’a échappé belle : Bernard Kouchner, actuel ministre des Affaires étrangères, grand défenseur de l’intervention américaine en Irak, était l’un des compagnons de route du Meilleur des mondes

L’affaire est d’autant plus intéressante que cette revue créée en 2006, en partenariat avec les éditions Denoël, est une butte témoin dans le paysage intellectuel français. Bien qu’elle se défende de rassembler les « néoconservateurs » français, elle regroupe un certain nombre de transfuges de la gauche, mais pas seulement (Pascal Bruckner, Romain Goupil, Pierre-André Taguieff, Stéphane Courtois, Olivier Rolin, Elisabeth Schemla, Marc Weitzmann…), qui ont pour point commun de s’être alignés, après le 11 Septembre, sur les positions de George W Bush : l’Amérique en guerre contre l’« axe du mal ».

Ceux qui souhaiteraient le « replay », afin de mieux revoir au ralenti ce flip-flop artistique, liront la tribune de Pascal Bruckner, André Glucksmann et Romain Goupil  du 14 avril 2003. Les trois signataires, membres, aujourd’hui, du comité éditorial du Meilleur des mondes, louaient alors l’intervention américaine en Irak et n’avaient pas de mots assez durs pour dénoncer « l’anti-américanisme » des Français et « l’ambiance quasi soviétique » qui avait, selon eux, « soudé 90% de la population française dans le triomphe d’une pensée monolithique »…

Voir l’éditorial en question:

EDITO
LE MEILLEUR DES MONDES N°7
été 2008

On peut sans vergogne, dans le paysage intellectuel et politique français, affirmer son admiration pour Robespierre, « l’incorruptible », sa nostalgie du communisme, « une idée généreuse », se réclamer de Che Guevara, « l’idéaliste », de Mao ou de Lénine, des «révolutionnaires ». S’exposant dans le pire des cas à un mélange d’ironie et d’indulgence, l’intellectuel antidémocratique demeure une figure pittoresque de notre patrimoine national, aux côtés de la cathédrale de Chartres et du bleu de Bresse. Pas de pitié en revanche pour les « néoconservateurs » ! En France, ce qualificatif est infamant. Il désigne des gens doublement renégats : à l’égard de la gauche qu’ils auraient abandonnée et à l’égard de la France à laquelle ils préféreraient l’Amérique. C’est le procès qui est fait au Meilleur des mondes. Or jamais notre revue ne s’est réclamée du néoconservatisme ! Mais cela importe peu à nos détracteurs, plus souvent guidés par l’ignorance que par la mauvaise foi. Nos protestations ne sont jamais prises en compte. Notre parole est mise en doute. Notre honnêteté est contestée. Car nous sommes accusés de la pire des fautes : celle d’avoir «soutenu la guerre en Irak ».

« Bellicistes », « va-t-en-guerre », « pro-Bush », ces étiquettes nous collent à la peau. Elles sont blessantes, elles sont agaçantes. Mais surtout elles sont totalement réductrices… La réalité fut bien plus complexe. En 2003, le bien-fondé de l’intervention des États-Unis et de leurs alliés en Irak ne faisait pas l’unanimité parmi ceux qui allaient ensuite se retrouver dans Le Meilleur des mondes. Aucun d’entre nous n’a jamais milité en faveur d’une action unilatérale américaine. Certains ont prôné publiquement une solution concertée entre la France et les États-Unis, dans le cadre de l’Onu. La plupart, tiraillés par le doute, se sont tus. En revanche, nous avons effectivement partagé le même malaise, le même refus face aux manifestations pacifistes qui rejetaient dos à dos George W. Bush et Saddam Hussein, et à l’issue desquelles on brûlait des drapeaux américains et israéliens. Nous avons regretté que la France, faute de chercher à promouvoir une position européenne commune, renforce l’unilatéralisme américain en agitant le chiffon rouge du droit de veto au Conseil de sécurité. Il n’était pas facile alors de se tenir à l’écart d’un consensus national qui, allant de l’extrême gauche à l’extrême droite, réunissait 80 % des Français dans un climat de ferveur patriotique à mi-chemin de l’Union sacrée de 1914 et du «Mondial » de football de 1998. Mais nous l’avons fait au nom des valeurs qui sont les nôtres : les droits de l’homme, la démocratie, l’universalisme, le droit d’ingérence. Nous l’avons fait par solidarité avec le peuple irakien qui dans sa majorité souhaitait le renversement de Saddam Hussein et dont le sort ne préoccupait aucunement le mouvement « anti-guerre ». Notre position de l’époque, nous n’en rougissons pas.

Mais nous devons aussi, sans complaisance à l’égard de nous-mêmes, reconnaître nos erreurs. Nous nous sommes en effet retrouvés piégés par le caractère très idéologique du débat franco-français. Face à ceux qui affirmaient : « La guerre est toujours la pire des solutions » ou « Il faut respecter la souveraineté de l’Irak », nous répondions en clamant d’autres grands principes : «droit d’ingérence » et « démocratie ». Nous n’avons pas assez prêté l’oreille à ceux d’entre nous qui, au milieu du vacarme antiaméricain, s’inquiétaient de l’absence de vrais projets politiques, de « building nation », pour l’après-guerre.

Hantés par le passé, nous avons vu l’Amérique de 2003 avec les lunettes de 1944. Or George W. Bush n’est pas Franklin D. Roosevelt. Aveuglé par le 11-Septembre, ignorant des réalités du monde, le président américain a conduit son pays et le peuple irakien au désastre. Si nous souhaitons la défaite des terroristes, si nous nous réjouissons de chaque succès de l’armée américaine et de ses alliés en Irak et du recul fragile mais substantiel des violences, nous jugeons très sévèrement aujourd’hui le bilan de l’administration républicaine.

George Bush a fait reculer, peut-être pour longtemps, la belle idée de droit d’ingérence, initiée par Bernard Kouchner au Kurdistan au début des années 1990 avec le soutien de François Mitterrand et de Michel Rocard. George Bush a aussi souillé le drapeau américain et l’honneur des démocraties en laissant bafouer les droits de l’homme à Abou Ghraïb et à Guantánamo.

Les principes universalistes dont nous nous réclamons sont-ils pour autant dépassés ? Ce débat agite les milieux intellectuels et politiques tout comme l’opinion sur les deux rives de l’Atlantique. Nous entendons avec inquiétude le traditionnel langage de la realpolitik repris par Nicolas Sarkozy pour justifier les félicitations chaleureuses à Medvedev, président élu en Russie dans des circonstances peu démocratiques, ou l’accueil à Kadhafi venu « s’essuyer les pieds » sur nos principes, comme l’a si bien dit la secrétaire d’État aux Droits de l’homme Rama Yade. Refusant la double tentation de l’angélisme et du cynisme, nous croyons possible de concilier la défense des intérêts légitimes de la France et celle des droits de l’homme.

C’est une tâche difficile. C’est une tâche exaltante. Elle demande beaucoup de réflexion et d’imagination. Le Meilleur des mondes y trouve une de ses raisons d’être pour les années qui viennent. Nous ne pensons pas en effet que la liberté et l’égalité, que la démocratie et la laïcité, que les valeurs des Lumières soient réservées aux seuls Occidentaux. Nous sommes persuadés que le malheur du monde musulman, même s’il a été alimenté par le colonialisme, ne trouvera pas d’issue sans la séparation du religieux et du politique qui a permis aux sociétés occidentales d’accéder à la modernité. Cette vision nous rapproche-t-elle de certains néoconservateurs qui ont rompu avec l’administration Bush ? Bien sûr.

Mais elle nous rapproche aussi de la gauche américaine qui contrairement à son homologue européenne a majoritairement soutenu, au début, l’intervention en Irak. Au Meilleur des mondes, nous n’aimons guère les étiquettes. Et si nous choisissions un drapeau, ce serait plutôt celui du « libéralisme » au sens américain du terme, qui définit une gauche amoureuse de la liberté. Nous aimerions que nos contempteurs nous jugent sur nos idées plutôt que de s’adonner à des caricatures stériles qui masquent mal leur désarroi.

Voir également:

Des soldats américains et britanniques ont engagé le combat contre la tyrannie de Bagdad. Ils sont soutenus par les gouvernements de plusieurs démocraties, telles l’Espagne, l’Australie, la Pologne, la République tchèque et le Danemark. Nous regrettons que la crise irakienne n’ait pas trouvé de solution dans le cadre de l’Organisation des Nations unies. Mais depuis le matin du 21 mars nous sommes entrés dans une autre phase, celle d’une guerre opposant les deux plus anciennes démocraties du monde, Royaume-Uni et États-Unis, à la tyrannie sanglante de Saddam Hussein. Dans cette situation, nous ne pouvons accepter les discours qui renvoient dos à dos George W. Bush et Saddam Hussein. Les pacifistes doivent admettre qu’à partir du déclenchement des hostilités leur combat a changé de nature. En demandant le « cessez-le-feu immédiat » ou « le retrait des troupes américaines d’Irak » avant la défaite de Saddam Hussein, ils ne servent pas la paix, mais le maintien au pouvoir du dictateur de Bagdad. Pour notre part, nous choisissons le camp du peuple irakien. Sa liberté dépend désormais de la victoire des armées anglo-américaines et de la coalition qui les soutient. Nous n’accordons pas pour autant un blanc-seing à l’Administration Bush et souhaitons pour l’après-guerre que le sort de l’Irak soit remis dès que possible entre les mains de ses habitants dans le cadre d’un État fédéral. La liberté et la démocratie ne doivent pas être un luxe réservé aux pays occidentaux. Le peuple d’Irak y a droit lui aussi, comme tous les autres peuples de la région. Nous sommes à ses côtés dans l’attente d’une capitulation sans conditions de la dictature qui l’opprime depuis plus de trente ans.

Avec Washington et Londres, pour le soutien du peuple irakien, Le Figaro du 4 mars 2003

Voir enfin:

Il faut choisir son camp. Bruno Tertrais

Les Américains ne sont pas nos ennemis. On peut les critiquer, mais on ne doit pas faire n’importe quoi avec eux. Moi, je m’inquiéterais de vivre dans un monde où l’Amérique serait affaiblie. (…) Notre point commun à l’Oratoire, c’est l’antitotalitarisme. (…) Notre point commun avec les neo-cons, c’est d’avoir le même ennemi: l’islamisme radical. Michel Taubman

Les Etats-Unis nous ont sauvés à trois reprises : en 1917, en 1944, puis pendant la guerre froide, et c’est là une dette difficile à supporter. C’est un problème, pour un peuple, de se dire qu’il ne s’est pas libéré par lui-même. Pascal Bruckner

Après le nazisme et le communisme, l’islamisme est la troisième tentative de détruire la liberté individuelle.(…) Les juifs qui ont été révolutionnaires sont plus sensibles au gauchisme anti-israélien et antiaméricain, car ils comprennent qu’il y a quelque chose qui les concerne directement. (…) Le gauchisme dépasse son poids électoral. Sur les plateaux télé, on voit en permanence que la gauche est sous pression de l’extrême gauche. André Sénik

Je ne prie pas pour cette paix là (…) Je suis comme tout le monde, ce qui me vient de l’islam, ce sont des images de violence. J’essaie de garder un regard amical, mais c’est difficile. (…) Les pasteurs ne sont pas gauchistes, mais ils sont imprégnés d’une pensée gauchiste. Un certain gauchisme. C’est un peu impressionniste, c’est quelque chose dans l’air. (…) Parmi les choses qui nous ont frappés, il y a eu le 11 septembre 2001, mais aussi la deuxième Intifada, les actes antisémites en France. Florence Taubman

Il peut être désagréable de penser que les Etats-Unis sont extrêmement puissants, mais c’est la réalité. Nous sommes actuellement dans une guerre mondiale et, vu l’état de l’armée française, la France pourrait avoir besoin d’eux un jour pour se défendre. Dans la vie, il ne faut pas se tromper d’ennemi. (…) Villepin a été victime de réflexes qui se rattachent directement à la propagande soviétique en France. Matraquer « US go home » pendant cinquante ans, ça laisse des traces. Stéphane Courtois

Les meilleurs amis de l’Amérique
Eric Aeschimann
Libération
Le 09 mai 2006

Depuis les manifestations contre l’intervention des Etats-Unis en Irak, des intellectuels français, révoltés par l’antiaméricanisme, ont fondé le Cercle de l’Oratoire. Inspirés par les néoconservateurs et pourfendeurs de l’islamisme radical, ils se réunissent à Paris dans un temple protestant.

En 1979, André Senik a enregistré un disque, Chants staliniens. Cela fait longtemps que l’ancien responsable de l’Union des étudiants communistes ne croit pas au « socialisme réel », mais il a envie de rigoler un peu. Il chante avec un copain, des amis font le choeur. Dedans, quelques perles, dont ce petit pamphlet de l’après-guerre, contre le président américain de l’époque : « Les Ricains en Amérique/Et la France en République/Coca-Cola ni whisky/La paix, messieurs les Yankees. » Ou encore : « Ecoutez-vous la radio française/C’est radio Truman qui ment/Dans tous ses mensonges, elle se vautre à l’aise/Pour la joie des banques new-yorkaises. » « On voulait montrer jusqu’où allait la connerie du stalinisme, mais comme on a fait ça très sérieusement, ça a même été vendu à la Fête de l’Humanité ! » Près de deux décennies plus tard, à l’heure de l’Amérique de George W. Bush et de la guerre en Irak, André Senik ne rigole plus du tout : « Etre antiaméricain, c’est être antilibéral. C’est le même refus de la liberté que le nazisme ou le communisme. » Ni plus ni moins.

Professeur de philosophie à la retraite, André Senik fréquente une chapelle étonnante au coeur de Paris: le temple protestant de l’Oratoire. Dans une salle de l’ancienne église donnée par Napoléon aux réformés, se réunit depuis trois ans un groupe informel d’intellectuels et de journalistes, souvent issus de la gauche, mais partis en guerre contre l’antiaméricanisme. Des neo-cons à la française, ces partisans de la «guerre juste» ? Je me vois comme une néoconservatrice de gauche, confie avec un brin de provocation une jeune journaliste qui souhaite garder l ‘anonymat participant depuis le début aux réunions de l’Oratoire. « Les néoconservateurs américains ont été injustement critiqués et je partage certaines de leurs analyses. D’ailleurs, certains sont adhérents du Parti démocrate », ajoute Bruno Tertrais, expert en relations internationales et délégué au secrétariat international du PS. D’autres récusent le terme. Mais tous voudraient que les Français se montrent un peu plus chaleureux avec les cousins américains.

Un noyau dur de convictions

C’était le 14 septembre 2001. La France, comme d’autres pays, avait décrété trois minutes de silence en hommage aux morts des Twin Towers. « Ma femme a fait sonner les cloches du temple, et quand elle est sortie les gens marchaient, klaxonnaient, comme si de rien n’était, se souvient Michel Taubman, encore choqué. Une collègue journaliste est allée à la tour Montparnasse et elle a vu des gens faire des bras d’honneur. » Michel Taubman est journaliste à Arte ; Florence, sa femme, est la pasteure du temple de l’Oratoire. Les manifestations de mars 2003 contre la guerre en Irak ont redoublé leur indignation. « Même au sein de l’Eglise protestante, avec mes collègues pasteurs, il n’y avait plus de débat possible, confie Florence. On nous disait de manifester, de mettre des bougies. Quand je faisais part de mes interrogations, on me renvoyait une image de guerrière. »

C’est pour sortir de cet unanimisme que le couple Taubman a commencé à inviter des connaissances. La jeune journaliste : « J’étais à New York quand il y a eu les attentats. A l’époque, je militais à Attac. Mais, quand j’ai vu qu’Attac publiait un communiqué pour mettre en garde les Etats-Unis contre toute tentation de riposte, j’ai pensé qu’il y avait un problème. L’Oratoire m’a permis de parler librement de tout ça. » Le groupe prend forme peu à peu, avec des intellectuels installés (les philosophes André Glucksmann et Pierre-André Taguieff, l’essayiste Pascal Bruckner, l’universitaire Stéphane Courtois, coauteur du Livre noir du communisme, Jacky Mamou, ancien président de Médecins du monde, Kendal Nezan, président de l’Institut kurde de Paris…) mais aussi de jeunes journalistes, des étudiants. Des personnalités (Bernard Kouchner, Nicolas Baverez, Fadela Amara…) sont régulièrement invitées à débattre. Depuis ce printemps, le groupe publie sa propre revue, le Meilleur des mondes (lire l’encadré).

Si chacun a ses analyses, un noyau dur de convictions les unit, que Michel Taubman formule ainsi : « Les Américains ne sont pas nos ennemis. On peut les critiquer, mais on ne doit pas faire n’importe quoi avec eux. Moi, je m’inquiéterais de vivre dans un monde où l’Amérique serait affaiblie. » Stéphane Courtois : « Il peut être désagréable de penser que les Etats-Unis sont extrêmement puissants, mais c’est la réalité. Nous sommes actuellement dans une guerre mondiale et, vu l’état de l’armée française, la France pourrait avoir besoin d’eux un jour pour se défendre. Dans la vie, il ne faut pas se tromper d’ennemi. » Bruno Tertrais : « Il faut choisir son camp. » Le philosophe allemand Carl Schmitt affirmait que répondre aux deux questions « qui est mon ami ? » et « qui est mon ennemi ? » constitue l’essence de la politique. C’est bien ainsi que Michel Taubman voit le monde : « Notre point commun avec les neo-cons, c’est d’avoir le même ennemi : l’islamisme radical. »

Une obsession antitotalitaire

Car, sans surprise, les «anti-anti-Américains» vivent dans la hantise de l’islamisme, et parfois de l’islam tout court. «Je suis comme tout le monde, ce qui me vient de l’islam, ce sont des images de violence. J’essaie de garder un regard amical, mais c’est difficile», confie Florence Taubman. Dans la petite tribu de l’Oratoire, on parle beaucoup d’«islamo-fascisme», de «fascisme vert», de «totalitarisme islamique». Autant de dénominations choisies pour inscrire l’islamisme dans la lignée du nazisme et du communisme et montrer qu’une nouvelle fois les démocraties sont confrontées au mal absolu. Pour Stéphane Courtois, «nous sommes repartis pour un nouveau tour de totalitarisme». «Après le nazisme et le communisme, l’islamisme est la troisième tentative de détruire la liberté individuelle», juge André Sénik.

Difficile de ne pas voir dans cette analyse quoi qu’on en pense sur le fond la trace de l’expérience politique de ceux qui la formulent. Sénik et Courtois, communistes repentis, pourfendent depuis trois décennies les crimes du stalinisme. André Glucksmann, ancien maoïste, s’est rendu fameux en défendant les boat people. Michel Taubman a été formé chez les trotskistes, tendance « pabliste », où l’on a toujours dénoncé le goulag. « Notre point commun à l’Oratoire, c’est l’antitotalitarisme », assure-t-il. Voilà l’équation posée : être anti-anti-Américain, c’est être anti-islamiste, donc antitotalitaire. CQFD. A une réserve près : et si l’envie de prolonger la posture antitotalitaire faisait voir dans Al-Qaeda et le terrorisme islamique non pas une grave menace et un risque majeur, mais la réincarnation du mal absolu ?

L’imprégnation gauchiste

Mais, experts de la région mis à part, la réalité du monde musulman n’est pas ce qui préoccupe le plus le club de l’Oratoire. Ni celle de l’Amérique d’ailleurs. Paradoxalement, la question centrale y est la France. Michel Taubman le reconnaît volontiers : « La question américaine est importante parce que c’est une question posée à la France. » Pascal Bruckner a souvent écrit sur le sujet. A ses yeux, « les Etats-Unis nous ont sauvés à trois reprises : en 1917, en 1944, puis pendant la guerre froide, et c’est là une dette difficile à supporter. C’est un problème, pour un peuple, de se dire qu’il ne s’est pas libéré par lui-même ». Avec subtilité, Glucksmann devine dans l’antiaméricanisme l’esquisse d’un « isolationnisme français ». C’est « un mal français », résume Michel Taubman et on sourit d’entendre un ancien gauchiste reprendre une expression dont Alain Peyrefitte, figure de la droite musclée des années 70, s’était servi en son temps comme titre d’un ouvrage tonitruant. Hasard. Mais peut-être, aussi, volonté de rupture avec une gauche qui, depuis trente ans, n’a cessé de se heurter à ses propres contradictions.

Au rayon de leurs ennemis, les « oratoriens » glissent facilement de l’islamisme à « l’islamo-gauchisme », puis au gauchisme tout court. Le sujet les rend intarissables. André Sénik : « Le gauchisme dépasse son poids électoral. Sur les plateaux télé, on voit en permanence que la gauche est sous pression de l’extrême gauche. » La droite aussi : on aurait pu croire que Dominique de Villepin, dans son fameux discours à l’ONU, avait tout bonnement repris la vieille ficelle gaullienne consistant à dénigrer l’Anglo-Saxon pour se rehausser soi-même. Non, pour Stéphane Courtois, il a été victime de « réflexes qui se rattachent directement à la propagande soviétique en France. Matraquer « US go home » pendant cinquante ans, ça laisse des traces ». Même la vénérable Fédération protestante de France serait infiltrée : « Les pasteurs ne sont pas gauchistes, mais ils sont imprégnés d’une pensée gauchiste, assure Florence Taubman. Un certain gauchisme. C’est un peu impressionniste, c’est quelque chose dans l’air. »

Le prisme israélien

Pour étayer son propos, la pasteure déplore que les protestants aient pris l’habitude de donner systématiquement raison aux Palestiniens contre les Israéliens. L’exemple n’est pas fortuit, bien sûr. La question israélienne est la dernière grande préoccupation des « oratoriens ». Si Florence Taubman a été élevée dans un milieu catholique avant de se convertir au protestantisme, son mari, lui, est juif, comme un bon nombre d’« oratoriens ». « Parmi les choses qui nous ont frappés, il y a eu le 11 septembre 2001, mais aussi la deuxième Intifada, les actes antisémites en France », relève-t-il. André Sénik a son explication sur cette spécificité : « Les juifs qui ont été révolutionnaires sont plus sensibles au gauchisme anti-israélien et antiaméricain, car ils comprennent qu’il y a quelque chose qui les concerne directement. » Néanmoins, le prisme israélien n’empêche pas l’assemblée de compter aussi des musulmans, comme Mohammed Abdi, secrétaire général de l’association Ni putes ni soumises : « J’ai manifesté contre la guerre en Irak, je suis propalestinien, mais je reconnais Israël et je pense qu’il faut avoir le courage de discuter avec le sionisme. Et puis, en tant que militant des banlieues, j’ai été très blessé par l’émergence de l’antisémitisme dans les quartiers. »

Jusqu’où iront les « anti-anti-Américains » ? Les sévices de la prison irakienne d’Abou Ghraib les ont profondément divisés. « Des à-côtés inévitables d’une guerre », juge Stéphane Courtois. Avec de telles méthodes, la guerre cesse d’être juste, a plaidé la philosophe Monique Canto-Sperber. La notion de « guerre juste » a été discutée longuement. Mais, à trop se laisser envoûter par les questions militaires, le groupe de l’Oratoire semble oublier de se demander ce que pourrait être un monde juste. Et une France juste. A l’occasion du CPE, les anciens clivages qu’ils affirment obsolètes ont resurgi. Un André Glucksmann (et d’autres) était radicalement contre ; un André Sénik (et d’autres) aurait voulu que Villepin tienne bon. Preuve que la politique ne saurait se réduire à la seule définition de « l’ennemi ». Sauf dans les chants.

2 Responses to Irak: Les derniers stratèges de salon tournent casaque (If you can’t stand the heat, get out of the kitchen!)

  1. […] illusoire de l’apaisement, qui a été discrédité à maintes reprises dans l’Histoire. George Bush (devant le parlement israélien, le 15 mai […]

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  2. vinel dit :

    A la « lumière de ce commentaire » je mesure combien,l’ouverture des archives françaises relatives à la période des deux guerres mondiales notamment des années 1910 à 50 est restée étrangère(ou veulent ils l’ignorer)à de très nombreuses personnes qui prétendent donner des orientations aux citoyens .
    L’anti américanisme peut être une idéologie ,le pro américanisme en une autre.
    Le regard appuyé,précis ,intelligent sur les archives, sur les faits passés avérés, qui construisent notre politique , nos orientations personnelles relatives à politique intérieure et internationale amène à des vérifications et positionnements vérifiés en permanence.
    Ceux ci induisent résistance,ne serait ce qu’intellectuelle,à des injonctions puissantes extérieures et hors de l’intérêt général et du pays.Les rigidités dans les analyses anciennes de nombreux membres de cette asso sont les structures mentales et psychiques de ce jour.
    Une psychanalyse permettant de remettre le compteur à zéro exige la pleine conscience des aberrations vécues et une profonde conviction que le problème majeur est en soi et non chez les autres .

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