Présidentielle 2012: Après le gâchis Sarkozy, le cauchemar Hollande? (Will Sarkozy finally manage to snatch defeat from the jaws of victory?)

Certains m’appellent l’Américain. J’en suis fier … Je partage beaucoup de valeurs américaines. Nicolas Sarkozy (2004)
Le libéralisme, ce serait aussi désastreux que le communisme. Jacques Chirac  (2005)
C’est un Corrézien qui avait succédé en 1995 à François Mitterrand. Je veux croire qu’en 2012, ce sera aussi un autre Corrézien qui reprendra le fil du changement. François Hollande (2012)
De tous les reproches que je pourrais ad­resser à Nicolas Sar­kozy, le pire serait que, par ses erreurs et ses errances, il a conduit le pays dans la situation présente. Celle où il devient de plus en plus difficile de ne pas voir ce qui se profile sur l’horizon : l’élection de François Hollande à la présidence de la République, suivie par l’arrivée d’une majorité de gauche à l’Assemblée Nationale. Comme me le faisait remarquer récemment un ami, cela ferait que la gauche en France disposerait de tous les pouvoirs, puisqu’elle contrôle la plupart des grandes villes, l’ensemble des régions, le Sénat, les grands médias, et le secteur de l’enseignement et de la culture. (…) Nous passerions d’un déclin en pente relativement douce à un déclin en pente plus accélérée. Guy Millière

Sarkozy finira-t-il par arracher la défaite des mâchoires de la victoire?

Réforme (certes limitée et coûteuse) des retraites par suppression des régimes spéciaux et allongement des années de cotisation,   réduction des effectifs de l’Etat par le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, fusion de l’ANPE et des Assedic,  fusion des services des impôts, service minimum dans les transports publics en cas de grève, réforme de la carte hospitalière par fermeture des établissements non rentables ou trop petits, réforme de la carte judiciaire et de la garde à vue, réforme des universités, suppression de la carte scolaire, interdiction du port du voile intégral, retour dans le commandement militaire intégré de l’OTAN après 40 ans d’absence,  fusion de la Direction centrale des renseignements généraux et de la  DST,     loi contre le téléchargement illégal sur Internet, limite du nombre de mandats présidentiels, renforcement du pouvoir du Parlement, possibilité de saisine du Conseil constitutionnel par les justiciables pour des questions de constitutionnalité …

Alors qu’alternance oblige après 15 ans de présidence de droite, un autre Corrézien  « capitaine de pédalo »  s’apprête à reprendre le pouvoir et (surprise!) à peu près l’essentiel des quelques réformes à l’époque tant décriées de son prédécesseur …

Pendant qu’à l’instar d’une gauche qui continue à mépriser les aspirations populaires, un ministre de l’Intérieur jusqu’ici plutôt inspiré se laisse aller au plus piteux des rétropédalages via le plus oiseux des jeux de mots sur le programme de la candidate dont les voix vont être cruciales comme il y a cinq ans …

 Et à la mesure de l’espoir qu’avait soulevé  l’élection, après les dix longues années de l’accident industriel Chirac, du soi-disant plus « américain » de nos présidents et même si nous ne le suivons pas sur la question des gitans (pardon: des « gens du voyage »!) contre lesquels il est évident qu’il fallait agir et qu’il oublie un peu vite les circonstances atténuantes de la crise financière …

Comment, avec Guy Millière, ne pas comprendre l’immense déception et l’incroyable impression de gâchis que devrait laisser derrière lui, entre les gesticulations, l’obsession des « coups » et les abandons à l’air du temps, le premier et probablement unique mandat Sarkozy?

Surtout quand on imagine les dégâts qu’appuyé sur le contrôle de « la plupart des grandes villes, de l’ensemble des régions, du Sénat des grands médias et du secteur de l’enseignement et de la culture » (et à moins d’une présidentielle très serrée et un sursaut aux législatives?), que pourrait causer l’équipe Hollande avec ses appels démagogiques aux dépenses, aux blocages des prix et loyers ou à l’alourdissement des charges des secteurs les plus dynamiques  …

Pitoyable bilan de Nicolas Sarkozy

Guy Millière

Les 4 vérités

26 janvier 2012

J’ai, je le reconnais, pensé que Nicolas Sarkozy ferait mieux que Jacques Chirac. Vu ce qu’a fait Jacques Chirac, cela ne semblait pas très difficile. Il ne m’a pas fallu longtemps pour m’apercevoir que ce que m’avait dit un de mes amis, qui connaissait bien Nicolas Sarkozy, se révélait exact : Nicolas Sarkozy serait pire que Jacques Chirac.

Nous sommes à l’heure du bilan et celui-ci est accablant. Les rares gestes positifs accomplis ces dernières années, tels la limitation des prélèvements obligatoires ou le projet de réforme des universités, se sont trouvés aussitôt raturés par diverses formes de pusillanimité.

Et, pour le reste, quelle trajectoire (si l’on peut dire, car le mot trajectoire semble tout à fait excessif pour désigner ce qui ressemble à une errance titubante et sans repères) !

Économiquement, la France a stagné : la croissance a été quasiment nulle, le chômage s’est maintenu à un niveau élevé, la pauvreté s’est accrue dans des proportions alarmantes, des entreprises ont fermé sans que d’autres entreprises viennent les remplacer.

« Socialement », il a été procédé à des rafistolages indigents : le RMI a été remplacé par le RSA, quelle avancée !

En termes de sécurité intérieure, il y a eu beaucoup de gesticulation, mais aucun résultat, sinon une « tolérance zéro » appliquée aux automobilistes, ce à quoi les théoriciens américains de la « tolérance zéro » n’avaient effectivement pas pensé car, eux, ils pensaient aux criminels…

Des décisions timides ont été prises : telles la loi sur le voile islamique, qui n’est pas une loi sur le voile islamique, car elle peut concerner aussi les casques de moto ou l’usage du passe-montagne.

D’autres décisions, honteuses et xénophobes, ont fait tache : pour régler des problèmes d’émeutes dans des quartiers islamisés, on a décidé d’expulser des Roumains en les désignant à la vindicte. Pour tenter de faire plaisir aux adeptes de la peste verte écologique, on a pris des mesures inutiles et coûteuses, telles l’ajout d’éthanol dans l’essence, l’imposition de normes « basse consommation » dans le secteur immobilier, ou la construction de parcs d’éoliennes destinés à faire ce que les ministres font déjà très bien : brasser du vent en gaspillant l’argent des contribuables.

En politique extérieure, c’est loin d’être mieux : présenté au départ comme « américain » et « ami d’Israël », Nicolas Sarkozy s’est assez vite rangé aux positions les plus fangeuses du Quai d’Orsay et à la politique arabe de la France. Bachar Al Assad a été reçu avec les honneurs à Paris : il massacre son peuple aujourd’hui, sans que la France fasse davantage qu’énoncer quelques remontrances.

Mouammar Kadhafi a planté sa tente à quelques mètres de l’Élysée, et il a suffi, quelques mois plus tard, d’un coup de téléphone de Bernard-Henri Lévy pour que la France s’emploie à le faire tomber, puis assassiner par des islamistes antisémites. Mahmoud Abbas a été reçu très souvent à l’Élysée et a reçu un soutien clair de la France à ses activités de chef maffieux.

Nicolas Sarkozy a même comparé l’Autorité palestinienne au Vatican. Nicolas Sarkozy a tout fait pour se rapprocher de Barack Obama qui, imprégné d’un mépris profond pour l’Europe, n’a cessé de le dédaigner. L’élection présidentielle ayant lieu dans trois mois, Nicolas Sarkozy s’agite dans toutes les directions. Un jour, il se déclare partisan de la taxe Tobin qu’il dénonçait voici quelques années comme une ineptie gauchiste.

Un autre, il suggère une ouverture en direction du mariage gay, avant de se rétracter. Un autre, il célèbre Jeanne d’Arc pour imiter le Front National.

Parce qu’un autre candidat parle de réindustrialiser la France, il se met à parler de réindustrialisation. L’euro étant en péril, il s’est placé en première ligne en prétendant le sauver…

Ce qui pourrait encore permettre la réélection de Nicolas Sarkozy serait l’immense nullité de ses adversaires. Le débat actuel en France se situe au ras du plancher. Avoir autant de candidats et n’en avoir aucun qui tient un discours à la hauteur des enjeux, cela s’appelle le crépuscule. Si Nicolas Sarkozy se faisait réélire parce que ceux qui lui font face semblent plus nuls que lui, cela suffirait à indiquer où est tombée la France.

 Voir aussi:

HOLLANDE, LE CAUCHEMAR QUI VIENT

Guy Millière

Les4 vérités

01.02.12

De tous les reproches que je pourrais ad­resser à Nicolas Sar­kozy, le pire serait que, par ses erreurs et ses errances, il a conduit le pays dans la situation présente. Celle où il devient de plus en plus difficile de ne pas voir ce qui se profile sur l’horizon : l’élection de François Hollande à la présidence de la République, suivie par l’arrivée d’une majorité de gauche à l’Assemblée Nationale.Comme me le faisait remarquer récemment un ami, cela ferait que la gauche en France disposerait de tous les pouvoirs, puisqu’elle contrôle la plupart des grandes villes, l’ensemble des régions, le Sénat, les grands médias, et le secteur de l’enseignement et de la culture.On ne peut en déduire hâtivement qu’il en résulterait une situation irréversible. On peut cependant dire, au moins, que la situation deviendrait difficilement réversible.Nous passerions d’un déclin en pente relativement douce à un déclin en pente plus accélérée.D’ores et déjà, la France compte sept millions de personnes vivant dans la grande pauvreté, trois millions de chômeurs, un million et demi de bénéficiaires du revenu dit de « solidarité active ». D’ores et déjà, un Français sur deux ne paie aucun impôt sur le revenu, et plus d’un Français sur deux reçoit des allocations diverses payées par les autres. Mais la situation s’aggraverait. François Hollande prévoit la création de 65 000 postes de fonctionnaires supplémentaires, quand bien même il énonce en parallèle que le nombre total de fonctionnaires n’augmentera pas. Et l’essentiel des postes créés, a-t-il ajouté, le seront dans l’éducation, donc dans la formation des esprits.

François Hollande prévoit d’accroître la progressivité des impôts, ce qui détruira davantage l’épargne, et d’augmenter les impôts sur les grandes entreprises, ce qui accélérera les délocalisations. Il prévoit d’accentuer le dirigisme économique en mettant en place une « banque d’investissement » gouvernementale pour les PME. Ce qui signifie que des bureaucrates décideront davantage encore de ce que doivent être les investissements. Il prévoit la création de 150 000 emplois « subventionnés » pour les jeunes, ce qui accoutumera ceux-ci, dès la fin de leur parcours scolaire, à dépendre de l’État.

Aux fins de détruire un peu plus la famille, il entend légaliser le mariage homosexuel et l’adoption par deux parents du même sexe, ce qui débouchera sans doute sur l’irruption de manuels scolaires dès la maternelle qui ressembleront à ceux qu’on trouve dans des États américains déliquescents, tels que la Californie : « Thomas a deux papas » (la question subsidiaire qui ne figure pas dans le livre : lequel des deux est sa tante ?). François Hollande promet aussi de donner le droit de vote au niveau local aux étrangers non européens, et seuls ceux qui ignorent le fonctionnement de la pyramide politique, qui fait qu’un maire peut devenir sénateur ou député, penseront que le sommet de la pyramide ne sera pas concerné.

Par rapport au programme délirant présenté par le Parti socialiste voici quelques mois, le programme de François Hollande peut sembler modéré, raisonnable. Hollande lui-même peut paraître porteur d’une bonhomie rassurante. Mais on ne peut ignorer quelle cohorte se profile derrière lui : Martine Aubry, Arnaud Montebourg, Jean-Luc Mélenchon, disciple de Chavez. On ne peut ignorer que les Verts demanderont quelques postes. Imaginez Éva Joly et Cécile Duflot au gouvernement…

L’analphabétisme économique qui règne en France est déjà effrayant. Je n’ose imaginer ce qu’il pourrait devenir. La pensée libérale est déjà en état de dissidence : je crains qu’elle disparaisse complètement et ne subsiste qu’à l’état de traces.Les relations internationales ? Attendez-vous à ce que les actions du monde islamique soient en hausse.Un sursaut ultérieur ? En cas d’élection de François Hollande, l’UMP explosera sans doute, ce qui ne sera pas nécessairement une mauvaise chose. Mais, pour qu’un sursaut existe, il faut qu’il y ait une alternative. Nous allons vers les décombres. Rebâtir prendrait du temps. Et le temps manque cruellement lorsqu’on est aussi près du précipice…

 Voir également:

Ce que M. Hollande se prépare à garder de l’héritage Sarkozy

27.02.12

Que conserveront-ils de Nicolas Sarkozy? Du quinquennat qui s’achève, les socialistes n’entendent pas forcément faire table rase. Loin de se préparer à un effacement systématique des réformes de son prédécesseur, le candidat socialiste, si d’aventure il lui succédait, a opté pour leur remplacement, voire par un accommodement.

Une philosophie dont Michel Sapin, responsable de son projet, résume les grandes lignes : « A quoi servirait-il de se lancer dans une bataille d’abrogation? », indique le député PS de l’Indre, qui précise qu' »il y a quelques lois emblématiques sur lesquelles il faudra revenir ». Ainsi la « circulaire Guéant » sur les étudiants étrangers, les peines planchers ou la réforme territoriale.

Mais nombre de mesures symboliques, comme la création de Pôle emploi ou l’entrée dans le commandement militaire intégré de l’OTAN, ne semblent pas devoir être remises en cause.

L’IMMIGRATION ET LA SÉCURITÉ

L’interdiction du port du voile intégral. Loi emblématique adoptée en septembre 2010, cette mesure fut érigée au rang de symbole par l’UMP. François Hollande, qui à l’époque avait fait part de son opposition au texte du gouvernement, ne l’a pas évoquée depuis.

L’Organisation de la sécurité. La création de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), qui résulte de la fusion de la Direction centrale des renseignements généraux (DCRG) et la Direction de la surveillance du territoire (DST), ne devrait pas être remise en cause.

Au-delà, concernant la multitude de lois de sécurité intérieure adoptées depuis l’installation de M. Sarkozy Place Beauvau, « l’idée n’est pas de supprimer tout ce qui a été fait, indique François Rebsamen, maire PS de Dijon et chargé du pôle sécurité dans l’équipe de M. Hollande. Sur les 28 lois prises depuis 2002, il faudra évaluer celles qui n’ont aucun impact, aucune efficacité et celles qui marchent ».

LA JUSTICE

Les peines planchers. Introduites par la loi Dati de 2007, les « peines planchers » fixent le minimum que doit infliger un juge en cas de récidive d’un accusé ou pour certains crimes et délits. « Il faudra les supprimer », tranche M. Rebsamen.

La rétention de sûreté. Le PS se montre plus prudent quant à la rétention de sûreté, votée en 2008, qui permet de placer, à l’issue de leur peine, des prisonniers jugés dangereux dans des centres socio-judiciaires fermés. André Vallini, responsable du pôle justice dans l’équipe de campagne du candidat socialiste, estime que « si la rétention de sûreté consiste à maintenir en prison quelqu’un qui a purgé sa peine, c’est contraire au droit. Mais on ne peut relâcher dans la nature sans surveillance des gens considérés comme des malades ».

Les jurés citoyens en correctionnelle. Mis en place par M. Sarkozy, les premiers ont siégé au printemps. C’est « une idée intéressante mais gâchée par excès de précipitation », indique M. Vallini, qui lui préfère le concept d' »échevinage, avec des citoyens volontaires associés au travail des magistrats ».

La réforme de la carte judiciaire. La suppression de 17 tribunaux de grande instance avait déclenché une fronde dans le monde judiciaire. Interrogé sur une réinstallation de ces tribunaux, alors que les crédits manquent, M. Vallini préfère annoncer une « grande réforme de l’organisation judiciaire, qui remettrait notamment à plat la distinction entre tribunaux d’instance et de grande instance ».

La réforme du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et de la garde à vue. Le CSM, qui a désormais le pouvoir de nommer les procureurs, sera à nouveau réformé ; les procureurs seront nommés sur le modèle des juges du siège. Autre grande réforme, imposée par l’Europe, la présence d’un avocat lors des garde à vue. Il s’agit pour M. Vallini d’une « réforme minimale qu’il faudra poursuivre pour mettre [la France] au standard des pays européens ».

La justice des mineurs. M. Sarkozy a en grande partie détricoté celle-ci en revisitant de nombreuses fois l’ordonnance de 1945. « Cela fait partie des réformes à abroger », assure M. Vallini, qui annonce un « retour au principe de l’ordonnance de 1945, la spécialisation des juridictions, l’atténuation de responsabilité et le primat de l’éducatif sur le répressif ».

L’EDUCATION

La Loi LRU. Tantôt critiquée, tantôt saluée comme une réussite, la réforme des universités que M. Sarkozy ne cesse de mettre en avant semble embarrasser le PS. « Ce n’est pas pour nous le sujet majeur, même s’il est emblématique », estime Vincent Peillon, chargé du pôle éducation, qui voit dans la question de son abrogation « un faux débat ». « Ce qui est important, c’est ce par quoi on remplace, en l’occurrence une loi-cadre qui interviendra assez rapidement après une courte consultation », plaide-t-il.

La suppression de la carte scolaire. Cette réforme fut combattue par la gauche. Elle n’a pourtant pas entraîné de révolution sur le terrain. Pas sûr que le PS revienne sur ce dispositif, M. Peillon estimant lui-même que « les modèles précédents n’étaient pas formidables ».

La formation des enseignants. Le gouvernement de François Fillon a ouvert la voie à une suppression des Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM), au profit d’une formation en master des enseignants. Le PS annonce qu’il « reviendra entièrement sur la réforme de laformation des enseignants, qui a été détruite », selon M. Peillon.

LES INSTITUTIONS

La réforme constitutionnelle. Adoptée en 2008, elle limite à deux le nombre de mandats du chef de l’Etat, lui permet d’intervenir en Congrès, renforce le pouvoir du Parlement et instaure la possibilité d’une saisine du Conseil constitutionnel par les justiciables avec la question prioritaire de constitutionnalité (QPC). Le PS évoque certes de nouveaux aménagements institutionnels (une part de proportionnelle, la parité homme-femme), mais ne parle pas d’un retour en arrière.

La réforme territoriale. Votée en 2010, elle instaure le conseiller territorial, destiné à siéger à la fois au conseil régional et au conseil général. Le PS a promis de revenir sur cette réforme. Selon le président PS du Sénat, Jean-Pierre Bel, « tout ou presque sera abrogé, à part peut être la partie intercommunalité ». M. Bel se dit « favorable au maintien de tous les niveaux : commune, intercommmunalité, départements et régions ». Quant à la suppression de la taxe professionnelle (TP), elle sera « plus difficile à défaire », concède M. Bel.

LA FONCTION PUBLIQUE

La Révision générale des politiques publiques (RGPP). Le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux a permis de réduire de plus de 100 000 personnes les effectifs de l’Etat. Le PS et François Hollande promettent aujourd’hui « d’en finir avec la RGPP aveugle », mais demeurent flous sur les chiffres. Le candidat socialiste a promis des créations de postes, mais sans augmenter l’effectif de fonctionnaires. Cet effort devrait donc nécessiter la poursuite du non-remplacement.

La création de Pôle emploi. Issu de la fusion de l’ANPE et des Assedic, Pôle emploi a été créé en février 2008 afin de simplifier les démarches et le suivi des demandeurs d’emploi, tout en diminuant les coûts. Son bilan est mitigé. Le PS ne compte pourtant pas revenir sur cette création.

Le service minimum. Instaurée en 2007, la loi sur le service minimum ne sera pas modifiée, a déjà annoncé François Hollande, qui juge qu’elle est « entrée dans les mœurs ».

LA SANTÉ ET LES RETRAITES

La carte hospitalière. Le gouvernement de François Fillon l’a réformée en fermant des établissements jugés non rentables ou trop petits. François Hollande s’est engagé à permettre un accès de chacun à un établissement d’urgence accessible en trente minutes, sans préciser toutefois quels seraient les centres hospitaliers ainsi rouverts ou créés.

La réforme des retraites. Votée en 2010, elle a fait passer l’âge minimum de départ à 62 ans et l’âge de départ à taux plein à 67 ans, et le nombre d’années de cotisation à 41 ans. M. Hollande a promis de permettre aux personnes à jour de cotisation de partir à la retraite avant l’âge légal, sans changer celui-ci.

LA CULTURE

La loi Hadopi. Ce texte réprimant le téléchargement illégal sur Internet, voté en 2008, fait l’objet d’une valse-hésitation du PS. M. Hollande promet désormais un « acte II de l’exception culturelle ». Aurélie Filipetti, chargée de la culture dans l’équipe de campagne du candidat socialiste, évoque une offre légale, la lutte contre la contrefaçon commerciale et l’élargissement des sources de financement, mais sans licence globale, jugée trop incertaine.

L’INTERNATIONAL

L’Europe. Concernant le traité européen voulu par M. Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel, M. Hollande, s’engage à le renégocier. Pour Pierre Moscovici, « la ratification, qui aura été interrompue par la période électorale, ne sera pas engagée s’il n’y a pas une réorientation de la construction européenne ».

L’OTAN. M. Sarkozy avait choisi, dès 2007, le retour de la France dans le commandement militaire intégré de l’OTAN, qu’elle avait quitté en 1966. La décision du chef de l’Etat avait alors été critiquée par la gauche. Mais selon M. Moscovici, le départ de la France n’est plus envisagé.

Voir enfin:

Moscovici sur le bilan de Sarkozy : « L’idée n’est pas de défaire, mais de faire »

Le Monde

27.02.12

Le directeur de campagne de François Hollande, Pierre Moscovici, explique ce qui changera en cas de victoire du candidat socialiste. Au menu : loi de programmation des finances publiques, fiscalité du capital, quotient familial, circulaire Guéant.

Du bilan législatif de Nicolas Sarkozy, faudra-t-il entièrement faire table rase si François Hollande accède à l’Elysée ?

Il ne s’agira pas de pratiquer un antisarkozysme de principe ou d’abroger simplement telle ou telle mesure spectaculaire. Il s’agit de mettre en place une autre politique. Mais il est exact que cela suppose au passage des changements et des remises en question radicales. L’idée n’est pas de défaire, mais de faire. De construire.

Ces remises en question doivent-elles en priorité toucher la fiscalité, qui constitue depuis cinq ans le cheval de bataille du PS ?

Le quinquennat de Nicolas Sarkozy a commencé par l’injustice et se termine dans l’incohérence. C’est le cas du paquet fiscal TEPA [travail, emploi, pouvoir d’achat], petit à petit détricoté sans fil directeur, si ce n’est un plan de rigueur qui aggrave les inégalités. Pour marquer le changement, nous adopterons rapidement une loi de programmation des finances publiques pour réduire les déficits, ainsi qu’une loi de finances rectificative. Nous taxerons les revenus du capital comme les revenus du travail, nous reviendrons sur les allégements de l’impôt sur la fortune institués après la réforme du bouclier fiscal en relevant les taux d’imposition des plus gros patrimoines. Nous remettrons en question les heures supplémentaires défiscalisées, qui, en réalité, ont surtout incité à ne pas embaucher.

Et surtout, nous mettrons l’accent sur la progressivité de l’impôt, engagerons la fusion à terme de l’impôt sur le revenu et de la CSG, et réviserons le quotient familial pour permettre d’augmenter l’allocation de rentrée scolaire. Nous instaurerons un taux différencié de l’impôt sur les sociétés en fonction de la taille des entreprises pour encourager les PME innovantes.

N’y a-t-il pas cependant des mesures emblématiques que le président François Hollande voudrait symboliquement abroger?

Nous abrogerons la circulaire Guéant sur les étudiants étrangers, absurde et inique, qui interdit à ceux-ci d’étudier dans de bonnes conditions et de devenir ensuite les ambassadeurs de la France à l’étranger, comme ils devraient l’être. Mais nous procéderons aussi par modifications, comme celle de la loi LRU [relative aux libertés et responsabilités des universités], dans le sens d’un rééquilibrage vers les universités délaissées.

Reviendrez-vous sur la création de Pôle emploi ?

Cette réforme voulait aller dans le sens d’une personnalisation du traitement des demandeurs d’emploi. Mais elle s’est surtout accompagnée d’une baisse des moyens. Le renforcement de Pôle emploi constituera donc l’une de nos priorités, comme l’éducation nationale, la justice et la police.

François Hollande sortira-t-il la France du commandement intégré de l’OTAN ?

La réintégration dans le commandement militaire intégré a été décidée en 2007 de manière précipitée et sans effet probant. A part un engagement supplémentaire des troupes françaises en Afghanistan. François Hollande s’est engagé à les en retirer avant la fin 2012, en concertation avec nos alliés. Il faudra aussi donner un sens à la présence de la France au sein du commandement intégré de l’OTAN.

Et la loi Hadopi ? François Hollande a-t-il enfin statué ?

Nous remplacerons Hadopi après une large concertation avec les milieux concernés, pour soutenir le droit d’auteur à la fois patrimonial et moral, et encourager la création.

Propos recueillis par David Revault d’Allonnes

2 Responses to Présidentielle 2012: Après le gâchis Sarkozy, le cauchemar Hollande? (Will Sarkozy finally manage to snatch defeat from the jaws of victory?)

  1. […] bouclier fiscal), le probable futur président français s’apprête à discrètement avaliser l’essentiel des mesures prises par son prédécesseur […]

    J’aime

  2. […] avec Ivan Rioufol,  ne pas se désoler ce gâchis et de cette régression […]

    J’aime

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.