Présidentielle 2017: Contre le coup d’Etat des juges et des médias, tous au Trocadéro demain pour soutenir Fillon (As pressure grows on France’s conservative candidate to step down from the presidential race, who will deal with the country’s new faultline between globalization’s winners in the cosmopolitan cities and its losers in the periphery ?)

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Ce n’est qu’au prix de beaucoup d’hypocrisie que l’on se voile la face sur la collusion entre certains juges et les médias. Les premiers livrent aux seconds des informations couvertes par le secret professionnel, ils reçoivent en contrepartie un soutien tactique de leur action par une promotion médiatique compréhensive de leur démarche. Il ne s’agit rien de moins que d’une instrumentalisation réciproque avec les dangers que cela comporte, chacun pouvant finalement être dupe de l’autre, et le citoyen des deux. Jean-Claude Magendie
C’est ma dernière élection. Après mon élection, j’aurai plus de flexibilité. Obama (à Medvedev, 27.03.12)
The average reporter we talk to is 27 years old, and their only reporting experience consists of being around political campaigns. That’s a sea change. They literally know nothing. (…) We created an echo chamber. They were saying things that validated what we had given them to say. Ben Rhodes (conseiller du président Obama)
During his first presidential campaign in 2008, Mr. Obama used a secret back channel to Tehran to assure the mullahs that he was a friend of the Islamic Republic, and that they would be very happy with his policies. The secret channel was Ambassador William G. Miller, who served in Iran during the shah’s rule, as chief of staff for the Senate Select Committee on Intelligence, and as ambassador to Ukraine. Ambassador Miller has confirmed to me his conversations with Iranian leaders during the 2008 campaign. JTA
When a Republican congressman on MSNBC brought up a 2012 incident where President Barack Obama was caught on a hot mic promising to give Russia’s Vladimir Putin a little more “flexibility” after the election, NBC journalist and MSNBC host Katy Tur seemed not to recall the incident. Tur pressed Florida Representative Francis Rooney about the number of Donald Trump advisors with close tie to Russia. “I see a lot of folks within Donald Trump’s administration who have a friendlier view of Russia than maybe past administrations did,” she noted. “Well, I think it was Obama that leaned over to Putin and said, ‘I’ll have a little more flexibility to give you what you want after the re-election,’” Rooney responded. Tur paused for a moment. “I’m sorry, I don’t know what you’re referring to, Congressman,” she said. “Remember when he leaned over at a panel discussion or in a meeting, and he said, ‘I’ll have more flexibility after the election’?” Rooney asked. “No one pushed the president on what he meant by that, but I can only assume for a thug like Putin that it would embolden him,” which gave Tur pause, again. In Tur’s defense, Rooney is slightly off in his retelling: it was then-Russian President Dmitry Medvedev who Obama whispered to, who then promised to relay Obama’s message to Putin. But his recollection of the content of Obama’s message was accurate: “This is my last election. After my election I have more flexibility,” he told the Russians. Obama’s hot mic comments were major news at the time, receiving widespread coverage. Obama’s Republican opponent Mitt Romney seized upon the gaffe and worked it into his stump speeches, even bringing it up during one of the presidential debates. Mediaite
The Obama administration sought, and eventually obtained, authorization to eavesdrop on the Trump campaign; continued monitoring the Trump team even when no evidence of wrongdoing was found; then relaxed the NSA rules to allow evidence to be shared widely within the government, virtually ensuring that the information, including the conversations of private citizens, would be leaked to the media. John Pollack
Emmanuel Macron, c’est moi! François Hollande
Il n’y a pas une culture française, il y a une culture en France et elle est diverse. Emmanuel Macron
Anne Hidalgo s’oppose à un rassemblement de 2h organisé ar un candidat après avoir laissé Nuit debout squatter pendant des mois. David Lisnard (maire de Cannes)
Des assistants parlementaires servent en réalité le parti politique et non le parlementaire… Lorsque j’ai été élue au Parlement européen en 2009, le Modem avait exigé de moi qu’un de mes assistants parlementaires travaille au siège parisien. J’ai refusé en indiquant que cela me paraissait d’une part contraire aux règles européennes et d’autre part illégal. Le Modem n’a pas osé insister mais mes collègues ont été contraints de satisfaire cette exigence. Ainsi, durant cinq ans, la secrétaire particulière de François Bayrou a été payée… par l’enveloppe d’assistance parlementaire de Marielle de Sarnez, sur fonds européen. Corinne Lepage
Quand vous êtes collaborateur parlementaire, quand vous êtes assistants parlementaires, vous pouvez même être payé à tricoter. Je ne dis pas que c’est bien mais ça veut dire que quand vous êtes sénateur ou député, c’est vous qui décidez de ce que vous donnez comme travail à votre collaborateur parlementaire. C’est une pratique qui existe pour tout le monde entre parenthèses, même si on ne cite que François Fillon. Dans le cas de François Fillon, on a parlé d’un livre politique, excusez-moi mais je ne vois pas en quoi écrire un livre ne fait pas partie du travail qui doit être fait. Sa fille est à ce moment-là payée pour assister un parlementaire donc si le parlementaire, dans le cadre de son travail, a besoin qu’on l’assiste pour faire un bouquin, c’est parfaitement dans les missions d’un collaborateur parlementaire. Florence Portelli (maire LR de Taverny et porte-parole de Fillon)
Alors comme ça un député provincial qui, selon une habitude parlementaire très répandue, a autrefois recruté sa femme comme collaboratrice parlementaire sans lui donner un travail harassant à effectuer, se rend coupable d’attribution d’emploi fictif et, partant, de « détournements de fonds publics » justifiant l’intervention immédiate du Parquet national financier (PNF) exclusivement compétent « dans les affaires qui sont ou apparaîtraient d’une grande complexité, en raison notamment du grand nombre d’auteurs, de complices ou de victimes ou du ressort géographique sur lequel elles s’étendent » ! Ledit PNF finit cependant par ouvrir une information judiciaire confiée à trois juges d’instruction pour éviter la prescription de ces faits anciens et parce que, selon un proche du magistrat : « Eliane Houlette considère que dans les affaires relativement simples, qui ne nécessitent pas de commission rogatoire internationale complexe, le devoir de la justice est de passer rapidement, sans s’enliser dans les dossiers ». Autant dire que le PNF reconnaît a posteriori qu’il n’était pas compétent pour déclencher l’enquête. Dont acte. Ce qui est nouveau, c’est la qualification juridique retenue pour justifier l’intervention du juge pénal dans une pratique banale. Est-ce à dire que désormais tout élu, fonctionnaire, collaborateur public ou membre d’un conseil ou comité Théodule quelconque qui ne travaille pas en proportion exacte de ce qu’un procureur estime nécessaire à sa rétribution devrait en passer par la case prison au motif qu’il s’agirait d’un « détournement de fonds » ? Ça promet du monde dans nos établissements pénitentiaires déjà surchargés.  (…) il faudrait d’abord faire une perquisition de grande envergure au Conseil économique, social et environnemental où il est de notoriété publique qu’une l’indemnité mensuelle brute de 3800 euros est versée à 233 conseillers dilettantes qui ont l’habitude de quitter les quelques très rares réunions auxquelles ils sont convoqués aussitôt après avoir badgé. Chacun sait d’ailleurs que les membres des organisations « représentatives » qui y siègent reversent une part de leur indemnité à leur syndicat d’origine. Les nominations de « personnalités qualifiées » (dites PQ) y sont depuis toujours utilisées par le gouvernement en place pour servir des prébendes à des amis de toutes sortes, souvent dépourvus de toute qualification. La Cour des comptes a d’ailleurs constaté que le personnel administratif de ladite institution jouit aussi, par voie de conséquence, d’un temps de travail très limité. En ce qui concerne nos assemblées parlementaires, les professeurs de droit constitutionnel et de science politique, dont certains thésards sont collaborateurs de députés ou sénateurs (ou ont eux-mêmes été collaborateurs lorsqu’ils faisaient leur thèse), savent bien que le travail de ces jeunes doctorants varie du zéro à l’infini selon l’assiduité et les méthodes et moyens de travail du parlementaire lui-même. Tel assistant va pouvoir faire sa thèse en un temps record parce-que son sénateur « ne lui donne rien à faire » et qu’il peut donc passer tout son temps à la bibliothèque du Sénat, tel autre n’arrivera pas à boucler son doctorat tant il est « pressuré » par son député, à Paris ou dans la circonscription. L’idée de faire intervenir le juge pénal dans la façon dont un représentant de la Nation organise l’exercice de sa fonction est une nouveauté parfaitement soudaine. La tradition d’autonomie des assemblées parlementaires veut qu’elles fassent leur propre police et exercent elles-mêmes leur pouvoir disciplinaire, notamment pour tenter (en vain jusqu’à présent) de corriger l’absentéisme. C’est le règlement de chaque assemblée qui fixe ses règles de fonctionnement et prévoit, dans certains cas, des sanctions à l’encontre des parlementaires qui enfreindraient les règles, lorsque celles-ci existent. Or il n’en existe aucune portant sur le choix, le temps, le lieu, la quantité et les modalités de travail des collaborateurs parlementaires. Bien entendu, l’on peut toujours trouver que le règlement des assemblées n’est pas assez précis et rigoureux. Mais la correction et le contrôle de ces pratiques relève du seul parlement, comme elles relèvent de l’entreprise dans le monde du travail ou du chef de service dans la fonction publique. On ne peut pas incriminer pénalement tous les comportements professionnels et confier au juge répressif le soin de traquer partout les fainéants, les rêveurs, les désinvoltes ou les dilettantes. Mais, rassurons-nous, le juge pénal n’a pas du tout l’intention de généraliser cette intrusion qui ne concerne pas en l’occurrence un parlementaire lambda, mais vise délibérément et exclusivement un député « hors-norme » qui se trouve être, en effet, un candidat fort bien placé à l’élection présidentielle. Et, de plus, il ne s’agit pas non plus de n’importe quel présidentiable mais du vainqueur inattendu à la primaire de la droite qui a déjoué les pronostics et surtout les préférences du complexe médiatico-idéologique. Ledit candidat, par contraste avec son challenger investi par les médias, n’est en effet pas adepte du multiculturalisme ni  franchement branché sur les droits des minorités. Pis encore, il assume ses choix qu’il revendique sans céder au politiquement correct et se permet même de remettre à leur place les journalistes effrontés qui l’agressent sur ses convictions. Il envoie publiquement promener un identitaire antillais qui lui reproche son refus de repentance et de réparation sur la colonisation et l’esclavage et fait de même avec une militante lesbienne qui pleurniche parce qu’il entend remettre en cause l’adoption plénière par deux « parents de même sexe ». C’est dire que ce candidat se soucie comme d’une guigne des clientèles chouchoutées par son concurrent bordelais. Et, comble de l’audace, ce notable de province non-divorcé et père de famille nombreuse, ne trouve pas aberrant d’entretenir de bonnes relations avec la Russie, laquelle est dirigée, comme chacun sait, par un infréquentable  dictateur hétérophile. Voilà donc où le bât blesse et pourquoi il fallait tenter à tout prix de saboter sa candidature. François Fillon n’est pas un banal parlementaire ayant simplement, comme tant d’autres avant et après lui, recruté sa femme pour l’assister. Il est le candidat conservateur plébiscité par les électeurs de son parti pour une élection présidentielle qu’il a toutes les chances de remporter. Le complexe médiatico-idéologique ne pouvait pas laisser passer cela. Un petit article habituel du Canard Enchainé ne révélant rien qu’une pratique archi-courante au Parlement français et voilà la procureure financière qui, telle la fameuse Carla del Ponte en son temps, dégaine aussitôt son arsenal répressif. L’affaire n’est pas sans en rappeler d’autres. Récemment, on se souvient de l’acharnement inouï  dont a fait preuve une juge d’instruction à l’égard de Dominique Strauss-Kahn, en inculpant l’ancien patron du FMI du chef abracadabrantesque de « proxénétisme aggravé » ! Des années de harcèlement judiciaire ont ainsi été infligées à DSK sur la base d’une qualification farfelue que le tribunal a finalement condamnée dans un jugement accablant pour l’instruction. Mais il fallait bien tenter d’avoir la peau de ce mâle hétérosexuel blanc et riche, qui avait l’outrecuidance de vouloir se relever de l’affaire du Sofitel. Plus loin encore, ceux qui ont moins de 40 ans ne peuvent pas se souvenir de la fameuse affaire de Bruay-en-Artois, dans laquelle il ne s’était agi, par la coalition d’un juge et de médias militants, que de mettre à mort un notable de province, coupable de son seul statut socio-culturel, exécré par une meute gauchiste hystérique. Anne-Marie Le Pourhiet
It has been many years since France last had a revolution, or even a serious attempt at reform. Stagnation, both political and economic, has been the hallmark of a country where little has changed for decades, even as power has rotated between the established parties of left and right. Until now. This year’s presidential election, the most exciting in living memory, promises an upheaval. The Socialist and Republican parties, which have held power since the founding of the Fifth Republic in 1958, could be eliminated in the first round of a presidential ballot on April 23rd. French voters may face a choice between two insurgent candidates: Marine Le Pen, the charismatic leader of the National Front, and Emmanuel Macron, the upstart leader of a liberal movement, En Marche! (On the Move!), which he founded only last year. The implications of these insurgencies are hard to exaggerate. They are the clearest example yet of a global trend: that the old divide between left and right is growing less important than a new one between open and closed. The resulting realignment will have reverberations far beyond France’s borders. It could revitalise the European Union, or wreck it. (…) One poll last year found that French people are the most pessimistic on Earth, with 81% grumbling that the world is getting worse and only 3% saying that it is getting better. Much of that gloom is economic. France’s economy has long been sluggish; its vast state, which absorbs 57% of GDP, has sapped the country’s vitality. A quarter of French youths are unemployed. Of those who have jobs, few can find permanent ones of the sort their parents enjoyed. In the face of high taxes and heavy regulation those with entrepreneurial vim have long headed abroad, often to London. But the malaise goes well beyond stagnant living standards. Repeated terrorist attacks have jangled nerves, forced citizens to live under a state of emergency and exposed deep cultural rifts in the country with Europe’s largest Muslim community. Many of these problems have built up over decades, but neither the left nor the right has been able to get to grips with them. France’s last serious attempt at ambitious economic reform, an overhaul of pensions and social security, was in the mid-1990s under President Jacques Chirac. It collapsed in the face of massive strikes. Since then, few have even tried. Nicolas Sarkozy talked a big game, but his reform agenda was felled by the financial crisis of 2007-08. Mr Hollande had a disastrous start, introducing a 75% top tax rate. He was then too unpopular to get much done. After decades of stasis, it is hardly surprising that French voters want to throw the bums out. (…) Look carefully, and neither insurgent is a convincing outsider. Ms Le Pen has spent her life in politics; her success has been to make a hitherto extremist party socially acceptable. Mr Macron was Mr Hollande’s economy minister. His liberalising programme will probably be less bold than that of the beleaguered Mr Fillon, who has promised to trim the state payroll by 500,000 workers and slash the labour code. Both revolutionaries would have difficulty enacting their agendas. Even if she were to prevail, Ms Le Pen’s party would not win a majority in the national assembly. Mr Macron barely has a party. The Economist
 Over the past few months almost all the most prominent of them, save Ms Le Pen, have thus been kicked. In the centre-right primary, held in November, voters rejected an ex-president, Nicolas Sarkozy, and an ex-prime minister, Alain Juppé. In January’s Socialist primary they turfed out another ex-prime minister, Manuel Valls. They would have rejected François Hollande, too, had he not already bowed out of the race—an unprecedented move for a sitting French president. This bonfire of the elites has left France with a slate of candidates all but one of whom were not considered serious contenders for any party’s nomination six months ago. One of them, Emmanuel Macron, a former Socialist economy minister, is a candidate without the backing of an established party but with a real chance of victory, another unprecedented development. Benoît Hamon, the Socialist Party’s candidate, is a former backbench rebel against his own party. The centre-right nominee, François Fillon, will be put under formal investigation on March 15th accused of abusing his office to pay unearned salaries to his family; nevertheless, he says he will fight on. And then there is Ms Le Pen. The populist leader, who has run the FN since 2011, leads The Economist’s poll of polls (…). There is a good chance that she will come top in the first round of the election—again, something for which there is no precedent. (…) In some ways, the emergence of Ms Le Pen matches a pattern of insurgent populism across Western liberal democracies. A fear of job losses due to automation and deindustrialisation; a backlash against immigration; a distrust of self-serving political elites; the echo-chamber effect of information spread on social media: common factors helping populist political movements elsewhere have touched France, too. Ms Le Pen’s support, like support for Mr Trump and Brexit, is well correlated with education. Only 8% of French citizens with a degree voted FN in 2014; 41% of those without a high-school diploma did. As with Mr Trump, men are better disposed to the FN than women. Ms Le Pen, like Mr Trump, is particularly popular in old industrial towns from which jobs and confidence have drained away, taking with them faith in parties of the left (…). Perhaps the most distinctive aspect of the FN vote, though, is the faultline it reveals between the country’s cosmopolitan cities, at ease with globalisation, and those in-between places where farmland gives way to retail sprawl and a sense of neglect. Between 2006 and 2011, the number of jobs in 13 big French cities—Lyon, Marseille, Toulouse, Lille, Bordeaux, Nantes, Nice, Strasbourg, Rennes, Grenoble, Rouen, Montpellier and Toulon—increased on average by 5%. In France as a whole, jobs were lost. These dynamic cities, with their elegant pedestrian centres, tech hubs and gourmet food, vote for the left (Lyon, Nantes, Rennes), the greens (Grenoble) or the centre-right (Bordeaux). They are not immune to France’s feeling of being fed up; in April and May, many of them may opt for Mr Macron. But none registers a strong vote for the FN. Around them, though, is what Christophe Guilluy, a geographer, calls “peripheral France”. This is the world of lost employers like the Lejaby lingerie factory in Bellegarde-sur-Valserine, in the foothills of the Alps, or the Moulinex factory in Alençon, in southern Normandy. It is a world where Uber, bike-share schemes and co-working spaces are nowhere to be found, and where people sense that globalisation has passed them by. It is a world where the FN is on the rise. The FN’s first base was in the south, where Mr Le Pen built support among French settlers returning from independent Algeria in the 1970s. Its second was the rust-belt of the north and east, where it scooped up the disappointed vote that once went to socialists or communists. Maps by Hervé Le Bras, a demographer, show that the FN now has a third home in Mr Guilluy’s peripheral areas—beyond the outskirts of the cities, but not deeply rural. In a ring of communes between 40km and 50km from the centre of Paris, for example, the FN’s candidate in the 2015 regional elections, Wallerand de Saint-Just, won 32% of the vote. In places 80km out or more, he scored fully 41% (…). Isolation boosts FN support. “The farther you live from a railway station”, says Mr Le Bras, “the more you are likely to vote FN.” France has high-quality public services, and its citizens have matching expectations for the fabric of their lives. When that fabric thins—when a local butcher closes, or a doctor leaves town—they feel neglect. A common factor behind the FN vote in such places, says Jérôme Fourquet, director of Ifop, is “a sense of abandonment, of being left behind by an elite that doesn’t care.” Ms Le Pen exploits this sentiment with uncanny skill. Born into politics and raised in a mansion in a swish Parisian suburb, she somehow manages to speak for those she calls the country’s “forgotten” in a way they find credible. The reason this works is partly Ms Le Pen’s shrewd feel for simple language and anti-elite slogans. But it is also because France has been going through an unusually unsettled time that has left people looking beyond the established parties and given French populism distinctive features. One is a sense that a great country, the cradle of human rights and the Enlightenment, has somehow lost its way. This is particularly obvious in economic terms. Since the end of the trente glorieuses, the three decades of strong growth that followed the second world war, it has been debt, rather than growth, that has financed the high-speed trains, the blooming municipal flower beds and the generous provisions for child care, ill health, job loss and old age that are the hallmark of France’s splendid public sector. French public spending now accounts for a greater share of GDP than it does in Sweden. But no French government has balanced its budget since 1974. Over the past 15 years, there has been a particular décrochage, or decoupling, between the French economy and that of Germany, its closest ally. In 2002 the two countries enjoyed comparable GDP per head. Germany, under Gerhard Schröder, began to reform itself. France, under Jacques Chirac, didn’t. Today, Germans have 17% more purchasing power per person. Labour costs in France have risen faster than in Germany, deterring the creation of permanent jobs and undermining competitiveness. The country’s share of all goods exports between EU countries has dropped from 13.4% to 10.5%. Most devastating is unemployment. In 2002, it was a tad higher in Germany. Today it has dropped to 4% on that side of the Rhine, but in France it remains stuck at 10%, and at 25% for the under-25s. Over 80% of new jobs are on short-term contracts, with “short-term” often meaning just a month. A generation of young French people has grown up outside the country’s famously protected job market. The votes for Mr Trump or Brexit were weakest among the under 25s; but the young French support the FN more than any other party. (Conversely, older voters have much less truck with Ms Le Pen than their Anglophone peers did with Brexit and Mr Trump; polls say they fear for their savings and pensions if France leaves the euro.) Economic self-doubt has been compounded by a sense of what Laurent Bouvet, a political scientist, calls “cultural insecurity”. Three big terrorist attacks within the space of 18 months, in 2015 and 2016, battered France’s confidence. The coming presidential election will be conducted under a state of emergency which has been renewed four times since November 2015. The French have had to learn to live with soldiers patrolling the streets and railway stations, a daily visual reminder of their vulnerability. Legitimate worries about terrorism have supplied fertile ground for insidious identity politics. As the home to one of Europe’s biggest Muslim minorities, France is more alert than, say, Italy or Spain to hints of religious extremism. Moreover, the country has a pre-existing and unforgiving framework for managing religious expression—known as laïcité—which recent governments, fearing a threat to secularism, have tightened up. When this provokes a row—over Muslim head-coverings, say—it plays straight into Ms Le Pen’s hands; she has little trouble persuading voters that their values are under threat. France, she tells her flag-waving rallies, faces nothing less than “submersion”. Ms Le Pen succeeds not because of the way her policies, which include a lower retirement age, more taxes on foreign workers and massive increases in spending on the armed forces, would tackle economic insecurity or the threat of terror (they wouldn’t). It is because of her talent for blending two strands of populism: anti-immigrant talk about values and churches, strong in the south, and anti-market discourse about jobs and the system, favoured in the north. On both counts, she can tap into French history. (…) A final ingredient gives French populism a further twist: Euroscepticism. Invaded three times by Germany since 1870, and on its fifth republic, France has a long disrupted history, insecure even in peace. After the second world war it dealt with this by building Europe—a project by which it sought to bind in Germany and to amplify its own power. The French regarded the ceding of sovereignty as a means of reinforcing, not undermining, their nation state. Europe remains an important part of French identity. But somewhere along the line the passion it once evoked cooled down, and the consensus supporting it faltered. Second thoughts spread long before the recent currency and refugee crises. In 1992, the French approved the launch of the union’s single currency by the slimmest of margins. In 2005 they rejected the draft EU constitution. The share of French people who see Europe favourably dropped from 69% in 2004 to 38% in 2016, according to Pew, a polling group; that makes the EU less popular in France than in Britain. This has given the FN a fresh electoral cause. Ms Le Pen speaks of Brexit as a model of emancipation from the shackles of what she calls the “European Soviet Union”. The feeling that France has lost its sense of purpose goes well beyond those tempted to vote for the FN. So does exasperation with the failures of both the left and the right to put the national interest first, and fix the country. At every national election for the past ten years, at all levels of government, the French have voted against the party in overall power; fully 89% of the French told a recent poll they thought the country was heading in the wrong direction. It is this that has opened the way for a party refusenik such as Mr Macron—who, should he win, will have to get the people to break their unerring habit of resisting the change they have just voted for, a habit that accounts for much of their frustration. In “Le Mal Français”, a book published in 1976, Alain Peyrefitte, a minister under Charles de Gaulle, lamented the fact that such a talented country had produced such a blocked system. Every now and then, it seems, France needs to go through convulsions of abrupt change in order to free itself from l’immobilisme (paralysis). History shows that such moments of upheaval can produce startling and creative forces for renewal. But they can also presage a slide into darkness. In Mr Macron’s cities, and Ms Le Pen’s peripheries, France is poised to go either way. The choice it makes could scarcely matter more. The Economist
Le Parlement européen a approuvé jeudi la levée de l’immunité parlementaire de la dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen dans l’affaire liée à la diffusion d’images d’exactions du groupe État islamique (ou Daech). Cette levée d’immunité était réclamée par la justice française. (…) En décembre 2015, la cheffe de file du Front national avait diffusé trois images violentes, en réaction à des propos du journaliste de BFMTV Jean-Jacques Bourdin lors d’une interview du spécialiste de l’islam Gilles Kepel. «Je voudrais revenir sur les liens… euh… entre Daech et le Front… enfin les liens, pas les liens directs, entre Daech et le Front national, mais ce repli identitaire, qui finalement est une communauté d’esprit, parce que l’idée pour Daech c’est de pousser la société française au repli identitaire», avait déclaré le journaliste. Quelques minutes plus tard, Marine Le Pen avait alors posté sur son compte Twitter trois photos d’exactions commises par Daech, dont celles sur le journaliste américain James Foley et un pilote de l’armée de l’air de Jordanie, sans avertissement et sans masquer certaines zones des images. «Ça suffit. Cela commence à bien faire. Si ces attaques sont désormais la ligne de BFM, puisque Ruth Elkrief a osé le même rapprochement, il est temps que cela cesse», s’était justifiée l’eurodéputée auprès du Figaro. La présidente du FN avait finalement retiré les clichés dans la journée, sous la pression du ministère de l’Intérieur et de familles des victimes. Le Figaro
François Fillon a bénéficié, comme tant d’autres, d’un mode de fonctionnement inéquitable, incroyablement opaque, lui permettant d’employer des proches comme attachés parlementaires sans avoir de comptes à rendre ou presque sur leur salaire (plafonné à la moitié de l’enveloppe globale) et la nature de leur travail. Parce qu’il est devenu, du jour au lendemain, le favori de la présidentielle et qu’il a axé sa campagne sur la probité, de telles pratiques ont choqué, à juste titre. Mais il a payé pour tous les autres. Ceux qui avaient piqué dans la caisse, qui avaient nié leur évasion fiscale les yeux dans les yeux ou qui, simplement, s’étaient autoproclamés exemplaires alors qu’ils claquaient 10 000 euros par mois pour se faire shampouiner aux frais du contribuable. Dans une France qui totalise plus de six millions de chômeurs, près de neuf millions de pauvres et soixante-six millions de désenchantés, les petits arrangements comme les grosses arnaques ne passent plus. «Au début de l’année 2016, un député sur six employait parmi ses collaborateurs un membre de sa famille», rappelle pourtant René Dosière. Au-delà de cette dimension «morale», François Fillon a aussi essuyé les plâtres d’un projet sans doute mal ficelé, jugé par une partie de l’opinion trop libéral, trop imprécis et préjudiciable à la Sécurité sociale. En charge du dossier, le Parquet national financier a finalement ouvert une information judiciaire, de crainte que l’entrée en vigueur d’une nouvelle loi ne prescrive les faits reprochés à François Fillon. Preuve que les éléments n’étaient sans doute pas si solides, en dépit du déchaînement médiatique qu’ils ont suscité. Trois juges d’instruction ont ainsi hérité de l’affaire, dont l’intraitable Serge Tournaire, réputé pour son intransigeance et sa ténacité, décrit par ses contempteurs comme «un type techniquement très compétent, avec une épouvantable mentalité d’inquisiteur». Nicolas Sarkozy peut en attester: c’est lui qui a décidé de le mettre en examen, dans le cadre du financement de sa campagne de 2012, contre l’avis de ses collègues Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loir. C’est encore lui qui a récemment tranché, dans l’affaire Bygmalion, pour son renvoi en correctionnelle, là aussi malgré le désaccord de Van Ruymbeke. On murmure que l’ambiance ne serait pas à la franche camaraderie entre les deux juges. Et là, patatras, le candidat des Républicains se voit convoqué le 15 mars prochain en vue d’une mise en examen. Soit deux jours avant la date limite des dépôts de candidature pour la présidentielle. C’est fou ce que la justice française a fait comme progrès en termes de vélocité ces dernières semaines. Enfin, pas pour tout le monde. Personne n’a eu l’idée de venir enquiquiner François Bayrou, dont la secrétaire particulière a, pendant cinq ans, «été payée par l’enveloppe d’assistance parlementaire de Marielle de Sarnez, sur fonds européens», révélait en 2015 Corinne Lepage dans son livre Les mains propres. En revanche, le Parlement européen semble très enclin à lever l’immunité de Marine Le Pen pour une ridicule histoire de tweets: l’eurodéputée frontiste avait eu l’outrecuidance de poster des visuels de crimes barbares de l’État islamique. Un dénouement qui surgit décidément à point nommé, pour une enquête ouverte en France en …2015. Faute de pouvoir la coincer sur les emplois présumés fictifs de ses assistants parlementaires, on fait avec ce qu’on a sous le coude.  Personne n’a eu la curiosité d’enquêter sur la fortune d’Emmanuel Macron qui, comme le résume le blog d’Olivier Berruyer les-crises.fr, a omis de déclarer son ISF à plusieurs reprises, a engrangé plus de 3,3 millions d’euros de revenus en six ans, et dispose de 266 000 euros de liquidités. De même, quand l’ouvrage Dans l’enfer de Bercy, des journalistes Marion L’Hour et Frédéric Says, mentionne qu’à son départ de Bercy en août dernier, il avait utilisé «à lui seul 80 % de l’enveloppe annuelle des frais de représentation accordée à son ministère» beaucoup se demandent en vain si cet argent n’a pas servi à mettre sur pied son mouvement. Mais le vibrionnant énarque «en marche» est le candidat des médias et des milieux financiers. Pas touche. De telles inégalités de traitement laissent perplexe voire amer. «La justice est en train d’aller dans le mur», redoute Bernard Debré, fervent soutien de l’ex-premier ministre, qui parle, lui, d’un «assassinat politique» et d’un «État de droit violé». Comment ne pas lui donner raison, au vu de cette subite avalanche de procédures, d’accusations, de harcèlements, qui semblent n’avoir pour objectif que de confisquer le libre arbitre des votants, de jeter le trouble pour saborder tout discernement dans une course à l’Élysée de plus en plus abracadabrantesque, dont on voudrait nous imposer l’issue. François Fillon s’en remet au peuple, au fameux bon sens populaire. Le pari est risqué mais courageux. La posture se veut gaulliste pour remobiliser les troupes. Quelques rats s’empressent déjà de quitter le navire ; les fidèles, eux, devront faire bonne figure et «résister» aux intempéries. Il y a quelque chose de sacrément pourri dans les institutions françaises. Les voix de la démocratie auront le dernier mot. Eloïse Lenesley
C’est d’ailleurs au nom de cet enracinement qu’il [François Bayrou] a été le procureur le plus impitoyable de la candidature d’Emmanuel Macron, cet « hologramme » serviteur des plus gros intérêts financiers, selon ses propres mots. Il posait évidemment le bon diagnostic sur cette candidature hors-sol qui s’assumait, précisant, le front même pas rosi, que la culture française n’existait pas. (…) certes, il n’avait peut-être pas les moyens financiers, il ne pouvait peut-être pas prendre le risque d’être ruiné et de terminer sa carrière en dessous du seuil fatidique et symbolique des 5%. Mais à choisir, finalement, entre Fillon et Macron, n’était-il pas plus proche, par bien des égards, du Sarthois ? N’avait-il pas porté en 2012 le même projet que le candidat LR d’aujourd’hui, obsédé par le poids de la dette et de la remise en ordre des finances publiques ? N’avait-il pas plaidé à l’époque pour le même projet – sang et larmes compris ? Ce ralliement à la caricature du marketing électoral est bien piteux, François Bayrou. Vous voilà désormais avec Jacques Attali, l’homme qui peste contre l’enracinement, Pierre Bergé, l’homme qui explique qu’on peut bien prêter son utérus puisque les ouvriers prêtent leurs bras, et Patrick Drahi qui symbolise aujourd’hui la mainmise du fric sur les médias. Vous voilà condamné à subir une recomposition low-cost, et prendre le risque d’offrir à Marine Le Pen l’adversaire dont elle rêve nuit et jour. David Desgouilles
Alors que François Fillon et Marine Le Pen sont pointés du doigt pour leur implication présumée dans des affaires d’emplois fictifs, le MoDem de François Bayrou pourrait avoir eu recours à ce type de pratiques par le passé, comme l’indique un livre paru en 2014 et écrit par Corinne Lepage. (…) Dans son livre “Les mains propres”, paru en 2014, Corinne Lepage, ex-députée européenne aujourd’hui macroniste, évoquait les “nombreux emplois fictifs” du MoDem. “Des assistants parlementaires servent en réalité le parti politique, et non le parlementaire…” Précisément, l’ex-élue dénonçait dans l’ouvrage l’existence de “nombreux ’emplois fictifs’ pour assurer le secrétariat des uns ou des autres, grâce à des personnes payées par des entreprises publiques ou privées ‘amies’. […] C’est ainsi que des assistants parlementaires servent en réalité le parti politique, et non le parlementaire…” “Lorsque j’ai été élue au Parlement européen en 2009, le MoDem avait exigé de moi qu’un de mes assistants parlementaires travaille au siège parisien. J’ai refusé en indiquant que cela me paraissait d’une part contraire aux règles européennes, et d’autre part illégal. Le MoDem n’a pas osé insister, mais mes collègues ont été contraints de satisfaire à cette exigence”, détaille aussi l’ancienne ministre. Valeurs actuelles
Le fondateur des Jeunes avec Macron est employé par le député macroniste Jean-Jacques Bridey, à mi-temps. Pratique : en deux jours, il gagne assez pour militer l’esprit léger les autres jours de la semaine. Ou comment dribbler la loi, qui interdit aux assistants parlementaires de participer à la campagne d’un candidat… Être bénévole sur une campagne électorale peut susciter des frustrations. Tant d’heures passées à militer, à se donner sans compter au service d’un candidat, le tout pour un résultat incertain… et zéro euro ! Il existe bien sûr la possibilité de demander à être salarié de l’association de financement de la campagne, mais les budgets sont si serrés que tout le monde ne peut y prétendre. Reste une alternative : trouver une autre source de salaire. Le tour de passe-passe réalisé par le député-maire macroniste de Fresnes (Val-de-Marne) Jean-Jacques Bridey et son nouveau collaborateur, le patron des « Jeunes avec Macron » Florian Humez, est à ce titre ingénieux. Depuis le 1er décembre, le jeune homme est salarié du parlementaire… tout en continuant à militer activement pour son candidat de cœur, Emmanuel Macron. La loi interdit pourtant aux collaborateurs parlementaires de participer à des campagnes politiques. Et ce, pour une raison facile à comprendre : le Parlement n’a pas vocation à financer, sur son budget, de campagnes électorales. Cette utilisation gratuite d’une main-d’œuvre qualifiée créerait de plus une inégalité entre les candidats. La Commission nationale des comptes de campagne rappelle donc tous les ans que les assistants parlementaires doivent « travailler uniquement pour le parlementaire dans le cadre de leur mission et leur participation à une campagne électorale pendant les heures de travail est proscrite ». Contacté par Marianne, Florian Humez réfute tout cumul illégal. S’il travaille bien pour Jean-Jacques Bridey, ce n’est qu’à temps partiel, assure-t-il, plus précisément « le mardi et le mercredi, soit 18 heures par semaine ». Magie du mi-temps, cet emploi rémunéré lui permet de militer – bénévolement – pour les Jeunes avec Macron le reste de la semaine. Pas question pour autant de parler d’emploi de complaisance, selon le nouveau collaborateur, qui assure être devenu « les yeux et les oreilles du député à l’Assemblée ». Des yeux et des oreilles particulièrement discrets. En dépit de cette fonction stratégique, Florian Humez n’avait en effet jamais jugé bon de rendre public ce nouvel engagement professionnel. Et il se présente uniquement, sur les réseaux sociaux, comme « militant » et « co-fondateur des Jeunes avec Macron ». Dans un récent portrait qui lui est consacré par les Inrocks, publié le 12 février dernier, ce jeune homme de 25 ans reçoit d’ailleurs la journaliste dans un bureau situé au QG d’En Marche, dans le quinzième arrondissement de Paris. Il y détaille ses fonctions auprès d’Emmanuel Macron et évoque les services d’une stagiaire qui l' »aide au niveau des territoires ». C’est dire si sa fonction est prenante… Pour que cette relation contractuelle insoupçonnée sorte au grand jour, il aura donc fallu que le bureau de l’Assemblée nationale prenne une décision importante, le mardi 21 février : les noms des collaborateurs parlementaires de chaque député sont désormais publiés, chaque mois, sur son site. Parmi eux, le patronyme de Florian Humez est apparu associé à celui de Jean-Jacques Bridey. Aujourd’hui, l’intéressé reconnaît s’être volontairement abstenu de communiquer sur cet emploi et ce, dit-il… pour ne pas prêter le flanc aux attaques. « Je ne voulais pas qu’on m’accuse de faire partie du système que je critique », nous explique-t-il en effet sans détour. Sollicité, Jean-Jacques Bridey nous assure également qu’il n’y aucune entourloupe : les missions de Florian Humez à ses côtés seraient particulièrement variées. « Il traite les courriers qui traînent, gère les relations avec les députés, il regarde les questions au gouvernement et me fait une revue de presse sur les questions de défense, qui relèvent de ma commission », égrène l’élu auprès de Marianne. Parmi ces tâches, un bon nombre n’ont plus lieu d’être, puisque la session parlementaire s’est achevée le jeudi 23 février. N’empêche, le jeune homme ne militera pas sur son temps de travail, maintient le député : « Ces deux activités sont indépendantes ». Florian Humez, lui voit les choses autrement : « Il y a un lien entre les deux activités. Je me sers de ce que j’ai appris à l’Assemblée quand je milite pour les Jeunes avec Macron, et inversement ».Pour tromper l’ennui le mardi et le mercredi, dans les prochains mois, le collaborateur-militant imagine « travailler sur des questions liées à l’actualité », en particulier en « discutant avec des députés ou collaborateurs » qu’il connaît. Une activité difficilement quantifiable, pour un salaire confortable : Florian Humez ne donne pas de chiffres mais confie gagner « suffisamment de quoi vivre dans une grande ville », grâce donc à ces deux journées par semaine. Concédant que cette somme dépasse, « malheureusement », ce que reçoivent bien des salariés pour un temps plein. Sur ce point, Jean-Jacques Bridey se refuse lui aussi à être précis : « Je rémunère mes collaborateurs comme je le veux et je ne donne pas les salaires », souffle-t-il, admettant simplement payer Florian Humez  » à un bon niveau ». Peu de doutes là-dessus puisque celui-ci est venu remplacer un collaborateur à temps-plein. Les deux autres collaborateurs parlementaires du député-maire, eux, sont de plus employés… à mi-temps par la mairie de Fresnes. L’élu se retrouve donc avec 9.561 euros à distribuer entre trois temps partiels. Ou quand le budget de l’Assemblée aide à militer l’esprit léger… Marianne
Des autorités judiciaires accusées de bafouer l’Etat de droit et de voler l’élection aux Français. Des journalistes hués. Mais jusqu’où est prêt à aller François Fillon pour se sauver ? Il en appelle au peuple contre le système. Les élus ? Rien à faire, le peuple est là. Le parti ? Idem… Lui, le pourfendeur de la France d’en haut ? Ne pas être énarque n’est pas un brevet d’anti-système… Quelle posture indigne pour un homme qui fait de la politique depuis 36 ans, qui a été conseiller général, maire, président de conseil général, président de région, député, sénateur, ministre… Qui est élu de l’arrondissement le plus huppé de France, le 7ème   arrondissement de Paris, après avoir abandonné sa circonscription historique dans la Sarthe  considérant qu’elle était  perdue, exfiltrant au Parlement européen son suppléant, qui avait eu la générosité d’embaucher Penelope Fillon…  Qui pratique un des sports les plus coûteux : la course automobile. Qui a, durant des années, passé des vacances dans les palais de Moubarak, chez Luca di Montezemolo, le richissime PDG de Ferrari ou dans le chalet de Courchevel de son ami et protecteur, le milliardaire Marc Ladreit de Lacharrière. Qui ne jure que par Arnys (6.000 euros le costume). Qui a comme proches conseillers et amis d’éminents inspecteurs des Finances reconvertis dans la finance, qu’il s’agisse de l’ex-président d’Axa, Henri de Castries ou d’Antoine Gosset-Grainville, fondateur d’un des cabinets d’affaires les plus influents de Paris. Qui a reçu des émoluments de dizaine de milliers d’euros pour ses conseils avisés. Rien de cela n’est ni interdit, ni honteux, mais alors que  François Fillon arrête de fustiger le système et de jouer au héros de la France profonde martyrisée par le microcosme. (…) Non, François Fillon n’est pas la victime d’un acharnement judiciaire. Il n’est pas rare que les puissants, quand ils sont confrontés pour la première fois à la Justice, découvrent qu’il n’y a pas d’échappatoire, que celle-ci suit son cours, quoiqu’il arrive et leur première réaction est de dénoncer une machination politico-judiciaire. La justice serait trop rapide ? Mais c’est ce que voulait François Fillon, il l’avait même réclamé et de toute façon, le Parquet national financier (PNF), créé dans la foulée de l’affaire Cahuzac, a fait de la célérité l’une de ses marques de fabrique, la justice financière étant régulièrement épinglée pour son manque de réactivité et ses délais d’enquête. Le candidat LR se plaint que la Chambre d’instruction de la cour d’appel n’ait pas accepté de statuer immédiatement sur les « irrégularités de la procédure ». Un reproche quelque peu étonnant. Durant l’enquête préliminaire, les avocats ne pouvaient pas déposer de recours. C’est la loi commune, celle du code de procédure pénale, qui s’applique à tous. C’est notamment pour cette raison que François Fillon réclamait l’ouverture d’une information judiciaire. Dès lors, ses avocats  ont le droit de contester tous les actes de l’instruction devant la Cour d’appel de Paris. Tout le reste n’est que fumée. (…) Alors, les conséquences juridiques des infractions qui lui sont reprochées sont disproportionnées ?  (…) Oui, la sanction est lourde. Mais il s’agit de la campagne présidentielle, du débat démocratique, de la France, de l’Europe… Et François Fillon  n’a cessé de prôner la probité. (…) Un dernier carré de fidèles à François Fillon est persuadé de pouvoir emporter la présidentielle en hystérisant une partie de l’électorat, en se  » trumpisant « . Même si 10.000 personnes, 30.000 personnes radicalisées et ameutées par la Manif pour tous se rendent au Trocadero, cela ne fera pas l’élection. Un noyau dur hystérique ne fait pas une élection. Et ceux qui soutiennent mordicus François Fillon, quitte à admettre un discours populiste dangereux, vont devoir réfléchir au sondage que publie Odoxa. François Fillon est donné largement battu. Il serait disqualifié au premier tour. En revanche, si François Fillon décidait finalement de renoncer, les Français comme les sympathisants de droite souhaiteraient que ce soit Alain Juppé qui le remplace (52% contre 19% pour François Baroin). Et le maire de Bordeaux arriverait en tête au premier tour ! Avec 26,5% d’intentions de vote, soit 7,5 points de plus que François Fillon. Il devancerait Macron d’1,5 point (25%) et Le Pen de 2,5 points (24%). Alors qui vole l’élection à qui ? Et au-delà, qui détruit le débat démocratique, l’image de la France? Challenges
Fillon veut «réduire l’immigration légale au strict minimum» et que le Parlement adopte chaque année des «quotas limitant le nombre d’étrangers qui pourront être admis en France, en fonction de nos besoins économiques et de nos capacités d’intégration.» Macron s’est rendu à Berlin pour y rendre un vibrant hommage à la politique d’accueil d’Angela Merkel. Rappelons que l’Allemagne a accueilli 1,1 million de demandeurs d’asile sur la seule année de 2015. L’approche de Macron est dangereuse. Concernant les propositions de François Fillon, je ferai observer, au vu de l’expérience qui a été la mienne au sein du Haut Conseil à l’intégration (HCI), que le Parlement n’est pas le mieux placé pour décider des entrées sur notre territoire. Cette décision, en raison même des conséquences sur le présent et l’avenir de la nation, doit relever du domaine réservé du chef de l’Etat. (…) Pour les citoyens, «intégration» signifie «intégration culturelle». C’est le résultat d’un processus qui conduit, lorsqu’il réussit, à l’assimilation. C’est l’appropriation des normes collectives et leur transmission à ses propres descendants. Or, Emmanuel Macron a décrété qu’«il n’y a pas de culture française». L’intégration est son angle mort, ce qui explique son positionnement par rapport à la laïcité. Manuel Valls balayé, plus aucun candidat de gauche ne porte l’exigence, incontournable pour préserver le vivre ensemble, du respect de la laïcité. François Fillon est dans une approche opposée. Référence aux valeurs, donc à l’identité française. Il évoque la nécessité de respecter le Code civil qui «fait mention à plusieurs reprises de l’exigence d’assimilation».  (…) [Macron] a précisé à plusieurs reprises avec clarté la ligne qui était la sienne: mondialiste et multiculturelle. D’où son positionnement cohérent sur les flux migratoires et la culture française: une France aux portes et fenêtres battantes placée sous le règne de la culture buffet. Chacun dépose ses plats sur la table et n’y puise que ce qui lui sied. [Sur l’Algérie] Une accusation qui alimente la bataille des mémoires et la pente victimaire. Une accusation lourde à l’encontre de la France qui se trouve invalidée dès qu’on compare la démographie algérienne entre 1930 et 1962. À l’évidence, l’objectif était de séduire une partie de l’électorat issu des anciennes colonies vibrant encore à l’unisson de la terre de ses ancêtres. Cette accusation susceptible de dresser les uns contre les autres est d’une gravité extrême à l’heure où la France se trouve en guerre, ciblée par des terroristes qui justifient leurs actes par ce qu’elle est et ce qu’elle a été. (…) Dans le livre de Gérard Davet et Fabrice Lhomme, François Hollande s’interroge: «Comment on peut éviter la partition? […] Car c’est quand même ça qui est en train de se produire: la partition.» Hollande «pense, depuis le début de l’année 2015, que le thème de l’identité sera au cœur de la prochaine échéance présidentielle.» Ma conviction est qu’aujourd’hui un certain nombre d’opérations de diversion sont mises en œuvre pour empêcher que ce thème soit versé au débat. En ce domaine, la gauche est la première responsable de la décomposition française. Malika Sorel-Sutter
Au cours de ce dernier quinquennat, la France n’a pas entrepris les réformes tant attendues. Quarante économistes avaient lancé un appel en faveur du candidat de la gauche, pour un résultat économique nul! Appel relayé avec bienveillance par la presse sans échange contradictoire possible. Le silence des «instances de contrôle» sur cette intervention partisane reste une énigme. Une fois élu, le président a laissé ses ministres et collaborateurs se déchaîner contre leurs collègues allemands, qui eux avaient réformé leur pays avec courage, détermination. Monsieur Wolfgang Schäuble, ministre allemand des finances, n’a pas cessé de demander à la France de respecter ses engagements et de faire les réformes attendues. Il ne fait qu’exprimer le bon sens, ignoré des dogmatiques de gauche. Monsieur Schäuble n’est pas antifrançais, il a rendu un vibrant hommage à Jacques Rueff en préfaçant le livre de l’ancien rédacteur en chef de la Voix-du-Nord, Gérard Minart, «Jacques Rueff, un libéral français». Seul François Fillon parmi les candidats à l’élection présidentielle a compris le rôle que doit jouer un gouvernement pour créer un environnement propice à la croissance par une économie libérée, comme souhaité par nos partenaires européens. Il a annoncé un programme cohérent pour créer le cadre incitatif tant attendu et pour redresser impérativement notre économie. Les résultats de la primaire de la Droite et du Centre le plébiscitent, alors pour tous ses adversaires il est subitement devenu: l’homme à abattre! Depuis quatre décennies notre peuple a choisi de privilégier l’assistanat à l’effort, pensant que l’Etat n’avait qu’à redistribuer des richesses, fussent-elles éphémères ou fragiles. La France avait besoin de l’effort de tous pour plus de créativité. Les Français n’ont pas vu le danger d’affaiblir la compétitivité industrielle, déjà frappée et mise à mal par les deux chocs pétroliers. La gauche et les radicaux-socialistes préfèrent exploiter tout simplement les mouvements d’opinion. Les partis veulent conquérir le pouvoir à tout prix mais n’analysent jamais leurs erreurs. Emmanuel Macron partage la responsabilité de l’échec de l’exécutif sortant, il tente un rassemblement du peuple par l’exaltation affective tous azimuts, au milieu de nombreuses incohérences, il trouve le moyen d’insulter notre histoire. En économie, il faut comprendre que pour redistribuer quelque chose, seule la richesse créée le permet! Les politiciens aux idées de gauche méprisent les principes élémentaires de l’économie de Milton Friedman ou de Jacques Rueff. Le pragmatisme du général de Gaulle l’opposait à tout ce qui a été entrepris depuis 1981: «Les gens de gauche ont rarement de grands projets. Ils font de la démagogie et se servent des mouvements d’opinion. La gauche tire le haut de la société vers le bas, par idéal d’égalitarisme. C’est comme ça que l’on a fini dans l’abîme en 1940… Les socialistes sont d’éternels utopistes, des déphasés, des apatrides mentaux. Ils gaspillent toujours la plus grande partie des crédits. On ne les a jamais vus dépenser efficacement les crédits… Je n’aime pas les socialistes, car ils ne sont pas socialistes… parce qu’ils sont incapables, ils sont dangereux.» Le président sortant n’accepte pas l’idée que les Français se réveillent, sa gestion du pays est désavouée. Les performances économiques du pays placent la France en queue du classement européen. La Cour des Comptes n’est pas avare de critiques envers l’exécutif, le mot de Lamartine est à propos: «(…) Soit que déshérité de son antique gloire / De ses destins perdus il garde la mémoire (…)» (…) Ce n’est pas la première fois que des hommes politiques font usage de ces méthodes pour atteindre la sensibilité morale de l’électeur et orienter ou désorienter son vote au profit de leur candidat. La Ve République doit être ce que la république a toujours été, selon son fondateur: «La souveraineté du peuple, l’appel de la liberté, l’espérance de la justice.» En plébiscitant François Fillon lors de la primaire, les Français ont exprimé la force de leur raison, rien ne doit les distraire de la victoire. Arnaud Pineau-Valencienne
Macron suscite une ferveur réelle – même si elle semble faiblir. Mais il est aussi, et de plus en plus, le candidat du Parti des médias: non seulement, beaucoup de grands journaux, du Monde à l’Obs (sans oublier Marianne qui a récemment rejoint la chorale) le soutiennent, mais pas mal de ténors de la profession semblent avoir été personnellement maraboutés. Son entourage ayant refusé de nous accorder un entretien, suite à la parution sur le site Causeur.fr d’articles critiques sur lui (on est cools et ouverts mais quand même….), j’ignore si j’aurais été moi aussi touchée par la grâce. (…) Mais la possible victoire de Macron nous inquiète tous. Désolée, mais «une cuillère pour Jeanne d’Arc, une cuillère pour Steve Jobs», cela ne fait pas une vision pour la France. (…) Mais nous pensons tous que, si Fillon est battu, cela doit être à la loyale et pas au terme d’une opération de basse police politique. Quels que soient les faits qui lui sont reprochés, faits que pour ma part, je trouve assez véniels (position ultraminoritaire j’en conviens), l’alliance contre lui de juges qui se pensent investis d’une mission de purification et de journalistes qui jouent les arbitres des élégances morales me semble bien plus grave et menaçante pour nos libertés. Des documents confidentiels qui arrivent opportunément au Canard, une instruction menée à charge et au pas de charge, et dont des morceaux choisis s’étalent dans un quotidien proche du pouvoir, la mainmise sur un dossier simple du Parquet national Financier, créé pour traiter les affaires complexes (en réalité les affaires tout court) en court-circuitant le Parquet de Paris et pour finir, la nomination du juge Tournaire, pourtant déjà fort occupé avec Bygmalion -le même qui, depuis deux ans essaie de se payer Sarkozy: d’abord en 2013 avec une invraisemblable mise en examen pour «abus de faiblesse» (qui a abouti à un non-lieu), ensuite il y a quelques semaines avec une ordonnance de renvoi en correctionnelle que le juge Renaud Van Ruymbaeke, également en charge du dossier, a refusé de signer. Alors peut-être que Serge Tournaire est un magistrat très scrupuleux comme le clament ceux qui redoutent de se retrouver dans son bureau. Mais d’une part, il semble s’être donné pour mission de flinguer du politique, et d’autre part, il est tout de même étrange de nommer ce juge-là dans une affaire où la Justice devrait avoir à cœur de se montrer impartiale. «Ils n’oseront pas nommer Tournaire, ce serait un trop beau cadeau», me disait un proche du dossier il y a dix jours. Eh bien si, ils ont osé. Et au lieu de demander des comptes à ce sujet, les journalistes ânonnent le scénario concocté pour eux ailleurs. (…) Le mur des Cons, ça vous rappelle quelque chose? Cela dit, je ne crois pas qu’on ait affaire, dans le cas de Fillon, à des juges rouges ou à la botte du pouvoir. C’est pire: on dirait qu’ils sont en croisade et que l’idée d’intervenir dans le jeu politique ne les dérange pas du tout. En prime, ils sont du genre susceptible, presque autant que les journalistes. Il paraît que critiquer ces deux corporations, c’est attaquer la démocratie, la bonne blague. Voilà qui est bien pratique pour faire taire toute dissidence. Fillon a osé les attaquer frontalement. Ils ne le lui pardonneront pas. Certains journalistes sont aujourd’hui ivres de haine. Cela fait cinq semaines qu’ils répètent sur tous les tons qu’il ne peut pas tenir et il est encore là? Quel odieux crime de lèse-médias! Eh bien moi, pour cela, je suis prête à beaucoup lui pardonner – y compris d’avoir appuyé lui-même sur le bouton «vertu» avec, en prime, une grande inélégance à l’endroit de Nicolas Sarkozy. Je ne sais pas du tout s’il pourra tenir malgré la vague de défections – il y a des gens avec qui on ne partirait pas à la guerre… Mais s’il doit se retirer cela signifiera qu’une sorte de putsch médiatico-judiciaire a réussi à plomber l’élection présidentielle plus sûrement qu’une armée de trolls russes. (…) Du reste, si Macron était seulement un nouveau Hollande, il serait sans doute moins haut dans les sondages. En réalité, Macron, c’est un produit classique dans un emballage nouveau: il est à la fois un héritier fidèle du hollandisme et un OVNI politique. On connaît sa ligne économique: plus d’Europe, plus de mondialisation, et à l’intérieur plus de libéralisme et l’intégration des banlieues par l’ubérisation. Du Terranova réactualisé, en somme. Si nous avons choisi, pour la «une», cet angle d’attaque plutôt que son genre «Prophète de bonheur» (ou petit joueur de flûteau d’Amiens…), c’est pour dévoiler une entourloupe. Macron essaie de faire croire qu’il sort de nulle part alors qu’il possède l’un des carnets d’adresse les plus fournis de Paris (ce qu’il doit au demeurant à ses multiples talents) ; il prétend être porteur d’une rupture, voire de plusieurs révolutions (comme le suggère le titre de son livre) alors qu’il n’a aucunement l’intention de rompre avec les grandes orientations des quarante dernières années ; il pense qu’il n’y a pas de culture française, mais une culture en France, et aussi que notre pays est structurellement coupable: c’est l’une des opinions les plus communes dans la famille politique dont il vient. Finalement, Macron, c’est du vieux avec du neuf. (…) Peut-être que François Hollande, qui est d’une autre génération et qui a quarante ans de PS derrière lui, n’irait pas jusque-là, mais dans l’ensemble, les orientations de Macron sont celles qu’il aurait pu adopter s’il n’avait pas eu le boulet PS au pied. Sur le plan politique, Macron est en quelque sorte un Hollande accompli, un Hollande libéré. (…) Soyons honnêtes: on en a pas mal de signes, dont je donne des exemples, mais aucune preuve. Cela dit, cela serait au moins une preuve de cohérence idéologique de la part du président. Tout le monde pense que ce serait une transgression de sa part de ne pas donner son soutien à Benoît Hamon. Mais pourquoi choisirait-il la fidélité boutiquière (et à une boutique qui lui a pourri la vie depuis cinq ans) plutôt que la fidélité idéologique? (…) Macron n’a pas été fabriqué par les médias, mais peut-être est-il la quintessence parfaite d’un certain esprit du temps: c’est Homo Festivus qui a fait l’ENA! (…) C’est un élément de nouveauté: en transcendant le clivage droite-gauche, Macron espère fédérer le bloc central de la société française qui est aujourd’hui coupé en deux politiquement, alors qu’il a des intérêts communs. Le projet de Chevènement était en quelque sorte symétrique: lui aussi voulait casser le clivage droite-gauche, mais pour redonner de la voix à cette France oubliée qu’on n’appelait pas encore périphérique, cette France des classes populaires d’avant qui n’apparaît décidément pas dans le radar high-tech d’Emmanuel Macron. Hervé Algalarrondo, qui voit encore en lui le meilleur espoir de la gauche raisonnable, redoute qu’au lieu de réconcilier toutes les France, comme il l’a promis, Macron ne se soucie que des «France du politiquement correct» – les bobos et les immigrés pour faire court. Bref, malgré ses manières de télévangéliste et ses exhortations à nous aimer les uns les autres, on peut craindre qu’il n’aggrave les fractures françaises. [ses déclarations sur la guerre d’Algérie et sur l’inexistence de la culture française] révèlent une idée de la France qui, pour le coup, est en rupture avec toute notre histoire et qui est, en outre, en train de nous emmener dans le mur. (…) Précisons que le multiculturalisme ne réside pas dans la coexistence de plusieurs cultures -qui est une donnée -, mais dans les modalités de cette coexistence. Macron, ce n’est pas l’identité heureuse, c’est l’identité à la carte. Et sa façon de draguer le vote immigré n’est pas très reluisante. Alors qu’il faudrait appeler tous les Français, quelle que soit leur origine, à retrouver le sens profond de la République, avec ses déclarations, tant sur l’Algérie que sur l’inexistence de la culture française, Macron adresse un message aux enfants d’immigrés: surtout ne faites aucun d’effort d’adaptation, ne changez rien, venez comme vous êtes. Alain Finkielkraut rappelle que la France n’est pas un open-space. Elle n’est pas non plus un McDonalds! Elisabeth Lévy
Le match laissera des traces, et ceux qui se déplaceront dimanche, place du Trocadéro, voteraient-ils Juppé dans cinquante jours?  La vérité est qu’une fois encore les représentants de la droite et du centre pensent que leur électorat leur appartient. Ils oublient que les élus n’ont jamais été aussi éloignés idéologiquement d’une grande partie de leurs électeurs. Une phrase répétée depuis deux jours par les partisans d’Alain Juppé en témoigne. C’est la suivante: «Le danger Marine Le Pen se fait de plus en plus précis.» Les études d’opinion confirment ce constat. En revanche, on comprend mal comment une candidature d’Alain Juppé parviendrait à contenir ce danger. À l’inverse, elle pourrait même provoquer l’hémorragie d’une large partie de l’électorat conservateur vers le FN (qui semble avoir mieux analysé la primaire de la droite que la droite elle-même). Quant au centre droit favorable à un modèle libéral-libertaire tempéré, il risque de préférer le sourire éclatant du «chérubin d’En marche!» (Pascal Bruckner) à l’austérité heureuse du maire de Bordeaux. Vincent de Tresmolets
Il y a plusieurs paramètres à prendre en considération : le délai de mobilisation, la motivation des troupes, et d’autres paramètre sur lesquels les organisateurs ont plus ou moins de prise : la date, l’actualité à l’instant T, le lieu, la météo, etc. C’est tout un environnement qu’il faut prendre en compte, susciter, voire créer, de toute pièce. Les aléas sont nombreux : une averse peut décourager les familles à descendre dans la rue et diminuer par deux le nombre de manifestants. Une bonne organisation consiste avant tout à diminuer au maximum les risques. (…) Contrairement à certaines idées reçues, on ne descend pas dans la rue « pour » quelque chose, mais « contre ». Trois motifs peuvent conduire les gens à descendre massivement dans la rue : la remise en cause d’un intérêt personnel ou catégoriel ; l’émotion comme lors des marches blanches ; et la contestation, le refus catégorique voire l’exaspération face à un projet ou un événement. On observe depuis plusieurs mois dans cette campagne des rebondissements en série qui vont au-delà de  « House of cards » : la réalité dépasse la fiction. Rien n’est acquis. Tout peut arriver.  Il en va de même de l’issue de ce week-end où tout est possible. (…)Elle joue un rôle clé pour réussir une mobilisation massive. Qui est l’organisateur ? Quels sont les porte-paroles ? Quelle sera l’ambiance ? Quel est l’objectif ? Est-il atteignable ? Autant de questions dont les réponses doivent être claires dans l’esprit du public espéré. Il faut en faire l’événement où il faut être, « the place to be ». Dans ce domaine, la multiplicité des appels à manifester contribue à créer une dynamique. Lors de toutes les manifs pour tous, on a pu noter que la plupart des manifestants avaient reçu l’appel à battre le pavé de notre part, mais aussi de leurs amis, de leur famille, de leurs réseaux…. L’un des enjeux pour tout organisateur de manifestation est la viralité. Elle est amplifiée par une visibilité médiatique forte. En clair, il faut créer l’événement ! Il faut chercher le buzz. Le traitement par les chaines d’information en continu est un baromètre. Elles peuvent faire, volontairement ou involontairement, le succès d’une mobilisation. L’expérience montre qu’à trop en faire contre une cause ou un public, ils peuvent réveiller chez certains l’envie de descendre dans la rue. (…) Selon moi, les gens qui seront présents dimanche auront fait le déplacement avant tout pour des raisons de fond ; leur motivation n’est pas dans la défense de la personne de François Fillon, mais bien dans le soutien à son programme de droite tel qu’il a été présenté et plébiscité par les électeurs de la primaire. Ceux qui viendront au Trocadéro seront donc aussi là pour manifester leur refus d’un changement de candidat et donc de programme. Ils entendront affirmer leur attachement à un socle de valeurs. J’ajoute que le succès d’une manifestation repose sur de multiples facteurs. Si le nombre de manifestants est un indicateur, il n’est pas le seul. La détermination et l’enthousiasme en sont d’autres. Le défi à relever par François Fillon est simple : il doit réussir à transformer une foule de manifestants en une immense équipe de campagne. Albéric Dumont

Attention: un coup de force peut en cacher un autre !

A l’heure où l’on apprend qu’une Administration Obama qui avait passé dans l’indifférence générale sa première campagne électorale en pourparlers secrets avec un Iran complice des attentats du 11/9 …

Et été surprise lors de la seconde à faire passer des messages secrets à son homologue russe …

A aussi passé ses derniers mois à la Maison Blanche à écouter les communications de son successeur …

Et que fidèles à leur réputation de droite la plus bête du monde de ce côté-ci de l’Atlantique …

La plupart des pontes du parti républicain ou du centre abandonnent le navire …

Quand ils ne font pas de plateau en plateau campagne contre leur propre candidat …

Ou avec l’identité heureuse à la Juppé, tentent d’ajouter au hold up judiciaire et médiatique

Le casse politique d’une véritable alternance aux demies mesures socialistes incarnées par le chérubin et faux nez hollandais de l’austérité heureuse …

Sans parler pour l’autre candidate qui dérange du parti des bonnes questions et des mauvaises solutions …

D’une improbable et étonnamment opportune, à quelques semaines de l’élection, demande de levée d’immunité parlementaire européenne …

Pour trois photos de l’Etat islamique destinées à montrer ce qu’étaient vraiment des exactions à un prétendu journaliste qui s’était permis de comparer son parti à la barbarie djihadiste …

Comment ne pas voir contre les cris d’orfraie et l’étrange unanimité de nos médias et politiques réunis …

Les mêmes qui avaient laissé, sans compter les manifestations anti-Israël aux cris de mort au juif sous les drapeaux du djihad, des militants souvent violents squatter pendant des mois la place de la République à Paris …

La nécessité de la mobilisation de demain au Trocadéro …

Et à défaut d’un large sursaut comme pour l’élection de Trump avant lui dans l’isoloir des vrais patriotes …

La nouvelle catastrophe, entre votes Macron pour la sécurité ou FN pour l’économie, qui se profile pour l’avenir de notre pays ?

Albéric Dumont : « Fillon n’a pas d’autre choix que d’assumer ses valeurs de droite s’il veut réussir le pari du Trocadéro »
Valeurs actuelles

3 mars 2017

La Manif pour Tous. Accusée à tort de gérer le rassemblement prévu ce dimanche au Trocadéro pour soutenir François Fillon, La Manif pour Tous a cependant une grande expérience dans l’organisation de ce genre d’événements. Son vice-président, Albéric Dumont, estime que pour réussir son pari, François Fillon doit impérativement assumer devant ses troupes ses valeurs de droite, et fixer un objectif clair à la mobilisation.

Valeurs actuelles. Au printemps 2013, vous avez organisé les plus importantes manifestations de la Ve République, réunissant jusqu’à 1,4 million de personnes pour défendre le mariage, la filiation et la famille. Lors de tous les événements publics de La Manif Pour Tous, vous assurez la direction des opérations. Alors que l’équipe de campagne de François Fillon a annoncé il y a deux jours une manifestation dimanche prochain, pensez-vous possible de réussir une mobilisation massive dans un délai aussi court ?

Albéric Dumont. D’expérience, toute manifestation comporte naturellement une prise de risque. Il y a plusieurs paramètres à prendre en considération : le délai de mobilisation, la motivation des troupes, et d’autres paramètres sur lesquels les organisateurs ont plus ou moins de prise : la date, l’actualité à l’instant T, le lieu, la météo, etc. C’est tout un environnement qu’il faut prendre en compte, susciter, voire créer, de toute pièce. Les aléas sont nombreux : une averse peut décourager les familles à descendre dans la rue et diminuer par deux le nombre de manifestants. Une bonne organisation consiste avant tout à diminuer au maximum les risques.

VA. Quels sont les moteurs d’une telle mobilisation ?

Contrairement à certaines idées reçues, on ne descend pas dans la rue « pour » quelque chose, mais « contre ». Trois motifs peuvent conduire les gens à descendre massivement dans la rue : la remise en cause d’un intérêt personnel ou catégoriel ; l’émotion comme lors des marches blanches ; et la contestation, le refus catégorique voire l’exaspération face à un projet ou un événement. On observe depuis plusieurs mois dans cette campagne des rebondissements en série qui vont au-delà de  « House of cards » : la réalité dépasse la fiction. Rien n’est acquis. Tout peut arriver.  Il en va de même de l’issue de ce week-end où tout est possible.

VA. Alors qu’une large partie des médias et des personnalités politiques parlent négativement de ce rassemblement anti-coup d’Etat des juges, quel est l’impact de la communication de l’équipe Fillon ?

Elle joue un rôle clé pour réussir une mobilisation massive. Qui est l’organisateur ? Quels sont les porte-paroles ? Quelle sera l’ambiance ? Quel est l’objectif ? Est-il atteignable ? Autant de questions dont les réponses doivent être claires dans l’esprit du public espéré. Il faut en faire l’événement où il faut être, « the place to be ». Dans ce domaine, la multiplicité des appels à manifester contribue à créer une dynamique. Lors de toutes les manifs pour tous, on a pu noter que la plupart des manifestants avaient reçu l’appel à battre le pavé de notre part, mais aussi de leurs amis, de leur famille, de leurs réseaux….

L’un des enjeux pour tout organisateur de manifestation est la viralité. Elle est amplifiée par une visibilité médiatique forte. En clair, il faut créer l’événement ! Il faut chercher le buzz. Le traitement par les chaines d’information en continu est un baromètre. Elles peuvent faire, volontairement ou involontairement, le succès d’une mobilisation. L’expérience montre qu’à trop en faire contre une cause ou un public, ils peuvent réveiller chez certains l’envie de descendre dans la rue.

VA. Quels sont les facteurs qui, dans la dernière ligne droite, peuvent faire basculer ce rassemblement dans la catégorie des moments forts de la campagne, avec une mobilisation réussie?

Dans le cas précis de la manifestation de dimanche, certaines conditions sont déjà réunies : il y a un enjeu politique évident et une médiatisation importante. Mais il  reste un élément clé : il faut que la raison qui justifie l’effort de manifester soit claire et qu’elle rejoigne les aspirations profondes des manifestants potentiels. Seul un retour aux fondamentaux qui ont fait le succès écrasant de François Fillon à la primaire peut servir de déclic pour une mobilisation massive lui permettant de poursuivre sa campagne. Il n’a d’autre choix que d’assumer les valeurs qu’il a défendues lors de la primaire. Celles-ci doivent être réaffirmées par lui-même, ses soutiens et largement relayées par ses équipes d’ici dimanche. Il reste encore quelques heures.

Selon moi, les gens qui seront présents dimanche auront fait le déplacement avant tout pour des raisons de fond ; leur motivation n’est pas dans la défense de la personne de François Fillon, mais bien dans le soutien à son programme de droite tel qu’il a été présenté et plébiscité par les électeurs de la primaire. Ceux qui viendront au Trocadéro seront donc aussi là pour manifester leur refus d’un changement de candidat et donc de programme. Ils attendront que soit affirmé l’attachement à un socle de valeurs. J’ajoute que le succès d’une manifestation repose sur de multiples facteurs. Si le nombre de manifestants est un indicateur, il n’est pas le seul. La détermination et l’enthousiasme en sont d’autres. Le défi à relever par François Fillon est simple : il doit réussir à transformer une foule de manifestants en une immense équipe de campagne. C’est ce qui permettra de dire dimanche soir si son pari est réussi.

Voir aussi:

Affaire Fillon, «plan B», retour de Juppé : le chemin de croix des électeurs de droite
Vincent Tremolet de Villers
Le Figaro
03/03/2017

FIGAROVOX/ANALYSE- Alors que les démissions se multiplient autour de François Fillon, nombre de poids lourds et militants de droite se tournent vers Alain Juppé. Au risque d’oublier que pour les électeurs de la primaire, les candidats comme les programmes ne sont pas interchangeables.


Vincent Tremolet de Villers est rédacteur en chef des pages Débats/opinions du Figaro et du FigaroVox


«Pour 2 euros, t’as plus rien!»Cette réflexion prosaïque hante les esprits d’une large partie du peuple de droite. Que peuvent penser d’autre les électeurs de la primaire devant leurs élus qui, de plateau en plateau, font campagne contre leur propre candidat? Sont-ils dupes une fois encore de l’invocation des grands principes au nom des petits intérêts? Comprennent-ils qu’un perdant à la primaire qui a rallié François Fillon fasse désormais campagne pour le finaliste malheureux de cette élection? Qu’un ancien secrétaire généralde l’Élysée, qui citait Rimbaud quand les juges s’approchaient trop près de Jacques Chirac, rejoigne ce mouvement abracadabrantesque?

Qu’un candidat susceptible d’être mis en examen pour emploi fictif soit remplacé par un autre condamné pour les mêmes motifs?

On serait découragé pour moinsque ça. D’autant que ce bon électeur a dû supporter une à une les révélations sur François Fillon, son épouse, ses enfants. Les déclarations contradictoires sur la justice qui «doit faire vite» et qui désormais va trop vite. Les promesses de renoncement en cas de mise en examen avant de renoncer au renoncement…

C’était une élection imperdable, elle tourne au chemin de croix. Hollande qui a tout raté se pavane, son disciple Macron marche sur l’eau: on comprendrait que LR installe des cellules de soutien psychologiques dans toutes les fédérations.

Pourtant, une partie importante de l’électorat de droite continue de croire que François Fillon peut être l’instrument de l’alternance. Le champion d’hier n’avance plus. Il tient debout, péniblement, comme un pénitent, mais son discours parvient encore à saisir les ressorts de l’inconscient collectif de ses électeurs. Les politiques, comme nombre de commentateurs, semblent oublier que les candidats ne sont pas interchangeables, surtout quand leurs lignes sont opposées. On invoque les bons sondages d’Alain Juppé, on oublie qu’ils étaient excellents avant la primaire et que le mairede Bordeaux, qui devait triomphalement l’emporter, n’a réuni sur son nom que 35 % des votants du deuxième tour (chiffre qu’il faut réduire à 25 %, selon Jérôme Fourquet, si l’on écarte les électeurs de gauche venus voter à la primaire de la droite). Certes, ce n’est pas le même électorat, mais on imagine mal Alain Juppé prononcer le discours vigoureusement à droite que les militants des Républicains ont applaudi à tout rompre, à Nîmes, jeudi soir. On imagine encore moins le défenseur de l’identité heureuse se faire le porte-voix de l’inquiétude de la dépossession. Il a toujours fait le choix de la bienveillance médiatique, quand Fillon s’est fait l’écho de la défiance de ses électeurs pour le «parti des médias». Ce sont tous ces thèmes qui, dans les meetings du candidat, font s’agiter les drapeaux tricolores.

Enfin, la mêlée éprouvante qui oppose le pack des Fillonistes et le reste du personnel politico-médiatique divise les gradins depuis des semaines. Le match laissera des traces, et ceux qui se déplaceront dimanche, place du Trocadéro, voteraient-ils Juppé dans cinquante jours?

La vérité est qu’une fois encore les représentants de la droite et du centre pensent que leur électorat leur appartient. Ils oublient que les élus n’ont jamais été aussi éloignés idéologiquement d’une grande partie de leurs électeurs. Une phrase répétée depuis deux jours par les partisans d’Alain Juppé en témoigne. C’est la suivante: «Le danger Marine Le Pen se fait de plus en plus précis.» Les études d’opinion confirment ce constat. En revanche, on comprend mal comment une candidature d’Alain Juppé parviendrait à contenir ce danger. À l’inverse, elle pourrait même provoquer l’hémorragie d’une large partie de l’électorat conservateur vers le FN (qui semble avoir mieux analysé la primaire de la droite que la droite elle-même). Quant au centre droit favorable à un modèle libéral-libertaire tempéré, il risque de préférer le sourire éclatant du «chérubin d’En marche!» (Pascal Bruckner) à l’austérité heureuse du maire de Bordeaux.

Entre le protectionnisme intégral du FN et le libéralisme intégral de Macron subsiste un espace étroit (mais peut-être suffisant pour atteindre le second tour) pour un camp libéral-conservateur. Fillon en a été le représentant presque malgré lui. Il brouille aujourd’hui ce message par ses ennuis personnels, il est peu audible, certes, mais, dans cette campagne, qui peut tenir cette ligne? La sacrifier, c’est installer durablement la bipolarisation Le Pen-Macron.

Voir également:

Rassemblement du Trocadero: qui viendra à la recousse de Fillon, qui ne viendra pas?

François Fillon compte réunir des dizaines de milliers de militants ce dimanche. Mais il ne devrait pas y avoir beaucoup de cadres Républicains

Alexandre Boudet
HuffPost
04/03/2017

POLITIQUE – Combien seront-ils? Des dizaines de milliers, peut-être même 100.000 espère le camp Fillon. Combien de cadres seront là? Nettement moins. S’il compte sur « la base militante » pour tenir bon, l’ancien premier ministre doit faire face à la défection des cadres du parti Les Républicains. Et même parmi ceux qui le soutiennent encore, la manifestation prévue ce dimanche au Trocadéro est loin de faire l’unanimité.

Ce rassemblement qui sera la nouvelle rampe de lancement de sa campagne ou son baroud d’honneur a semé le trouble dès qu’il a été annoncé mercredi, notamment en raison d’un mot d’ordre très flou et des réseaux très conservateurs qui ont été mobilisés. Conséquence: on n’a pas du mal à savoir qui sera aux côtés de l’ancien premier ministre.

Parmi les ténors Républicains on peut faire ressortir trois catégories: ceux qui ont lâché François Fillon et voient dans ce rassemblement quelque chose de dangereux, ceux qui soutiennent encore le vainqueur de la primaire mais déplorent la tenue du meeting et ceux qui seront aux côtés du député de Paris.

Pour eux, le rassemblement a été la goutte d’eau

À l’annonce du meeting qui a eu lieu dans la foulée de la conférence de presse de François Fillon mercredi, le mot d’ordre du rassemblement a ébranlé la droite. Cette manifestation serait l’occasion pour le peuple de droite de dire sa colère vis-à-vis des juges et des médias qui nourriraient un complot visant à abattre le candidat; les propos sévères tenus jeudi lors d’un meeting à Nîmes ont renforcé cette idée.

Même si depuis, l’ancien premier ministre a adouci son propos et même si son camp évoque désormais un rassemblement de soutien à François Fillon, le mal a été fait. À l’image de Dominique Bussereau ou Pierre-Yves Bournazel, les juppéistes considèrent que la manifestation « fait le jeu du populisme » et qu’elle est donc une mauvaise idée. Après avoir lâché le candidat, ils continuent d’appeler les électeurs de droite à ne pas s’y rendre.

« Comment restaurer l’autorité de l’Etat en critiquant la justice. Ce n’est pas en faisant venir des cars qu’on va changer le destin du pays », dit aussi le lemairiste Franck Riester. Même chose pour Nadine Morano qui a commencé par dire que l’événement est une mauvaise idée avant de claquer finalement la porte. Le sarkozyste Georges Fenech craint pour sa part des affrontements au Trocadero.

Ils ne l’ont pas (encore) lâché mais n’y seront pas

Christian Estrosi est de ceux-là. Dans une interview à Nice Matin, le président LR de Paca ne demande pas encore à François Fillon de se retirer. Il l’invite cependant à renoncer au meeting de dimanche pour deux raisons: « Il apparaît clairement que La manif pour tous et Sens commun sont en première ligne dans l’organisation de cette manifestation, et cela me gêne », dit d’abord l’ancien maire de Nice. « Ce rendez-vous donne l’impression d’un défi aux institutions de notre pays. Après avoir pris la défense des policiers, je ne souhaite pas que l’on crée artificiellement des conditions susceptibles de générer des tensions », ajoute-t-il.

« On ne fait pas campagne contre les juges », explique pour sa part Jean-Frédéric Poisson qui invite les militants de son mouvement (Le Parti chrétien démocrate) à ne pas se rendre au Trocadéro même s’il garde encore personnellement son soutien au candidat. « C’est une mauvaise idée », a également confié l’entourage de NKM à BFMTV; si plusieurs de ses proches ont lâché le candidat, elle le soutient toujours officiellement. Même ligne chez Jean-François Copé. Quant à Xavier Bertrand, il passera son dimanche dans sa région des Hauts-de-France plutôt qu’au Trocadéro. Idem pour le filloniste de la première heure Gérard Larcher qui sera dans les Yvelines, ou Valérie Pécresse.

Les derniers fidèles qui seront là

Autour du candidat, il ne reste que sa garde historique de fidèles incarnée par le sénateur de Vendée Bruno Retailleau ou les députés Valérie Boyer, Jérôme Chartier et Lionel Tardy. Ils seront présents au Trocadéro tandis que son futur ex-directeur de campagne Patrick Stefanini reste l’organisateur de la manifestation avant de céder sa place.

Mais finalement François Fillon compte surtout sur la société civile pour montrer qu’il est soutenu; c’est d’ailleurs le président de ce comité de la société civile (l’ancien patron de Numéricable Pierre Danon) qui pilote la mobilisation. Cela s’incarnera aussi pas la présence de tous les cadres de Sens Commun (l’émanation de La Manif pour tous chez les Républicains) à commencer par son président Christophe Billan ou sa porte-parole Madeleine de Jessey.

Un rassemblement, des risques de débordements?

L’une des craintes de la droite est que l’événement donne lieu à des débordements. Pour l’éviter, l’organisateur Pierre Danon explique qu’il ne s’agit pas d’une manifestation mais un rassemblement. « C’est ni plus ni moins qu’un grand meeting en plein air », confirme au HuffPost le président de Sens Commun Christophe Billan. Pour sécuriser le périmètre, les équipes de François Fillon disent avoir prévu un contingent important de forces de sécurité avec des filtrages aux abords du parvis des droits de l’Homme. On a interdit toutes les pancartes. Comme ça on est sûr qu’il n’y aura pas de débordements. La seule chose que l’on a autorisée, ce sont les drapeaux bleu – blanc – rouge », dit encore sur France Info Pierre Danon.

Voir encore:

François Fillon et le grand bal des Tartuffes

Eloïse Lenesley
Le Figaro

01/03/2017

FIGAROVOX/TRIBUNE- François Fillon maintient sa candidature à la présidentielle, mais certains de ses soutiens l’abandonnent. Pour Eloise Lenesley, cet acharnement judiciaire montre que tout a été fait pour abattre le candidat dans sa course à l’Élysée.

Journaliste, Éloïse Lenesley collabore notamment à Causeur.


Il a dit non. Non au renoncement, non à l’acharnement judiciaire, non au diktat des médias qui exhibent à foison des pièces d’un dossier résolument à charge au mépris de la présomption d’innocence. Non à ceux qui cherchent à l’abattre depuis que les primaires l’ont mis sur orbite. François Fillon est entré en résistance et appelle les électeurs à faire bloc. «Je ne reconnais pas les faits. Je n’ai pas détourné d’argent public. Je n’ai pas été traité en justiciable comme les autres», martèle-t-il avec une âpre détermination.

François Fillon a bénéficié, comme tant d’autres, d’un mode de fonctionnement inéquitable, incroyablement opaque, lui permettant d’employer des proches comme attachés parlementaires sans avoir de comptes à rendre ou presque sur leur salaire (plafonné à la moitié de l’enveloppe globale) et la nature de leur travail. Parce qu’il est devenu, du jour au lendemain, le favori de la présidentielle et qu’il a axé sa campagne sur la probité, de telles pratiques ont choqué, à juste titre. Mais il a payé pour tous les autres. Ceux qui avaient piqué dans la caisse, qui avaient nié leur évasion fiscale les yeux dans les yeux ou qui, simplement, s’étaient autoproclamés exemplaires alors qu’ils claquaient 10 000 euros par mois pour se faire shampouiner aux frais du contribuable. Dans une France qui totalise plus de six millions de chômeurs, près de neuf millions de pauvres et soixante-six millions de désenchantés, les petits arrangements comme les grosses arnaques ne passent plus. «Au début de l’année 2016, un député sur six employait parmi ses collaborateurs un membre de sa famille», rappelle pourtant René Dosière. Au-delà de cette dimension «morale», François Fillon a aussi essuyé les plâtres d’un projet sans doute mal ficelé, jugé par une partie de l’opinion trop libéral, trop imprécis et préjudiciable à la Sécurité sociale.

En charge du dossier, le Parquet national financier a finalement ouvert une information judiciaire, de crainte que l’entrée en vigueur d’une nouvelle loi ne prescrive les faits reprochés à François Fillon. Preuve que les éléments n’étaient sans doute pas si solides, en dépit du déchaînement médiatique qu’ils ont suscité. Trois juges d’instruction ont ainsi hérité de l’affaire, dont l’intraitable Serge Tournaire, réputé pour son intransigeance et sa ténacité, décrit par ses contempteurs comme «un type techniquement très compétent, avec une épouvantable mentalité d’inquisiteur». Nicolas Sarkozy peut en attester: c’est lui qui a décidé de le mettre en examen, dans le cadre du financement de sa campagne de 2012, contre l’avis de ses collègues Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loir. C’est encore lui qui a récemment tranché, dans l’affaire Bygmalion, pour son renvoi en correctionnelle, là aussi malgré le désaccord de Van Ruymbeke. On murmure que l’ambiance ne serait pas à la franche camaraderie entre les deux juges.

Et là, patatras, le candidat des Républicains se voit convoqué le 15 mars prochain en vue d’une mise en examen. Soit deux jours avant la date limite des dépôts de candidature pour la présidentielle. C’est fou ce que la justice française a fait comme progrès en termes de vélocité ces dernières semaines. Enfin, pas pour tout le monde. Personne n’a eu l’idée de venir enquiquiner François Bayrou, dont la secrétaire particulière a, pendant cinq ans, «été payée par l’enveloppe d’assistance parlementaire de Marielle de Sarnez, sur fonds européens», révélait en 2015 Corinne Lepage dans son livre Les mains propres. En revanche, le Parlement européen semble très enclin à lever l’immunité de Marine Le Pen pour une ridicule histoire de tweets: l’eurodéputée frontiste avait eu l’outrecuidance de poster des visuels de crimes barbares de l’État islamique. Un dénouement qui surgit décidément à point nommé, pour une enquête ouverte en France en …2015. Faute de pouvoir la coincer sur les emplois présumés fictifs de ses assistants parlementaires, on fait avec ce qu’on a sous le coude.

Personne n’a eu la curiosité d’enquêter sur la fortune d’Emmanuel Macron qui, comme le résume le blog d’Olivier Berruyer les-crises.fr, a omis de déclarer son ISF à plusieurs reprises, a engrangé plus de 3,3 millions d’euros de revenus en six ans, et dispose de 266 000 euros de liquidités. De même, quand l’ouvrage Dans l’enfer de Bercy, des journalistes Marion L’Hour et Frédéric Says, mentionne qu’à son départ de Bercy en août dernier, il avait utilisé «à lui seul 80 % de l’enveloppe annuelle des frais de représentation accordée à son ministère» beaucoup se demandent en vain si cet argent n’a pas servi à mettre sur pied son mouvement. Mais le vibrionnant énarque «en marche» est le candidat des médias et des milieux financiers. Pas touche.

De telles inégalités de traitement laissent perplexe voire amer. «La justice est en train d’aller dans le mur», redoute Bernard Debré, fervent soutien de l’ex-premier ministre, qui parle, lui, d’un «assassinat politique» et d’un «État de droit violé». Comment ne pas lui donner raison, au vu de cette subite avalanche de procédures, d’accusations, de harcèlements, qui semblent n’avoir pour objectif que de confisquer le libre arbitre des votants, de jeter le trouble pour saborder tout discernement dans une course à l’Élysée de plus en plus abracadabrantesque, dont on voudrait nous imposer l’issue. François Fillon s’en remet au peuple, au fameux bon sens populaire. Le pari est risqué mais courageux. La posture se veut gaulliste pour remobiliser les troupes. Quelques rats s’empressent déjà de quitter le navire ; les fidèles, eux, devront faire bonne figure et «résister» aux intempéries. Il y a quelque chose de sacrément pourri dans les institutions françaises. Les voix de la démocratie auront le dernier mot.

Voir de même:

Malika Sorel-Sutter «Fillon veut continuer la France quand, pour Macron, la culture française n’existe pas»
Alexandre Devecchio
Le Figaro

04/03/2017

FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN- Malika Sorel-Sutter compare les programmes des deux candidats en matière d’éducation, d’immigration et d’intégration. Selon elle, Fillon défend l’héritage culturel national tandis que Macron rêve d’une « France aux portes et fenêtres battantes ».

Ingénieur de l’École polytechnique d’Alger, diplômée de Sciences Po Paris, Malika Sorel est ancien membre du Haut Conseil à l’intégration, institution rattachée au Premier ministre. Elle est l’auteur de Décomposition française (éd. Fayard, 2015) qui a reçu le prix «Honneur et Patrie» des Membres de la Société de la Légion d’honneur et qui vient de paraître en édition «poche».


FIGAROVOX.- Quelles sont les orientations de Macron et Fillon à propos des questions régaliennes et culturelles, en particulier concernant la question de l’intégration?

Malika SOREL-SUTTER.- Avant l’intégration, il convient d’aborder l’immigration. Fillon veut «réduire l’immigration légale au strict minimum» et que le Parlement adopte chaque année des «quotas limitant le nombre d’étrangers qui pourront être admis en France, en fonction de nos besoins économiques et de nos capacités d’intégration.» Macron s’est rendu à Berlin pour y rendre un vibrant hommage à la politique d’accueil d’Angela Merkel. Rappelons que l’Allemagne a accueilli 1,1 million de demandeurs d’asile sur la seule année de 2015. L’approche de Macron est dangereuse. Concernant les propositions de François Fillon, je ferai observer, au vu de l’expérience qui a été la mienne au sein du Haut Conseil à l’intégration (HCI), que le Parlement n’est pas le mieux placé pour décider des entrées sur notre territoire. Cette décision, en raison même des conséquences sur le présent et l’avenir de la nation, doit relever du domaine réservé du chef de l’Etat.

Venons-en à l’intégration. Pour les citoyens, «intégration» signifie «intégration culturelle». C’est le résultat d’un processus qui conduit, lorsqu’il réussit, à l’assimilation. C’est l’appropriation des normes collectives et leur transmission à ses propres descendants. Or, Emmanuel Macron a décrété qu’«il n’y a pas de culture française». L’intégration est son angle mort, ce qui explique son positionnement par rapport à la laïcité. Manuel Valls balayé, plus aucun candidat de gauche ne porte l’exigence, incontournable pour préserver le vivre ensemble, du respect de la laïcité. François Fillon est dans une approche opposée. Référence aux valeurs, donc à l’identité française. Il évoque la nécessité de respecter le Code civil qui «fait mention à plusieurs reprises de l’exigence d’assimilation». Il lui reste à en tirer les conséquences. La démocratie suppose l’existence d’un corps politique. Or, citoyenneté et identité ont été dissociées. Elles doivent de nouveau coïncider. Il est aujourd’hui bien plus aisé d’obtenir la nationalité française qu’un titre de séjour. C’est une hérésie.

Le programme de Macron reste flou. A-t-il réellement une ligne définie sur ces questions?

Son programme n’est ni flou ni inconnu. Il a précisé à plusieurs reprises avec clarté la ligne qui était la sienne: mondialiste et multiculturelle. D’où son positionnement cohérent sur les flux migratoires et la culture française: une France aux portes et fenêtres battantes placée sous le règne de la culture buffet. Chacun dépose ses plats sur la table et n’y puise que ce qui lui sied.

Existe-t-il également un vrai clivage en matière d’éducation?

Ils se rejoignent dans la prise de conscience que la réussite ou l’échec scolaire se jouent très tôt. Mais ni l’un ni l’autre n’identifient les vraies sources de ce drame. Et, en effet, cela se joue dès la maternelle, en grande partie au travers du dictionnaire de mots maîtrisés par le jeune enfant ainsi que par l’attitude des parents vis-à-vis de la culture de l’école. Vont-ils l’accompagner ou, sans le vouloir, entraver les enseignants dans leur mission en raison de l’existence de problèmes de «compatibilité culturelle entre l’école et la maison» (voir le rapport Bentolila de 2007)?

Concernant leurs programmes, je distingue deux volets: la transmission culturelle et la pure gestion. Dans le premier, il n’y a guère de point commun entre les deux candidats, et pour cause. Pour l’un, la culture française n’existe pas, quand l’autre s’inscrit dans une volonté de continuer la France d’un point de vue culturel. Par contre, tous deux prônent une plus grande autonomie du système éducatif, pensant – à tort – que là réside l’un des principaux remèdes à la régression scolaire. Or les innombrables alertes remontées au HCI ont montré que l’urgence commande, tout au contraire, de tourner le dos à la libéralisation de notre système éducatif. De veiller à l’unicité des programmes et à un contrôle effectif des connaissances à travers tout le territoire. De faire en sorte que le corps enseignant continue de dépendre hiérarchiquement du ministère, et non des chefs d’établissement. Si l’État avait promptement réagi pour soutenir les enseignants à chaque fois que l’un d’eux s’est trouvé confronté à une remise en cause des contenus ou du bien-fondé des principes républicains (laïcité, égalité filles-garçons), nous n’en serions pas là! Combien d’enseignants, voulant signaler des situations anormales, se sont vu accuser de ne pas savoir «tenir leur classe», de ne pas être suffisamment «accommodants», parfois abandonnés par leurs chefs d’établissement et leurs autorités académiques. Certains ont abdiqué, quand ils ne se sont pas convertis au relativisme culturel pour avoir la paix. Si j’avais été ministre de l’Éducation nationale, j’aurais aussitôt installé une ligne directe entre le cabinet et le corps enseignant afin que chacun puisse obtenir écoute et soutien. L’Éducation est le domaine régalien par excellence.

Que vous inspirent les propos de Macron sur la guerre d’Algérie?

Du sel sur des plaies non cicatrisées. Une accusation qui alimente la bataille des mémoires et la pente victimaire. Une accusation lourde à l’encontre de la France qui se trouve invalidée dès qu’on compare la démographie algérienne entre 1930 et 1962. À l’évidence, l’objectif était de séduire une partie de l’électorat issu des anciennes colonies vibrant encore à l’unisson de la terre de ses ancêtres. Cette accusation susceptible de dresser les uns contre les autres est d’une gravité extrême à l’heure où la France se trouve en guerre, ciblée par des terroristes qui justifient leurs actes par ce qu’elle est et ce qu’elle a été.

Macron rejoue-t-il la stratégie Terra Nova de François Hollande?

Il suffit d’analyser ses propositions et l’électorat qu’il cible pour le comprendre. Macron s’inscrit dans la continuité de cette stratégie qui avait donné lieu à la refondation des politiques d’intégration en 2013 par Jean-Marc Ayrault. Avant d’accoucher de cinq rapports qui nous promettaient, en guise de projet de société, l’«apprentissage d’un savoir-faire avec l’hétérogénéité et dans la conflictualité», cette refondation s’était d’abord appuyée sur le rapport «La grande nation pour une société inclusive» du conseiller d’État Thierry Tuot, qui y moquait l’attachement des Français à leurs grands principes: «Droits et Devoirs! Citoyenneté! Histoire! Œuvre! Civilisation Française! Patrie! Identité! France! […] Au XXIe siècle, on ne peut plus parler en ces termes à des générations de migrants […] on ne peut plus leur tenir un discours qui fait sourire nos compatriotes par son archaïsme et sa boursouflure.» Au lendemain des attentats du 13 novembre 2015, c’est au même Thierry Tuot qu’Emmanuel Macron confie une mission de réflexion et de propositions.

D’après les sondages, les Français jugent Marine Le Pen plus crédible sur ces questions…

Marine Le Pen a beaucoup fait évoluer son parti sur les points abordés ici depuis l’époque où le député Jean-Marie Le Pen déclarait, à l’Assemblée nationale, le 28 janvier 1958: «Ce qu’il faut dire aux Algériens, si nous voulons en faire des Français, ce n’est pas qu’ils ont besoin de la France, mais que la France a besoin d’eux.» Il y affirmait que «sur l’essentiel, les préceptes de la religion musulmane sont les mêmes que la religion chrétienne» et s’interrogeait: «Qui peut évaluer en milliards de dollars ou de roubles ce que vaut pour une nation le fait d’avoir dix millions de citoyens de plus?» Aujourd’hui, Marine Le Pen regarde un certain nombre de réalités en face. Mais le «on est chez nous» scandé à tout-va dans ses meetings signale que le logiciel de ses troupes est resté à l’heure du seul droit du sang. Or les véritables artisans de la décomposition française sont les apprentis-sorciers occidentaux (donc «de souche») de la mondialisation, pour qui l’immigration a été une véritable aubaine. Ce sujet ne se réglera pas par un lapidaire «on est chez nous».

Le FN est au plus haut. François Hollande a-t-il une responsabilité dans cet état de fait?

Dans le livre de Gérard Davet et Fabrice Lhomme, François Hollande s’interroge: «Comment on peut éviter la partition? […] Car c’est quand même ça qui est en train de se produire: la partition.» Hollande «pense, depuis le début de l’année 2015, que le thème de l’identité sera au cœur de la prochaine échéance présidentielle.» Ma conviction est qu’aujourd’hui un certain nombre d’opérations de diversion sont mises en œuvre pour empêcher que ce thème soit versé au débat. En ce domaine, la gauche est la première responsable de la décomposition française. Or, François Hollande le dit: «Emmanuel Macron, c’est moi!» Si ce thème venait à être versé au débat, Macron en serait comptable.

Voir de plus:

Emplois fictifs au Modem ? Les grandes lignes de l’affaire qui agite les réseaux sociaux

Le Modem aurait-il employé ses assistants parlementaires européens au siège parisien du parti ? C’est ce qu’affirmait Corinne Lepage dans un livre paru en 2015. Maintenant que l’écologiste se retrouve dans la même équipe que les membres du parti de François Bayrou, force est de constater que ces accusations passées sont beaucoup plus gênantes pour Emmanuel Macron et ses nouveaux soutiens…

Ok Central

Atlantico

1 Mars 2017

La redécouverte de quelques lignes oubliées a provoqué une avalanche de réactions dans la matinée du 28 février. Sur Twitter, un court extrait du livre de Corinne Lepage, Les Mains Sales (2015) est partagé par des centaines de personnes.

Son contenu a de quoi faire bondir de nombreux soutiens de François Fillon et de Marine Le Pen, tous les deux mis en cause dans des affaires d’emplois fictifs, à l’Assemblée Nationale pour l’un et au Parlement européen pour l’autre. Évoquant son éloignement du Modem qu’elle avait fondé avec Bayrou en 2008, la présidente de LRC-Cap21 y dénonçait un étrange manège au sein du parti de François Bayrou. Une pétition en ligne est même lancée, comptant le 28 février au soir près de 1 000 signataires et demandant que le parquet se saisisse du dossier. L’affaire – qui ne date donc pas d’hier – est loin d’être anodine, surtout quand on sait que Corinne Lepage puis François Bayrou et la majorité de ses équipes du Modem se retrouvent depuis peu au sein d’En Marche ! , et sont donc à priori nouveaux alliés dans cette campagne.

« Lorsque j’ai été élue au Parlement européen en 2009, le Modem avait exigé de moi qu’un de mes assistants parlementaires travaille au siège parisien. J’ai refusé en indiquant que cela me paraissait d’une part contraire aux règles européennes et d’autre part illégal. Le Modem n’a pas osé insister mais mes collègues ont été contraints de satisfaire cette exigence. Ainsi, durant cinq ans, la secrétaire particulière de François Bayrou a été payée… par l’enveloppe d’assistance parlementaire de Marielle de Sarnez, sur fonds européen. »

Contactée pour connaître son avis, Corinne Lepage a indiqué ne pas vouloir faire de commentaire et s’est contentée de rappeler que le livre a reçu le Prix du Livre Politique du Barreau de Paris en 2015.

Si la plupart des députés Modem de l’époque n’ont pas répondu à nos appels, Marielle de Sarnez, vice-présidente du Modem, a en revanche tenu à s’exprimer. « Tout ce que [Corinne Lepage] a dit est faux », s’étonnant de voir resurgir cette affaire en 2017 et indiquant l’avoir déjà commentée en 2015 dans un communiqué (que nous avons par ailleurs cherché sans succès). Pour elle, il s’agirait d’une rumeur aux motifs troubles « Ce qui est intéressant, c’est de voir que tout cela semble venir d’un milieu composé de soutiens de François Fillon […] Je n’ai jamais vu ça, c’est le degré zéro de la politique ! »

Jean-François Kahn, ancien rédacteur en chef de Marianne et ancien élu Modem -avant de se désister- en 2009 dit ne pas avoir eu connaissance ni de tels agissements, ni d’une telle demande de la part de la formation centriste. Il exprime d’ailleurs son étonnement : lors de ses différentes rencontres avec les parlementaires européens du Modem, ceux-ci étaient bel et bien accompagnés d’assistants, et donc non consacrés aux activités nationales du parti. Faut-il encore rappeler qu’il est prévu pour les députés européens une enveloppe de 21 209 euros, à répartir entre trois assistants au maximum par élu.

Nicolas Hervieu, juriste en droit public et européen affirme que si l’affaire était avérée, il s’agirait de fait d’un cas en tout point similaire à celui qui touche Marine Le Pen aujourd’hui. Comme pour la présidente du Front National, l’affaire serait entre les mains de l’Office européen de la lutte contre la fraude, qui a le pouvoir de sanctionner financièrement et disciplinairement mais non pénalement. Passer au pénal demanderaient des éléments plus précis (par exemple l’usage de faux) et serait alors du ressort du Parquet national financier, également impliqué dans l’enquête sur les emplois présumés fictifs des membres de la famille Fillon.

Les retrouvailles des anciens fondateurs du Modem sous la bannière d’En Marche! pourraient être plus compliquées que prévues… Le vent de fraîcheur que souhaite insuffler le mouvement d’Emmanuel Macron résistera-t-il aux vieilles rancœurs ? Le mouvement de l’ancien ministre, contacté lui-aussi, n’a pas souhaité réagir.

Voir de même:

L’emploi parlementaire sur mesure du fondateur des Jeunes avec Macron

Le fondateur des Jeunes avec Macron est employé par le député macroniste Jean-Jacques Bridey, à mi-temps. Pratique : en deux jours, il gagne assez pour militer l’esprit léger les autres jours de la semaine. Ou comment dribbler la loi, qui interdit aux assistants parlementaires de participer à la campagne d’un candidat…

Être bénévole sur une campagne électorale peut susciter des frustrations. Tant d’heures passées à militer, à se donner sans compter au service d’un candidat, le tout pour un résultat incertain… et zéro euro ! Il existe bien sûr la possibilité de demander à être salarié de l’association de financement de la campagne, mais les budgets sont si serrés que tout le monde ne peut y prétendre. Reste une alternative : trouver une autre source de salaire.

Le tour de passe-passe réalisé par le député-maire macroniste de Fresnes (Val-de-Marne) Jean-Jacques Bridey et son nouveau collaborateur, le patron des « Jeunes avec Macron » Florian Humez, est à ce titre ingénieux. Depuis le 1er décembre, le jeune homme est salarié du parlementaire… tout en continuant à militer activement pour son candidat de cœur, Emmanuel Macron.

Magie du mi-temps

La loi interdit pourtant aux collaborateurs parlementaires de participer à des campagnes politiques. Et ce, pour une raison facile à comprendre : le Parlement n’a pas vocation à financer, sur son budget, de campagnes électorales. Cette utilisation gratuite d’une main-d’œuvre qualifiée créerait de plus une inégalité entre les candidats. La Commission nationale des comptes de campagne rappelle donc tous les ans que les assistants parlementaires doivent « travailler uniquement pour le parlementaire dans le cadre de leur mission et leur participation à une campagne électorale pendant les heures de travail est proscrite« .

Contacté par Marianne, Florian Humez réfute tout cumul illégal. S’il travaille bien pour Jean-Jacques Bridey, ce n’est qu’à temps partiel, assure-t-il, plus précisément « le mardi et le mercredi, soit 18 heures par semaine ». Magie du mi-temps, cet emploi rémunéré lui permet de militer – bénévolement – pour les Jeunes avec Macron le reste de la semaine. Pas question pour autant de parler d’emploi de complaisance, selon le nouveau collaborateur, qui assure être devenu « les yeux et les oreilles du député à l’Assemblée« .

Des yeux et des oreilles particulièrement discrets. En dépit de cette fonction stratégique, Florian Humez n’avait en effet jamais jugé bon de rendre public ce nouvel engagement professionnel. Et il se présente uniquement, sur les réseaux sociaux, comme « militant » et « co-fondateur des Jeunes avec Macron ». Dans un récent portrait qui lui est consacré par les Inrocks, publié le 12 février dernier, ce jeune homme de 25 ans reçoit d’ailleurs la journaliste dans un bureau situé au QG d’En Marche, dans le quinzième arrondissement de Paris. Il y détaille ses fonctions auprès d’Emmanuel Macron et évoque les services d’une stagiaire qui l' »aide au niveau des territoires« . C’est dire si sa fonction est prenante…

« Activités indépendantes »

Pour que cette relation contractuelle insoupçonnée sorte au grand jour, il aura donc fallu que le bureau de l’Assemblée nationale prenne une décision importante, le mardi 21 février : les noms des collaborateurs parlementaires de chaque député sont désormais publiés, chaque mois, sur son site. Parmi eux, le patronyme de Florian Humez est apparu associé à celui de Jean-Jacques Bridey. Aujourd’hui, l’intéressé reconnaît s’être volontairement abstenu de communiquer sur cet emploi et ce, dit-il… pour ne pas prêter le flanc aux attaques. « Je ne voulais pas qu’on m’accuse de faire partie du système que je critique« , nous explique-t-il en effet sans détour.

Je ne voulais pas qu’on m’accuse de faire partie du système que je critique.

Sollicité, Jean-Jacques Bridey nous assure également qu’il n’y aucune entourloupe : les missions de Florian Humez à ses côtés seraient particulièrement variées. « Il traite les courriers qui traînent, gère les relations avec les députés, il regarde les questions au gouvernement et me fait une revue de presse sur les questions de défense, qui relèvent de ma commission« , égrène l’élu auprès de Marianne. Parmi ces tâches, un bon nombre n’ont plus lieu d’être, puisque la session parlementaire s’est achevée le jeudi 23 février. N’empêche, le jeune homme ne militera pas sur son temps de travail, maintient le député : « Ces deux activités sont indépendantes« . Florian Humez, lui voit les choses autrement : « Il y a un lien entre les deux activités. Je me sers de ce que j’ai appris à l’Assemblée quand je milite pour les Jeunes avec Macron, et inversement ».Pour tromper l’ennui le mardi et le mercredi, dans les prochains mois, le collaborateur-militant imagine « travailler sur des questions liées à l’actualité« , en particulier en « discutant avec des députés ou collaborateurs » qu’il connaît. Une activité difficilement quantifiable, pour un salaire confortable : Florian Humez ne donne pas de chiffres mais confie gagner « suffisamment de quoi vivre dans une grande ville », grâce donc à ces deux journées par semaine. Concédant que cette somme dépasse, « malheureusement« , ce que reçoivent bien des salariés pour un temps plein.

Sur ce point, Jean-Jacques Bridey se refuse lui aussi à être précis : « Je rémunère mes collaborateurs comme je le veux et je ne donne pas les salaires« , souffle-t-il, admettant simplement payer Florian Humez  » à un bon niveau« . Peu de doutes là-dessus puisque celui-ci est venu remplacer un collaborateur à temps-plein. Les deux autres collaborateurs parlementaires du député-maire, eux, sont de plus employés… à mi-temps par la mairie de Fresnes. L’élu se retrouve donc avec 9.561 euros à distribuer entre trois temps partiels. Ou quand le budget de l’Assemblée aide à militer l’esprit léger…

Voir encore:

Élisabeth Lévy : «Si Fillon est battu, cela doit être à la loyale»

  • Vianney Passot
  • Le Figaro
  • 04/03/2017

FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN- A l’occasion de la sortie du dernier numéro de Causeur, «Au secours, Hollande revient!» Élisabeth Lévy a accordé un entretien fleuve à FigaroVox. Elle revient sur l’affaire Fillon et sur Emmanuel Macron, «un vieux produit dans un emballage nouveau».


Élisabeth Lévy est journaliste et directrice de la rédaction de Causeur. Son dernier numéro affiche en une Emmanuel Macron, et est titré «Au secours, Hollande revient!»


FIGAROVOX.- Ce mois-ci, c’est Emmanuel Macron qui fait la une de Causeur, comme de tant de magazines… Ne cédez-vous pas à la facilité?

Élisabeth LÉVY.- Emmanuel Macron est l’un des favoris, voire le favori de l’élection présidentielle, cela mérite bien une «une» de Causeur, non? De surcroît, il est sans doute celui dont les Français connaissent le moins les intentions, à la fois à cause de sa jeunesse, de sa faible expérience en politique et de sa stratégie qui fait prévaloir la personnalité sur le programme. Enfin, peut-être ne vous a-t-il pas échappé que nous ne partageons pas l’enthousiasme d’une grande partie de nos confrères. Macron suscite une ferveur réelle – même si elle semble faiblir. Mais il est aussi, et de plus en plus, le candidat du Parti des médias: non seulement, beaucoup de grands journaux, du Monde à l’Obs (sans oublier Marianne qui a récemment rejoint la chorale) le soutiennent, mais pas mal de ténors de la profession semblent avoir été personnellement maraboutés. Son entourage ayant refusé de nous accorder un entretien, suite à la parution sur le site Causeur.fr d’articles critiques sur lui (on est cools et ouverts mais quand même….), j’ignore si j’aurais été moi aussi touchée par la grâce. Si ça se trouve, je serais en train de crier «Macron président!» au signal (par tweet) de la «team Ambiance».

En somme, vous vous vengez parce qu’il vous a refusé une interview?

Mais non au contraire, je dis merci! Vincent Castagno écrit drôlement que, «si Macron pouvait serrer la main de tous les Français, il serait élu avec 100 % des voix». Est-ce parce que, à Causeur, on n’a pas pu faire l’expérience quasiment ontologique de cette fameuse poignée de main? Malgré notre diversité idéologique, Macron fait quasiment l’unanimité – contre lui. Notre joyeuse équipe comptait trois ou quatre macronistes farouches il y a un mois. Aujourd’hui, il en reste un, de raison plus que de passion. Quoi qu’il en soit, tout l’arc électoral étant représenté dans la rédaction, Causeur ne soutient aucun candidat. Mais la possible victoire de Macron nous inquiète tous. Désolée, mais «une cuillère pour Jeanne d’Arc, une cuillère pour Steve Jobs», cela ne fait pas une vision pour la France.

Vous ne soutenez aucun candidat, la bonne blague. Causeur ne cesse de défendre Fillon!

Vous vous trompez, d’ailleurs le plus énervé par l’affaire Fillon est Régis de Castelnau, qui est avocat et communiste…Mais nous pensons tous que, si Fillon est battu, cela doit être à la loyale et pas au terme d’une opération de basse police politique. Quels que soient les faits qui lui sont reprochés, faits que pour ma part, je trouve assez véniels (position ultraminoritaire j’en conviens), l’alliance contre lui de juges qui se pensent investis d’une mission de purification et de journalistes qui jouent les arbitres des élégances morales me semble bien plus grave et menaçante pour nos libertés. Des documents confidentiels qui arrivent opportunément au Canard, une instruction menée à charge et au pas de charge, et dont des morceaux choisis s’étalent dans un quotidien proche du pouvoir, la mainmise sur un dossier simple du Parquet national Financier, créé pour traiter les affaires complexes (en réalité les affaires tout court) en court-circuitant le Parquet de Paris et pour finir, la nomination du juge Tournaire, pourtant déjà fort occupé avec Bygmalion -le même qui, depuis deux ans essaie de se payer Sarkozy: d’abord en 2013 avec une invraisemblable mise en examen pour «abus de faiblesse» (qui a abouti à un non-lieu), ensuite il y a quelques semaines avec une ordonnance de renvoi en correctionnelle que le juge Renaud Van Ruymbaeke, également en charge du dossier, a refusé de signer. Alors peut-être que Serge Tournaire est un magistrat très scrupuleux comme le clament ceux qui redoutent de se retrouver dans son bureau. Mais d’une part, il semble s’être donné pour mission de flinguer du politique, et d’autre part, il est tout de même étrange de nommer ce juge-là dans une affaire où la Justice devrait avoir à cœur de se montrer impartiale. «Ils n’oseront pas nommer Tournaire, ce serait un trop beau cadeau», me disait un proche du dossier il y a dix jours. Eh bien si, ils ont osé. Et au lieu de demander des comptes à ce sujet, les journalistes ânonnent le scénario concocté pour eux ailleurs.

Vous accusez la Justice de partialité?

Le mur des Cons, ça vous rappelle quelque chose? Cela dit, je ne crois pas qu’on ait affaire, dans le cas de Fillon, à des juges rouges ou à la botte du pouvoir. C’est pire: on dirait qu’ils sont en croisade et que l’idée d’intervenir dans le jeu politique ne les dérange pas du tout. En prime, ils sont du genre susceptible, presque autant que les journalistes. Il paraît que critiquer ces deux corporations, c’est attaquer la démocratie, la bonne blague. Voilà qui est bien pratique pour faire taire toute dissidence. Fillon a osé les attaquer frontalement. Ils ne le lui pardonneront pas. Certains journalistes sont aujourd’hui ivres de haine. Cela fait cinq semaines qu’ils répètent sur tous les tons qu’il ne peut pas tenir et il est encore là? Quel odieux crime de lèse-médias! Eh bien moi, pour cela, je suis prête à beaucoup lui pardonner – y compris d’avoir appuyé lui-même sur le bouton «vertu» avec, en prime, une grande inélégance à l’endroit de Nicolas Sarkozy. Je ne sais pas du tout s’il pourra tenir malgré la vague de défections – il y a des gens avec qui on ne partirait pas à la guerre… Mais s’il doit se retirer cela signifiera qu’une sorte de putsch médiatico-judiciaire a réussi à plomber l’élection présidentielle plus sûrement qu’une armée de trolls russes.

Revenons à Macron qui apparaît sur votre une avec ce titre: «Au secours Hollande revient!» Pourtant, le patron d’En Marche! est ultralibéral, voire libertaire, en plus d’être jeune et séduisant… La comparaison tient-elle vraiment la route?

Oui, et plus que la comparaison physique pourrait le laisser penser. Ceci étant, une «une» est un raccourci, parfois une blague et celle-ci, je vous l’accorde volontiers, ne dit que la moitié du personnage. Du reste, si Macron était seulement un nouveau Hollande, il serait sans doute moins haut dans les sondages. En réalité, Macron, c’est un produit classique dans un emballage nouveau: il est à la fois un héritier fidèle du hollandisme et un OVNI politique. On connaît sa ligne économique: plus d’Europe, plus de mondialisation, et à l’intérieur plus de libéralisme et l’intégration des banlieues par l’ubérisation. Du Terranova réactualisé, en somme. Si nous avons choisi, pour la «une», cet angle d’attaque plutôt que son genre «Prophète de bonheur» (ou petit joueur de flûteau d’Amiens…), c’est pour dévoiler une entourloupe. Macron essaie de faire croire qu’il sort de nulle part alors qu’il possède l’un des carnets d’adresse les plus fournis de Paris (ce qu’il doit au demeurant à ses multiples talents) ; il prétend être porteur d’une rupture, voire de plusieurs révolutions (comme le suggère le titre de son livre) alors qu’il n’a aucunement l’intention de rompre avec les grandes orientations des quarante dernières années ; il pense qu’il n’y a pas de culture française, mais une culture en France, et aussi que notre pays est structurellement coupable: c’est l’une des opinions les plus communes dans la famille politique dont il vient. Finalement, Macron, c’est du vieux avec du neuf.

Permettez-moi d’insister, mais Macron est favorable aux réductions de la taxe d’habitation et de l’ISF.

Peut-être que François Hollande, qui est d’une autre génération et qui a quarante ans de PS derrière lui, n’irait pas jusque-là, mais dans l’ensemble, les orientations de Macron sont celles qu’il aurait pu adopter s’il n’avait pas eu le boulet PS au pied. Sur le plan politique, Macron est en quelque sorte un Hollande accompli, un Hollande libéré.

En tout cas, on ne peut plus dire, comme vous l’écrivez que «le programme, c’est lui»!

Macron a fini par publier un projet, mais ce qui compte, c’est qu’il fait don de sa jeune et accorte personne à la France. Alors on a envie de savoir de quel bois se chauffe cette personne.

Vous sous-entendez dans votre article que Macron et Hollande travaillent ensemble en sous-main.

Soyons honnêtes: on en a pas mal de signes, dont je donne des exemples, mais aucune preuve. Cela dit, cela serait au moins une preuve de cohérence idéologique de la part du président. Tout le monde pense que ce serait une transgression de sa part de ne pas donner son soutien à Benoît Hamon. Mais pourquoi choisirait-il la fidélité boutiquière (et à une boutique qui lui a pourri la vie depuis cinq ans) plutôt que la fidélité idéologique?

Causeur, comme FigaroVox, avait prédit l’éclatement de la bulle médiatique Macron, qui ne s’est toujours pas produit. Vous êtes-vous trompés?

Face à un phénomène auquel on se sent étranger et qu’on ne comprend pas, comme le succès de Macron, on peut être tenté d’adopter des explications rassurantes. Toutefois, je n’ai jamais pensé ni écrit que Macron était une bulle médiatique, je ne crois pas que les médias aient le pouvoir de créer cet engouement, même si, aujourd’hui, il est clairement leur candidat. Normal: il est un peu à la politique ce que Mathieu Pigasse est à la presse. Macron n’a pas été fabriqué par les médias, mais peut-être est-il la quintessence parfaite d’un certain esprit du temps: c’est Homo Festivus qui a fait l’ENA!

Emmanuel Macron souhaite incarner le candidat hors du système, qui dépasse les lignes politiques classiques. Vous, la chevènementiste de 2002, vous n’êtes pas séduite?

C’est un élément de nouveauté: en transcendant le clivage droite-gauche, Macron espère fédérer le bloc central de la société française qui est aujourd’hui coupé en deux politiquement, alors qu’il a des intérêts communs. Le projet de Chevènement était en quelque sorte symétrique: lui aussi voulait casser le clivage droite-gauche, mais pour redonner de la voix à cette France oubliée qu’on n’appelait pas encore périphérique, cette France des classes populaires d’avant qui n’apparaît décidément pas dans le radar high-tech d’Emmanuel Macron. Hervé Algalarrondo, qui voit encore en lui le meilleur espoir de la gauche raisonnable, redoute qu’au lieu de réconcilier toutes les France, comme il l’a promis, Macron ne se soucie que des «France du politiquement correct» – les bobos et les immigrés pour faire court. Bref, malgré ses manières de télévangéliste et ses exhortations à nous aimer les uns les autres, on peut craindre qu’il n’aggrave les fractures françaises.

Que vous inspirent ses déclarations sur la guerre d’Algérie et sur l’inexistence de la culture française?

De l’inquiétude et de la colère, car elles révèlent une idée de la France qui, pour le coup, est en rupture avec toute notre histoire et qui est, en outre, en train de nous emmener dans le mur. Permettez-moi de citer le très beau texte d’Alain Finkielkraut: «Les conservateurs défendent la culture française, les progressistes célèbrent la culture en France. De «français» à «en France», il y a la distance qui sépare une nation d’une société multiculturelle.» Précisons que le multiculturalisme ne réside pas dans la coexistence de plusieurs cultures -qui est une donnée -, mais dans les modalités de cette coexistence. Macron, ce n’est pas l’identité heureuse, c’est l’identité à la carte. Et sa façon de draguer le vote immigré n’est pas très reluisante. Alors qu’il faudrait appeler tous les Français, quelle que soit leur origine, à retrouver le sens profond de la République, avec ses déclarations, tant sur l’Algérie que sur l’inexistence de la culture française, Macron adresse un message aux enfants d’immigrés: surtout ne faites aucun d’effort d’adaptation, ne changez rien, venez comme vous êtes. Alain Finkielkraut rappelle que la France n’est pas un open-space. Elle n’est pas non plus un McDonalds!

Voir aussi:

L’affaire François Fillon? Un complot pour éloigner la France du redressement économique

Deux interventions de personnalités hautement respectables viennent confirmer leur soutien à François Fillon et démontrent une machination indigne orchestrée dans l’orbite du pouvoir, avance Arnaud Pineau-Valencienne, partisan affirmé du candidat de la droite et du centre

Arnaud Pineau-Valencienne, consultant
2 mars 2017

Au cours de ce dernier quinquennat, la France n’a pas entrepris les réformes tant attendues. Quarante économistes avaient lancé un appel en faveur du candidat de la gauche, pour un résultat économique nul! Appel relayé avec bienveillance par la presse sans échange contradictoire possible. Le silence des «instances de contrôle» sur cette intervention partisane reste une énigme.

Une fois élu, le président a laissé ses ministres et collaborateurs se déchaîner contre leurs collègues allemands, qui eux avaient réformé leur pays avec courage, détermination. Monsieur Wolfgang Schäuble, ministre allemand des finances, n’a pas cessé de demander à la France de respecter ses engagements et de faire les réformes attendues. Il ne fait qu’exprimer le bon sens, ignoré des dogmatiques de gauche. Monsieur Schäuble n’est pas antifrançais, il a rendu un vibrant hommage à Jacques Rueff en préfaçant le livre de l’ancien rédacteur en chef de la Voix-du-Nord, Gérard Minart, «Jacques Rueff, un libéral français».

Un programme cohérent

Seul François Fillon parmi les candidats à l’élection présidentielle a compris le rôle que doit jouer un gouvernement pour créer un environnement propice à la croissance par une économie libérée, comme souhaité par nos partenaires européens. Il a annoncé un programme cohérent pour créer le cadre incitatif tant attendu et pour redresser impérativement notre économie. Les résultats de la primaire de la Droite et du Centre le plébiscitent, alors pour tous ses adversaires il est subitement devenu: l’homme à abattre!

Depuis quatre décennies notre peuple a choisi de privilégier l’assistanat à l’effort, pensant que l’Etat n’avait qu’à redistribuer des richesses, fussent-elles éphémères ou fragiles. La France avait besoin de l’effort de tous pour plus de créativité. Les Français n’ont pas vu le danger d’affaiblir la compétitivité industrielle, déjà frappée et mise à mal par les deux chocs pétroliers. La gauche et les radicaux-socialistes préfèrent exploiter tout simplement les mouvements d’opinion. Les partis veulent conquérir le pouvoir à tout prix mais n’analysent jamais leurs erreurs. Emmanuel Macron partage la responsabilité de l’échec de l’exécutif sortant, il tente un rassemblement du peuple par l’exaltation affective tous azimuts, au milieu de nombreuses incohérences, il trouve le moyen d’insulter notre histoire.

Les principes de Jacques Rueff et Milton Friedman

En économie, il faut comprendre que pour redistribuer quelque chose, seule la richesse créée le permet! Les politiciens aux idées de gauche méprisent les principes élémentaires de l’économie de Milton Friedman ou de Jacques Rueff.

Le pragmatisme du général de Gaulle l’opposait à tout ce qui a été entrepris depuis 1981: «Les gens de gauche ont rarement de grands projets. Ils font de la démagogie et se servent des mouvements d’opinion. La gauche tire le haut de la société vers le bas, par idéal d’égalitarisme. C’est comme ça que l’on a fini dans l’abîme en 1940… Les socialistes sont d’éternels utopistes, des déphasés, des apatrides mentaux. Ils gaspillent toujours la plus grande partie des crédits. On ne les a jamais vus dépenser efficacement les crédits… Je n’aime pas les socialistes, car ils ne sont pas socialistes… parce qu’ils sont incapables, ils sont dangereux.»

Le président sortant n’accepte pas l’idée que les Français se réveillent, sa gestion du pays est désavouée. Les performances économiques du pays placent la France en queue du classement européen. La Cour des Comptes n’est pas avare de critiques envers l’exécutif, le mot de Lamartine est à propos: «(…) Soit que déshérité de son antique gloire / De ses destins perdus il garde la mémoire (…)»

L’assassinat politique démasqué révèle l’exécutif à la manœuvre

Deux interventions de personnalités hautement respectables, aux compétences morales et juridiques incontestables, viennent confirmer leur soutien à François Fillon et démontrent une machination indigne orchestrée dans l’orbite du pouvoir. Elles décortiquent le processus mis en œuvre à la lumière des principes de droit et des dispositions constitutionnelles. Une pression sournoise est exercée sur le peuple pour orienter son jugement, capter son vote, cela par instruction judiciaire interposée…

– Aline Lizotte philosophe, théologienne et enseignante nous interpelle: «Une seule issue, la colère du peuple».

– Treize juristes de haut vol, professeurs de droit, avocats, se réunissent pour dénoncer ensemble «un coup d’Etat institutionnel» de l’exécutif contre François Fillon.

Ce n’est pas la première fois que des hommes politiques font usage de ces méthodes pour atteindre la sensibilité morale de l’électeur et orienter ou désorienter son vote au profit de leur candidat.

La Ve République doit être ce que la république a toujours été, selon son fondateur: «La souveraineté du peuple, l’appel de la liberté, l’espérance de la justice.» En plébiscitant François Fillon lors de la primaire, les Français ont exprimé la force de leur raison, rien ne doit les distraire de la victoire.


La liste des juristes cités par Atlantico est composée de: André Decocq, Professeur émérite à l’Université Panthéon-Assas, Geoffroy de Vries Avocat au barreau de Paris, Yves Mayaud, Professeur émérite à l’Université Panthéon-Assas, Serge Guinchard, Professeur émérite à l’Université Panthéon-Assas, ancien recteur, Pauline Corlay, Professeur agrégé des facultés de droit, avocat au Conseil d’Etat et à la Cour de cassation, Guillaume Drago, Professeur à l’Université Panthéon-Assas Paris II, Guillaume Masse, Avocat au barreau de Paris, Jean-Luc Elhoueiss, Avocat au barreau de Paris, Maître de conférences, Georges Bonet, Professeur émérite à l’Université Panthéon-Assas, Raymonde Vatinet, Professeur émérite à l’Université Panthéon-Assas, Anne-Marie Le Pourhiet, Professeur de droit public à l’université Rennes-I, Bernard de Froment, Avocat au barreau de Paris.

Voir par ailleurs:

Présidentielle 2017
L’édito
Non, Monsieur Fillon, vous n’êtes pas une victime !
Le candidat LR se fait passer pour la victime d’une machination et se fait le héros du peuple contre le microcosme, alors qu’il en est l’incarnation. Ce faisant, il abîme la démocratie.
Challenges
03.03.2017

Des autorités judiciaires accusées de bafouer l’Etat de droit et de voler l’élection aux Français. Des journalistes hués. Mais jusqu’où est prêt à aller François Fillon pour se sauver ? Il en appelle au peuple contre le système. Les élus ? Rien à faire, le peuple est là. Le parti ? Idem… Lui, le pourfendeur de la France d’en haut ? Ne pas être énarque n’est pas un brevet d’anti-système… Quelle posture indigne pour un homme qui fait de la politique depuis 36 ans, qui a été conseiller général, maire, président de conseil général, président de région, député, sénateur, ministre… Qui est élu de l’arrondissement le plus huppé de France, le 7ème   arrondissement de Paris, après avoir abandonné sa circonscription historique dans la Sarthe  considérant qu’elle était  perdue, exfiltrant au Parlement européen son suppléant, qui avait eu la générosité d’embaucher Penelope Fillon…  Qui pratique un des sports les plus coûteux : la course automobile. Qui a, durant des années, passé des vacances dans les palais de Moubarak, chez Luca di Montezemolo, le richissime PDG de Ferrari ou dans le chalet de Courchevel de son ami et protecteur, le milliardaire Marc Ladreit de Lacharrière. Qui ne jure que par Arnys (6.000 euros le costume). Qui a comme proches conseillers et amis d’éminents inspecteurs des Finances reconvertis dans la finance, qu’il s’agisse de l’ex-président d’Axa, Henri de Castries ou d’Antoine Gosset-Grainville, fondateur d’un des cabinets d’affaires les plus influents de Paris. Qui a reçu des émoluments de dizaine de milliers d’euros pour ses conseils avisés. Rien de cela n’est ni interdit, ni honteux, mais alors que  François Fillon arrête de fustiger le système et de jouer au héros de la France profonde martyrisée par le microcosme.

Tout cela n’est que fumée

Il est insupportable d’entendre dans les rangs de ses militants, des exaltés qui véhiculent les pires rumeurs colportées jusqu’alors par le FN. Ces jusqu’au-boutistes nous accusent nous les médias (qualifiés de « merdias ») de ne pas dénoncer les 3 millions volés par Emmanuel Macron ! Volés ? Il a gagné cela en brut dans une banque, c’est beaucoup, mais légal. Légal. Ce mot veut encore dire quelque chose. Et si François Fillon voulait gagner de l’argent, rien ne l’empêchait d’aller dans le privé ! Et quand on dit cela, quand on dit qu’Emmanuel Macron n’a pas volé d’argent, on se fait insulter par mail, ou dans les réseaux sociaux, on se fait traiter de salope vendue à Macron ! François Fillon cautionne-t-il ces comportements de caniveaux ? Comme ce dirigeant d’un micro-parti d’extrême droite qui appelle à manifester au Trocadéro contre  » l’oligarchie cosmopolite  » ! Même dans l’entourage de François Fillon on reconnait  » oui, il y a des relents malsains « .

Non, François Fillon n’est pas la victime d’un acharnement judiciaire. Il n’est pas rare que les puissants, quand ils sont confrontés pour la première fois à la Justice, découvrent qu’il n’y a pas d’échappatoire, que celle-ci suit son cours, quoiqu’il arrive et leur première réaction est de dénoncer une machination politico-judiciaire. La justice serait trop rapide ? Mais c’est ce que voulait François Fillon, il l’avait même réclamé et de toute façon, le Parquet national financier (PNF), créé dans la foulée de l’affaire Cahuzac, a fait de la célérité l’une de ses marques de fabrique, la justice financière étant régulièrement épinglée pour son manque de réactivité et ses délais d’enquête. Le candidat LR se plaint que la Chambre d’instruction de la cour d’appel n’ait pas accepté de statuer immédiatement sur les « irrégularités de la procédure ». Un reproche quelque peu étonnant. Durant l’enquête préliminaire, les avocats ne pouvaient pas déposer de recours. C’est la loi commune, celle du code de procédure pénale, qui s’applique à tous. C’est notamment pour cette raison que François Fillon réclamait l’ouverture d’une information judiciaire. Dès lors, ses avocats  ont le droit de contester tous les actes de l’instruction devant la Cour d’appel de Paris. Tout le reste n’est que fumée.

Un noyau dur hystérique ne fait pas une élection

Alors, les conséquences juridiques des infractions qui lui sont reprochées sont disproportionnées ? Alors, voir échapper une élection présidentielle qui devait couronner sa carrière, perdue pour avoir simplement tordu les règles de rémunération des assistants parlementaires, c’est trop cher payé ? On a vu, dans d’autres démocraties des carrières défaites pour beaucoup moins, une carte bancaire utilisée à mauvais escient, une photo sur un yacht avec des mannequins… Et les faits reprochés à François Fillon ne sont pas anodins, comme il le laisse entendre. Embaucher des membres de sa famille serait chose courante, dit-il. Un tiers des députés auraient recours à cette pratique. D’abord ce n’est pas un tiers, mais 20%. Et pour la plupart, il s’agit d’un travail effectif, ce n’est pas la même chose. Or le moins qu’on puisse dire c’est que le candidat LR n’a pas réussi à convaincre que son épouse effectuait un travail réel, auprès de lui, ou de son suppléant Marc Joulaud, ou au sein de la Revue des deux mondes… Et ne parlons pas du niveau des salaires accordés à ses enfants ou à son épouse, hors de proportion. D’ailleurs dans son entourage, on reconnait que c’est indéfendable. Oui, la sanction est lourde. Mais il s’agit de la campagne présidentielle, du débat démocratique, de la France, de l’Europe… Et François Fillon  n’a cessé de prôner la probité.

Un dernier carré de fidèles à François Fillon est persuadé de pouvoir emporter la présidentielle en hystérisant une partie de l’électorat, en se  » trumpisant « . Même si 10.000 personnes, 30.000 personnes radicalisées et ameutées par la Manif pour tous se rendent au Trocadero, cela ne fera pas l’élection. Un noyau dur hystérique ne fait pas une élection. Et ceux qui soutiennent mordicus François Fillon, quitte à admettre un discours populiste dangereux, vont devoir réfléchir au sondage que publie Odoxa. François Fillon est donné largement battu. Il serait disqualifié au premier tour. En revanche, si François Fillon décidait finalement de renoncer, les Français comme les sympathisants de droite souhaiteraient que ce soit Alain Juppé qui le remplace (52% contre 19% pour François Baroin). Et le maire de Bordeaux arriverait en tête au premier tour ! Avec 26,5% d’intentions de vote, soit 7,5 points de plus que François Fillon. Il devancerait Macron d’1,5 point (25%) et Le Pen de 2,5 points (24%).

Alors qui vole l’élection à qui ? Et au-delà, qui détruit le débat démocratique, l’image de la France?

Voir en contrepoint:

Choix personnel
EDLF
5 février 2017

Deux commentaires sur un article précédent me demandent pourquoi je me suis rallié à Emmanuel Macron. Ils s’interrogent aussi sur son programme et son équipe.
J’avais commencé à répondre à leur commentaire, mais la réponse prenant de la longueur je pense plus simple d‘en faire un article.

J’ai été assez long à me rallier à Emmanuel Macron, dont je ne voyais pas ce qui dans son passé pouvait justifier son ambition. J’étais pourtant progressivement obligé de constater qu’il était le seul à occuper une place de centre gauche, sociale libérale pour simplifier, qui correspond de fait à mon positionnement politique. A la suite de Pascal Lamy, je trouve que F Hollande n’a pas fait une si mauvaise politique, mais qu’il l’a fait trop tard et pas assez fort. C’était apparemment aussi le positionnement de l’ancien ministre des finances.

Ce qui m’a fait sauter le pas, c’est qu’il déclarait avoir fait un diagnostic avec son mouvement En Marche, avant de se lancer dans la construction de propositions.
Or je suis convaincu, et je l’ai écrit sur la page d’accueil de ce site, que c’est le diagnostic qui est essentiel, et que c’est d’abord sur cela que se distinguent les partis et les candidats. L’article publié récemment par Protéos sur le programme de Benoit Hamon l’illustre encore une fois: c’est le diagnostic du candidat que Protéos remet en cause (à mon avis avec raison). Après, on peut toujours discuter les mesures, mais de toutes manières il faudra s’adapter à la réalité et les événements peuvent modifier les mesures, pas les orientations.
Donc une bonne démarche, et ce que j’en voyais m’allait bien.

J’ai lu ensuite son livre et je m’y suis retrouvé à plus de 90 %. Et le meeting de Lyon que j’ai regardé hier m’a confirmé dans mon point de vue. Je cite quelques-uns des points que je trouve essentiels comme E Macron :
• La révolution numérique en cours est en train de transformer en profondeur notre économie, avec le risque que les GAFA ne confisquent le plus important de la valeur ajoutée et que les pays européens (qui sont très en retard sur le sujet) ne soient plus que des exécutants
• Cette révolution va puissamment accélérer un phénomène annoncé depuis plusieurs décennies : la transformation régulière des emplois qui va obliger des millions de travailleurs à se recycler voire à se reconvertir. Revoir en profondeur la formation professionnelle continue est incontournable
• Les jeunes qui sortent du système sans qualification ont une « chance » sur deux d’être au chômage plutôt qu’en emploi. Il en sort 100 000 par an. Renforcer fortement l’encadrement du CP et du CE dans les ZEP fait partie de la réponse à donner.
• On ne peut pas relancer l’Europe sans relancer le couple Franco-Allemand, et on ne le fera pas en continuant à renvoyer à plus tard le respect des critères de Maastricht. Si on veut malgré tout investir plus, il faut réduire les dépenses de fonctionnement
• Il faut revoir le fonctionnement du système politique : la défiance envers notre classe politique est en train de menacer gravement la démocratie. E Macron estime que l’affaire Pénélope prouve que le candidat de la droite vit encore avec le logiciel du 20ème siècle. Il est très loin d’être le seul au sein de la classe politique française, quels que soient les partis !
• Il est nécessaire de libérer l’économie des contraintes qui laissent des secteurs entiers dormir sans progresser car la concurrence n’existe pas, comme il faut absolument aider tous ceux qui veulent créer de l’activité (voir ce que je dis sur Colbert et Lénine)

S’il y avait d’autres candidats qui avaient un diagnostic semblable, je pourrais encore me poser des questions. Ce n’est malheureusement pas le cas, et ce qu’on voit ce sont plutôt des programmes qui semblent montrer surtout une incompréhension totale de ce qui se passe.

Le mouvement En Marche a lancé un processus participatif de réflexion pour alimenter le programme. C’est utile, parce qu’il peut en sortir des idées intéressantes et que cela montre aussi ce que les citoyens préfèrent. Mais honnêtement, c’est surtout les experts dont j’attends qu’ils fassent leur travail (le programme est annoncé pour début mars). Tout en étant conscient de l’importance de la manière dont on « vend » un programme.

L’un des risques majeurs du participatif, c’est l’addition de propositions coûteuses. A Lyon, E Macron a été clair : il veut respecter nos engagements européens, et pas de temps en temps, toujours. Donc un déficit de moins de 3% Il a été également dit que des économistes comme Elie Cohen ou Hervé Lorenzi ont rejoint Macron, en plus de Jean Pisani Ferry. Cela me rassure beaucoup.

J’ai aussi été rassuré au niveau des valeurs par ceux que je rencontre dans le mouvement En Marche, lesquels sont de vrais démocrates. Et j’ai apprécié le soutien apporté par Macron à Merkel lors de son voyage à Berlin, à propos de sa politique migratoire.
Enfin, l’Europe, à laquelle je suis très profondément attaché : lors du meeting de Lyon, comme aux précédents, il y avait de nombreux drapeaux européens, en plus des drapeaux français. Et on a entendu plusieurs fois la foule scander « Europe, Europe », au cours du discours du candidat. Sur le sujet, il est bien seul parmi les candidats : il n’y a que des eurosceptiques (sauf peut être le candidat écologique ?) !

Quelle équipe ? Il a promis d’avoir la moitié de nouveaux parmi les candidats. Sur le terrain, je rencontre des hommes et des femmes de valeur. Je pense qu’on devrait trouver. Et quand je vois certains ministres de ce quinquennat et du précédent, je pense qu’il ne sera pas si difficile de faire mieux, surtout sans la contrainte des logiques de courants !
A l’heure où j’écris, le site du mouvement En Marche affiche 182 505 adhérents. 17 500 de plus que la semaine précédente à la même heure, 29 000 de plus que deux semaines avant ! Je ne crois pas vraiment que trouver des équipes sera un problème.

Voir de même:

Un moment clé de la vie politique

La campagne présidentielle de 2017, bien qu’elle ne soit pas encore terminée, est un moment clé de l’histoire politique de la Cinquième République. Le nombre de personnalités de premier plan qui se sont fait dégager est absolument impressionnant : Hollande, Valls, Sarkozy, Juppé, Bayrou, Duflot, Montebourg, Copé. S’ils n’ont pas été purement et simplement battus à une primaire, c’est qu’ils ont renoncé, avec plus ou moins d’élégance, à se présenter. François Fillon est en train de subir le même sort, et s’il se débat encore, en utilisant toutes les ficelles du populisme, le lacet se resserre implacablement. De plus en plus, c’est un deuxième tour Macron-Le Pen qui se dessine, une perspective encore impensable il y a 6 mois.

Cette situation ne me surprend pas, voire même me rassure. La colère et le désarroi de la population française face à ses dirigeants politiques sont palpables depuis de longs mois. Tous ceux qui sont en contact, un tant soit peu, avec le « terrain » sentent cette immense aspiration au changement. Il est vrai que le degré de déliquescence des élites françaises a atteint un niveau jamais atteint. Il est donc rassurant qu’au moment du grand rendez-vous électoral qu’est la présidentielle, cela se traduise très concrètement par une série de baffes distribuées à tous les sortants. Cela permet d’éviter que l’aspiration des électeurs à un changement profond ne se traduise autrement que dans le cadre du processus électoral. En terme de renouvellement des têtes, Macron devrait pouvoir faire l’affaire. Certes, il vient du cœur du système avec un bon profil « blanc-propre sur lui », mais on dit souvent que les vraies révolutions, celles qui arrivent à atterrir sans trop de dommages, viennent de l’intérieur même du système. Il faut quand même s’en assurer, car Marine Le Pen à la présidence, c’est la sortie de route assurée.

Reste par contre à traiter un autre aspect, celui du renouvellement des pratiques, car l’attente ne se limite pas à de nouvelles têtes. C’est le fonctionnement même du système politique qui doit changer, sinon, tout cela ne servira à rien, et ouvrira toutes grandes les portes du pouvoir à Marine Le Pen en 2022.

Sur ce plan, je suis plus inquiet. En cas de victoire de Macron à la présidentielle, sa majorité législative ne pourra être composée que de ces deux mouvements, avec éventuellement quelques supplétifs au centre, mais cela restera marginal. Même battue, la droite conservatrice restera ce qu’elle est, un parti qui considère être le seul légitime à gouverner, et qui donc refuse toute collaboration avec le camp d’en face. Une grande coalition à l’allemande n’est tout simplement pas envisageable en France. Je vois mal Wauquiez, Bertrand ou Baroin entrer au gouvernement aux cotés des centristes et des socialistes. Je crains qu’il ne soit difficile au futur président d’avoir une majorité parlementaire solide, et donc une capacité à faire voter les lois nécessaires à la mise en œuvre des réformes promises. Si c’est une coalition de droite qui se dégage, et que l’on entre en cohabitation, ce sera un échec majeur.

Je suis également un peu inquiet quand je lis les programmes des partis qui pourraient composer la coalition gouvernementale. On y trouve plein de belles idées très généreuses, mais pas toujours très applicables, ainsi que des trucs assez farfelus. Pour le point qui m’intéresse plus particulièrement, l’exercice du pouvoir et l’organisation des institutions, il n’y a pas grand chose à se mettre sous la dent. Aucun candidat ne revient, quoi qu’ils en disent, sur l’équilibre actuel, avec une omniprésidence, où le Parlement est écrasé. Rien sur l’équilibre entre président et premier ministre, sur l’indépendance de la justice et la montée en puissance d’un véritable pouvoir judiciaire. Le programme de Macron serait même une régression pour le Parlement, qui serait voué à devenir un mélange entre le CESE et la Cour des Comptes, qui ne doit surtout pas passer trop de temps à légiférer. Peu de choses réalistes sur les moyens de limiter l’emprise de la haute fonction publique sur les circuits de décision, qui est pourtant un problème. Enfin, rien, absolument rien, sur le déverrouillage de la vie politique, cadenassée par les lois sur le financement de la vie politique.

Cela ne veut pas dire que rien ne sera fait. On a souvent vu des candidats ne pas tenir leurs promesses, et faire des choses qu’ils n’avaient pas promises. Cela pose un problème politique et démocratique, car c’est au moment de l’élection qu’il faut annoncer la couleur, et à défaut de formuler des propositions précises, il faut au moins donner la philosophie et les grands axes de la politique qui sera menée. Il reste encore 50 jours de campagne pour arriver à cela. J’espère que la période qui s’ouvre va permettre aux différents partis qui pourraient être amenés à gouvernement, d’être plus précis sur ces sujets.

Cette élection présidentielle est donc cruciale, car le changement ne peut se faire que par le haut, la « société civile » française ayant malheureusement montré qu’elle n’est pas suffisamment forte pour imposer des réformes par le bas. Nous n’attendrons pas 5 ans de plus dans l’immobilisme et le conservatisme, c’est dès l’été 2017 que le signal du changement réel doit être donné. Le pays est prêt à suivre, il faut juste que le personnel politique soit à la hauteur, sur le fond comme sur la forme.

Voir aussi:

On passe à coté des vrais enjeux de l’affaire Fillon

Depuis la révélation de l’affaire « Pénélope Fillon » les regards sont tournés brutalement vers la situation des collaborateurs parlementaires ayant un lien familial avec le parlementaire qui les emploient. On ne découvre rien, cette pratique est connue et a été chiffrée. Le seul apport des enquêtes lancées par des journalistes, comme par exemple les décodeurs du Monde, est d’affiner un peu les chiffres. Et encore, on reste dans l’ordre de grandeur qui a été précédemment défini. Pour le reste, l’analyse est absente, et c’est un peu ça le drame. Mis à part Mathilde Mathieu de Médiapart, qui bosse le sujet depuis des années, et qui cherche à faire parler les données, le reste de la troupe se contente de publier des statistiques. Ce n’est malheureusement pas cela qu’on attend des journalistes, et dans le cas qui nous intéresse, se contenter de ça est même très mauvais, les journalistes passant complètement à coté des vrais enjeux.

La question des collaborateurs parlementaires « familiaux » n’est pas nouvelle, loin de là même, et périodiquement, elle resurgit. Les journalistes des médias « mainstream » ne s’y intéressent malheureusement que lorsqu’un scandale éclate. C’est le premier problème, car ils sont alors en réaction par rapport à une demande de leur lectorat. Le biais par lequel l’information est traitée est imposé par le lecteur. Dans le cas de l’affaire « Pénélope Fillon », c’est même flagrant. Le public est scandalisé, à juste titre, par le fait qu’on ait pu payer de telles sommes à une personne, sans contrepartie effective. Quand en plus, le « coupable » est un homme politique qui aspire aux plus hautes fonctions, et qui s’est présenté comme un parangon de vertu et d’honnêteté, cela donne un retentissement particulier à l’affaire. De manière quasi automatique, la demande du rédacteur en chef à ses journalistes va être de creuser ce sillon, de « documenter » le cas et d’aller chercher si d’autres ne font pas pareil. On va donc aller chercher des données (par ailleurs disponibles depuis 2014) de manière plus ou moins efficace et respectueuse des personnes concernées. Que les parlementaires et leurs collaborateurs aient eu le sentiment d’une chasse, dont ils sont le gibier, n’est pas infondé. Les journalistes auront beau se récrier que c’est faux (et le pire, c’est qu’ils sont souvent de bonne foi), le fait est qu’en se contentant d’apporter de l’eau au moulin du public, sans toucher aux questionnements et aux biais selon lesquels le débat a été posé, ils n’ont pas fait leur job.

De cette affaire, va juste ressortir un peu plus de ressentiment de la population envers les élus. Comme si on avait besoin de cela ! Par contre, les vrais enjeux n’auront pas été abordés, les bonnes questions n’auront pas été posées, et donc des solutions n’auront pas été proposées. Cette affaire « Pénélope Fillon » permet pourtant de poser la question qui fâche : « qu’est ce qu’on doit attendre du travail d’un assistant parlementaire ? » et derrière cette question, une deuxième encore plus importante « Quel doit être le travail d’un parlementaire ? ». Autant de questions qui amènent à l’enjeu de la « redevabilité », l’accountability des anglo-saxons. Un élu doit rendre des comptes à ses électeurs, sur un bilan concret, bien entendu, mais également sur la manière dont il exerce son mandat. C’est sur ce deuxième aspect que le bât blesse très sérieusement, car les parlementaires refusent, avec une obstination phénoménale, que la question soit même posée. Ils partent du principe qu’ils sont totalement libres de s’organiser comme ils le veulent, que cette question est hors du champ démocratique, avec un discours bien rôdé autour de la liberté de l’élu, du refus du mandat impératif. On est dans un véritable trou noir démocratique, où la demande citoyenne est de plus en plus forte, et se heurte à un refus catégorique.

Pour moi, le parlementaire doit des comptes sur la manière dont il exerce son mandat, notamment sur l’efficience de l’utilisation des fonds publics qui sont mis à sa disposition pour l’exercice de son mandat. Une grande partie de cet argent sert à payer les collaborateurs. Les citoyens sont donc fondés à demander aux élus des comptes sur la manière dont travaillent leurs collaborateurs. C’est là qu’on se rend compte que Pénélope Fillon est l’arbre qui cache la forêt, car comme le montre un chercheur, les parlementaires qui emploient un membre de leur famille sont ceux qui ont les plus mauvaises statistiques d’activité sur nosdéputés.fr. Cela est corroboré par des constatations de terrain que peuvent faire tous les assistants en poste : beaucoup d’épouses de députés, si elles sont présentes et travaillent, ne « foutent pas lourd » et sont clairement très bien payées au regard de la masse de travail fourni. Le vrai coupable est le député, qui peut se permettre d’employer une équipe peu ou pas efficace, car lui-même ne bosse pas beaucoup…

Quand on tire le fil, on arrive à s’interroger sur ce que doit être le travail d’un député (et donc les tâches de ses collaborateurs), et sur la manière de l’évaluer. Se focaliser sur le fait qu’un député salarie sa femme, c’est passer à coté de l’enjeu essentiel, qui est celui du travail que doit faire un député et des comptes qu’il doit rendre à ses électeurs sur la manière dont il remplit le contrat passé au moment de l’élection. On est malheureusement devant une page blanche, où tout ou presque est à écrire et à inventer.

Voir encore:

Affaire Fillon: un parfum de Bruay-en-Artois
Des juges très zélés…
Anne-Marie Le Pourhiet
Juriste spécialiste de droit constitutionnel, professeur de droit public à l’Université de Rennes I
Causeur
27 février 2017

François Fillon est le candidat conservateur plébiscité par les électeurs de son parti pour une élection présidentielle qu’il a toutes les chances de remporter. Le complexe médiatico-idéologique ne pouvait pas laisser passer cela.

Opération mains propres

Ce qui est nouveau, c’est la qualification juridique retenue pour justifier l’intervention du juge pénal dans une pratique banale. Est-ce à dire que désormais tout élu, fonctionnaire, collaborateur public ou membre d’un conseil ou comité Théodule quelconque qui ne travaille pas en proportion exacte de ce qu’un procureur estime nécessaire à sa rétribution devrait en passer par la case prison au motif qu’il s’agirait d’un « détournement de fonds » ? Ça promet du monde dans nos établissements pénitentiaires déjà surchargés. Si les juges italiens en faisaient autant à l’égard de tous les  fannulloni dont la péninsule a l’habitude de se moquer, l’opération mani pullite (mains propres) viderait tous les ministères, le Parlement et les administrations territoriales du bel paese.

Chez nous, il faudrait d’abord faire une perquisition de grande envergure au Conseil économique, social et environnemental où il est de notoriété publique qu’une l’indemnité mensuelle brute de 3800 euros est versée à 233 conseillers dilettantes qui ont l’habitude de quitter les quelques très rares réunions auxquelles ils sont convoqués aussitôt après avoir badgé. Chacun sait d’ailleurs que les membres des organisations « représentatives » qui y siègent reversent une part de leur indemnité à leur syndicat d’origine. Les nominations de « personnalités qualifiées » (dites PQ) y sont depuis toujours utilisées par le gouvernement en place pour servir des prébendes à des amis de toutes sortes, souvent dépourvus de toute qualification. La Cour des comptes a d’ailleurs constaté que le personnel administratif de ladite institution jouit aussi, par voie de conséquence, d’un temps de travail très limité.

En ce qui concerne nos assemblées parlementaires, les professeurs de droit constitutionnel et de science politique, dont certains thésards sont collaborateurs de députés ou sénateurs (ou ont eux-mêmes été collaborateurs lorsqu’ils faisaient leur thèse), savent bien que le travail de ces jeunes doctorants varie du zéro à l’infini selon l’assiduité et les méthodes et moyens de travail du parlementaire lui-même. Tel assistant va pouvoir faire sa thèse en un temps record parce-que son sénateur « ne lui donne rien à faire » et qu’il peut donc passer tout son temps à la bibliothèque du Sénat, tel autre n’arrivera pas à boucler son doctorat tant il est « pressuré » par son député, à Paris ou dans la circonscription. L’idée de faire intervenir le juge pénal dans la façon dont un représentant de la Nation organise l’exercice de sa fonction est une nouveauté parfaitement soudaine.

Sus au candidat anti-médias

La tradition d’autonomie des assemblées parlementaires veut qu’elles fassent leur propre police et exercent elles-mêmes leur pouvoir disciplinaire, notamment pour tenter (en vain jusqu’à présent) de corriger l’absentéisme. C’est le règlement de chaque assemblée qui fixe ses règles de fonctionnement et prévoit, dans certains cas, des sanctions à l’encontre des parlementaires qui enfreindraient les règles, lorsque celles-ci existent. Or il n’en existe aucune portant sur le choix, le temps, le lieu, la quantité et les modalités de travail des collaborateurs parlementaires. Bien entendu, l’on peut toujours trouver que le règlement des assemblées n’est pas assez précis et rigoureux. Mais la correction et le contrôle de ces pratiques relève du seul parlement, comme elles relèvent de l’entreprise dans le monde du travail ou du chef de service dans la fonction publique. On ne peut pas incriminer pénalement tous les comportements professionnels et confier au juge répressif le soin de traquer partout les fainéants, les rêveurs, les désinvoltes ou les dilettantes.

Mais, rassurons-nous, le juge pénal n’a pas du tout l’intention de généraliser cette intrusion qui ne concerne pas en l’occurrence un parlementaire lambda, mais vise délibérément et exclusivement un député « hors-norme » qui se trouve être, en effet, un candidat fort bien placé à l’élection présidentielle. Et, de plus, il ne s’agit pas non plus de n’importe quel présidentiable mais du vainqueur inattendu à la primaire de la droite qui a déjoué les pronostics et surtout les préférences du complexe médiatico-idéologique. Ledit candidat, par contraste avec son challenger investi par les médias, n’est en effet pas adepte du multiculturalisme ni  franchement branché sur les droits des minorités.

Conservateur not dead

Pis encore, il assume ses choix qu’il revendique sans céder au politiquement correct et se permet même de remettre à leur place les journalistes effrontés qui l’agressent sur ses convictions. Il envoie publiquement promener un identitaire antillais qui lui reproche son refus de repentance et de réparation sur la colonisation et l’esclavage et fait de même avec une militante lesbienne qui pleurniche parce qu’il entend remettre en cause l’adoption plénière par deux « parents de même sexe ». C’est dire que ce candidat se soucie comme d’une guigne des clientèles chouchoutées par son concurrent bordelais. Et, comble de l’audace, ce notable de province non-divorcé et père de famille nombreuse, ne trouve pas aberrant d’entretenir de bonnes relations avec la Russie, laquelle est dirigée, comme chacun sait, par un infréquentable  dictateur hétérophile. Voilà donc où le bât blesse et pourquoi il fallait tenter à tout prix de saboter sa candidature. François Fillon n’est pas un banal parlementaire ayant simplement, comme tant d’autres avant et après lui, recruté sa femme pour l’assister. Il est le candidat conservateur plébiscité par les électeurs de son parti pour une élection présidentielle qu’il a toutes les chances de remporter. Le complexe médiatico-idéologique ne pouvait pas laisser passer cela. Un petit article habituel du Canard Enchainé ne révélant rien qu’une pratique archi-courante au Parlement français et voilà la procureure financière qui, telle la fameuse Carla del Ponte en son temps, dégaine aussitôt son arsenal répressif.

Un Sofitel bis?

L’affaire n’est pas sans en rappeler d’autres. Récemment, on se souvient de l’acharnement inouï  dont a fait preuve une juge d’instruction à l’égard de Dominique Strauss-Kahn, en inculpant l’ancien patron du FMI du chef abracadabrantesque de « proxénétisme aggravé » ! Des années de harcèlement judiciaire ont ainsi été infligées à DSK sur la base d’une qualification farfelue que le tribunal a finalement condamnée dans un jugement accablant pour l’instruction. Mais il fallait bien tenter d’avoir la peau de ce mâle hétérosexuel blanc et riche, qui avait l’outrecuidance de vouloir se relever de l’affaire du Sofitel. Plus loin encore, ceux qui ont moins de 40 ans ne peuvent pas se souvenir de la fameuse affaire de Bruay-en-Artois, dans laquelle il ne s’était agi, par la coalition d’un juge et de médias militants, que de mettre à mort un notable de province, coupable de son seul statut socio-culturel, exécré par une meute gauchiste hystérique.

Philippe Muray nous manque décidément beaucoup dans cette campagne présidentielle dominée par l’« envie du pénal », les « jaccuzateurs » et la « peste justicière » du « département fusion-inquisition ». Finalement il n’y a que Jacqueline Sauvage qui ait bénéficié de la clémence d’Auguste. Morale de la fable : mieux vaut tuer son mari que d’embaucher sa femme.

Voir aussi:

L’affaire Fillon révèle-t-elle la collusion entre les juges et les médias ?

  • Guillaume Jeanson
  • Le Figaro
  • 01/03/2017

FIGAROVOX/TRIBUNE – François Fillon a été convoqué en vue d’une mise en examen, à quelques jours du dépôt des candidatures pour la Présidentielle. Guillaume Jeanson s’interroge sur ce calendrier.


Guillaume Jeanson est avocat au barreau de Paris et porte-parole de l’Institut pour la justice.


Les scandales entachant la vie politique sont nombreux. Le moment choisi pour les faire éclater souvent opportun. Nombre de carrières se font et se défont au gré de ces «coïncidences» de calendrier. Mais l’affaire Fillon marque un tournant, une gradation. Elle marque un pallier inquiétant pour notre démocratie.

Bien sûr, l’impunité ne saurait être la règle pour les puissants. Bien sûr, la justice doit faire son œuvre. Bien sûr, les citoyens sont en droit d’attendre de ceux qui se présentent à leur suffrage un comportement exemplaire. Ces évidences rappelées ne doivent pas, cependant, nous interdire de nous interroger quant à la soudaineté, à la précipitation et à l’orchestration de ce qui s’apparente, qu’on le veuille ou non, à une magnifique opération de déstabilisation d’une mouvance politique, jusqu’ici fortement pressentie en tête de la prochaine élection présidentielle.

Ce qui frappe, c’est d’abord la rapidité. Le 25 janvier, le Canard Enchaîné publie ses révélations. Le même jour, le parquet financier se saisit de l’affaire sans attendre la réaction de François Fillon. Moins d’un mois après, le 24 février, est ouverte une information judiciaire. Le candidat est convoqué le 15 mars pour être mis en examen, alors que le 17 mars est la date limite retenue pour le dépôt des parrainages et le 20 mars, celle d’un grand débat télévisé.

Pour ses opposants, le calendrier est, il est vrai, idéal.

Alors que selon un sondage CSA – IPJ de février 2013, la lenteur des délais de traitement et de jugement des affaires est le problème de la justice le plus souvent cité par les sondés (63% d’entre eux), la célérité de la justice semble, cette fois-ci, indiscutable. Certes, avant de hurler au complot, l’honnêteté commande de rappeler que François Fillon en avait lui-même émis le souhait et que le parquet financier a certainement tenu à jouer la sécurité devant la promulgation imminente d’une loi réformant les règles de la prescription pénale.

Une comparaison avec une autre affaire, elle aussi largement médiatisée en cette période de campagne électorale, mérite néanmoins d’être relevée: pour les présumés emplois fictifs du Front national, le parquet s’est saisi le 30 mars 2015. Une information judiciaire a été ouverte en décembre 2016 et la mise en examen de Catherine Griset, chef de cabinet de Marine Le Pen, est intervenue le 22 février 2017. Chacun appréciera la différence des délais, mais aussi la similitude de la période choisie pour ces mises en examen.

Ce qui frappe, c’est ensuite le traitement médiatique. Rappelons que la CEDH souligne l’importance du rôle des médias en les baptisant «chiens de garde de la démocratie». A ce sujet, l’ancien Premier président de la Cour d’appel de Paris, Jean-Claude Magendie, également expert auprès de l’Institut pour la Justice, met en garde, dans son livre intitulé Les sept péchés capitaux de la justice française, contre les rapports douteux entretenus par les pouvoirs politiques et médiatiques: «on connaît le risque de prisme déformant de l’image, celui de la manipulation de l’opinion résultant d’une possible collusion (…) du pouvoir médiatique et du pouvoir politique (…) «le chien de garde» peut, si justement l’on n’y prend pas garde, dévorer son maître, et l’on sait que la démocratie peut s’autodétruire.» Difficile ici de ne pas s’interroger devant cette grossière mascarade qui a vu pendant plus d’un mois François Fillon et ses avocats privés d’accès au dossier de cette procédure, devoir néanmoins se défendre face aux assauts d’une presse, elle-même nourrie de manière honteuse par ceux qui avaient manifestement accès à ce même dossier.

Pour la suite de cette affaire, et sans préjuger évidemment de la rectitude des magistrats actuellement saisis, le constat également dressé par Jean-Claude Magendie quant aux relations entretenues entre la presse et certains magistrats ne manque pas lui non plus d’alarmer: «Ce n’est qu’au prix de beaucoup d’hypocrisie que l’on se voile la face sur la collusion entre certains juges et les médias. Les premiers livrent aux seconds des informations couvertes par le secret professionnel, ils reçoivent en contrepartie un soutien tactique de leur action par une promotion médiatique compréhensive de leur démarche. Il ne s’agit rien de moins que d’une instrumentalisation réciproque avec les dangers que cela comporte, chacun pouvant finalement être dupe de l’autre, et le citoyen des deux.»

Ce qui frappe, c’est enfin la suspicion que cette affaire éveille quant aux rapports entretenus entre les pouvoirs exécutif et judiciaire. Si, comme l’écrit Louis Vogel dans son livre intitulé Justice, année zéro, «Montesquieu ne souhaitait pas promouvoir un affrontement entre pouvoirs, mais plutôt permettre une séparation faite de collaboration et d’échange au service de l’état de droit», il n’en demeure pas moins que «la justice en France, depuis la Révolution, recherche encore la bonne distance par rapport au politique». Pour le dire autrement, l’indépendance de la justice pose ici question.

A cet égard, Jean-Claude Magendie rappelle que le «choix idéologique de rupture avec «l’ordre bourgeois» n’empêcha pas le Syndicat de la Magistrature d’entretenir un certain flou doctrinal lui permettant, lorsque le pouvoir n’avait pas ses faveurs, d’insister sur son manque de légitimité au regard de l’histoire en marche (…), puis, lorsque survint un régime plus conforme à ses vœux, de devenir son relais.» Il poursuit: «C’est ainsi que l’on assista, en 1981, à la promotion de nombreux syndiqués dans les allées du pouvoir ou dans la hiérarchie judiciaire. Que le Conseil supérieur de la magistrature fût totalement placé entre les mains d’une proche du président Mitterrand, que tout le fonctionnement de la justice fût verrouillé par l’un des fondateurs du syndicat de la magistrature, bref que la justice fût totalement subordonnée au politique ne gênait plus ceux qui auparavant se faisaient les chantres d’une indépendance quasi mystique.»

Plus récemment, l’ancien Procureur général de Paris, François Falletti a pu relater également, dans son livre intitulé Confidences d’un procureur général de Paris, les rapports parfois étonnants existant entre le politique et le parquet: «on a soutenu (…) que l’entretien que j’avais eu à la chancellerie (…) était un entretien classique. C’est inexact. Si j’ai été convoqué (…) c’était bien afin de «me pousser» fermement à abandonner le poste sensible de procureur général de Paris pour des fonctions moins décisionnelles.»

En fonction lors de la création du fameux parquet financier, il raconte avoir appris «par la diffusion générale assurée par le ministère urbi et orbi la proposition, au demeurant légitime, de nommer Eliane Houlette, aux nouvelles fonctions de procureur de la République financier. (…) elle avait été reçue par le garde des Sceaux quelques jours avant cette diffusion, honneur dont je n’avais jamais bénéficié en deux ans. J’étais pourtant doublement concerné par sa mutation: d’abord parce qu’Eliane Houlette faisait partie de l’équipe de mon parquet général, ensuite parce que ce nouveau procureur national financier était placé selon les termes mêmes de la loi, «sous l’autorité» du procureur général de Paris.»

Ces exemples rapportés par ces hauts magistrats sont de nature à nous interpeller. En effet, le respect de la démocratie impose que l’indépendance de la justice ne soit pas à géométrie variable.

Voir par ailleurs:

France’s next revolution
The vote that could wreck the European Union
Why the French presidential election will have consequences far beyond its borders
The Economist
Mar 4th 2017

IT HAS been many years since France last had a revolution, or even a serious attempt at reform. Stagnation, both political and economic, has been the hallmark of a country where little has changed for decades, even as power has rotated between the established parties of left and right.

Until now. This year’s presidential election, the most exciting in living memory, promises an upheaval. The Socialist and Republican parties, which have held power since the founding of the Fifth Republic in 1958, could be eliminated in the first round of a presidential ballot on April 23rd. French voters may face a choice between two insurgent candidates: Marine Le Pen, the charismatic leader of the National Front, and Emmanuel Macron, the upstart leader of a liberal movement, En Marche! (On the Move!), which he founded only last year.

The implications of these insurgencies are hard to exaggerate. They are the clearest example yet of a global trend: that the old divide between left and right is growing less important than a new one between open and closed. The resulting realignment will have reverberations far beyond France’s borders. It could revitalise the European Union, or wreck it.

Les misérables

The revolution’s proximate cause is voters’ fury at the uselessness and self-dealing of their ruling class. The Socialist president, François Hollande, is so unpopular that he is not running for re-election. The established opposition, the centre-right Republican party, saw its chances sink on March 1st when its standard-bearer, François Fillon, revealed that he was being formally investigated for paying his wife and children nearly €1m ($1.05m) of public money for allegedly fake jobs. Mr Fillon did not withdraw from the race, despite having promised to do so. But his chances of winning are dramatically weakened.

Further fuelling voters’ anger is their anguish at the state of France (see article). One poll last year found that French people are the most pessimistic on Earth, with 81% grumbling that the world is getting worse and only 3% saying that it is getting better. Much of that gloom is economic. France’s economy has long been sluggish; its vast state, which absorbs 57% of GDP, has sapped the country’s vitality. A quarter of French youths are unemployed. Of those who have jobs, few can find permanent ones of the sort their parents enjoyed. In the face of high taxes and heavy regulation those with entrepreneurial vim have long headed abroad, often to London. But the malaise goes well beyond stagnant living standards. Repeated terrorist attacks have jangled nerves, forced citizens to live under a state of emergency and exposed deep cultural rifts in the country with Europe’s largest Muslim community.

Many of these problems have built up over decades, but neither the left nor the right has been able to get to grips with them. France’s last serious attempt at ambitious economic reform, an overhaul of pensions and social security, was in the mid-1990s under President Jacques Chirac. It collapsed in the face of massive strikes. Since then, few have even tried. Nicolas Sarkozy talked a big game, but his reform agenda was felled by the financial crisis of 2007-08. Mr Hollande had a disastrous start, introducing a 75% top tax rate. He was then too unpopular to get much done. After decades of stasis, it is hardly surprising that French voters want to throw the bums out.

Both Mr Macron and Ms Le Pen tap into that frustration. But they offer radically different diagnoses of what ails France and radically different remedies. Ms Le Pen blames outside forces and promises to protect voters with a combination of more barriers and greater social welfare. She has effectively distanced herself from her party’s anti-Semitic past (even evicting her father from the party he founded), but she appeals to those who want to shut out the rest of the world. She decries globalisation as a threat to French jobs and Islamists as fomenters of terror who make it perilous to wear a short skirt in public. The EU is “an anti-democratic monster”. She vows to close radical mosques, stanch the flow of immigrants to a trickle, obstruct foreign trade, swap the euro for a resurrected French franc and call a referendum on leaving the EU.

Mr Macron’s instincts are the opposite. He thinks that more openness would make France stronger. He is staunchly pro-trade, pro-competition, pro-immigration and pro-EU. He embraces cultural change and technological disruption. He thinks the way to get more French people working is to reduce cumbersome labour protections, not add to them. Though he has long been short on precise policies (he was due to publish a manifesto as The Economist went to press), Mr Macron is pitching himself as the pro-globalisation revolutionary.

Look carefully, and neither insurgent is a convincing outsider. Ms Le Pen has spent her life in politics; her success has been to make a hitherto extremist party socially acceptable. Mr Macron was Mr Hollande’s economy minister. His liberalising programme will probably be less bold than that of the beleaguered Mr Fillon, who has promised to trim the state payroll by 500,000 workers and slash the labour code. Both revolutionaries would have difficulty enacting their agendas. Even if she were to prevail, Ms Le Pen’s party would not win a majority in the national assembly. Mr Macron barely has a party.

La France ouverte ou la France forteresse?

Nonetheless, they represent a repudiation of the status quo. A victory for Mr Macron would be evidence that liberalism still appeals to Europeans. A victory for Ms Le Pen would make France poorer, more insular and nastier. If she pulls France out of the euro, it would trigger a financial crisis and doom a union that, for all its flaws, has promoted peace and prosperity in Europe for six decades. Vladimir Putin would love that. It is perhaps no coincidence that Ms Le Pen’s party has received a hefty loan from a Russian bank and Mr Macron’s organisation has suffered more than 4,000 hacking attacks.

With just over two months to go, it seems Ms Le Pen is unlikely to clinch the presidency. Polls show her winning the first round but losing the run-off. But in this extraordinary election, anything could happen. France has shaken the world before. It could do so again.

Voir encore:

Fractured France
An unprecedented election, with unprecedented risks
A new social faultline in France has reshaped the country’s politics and sidelined its main parties
The Economist
Mar 4th 2017

Cogolin and Paris: With its shuttered façades, narrow streets and shaded main square, this small southern town has a certain Provençal charm. It boasts a twice-weekly market, two well-equipped sports halls, a public library and a narrow strip of beach. Yet an intangible air of disappointment hangs over Cogolin. Its poverty rate is well above the national average. Unemployment, at 18%, is nearly twice that of France as a whole. Many of those with jobs belong to the army of workers who repaint, clean, mow and cook at the villas and yachts of nearby Saint-Tropez. In 2014 the town elected a mayor from the xenophobic National Front (FN) with 53% of the vote.

Nearly three years into his term, Marc Etienne Lansade embodies the new-look FN. There are no shaven heads to be found at the town hall. With his monogrammed shirts and leather loafers, this former property developer from a chic suburb of Paris talks at length of his plans to develop Cogolin’s marina. He has taken on debt, partly to pay for extra local policemen. He is unapologetic about favouring expressions of Roman Catholic identity, such as a Christmas nativity scene in the town hall, dismissing critics of such gestures as “leftist Islamophiles”. He may come across as a hard-right deal-maker, but not as a thug.

Local opponents accuse him of financing his development plans in “opaque” ways and an “ideological” hostility to cultural diversity, such as North African songs or dances in schools. The voters, though, seem undeterred. The year after they elected Mr Lansade, 54% of voters in Cogolin backed the FN candidate, Marion Maréchal-Le Pen, niece of Marine Le Pen, the FN’s leader, at regional elections. And a great many will vote for Ms Le Pen herself in the first round of the forthcoming presidential election on April 23rd.

No precedents for the president

At a Cogolin bakery where Algerian pastries are nestled next to the baguettes, a middle-aged woman, asked about her country’s politicians, says she has “a real desire to kick them all up the backside”. Over the past few months almost all the most prominent of them, save Ms Le Pen, have thus been kicked. In the centre-right primary, held in November, voters rejected an ex-president, Nicolas Sarkozy, and an ex-prime minister, Alain Juppé. In January’s Socialist primary they turfed out another ex-prime minister, Manuel Valls. They would have rejected François Hollande, too, had he not already bowed out of the race—an unprecedented move for a sitting French president.

This bonfire of the elites has left France with a slate of candidates all but one of whom were not considered serious contenders for any party’s nomination six months ago. One of them, Emmanuel Macron, a former Socialist economy minister, is a candidate without the backing of an established party but with a real chance of victory, another unprecedented development. Benoît Hamon, the Socialist Party’s candidate, is a former backbench rebel against his own party. The centre-right nominee, François Fillon, will be put under formal investigation on March 15th accused of abusing his office to pay unearned salaries to his family; nevertheless, he says he will fight on.

And then there is Ms Le Pen. The populist leader, who has run the FN since 2011, leads The Economist’s poll of polls (see chart 1). There is a good chance that she will come top in the first round of the election—again, something for which there is no precedent. (When her father, Jean-Marie Le Pen, the FN’s founder and former leader, got into the second round in 2002 it was as the first-round runner-up, with just 17% of the vote). For the other candidates the election has become a race to stand against her in the second round on May 7th, and the campaign a test of the ability of mainstream politicians to shape a response to renascent nationalism.

Ms Le Pen will find it difficult to win in the second round; as yet, no poll has shown her doing so. One recently found her losing to Mr Macron by 42% to 58%; against Mr Fillon she does a bit better. But the margins leave little room for complacency. She is a strong campaigner, with a well organised party. Mr Macron, for all that he is fighting an insurgent campaign, can be painted as a very establishment character—of the sort who came off much worse in the votes for Brexit and Donald Trump than elite opinion expected. Many voters remain undecided, and more may still be biddable. Over two-fifths of those who have made a choice admit that they may yet change it.

Nicolas Baverez, a lawyer and commentator, compares France’s mood to that of 1930, when fascism was on the rise, or even 1789, the eve of the French revolution. In the parquet-floored salons of Paris, conversation readily turns to such sombre parts of history. “The historian in me is very pessimistic,” says Dominique Moïsi, of the Institut Montaigne, a think-tank, “because I know that these things can happen.”

The election of Ms Le Pen would not only bring to power a leader who has compared Muslims praying in the street to the Nazi occupation of France. It would prompt a crisis of government: the FN is highly unlikely to win a majority in June’s legislative elections, even if she is president. And it would threaten the future of Europe. Ms Le Pen has promised to abandon the euro in favour of a new franc and to hold a referendum on leaving the EU within her first six months (though she would need parliamentary approval to do so). The EU can survive the loss of Britain; the loss of France would bring the project that has underpinned the European order for the past 60 years to a close.

The new geography puts all in doubt

In some ways, the emergence of Ms Le Pen matches a pattern of insurgent populism across Western liberal democracies. A fear of job losses due to automation and deindustrialisation; a backlash against immigration; a distrust of self-serving political elites; the echo-chamber effect of information spread on social media: common factors helping populist political movements elsewhere have touched France, too.

Ms Le Pen’s support, like support for Mr Trump and Brexit, is well correlated with education. Only 8% of French citizens with a degree voted FN in 2014; 41% of those without a high-school diploma did. As with Mr Trump, men are better disposed to the FN than women. Ms Le Pen, like Mr Trump, is particularly popular in old industrial towns from which jobs and confidence have drained away, taking with them faith in parties of the left (see chart 2).

Perhaps the most distinctive aspect of the FN vote, though, is the faultline it reveals between the country’s cosmopolitan cities, at ease with globalisation, and those in-between places where farmland gives way to retail sprawl and a sense of neglect. Between 2006 and 2011, the number of jobs in 13 big French cities—Lyon, Marseille, Toulouse, Lille, Bordeaux, Nantes, Nice, Strasbourg, Rennes, Grenoble, Rouen, Montpellier and Toulon—increased on average by 5%. In France as a whole, jobs were lost. These dynamic cities, with their elegant pedestrian centres, tech hubs and gourmet food, vote for the left (Lyon, Nantes, Rennes), the greens (Grenoble) or the centre-right (Bordeaux). They are not immune to France’s feeling of being fed up; in April and May, many of them may opt for Mr Macron. But none registers a strong vote for the FN.

Around them, though, is what Christophe Guilluy, a geographer, calls “peripheral France”. This is the world of lost employers like the Lejaby lingerie factory in Bellegarde-sur-Valserine, in the foothills of the Alps, or the Moulinex factory in Alençon, in southern Normandy. It is a world where Uber, bike-share schemes and co-working spaces are nowhere to be found, and where people sense that globalisation has passed them by. It is a world where the FN is on the rise.

The FN’s first base was in the south, where Mr Le Pen built support among French settlers returning from independent Algeria in the 1970s. Its second was the rust-belt of the north and east, where it scooped up the disappointed vote that once went to socialists or communists. Maps by Hervé Le Bras, a demographer, show that the FN now has a third home in Mr Guilluy’s peripheral areas—beyond the outskirts of the cities, but not deeply rural. In a ring of communes between 40km and 50km from the centre of Paris, for example, the FN’s candidate in the 2015 regional elections, Wallerand de Saint-Just, won 32% of the vote. In places 80km out or more, he scored fully 41% (see chart 3).

Isolation boosts FN support. “The farther you live from a railway station”, says Mr Le Bras, “the more you are likely to vote FN.” France has high-quality public services, and its citizens have matching expectations for the fabric of their lives. When that fabric thins—when a local butcher closes, or a doctor leaves town—they feel neglect. A common factor behind the FN vote in such places, says Jérôme Fourquet, director of Ifop, is “a sense of abandonment, of being left behind by an elite that doesn’t care.”

Ms Le Pen exploits this sentiment with uncanny skill. Born into politics and raised in a mansion in a swish Parisian suburb, she somehow manages to speak for those she calls the country’s “forgotten” in a way they find credible. The reason this works is partly Ms Le Pen’s shrewd feel for simple language and anti-elite slogans. But it is also because France has been going through an unusually unsettled time that has left people looking beyond the established parties and given French populism distinctive features.

One is a sense that a great country, the cradle of human rights and the Enlightenment, has somehow lost its way. This is particularly obvious in economic terms. Since the end of the trente glorieuses, the three decades of strong growth that followed the second world war, it has been debt, rather than growth, that has financed the high-speed trains, the blooming municipal flower beds and the generous provisions for child care, ill health, job loss and old age that are the hallmark of France’s splendid public sector. French public spending now accounts for a greater share of GDP than it does in Sweden. But no French government has balanced its budget since 1974.

Over the past 15 years, there has been a particular décrochage, or decoupling, between the French economy and that of Germany, its closest ally. In 2002 the two countries enjoyed comparable GDP per head. Germany, under Gerhard Schröder, began to reform itself. France, under Jacques Chirac, didn’t. Today, Germans have 17% more purchasing power per person. Labour costs in France have risen faster than in Germany, deterring the creation of permanent jobs and undermining competitiveness. The country’s share of all goods exports between EU countries has dropped from 13.4% to 10.5%.

Most devastating is unemployment. In 2002, it was a tad higher in Germany. Today it has dropped to 4% on that side of the Rhine, but in France it remains stuck at 10%, and at 25% for the under-25s. Over 80% of new jobs are on short-term contracts, with “short-term” often meaning just a month. A generation of young French people has grown up outside the country’s famously protected job market. The votes for Mr Trump or Brexit were weakest among the under 25s; but the young French support the FN more than any other party. (Conversely, older voters have much less truck with Ms Le Pen than their Anglophone peers did with Brexit and Mr Trump; polls say they fear for their savings and pensions if France leaves the euro.)

Shame isn’t a strong enough emotion

Economic self-doubt has been compounded by a sense of what Laurent Bouvet, a political scientist, calls “cultural insecurity”. Three big terrorist attacks within the space of 18 months, in 2015 and 2016, battered France’s confidence. The coming presidential election will be conducted under a state of emergency which has been renewed four times since November 2015. The French have had to learn to live with soldiers patrolling the streets and railway stations, a daily visual reminder of their vulnerability.

Legitimate worries about terrorism have supplied fertile ground for insidious identity politics. As the home to one of Europe’s biggest Muslim minorities, France is more alert than, say, Italy or Spain to hints of religious extremism. Moreover, the country has a pre-existing and unforgiving framework for managing religious expression—known as laïcité—which recent governments, fearing a threat to secularism, have tightened up. When this provokes a row—over Muslim head-coverings, say—it plays straight into Ms Le Pen’s hands; she has little trouble persuading voters that their values are under threat. France, she tells her flag-waving rallies, faces nothing less than “submersion”.

Ms Le Pen succeeds not because of the way her policies, which include a lower retirement age, more taxes on foreign workers and massive increases in spending on the armed forces, would tackle economic insecurity or the threat of terror (they wouldn’t). It is because of her talent for blending two strands of populism: anti-immigrant talk about values and churches, strong in the south, and anti-market discourse about jobs and the system, favoured in the north. On both counts, she can tap into French history.

Ms Le Pen may have purged the FN of the overt anti-Semitism and neo-Nazi imagery of her father’s era. Yet her party remains originally rooted in a nostalgia for colonial Algeria and supporters of Marshal Pétain, who collaborated with the Nazis. Churches, flags and the homeland remain potent symbols in this world. Campaigning in Provence Ms Maréchal-Le Pen frequently recalls the country’s roots in Christendom. At her aunt’s political rallies, supporters can be heard chanting: “On est chez nous” (This is our home).

At the same time, anti-establishment politics fits her compatriots’ self-image as a nation of revolutionaries, pitchforks in hand. When Mr Le Pen was first elected to the National Assembly, in 1956, it was on a list led by Pierre Poujade, who evoked this tradition when he spoke up for “the little people”: “The downtrodden, the trashed, the ripped off, the humiliated.” It is no coincidence that Ms Le Pen’s campaign slogan is “In the name of the people”.

A final ingredient gives French populism a further twist: Euroscepticism. Invaded three times by Germany since 1870, and on its fifth republic, France has a long disrupted history, insecure even in peace. After the second world war it dealt with this by building Europe—a project by which it sought to bind in Germany and to amplify its own power. The French regarded the ceding of sovereignty as a means of reinforcing, not undermining, their nation state.

Europe remains an important part of French identity. But somewhere along the line the passion it once evoked cooled down, and the consensus supporting it faltered. Second thoughts spread long before the recent currency and refugee crises. In 1992, the French approved the launch of the union’s single currency by the slimmest of margins. In 2005 they rejected the draft EU constitution. The share of French people who see Europe favourably dropped from 69% in 2004 to 38% in 2016, according to Pew, a polling group; that makes the EU less popular in France than in Britain. This has given the FN a fresh electoral cause. Ms Le Pen speaks of Brexit as a model of emancipation from the shackles of what she calls the “European Soviet Union”.

The feeling that France has lost its sense of purpose goes well beyond those tempted to vote for the FN. So does exasperation with the failures of both the left and the right to put the national interest first, and fix the country. At every national election for the past ten years, at all levels of government, the French have voted against the party in overall power; fully 89% of the French told a recent poll they thought the country was heading in the wrong direction. It is this that has opened the way for a party refusenik such as Mr Macron—who, should he win, will have to get the people to break their unerring habit of resisting the change they have just voted for, a habit that accounts for much of their frustration.

In “Le Mal Français”, a book published in 1976, Alain Peyrefitte, a minister under Charles de Gaulle, lamented the fact that such a talented country had produced such a blocked system. Every now and then, it seems, France needs to go through convulsions of abrupt change in order to free itself from l’immobilisme (paralysis). History shows that such moments of upheaval can produce startling and creative forces for renewal. But they can also presage a slide into darkness. In Mr Macron’s cities, and Ms Le Pen’s peripheries, France is poised to go either way. The choice it makes could scarcely matter more.

Voir enfin:

Presswire

Dec 23, 2011

NEW YORK, Dec. 23, 2011 /PRNewswire-USNewswire/ — A federal district court in Manhattan yesterday entered a historic ruling that reveals new facts about Iran‘s support of al Qaeda in the 9/11 attacks.  U.S. District Judge George B. Daniels ruled yesterday that Iran and Hezbollah materially and directly supported al Qaeda in the September 11, 2001 attacks and are legally responsible for damages to hundreds of family members of 9/11 victims who are plaintiffs in the case.

Judge Daniels had announced his ruling in Havlish, et al. v. bin Laden, et al., in open court on Thursday, December 15, 2011, following a three-hour courtroom presentation by the families’ attorneys.  Judge Daniels entered a written Order of Judgment yesterday backed by 53 pages of detailed Findings of Fact and Conclusions of Law.

Fiona Havlish, whose husband Donald perished in the World Trade Center North Tower on 9/11 said, « This is a historic day.  For ten years we’ve wanted the truth to be known about who was responsible for our losses.  Now we have that answer. »

Ellen Saracini, the wife of United Airlines 175 pilot Victor Saracini, which the hijackers crashed into the WTC South Tower, said after the hearing last Thursday, « We just came from Judge Daniels’ court where he ruled in favor of holding accountable those who perpetrated the attacks of 9/11… I just smiled up to Victor and I said we’re still thinking about you … we’re there for you … we’ll always be there for you.  But today‘s very special. »

In Havlish, et al. v. bin Laden, et al., Judge Daniels held that the Islamic Republic of Iran, its Supreme Leader Ayatollah Ali Hosseini Khamenei, former Iranian president Ali Akbar Hashemi Rafsanjani, and Iran‘s agencies and instrumentalities, including, among others, the Iranian Revolutionary Guard Corps (« IRGC »), the Iranian Ministry of Intelligence and Security (« MOIS »), and Iran‘s terrorist proxy Hezbollah, all materially aided and supported al Qaeda before and after 9/11.

« The families have waited a very long time for this day and they have been through a lot.  So I was greatly relieved that the families received an answer to the question that they asked me ten years ago: they asked who was the responsible party?  How did this happen?  Today a federal court judge has said that a principal responsible party is the Islamic Republic of Iran, » said Thomas E. Mellon, Jr. of Doylestown, Pennsylvania, law firm of Mellon Webster & Shelly, the lead attorney for the Havlish plaintiffs.

The evidence was developed over a seven-year international investigation by the Havlish attorneys who pursued the 9/11 Commission’s recommendation regarding an apparent link between Iran, Hezbollah, and the 9/11 hijackers, following the Commission’s own eleventh-hour discovery of significant National Security Agency (« NSA ») intercepts: « We believe this topic requires further investigation by the U.S. government. »  9/11 Commission Report, p. 241.  The Havlish evidence included sworn testimony and affidavits from the following:

  • Ten expert witnesses including three former 9/11 Commission staff members, two former CIA case officers, two investigative journalists, and an Iran analyst who has testified in 25 cases involving Iranian terrorism.
  • Three Iranian defectors who were operatives of MOIS and the IRGC.  Witness X, whose dramatic testimony was previously filed under seal, was revealed to be Abolghasem Mesbahi, a former MOIS operative in charge of Iran‘s espionage operations in Western Europe.  Judge Daniels found that Mesbahi has testified in numerous prosecutions of Iranian and Hezbollah terrorists, including the Mykonos case in Germany and the AMIA case in Argentina, and found to be highly reliable and credible.  Judge Daniels also credited Mesbahi’s testimony that he received messages during the summer of 2001 from inside the Iranian government that an Iranian contingency plan for unconventional warfare against the U.S. called « Shaitan dar Atash » had been activated.  « This is compelling proof that Iran was deeply involved in the 9/11 conspiracy, » said Tim Fleming, lead investigative attorney for the Havlish group.

Included among Judge Daniels’ findings in Havlish are the following:

  • Members of the 9/11 Commission staff testified that Iran aided the hijackers by concealing their travel through Iran to access al Qaeda training camps in Afghanistan.  Iranian border inspectors refrained from stamping the passports of 8 to 10 of the 9/11 hijackers because evidence of travel through Iran would have prevented the hijackers from obtaining visas at U.S. embassies abroad or gaining entry into the United States.  The 9/11 Commission Report addressed these facts and called for further investigation.  9/11 Commission Report at pp. 240-41.
  • Expert and U.S. government evidence also confirmed that Iran facilitated the escape of al Qaeda leaders and members from the U.S. invasion of Afghanistan into Iran and provided safe haven inside Iran after 9/11.
  • Abolghasem Mesbahi testified he was part of an IRGC-MOIS task force that designed contingency plans for unconventional warfare against the U.S., code-named « Shaitan dar Atash » (« Satan in Flames ») which included crashing hijacked passenger airliners into the World Trade Center, the Pentagon, and the White House.  During the weeks before 9/11, Mesbahi received three coded messages from a source inside Iran‘s government indicating that the Shaitan dar Atash plan had been activated.
  • Mesbahi also testified that in 2000 Iran used front companies to obtain a Boeing 757-767-777 flight simulator for training the terrorists.  Due to U.S. trade sanctions, Iran has never had any Boeing 757-767-777 aircraft, but all the airplanes hijacked on 9/11 were Boeing 757 or 767 aircraft.
  • A May 14, 2001 memorandum from inside the Iranian government demonstrating that Iran‘s Supreme Leader, Ayatollah Khamenei, was aware of the impending attacks and instructing intelligence operatives to restrict communications to existing contacts with al Qaeda’s Ayman al Zawahiri and Hizballah’s Imad Mughniyah.
  • Documents obtained from German federal prosecutors showing that 9/11 coordinator Ramzi Binalshihb traveled to Iran in January 2001 on his way to Afghanistan to brief Osama bin Laden on the plot’s progress.
  • Evidence from the 9/11 Commission Report that a « senior Hezbollah operative, » which the Havlish evidence identifies as Hezbollah terrorist chief Imad Mughniyah, coordinated activities in Saudi Arabia and was present (or his associate) on flights the hijackers took to and from Beirut and Iran.  9/11 Commission Report at pp. 240-41.  Mughniyah, a longtime agent of Iran, orchestrated a string of terror operations against the U.S. and Israel during the 1980s and 1990s.  He was assassinated in Syria in February of 2008.

Attorneys emphasized that it is important to understand that Iran, Hezbollah, and al Qaeda formed a terror alliance in the early 1990s.  The attorneys cited their national security and intelligence experts, including Dr. Patrick Clawson, Dr. Bruce Tefft, Clare Lopez, Kenneth Timmerman, Dr. Ronen Bergman, Edgar Adamson, and 9/11 Commission staff members Dietrich Snell, Dr. Daniel Byman, and Janice Kephart, as well as the published writings of Robert Baer, to explain how the pragmatic terror leaders overcame the Sunni-Shi’a divide in order to confront the U.S. (the « Great Satan ») and Israel (the « Lesser Satan »).  Iran and Hezbollah then provided training to members of al Qaeda in, among other things, the use of explosives to destroy large buildings.  The Iran-Hezbollah-al Qaeda alliance led to terror strikes against the U.S. at Khobar Towers, Saudi Arabia (1996), the simultaneous U.S. embassy bombings in Kenya and Tanzania (1998), and the USS Cole (2000).  Shortly after the Cole attack, Iran was facilitating the international travel of the 9/11 hijackers.

« It was a wonderful day.  A great day where the truth was finally revealed in a court of law with strong, strong evidence.  The judge allowed us to put on and present all the evidence that we had filed directly or under seal and he accepted it and made a ruling in our favor, » said Dennis Pantazis, one of the Havlish attorneys.  « Now we go on to prove damages for each one of the family members, » he added.

The case is Fiona Havlish, et al v. Usama Bin Laden, et al,  03-CV-9848 (GBD), and is part of the consolidated proceeding In Re Terrorist Attacks on September 11, 2001, Civil Action No. 03 MDL 1570 (GBD).

For full story information, background documents, and links to broadcast quality footage, including soundbites from Havlish attorneys and plaintiffs, please visit the case website at www.Iran911case.com.

13 Responses to Présidentielle 2017: Contre le coup d’Etat des juges et des médias, tous au Trocadéro demain pour soutenir Fillon (As pressure grows on France’s conservative candidate to step down from the presidential race, who will deal with the country’s new faultline between globalization’s winners in the cosmopolitan cities and its losers in the periphery ?)

  1. A. Gagnaire dit :

    C’est pourtant simple à comprendre : à 5000 euros par mois, on est un assistant, alors qu’à 500, on est un assisté. Pigé ?

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  2. jcdurbant dit :

    Dans une interview à paraître ce dimanche dans Le Journal du dimanche, Penelope Fillon, l’épouse de François Fillon, soupçonnée d’emplois fictifs, affirme avoir travaillé à des « tâches très variées » lorsqu’elle était assistante parlementaire de son mari. « Je ne considérais pas que je faisais de la politique. Je travaillais pour mon mari et pour les Sarthois », explique-t-elle à l’hebdomadaire. La femme de l’ex-premier ministre assure également qu’elle savait que ses enfants avaient été rémunérés comme collaborateurs de son mari. « Tout était légal et déclaré », selon elle.

    http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2017/03/05/97001-20170305FILWWW00001-collaboratrice-parlementaire-penelope-fillon-affirme-avoir-travaille-a-des-taches-tres-variees.php

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  3. jcdurbant dit :

    « C’est pourtant simple à comprendre » …

    Des assistants parlementaires servent en réalité le parti politique et non le parlementaire… Lorsque j’ai été élue au Parlement européen en 2009, le Modem avait exigé de moi qu’un de mes assistants parlementaires travaille au siège parisien. J’ai refusé en indiquant que cela me paraissait d’une part contraire aux règles européennes et d’autre part illégal. Le Modem n’a pas osé insister mais mes collègues ont été contraints de satisfaire cette exigence. Ainsi, durant cinq ans, la secrétaire particulière de François Bayrou a été payée… par l’enveloppe d’assistance parlementaire de Marielle de Sarnez, sur fonds européen.

    Corinne Lepage (ex-bayrouiste et actuelle macroniste)

    Le fondateur des Jeunes avec Macron est employé par le député macroniste Jean-Jacques Bridey, à mi-temps. Pratique : en deux jours, il gagne assez pour militer l’esprit léger les autres jours de la semaine. Ou comment dribbler la loi, qui interdit aux assistants parlementaires de participer à la campagne d’un candidat… Être bénévole sur une campagne électorale peut susciter des frustrations. Tant d’heures passées à militer, à se donner sans compter au service d’un candidat, le tout pour un résultat incertain… et zéro euro ! Il existe bien sûr la possibilité de demander à être salarié de l’association de financement de la campagne, mais les budgets sont si serrés que tout le monde ne peut y prétendre. Reste une alternative : trouver une autre source de salaire. Le tour de passe-passe réalisé par le député-maire macroniste de Fresnes (Val-de-Marne) Jean-Jacques Bridey et son nouveau collaborateur, le patron des « Jeunes avec Macron » Florian Humez, est à ce titre ingénieux. Depuis le 1er décembre, le jeune homme est salarié du parlementaire… tout en continuant à militer activement pour son candidat de cœur, Emmanuel Macron. La loi interdit pourtant aux collaborateurs parlementaires de participer à des campagnes politiques. Et ce, pour une raison facile à comprendre : le Parlement n’a pas vocation à financer, sur son budget, de campagnes électorales. Cette utilisation gratuite d’une main-d’œuvre qualifiée créerait de plus une inégalité entre les candidats. La Commission nationale des comptes de campagne rappelle donc tous les ans que les assistants parlementaires doivent « travailler uniquement pour le parlementaire dans le cadre de leur mission et leur participation à une campagne électorale pendant les heures de travail est proscrite ». Contacté par Marianne, Florian Humez réfute tout cumul illégal. S’il travaille bien pour Jean-Jacques Bridey, ce n’est qu’à temps partiel, assure-t-il, plus précisément « le mardi et le mercredi, soit 18 heures par semaine ». Magie du mi-temps, cet emploi rémunéré lui permet de militer – bénévolement – pour les Jeunes avec Macron le reste de la semaine. Pas question pour autant de parler d’emploi de complaisance, selon le nouveau collaborateur, qui assure être devenu « les yeux et les oreilles du député à l’Assemblée ». Des yeux et des oreilles particulièrement discrets. En dépit de cette fonction stratégique, Florian Humez n’avait en effet jamais jugé bon de rendre public ce nouvel engagement professionnel. Et il se présente uniquement, sur les réseaux sociaux, comme « militant » et « co-fondateur des Jeunes avec Macron ». Dans un récent portrait qui lui est consacré par les Inrocks, publié le 12 février dernier, ce jeune homme de 25 ans reçoit d’ailleurs la journaliste dans un bureau situé au QG d’En Marche, dans le quinzième arrondissement de Paris. Il y détaille ses fonctions auprès d’Emmanuel Macron et évoque les services d’une stagiaire qui l’ »aide au niveau des territoires ». C’est dire si sa fonction est prenante… Pour que cette relation contractuelle insoupçonnée sorte au grand jour, il aura donc fallu que le bureau de l’Assemblée nationale prenne une décision importante, le mardi 21 février : les noms des collaborateurs parlementaires de chaque député sont désormais publiés, chaque mois, sur son site. Parmi eux, le patronyme de Florian Humez est apparu associé à celui de Jean-Jacques Bridey. Aujourd’hui, l’intéressé reconnaît s’être volontairement abstenu de communiquer sur cet emploi et ce, dit-il… pour ne pas prêter le flanc aux attaques. « Je ne voulais pas qu’on m’accuse de faire partie du système que je critique », nous explique-t-il en effet sans détour. Sollicité, Jean-Jacques Bridey nous assure également qu’il n’y aucune entourloupe : les missions de Florian Humez à ses côtés seraient particulièrement variées. « Il traite les courriers qui traînent, gère les relations avec les députés, il regarde les questions au gouvernement et me fait une revue de presse sur les questions de défense, qui relèvent de ma commission », égrène l’élu auprès de Marianne. Parmi ces tâches, un bon nombre n’ont plus lieu d’être, puisque la session parlementaire s’est achevée le jeudi 23 février. N’empêche, le jeune homme ne militera pas sur son temps de travail, maintient le député : « Ces deux activités sont indépendantes ». Florian Humez, lui voit les choses autrement : « Il y a un lien entre les deux activités. Je me sers de ce que j’ai appris à l’Assemblée quand je milite pour les Jeunes avec Macron, et inversement ».Pour tromper l’ennui le mardi et le mercredi, dans les prochains mois, le collaborateur-militant imagine « travailler sur des questions liées à l’actualité », en particulier en « discutant avec des députés ou collaborateurs » qu’il connaît. Une activité difficilement quantifiable, pour un salaire confortable : Florian Humez ne donne pas de chiffres mais confie gagner « suffisamment de quoi vivre dans une grande ville », grâce donc à ces deux journées par semaine. Concédant que cette somme dépasse, « malheureusement », ce que reçoivent bien des salariés pour un temps plein. Sur ce point, Jean-Jacques Bridey se refuse lui aussi à être précis : « Je rémunère mes collaborateurs comme je le veux et je ne donne pas les salaires », souffle-t-il, admettant simplement payer Florian Humez » à un bon niveau ». Peu de doutes là-dessus puisque celui-ci est venu remplacer un collaborateur à temps-plein. Les deux autres collaborateurs parlementaires du député-maire, eux, sont de plus employés… à mi-temps par la mairie de Fresnes. L’élu se retrouve donc avec 9.561 euros à distribuer entre trois temps partiels. Ou quand le budget de l’Assemblée aide à militer l’esprit léger…

    Marianne

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  4. jcdurbant dit :

    Qu’à la fin Fillon soit ou non élu, cette affaire permet de démontrer de façon éclatante que la justice sait être très rapide quand elle veut. Et cela permet d’envoyer un message fort à tous les justiciables de France : si vous, citoyen lambda, voulez que la justice s’occupe plus vite de votre cas, débrouillez-vous pour encarter publiquement votre opposant dans un parti de droite.

    Ceci devrait d’ailleurs inquiéter… François Bayrou dont on a appris très récemment, par un livre de Corinne Lepage paru en 2015, qu’il avait fait employer son assistante personnelle par une députée européenne, ce qui s’apparente beaucoup à la gestion alternative de fonds publics pour un emploi personnel dont on accuse Fillon. Et cela pourrait inquiéter Macron, pour qui le président des jeunesses macronistes travaille alors qu’il a officiellement un emploi d’attaché parlementaire…

    Parions que le PNF sera saisi et agira rapidement. Ou pas.

    En outre, cette affaire permet de montrer que cette République sait être souple avec ses grands principes : le secret de l’instruction est finalement quelque chose de tout à fait négociable ce qui permet à la presse d’avoir des informations de première main. Du reste, même si c’est pénalement condamnable, parions que ces fuites (qu’on observe d’ailleurs dans un paquet d’autres affaires) ne seront jamais poursuivies, quand bien même Fillon a-t-il déposé une plainte.

    De surcroît, cette affaire permet d’illustrer ce que veut dire « pouvoir judiciaire » avec ses avantages (celui qui lui autorise potentiellement toutes les cibles possibles, pas seulement le citoyen lambda mais aussi l’élu, le riche ou le puissant, youpi) et ses inconvénients (celui de, potentiellement, réduire à néant une candidature et l’espoir d’une partie de la population de voir son champion gouverner le pays). Voilà qui imposera un devoir de réflexion philosophique intéressant, à tous ceux qui aspirent au suffrage populaire, et aux autres…

    http://h16free.com/2017/03/02/57585-pourquoi-ce-qui-arrive-a-fillon-est-tres-bien

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  5. jcdurbant dit :

    Même Hollande acccuse le coup Trump:

    « Il a été sonné par l’élection surprise de Trump », rapporte un familier.

    http://tempsreel.nouvelobs.com/presidentielle-2017/20170228.OBS5929/et-si-marine-le-pen-gagnait-hollande-consulte.html

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  6. jcdurbant dit :

    Comment mentir avec les sondages …

    En publiant juste après la manif du Trocadéro …

    un sondage qui date d’il y a un ou deux jours !

    http://www.lefigaro.fr/elections/presidentielles/2017/03/05/35003-20170305ARTFIG00147-sondage-fillon-chute-juppe-se-qualifierait-au-second-tour.php

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  7. jcdurbant dit :

    Voilà le désolant spectacle : François Fillon lâché par une partie des ténors de la droite tandis que les autres, taiseux, œuvrent en coulisses à le persuader de désigner un successeur. L’hémorragie est continue de jour en jour, en partie orchestrée par les réseaux juppéistes. Mais pas seulement : des défections d’élus sarkozystes plus enclins à adouber François Baroin se font jour…

    Depuis le début de cette affaire d’emploi fictif (pour ne parler que du versant Penelopegate), la plupart des leaders de la droite sont, en vérité, accablés. Publiquement, c’est la main sur le cœur qu’ils jurent fidélité au candidat Fillon. En privé, les mêmes vous racontent des horreurs sur le Sarthois, son « entêtement solitaire », sa « sournoiserie », son « déni », ses erreurs de méthode (avoir banni les sarkozystes) dans une campagne qu’il n’a pas menée « parce qu’il pensait la partie gagnée » après sa victoire à la primaire. « Trop sûr de lui, avant l’affaire, il évoquait déjà l’attitude qu’il aurait vis-à-vis de Trump, négligeant les deux tours de la présidentielle », expliquait ainsi un député du sud de la France.

    Y a-t-il eu depuis un mois le moindre fait nouveau qui rendrait caduque la candidature de François Fillon ? Aucun. Nous savons tout quasiment depuis le premier jour : François Fillon a salarié sa famille sans en parler à ses amis politiques. Les sommes déboursées sont choquantes pour les gens qui, eux, n’ont pas à leurs dispositions les avantages des parlementaires. Mais est-ce illégal ? Non. Tous les parlementaires le savent. Notamment à droite puisque, parmi ceux qui le lâchent aujourd’hui, certains ont salarié leurs épouses… Peu importe la nature des menues tâches confiées à Penelope Fillon (somme toute les services que les époux se doivent au nom des liens sacrés du mariage). Les juges n’ont pas à en connaître du fait de la séparation des pouvoirs. François Fillon peut demander à son épouse d’ouvrir le courrier et la salarier pour ce geste du quotidien… C’est choquant, mais c’est légal. Et ils sont nombreux au Parlement à tirer sur la corde de ce système confortable.

    François Fillon n’est pas traité comme un justiciable ordinaire. Soudain, les juges retrouvent une ardeur qu’on ne leur connaissait pas pour précipiter une perquisition au domicile des Fillon.

    Où était l’urgence pour des faits établis et anciens si ce n’est pour créer un trouble supplémentaire dans l’opinion ? Idem pour la convocation en vue d’une mise en examen… Trente mois en moyenne pour un justiciable ordinaire, trois jours pour Fillon. Ne soyons pas dupes, les juges veulent faire un exemple. Et ils s’abattent sur un homme qui a fait le malin. Oui, Fillon a manié cette notion de « mise en examen » (qui n’est pas une présomption de culpabilité, doit-on le rappeler ?) comme une arme politique pour disqualifier Nicolas Sarkozy. Puis, il s’en est servi pour intimider les juges en répétant qu’il se retirerait de la compétition présidentielle s’il était mis en examen… Comprenant que les juges n’hésiteraient pas, il s’est ensuite rétracté.

    Qu’ont fait ses amis politiques ? Rien. Ils ont continué à chanter le même refrain : « pas de plan B », « Fillon est le seul candidat légitime », « c’est un complot politique », accusant Hollande et Macron de collusion… Les mêmes, dix jours plus tard, le lâchent, piteusement, considérant que la défaite est désormais certaine. C’est leurs privilèges, leurs prébendes d’élus qu’ils défendent, effrayés à l’idée de perdre cette « élection imperdable »… La moralité n’est que le cadet de leur souci ! Pourquoi soudain y aurait-il un plan B ? Lequel ? Selon quelle modalité ? Rien n’est prévu. Que ceux qui, à droite, veulent défier François Fillon se présentent donc au premier tour de la présidentielle. Laissons le peuple souverain décider. Il est souvent plus sage que ses élus.

    En définitive, dans cette affaire, les lâcheurs se sont déshonorés deux fois : d’abord en soutenant aveuglément Fillon tout en le débinant par-derrière, puis en le lâchant trop tard uniquement guidés par leurs propres intérêts.

    François Fillon, de son côté, ne lâche rien. Pourquoi le ferait-il maintenant ? Il n’a jamais eu le sentiment d’enfreindre la loi et considère, non sans raison, que les juges veulent, non pas le condamner (trop tard pour un procès), mais l’empêcher. Il a été désigné à l’issue de la primaire …

    Emmanuel Berretta

    http://www.lepoint.fr/presidentielle/affaire-fillon-le-bal-des-hypocrites-05-03-2017-2109414_3121.php

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  8. jcdurbant dit :

    Pathétique !

    La vieillesse est vraiment un naufrage, comme disait Chateaubriand …

    Juppé et Sarko sortent vraiment pas par le haut sur ce coup là et démontrent bien que finalement ils la méritaient pas cette présidence …

    au lieu d’appeler au rassemblement, à la cohésion, le voilà qui se livre à un dégommage en règle du candidat Fillon. Il pointe son «obstination» ; il critique «l’impasse» de sa stratégie de défense dénonçant un «prétendu complot» et un «assassinat politique» (ce que le principal intéressé a tempéré au Trocadéro) ; il lui reproche de n’avoir conservé derrière lui qu’un «noyau radicalisé» (!) des sympathisants LR. Bref, il dilapide la moitié de son intervention télévisée à carboniser l’image de François Fillon. Cette posture fait écho aux déclarations de Nicolas Sarkozy, qui propose une réunion dans l’urgence pour préparer une «voie de sortie digne». Digne? La dignité se logerait-elle de nos jours dans les trahisons en série, les revirements opportunistes, les sabotages perfides, les dérobades décomplexées? Ainsi en a décidé la meute. Coûte que coûte, elle torpille celui dont elle ne voulait pas et que personne n’avait vu venir, elle crache sur sa ténacité, elle prophétise son éviction du second tour en agitant le chiffon rouge du «fanatisme» du FN ou de «l’immaturité» de celui qui fut «l’instigateur de la politique économique» de François Hollande. En somme, si la droite perd, ce sera exclusivement la faute de Fillon. Chacun s’exonère en amont de sa part de responsabilités avant même les résultats du scrutin. Les bourgeonnements printaniers de la fausse vertu puisent leur engrais dans la couardise. Alain Juppé va jusqu’à caricaturer l’électorat du Trocadéro, qui ne serait donc qu’un vulgaire ramassis de réacs cathos. «Radicalisés!» pour une foule calme qui agite des drapeaux tricolores! Avec ce terme il a confirmé qu’il n’avait plus grand-chose d’un gaulliste…

    http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2017/03/06/31001-20170306ARTFIG00180-des-militants-radicalises-le-jour-o-alain-juppe-a-cesse-d-etre-gaulliste.php

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  9. jcdurbant dit :

    Souvenons-nous ici des stratégies élaborées par le laboratoire d’idées de la gauche Terra Nova: «Une nouvelle coalition émerge. Elle dessine une nouvelle identité sociologique de la gauche, la France de demain, face à une droite dépositaire de la France traditionnelle. […] La population des Français issus de l’immigration est en expansion démographique et en mutation identitaire […] Au-delà des non-religieux, ce sont aussi tous les non-catholiques, notamment les individus d’“autres religions”, composés à 80 % de musulmans, qui sont plutôt enclins à voter à gauche. Dans ces conditions, la dynamique démographique est très favorable à la gauche.» En l’absence d’intégration culturelle massive ou d’assimilation, une question se fait jour: sommes-nous déjà, ou non, en passe de basculer d’une démocratie fondée sur les idées à une démocratie basée sur la démographie? À quelles fins les socialistes ont-ils souhaité modifier la loi électorale, et notamment la date limite d’inscription sur les listes électorales, de sorte que tous ceux qui atteignent 18 ans entre le 1er janvier et le 22 avril 2017 (pour la présidentielle) ou le 10 juin 2017 (pour les législatives), ainsi que toute personne acquérant la nationalité française ou retrouvant l’exercice du droit de vote après le 1er janvier 2017, puisse aller voter? Par les volontés qu’il a exprimées lors de son déplacement aux Mureaux, Emmanuel Macron vient une nouvelle fois confirmer la véracité de la confidence faite par François Hollande aux journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme: «Emmanuel Macron, c’est moi».

    http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2017/03/08/31001-20170308ARTFIG00140-malika-sorel-sutter-m-macron-la-discrimination-positive-fracture-la-france.php

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