Rio 2016: Attention, un berlinisme peut en cacher un autre (The Games must go on: From Berlin to Munich and Rio, it’s all about appeasement)

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Putin-BachL’attentat de Nice est le premier attentat en France au cours duquel des enfants ont été tués. Najat Vallaud-Belkacem (ministre de l’Education nationale)
Le 19 mars 2012, ce qui n’est quand même pas si vieux, Mohamed Merah se plaça devant l’école Ozar Hatorah de Toulouse. D’une balle dans la tête, il tua trois enfants juifs. Un crime abject qui horrifia la France. Toute la France et donc vraisemblablement,  un peu Najat Vallaud-Belkacem qui n’était pas encore ministre. La ministre de l’Éducation nationale est un être humain. Et comme tous les êtres humains, elle a la mémoire sélective. Pas besoin de convoquer des sommités de la psychanalyse pour savoir que, le plus souvent inconsciemment, notre cerveau fait le tri entre ce qu’il a envie de retenir et ce qui est voué par lui à l’oubli. Le cerveau de la ministre de l’Éducation nationale a donc fait normalement son travail. Il y a en France quelques personnes pour lesquelles les enfants juifs de Toulouse ne sont que des victimes collatérales, et donc de peu d’importance, du conflit israélo-palestinien. Najat Vallaud-Belkacem en fait-elle partie ? Pour Najat Vallaud-Belkacem, voici les prénoms des enfants assassinés à Toulouse : Myriam, 8 ans, Gabriel, 6 ans, Arieh, 5 ans. Benoît Rayski
Après l’assassinat de caricaturistes, après l’assassinat de jeunes écoutant de la musique, après l’assassinat d’un couple de policiers, après l’assassinat d’enfants, de femmes et d’hommes assistant à la célébration de la fête nationale, aujourd’hui l’assassinat d’un prêtre célébrant la messe…. Collectif franco-musulman
Jusqu’au dernier moment, le Führer et moi-même avons terriblement redouté […] que les trois grandes démocraties de l’Ouest ordonnent à leurs délégations de se retirer […] Vous vous rendez compte: quel coup!… Goebbels
On m’a assuré par écrit […] qu’il n’y aura pas de discrimination envers les Juifs. Vous ne pouvez pas demander plus que ça et je pense que cette promesse sera tenue. Avery Brundage (Berlin, 1936)
Les Jeux doivent continuer. Avery Brundage (Münich, 1972)
Les cérémonies d’ouverture n’ont pas une atmosphère qui se prête aux commémorations de ce genre. Jacques Rogge (Londres, 2012)
Le CIO n’est pas responsable du fait que différentes informations qui ont été offertes à l’Agence mondiale antidopage (AMA) il y a quelques années n’ont pas été suivies d’effets. Le CIO n’est pas non plus « responsable de l’accréditation ou de la supervision des laboratoires antidopage. Donc le CIO ne peut être tenu responsable ni du timing ni des raisons des incidents auxquels nous devons faire face à seulement quelques jours des Jeux. Thomas Bach (président du CIO, Rio, 2016)
Ce rapport parle d’un dopage d’Etat, de manipulation des résultats, de permutations d’échantillons avant Londres 2012. C’est ça le rapport et les gens semblent avoir complètement raté ça. Richard Mclaren
On est face à un système généralisé de dopage dans ce pays. On l’a vu avec l’athlétisme, mais avec le rapport McLaren, on le voit avec tous les autres sports. Je ne comprends pas cette décision. Le CIO avait là l’occasion d’être ferme, de donner un vrai signal. Parce qu’aujourd’hui, le dopage gangrène tous les sports. Et finalement, il s’en remet aux fédérations internationales (elles devront décider au cas par cas de la participation des athlètes russes, ndlr). C’est un manque de responsabilité. C’est dommage parce que les valeurs de l’olympisme et du sport ne sont pas défendues. (…) Il faudrait peut-être plus de courage. Je crois que c’est ce qui a manqué au CIO aujourd’hui. C’est dramatique pour le sport, pour l’image du sport, pour l’image des Jeux olympiques. Je ne comprends pas ce qu’il faut faire de plus ! On ne peut rien faire de plus ! Ce rapport était excellent, l’enquête a été longue et donnait un certain nombre de preuves du dopage organisé. (…) Finalement, la seule fédération courageuse a été la nôtre, la fédération internationale d’athlétisme, qui a réussi à le faire à l’unanimité de ses membres et qui a exclu les Russes de ces Jeux olympiques. On ne pourra pas rester seuls longtemps. Il faudra un jour que le mouvement olympique, peut-être les autres fédérations internationales, se mobilisent aussi contre ce poison qu’est devenu aujourd’hui le dopage. Bernard Amsalem (président de la Fédération française d’athlétisme et vice-président du Comité national olympique et sportif)
Richard McLaren, juriste canadien, avait été chargé d’une enquête en mai par l’Agence mondiale antidopage (AMA), suite aux accusations de Grigori Rodtchenkov, l’ancien patron du laboratoire antidopage russe, portant sur les Jeux olympiques d’hiver de Sotchi. Selon ce rapport, rendu public ce lundi, la Russie a mis en place un «système de dopage d’état». Un «système d’escamotage des échantillons positifs» a été élaboré par le laboratoire de Sotchi, toujours selon ce rapport. Le ministère des sports russe est en outre accusé d’avoir «contrôlé, dirigé et supervisé les manipulations, avec l’aide active des services secrets russes». Ce rapport ajoute même que des échantillons des Mondiaux de Moscou 2013 ont été échangés… Reste à savoir quelles incidences ces révélations pourraient avoir sur l’engagement des Russes aux Jeux olympiques de Rio, l’été prochain. Les athlètes russes ont déjà été écartés des Jo de Rio, sous réserve de la décision du TAS en fin de semaine. Mais, les Etats-Unis et le Canada réclament désormais l’exclusion totale des sportifs russes pour les JO de Rio dans trois semaines. Le Figaro
A moins de deux semaines du début des JO de Rio (5 au 21 août), on ne pourra pas décerner la médaille du courage au Comité international olympique (CIO). Dimanche 24 juillet, le CIO a estimé que le rapport de Richard McLaren, publié le 18 juillet, qui accusait la Russie d’avoir mis en œuvre un « système de dopage d’Etat », n’apportait « aucune preuve » contre le Comité national olympique russe (COR). Le CIO a donc décidé de ne pas suspendre le COR. Mettant en avant le respect de la charte olympique et de la « justice individuelle », il laisse le soin à chaque fédération internationale sportive de juger quels athlètes russes sont éligibles ou non. (…) Une autre aberration est le sort réservé à Ioulia Stepanova, cette athlète russe spécialiste du 800 m, qui se voit interdire de participer aux Jeux de Rio. Aujourd’hui exilée aux Etats-Unis, elle a permis, avec son mari Vitali, de mettre au jour, dès 2014, l’existence d’un dopage institutionnalisé en Russie. Le signal envoyé par le CIO ne manquera pas d’inquiéter les lanceurs d’alerte potentiels comme ceux qui luttent pour un sport plus propre. Il en a fallu des contorsions à la commission exécutive du CIO pour reconnaître que « le témoignage et les déclarations publiques de Mme Stepanova ont apporté une contribution à la protection et à la promotion des athlètes propres, au fair-play, à l’intégrité et à l’authenticité du sport », tout en refusant d’accéder à sa demande, appuyée par la Fédération internationale d’athlétisme, de concourir comme athlète neutre. Arguant du fait qu’elle est une ancienne dopée, le CIO lui a refusé ce droit. Mais, pour lui « exprimer sa reconnaissance », il l’invite à assister à la compétition depuis les tribunes… Elle pourra admirer la foulée du sprinteur américain Justin Gatlin, épinglé deux fois pour prise de produits interdits et qui a toujours nié la moindre faute. Comprenne qui pourra. (…) La situation est ubuesque. Le CIO a fait preuve d’une passivité confinant à la lâcheté vis-à-vis de la Russie. Il est de notoriété publique que M. Bach et Vladimir Poutine entretiennent de bonnes relations. Le chef d’Etat russe a été un des premiers à féliciter M. Bach de son élection en 2013. On peut s’interroger sur le fait que le CIO n’a pas ouvert d’enquête sur le COR alors que les scandales de dopage autour de la Russie se sont multipliés. Le ministre russe des sports, Vitali Moutko, ne s’y est pas trompé en saluant une décision « objective ». La fête olympique a déjà perdu une grande partie de son crédit. Le Monde (Rio 2016 : les coupables lâchetés du CIO, 25.07.2016)
En mai 2012, Jacques Rogge président du Comité international olympique s’oppose à la commémoration, par une minute de silence durant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’été de 2012 des 40 ans de l’assassinat de onze athlètes israéliens. Le rejet de cette demande de commémoration formulée par Israël, la Maison-Blanche, le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, et de nombreux parlements et personnalités à travers le monde a suscité une vive polémique et de nombreuses critiques. Wikipedia
Après la controverse suite au refus du Comité international olympique (CIO) de faire respecter une minute de silence en souvenir de l’attentat des JO de Munich en 1972, un incident a semé l’émoi autour de la délégation de l’État hébreu. Vendredi , un article du quotidien britannique The Telegraph (l’article a été supprimé le 1er août, ndlr) relatait la façon dont s’était déroulé l’entraînement entre des judokas libanais et israéliens. Dans cet article, le porte-parole du comité olympique israélien Nitzan Ferraro décrivait ainsi la séance: «Nous commencions à nous entraîner quand ils [la délégation libanaise de judo] sont arrivés et nous ont vus. Ils n’ont pas apprécié et sont allés voir les organisateurs qui ont placé une sorte de mur entre nous». Selon l’agence de presse Reuters, la délégation libanaise n’avait pas donné d’explication à cette demande. Depuis, la fédération internationale de judo a donné sa version des faits: «Cela est tout simplement faux. Ce qui s’est réellement passé c’est qu’une des deux équipes s’entraînait déjà lorsque la deuxième est arrivée. La première équipe avait tout simplement oublié de réserver la salle. En voyant cela, les deux équipes se sont mises d’accord pour partager la salle afin qu’elles puissent toutes les deux s’entraîner et se préparer en même temps. Tout s’est déroulé le plus simplement et le plus naturellement du monde, sans refus quel qu’il soit» a expliqué Nicolas Messner, le directeur médias de la FIJ . La question du boycott des sportifs israéliens, plusieurs fois évoqué lors de compétitions internationales, est une question ultra-sensible. Avant le début de la compétition olympique, elle avait été été soulevée en Algérie, qui ne reconnaît pas l’État juif. En juin, Rachid Hanifi, président du comité olympique algérien déclarait au Times qu’il ne pouvait garantir que ses athlètes acceptent de combattre un Israélien, soulignant qu’il s’agissait d’une décision sportive et politique. Il faisait référence à deux athlètes qui devaient affronter des Israéliens: le kayakiste Nassredine Bagdhadi s’est retiré d’une course un mois plus tôt en Allemagne, sous la pression du ministre algérien des Sports et la judokate Meriem Moussa a déclaré forfait lors de la Coupe du monde de judo féminin en octobre 2011.  Le 26 juillet, le judoka iranien Javad Mahjoub a invoqué une indisponibilité de 10 jours pour cause de douleurs intestinales alors qu’il devait affronter le plus titré des judokas israéliens Ariel Ze’evi à Londres. Selon le Washington Post , l’Iranien avait admis en 2011 au quotidien national Shargh avoir délibérément perdu face à un adversaire lors d’une compétition pour ne pas rencontrer un Israélien au tour suivant: «Si j’avais gagné, j’aurai dû combattre contre un athlète d’Israël. Et si j’avais refusé de concourir, on aurait suspendu ma fédération de judo pour quatre ans», avait-il déclaré. Une situation que le CIO prend très sérieusement, mettant en garde le comité algérien et les autres délégations contre ces pratiques aux Jeux de Londres. Quatre jours avant la cérémonie d’ouverture, Denis Oswald, le président de la commission de coordination des JO a déclaré: «C’est quelque chose qui s’est déjà produit. Pas officiellement, mais des athlètes se sont retirés soi-disant sur blessures alors qu’ils devaient affronter des athlètes israéliens. Si ce genre de comportements était avéré, des sanctions seraient prises contre l’athlète mais aussi contre le comité national olympique (CNO) et le gouvernement [du pays concerné], car le plus souvent ce ne sont pas des décisions individuelles. Nous aurons un comité d’experts médicaux indépendants qui s’assurera qu’il s’agit bien de blessures.» Selon le journal israélien Yediot Aharonot , après la déclaration polémique en juillet d’un représentant du football égyptien selon lequel «aucun Egyptien ou arabe ne voudra défier Israël, même s’il existe des accords internationaux», le comité national égyptien a voulu couper court au débat. Et de rappeler qu’il respecterait la charte olympique qui stipule que «toute forme de discrimination à l’égard d’un pays ou d’une personne fondée sur des considérations de race, de religion, de politique, de sexe ou autres est incompatible avec l’appartenance au Mouvement olympique.» Par le passé, plusieurs athlètes d’Iran, ennemi revendiqué d’Israël, ont déjà été soupçonnés de boycott. Aux jeux d’Athènes en 2004, le judoka iranien Arash Miresmaeili avait été disqualifié pour avoir dépassé de cinq kilos la limite de poids autorisée alors qu’il devait affronter l’Israélien Ehoud Vaks. Soupçonné d’avoir voulu masquer un boycott par ce surpoids – il avait évoqué une indisposition – il n’a finalement pas été sanctionné par les instances officielles qui ont considéré suffisant le certificat médical avancé, conformément au règlement. Son pays lui a versé 115.000 dollars de prime selon le Washington Post , somme normalement remise aux vainqueurs. À Pékin en 2008, le nageur iranien Mohamed Alirezaei s’était senti malade avant son 100m brasse disputé également par l’Israélien Tom Be’eri. Après avoir fait un court passage à l’hôpital de Pékin, il n’avait pas été sanctionné par le comité olympique. Le sportif, coutumier du fait, avait déjà déclaré forfait aux championnats du monde de natation de Rome en 2009 face à l’Israélien Michael Malul et à Shanghai en 2011 face à Gal Nevo. Le Figaro
Avery Brundage (…) est le cinquième président du Comité international olympique (CIO), en fonction de 1952 à 1972. (…) En tant que dirigeant sportif aux États-Unis, il combat fortement le boycott des Jeux olympiques d’été de 1936 organisés en Allemagne dans le contexte du nazisme et de la persécution des Juifs. Brundage amène avec succès une équipe américaine aux Jeux, mais la participation de cette dernière est controversée. Il est élu membre du CIO cette année-là et devient rapidement une figure majeure du mouvement olympique. Il devient le premier président non-européen du CIO en 1952. Au poste de président, Brundage défend l’amateurisme et combat la commercialisation des Jeux olympiques, bien que ses positions soient vues comme déconnectées du sport moderne. Ses derniers Jeux en tant que président, organisés à Munich en 1972, sont marqués par la polémique : à la cérémonie commémorative suivant le meurtre de onze athlètes israéliens par des terroristes, Brundage décrie la politisation du sport et, refusant d’annuler les épreuves restantes, déclare que « les Jeux doivent continuer ». Cette phrase est applaudie par le public, mais la décision de poursuivre les Jeux sera fortement critiquée par la suite. Ses actions en 1936 et 1972 seront vues comme des marques d’antisémitisme. (…) Des appels à déplacer ou boycotter les Jeux sont lancés pour protester contre la persécution des Juifs. En tant que chef du mouvement olympique aux États-Unis, Brundage reçoit des lettres et des télégrammes lui demandant d’agir en ce sens. En 1933 et 1934, le CIO agit pour garantir des Jeux ouverts à tous et sans discrimination raciale ou religieuse. Le président du CIO, le comte Henri de Baillet-Latour, écrit à Brundage en 1933 : « Je n’affectionne pas personnellement les Juifs, mais je ne les importunerai d’aucune façon». (…) Baillet-Latour s’oppose au boycott, tout comme Brundage, qui a appris en 1933 qu’on envisageait de l’élire au CIO. (…) Les Nazis ne respectent pas leurs engagements de non-discrimination dans le sport puisque des Juifs sont expulsés de leurs clubs sportifs. En septembre 1934, Brundage se déplace en Allemagne pour s’en rendre compte personnellement. Il rencontre des officiels du gouvernement, mais il n’a pas l’autorisation de rencontrer individuellement des responsables sportifs juifs. À son retour, il déclare : « On m’a assuré par écrit […] qu’il n’y aura pas de discrimination envers les Juifs. Vous ne pouvez pas demander plus que ça et je pense que cette promesse sera tenue».  (…) L’athlète afro-américain Jesse Owens, quatre fois champion olympique, est une des sensations des Jeux. D’après certains articles de presse américains, Hitler a quitté le stade au lieu de lui serrer la main. Ce n’est pas vrai : Hitler a été conseillé par le président du CIO Baillet-Latour de ne pas serrer les mains des vainqueurs s’il n’était pas prêt à le faire avec tous les médaillés d’or. (…) L’équipe américaine du relais 4 × 100 mètres provoque une autre controverse qui implique peut-être Brundage. L’équipe prévue comprend Sam Stoller et Marty Glickman, tous deux juifs. Après la troisième médaille d’or d’Owens, ils sont écartés de l’équipe en faveur d’Owens et de Ralph Metcalfe, également afro-américain. L’entraîneur américain pour la piste, Lawson Robertson de l’université de Pennsylvanie, annonce à Stoller et Glickman que les Allemands ont amélioré leur équipe et qu’il est important d’avoir l’équipe la plus rapide possible. Les Américains battent le record du monde dans les séries et la finale pour s’adjuger la médaille d’or. Les Italiens sont deuxièmes et les Allemands troisièmes. Ni Stoller ni Glickman (qui étaient les seuls Juifs de l’équipe américaine sur piste et les seuls athlètes de l’équipe envoyée à Berlin à ne pas concourir) ne croit à la raison indiquée pour leur remplacement ; Stoller écrit dans son journal qu’ils ont été éliminés du relais car deux autres participants, Foy Draper et Frank Wykoff, ont été entraînés par un des assistants de Robertson à l’université de Californie du Sud. Glickman concède que le favoritisme en fonction du collège est une raison possible, mais pense que l’antisémitisme est plus probable. Il durcit sa position dans les années à venir : d’après lui, ils ont été remplacés pour ne pas embarrasser Hitler qui aurait vu des Juifs, en plus des Afro-Américains, remporter des médailles d’or pour l’équipe américaine sur piste. Il pense que Brundage était derrière ce remplacement. Celui-ci nie toute implication dans la décision, ce qui reste controversé. Glickman effectue une longue carrière de commentateur sportif, et reçoit le premier prix Douglas MacArthur (pour l’ensemble de ses actions dans le domaine du sport) en 1998, après la mort de Stoller, du comité olympique des États-Unis (successeur de l’AOC). Dans son compte-rendu publié après les Jeux, Brundage qualifie la controverse d’« absurde » : il remarque que Glickman et Stoller ont terminé cinquième et sixième des qualifications olympiques à New York et que la victoire américaine a confirmé la légitimité de la décision de les avoir exclus de l’équipe. Wikipedia
Son Ki-chong remporte le marathon en 2 heures 29 min 19 s, nouveau record olympique, avec deux minutes d’avance sur le Britannique Harper. Son compatriote Nam Seung-yong, lui aussi avec un nom japonisé (Nan Shoryu), finit troisième, après une dure lutte contre la course d’équipe des Finlandais, qui firent tout pour le déstabiliser. Le premier Allemand, qui figurait pourtant parmi les favoris de la course, finit 29e. Sur le podium, les deux Coréens ont la tête baissée lorsque l’hymne japonais est joué. Son Ki-chong a toujours dit avoir porté le maillot du Japon, mais avoir remporté le marathon pour la Corée. Dès le lendemain, le quotidien de Séoul Dong-a Ilbo (동아일보, Le quotidien d’Extrême-Orient en caractères hangul) titre : « Victoire coréenne à Berlin », ce qui lui vaut neuf mois de suspension par l’occupant japonais. Le quotidien avait illustré son article d’une photo des deux Coréens sur le podium, médaillés mais tête baissée, et avec le drapeau japonais effacé sur leur survêtement. Dix responsables du journal furent également arrêtés. Son arrête sa carrière au lendemain des JO de 1936, refusant de courir sous les couleurs japonaises, et préférant lutter pour l’indépendance de son pays. Il eut ensuite une carrière d’entraîneur de l’équipe nationale. En 1948, aux JO de Londres, il est porte-drapeau de la délégation coréenne. Wikipedia
Glickman et Stoller sont les deux seuls membres de l’équipe américaine olympique n’ayant pas concouru après être arrivés à Berlin ; dans l’histoire des États-Unis aux Jeux olympiques, il est extrêmement rare que des athlètes non blessés ne participent à aucune course. Wikipedia
Glickman a reçu de son vivant, en 1998, un prix du comité olympique américain, une sorte de repentance pour l’affront de 1936. Le prix a été décerné à titre posthume à Stoller. La mort de Glickman en janvier 2001 lui a épargné un chagrin bien plus colossal, précise sa fille : son petit-fils, Peter Alderman, 25 ans, travaillait dans le World Trade Center et a trouvé la mort lors des attaques terroristes du 11 Septembre. The Times of Israel
Jesse Owens est entré dans l’histoire en remportant 4 médailles d’or aux Jeux Olympiques de Berlin, en 1936. Pourtant, il ne devait participer qu’à 3 épreuves: 100 mètres, 200 mètres, saut en longueur. En effet, depuis 1924, les États-Unis alignaient traditionnellement leurs 3 meilleurs représentants sur 100 mètres, les 4 suivants disputant le relais 4 fois 100 mètres. Associés à Foy Draper et Frank Wykoff, Sam Stoller et Marty Glickman devaient disputer cette épreuve. Or ces deux derniers étaient juifs. Certains dirigeants américains, dont Avery Brundage, le futur président du Comité international olympique (C.I.O.), jugèrent bon, pour des raisons non avouables, de les exclure et de les remplacer par Jesse Owens et Ralph Metcalfe. Owens intercéda en faveur de ses camarades, demanda, en vain, que Marty Glickman et Sam Stoller soient réintégrés. Mais, malgré ses récriminations, les dirigeants américains demeurèrent inflexibles. Jesse Owens s’adjugea donc contre son gré une quatrième médaille d’or dans ce relais 4 fois 100 mètres. Avec ses coéquipiers, il établit un record du monde qui allait tenir 20 ans (39,8 s). Mais cette médaille avait un goût amer pour Jesse Owens. Pierre Lagrue
Ils lui ont coupé les parties génitales à travers ses sous-vêtements et ont abusé de lui. Pouvez-vous imaginer les neuf autres assis autour de lui, ligotés, contraints à voir cela? Ilana Romano 
Plus de 40 ans après l’assassinat de 11 athlètes israéliens aux Jeux d’été à Munich, un nouveau film documentaire et un article du New York Times exposent la torture brutale que les victimes ont enduré avant leur décès tragiques. La terrible cruauté avec laquelle les terroristes de Septembre Noir traitaient les athlètes israéliens qu’ils avaient kidnappés aux Jeux olympiques de Munich en 1972 a été dévoilée, dans un nouveau long métrage documentaire et dans un article du New York Times, présentant des interviews avec les épouses de deux des victimes. Le film, « Munich 72 et au-delà », et les interviews, donnent lieu à d’horribles détails sur les derniers moments qu’ont vécu les athlètes, inconnus du public jusqu’à maintenant. Ilana Romano, veuve de l’haltérophile Yossef Romano, et Ankie Spitzer, veuve de l’entraîneur d’escrime Andre Spitzer, ont parlé de la torture qu’on enduré les athlètes, des détails qui n’ont pas été connus auparavant. Elles ont affirmé que les familles des athlètes n’ont eu connaissance des détails seulement 20 ans après le massacre, quand l’Allemagne communiqua des centaines de pages de détails sur ce qui s’était passé. (…) Yossef Romano a été abattu alors qu’il tentait de combattre les terroristes au début de leur attaque. Ils l’ont laissé saigner devant les yeux de ses collègues athlètes, et l’ont castré. Les autres ont été brutalement battus. Ils ont été tués lors d’un raid raté par les forces allemandes près de l’aéroport de Munich, où les ravisseurs ont emmené les victimes. (…) Les familles ont tout mis en oeuvre pour que les victimes soient commémorées lors de tous les Jeux Olympiques. Leurs requêtes ont été rejetées par le Comité international olympique (CIO), mais maintenant, avec l’aide de son nouveau président, Thomas Bach (un homme allemand), les athlètes israéliens seront commémorés grâce à un mémorial de Munich. Leurs noms seront également cités pendant les Jeux olympiques d’été 2016 à Rio de Janeiro, au Brésil. Eretz aujourd’hui
Le massacre de la jeunesse chinoise sur Tiananmen était vieux d’à peine douze ans quand le Comité international olympique, en juillet 2001, attribua à Pékin l’organisation des Jeux de la XXIXe olympiade. Pourquoi s’embarrasser de souvenirs désagréables quand il s’agit de faire «toujours plus fort»? 1 Les droits de l’homme grossièrement bafoués? La misère abjecte des paysans chinois de l’intérieur? Les déplacements de population campagnarde suite au barrage des Trois-Gorges? Et dans la capitale, la destruction de pans entiers de quartiers historiques au nom des jeux «Le CIO ne se préoccupe que de sport et les Jeux de Beijing en seront l’apothéose!» Ainsi se dérobent les instances olympiques devant les questions embarrassantes de l’heure. Un précédent bien plus lourd de sens cependant entache de manière indélébile le drapeau blanc frappé des cinq anneaux. Celui des Jeux olympiques de 1936, accordés à l’Allemagne en 1931, puis encouragés et défendus contre vents et marées, malgré l’installation du régime nazi d’Adolf Hitler en 1933. Des jeux célébrés avec la bénédiction des hautes instances olympiques et hélés comme des jeux exemplaires. La Française Monique Berlioux (…) a pris ses premières fonctions au Comité international olympique en 1967. Elle en devint directeur 2 de fin 1968 à 1985 au siège de Lausanne. (…) Un différend majeur autour du pouvoir réel l’opposa au président élu en 1980 Juan Antonio Samaranch et conduisit à sa démission de ce poste éminent. (…)  La redoutable ancienne journaliste a ainsi entrepris de relater comment le Comité international olympique s’est compromis honteusement devant l’Histoire avec les Jeux olympiques de 1936. Elle vient de publier deux tomes volumineux intitulés Des Jeux et des Crimes, 1936. Le piège blanc olympique).  La thèse de l’auteur tient en peu de mots: si les puissances victorieuses de la Première Guerre mondiale, la Grande-Bretagne, la France et surtout les Etats-Unis, avaient boycotté les Jeux d’hiver de Garmisch-Partenkirchen, compromettant ainsi les Jeux de Berlin 4 l’été suivant, le régime hitlérien en aurait été ébranlé assez pour retarder, sinon éviter les horreurs de la Seconde Guerre mondiale. «Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, écrit-elle, le sport aurait été la plus grande des forces politiques internationales, la plus efficace des armes humaines ». (…) Vingt-sept délégations participent à ces jeux hivernaux, prélude fastueux, organisé de main de maître, aux jeux de la XIe Olympiade qui se tiendront au mois d’août à Berlin. Toutes les équipes, qui défilent devant le chancelier nazi, inclinent leur drapeau national devant lui et lèvent le bras dans un «salut olympique» moins à l’équerre qu’oblique, et parfois franchement nazi. Toutes sauf trois: la Suisse, la Grande-Bretagne, et les Etats-Unis. La France, elle, s’est exécutée comme les autres. «Les Français déclenchèrent un enthousiasme surprenant et assourdissant lorsqu’ils saluèrent le chancelier Hitler en levant le bras à la manière fasciste», écrit alors Associated Press. (…) Qu’importe à Hitler. Ceux qui font mal, ce sont les Américains. Emmenée par son chef de délégation, Avery Brundage (…), alors président du Comité olympique américain, l’équipe de joyeux Yankees n’a pas salué le Führer. Elle a simplement tourné brièvement la tête vers la tribune officielle. Pis, la bannière étoilée n’a pas viré, ni ne s’est abaissée d’un pouce. Depuis l’origine de l’Union, le drapeau américain est sacré, il ne s’incline jamais. Adolf Hitler n’a pourtant pas à se plaindre de Brundage, qui sera coopté membre du CIO à Berlin. Sans ce dernier, il y a fort à parier que les Etats-Unis n’auraient pas été présents à Ga-Pa, comme on dit alors. L’énorme retentissement de ces jeux hivernaux allait en fait donner à l’Américain des arguments forts pour affronter les opposants à la participation des Etats-Unis aux Jeux de Berlin imminents. L’ordre réinstauré en Allemagne depuis 1933 ne lui déplaisait pas, au contraire. Mieux, «Mr.Hitler» lui paraissait être un homme parfaitement fréquentable. Relevant qu’il n’avait jamais été hypnotisé par quiconque, le futur président du CIO (de 1952 à 1972) ne devait-il pas convenir du Führer «que son regard était inoubliable»? Inoubliable en effet. L’aveuglement, la complaisance, voire la sympathie active des maîtres de l’olympisme d’alors a contribué à asseoir la toute-puissance du chancelier allemand. Un boycott américain à Ga-Pa et à Berlin, aurait entraîné, comme par un effet domino, l’abstention de nombreux autres pays. Faute d’un affront majeur sur la scène internationale, les grandioses démonstrations assirent encore davantage l’aura d’Adolf Hitler, urbi et orbi. Ses appétits de conquête trouvèrent donc un vrai «tremplin olympique» dans les jeux de 1936. C’est ce que relate dans le détail l’histoire patiemment recomposée par l’auteur de Des Jeux et des Crimes. (…) L’Américain Avery Brundage* a trop marqué l’histoire des Jeux olympiques d’après la Deuxième Guerre mondiale pour qu’on ne rende pas compte ici du rôle déterminant qu’il joua dans la tenue des joutes allemandes de 1936 et que Monique Berlioux relate dans le détail de son livre. «De 1933 à la clôture des Jeux de Berlin, écrit-elle, son activité infatigable, ses dons de tacticien, sa persuasion d’incarner la vérité et la sagesse, lui assurèrent une influence démesurée, difficilement croyable, sur les enchaînements qui aboutirent en février, puis en août 1936, à la plus grande victoire de propagande du IIIe Reich.» Le Temps

Vous avez dit esprit berlinois ?

En cette ouverture des Jeux Olympiques de Rio …

Où, face aux preuves massives de dopage des sportifs russes, le Comité olympique a encore brillé par son courage …

Et où la planète entière se voit à nouveau confrontée …

Au plus barbare des totalitarismes …

Comme, entre le président américain, chancelière allemande ou autorités françaises, au plus funeste et catastrophique des munichismes …

Comment ne pas repenser …

Sans parler du lâche abandon des athlètes israéliens assassinés (et torturés jusqu’à la profanation de leurs cadavres – castration comprise ! ) par des terroristes palestiniens à Munich il y a 44 ans …

Ou même des deux médaillés coréens du marathon contraints de courir sous le drapeau occupant du Japon …

A ces tristement fameux jeux de Berlin il y a exactement 80 ans …

Et à un autre enfumage souvent oublié …

Derrière le mythe du prétendu refus d’Hitler de serrer la main du sprinter noir-américain Jesse Owens …

Et sous la pression du chef du mouvement olympique américain et futur président du CIO qui devait s’illustrer 36 ans plus tard en refusant tant le boycott avant que l’annulation pendant Münich …

De l’éviction de dernière minute des deux seuls membres de l’équipe américaine olympique à n’avoir jamais participé à aucune course alors qu’ils étaient qualifiés …

Mais qui avaient pour seul malheur de s’appeler Glickman et Stoller ?

Hitler et Jesse Owens aux Jeux olympiques
Retour sur un mythe du XXe siècle
Thierry Lentz est historien spécialiste du Consulat et du Premier Empire, et auteur de nombreux livres sur ces périodes. Il est également directeur de la fondation Napoléon.
Causeur

05 août 2016

Une légende tenace veut qu’aux JO de 1936, Hitler ait quitté le stade olympique de Berlin pour éviter de serrer la main au quadruple champion noir. C’est faux. Ce qui est vrai, en revanche, c’est que le fabuleux Jesse Owens ne fut guère honoré en son propre pays.

Organisés du 1er au 16 août 1936, les JO de Berlin ont fait couler des flots d’encre. Avant même leur ouverture, la presse du monde entier s’était interrogée sur la nécessité de participer à une fête confiée à un pays qui, depuis sa désignation en 1931, avait nettement viré à la dictature. On avait malgré tout décidé d’y aller et ce furent presque 4 000 athlètes de 49 pays qui participèrent aux épreuves. Seule l’Espagne républicaine avait formellement boycotté ces XIe Olympiades auxquelles l’URSS n’était pas invitée. Dans la capitale du Reich, Goebbels avait donné de fermes instructions pour que l’accueil des visiteurs étrangers soit parfait et que tout signe d’antisémitisme soit gommé. Les organisateurs teutons avaient veillé à ce qu’il ne manque pas un seul bouton de guêtre, ajoutant même quelques belles trouvailles dont la principale fut l’introduction de la flamme olympique, transportée en relais depuis la Grèce. Pendant les compétitions elles-mêmes, les controverses reprirent cependant, avec en point d’orgue la décision de la délégation américaine de modifier son équipe de relais en remplaçant deux athlètes juifs, Marty Glickman et Sam Stoller, par leurs coéquipiers noirs Jesse Owens et Ralph Metcalfe. Les responsables de ce faux pas ont toujours nié avoir voulu complaire à leurs hôtes, ce qui n’a pas empêché le Comité olympique américain de « réhabiliter » et de présenter ses excuses à Glickmann et Stoller, en 1998. Cela fit une belle jambe au second : il était mort depuis treize ans.

Quoi qu’il en soit, au soir du 16 août, rares furent ceux qui trouvèrent à redire sur la réussite de l’événement, encore rehaussée aux yeux du gouvernement du Reich par la victoire de ses sportifs qui remportèrent 89 médailles, loin devant les États-Unis (56) et l’Italie (22). C’est bien après la cérémonie de clôture que s’imposa un autre scandale : Hitler aurait quitté le stade et refusé de serrer la main à Jesse Owens après sa victoire au saut en longueur (4 août), venant après celles du 100 mètres (3 août), en attendant celles du 200 m (5 août) et du relais 4 x 100 m (9 août).

Qu’Hitler ait été raciste ne fait pas le moindre doute. Qu’il n’ait guère goûté qu’un athlète noir domine ses compétiteurs blancs non plus. Mais il semble bien que « l’épisode Owens » soit une légende.

[…]

Mischner le prétend dans son livre Arbeitsplatz Olympia-Stadion : Erinnerungen 1936-1972, paru en 2004. Il ajoute même qu’Owens possédait une photo de sa poignée de main avec Hitler. Ladite photo n’a jamais été retrouvée. ↩

Voir aussi:

Les Jeux nazis de 1936, ou l’olympisme complice

Un livre, véritable somme, raconte comment les successeurs et amis de Pierre de Coubertin voulurent le premier triomphe international d’Adolf Hitler. L’auteure, Monique Berlioux, a puisé aux meilleures sources, écrites et orales, pour livrer ce document honteux de l’histoire du CIO.

Le massacre de la jeunesse chinoise sur Tiananmen était vieux d’à peine douze ans quand le Comité international olympique, en juillet 2001, attribua à Pékin l’organisation des Jeux de la XXIXe olympiade.

Pourquoi s’embarrasser de souvenirs désagréables quand il s’agit de faire «toujours plus fort»? 1 Les droits de l’homme grossièrement bafoués? La misère abjecte des paysans chinois de l’intérieur? Les déplacements de population campagnarde suite au barrage des Trois-Gorges? Et dans la capitale, la destruction de pans entiers de quartiers historiques au nom des jeux?

«Le CIO ne se préoccupe que de sport et les Jeux de Beijing en seront l’apothéose!» Ainsi se dérobent les instances olympiques devant les questions embarrassantes de l’heure.

Un précédent bien plus lourd de sens cependant entache de manière indélébile le drapeau blanc frappé des cinq anneaux. Celui des Jeux olympiques de 1936, accordés à l’Allemagne en 1931, puis encouragés et défendus contre vents et marées, malgré l’installation du régime nazi d’Adolf Hitler en 1933. Des jeux célébrés avec la bénédiction des hautes instances olympiques et hélés comme des jeux exemplaires.

La Française Monique Berlioux (photo ci-contre) a pris ses premières fonctions au Comité international olympique en 1967. Elle en devint directeur 2 de fin 1968 à 1985 au siège de Lausanne. Elle en développa considérablement les bureaux et leur fonctionnement, en même temps que la puissance financière. Un différend majeur autour du pouvoir réel l’opposa au président élu en 1980 Juan Antonio Samaranch et conduisit à sa démission de ce poste éminent. Des services aussi remarquables méritaient d’importants dédommagements. Une restriction: Mme Berlioux s’engageait à ne pas écrire sur ses années au château de Vidy, donc sur les secrets de l’olympisme de cette fin de siècle. Ce diktat ne couvrait pas l’histoire antérieure à son passage.

La redoutable ancienne journaliste a ainsi entrepris de relater comment le Comité international olympique s’est compromis honteusement devant l’Histoire avec les Jeux olympiques de 1936. Elle vient de publier deux tomes volumineux intitulés Des Jeux et des Crimes, 1936. Le piège blanc olympique). 3

La thèse de l’auteur tient en peu de mots: si les puissances victorieuses de la Première Guerre mondiale, la Grande-Bretagne, la France et surtout les Etats-Unis, avaient boycotté les Jeux d’hiver de Garmisch-Partenkirchen, compromettant ainsi les Jeux de Berlin 4 l’été suivant, le régime hitlérien en aurait été ébranlé assez pour retarder, sinon éviter les horreurs de la Seconde Guerre mondiale. «Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, écrit-elle, le sport aurait été la plus grande des forces politiques internationales, la plus efficace des armes humaines ».

Le 6 février 1936, il neige à gros flocons sur Garmisch, la petite ville bavaroise qui, avec sa voisine, Partenkirchen, s’est vu confier l’organisation des IVes Jeux olympiques d’hiver. Adolf Hitler, le chancelier du IIIe Reich, est arrivé le matin pour présider la cérémonie d’ouverture.

L’homme qu’acclament les foules enfiévrées détient tous les pouvoirs – sur le pays, sur l’économie, sur les esprits… et sur les conditions atmosphériques! Deux jours plus tôt, raconte Monique Berlioux, la piste de bobsleigh fondait «comme un sorbet». Et soudain, précédant de peu l’arrivée du Führer, la neige!

Vingt-sept délégations participent à ces jeux hivernaux, prélude fastueux, organisé de main de maître, aux jeux de la XIe Olympiade qui se tiendront au mois d’août à Berlin. Toutes les équipes, qui défilent devant le chancelier nazi, inclinent leur drapeau national devant lui et lèvent le bras dans un «salut olympique» moins à l’équerre qu’oblique, et parfois franchement nazi. Toutes sauf trois: la Suisse, la Grande-Bretagne, et les Etats-Unis. La France, elle, s’est exécutée comme les autres. «Les Français déclenchèrent un enthousiasme surprenant et assourdissant lorsqu’ils saluèrent le chancelier Hitler en levant le bras à la manière fasciste», écrit alors Associated Press.

«Les Suisses, comme on le fait chez nous, tournent simplement la tête vers les autorités», relève de son côté le journaliste Marcel André Burgi à Radio-Genève.

Qu’importe à Hitler. Ceux qui font mal, ce sont les Américains. Emmenée par son chef de délégation, Avery Brundage (photo ci-contre), alors président du Comité olympique américain, l’équipe de joyeux Yankees n’a pas salué le Führer. Elle a simplement tourné brièvement la tête vers la tribune officielle. Pis, la bannière étoilée n’a pas viré, ni ne s’est abaissée d’un pouce. Depuis l’origine de l’Union, le drapeau américain est sacré, il ne s’incline jamais.

Adolf Hitler n’a pourtant pas à se plaindre de Brundage, qui sera coopté membre du CIO à Berlin. Sans ce dernier, il y a fort à parier que les Etats-Unis n’auraient pas été présents à Ga-Pa, comme on dit alors.

L’énorme retentissement de ces jeux hivernaux allait en fait donner à l’Américain des arguments forts pour affronter les opposants à la participation des Etats-Unis aux Jeux de Berlin imminents. L’ordre réinstauré en Allemagne depuis 1933 ne lui déplaisait pas, au contraire. Mieux, «Mr.Hitler» lui paraissait être un homme parfaitement fréquentable. Relevant qu’il n’avait jamais été hypnotisé par quiconque, le futur président du CIO (de 1952 à 1972) ne devait-il pas convenir du Führer «que son regard était inoubliable»?

Inoubliable en effet. L’aveuglement, la complaisance, voire la sympathie active des maîtres de l’olympisme d’alors a contribué à asseoir la toute-puissance du chancelier allemand. Un boycott américain à Ga-Pa et à Berlin, aurait entraîné, comme par un effet domino, l’abstention de nombreux autres pays. Faute d’un affront majeur sur la scène internationale, les grandioses démonstrations assirent encore davantage l’aura d’Adolf Hitler, urbi et orbi. Ses appétits de conquête trouvèrent donc un vrai «tremplin olympique» dans les jeux de 1936. C’est ce que relate dans le détail l’histoire patiemment recomposée par l’auteur de Des Jeux et des Crimes.

Le rénovateur des Jeux olympiques modernes et de la devise «mens sana in corpore sano», le baron Pierre de Coubertin, ne songeait pas à des jeux populaires quand il invita quelques amis titrés ou solidement établis à restaurer les antiques joutes en 1894. A haut niveau, le sport alors était le fait des élites qui en avaient le loisir. Bon point pour Coubertin, il croyait fermement que la compétition des meilleurs pouvait encourager chez les masses le développement des activités physiques. Aristocrate, il fréquentait des aristocrates. Les bouleversements politiques et sociaux du premier tiers du XXe siècle le conduisirent tout naturellement «à se prendre les pieds dans le national-socialisme», avec ses idéaux de culture du corps, d’école de courage, de jeunesse disciplinée, etc., indique Monique Berlioux.

Quand Coubertin quitte la présidence du CIO en 1925, il se remplace lui-même par son ami, le comte Henri de Baillet-Latour (photo ci-contre). D’extrême droite, Belge proche de la Couronne, le nouveau président partage entièrement les vues du patriarche. On va le voir à l’œuvre dès la candidature de Berlin pour les JO de 1936.

Le choix de la ville hôte doit se faire à Barcelone, en avril 1931. On compte 11candidatures. La République de Weimar présente quatre prétendantes: Berlin, Cologne, Francfort et Nuremberg. La cité catalane est favorite. Une affaire de météo va cependant infléchir dramatiquement la balance en faveur de l’Allemagne

En effet, le baron de Güell, membre du CIO pour l’Espagne, a proposé de recevoir la session décisive au tout début avril. Le conseil municipal de Barcelone souhaite cependant que le temps soit beau pour accueillir ces messieurs. On repousse la date au 25 avril. Las, les élections législatives espagnoles ont lieu le 12, entraînant l’effondrement de la monarchie.

Pas trop téméraires, nombre de membres du CIO se trouvent soudain d’autres projets pour la fin du mois. Ils ne sont que 20sur 67 à venir braver la République à Barcelone. Même le baron de Güell, hôte de la session, a préféré les pluies de sa ville de Bilbao au soleil catalan! Comment voter pour une ville candidate ou l’autre dans ces conditions?

Un vote par correspondance est organisé, et le dépouillement final prévu à Lausanne en mai 1931. La monarchie n’avait pas repris le dessus entre-temps, Berlin l’emporte par 43 voix sur 16 à Barcelone. Avec ce vote, écrit Berlioux, «les membres du CIO se retrouvaient avec leur monde, leurs conceptions de la vie. Plus tard, l’hitlérisme venu, ils demeurèrent en concordance avec l’ordre rigoureux qui les rassurait, leur classe sociale, le respect des positions-clés de l’industrie, la majorité aristocratique dans les sommités de l’armée.»

Détail pittoresque que note l’auteur, Adolf Hitler non encore chancelier était alors, semble-t-il, hostile à la tenue des JO de 1936 en Allemagne. Karl Ritter Von Halt (photo ci-contre), membre du CIO, n’eut plus de mal à convaincre son Führer, deux années plus tard, que le spectacle vaudrait son adhésion.

Les Juifs d’Allemagne n’eurent pas à attendre longtemps avant de sentir passer le vent meurtrier du national-socialisme hitlérien. Très vite, la communauté juive des Etats-Unis eut vent de persécutions contre ses coreligionnaires allemands et entreprit de dénoncer les premiers crimes du régime – pour qui avait alors des oreilles.

Monique Berlioux n’a pu appuyer son livre fleuve sur des procès-verbaux détaillés du Comité international olympique pour documenter sa démonstration. On siégeait alors entre soi et on ne consignait au papier que les décisions importantes. Outre des mémoires, des biographies et de nombreux ouvrages historiques sur cette funeste époque, elle a en revanche pu parler avec des témoins encore vivants pendant les douze années qu’elle a consacrées à ce travail.

Elle n’a pas connu Siegfried Edström, le membre du CIO pour la Suède, si respecté jusqu’à sa mort dans les années 50, et au-delà. Un écrit de lui est là, cependant, adressé au colonel Albert Berdez, le Suisse qui servait alors de secrétaire permanent au CIO: «Le trouble causé (par des) Juifs internationaux embarrasse beaucoup le travail pour la préparation des Jeux olympiques de 1936, écrit l’honorable Suédois, et il faut que nous tous aidions à les faire taire.» On ne sait rien de la réponse du colonel Berdez.

Le CIO entreprit-il une action «pour faire taire» ces trublions? On l’ignore. On sait en revanche que son président, Baillet-Latour, – qui parle la langue de Goethe comme le français – accorde son soutien absolu aux Allemands. Il va peser de tout son poids sur ses collègues au cours des sessions olympiques de 1934 et 1935. «Sans sa détermination d’assurer la célébration des Jeux de Berlin envers et contre tout, aurait déclaré Avery Brundage, mes batailles en Amérique, en Europe et au sein du CIO auraient été perdues.»

Le rôle du Belge en faveur de l’hitlérisme et ses pompes olympiques fut tel qu’à sa mort en Belgique occupée, en janvier 1942, le maître de l’Allemagne nazie fit déposer au domicile du défunt, par Karl Ritter von Halt, «blond prototype de la meilleure race nordique», assisté de deux SS casqués et bottés, «une énorme couronne de fleurs, ceintes des couleurs allemandes et de la svastika, portant le nom d’Adolf Hitler».

Déjà à la session de Vienne en 1933, l’Allemand Theodor Lewald, membre de la «Compagnie» comme disait Coubertin du CIO, et président du comité d’organisation des JO de Berlin, affirmait à ses collègues que, «avec le consentement du gouvernement, tous les règlements olympiques seraient observés (et) qu’en principe les Juifs allemands ne seraient pas exclus des équipes allemandes aux Jeux». Tout allait donc pour le mieux.

Une année plus tard à Athènes, à propos du «problème juif» inscrit à l’ordre du jour de la session, on lit au procès-verbal que le président Baillet-Latour «a l’impression que les partis politiques hostiles à l’Allemagne actuelle cherchent à s’appuyer sur l’olympisme pour déclencher leurs attaques».

Quant à lui, le Belge se disait «personnellement satisfait». Il l’est encore plus après sa visite à Adolf Hitler en novembre 1935. «A ma demande, déclare-t-il, et après une longue discussion, M.Hitler a promis que toutes les affiches qui pourraient choquer les visiteurs étrangers disparaîtraient de Berlin […] et Garmisch. Tout le monde admettra que c’est un joli geste de sa part.»

La perfidie anglaise est pour sa part illustrée dans cette histoire par le futur marquis d’Exeter, lord Burghley, coopté par le CIO en 1933. C’était là sa récompense pour avoir défendu les JO allemands auprès du parlement britannique et des grands patrons de presse de son pays. Il faut dire que son futur roi et ami, EdouardVIII, – plus tard duc de Windsor et espion pour l’armée allemande lors de son avance sur la ligne nord – se montrait ouvertement germanophile. De même qu’une frange non négligeable de l’aristocratie anglaise. Quel que fut son sentiment profond, Burghley eut l’habileté de ne pas apparaître aux sessions du CIO suivantes, ni à Garmisch. Le terrain assuré, il ne se montra qu’à Berlin, pour enfin prêter son serment de membre de la Compagnie…

Quant aux Français… Malgré son patriotisme inconditionnel, Monique Berlioux ne trouve rien de substantiel à relater en faveur des deux membres du CIO pour son pays, sinon des exclamations dérisoires. Comme ce «J’étais contre!» du petit Corse réactionnaire François Piétri. Contre? Il s’agissait d’un collier d’honneur qu’on fit porter à Berlin aux membres du CIO! Pour le reste, ce ministre remercié par le Front populaire en 1936 reprit du service pour la France de Vichy auprès du général Franco jusqu’à la fin. Quant au dérisoire Armand Massard, tout aussi rouspéteur que Piétri, il déplorait que ses affaires eussent été fouillées dans sa chambre de Berlin. Mais l’essentiel pour ce furieux réfractaire à toute autre langue que la sienne était là: «Les hôtesses hitlériennes au moins étaient bilingues.»

Commentant cette sombre période, lord Killanin, qui fut correspondant de guerre et présida le CIO entre 1972 et 1980, releva un jour que, de tous les membres de la «Compagnie» d’alors, le Britannique Aberdare fut «un des seuls à voir clair. […] A l’époque, le CIO, c’était un club. Entre gentlemen, on s’incline devant la majorité, tout en pensant que rien n’est irréversible. Jusqu’au jour où c’est trop tard.»

Quand est-il trop tard? On peut se poser la question quand on (re) découvre que le futur général Henri Guisan ne dédaigna pas d’être coopté membre du CIO pour la Suisse en 1937. Seule la guerre entraîna sa démission.

L’Américain Avery Brundage* a trop marqué l’histoire des Jeux olympiques d’après la Deuxième Guerre mondiale pour qu’on ne rende pas compte ici du rôle déterminant qu’il joua dans la tenue des joutes allemandes de 1936 et que Monique Berlioux relate dans le détail de son livre. «De 1933 à la clôture des Jeux de Berlin, écrit-elle, son activité infatigable, ses dons de tacticien, sa persuasion d’incarner la vérité et la sagesse, lui assurèrent une influence démesurée, difficilement croyable, sur les enchaînements qui aboutirent en février, puis en août 1936, à la plus grande victoire de propagande du IIIe Reich.»

Ce self-made-manné à Chicago, ingénieur civil qui a fait et refait fortune dans la construction et les investissements judicieux, est décathlonien. Il a été médaille d’argent aux Jeux d’Amsterdam en 1912. Dès que, en 1934, l’opinion américaine s’émeut à la perspective de jeux olympiques en Allemagne, président du Comité olympique des Etats-Unis (USOC), il va mener avec fracas et tous ses talents de tacticien pour y assurer la participation de ses athlètes. Envoyer des jeunes sportifs à travers l’Atlantique, les vêtir, les accompagner de coaches et d’officiels coûte fort cher. L’amateurisme est alors chose réelle.

Il faut réunir des fonds importants. Or, un grand nombre d’Américains sont hostiles au régime hitlérien dont on leur rapporte les premiers méfaits. Brundage fait appel à ses compatriotes d’origine allemande. La publication de Mein Kampf, qui prône l’élimination «de la race juive» a remporté un succès sans égal à l’étranger. Le programme que s’est fixé Adolf Hitler ne paraît pas intolérable à ses lecteurs de manière égale.

Le président Roosevelt n’est pas chaud. Il regrettera de n’avoir pas pesé sur les dirigeants sportifs de son pays pour qu’ils renoncent à envoyer une délégation aux JO de 1936. Cependant le Neutrality Act a été bien accueilli par les Américains las d’avoir toujours à intervenir dans les querelles de «la vieille Europe».

Avery Brundage est ardemment de ce camp-là. Ainsi, écrira-t-il dans des «mémoires» cités par Berlioux: «Si l’USOC avait eu à affronter les mêmes intérêts politiques et financiers qui finalement réussirent à impliquer les Etats-Unis dans la Seconde Guerre, nous n’aurions jamais réussi à réunir les fonds nécessaires à envoyer nos athlètes aux Jeux de 1936.»

L’auteur des Jeux et des crimes ne le dit pas explicitement, mais le fait est avéré: Avery Brundage est résolument hostile aux Juifs. Il ne s’émeut donc pas quand interviennent auprès de lui les représentants d’organisations juives américaines: «Vous estimez qu’il faut retirer les Jeux aux Allemands parce que les Juifs ne sont pas admis dans tous les clubs sportifs? Ils ne le sont pas davantage ici, à mon club…»

Et voilà qu’il risque soudain de perdre la bataille. Brundage est en effet également président du comité directeur de l’American Athletic Union (AAU), qui réunit toutes les fédérations sportives du pays. Comme il est surchargé par son combat pour Garmisch et Berlin, il démissionne de cette fonction et pressent un remplaçant sûr en la personne de Jeremiah T.Mahoney, ancien magistrat catholique.

Or Mahoney s’est porté – sans en avertir Brundage – candidat à la mairie de New York. Qui dit New York dit puissance financière juive, dont l’appui est primordial pour la conquête de City Hall. Le postulant tout naturellement se déclare donc opposé à la participation américaine aux prochains Jeux. «Un coup bas», écrira Brundage. Pis, Mahoney obtient du comité directeur de l’AAU un vote contre la participation américaine à Ga-Pa comme à Berlin. Aussitôt Brundage revient sur sa démission et se porte à nouveau candidat. Au congrès de décembre 1935, à deux mois Jes jeux de Garmisch, il est réélu, ce qui équivaut à un vote en faveur de «sa» cause, par tout juste deux voix de majorité sur 220 votants, relate Monique Berlioux.

Le futur président du CIO commentera cette élection plus tard, sans regretter, semble-t-il, son poids tragique sur les événements ultérieurs: «Alors que, précédemment, j’avais été choisi presque à l’unanimité, le résultat de cette élection âprement disputée fut douteux jusqu’à la dernière minute. L’affaire était suivie par nombre de pays. Un échec aurait sans doute amené le retrait de nombreuses équipes et la ruine des Jeux de la XIe olympiade.» Ainsi, devait conclure Avery Brundage: «Le succès des jeux fut assuré grâce aux résultats de cette élection acharnée à l’AAU, à New York.»

Et la cinéaste favorite d’Adolf Hitler, Leni Riefenstahl, qui parvint à conquérir l’amitié de Monique Berlioux, de confier à cette dernière lors d’une ultime rencontre peu avant sa mort à 101 ans en 2003: «Goebbels m’avoua, au soir de la cérémonie de clôture des jeux de Berlin: «Jusqu’au dernier moment, le Führer et moi-même avons terriblement redouté […] que les trois grandes démocraties de l’Ouest ordonnent à leurs délégations de se retirer […] Vous vous rendez compte: quel coup!…»

Le Japon devait organiser les jeux de l’olympiade suivante, en 1940. Son offensive de 1937 en Chine rendait naturellement l’entreprise impossible. Pour remplacer Sapporo pour les jeux d’hiver, le CIO pressentit Saint-Moritz. Une querelle purement technique amena la station suisse à se dédire, après avoir accepté le mandat.

Décidément incorrigible, le Comité international olympique se tourna alors vers ses amis nazis et, en juin 1939 par la voix de son président Baillet-Latour, demanda à Garmisch de reprendre le flambeau l’année suivante. Garmisch accepta. Trois mois plus tard, Adolf Hitler en décidait autrement et, le 22 novembre 1939, Karl Ritter Von Halt envoyait une dédite pour cause de guerre.

Le comte Baillet-Latour, qui décidément était déterminé à gagner sa couronne mortuaire de fleurs nazies au jour prochain de ses obsèques, exprima aussitôt sa tristesse. «Puissent ces belles installations (à Garmisch) profiter au développement physique de votre jeunesse et lui conserver l’esprit olympique, auquel je sais qu’elle demeure fidèle.»

C’était, conclut Monique Berlioux, «au lendemain de l’écrasement de la Pologne».

* Les Combats d’Avery Brundage ont porté, contre vents et marées, sur la défense de l’amateurisme. Il obtint la réadmission dans le monde olympique de l’Afrique du Sud dans les années 60, et travailla ardemment à la formation d’une équipe unie entre les Allemagnes de l’Ouest et de l’Est. Il échoua par contre à réunir les deux Corées dans un stade. Auparavant, en 1952, année de son élection pour vingt ans à la présidence du CIO, il fut l’artisan de l’entrée des pays de l’Est au CIO. De même, il favorisa le prompt retour des Allemands et des Japonais dans les compétitions olympiques.

Voir également:

Berlin, 1936-2015 : l’hommage posthume à deux athlètes olympiques juifs
Humiliés aux Jeux olympiques de 1936, les sprinters juifs américains Marty Glickman et Sam Stoller seront honorés l’an prochain lors des Maccabiades européennes à Berlin
The Times of Israel

25 avril 2014

BALTIMORE — Nancy Glickman était adolescente quand elle a appris l’histoire de son père aux Jeux olympiques de Berlin en 1936 : Marty Glickman et un autre sprinter, Sam Stoller, furent remplacés au sein de l’équipe américaine du relais 4 × 400 mètres, le matin même de l’épreuve.

Un soir, interrogeant son père sur cet affront, ce dernier tira son uniforme, rangé dans le tiroir du bas d’une grande armoire, et le lui présenta. À ce moment, Nancy Glickman demanda à ce que le vêtement lui soit légué à son décès.

« Bien avant » sa mort en 2001, à l’âge de 83 ans, Marty Glickman lui offra l’uniforme, raconte Nancy. Elle le garde aujourd’hui dans un sac en toile dans son appartement de Washington.

« Je suis la gardienne de cet uniforme », affirme-t-elle.

Maccabi USA, la branche de Philadelphie de la fédération sportive Maccabi World Union, espère que les membres des familles Glickman et Stoller se rendront à Berlin, en juin 2015, pour les Maccabiades européennes, qui rendront hommage aux deux athlètes.

Ce sera la première fois que la ville allemande accueillera l’événement, dont la première édition a eu lieu en 1929. L’organisation ne savait pas où se trouvaient exactement les familles Glickman et Stoller, mais JTA a pu les retrouver.

Le directeur exécutif de Maccabi USA Jed Margolis a affirmé qu’il contacterait bientôt les proches et espère qu’ils accepteront d’être capitaines honoraires ou porte-drapeaux de la délégation américaine, qui devrait compter environ 150 membres.

Nancy, 60 ans, est la plus jeune des quatre enfants de Marty Glickman. Elle a confié la semaine dernière que l’intérêt manifesté par Maccabi USA était « un geste très aimable. »

Les organisateurs n’ont pas encore choisi le lieu de la cérémonie d’ouverture, mais l’une des possibilités est l’Olympiastadion. C’est là que le sprinteur afro-américain Jesse Owens remporta quatre médailles d’or il y a 78 ans, sous les yeux d’Adolf Hitler.

C’est aussi là que les coéquipiers juifs d’Owens ont concouru.

Marty Glickman estimait que l’antisémitisme et les affinités de plusieurs responsables de la fédération américaine avec les nazis avaient conduit à son éviction et à celle de Stoller de l’équipe de relais.

« Nous sommes navrés que Stoller et Glickman aient été empêchés de courir à cause de leur religion », affirme Margolis.

« Une grande injustice leur a été faite en 1936. Ce serait merveilleux que quelqu’un de leur famille défile avec nous. »

Originaire de New York, Marty Glickman est devenu plus tard un célèbre commentateur sportif, son nom figurant dans plusieurs « halls of fame » (mémorial en hommage à des personnes ayant marqué leur discipline, généralement dans le domaine sportif).

La Newhouse School of Public Communications de l’université de Syracuse a lancé l’année dernière le prix Marty Glickman, qui récompense l’esprit d’initiative des journalistes sportifs.

Le premier lauréat fut Bob Costas, un éminent commentateur sportif, diplômé de Syracuse. Costas, qui a présenté les Jeux olympiques sur NBC, a joué un rôle essentiel pour permettre à JTA de retrouver la famille de Glickman.

Costas se souvient que Glickman, qu’il admirait énormément, évoquait l’affront berlinois chaque fois qu’on l’interrogeait.

« Il vivait dans le présent, mais était très attaché au passé », raconte Costas. « Il n’était pas rancunier, mais il n’oubliait pas non plus. » Alors qu’il était jeune commentateur, il se souvient avoir été « l’une des personnes qu’il a prises sous son aile », ajoute Costas.

En 2013, Costas fut l’un des nombreux protagonistes du documentaire Glickman, réalisé par Jim Freedman, qui a lui aussi grandi à New York en écoutant les commentaires footballistiques de l’ancien athlète.

À 17 ans, Freedman a travaillé comme producteur pour une émission de radio présentée par Glickman. « Ça a été le boulot le plus excitant que j’aie jamais exercé », se rappelle-t-il.

Stoller, de son côté, renonça à courir après l’affront berlinois, mais revint sur sa décision en entrant à l’université du Michigan et fut sélectionné dans l’équipe All-America de 1937.

La même année, il entama une carrière d’acteur et de chanteur. Lors d’une tournée aux Philippines en 1938, il aurait rencontré sa femme Violet, originaire de Chine. Le couple s’installa à Cincinnati, la ville natale de Stoller.

Le reste de sa vie est moins connu. Mais Pat Vasillaros, un passionné de généalogie, a conduit des recherches qui ont permis de retrouver les proches de Stoller, mort à 69 ans à Fort Lauderdale (Floride) en 1985.

Grâce aux données du recensement américain, Vasillaros a appris que Stoller avait eu deux frères, David and Daniel, ainsi qu’une sœur Tillie. Leur mère, Sophia Katz, est probablement décédée tandis que leur père, Morris (qui apparaît aussi sous le nom de Maurice), originaire de Russie, s’est remarié avec une dénommée Martha, originaire du Kentucky. Ils ont eu un fils, Harry.

Une nécrologie, publiée à la mort de Harry à Cincinnati en septembre dernier, mentionne les membres de sa famille encore vivants. L’une de ses filles, Kathy Kaplan, a indiqué que Sam Stoller n’avait pas eu d’enfants.

Pour Bill Mallon, ancien président de la société internationale des historiens olympiques, l’événement programmé en 2015 à Berlin, auquel seront présents les familles de Stoller et de Glickman, promet d’être significatif et émouvant.

« Pour des sportifs juifs, entrer dans le stade de Berlin, en sachant ce qu’il s’y est produit en 1936 et ce qu’il s’est produit par la suite – ce qu’Hitler a fait au monde et en particulier aux Juifs lors de la Seconde Guerre mondiale ; et ce qui a eu lieu en 1972 à Munich [11 athlètes olympiques israéliens ont été assassinés par des terroristes palestiniens]… Je ne suis pas juif, mais si vous avez le sens de l’Histoire, cela devrait être un sentiment étrange et particulier », confie Mallon.

Glickman a reçu de son vivant, en 1998, un prix du comité olympique américain, une sorte de repentance pour l’affront de 1936. Le prix a été décerné à titre posthume à Stoller.

La mort de Glickman en janvier 2001 lui a épargné un chagrin bien plus colossal, précise sa fille : son petit-fils, Peter Alderman, 25 ans, travaillait dans le World Trade Center et a trouvé la mort lors des attaques terroristes du 11 Septembre.

« Honnêtement, c’était une bonne chose », estime Nancy au sujet de la date du décès de son père.

« Apprendre la mort de son petit-fils l’aurait dévasté. »

Voir de même:

De nouveaux détails horribles sur le massacre de Munich en 1972 émergent

Eretz

Plus de 40 ans après l’assassinat de 11 athlètes israéliens aux Jeux d’été à Munich, un nouveau film documentaire et un article du New York Times exposent la torture brutale que les victimes ont enduré avant leur décès tragiques.

La terrible cruauté avec laquelle les terroristes de Septembre Noir traitaient les athlètes israéliens qu’ils avaient kidnappés aux Jeux olympiques de Munich en 1972 a été dévoilée, dans un nouveau long métrage documentaire et dans un article du New York Times, présentant des interviews avec les épouses de deux des victimes. Le film, « Munich 72 et au-delà », et les interviews, donnent lieu à d’horribles détails sur les derniers moments qu’ont vécu les athlètes, inconnus du public jusqu’à maintenant.

Ilana Romano, veuve de l’haltérophile Yossef Romano, et Ankie Spitzer, veuve de l’entraîneur d’escrime Andre Spitzer, ont parlé de la torture qu’on enduré les athlètes, des détails qui n’ont pas été connus auparavant. Elles ont affirmé que les familles des athlètes n’ont eu connaissance des détails seulement 20 ans après le massacre, quand l’Allemagne communiqua des centaines de pages de détails sur ce qui s’était passé.

« Ils lui ont coupé ses parties génitales à travers ses sous-vêtements et ont abusé de lui », affirme Mme Romano. « Pouvez-vous imaginer les neuf autres assis autour de lui, ligotés, contraints à voir cela? »

Les deux veuves, en tant que représentantes des familles des victimes, ont été exposées à des photos des athlètes abattus particulièrement dures. Mme Romano a déclaré au New York Times que les photos étaient « aussi violentes que je pouvais l’imaginer. » Les rédacteurs de l’article ont également vu les photos, qu’ils ont considérées comme étant trop choquantes pour être publiées.

Yossef Romano a été abattu alors qu’il tentait de combattre les terroristes au début de leur attaque. Ils l’ont laissé saigner devant les yeux de ses collègues athlètes, et l’ont castré. Les autres ont été brutalement battus. Ils ont été tués lors d’un raid raté par les forces allemandes près de l’aéroport de Munich, où les ravisseurs ont emmené les victimes.

« Quand j’ai découvert les photos, c’était très douloureux », a déclaré Ilana Romano. « Je me souvenais, jusqu’à ce jour, de Yossef comme un jeune homme avec un grand sourire. Je me souvenais de ses fossettes jusqu’à ce moment. »
 
« A ce moment, cela a effacé tout du Yossi que je connaissais », poursuit-elle. 

Les familles ont tout mis en oeuvre pour que les victimes soient commémorées lors de tous les Jeux Olympiques. Leurs requêtes ont été rejetées par le Comité international olympique (CIO), mais maintenant, avec l’aide de son nouveau président, Thomas Bach (un homme allemand), les athlètes israéliens seront commémorés grâce à un mémorial de Munich. Leurs noms seront également cités pendant les Jeux olympiques d’été 2016 à Rio de Janeiro, au Brésil.

Le massacre de Munich a eu lieu les 5 et 6 septembre 1972. Les membres de l’organisation terroriste palestinienne Septembre Noir ont attaqué et kidnappé les membres de l’équipe olympique israélienne, pour conduire finalement à la mort de onze d’entre eux: Moshe Weinberg, Yossef Romano, Ze’ev Friedman, David Berger, Yakov Springer, Eliezer Halfin, Yossef Gutfreund, Kehat Shorr, Mark Slavin, Andre Spitzer, et Amitzour Shapira. En outre, Anton Fliegerbauer, un officier de police de l’Allemagne de l’ouest, est décédé au cours de sa tentative ratée de sauvetage des athlètes.

Voir de plus:

Jeux olympiques de Berlin (1936) : quand le vainqueur du marathon Sohn Ki-jung affirmait l’identité coréenne

Amitié FranceCorée

8 août 2012

Lors des Jeux olympiques de Berlin, deux Coréens montèrent sur le podium de l’épreuve de marathon, il y a 76 ans, le 9 août 1936 : Sohn Ki-jung décrocha la médaille d’or, et Nam Sung-yong la médaille de bronze. Toutefois, la Corée étant alors occupée par le Japon, les deux athlètes furent enregistrés comme membres de l’équipe japonaise – et Sohn Ki-jung dut ainsi utiliser le nom japonais Son Kitei. Pendant la cérémonie de remise de sa médaille d’or, Sohn Ki-jung eut le courage de cacher par un chêne le drapeau japonais figurant sur son maillot (photo à gauche) et répéta aux journalistes présents qu’il n’était pas japonais mais coréen, tandis que Nam Sung-yong baissait également  la tête. Sohn Ki-jung est  devenu une figure de la résistance coréenne à l’occupation japonaise.

Né à Sinuiju dans le Nord de la Corée le 29 août 1912, deux ans après le début de la colonisation de la péninsule par l’empire nippon, Sohn Ki-jung a été un athlète prodige : il a remporté dix des treize marathons qu’il a courus entre 1933 et 1936, enregistrant un record du monde le 3 novembre 1935 à Tokyo dans un temps de 2h26:42. Douze ans plus tard, en 1947, son élève et compatriote Suh Yun-bok devait battre ce record en remportant le marathon de Boston.

Mais Sohn Ki-jung est aussi entré dans l’histoire de la Corée après sa médaille d’or aux Jeux olympiques de Berlin en 1936 où il a établi un nouveau record olympique du marathon (2h29:19), en cachant le drapeau japonais qui figurait sur son maillot lors de la cérémonie de remise des médailles, et en répétant aux journalistes présents qu’il n’était pas japonais, mais coréen en signant de son véritable nom et en adjoignant une petite carte de la Corée – en vain. Son compatriote Nam Sung-yong, médaille de bronze, déclara plus tard qu’il enviait Sohn Ki-jung non pour sa première place, mais pour avoir ainsi affirmé son identité coréenne sur la plus haute marche du podium. Après les Jeux de 1936, Sohn Ki-jung refusa désormais de courir sur les couleurs japonaises.

Un quotidien coréen, le Dong-a Ilbo, suscita la fureur des autorités d’occupation en publiant une photo retouchée faisant disparaître le drapeau japonais, sous le titre « Victoire coréenne à Berlin » : la police militaire japonaise arrêta huit responsables du journal, dont la publication fut suspendue pendant neuf mois.

Les entraîneurs japonais bloquèrent la remise d’un prix qui devait revenir à Sohn Ki-jung en tant que vainqueur du marathon : un casque grec découvert à Olympie en 1875 par l’archéologue allemand Ernst Curtius, et qui ne sera finalement remis au champion olympique coréen qu’en 1986 (photo à droite), après une campagne de presse en Grèce.

Après la Libération, Sohn Ki-jung devint président de l’Association sportive (sud-)coréenne et forma plusieurs champions de marathon, dont Suh Yun-bok et Ham Kee-yong, vainqueurs du marathon de Boston respectivement en 1947 et 1950, ainsi que Hwang Young-cho, médaillé d’or aux Jeux olympiques de 1992. Il a allumé la flamme olympique lors des Jeux de Séoul en 1988.

Sohn Ki-jung est décédé le 15 novembre 2002, à l’âge de 90 ans.

Sources :

– Andy Bull, « The Forgotten Story of Sohn Kee-chung, Korea’s Olympic Hero », article publié le 27 août 1911 dans The Guardian ;

– Encyclopedia Universalis ;

– Andrei Lankov, « Sohn Kee-chung : 1936 Berlin Olympic Marathon Winner », article publié le 8 août 2010 dans The Korea Times ;

– wikipedia (dont photos) ;

– youtube (dont vidéo).

PS : deux dates sont données pour la date de naissance (1912 ou 1914), l’année 1912 étant la plus souvent retenue par les sources coréennes.

Voir encore:

JO : des athlètes israéliens dans la crainte d’un boycott

Gary Assouline
Le Figaro
01/08/2012

Vendredi, des judokas libanais et israéliens se sont entraînés dans une même salle mais séparés par une sorte de cloison. Le comité olympique israélien s’en est ému, mais la fédération internationale de judo dément tout incident.

[Cet article a été modifié le 1er août après le démenti apporté par la fédération internationale de judo]

Après la controverse suite au refus du Comité international olympique (CIO) de faire respecter une minute de silence en souvenir de l’attentat des JO de Munich en 1972, un incident a semé l’émoi autour de la délégation de l’État hébreu.

Vendredi , un article du quotidien britannique The Telegraph (l’article a été supprimé le 1er août, ndlr) relatait la façon dont s’était déroulé l’entraînement entre des judokas libanais et israéliens. Dans cet article, le porte-parole du comité olympique israélien Nitzan Ferraro décrivait ainsi la séance: «Nous commencions à nous entraîner quand ils [la délégation libanaise de judo] sont arrivés et nous ont vus. Ils n’ont pas apprécié et sont allés voir les organisateurs qui ont placé une sorte de mur entre nous». Selon l’agence de presse Reuters, la délégation libanaise n’avait pas donné d’explication à cette demande.

Depuis, la fédération internationale de judo a donné sa version des faits: «Cela est tout simplement faux. Ce qui s’est réellement passé c’est qu’une des deux équipes s’entraînait déjà lorsque la deuxième est arrivée. La première équipe avait tout simplement oublié de réserver la salle. En voyant cela, les deux équipes se sont mises d’accord pour partager la salle afin qu’elles puissent toutes les deux s’entraîner et se préparer en même temps. Tout s’est déroulé le plus simplement et le plus naturellement du monde, sans refus quel qu’il soit» a expliqué Nicolas Messner, le directeur médias de la FIJ .

Mise en garde du CIO
La question du boycott des sportifs israéliens, plusieurs fois évoqué lors de compétitions internationales, est une question ultra-sensible. Avant le début de la compétition olympique, elle avait été été soulevée en Algérie, qui ne reconnaît pas l’État juif. En juin, Rachid Hanifi, président du comité olympique algérien déclarait au Times qu’il ne pouvait garantir que ses athlètes acceptent de combattre un Israélien, soulignant qu’il s’agissait d’une décision sportive et politique. Il faisait référence à deux athlètes qui devaient affronter des Israéliens: le kayakiste Nassredine Bagdhadi s’est retiré d’une course un mois plus tôt en Allemagne, sous la pression du ministre algérien des Sports et la judokate Meriem Moussa a déclaré forfait lors de la Coupe du monde de judo féminin en octobre 2011.

Le 26 juillet, le judoka iranien Javad Mahjoub a invoqué une indisponibilité de 10 jours pour cause de douleurs intestinales alors qu’il devait affronter le plus titré des judokas israéliens Ariel Ze’evi à Londres. Selon le Washington Post , l’Iranien avait admis en 2011 au quotidien national Shargh avoir délibérément perdu face à un adversaire lors d’une compétition pour ne pas rencontrer un Israélien au tour suivant: «Si j’avais gagné, j’aurai dû combattre contre un athlète d’Israël. Et si j’avais refusé de concourir, on aurait suspendu ma fédération de judo pour quatre ans», avait-il déclaré.

Une situation que le CIO prend très sérieusement, mettant en garde le comité algérien et les autres délégations contre ces pratiques aux Jeux de Londres. Quatre jours avant la cérémonie d’ouverture, Denis Oswald, le président de la commission de coordination des JO a déclaré: «C’est quelque chose qui s’est déjà produit. Pas officiellement, mais des athlètes se sont retirés soi-disant sur blessures alors qu’ils devaient affronter des athlètes israéliens. Si ce genre de comportements était avéré, des sanctions seraient prises contre l’athlète mais aussi contre le comité national olympique (CNO) et le gouvernement [du pays concerné], car le plus souvent ce ne sont pas des décisions individuelles. Nous aurons un comité d’experts médicaux indépendants qui s’assurera qu’il s’agit bien de blessures.»

Selon le journal israélien Yediot Aharonot , après la déclaration polémique en juillet d’un représentant du football égyptien selon lequel «aucun Egyptien ou arabe ne voudra défier Israël, même s’il existe des accords internationaux», le comité national égyptien a voulu couper court au débat. Et de rappeler qu’il respecterait la charte olympique qui stipule que «toute forme de discrimination à l’égard d’un pays ou d’une personne fondée sur des considérations de race, de religion, de politique, de sexe ou autres est incompatible avec l’appartenance au Mouvement olympique.»

Les forfaits des sportifs iraniens
Par le passé, plusieurs athlètes d’Iran, ennemi revendiqué d’Israël, ont déjà été soupçonnés de boycott. Aux jeux d’Athènes en 2004, le judoka iranien Arash Miresmaeili avait été disqualifié pour avoir dépassé de cinq kilos la limite de poids autorisée alors qu’il devait affronter l’Israélien Ehoud Vaks. Soupçonné d’avoir voulu masquer un boycott par ce surpoids – il avait évoqué une indisposition – il n’a finalement pas été sanctionné par les instances officielles qui ont considéré suffisant le certificat médical avancé, conformément au règlement. Son pays lui a versé 115.000 dollars de prime selon le Washington Post , somme normalement remise aux vainqueurs. À Pékin en 2008, le nageur iranien Mohamed Alirezaei s’était senti malade avant son 100m brasse disputé également par l’Israélien Tom Be’eri. Après avoir fait un court passage à l’hôpital de Pékin, il n’avait pas été sanctionné par le comité olympique. Le sportif, coutumier du fait, avait déjà déclaré forfait aux championnats du monde de natation de Rome en 2009 face à l’Israélien Michael Malul et à Shanghai en 2011 face à Gal Nevo.

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Rio 2016 : les coupables lâchetés du CIO
Le Monde

25.07.2016

Editorial du « Monde ». A moins de deux semaines du début des JO de Rio (5 au 21 août), on ne pourra pas décerner la médaille du courage au Comité international olympique (CIO). Dimanche 24 juillet, le CIO a estimé que le rapport de Richard McLaren, publié le 18 juillet, qui accusait la Russie d’avoir mis en œuvre un « système de dopage d’Etat », n’apportait « aucune preuve » contre le Comité national olympique russe (COR). Le CIO a donc décidé de ne pas suspendre le COR. Mettant en avant le respect de la charte olympique et de la « justice individuelle », il laisse le soin à chaque fédération internationale sportive de juger quels athlètes russes sont éligibles ou non.

Thomas Bach, le président du CIO, sait que cette décision divisera le mouvement sportif. A l’origine du rapport McLaren, l’Agence mondiale antidopage s’est déclarée « déçue ». Pour son président, Craig Reedie, si le CIO avait suivi sa recommandation d’exclure la Russie des JO, « cela aurait assuré une approche claire, forte et harmonisée ».

Une autre aberration est le sort réservé à Ioulia Stepanova, cette athlète russe spécialiste du 800 m, qui se voit interdire de participer aux Jeux de Rio. Aujourd’hui exilée aux Etats-Unis, elle a permis, avec son mari Vitali, de mettre au jour, dès 2014, l’existence d’un dopage institutionnalisé en Russie. Le signal envoyé par le CIO ne manquera pas d’inquiéter les lanceurs d’alerte potentiels comme ceux qui luttent pour un sport plus propre.

Comprenne qui pourra
Il en a fallu des contorsions à la commission exécutive du CIO pour reconnaître que « le témoignage et les déclarations publiques de Mme Stepanova ont apporté une contribution à la protection et à la promotion des athlètes propres, au fair-play, à l’intégrité et à l’authenticité du sport », tout en refusant d’accéder à sa demande, appuyée par la Fédération internationale d’athlétisme, de concourir comme athlète neutre.

Arguant du fait qu’elle est une ancienne dopée, le CIO lui a refusé ce droit. Mais, pour lui « exprimer sa reconnaissance », il l’invite à assister à la compétition depuis les tribunes… Elle pourra admirer la foulée du sprinteur américain Justin Gatlin, épinglé deux fois pour prise de produits interdits et qui a toujours nié la moindre faute. Comprenne qui pourra.

Le Comité international olympique s’était pourtant doté, fin 2014, d’un « Agenda 2020 » censé renouveler les pratiques de l’olympisme. Ce document souligne que « protéger et soutenir les athlètes intègres aussi bien sur l’aire de compétition qu’en dehors demeurent la priorité du CIO. Cela signifie que tout investissement dans la lutte contre le dopage et contre le trucage des matchs et la manipulation des compétitions ainsi que la corruption associée (…) ne peut être considéré comme un coût, mais bien comme un investissement au profit des athlètes intègres ».

La situation est ubuesque. Le CIO a fait preuve d’une passivité confinant à la lâcheté vis-à-vis de la Russie. Il est de notoriété publique que M. Bach et Vladimir Poutine entretiennent de bonnes relations. Le chef d’Etat russe a été un des premiers à féliciter M. Bach de son élection en 2013. On peut s’interroger sur le fait que le CIO n’a pas ouvert d’enquête sur le COR alors que les scandales de dopage autour de la Russie se sont multipliés. Le ministre russe des sports, Vitali Moutko, ne s’y est pas trompé en saluant une décision « objective ». La fête olympique a déjà perdu une grande partie de son crédit.

Voir enfin:

JO 2016 – Amsalem : « La décision du CIO est dramatique pour le sport »

BFM

24/07/2016

Au micro de BFM TV, Bernard Amsalem, président de la Fédération française d’athlétisme et vice-président du Comité national olympique et sportif (CNOSF) a vivement critiqué la décision du Comité internationale olympique (CIO) de ne pas suspendre la Russie en dépit du rapport McLaren, dénonçant un « dopage d’État » entre 2011 et 2015.
Bernard Amsalem, quelle est votre réaction après ce choix du CIO de ne pas exclure la Russie des Jeux de Rio ?
Je suis surpris et très déçu. On est face à un système généralisé de dopage dans ce pays. On l’a vu avec l’athlétisme, mais avec le rapport McLaren, on le voit avec tous les autres sports. Je ne comprends pas cette décision. Le CIO avait là l’occasion d’être ferme, de donner un vrai signal. Parce qu’aujourd’hui, le dopage gangrène tous les sports. Et finalement, il s’en remet aux fédérations internationales (elles devront décider au cas par cas de la participation des athlètes russes, ndlr). C’est un manque de responsabilité. C’est dommage parce que les valeurs de l’olympisme et du sport ne sont pas défendues.

Que cela veut-il dire ? Que même un rapport aussi accablant ne suffit pas pour aller au bout et prendre des décisions telles qu’interdire toute une délégation ?
Je ne comprends pas. Il faudrait peut-être plus de courage. Je crois que c’est ce qui a manqué au CIO aujourd’hui. C’est dramatique pour le sport, pour l’image du sport, pour l’image des Jeux olympiques. Je ne comprends pas ce qu’il faut faire de plus ! On ne peut rien faire de plus ! Ce rapport était excellent, l’enquête a été longue et donnait un certain nombre de preuves du dopage organisé.

Que faut-il faire ?
Finalement, la seule fédération courageuse a été la nôtre, la fédération internationale d’athlétisme, qui a réussi à le faire à l’unanimité de ses membres et qui a exclu les Russes de ces Jeux olympiques. On ne pourra pas rester seuls longtemps. Il faudra un jour que le mouvement olympique, peut-être les autres fédérations internationales, se mobilisent aussi contre ce poison qu’est devenu aujourd’hui le dopage.

Voir enfin:

Dopage : le rapport de Richard McLaren est accablant pour la Russie

Richard McLaren a rendu public lundi son rapport sur le trucage des tests antidopage lors des Jeux Olympiques d’hiver de Sotchi en 2014. Il en ressort que l’Etat russe est bel et bien impliqué dans cette affaire.
L’Equipe
18/07/2016
En conférence de presse à Toronto, le juriste Richard McLaren a déclaré que la Russie a mis en place un «système de dopage d’Etat» et que le laboratoire de Sotchi a utilisé un «système d’escamotage des échantillons positifs» pendant les Jeux Olympiques d’hiver il y a deux ans et demi. Le ministère des sports russe a «contrôlé, dirigé et supervisé les manipulations, avec l’aide active des services secrets russes», a poursuivi McLaren. Ainsi Yuri Nagornykh, le sous-ministre, a eu accès aux tests positifs de chaque athlète russe et «a décidé qui serait protégé et qui ne le serait pas». Pour Richard McLaren, il est «inconcevable» que Vitaly Mutko, le ministre des Sports, n’ait pas été au courant de la situation. En revanche, «nous n’avons pas relevé un rôle actif» de la part du Comité olympique russe (dont fait partie Yuri Nagornykh). Le juriste canadien a précisé que les conclusions du rapport ont été prouvées «au-delà de tout doute raisonnable» et que les preuves sont «vérifiables».
Le système de dopage d’Etat aurait duré quatre ans

Des échantillons, prélevés lors des Championnats du monde 2013 d’athlétisme, qui étaient organisés à Moscou, ont aussi été échangés, avant que la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) ne les récupère pour les analyser. «Le laboratoire (de Moscou) a mis de côté des échantillons positifs, qui devaient être échangés, en enlevant les bouchons et en remplaçant l’urine sale, avant que les échantillons ne soient envoyés à un autre laboratoire sur instruction de l’IAAF.» Richard McLaren a déclaré que «le personnel du laboratoire de Moscou n’avait pas le choix quant à son implication dans ce système».

Ledit système aurait été instauré dès 2011 et aurait duré jusqu’en août 2015, au bénéfice d’athlètes russes de nombreux sports olympiques d’été et d’hiver lors de compétitions internationales organisées en Russie (Mondiaux de natation en 2011, d’athlétisme en 2013, d’escrime en 2014 et 2015…). Le rapport de Richard McLaren avait été commandé au mois de mai dernier par l’Agence mondiale antidopage (AMA), après les accusations de Grigori Rodtchenkov, l’ancien patron du laboratoire russe antidopage, sur un système de dopage organisé lors des Jeux de Sotchi. Une commission indépendante s’était alors chargée de l’enquête. Richard McLaren a déclaré qu’il aurait aimé continuer ses investigations, mais il savait qu’il devait présenter ses conclusions cet été à cause des Jeux Olympiques qui sont sur le point de commencer.

1 Responses to Rio 2016: Attention, un berlinisme peut en cacher un autre (The Games must go on: From Berlin to Munich and Rio, it’s all about appeasement)

  1. jcdurbant dit :

    Saudi Arabian competitor Joud Fahmy forfeited her first-round judo match against Christianne Legentil from Mauritius at the Rio Olympic Games on Sunday, in what Hebrew media said was a maneuver to avoid facing Israeli judo fighter Gili Cohen in the next round.

    Also Sunday, the head of Lebanon’s Olympic Committee was summoned by the Games’ organizers for a dressing down, following a kerfuffle with the Israeli delegation after the two teams were told to share a bus to the opening ceremony Friday night. The Lebanese delegation refused to allow the Israeli players to board the bus, leading to a spat that injected politics into the Games’ opening. Eventually, organizers put Israel on a separate bus. The Lebanese delegation was cautioned not to repeat any such behavior, a warning likely also directed at other teams which do not recognize Israel and chafe at having to share sporting space with the Jewish state …

    http://www.dailymail.co.uk/…/Saudi-judo-competitor…

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