Affaire Enderlin: Retour sur une mise en scène qui aurait mal tourné (One too many shattered dreams)

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Montrez-moi l’homme et je vous trouve le crime. Lavrenti Beria (chef de la police secrète de Staline)
Enderlin (Charles) : Scénariste et producteur de fictions. Capable de transformer le vivant en mort ; de faire apparaître et disparaître les cicatrices ; d’empêcher les blessures par balles de guerre de saigner. Journaliste à l’objectivité sans faille. Modèle professionnel de Jacques Chirac et des journalistes français. Détenteur de rushes invisibles, mais néanmoins accablants. Les montrera le jour suivant la Saint-GlinGlin 2019, à cause d’une clause signée avec les acteurs, MM. Al-Dura père et fils. Laurent Murawiec
L’image correspondait à la réalité de la situation, non seulement à Gaza, mais en Cisjordanie. Enderlin (Le Figaro, 27/01/05)
Ce n’est pas même pas un combat. Plutôt quelque chose qui ressemble à un ball-trap humain, où les manifestants seraient des disques d’argile qui se lancent eux-mêmes sur 50 mètres, à découvert, pendant que des tireurs invisibles cherchent à les arrêter d’une balle en plein vol. Voilà un groupe d’adolescents qui se rue et la foule de plusieurs milliers de manifestants retient son souffle. Atteindre le hangar, au carrefour, est une victoire; renoncer ou se faire toucher, un échec. A 600 mètres de là, masqués par les vergers, il y a des blindés, des mitrailleuses, des barbelés et des miradors d’où des soldats israéliens guettent, l’œil collé à leur lunette de précision. (…) D’abord, après le calme du matin, quelques pierres vers la fin de matinée, puis les premières balles «caoutchoutées» – en réalité de lourdes billes en acier recouvertes d’une fine pellicule de plastique, comme celle qui lui a brisé la main quelques mois auparavant. Tirées avec précision dans l’œil, le thorax ou en plein front, elles aveuglent ou tuent. Puis viennent les jets de cocktails Molotov et la riposte des tirs à balles réelles – c’est nouveau – des mitrailleuses C500 au coup par coup, des fusils à lunette et des M16, des armes de guerre. Jean-Paul Mari (envoyé spécial du Nouvel Observateur à Gaza, le 12 octobre 2000)

Alors que la désinformation la plus flagrante continue à circuler aussi tranquillement qu’impunément dans nos médias (voir notamment La Vie pour les prétendus « massacres » de Jenine ou de la plage de Gaza) …

Prenez un journaliste français « un peu pressé »

(« Scoopy », comme le surnomme ses confrères, n’était lui-même pas sur place mais « deux autres cameramen – Reuters et AP – vont peut-être sortir le scoop avant lui ») qui reçoit une cassette de son caméraman palestinien que celui présente comme la mort en direct d’un enfant palestinien sous des balles israéliennes.

Un cameraman palestinien connu pour « ses saynètes de propagande où les morts se relèvent pour refaire la prise, où les cadavres sortent leur téléphone portable et où les courageux snipers palestiniens tirent dans la brèche d’un mur qui ne dissimule aucun soldat israélien, mais un hangar désaffecté, servant d’aire de pique-nique entre deux séquences ».

Et vous avez…

le scoop du siècle (généreusement offert à toutes les télévisions du monde) avec « la notoriété, les innombrables récompenses et les tournées triomphales dans de nombreux pays arabes pour le journaliste comme pour son cameraman ».

Et la plus efficace des icônes pour les spots publicitaires de recrutement de jihadistes de toute la planète, au point « d’annuler et remplacer, selon une éditorialiste d’Europe 1, la photo du petit Juif du ghetto de Varsovie mis en joue par les nazis ».

Mais, plus vraisemblablement, comme le rappelle l’excellent billet de Liliane Messika sur Primo-Europe au début du mois …

le « Timisoara personnel » d’un journaliste en mal de scoops

et une mise en scène qui aurait mal (ou trop bien ?) tourné.

Le tout dans « un casting immuable qui transforme les Palestiniens en victimes infantiles à qui est déniée toute responsabilité ».

Dans un pays enfin où, accablés de distinctions honorifiques, les journalistes se voient privés du plus élémentaire des droits à assumer leurs propres fautes professionnelles

AL DURA : L’ENFANT ET LES LOUPS DE L’INFO
Liliane Messika
Primo
8 juin 2008

Le chauffeur de taxi est un indicateur traditionnel des envoyés spéciaux à qui il donne la température locale quand ils arrivent dans un pays en guerre. Mon chauffeur de taxi à moi était une femme et en guise de terrain, je me suis contentée du trajet entre Roissy et la capitale, où le conflit israélo-palestinien prend souvent les dimensions d’une geste héroïque. La preuve ? Au bout de 300 mètres d’embouteillage, ma chauffeuse entreprit d’améliorer le niveau de mes connaissances géopolitiques.

Ainsi, j’ignorais probablement que la moyenne de fécondité en Palestine était de 15 enfants par femme, seul moyen d’endiguer le génocide perpétré par les Israéliens contre ce peuple fier et digne.

Je l’ignorais, je l’avoue. J’aurais même été jusqu’à dire que le quadruplement d’une population en 30 ans d’occupation ne me semblait pas répondre à la définition d’un génocide.

Pourtant, cette femme n’était pas une ignorante : elle écoutait la radio pendant les 8 heures quotidiennes passées au volant de son taxi et ne ratait jamais, m’a-t-elle précisé, un JT de 20 heures.

De là à conclure que son opinion avait été forgée par une orientation médiatique, il n’y a que la distance qui sépare le recoupage d’une information d’un scoop susceptible de précipiter une Intifada…

L’affaire al-Dura, 8 ans après

Au départ, un reportage considéré comme une bonne aubaine par un journaliste un peu trop hâtif. «Scoopy», comme l’appellent ses confrères, reçoit, le 30 septembre 2000, une cassette de son caméraman palestinien, Talal Abou Rahme. Sur cette cassette, la mort en direct d’un enfant palestinien.

Qui l’a tué ? Le caméraman affirme que ce sont les Israéliens. Scoopy n’était pas sur place. Il pose la question au porte-parole de Tsahal. Celui-ci est incapable de confirmer ou d’infirmer : il n’est au courant de rien. Mais il va se renseigner. Et si jamais il s’avère qu’un enfant est bien mort sous des balles israéliennes, cela ne peut être qu’une épouvantable bavure. SI.

Mais Scoopy est pressé. Talal Abou Rahme n’était pas seul sur place : deux autres cameramen (Reuters et AP) vont peut-être sortir le scoop avant lui. Aussi prend-il la décision d’envoyer le film à son employeur après y avoir ajouté sa propre introduction-commentaire (lire en note) en tenue de baroudeur et son commentaire : l’enfant a été tué et le père blessé par des balles israéliennes.

Ce reportage est ensuite offert à toutes les télévisions du monde. OFFERT. Gratuitement. Parce qu’il serait immoral d’encaisser un bénéfice sur la mort d’un enfant. Certes : l’argent, pouah ! Mais on ne boude ni la notoriété ni les innombrables récompenses pour le journaliste comme pour son cameraman. D’où les tournées triomphales dans de nombreux pays arabes.

Jusque-là rien de répréhensible. Certes, la scène a enflammé les Palestiniens, elle a conduit, douze jours plus tard, au lynchage de deux réservistes israéliens égarés dans Ramallah. À ce propos, connaissez-vous la chanson «Elohaï Chema Israël» ? Elle a été écrite par la jeune épouse d’un de ces deux Israéliens. Elle a appelé son mari sur son portable au moment du drame. L’un des lyncheurs lui a répondu : «Ton mari? il est entre mes mains. Je suis en train de le découper en morceaux !»

Certes, la photo du petit Mohammed décore la scène d’où Ben Laden recrute des jihadistes et elle figure derrière les égorgeurs du journaliste Daniel Pearl.

Certes, l’enfant, devenu vedette de spots publicitaires à la télévision palestinienne, engage les gamins de son âge à embrasser la carrière de martyr… Tout cela n’est que le fruit – bien naturel – de l’indignation populaire devant un assassinat aussi horrible. Oui, assassinat, car Talal Abou Rahme l’affirme dans plusieurs interviews : les Israéliens ont délibérément visé l’enfant et son père.

Sauf qu’un certain nombre d’experts lèvent un loup. Le professeur Nahum Shahaf, physicien, spécialiste en balistique, démontre que les balles israéliennes ne pouvaient en aucun cas toucher Mohammed et son père, cachés derrière un baril de béton.

Sauf que des rushes provenant d’autres cameramen révèlent que leur confrère Talal Abou Rahme tourne régulièrement des saynètes de propagande où les morts se relèvent pour refaire la prise, où les cadavres sortent leur téléphone portable et où les courageux snipers palestiniens tirent dans la brèche d’un mur qui ne dissimule aucun soldat israélien, mais un hangar désaffecté, servant d’aire de pique-nique entre deux séquences.

C’est là que tout dérape…

L’affaire al-Dura devient l’affaire Enderlin

Si les détracteurs de Charles Enderlin s’étaient contentés de lui reprocher son accusation hâtive et inexacte, peut-être aurait-il fini par avouer son Timisoara personnel. Mais certains ont supputé que l’enfant n’avait jamais été tué. Que le reportage était une mise en scène d’un bout à l’autre.

Enderlin et France 2 étaient déjà du bon côté du manche, celui où se décide ce qui sera rendu public et ce qui restera ignoré. Leurs détracteurs leur ont offert en plus sur un plateau les verges pour les battre.

Prétendre que cet enfant n’était pas mort est apparu au monde médiatique comme un néo-négationnisme. Accusation d’autant plus appropriée que l’image du petit al-Dura devait déjà, selon une éditorialiste d’Europe 1, annuler et remplacer la photo du petit Juif du ghetto de Varsovie mis en joue par les nazis.

D’un côté les contempteurs d’Israël, ravis de leur aubaine, ne démordaient pas de l’accusation de meurtre quasi rituel. En face, les amis d’Israël, atterrés par la mort d’un enfant, se cramponnaient à la possibilité qu’il soit toujours vivant.

Et les deux camps de s’envoyer des invectives inconciliables avec l’examen raisonnable des faits. Comme dans un divorce, la loi a semblé un indispensable médiateur entre les tenants des deux thèses.

France 2, regroupée derrière son journaliste, refuse de produire les rushes incriminés et intente des procès à tous ceux qui la mettent en cause. C’est ainsi que Philippe Karsenty, à travers son site «Media ratings» est devenu le champion du scénario «fausse mort».

L’enjeu de la querelle résidait dans les rushes cachés par la chaîne française.

Ceux-ci avaient-ils vocation à garder discrètes de réelles mises scènes utilisées par ailleurs ? Faisaient-ils partie d’une réserve de prêt-à-diffuser au service de la doxa médiatique : « tout ce qui est riche et fort est mauvais et injuste, tout ce qui est pauvre et faible est juste et bon » ? Une thèse simple et assez facile à illustrer du moment qu’on sélectionne soigneusement les images et qu’on les commente dans le bon sens…

Car cette affaire représente une véritable aubaine pour les journalistes antisionistes: ils profitent d’ailleurs de leur appel en faveur de Charles Enderlin pour réitérer l’affirmation sans preuve selon laquelle les tirs qui ont tué l’enfant et blessé le père étaient israéliens.

Les citoyens qui ont interpellé France 2 uniquement sur les invraisemblances balistiques n’ont pas été écoutés parce qu’on les a amalgamés aux tenants de la thèse de la mise en scène. Indignation véritable ou perfidie ? C’est en tout cas à cause de cette faille que France 2 a très vite fait le choix de se débarrasser du bébé en même temps que de l’eau du bain.

L’information proposée en France depuis quelques années est passée au crible de cette grille de lecture simpliste qui conduit à la diabolisation d’Israël, n’en déplaise aux adeptes du complot judéo-maçonnique et des médias aux mains des Juifs.

L’enfant est-il mort ? Et dans l’affirmative, tué par qui ?

Il est si douloureux de penser qu’un enfant est mort, où que ce soit et pour quelque raison que ce soit, que la tentation est grande de nier l’issue fatale.

Ce qui est sûr, c’est que d’un côté comme de l’autre, la vie ou la mort de ce gosse est devenue accessoire. Il est devenu symbole. De l’inhumanité des Juifs ou de la partialité des médias. Au point que le Nouvel Obs a lancé une pétition pour dénoncer le crime de lèse-majesté commis par ceux qui ne croient pas aveuglément ce que leur disent les médias.

«Vu à la télé» n’est plus seulement une formule publicitaire, mais deviendrait une preuve irréfragable de vérité.

La bonne surprise, c’est que le site du Nouvel Obs a reçu de nombreux courriers mettant en question le fait d’être à la fois juge et partie. Indépendamment de la raison pour laquelle les internautes se prononcent, c’est un signe de bonne santé de la démocratie. Le 4ème pouvoir s’arroge le statut de pouvoir tout court ? Le public se constitue partie civile.

Sur Youtube, un agrégat de rushes intitulé «Pallywood» pose des questions embarrassantes sur le spectacle donné à voir par la chaîne de service public.

Charles Enderlin sur son blog s’attache à le démonter et à défendre sa crédibilité dans un montage concurrent.

«Pallywood» montre le tournage de certaines mises en scène destinées à la propagande pro-palestinienne : indications du metteur en scène, positionnement des acteurs, marques de satisfaction à la fin d’une bonne prise… «Pallywood» note aussi qu’on ne voit saigner ni l’enfant mort ni son père grièvement blessé est souligné.

Dans le montage de Charles Enderlin, un arrêt sur image montre bien que le T-shirt du père présente un impact de balle à la manche qui n’y figurait pas au début de la séquence.

«Pallywood» insiste sur le fait que plusieurs protagonistes crient «l’enfant est mort» avant que celui-ci soit atteint. Sans y toucher, comme en passant, le montage d’Enderlin commente que cette phrase, «en arabe parlé», signifie que l’enfant est en danger de mort.

«Pallywood» démontre, croquis à l’appui, que les balles qui ont touché l’enfant et son père ne pouvaient matériellement pas avoir été tirées depuis la position israélienne. Dans l’autre montage, à l’appui du commentaire originel d’Enderlin, stipulant que les balles israéliennes ont tué l’enfant, «Talal cherche d’où viennent les tirs qui correspondent aux impacts autour de Jamal et son fils» mais «sa caméra revient sur eux» sans qu’il soit dit explicitement qu’il ne voit pas d’où viennent les tirs.

Restent les vraies questions

Il est difficile de croire que «l’enfant est mort» signifie «en arabe parlé» que «l’enfant est en danger de mort», surtout quand cet arabe est parlé par une population dont le quotidien est fait de combats, ce qui rend cette distinction fondamentale.

D’autant que si telle est vraiment la signification de la phrase, pourquoi les témoins ne crient-ils pas «ils sont morts». Pourquoi seulement l’enfant ? Extraordinaire prescience puisque, en effet, quelques secondes plus tard seul l’enfant meurt, alors que le père est blessé.

Cela conduirait à postuler qu’il s’agit effectivement d’une mise en scène qui a mal tourné. Ainsi s’expliqueraient aussi bien les cris intempestifs prévoyant précisément la mort de l’enfant et non celle du père, mais également la chute de l’un et de l’autre.

Que les al-Dura père et fils n’aient pas été tués par des balles israéliennes est maintenant avéré. D’une part, ils étaient absolument invisibles depuis la position israélienne et d’autre part, les Israéliens tiraient avec des M16 des balles à haute vélocité (900 m/sec) dont l’impact crée une onde de choc qui, dans le cas d’un toucher à l’abdomen par exemple, engendre une cavitation faisant éclater d’autres organes.

L’aspect de deux victimes après les impacts est clairement celui de calibre 7.62, avec un petit trou à l’entrée et un gros à la sortie. Comme les balles que les Palestiniens tirent dans «Pallywood».

Mais comment le père et l’enfant ont-ils pu être touchés par des balles palestiniennes ? Ne se trouvaient-ils pas à un endroit où aucun tir croisé n’était possible ? Derrière un baril qui les dissimulait aux Israéliens et adossés à un mur aveugle, exactement en face de la position palestinienne dite de la Pita.

Alors quoi ? Une balle partie accidentellement ? Non, DES balles parties accidentellement. Plusieurs dans chaque victime.

Corporatisme et blasphème

Il est des héritiers installés dans une victimologie ontologique : le sort inhumain fait à leurs parents les a conduits à si fort crier au loup au moindre soupçon d’antisémitisme qu’ils sont tombés dans tous les pièges tendus par les faussaires et les manipulateurs gravitant dans les recoins de la Toile. Désormais leurs appels, même justifiés, ne sont plus pris au sérieux.

Et bien involontairement, leurs excès ont permis aux négationnistes de relativiser jusqu’à l’indicible Shoah. Et à leur retourner l’accusation de négationnisme lorsqu’ils mettent en doute la mort d’un enfant élevé au rang d’icône.

Or dans la réaction de la profession médiatique faisant bloc autour d’un envoyé spécial vécu comme victime de négationnisme, il n’y a pas de position idéologique ou de volonté de nuire à Israël. Il y a simplement l’indignation authentique de professionnels voyant un des leurs accusé à tort.

L’ordre des médecins, celui des architectes prendraient certainement fait et cause pour un des leurs jugé faussement accusé, même s’il n’est pas le plus scrupuleux et le plus qualifié des membres de la profession.

Scoop : l’objectivité n’existe pas !

Bien sûr, l’information est orientée. Mais le recours aux fausses images n’est pas nécessaire. Même si elles sont parfois produites, ce qui influe sur nous à la longue, c’est l’éclairage de la scène toujours semblable, le choix des protagonistes, toujours les mêmes dans les mêmes rôles. Le choc des photos est accompagné du poids des mots, le choix des sujets par celui du vocabulaire codifié qui justifie les attentats des terroristes devenus «activistes» voire «résistants».

Le casting immuable transforme les Palestiniens en victimes infantiles à qui est déniée toute responsabilité. Les «roquettes artisanales» pleuvent en silence médiatique sur Sderot : les «enfants colons» ont 15 secondes pour courir aux abris et quand ils meurent, leur famille souffre loin des caméras.

Il serait peut-être temps de retrouver – de trouver – un minimum de distance avec le conflit le plus médiatisé du monde. Une distance réelle, intellectuelle et raisonnée qui éviterait la passion actuelle, inversement proportionnelle à la distance géographique qui nous sépare du terrain…

Il serait temps aussi que tous les citoyens soient libres et égaux devant la loi. Quand un professionnel quel qu’il soit commet une faute grave, il est licencié. Les journalistes ne jouissent d’une parfaite impunité qu’en France.

En Angleterre, en 2004, Piers Morgan, rédacteur en chef du Daily Mirror, a été contraint à la démission après qu’il ait été établi qu’il avait publié des faux sous forme de photos montrant des militaires britanniques en train de brutaliser un prisonnier irakien.

En 2006, un photographe de Reuters a été licencié pour avoir augmenté artificiellement les volutes de fumée sur Beyrouth, laissant imaginer des bombardements plus importants que la réalité.

Certes, en février 2004, Olivier Mazerolle avait dû présenter sa démission après que David Pujadas ait annoncé le retrait d’Alain Juppé de la vie politique au moment où celui-ci déclarait le contraire sur une autre chaîne. Mais s’il était remplacé à la tête de la rédaction de France 2, Mazerolle continuait à présenter l’émission politique phare de la chaîne : «Cent minutes pour convaincre».

Charles Enderlin a commenté des images qu’il n’avait pas vu filmer. Il a accusé l’armée israélienne de la mort d’un enfant alors qu’il n’avait aucune idée de qui en était responsable.

Depuis, il a été établi avec certitude que son accusation était erronée. Il n’a pas encore été contraint de présenter des excuses. Il n’a pas été licencié. Cette impunité est un privilège inacceptable dans une démocratie.

Nous sommes tous responsables de nos actes.

Les journalistes aussi.

Liliane Messika © Primo, dimanche 8 juin 2008

Note : Ce que Charles Enderlin a fait comme commentaire est différent (meme la Cour d\’Appel l’a noté exactement page 5 ). « Ici, Jamal et son fils Mohamed sont la cible de tirs venus des positions israéliennes. Mohammed a douze ans, son père tente de le protéger. Il fait des signes […] mais une nouvelle rafale. Mohamed est mort et son père gravement blessé. Un policier palestinien et son ambulancier ont également perdu la vie au cours de cette bataille. » (Merci à Giora Hod pour cette précision)

Voir aussi:

Gaza: C’est ici qu’on meurt
Jean-Paul Mari
Le Nouvel Observateur
12 octobre 2000

Dans le camp de réfugiés de Boureij, Jean-Paul Mari a retrouvé la famille de Mohammed al-Durra, l’enfant de 12 ans tué par les soldats israéliens dans les bras de son père. Reconstitué les faits. Et vu les jeunes manifestants hurler leur révolte face aux balles.

Netzarim est un carrefour de la mort où l’on tire sur des hommes, des adolescents et des enfants, un endroit nu où l’on ajuste tout ce qui bouge, passe et apparaît dans le champ de tir. Le carrefour de Netzarim était déjà une aberration géographique qui coupe la bande de Gaza en deux, en son centre, et oblige tout Palestinien qui veut traverser le territoire à passer devant un poste de contrôle militaire israélien. Une aberration économique, où quelques familles de colons, protégées par une base militaire, exploitent de vastes vergers au milieu d’un million de Palestiniens de Gaza qui étouffent sur une bande de terre sans eau de 40 kilomètres de long. Pour Gaza, sous Autorité palestinienne, Netzarim reste le symbole de l’occupation israélienne, des colonies inamovibles et d’un processus de paix qui piétine. Et c’est ici, aujourd’hui, qu’on meurt. Ce n’est pas même pas un combat. Plutôt quelque chose qui ressemble à un ball-trap humain, où les manifestants seraient des disques d’argile qui se lancent eux-mêmes sur 50 mètres, à découvert, pendant que des tireurs invisibles cherchent à les arrêter d’une balle en plein vol. Voilà un groupe d’adolescents qui se rue et la foule de plusieurs milliers de manifestants retient son souffle. Atteindre le hangar, au carrefour, est une victoire ; renoncer ou se faire toucher, un échec. A 600 mètres de là, masqués par les vergers, il y a des blindés, des mitrailleuses, des barbelés et des miradors d’où des soldats israéliens guettent, l’oeil collé à leur lunette de précision. Les premiers manifestants sont passés en trombe et la foule exulte ; le dernier est plus lent et on l’encourage. Il approche enfin du hangar, ralentit et lève les bras, déjà vainqueur. Juste avant qu’une forte détonation, venue d’une tour militaire, l’envoie bouler sur l’asphalte, la jambe broyée par une balle de mitrailleuse. Pour la vingtième fois de la journée, une ambulance palestinienne s’avance malgré le feu, jette un brancard et emporte le blessé. A côté de moi, un adolescent éclate en sanglots : « A quoi sert tout ça ? A rien. Ce sont toujours les nôtres qui meurent. Des armes ! Donnez-nous des armes… » Il est à peine 14 heures, ce vendredi, jour de prière et de colère, et l’après-midi ne fait que commencer. On essaie de comprendre. L’objectif des manifestants n’est pas la base militaire de la colonie, inaccessible, mais ce fort israélien, planté au bord du carrefour, un amas compact de sacs de sable, de dalles de béton armé, surmonté de tours fortifiées et percé d’étroites meurtrières pour ajuster le tir. Depuis plusieurs mois la position a été renforcée en vue d’une éventuelle proclamation de l’Etat palestinien. Tsahal n’a pas lésiné sur les moyens, un drone, petit avion sans pilote muni de caméras, tourne jour et nuit au-dessus de la colonie et dans le ciel de Gaza. Ses images sont envoyées dans une salle de l’état-major des territoires occupés qui suit ainsi en permanence en vidéo l’évolution de la situation. Pour mieux surveiller les abords de Netzarim, l’armée dispose aussi de radars, de caméras infrarouges et de micros ultrasensibles. Et chaque mirador ou poste de tir a été conçu pour tout voir sans laisser d’angle mort. D’ailleurs, deux immeubles palestiniens de quatre étages et un grand hangar, proches du fort, qui servaient d’abri et de base d’attaque aux manifestants, seront attaqués d’abord par des hélicoptères armés de roquettes avant d’être soufflés en pleine nuit à l’explosif. A l’intérieur du fort et de la colonie de Netzarim, tous les soldats présents depuis trois mois viennent du Liban, rapatriés du front après le retrait de Tsahal en mai dernier. Ils appartiennent aux Golani, une unité d’élite autrefois utilisée pour mater l’Intifada à Gaza, où les rues n’ont rien oublié. Ce sont ces vétérans d’une longue guerre qui tiennent la masse impressionnante du fortin, aux parois noircies par le feu des cocktails Molotov mais intact, position de guerre conçue pour résister aux tanks et à l’artillerie. Que venaient faire ici, dans cet enfer, il y a moins d’une semaine, un homme de 36 ans, Jamal al-Durra, et son gamin de 12 ans à peine, Mohammed ? Ce matin-là, Jamal était plutôt content. Il avait pu dormir jusqu’à 7 heures du matin. D’habitude, l’ouvrier peintre se lève à 3h30, quitte la maison endormie du camp de Boureij et prend un taxi collectif jusqu’à Erez, poste frontière avec Israël. Jamal se soumet aux contrôles, passe sa carte magnétique dans une borne d’identification puis marche 3 kilomètres dans un long tunnel grillagé réservé aux travailleurs palestiniens. Son frère, Iyad, 22 ans, n’a pas droit à cette carte : Israël n’accepte pas les célibataires. Nael, 25 ans, l’autre frère, ancien étudiant à Jérusalem, fait partie, lui, des « interdits » de travail en Israël. De l’autre côté, il faut prendre encore un taxi et encore un bus pour rejoindre son employeur et son lieu de travail. Il faut compter deux, trois, parfois quatre heures de trajet – un quart du salaire – quand les contrôles sont tatillons et la situation tendue. Interdiction de dormir en Israël. Jamal rentre le soir, vers 20h30, embrasse ses sept enfants, sa femme Amal, et court se coucher. Six jours par semaine. Depuis vingt ans. De quoi nourrir sa famille, ses parents et payer les études de ses soeurs, en tout quinze personnes à charge. Ce samedi-là, il rêve de s’acheter une vieille voiture et veut se rendre au marché des occasions, après Netzarim, près de Gaza. Mohammed est debout lui aussi. Et comme d’habitude il insiste : « Emmène-moi avec toi ! » Jamal ne peut rien lui refuser. A 12 ans, Mohammed est le fils préféré de la famille, un gosse curieux et doux, plus mûr que son âge, qui a adopté un chat nommé Abricot et voue une passion aux oiseaux qu’il élève dans une grande cage suspendue à l’entrée de la maison. Hier, la femme de Jamal lui a dit que Mohammed lui avait posé d’étranges questions : « Si je vais au carrefour de Netzarim, est-ce que je serais un martyr, moi aussi ? Maman, qu’est-ce que c’est le paradis ? » Et ce matin Jamal tremble à l’idée que son fils pourrait s’approcher de la manifestation ; il préfère le garder avec lui : « Allez… Viens ! » Au même moment, à une demi-heure de là, au centre de Gaza, un caméraman de France 2 quitte son domicile pour aller couvrir la journée de manifestation à Netzarim. Talal Abu-Rama a treize ans de métier et d’affrontements derrière lui, il sait reconnaître l’origine d’un tir, sa direction, le calibre employé et connaît parfaitement le scénario de ce genre de manifestations. D’abord, après le calme du matin, quelques pierres vers la fin de matinée, puis les premières balles « caoutchoutées » – en réalité de lourdes billes en acier recouvertes d’une fine pellicule de plastique, comme celle qui lui a brisé la main quelques mois auparavant. Tirées avec précision dans l’oeil, le thorax ou en plein front, elles aveuglent ou tuent. Puis viennent les jets de cocktails Molotov et la riposte des tirs à balles réelles – c’est nouveau – des mitrailleuses C500 au coup par coup, des fusils à lunette et des M16, des armes de guerre. Posté sur une petite butte au carrefour, Talal a déjà recensé 45 blessés. L’heure avance, il est midi et Talal se prépare à décrocher pour transmettre ses cassettes vers le bureau de Jérusalem. De retour du marché des occasions, Jamal, lui, n’a pas trouvé la voiture qu’il cherchait. A l’approche du carrefour de Netzarim, le taxi collectif refuse d’aller plus loin. Pour rejoindre sa maison du camp de Boureij, il faut passer à pied. Jamal prend Mohammed par la main et s’avance prudemment le long d’un mur de parpaing, à 50 mètres en diagonale du fortin israélien. Il suffirait de passer le coin de la rue déserte… à 20 mètres de là. Soudain, une fusillade nourrie éclate. De l’autre côté de la rue, Talal prend sa caméra sur l’épaule et s’approche. Pendant deux à trois minutes, des coups de feu partent, face au fortin, d’une rue perpendiculaire, là où se trouve habituellement un poste palestinien. Apparemment, ce ne sont pas des policiers de Gaza qui tirent à la kalachnikov mais des « Tanzim », des paramilitaires armés de la branche politico-militaire du Fatah. La riposte, venue du fortin, inonde le carrefour d’une grêle de balles. Talal voit deux civils tomber sur l’asphalte. Il décide de s’avancer vers le trottoir, est pris sous une rafale et s’aplatit derrière un minibus Volkswagen providentiel. Il va rester là, cloué au sol, pendant une heure et quart : « Ce n’était pas des tirs. Mais une pluie d’impacts, une grêle qui s’abattait sur tout le périmètre. Les balles de gros calibre sifflaient. L’asphalte sautait tout autour de nous. Le bruit était infernal. » Un autre reporter abandonne son pied de caméra, se jette à couvert. Une ambulance veut s’avancer au carrefour. Elle doit battre en retraite. Talal croit entendre un cri d’enfant. Il voit, en face de lui, à 20 mètres, sur le trottoir opposé, Jamal et son fils Mohammed accroupis derrière un fût en ciment dur, sorte de baril creux qui recouvre une prise d’eau. « Le gosse a pris une balle dans la jambe. Le père le tirait vers lui, le serrait contre son dos pour essayer de le protéger de son corps », se rappelle Talal. Mohammed, terrifié, supplie son père : « Pour l’amour de Dieu, protège-moi, papa ! » Talal zoome sur Jamal qui fait des signes de la main pour appeler une ambulance, réclamer de l’aide. Mais les tirs continuent, au ras du baril, au-dessus, tout autour. On comptera quinze impacts, groupés, serrés en rond sur cette partie du mur. Et un autre, sur la paroi du fût qui regarde le fortin. Aucun de l’autre côté. Jamal prend son téléphone portable, appelle un ami à Gaza, demande une ambulance. Il crie en hébreu : « Mon fils est en train de mourir. Arrêtez de tirer ! » Mais une pluie de balles s’abat à nouveau. « Jamal me regardait, comme s’il voulait que je l’aide, dit Talal le caméraman, mais personne ne pouvait s’avancer. J’ai essayé ! Folie ! Même un chat n’aurait pas pu traverser la rue pendant plus d’une heure ! » Une ambulance essaie pourtant ; elle arrive au carrefour, sirènes hurlantes mais les tirs ne s’arrêtent pas. Dans le véhicule, l’infirmier Abou Nadji voit son chauffeur Bassam el-Bilbaissi s’effondrer sur le volant, tué d’une balle venue du fort. Talal ne peut rien faire sinon filmer cette mort qui s’annonce : « J’ai entendu une déflagration, suivie d’une grêle de balles. Puis un nuage de poussière a envahi le coin. Quand il est retombé, j’ai vu le gosse allongé, mort, et son père, assis, inconscient, dont le corps blessé se balançait étrangement. » Il faudra longtemps avant qu’une ambulance puisse enfin venir les chercher. « On les a visés, directement, pendant au moins trente-cinq minutes. Ils sont restés quarante-cinq minutes en tout, parfaitement visibles, serrés l’un contre l’autre, derrière ce baril. Et moi, trois quarts d’heure de plus coincé derrière mon minibus ! » Il suffit, au petit matin, quand tout est encore calme, d’aller au carrefour de Netzarim, s’asseoir derrière le baril de ciment blanc, à l’endroit où Jamal et son fils se tenaient, pour s’apercevoir que les tirs, en diagonale, au ras du fût, ne pouvaient provenir que de la partie droite du fortin ou d’une tour qui surplombe le carrefour. « Ils ont voulu nettoyer la zone, ne plus laisser personne vivant dans leur angle de tir », affirme Talal. Comme si les soldats, une fois attaqués, avaient pris l’option de transformer le carrefour en dead zone. A l’hôpital Shiffa de Gaza, les chirurgiens sont choqués, épuisés de recevoir chaque jour des dizaines de blessés graves. A l’entrée des urgences, on patauge dans le sang. Il y a cette série d’adolescents, un pansement sur l’oeil perdu, touché d’une balle « caoutchoutée » si dure qu’il faut parfois aller la retirer dans le cerveau. Et ces deux hommes, en mort cérébrale, blessés d’une balle en pleine tête. Et tous les autres, le plus souvent touchés à balle réelle par les snipers qui visent le thorax et la tête. Le docteur al-Haddad se souvient d’avoir reçu deux cas identiques en une semaine. Quand les neurochirurgiens ont voulu opérer, ils se sont aperçus que les victimes étaient mortes sur le coup, la boîte crânienne vide, soufflée par l’impact d’une arme lourde. Pour Mohammed, le chirurgien n’a pu que constater sa blessure à la jambe droite et sa mort causée par la balle qui lui a ouvert le ventre. Jamal, le père, avait le bras droit fracturé, la jambe droite broyée et l’os du bassin emporté sur 10 centimètres de large : « Trois impacts de balles de M16 à haute vélocité. Elles font de gros dégâts. On a sauvé la jambe et sa vie. Mais il restera invalide. » Tsahal a accusé les policiers palestiniens, parlé d’échange de coups de feu, puis de balles perdues avant de reconnaître que les tirs qui avaient tué Mohammed étaient « probablement » venus du côté israélien. Jamal, lui, ne peut que répéter qu’il n’essayait pas de manifester mais seulement de rentrer chez lui : « Mon fils préféré, mort dans mes bras, sans que je puisse le sauver… Jamais je ne pourrai oublier. » Au camp de Boureij, Amal, la mère, a longtemps refusé de croire à la mort de Mohammed. Même après avoir vu le reportage à la télévision : « J’ai vu ces images plusieurs fois mais je n’ai pas reconnu mon mari et mon fils à cause de cette peur qui leur déformait le visage. J’avais seulement un sentiment de pitié envers ces gens, pris sous les balles, ces gens… que je ne connaissais pas. » C’est la grand-mère, Fatma, qui a compris la première. Le visage emmailloté dans ses rides et son châle noir, elle se rappelle ses étranges appels téléphoniques, de gens qui lui demandaient :
– « Je suis bien à la maison du « shahid », du martyr ?
– Quel martyr ?
– Pardon… C’est sans doute une erreur. » Et on raccrochait. Au quatrième appel, la grand-mère a reconnu la voix du voisin et elle est allée chez lui. En revenant, elle pleurait. Depuis, elle répète que cela a toujours été ainsi depuis ce jour de 1948 quand ils sont partis vers le sud, à dos de chameau, chassés de leur village de Wadi Honine, devenu Nes Tsiyona, près de Ramla. Vingt-cinq personnes, toute une tribu, qui ont marché vers Al-Kbeba, puis Ashdod et Al-Majal, devenu Ashkelon, avant d’arriver à Boureij avec quelques enfants morts d’épuisement en route et une tante, Torfa, tuée par un bombardement. Elle avait 10 ans à peine et se souvient « des tentes, de la saleté horrible et du temps où la vie était pauvre, triste, affreuse. Du temps où on allait arracher du blé à la main pour le concasser avec des pierres ». Dehors, les gens du quartier ont commencé aussitôt à aligner des chaises dans la rue et à étendre des tissus blancs pour dresser la tente funéraire. Très vite, on a imprimé au pochoir le visage de Mohammed sur les murs de Boureij, les parents des autres « martyrs » sont venues réconforter la famille, et tout ce qui compte d’associations et de ministères a envoyé des dizaines de couronnes de roses qui fanent à la porte de la maison. Avec le temps, Gaza a appris la culture du deuil. Ici, la mort d’un enfant bouleverse aussi tout un quartier, qu’il ait été lanceur de cocktail Molotov ou gamin sage fauché en plein jeu. Un fils, un frère, un père… les morts des derniers jours s’ajoutent à ceux, plus anciens, de l’Intifada, ils s’accumulent, forment des strates épaisses, véritable dépôt géologique de tristesse, de ressentiment, de frustration et de colère. Ici, au premier affrontement, tous les jeunes du camp se ruent vers leurs pierres. Et personne n’ose les en empêcher. Au carrefour de Netzarim, la foule des manifestants soudain s’est crispée, silencieuse. Un enfant de 9 ans tout au plus s’est lancé sur la route à découvert. Il est haut comme trois pommes et porte un tee-shirt jaune vif. Impossible de ne pas voir qu’il s’agit d’un gamin. Une rafale sur l’asphalte le jette pourtant derrière un tas de sable à peine plus haut que lui. Les balles sifflent, précises, ajustées, autour de son refuge. On l’entend pleurer de loin et appeler à l’aide. Personne ne peut s’avancer. Les ambulances tentent de faire écran, des manifestants cherchent à s’avancer mais, à chaque fois, une rafale sèche oblige tout le monde à rester à l’abri des maisons en amont. Alors la foule lui conseille de rester à plat ventre, sans bouger, jusqu’à ce qu’une accalmie permette d’aller le chercher. Il faudra attendre près d’une heure encore avant qu’un Palestinien ne réussisse à le tirer d’affaire. Maintenant, le vent poussiéreux du khamsin obscurcit le paysage et les balles traçantes zèbrent le ciel de Netzarim. Gaza compte ses morts : six aujourd’hui. Et des dizaines de blessés. Depuis le début de la crise, c’est l’endroit et le jour le plus sanglants. Soudain, on voit arriver un groupe étrange de jeunes qui portent avec difficulté un immense tableau de trois mètres sur quatre et le déposent contre un mur, face au carrefour. Sur la toile, à grands coups de pinceau colorés, sont dessinés un homme et son fils serré contre lui, réfugiés derrière un baril de ciment blanc criblé d’éclats. Et en bas l’artiste a écrit en lettres noires : « Vengeance ! Ce qui est pris par la force sera repris par la force ! » Gaza n’est pas près d’oublier.

3 Responses to Affaire Enderlin: Retour sur une mise en scène qui aurait mal tourné (One too many shattered dreams)

  1. […] Alors que la désinformation la plus flagrante continue à circuler aussi tranquillement qu’impun… (voir notamment La Vie pour les prétendus massacres de Jenine ou de la plage de Gaza) … […]

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  2. Israel dit :

    Enderlin, la vérité finit toujours par éclater!

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  3. […] l’heure ou 10 ans tout juste après la tristement fameuse imposture de la prétendue mort en direct du petit Mohammed qui lancait la 2e intifada et contribuait […]

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