ONU/France: Boidevaix/Mérimée: l’arbre qui cache la forêt? (Oil for food scandal: the French media blackout continues)

Pétrole contre nourriture": le Français Jean-Bernard Mérimée placé en garde à vueTotal et Pasqua fixés sur leur sortL’affaire Boidevaix-Mérimée est-elle l’arbre qui cache la forêt ? Certaines sources au Quai d’Orsay l’insinuent. « Il est impossible que Mérimée se soit mouillé pour une telle somme (156 000 dollars), qui n’est pas si importante au regard des risques encourus et des profits possibles », estime un diplomate qui a côtoyé l’ancien représentant de la France au Conseil de sécurité. « Nous sommes plusieurs à penser que les sommes en jeu sont en réalité colossales. » Olivier Weber (Le Point 01/12/05)

Mais l’arbre qui cache la forêt, n’est-ce pas aussi cet article du Point lui-même ? Comme l’exception qui, après les quelques articles obligés qui ont suivi la mise en examen de ces deux très hauts dignitaires du Quai en septembre dernier, confirme la règle d’un silence de plus en plus assourdissant des medias français sur ce qui est probablement l’un des plus grands scandales de notre diplomatie ?

Pourtant, il est un blog français qui, à l’instar d’une Claudia Rosset du Wall Street Journal, n’a pas baissé les bras et continue à tenir régulièrement au courant la communauté française et francophone de l’évolution de l’affaire, mais aussi, comme son nom l’indique, des multiples turpitudes de la fameuse… “politique arabe de la France” !

D’un petit site connu des seuls initiés, il est en quelques mois devenu “la” référence, de plus en plus citée et reprise, sur ce monument d’opacité et d’impénétrabilité que semble hélas se complaire à incarner la diplomatie du Pays (autoproclamé) des droits de l’homme. Alors sur Boidevaux-Mérimée, il n’était bien sûr pas question de s’adresser ailleurs !

Serge Boidevaix : une souillure indélébile sur la politique arabe de la France
PAF
September 13, 2005

C’est un poids lourd de la politique arabe de la France qui vient d’être mis en examen par le juge Philippe Courroye dans le cadre de l’enquête française sur les malversations présumées liées au programme « pétrole contre nourriture » en Irak. Serge Boidevaix y est poursuivi pour « trafic d’influence et corruption active d’agent public étranger ». Selon le Journal du dimanche, il est soupçonné de s’être fait attribuer, via la Suisse, l’équivalent de 32,6 millions de barils de pétrole irakien entre 1998 et 2002 et d’avoir fait verser des rétrocommissions à des officiels de Bagdad. Le Monde cite un extrait du rapport de la PJ : « la plupart des personnes physiques qui ont perçu ces allocations ont eu à véhiculer une image positive du régime irakien avec prise de position pro-irakienne, en particulier MM. Munier et Boidevaix, en contrepartie d’allocations pétrolières accordées par les autorités gouvernementales irakiennes de l’époque.  » Boidevaix nie les faits et parle selon le JDD de simple « lobbying » rémunéré.

Contrairement à ce que peut laisser penser la pudique dépêche de l’AFP (l’agence gouvernementale le qualifie simplement de « diplomate français » et précise qu’il s’est « reconverti dans les affaires. »), Serge Boidevaix n’est pas n’importe qui dans l’univers diplomatique français. Il y a occupé des postes éminents (notamment ambassadeur en Allemagne) et est particulièrement emblématique du choix pro-arabe de la France à partir de 1967 et des dérives qui s’en sont encouru. C’est LE diplomate pro-arabe de référence.

Boidevaix est né en 1928, ce qui lui fait donc aujourd’hui 77 ans. Cet énarque d’obédience gaulliste a été directeur de cabinet du ministre des affaires étrangères Michel Jobert (1973-1974) puis conseiller pour les affaires internationales au cabinet de Jacques Chirac à Matignon entre 1974 et 1976. Il fut donc directement impliqué dans la grandiose politique irakienne de la France avec coopération nucléaire et ventes d’armes à la clé, que les socialistes poursuivront sans états d’âme. Il a ensuite été ambassadeur à Varsovie (1977-1980) puis est revenu à l’administration centrale pour être directeur d’Afrique du Nord et Moyen-Orient au Quai d’Orsay (1980-1982). Il est ensuite nommé ambassadeur à New-Dehli (1982-1985) et secrétaire général adjoint du ministère (1985-1986), puis ambassadeur à Bonn de 1986 à 1992, année où il devient secrétaire général du Quai d’Orsay, c’est-à-dire le plus haut poste administratif de l’administration des affaires étrangères . Atteint par la limite d’âge (65 ans), il prend sa retraite de la « carrière » en septembre 1993.

Mais une deuxième « carrière » commence justement pour lui, marquée celle-là aussi par un engagement pro-arabe forcené .

Serge Boidevaix devient très vite actif sur le front irakien. Rappelons le contexte de ces années : depuis la fin de la première guerre du Golfe, l’Irak est isolé par l’embargo imposé par l’ONU. Saddam Hussein veut absolument y échapper. Plus les mois passent, plus la France brûle d’impatience pour renouer les liens avec Bagdad, au grand dam des Américains et des Britanniques. Derrière les prétextes humanitaires se trouvent des raisons moins avouables : les affaires bien sûr (Elf et Total sont en première ligne), mais aussi la volonté très « gaullienne » de marquer son indépendance à l’égard des Etats-Unis et de retisser des liens spécifiques avec les pays arabes.

Les choses s’accélèrent en mars 1993 avec le retour de la droite gaulliste au pouvoir. Roselyne Bachelot crée à l’Assemblée nationale son groupe d’amitié France-Irak. Disponible dès septembre 1993, Boidevaix bénéficie de son expérience de diplomate, de son carnet d’adresses bien rempli, de son affiliation gaulliste et de son glorieux passé du temps de l’amitié franco-irakienne des années 70 : il a le profil idéal pour servir .

C’est le Quai d’Orsay qui l’ envoit en Irak dès décembre 1993 pour « vérifier et préparer les modalités » de la libération d’un ressortissant français, Jean-Luc Barrière, détenu depuis 6 mois pour « entrée illégale dans le pays ». Les libérations de ressortissants étrangers sont alors pour Bagdad un moyen de montrer sa bonne volonté au monde occidental. Boidevaix est alors reçu par Tarek Aziz.

Est-ce dès ce moment-là qu’il sent le « marché » qui s’ouvre à lui? Il se lance vite en tout cas dans les affaires juteuses de l’amitié franco-irakienne. Il en devient un pilier , avec les Gilles Munier, Philippe Brett et autres Jany Le Pen, en devenant le président de l’ Association franco-irakienne de coopération économique (AFICE). (Pour asseoir sa position d’homme d’affaires « bien introduit dans le monde arabe », il succèdera, en juin 2002, à Michel Habib-Deloncle à la tête de la Chambre de commerce franco-arabe ( CCFA ).)

Voici qu’il s’intéresse subitement au pétrole! L’ancien ambassadeur de France approchant alors les 70 ans se lance dans le trading pétrolier en s’associant avec une société néerlandaise.

Et il devient un militant (intéressé, on le sait aujourd’hui) luttant contre l’embargo de l’Irak. On le retrouve par exemple à Bagdad en mai 2002 pour un forum réunissant les adversaires de l’embargo. À ses côtés, d’autres obligés grassement rémunérés du régime de Saddam : Jean-Bernard Mérimée, ex-ambassadeur de France auprès de l’ONU, et Bernard Guillet, ex-conseiller diplomatique de Charles Pasqua, accusés comme lui dans l’affaire du programme « pétrole contre nourriture ».

Boidevaix, le diplomate pro-arabe par excellence, après 40 ans de service exemplaire de l’Etat au plus haut niveau, sombrera en quelques années dans le militantisme pro-irakien, l’affairisme et la corruption.

Wednesday, October 12, 2005

Jean-Bernard Mérimée

Après Serge Boidevaix, c’est au tour d’un autre diplomate français de haut rang d’être mis en examen par le juge Philippe Courroye dans le cadre de l’enquête sur les détournements du programme onusien « pétrole contre nourriture ». Jean-Bernard Mérimée est poursuivi pour trafic d’influence et corruption d’agents publics étrangers. Le juge le soupçonne en effet d’avoir bénéficié de largesses du régime de Saddam Hussein sous forme de bons d’achat de pétrole entre 1996 et 2003. Selon le Monde, qui cite un rapport de synthèse dela BRDE (Brigade de répression de la délinquance économique), M. Mérimée aurait perçu, en 2001 , des commissions sur  » environ 2 millions de barils ». Le diplomate aurait eu recours à Aredio Petroleum et Fenar Petroleum, deux des sociétés agréées par l’ONU pour commercer avec Bagdad.

Cette mise en examen fait ressortir le rôle trouble joué par la France au Conseil de sécurité de l’ONU dans les années 90 sur l’affaire irakienne et soulève de nombreuses questions.

Présentons d’abord le parcours de Jean-Bernard Mérimée.

Né le 4 décembre 1936, licencié en droit, diplômé de Sciences-Po et ancien élève de l’ENA, Jean-Bernard Mérimée a été en poste à Londres (1966-1972), au secrétariat général de l’administration centrale du Quai d’Orsay (1972-1975), puis chef de la mission de coopération à Abidjan (1975-1978). Il a été ensuite sous-directeur du protocole (1978-1981). À ce titre, c’est lui qui a organisé la passation de pouvoirs entre Giscard et François Mitterrand en 1981. Il a ensuite été ambassadeur en Australie de 1981 à 1985, puis en Inde (1985-1987), puis au Maroc (1987-1991). Entre 1991 et 1995, il est nommé auprès des Nations unies à New York, en tant qu’ambassadeur, représentant permanent de la France au Conseil de sécurité et chef de la mission permanente française, puis il devient ambassadeur d’Italie (1995-1998). Après quelques mois à l’administration centrale du ministère des Affaires étrangères, il est nommé par le Conseil des ministres du mercredi 17 février 1999 « conseiller spécial pour les affaires européennes du secrétaire général de l’ONU Kofi Annan ». Il occupera ce poste jusqu’en 2002. À partir de 2001 toutefois, atteint par la limite d’âge (65 ans), il prend sa retraite du ministère des Affaires étrangères. Je n’ai pas trouvé la date exacte de sa mise à la retraite mais on peut supposer qu’elle a eu lieu en décembre 2001 , au moment où M. Mérimée atteignait effectivement l’âge de 65 ans.

C’est à l’ONU, comme le dit Libé, « qu’il commence à fréquenter les Irakiens. Notamment Tarek Aziz, qui passe alors beaucoup de temps à l’ONU pour tenter d’obtenir un assouplissement de l’embargo contre son pays. » À l’époque, les premières années qui suivent la première guerre du Golfe, la France et la Russie jouent en effet les médiateurs entre l’Irak d’une part, et les États-Unis et la Grande-Bretagne de l’autre. L’objectif de la France est alors d’alléger, voire d’annuler l’embargo irakien : c’est notamment un enjeu commercial de taille pour Paris qui pourrait alors rafler une partie importante des contrats liés à la reconstruction du pays. C’est d’ailleurs ce que dit Tarek Aziz lui-même, cité par le Monde du 16 janvier 1995 :
« La France, qui a toujours été « le principal partenaire » de l’Irak, gardera la même place », une fois les sanctions levées, dit-il. « Dans les domaines pétrolier, de l’aviation civile, de la reconstruction, des communications et dans bien d’autres secteurs, nous comptons sur la coopération avec Paris », ajoute-t-il.
À ce poste stratégique où il a toujours défendu l’Irak, Mérimée a dû se faire des amis, du côté irakien mais aussi de certains industriels français alléchés par les perspectives de contrats juteux.

Questions :
En se faisant attribuer des coupons de pétrole par le régime irakien, Jean-Bernard Mérimée a-t-il reçu une récompense pour le zèle pro-irakien qu’il avait manifesté dans l’enceinte stratégique du Conseil de sécurité de l’ONU entre 1991 et 1995 (et qui avait mené notamment à la mise en oeuvre du programme « pétrole contre nourriture » en 1995) ?
Ou bien le régime de Saddam Hussein et de Tarek Aziz comptait sur lui et son influence dans les milieux diplomatiques français et le rémunérait ainsi ? Dans ce cas, quel a été l’impact concret de ce corrompu potentiellement corrupteur sur les politiques menées par la France jusqu’à la deuxième guerre du golfe ?
Personne n’a soulevé ce point jusqu’à présent : et si c’était pour son rôle à l’ONU auprès de Kofi Annan (jusqu’en 2002) que l’Irak l’a acheté avec les coupons ?
L’affaire, en tout cas, est très grave. Si la mise en examen de Serge Boidevaix avait reçu peu d’écho dans les médias français et que le Quai n’avait fait alors aucun commentaire, il en va différemment cette fois. La raison en est peut-être que Mérimée a eu un rôle beaucoup plus public que celui de Boidevaix. Entre 1991 et 1995, il a été le visage de la France au Conseil de sécurité où il s’opposait souvent à Madeleine Albright, qui était alors son homologue américaine.

Cette fois, Libé a consacré sa Une à l’affaire et le Monde son éditorial. Ce n’est pas rien.

Quant au Quai d’Orsay, il a préféré prendre les devants avec cette déclaration lors du point de presse quotidien :
Le ministère des Affaires étrangères rappelle que les autorités
françaises ont pleinement coopéré, depuis le début, et continuent de coopérer à
toutes les enquêtes actuellement menées à propos de la mise en oeuvre de la
résolution  »Pétrole contre nourriture », qu’il s’agisse, en particulier, de la
Commission mise en place par le Secrétaire général des Nations unies ou de
l’instruction en cours en France.

Selon les indications dont nous disposons, MM. Serge Boidevaix
et Jean-Bernard Mérimée font l’objet d’une procédure judiciaire au titre de
leurs activités privées, engagées après leur départ à la retraite.

Le ministère des Affaires étrangères n’avait pas manqué d’appeler par écrit l’attention de MM. Boidevaix et Mérimée sur les responsabilités particulières qui leur incombaient au titre de leurs anciennes fonctions et sur la nécessité de veiller à ce que leurs activités privées n’engagent qu’eux-mêmes et en aucun cas le gouvernement ou le ministère des Affaires étrangères.

Cette mise au point a été effectuée en septembre 2001. Les deux intéressés en ont aussitôt accusé réception en soulignant leur plein accord.

Le ministère des Affaires étrangères rappelle à nouveau qu’une procédure judiciaire est en cours. Il entend, par conséquent, s’abstenir de tout autre commentaire. Le Quai prend ainsi ses distances avec les deux anciens diplomates. Mais, dans le cas de Mérimée au moins, la procédure judiciaire dont il fait l’objet relève-t-elle vraiment de ses seules « activités privées » ? J’en doute fort. Les faits reprochés remontent, selon le Monde, à 2001. Comme je l’ai souligné, Jean-Bernard Mérimée est alors conseiller spécial de Kofi Annan à l’ONU où il a été nommé par décret officiel du gouvernement en 1999.

D’autre part, la « mise au point » de septembre 2001 me paraît louche : c’est plutôt en décembre 2001 que Mérimée aurait dû, logiquement, partir à la retraite. Ce qui en ferait un employé du Quai d’Orsay sur la quasi-totalité de l’année 2001, donc le Quai serait directement touché.

À suivre.

Voir aussi :

Frenchman Fried?
France discovers the Oil-for-Food scandal.

Claudia Rosett
NRO
October 13, 2005

Even the French have finally discovered the United Nations Oil-for-Food scandal. With the arrest in Paris this week of a former French ambassador to the U.N., Jean-Bernard Merimee, alleged to have received illicit and lucrative contracts to buy oil from Saddam Hussein’s U.N.-sanctioned regime, the French newspapers are now aflutter over « petrole contre nourriture. »

The funny thing is, while France had plenty to do with Oil-for-Food, Merimee’s main trail leads not to the Quai d’Orsay, but to the doorstep of the U.N. secretary general. Authorities at the French foreign ministry have said the allegations against Merimee concern his activities after he retired as French ambassador to the U.N., and they’re probably right. During the period most in question — late 2001 — Merimee was working primarily not for La France, but with the rank of U.N. undersecretary general, as a handpicked high-level « special adviser » for Kofi Annan.

That fact seems to have escaped Annan himself, who, as the French investigation was turning hot, turned up on Swiss TV last weekend lamenting in French that criticism from « these people » (presumably he meant the people who object to corruption at the U.N.) is « unfair » and « hard to bear. » If that is Annan’s bottom line after abundant evidence that his handpicked head of Oil-for-Food, Benon Sevan, was on the take from Saddam, and that his own son, Kojo Annan, sought to profit from the program, then perhaps the case of Merimee will not interest the secretary general in the least.

Bad Timing
But the timing of Jean-Bernard Merimee’s trajectory through Kofi Annan’s list of « Special and Personal Representatives and Envoys » ought to interest anyone who cares about the integrity of top management at the United Nations.
Here’s the chronology. From 1991-1995, Merimee served as ambassador of France to the U.N. From there, he went on to serve until 1998 as ambassador of France to Rome. Then, he became one of the U.N’s own. In February, 1999, Kofi Annan brought Merimee into his select U.N. team of special advisers and envoys, bestowing on Merimee the U.N.’s third-highest rank of undersecretary general, and appointing him as « Special Adviser of the Secretary-General for European Issues. » According to the secretary general’s office, Merimee held that position from February, 1999 until February, 2002, on a « when actually employed basis. » In reply to my questions this past July about Merimee’s specific duties, Annan’s spokesman said Merimee had worked, « as needed, » as Annan’s envoy to the European Commission, helping in « the negotiations of a financial and administrative framework agreement relating to the disbursement of funds from the European Commission to the United Nations which was signed in 2003. » In other words, Merimee from 1999-2002 helped Annan deal with collecting money from Europe for the U.N. — potentially an influential slot.

During this same period, Oil-for-Food was evolving from a limited, ad hoc U.N. relief program into the biggest heist in the history of humanitarian relief. Saddam by the year 2000 was routinely doling out millions in bribes for influence, and demanding kickbacks totaling billions on such scams as his underpriced oil sales and over-priced relief purchases. The U.N., while collecting $1.4 billion from Saddam’s oil sales to cover its costs in supervising this program, was systematically failing to sufficiently monitor and inspect Saddam’s traffic, or even adequately audit itself. Under Oil-for-Food, Saddam was allowed to pick his own business partners, subject to U.N. approval. A number of investigations, including several conducted by the U.S. Congress, have by now reported that Saddam used this latitude to try to buy influence. Russia became his number one U.N.-approved trading partner, followed immediately by France — with which Saddam did more than $7 billion in U.N.-approved deals. From their permanent, veto-wielding seats on the Security Council, the governments of both Russia and France opposed the U.S.-led overthrow in 2003 of Saddam.

After almost seven years in operation, from 1996-2003, the U.N. oil-for-food program wound to an end seven months after the fall of Saddam. By early 2004, a list based on formerly secret Iraqi official documents had surfaced in Baghdad’s Al Mada newspaper, naming some 270 individuals or entities worldwide alleged to have received bribes by way of oil allocations from Saddam. Merimee’s name was on the list.

In September, 2004, CIA chief weapons inspector Charles Duelfer released a major report on his hunt for weapons of mass destruction in Iraq. While Duelfer did not find WMDs, he did discover massive evidence of Saddam’s sprawling global network of sanctions-busting arms traffic, graft and attempts to buy influence. In volume I of this report, running to hundreds of pages, Duelfer included lists, based on secret Iraqi official documents, of those alleged to have received oil allocations from Saddam. Again, Merimee’s name showed up, transliterated as « Mr. Jan Mirami (French). »

According to Duelfer, Saddam’s regime allocated lucrative oil contracts to Merimee during the last two years of Oil-for-Food. More specifically, the Oil-for-Food program was divided into 13 phases, averaging roughly six months each; Merimee pops up in phases 10-13, which ran from mid-2001 to mid-2003. For the last three of these phases, from December, 2001-June, 2003, he is shown as having been allocated oil, with a French company, Aredio Petroleum, listed as the designated shipper. But there is no record the oil was actually shipped. It is not clear what happened — whether Merimee did not go along, Saddam’s regime did not follow through, or Saddam simply fell before the deals could be consummated.

But in phase 10, which ran from July-November, 2001, Duelfer lists Merimee as having been allocated two million barrels of Iraqi oil. Next to that, Duelfer reports that the oil was actually shipped, or in oil-industry jargon, « lifted, » by a company described as « Fenar Petroleum (Swiss). »

If Duelfer’s documentation is accurate, then this oil allocation and shipment took place well within the period in which Merimee was serving as Annan’s special adviser on Europe. The question, then, is what Saddam might have hoped to get for his money. It is possible that some of Saddam’s officials simply knew Merimee, due among other things to his previous stint as French ambassador to the U.N., and in scattershot fashion Baghdad’s Baathists might have tried to buy influence wherever they could. Merimee at that stage occupied an interesting niche. He had strong ties to the French government, he spoke with the authority of the U.N. to the European Commission, and he had the ear of the U.N. secretary general.

Unanswered Questions
But Merimee had been Annan’s special adviser since 1999. So why did these alleged oil allocations start more than two years later, in 2001? What jumps out is that the Oil-for-Food phase in which Merimee is alleged to have received his first allocation — the oil listed as actually having been shipped — happens to span the Sept. 11, 2001 terrorist attacks on the U.S. For Saddam, accustomed at that stage to flouting U.N. sanctions and resolutions with no serious penalty, this was a turning point. By Sept. 12, the political landscape had shifted. Saddam was in America’s sights.
That raises the question of whether Saddam, possibly scrambling to recruit additional allies and support, might have turned to Annan’s special adviser to the EC. The further question, then, is when exactly in the Oil-for-Food phase that ran from July-November, 2001, Merimee might have received that first Iraqi oil allocation. The question following on that — in light of Merimee’s appearance on the Al Mada list, the Duelfer list, and now in a French court — is what Annan might know of the behavior and counsel of his former envoy. Or, for that matter, what Merimee might know about Annan.

These are matters on which Paul Volcker’s U.N.-authorized probe into Oil-for-Food should be striving to enlighten us. Volcker, in his massive « main report » issued last month, focused on the role of the U.N. headquarters in Oil-for-Food. But he made not a single mention of former Under-Secretary-General Merimee, although allegations about Merimee’s role had been out there since before Volcker began his inquiry in mid-2004, and the French investigation into Merimee had been public knowledge since at least this past July.

Volcker is expected to release one more report, in the next few weeks, dealing with companies involved in Oil-for-Food. At the very least, he might be expected to explore the identity of the mysterious « Fenar Petroleum (Swiss), » which does not appear in publicly available records of companies approved to do business with Saddam, but is alleged by Duelfer to have lifted oil from U.N.-supervised Iraq on behalf of Merimee. There was a Fenar Petroleum based not in Switzerland, but in Liechtenstein, which was authorized by the U.N. to deal with Saddam. But that company in its own right raises disquieting questions, also begging explanation from Volcker. Under Oil-for-Food, the U.N. was supposed to ensure that Saddam sold oil not to middlemen, and especially not to front companies, but to end users — to minimize the opportunities for graft and maximize oil revenues meant for relief. According to Volcker’s own scant and cryptic data released so far, Fenar, based in Liechtenstein (a principality with 34,000 inhabitants), was the 11th-largest of Saddam’s 248 U.N.-authorized purchases of oil — buying more than $1.1 billion worth of oil during the last three years of the program. You don’t have to be a former chairman of the Federal Reserve to know that looks odd. Fenar out of Switzerland is yet another question mark.

Yet more mystery attends upon the U.N.’s handling in recent years of Jean-Bernard Merimee’s U.N. status — which recently entailed one of those Orwellian U.N. moments. Although the secretary general’s office now claims that Merimee’s work for the U.N. ended in February, 2002, he was listed until July, 2005 on Kofi Annan’s section of the U.N. website as an active special adviser to the secretary general.

To be precise, Merimee’s name was on Annan’s select list of special and personal representatives and envoys until July 26 of this year, when I asked Annan’s office where I might contact him. The next day, July 27, Merimee’s name vanished from Annan’s website list. When I asked the U.N. about the abrupt and unannounced disappearance, Annan’s spokesman said it had been an « oversight » that although Merimee’s « official affiliation » with the U.N. ended in 2002, his name had remained on Annan’s public list of special envoys for another three years and five months. The U.N., I was told, had merely updated the list. The spokesman added that the U.N. had no knowledge of Merimee’s whereabouts, not even a phone number.

Even by the standards of U.N. bureaucracy, Merimee’s lingering calling card seems to have been a monumentally persistent oversight, suggesting at best that Annan holds cheap the designation of high U.N. rank. Other entries on the list showed it had been updated by way of at least 60 new entries since Merimee was supposed to have departed. There was also at least one more update earlier this year, involving the removal of the name of another of Annan’s top advisers and envoys, Canadian Maurice Strong — who stepped aside in April in connection with a U.S. federal investigation related to Oil-for-Food. Throughout, Merimee remained on the list.

Whatever the explanation the U.N. might now choose to offer, both the timing of Merimee’s three-year stint as Annan’s man in Europe and his six-year listing by the U.N. as a member of Annan’s personal top « team » suggest the real bottom line. While a number of others now under investigation in France may stand out in the global oil-for-food saga chiefly for being French, the tale of Jean-Bernard Merimee belongs properly to realms of inquiry surrounding the U.N. secretary general himself.

— Claudia Rosett is a journalist in residence at the Foundation for the Defense of Democracies.

3 Responses to ONU/France: Boidevaix/Mérimée: l’arbre qui cache la forêt? (Oil for food scandal: the French media blackout continues)

  1. […] de son personnel diplomatique ou des profits plus terre à terre de certains en popularité ou en enrichissement personnel, des gestes aussi aberrants que le tristement célèbre incident du souk mis en scène par le […]

    J’aime

  2. […] la question de la singulière mansuétude de nos médias pour le comportement de nos soldats, diplomates ou hauts fonctionnaires à l’étranger […]

    J’aime

  3. jcdurbant dit :

    Selon un document irakien du 6 mai 2002, rendu public par l’une des commissions de la Chambre des représentants enquêtant sur le scandale «Pétrole contre nourriture», une rencontre a eu lieu entre un agent des services de renseignement irakiens et Roselyne Bachelot, alors porte-parole de la campagne de Chirac. Bachelot était auparavant la présidente du groupe d’amitié France-Irak à l’Assemblée. Elle aurait assuré à son interlocuteur que «la France utiliserait son droit de veto au Conseil de sécurité contre toute décision américaine d’attaquer l’Irak» (cela se passait près d’un an avant la crise franco-américaine) et aurait promis que Paris travaillerait à la levée des sanctions. L’agent a proposé à Bachelot une «aide financière» à la campagne de Chirac. Mais, plus tard, un responsable de la campagne a fait savoir «qu’ils ne demandaient pas d’argent». Selon un autre document de février 2002, Saddam a «ordonné l’amélioration de l’approche de la France». Des contacts ont alors été pris avec diverses figures : Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Delors, Charles Pasqua, Jean-Pierre Chevènement, Pierre Joxe.

    http://www.liberation.fr/monde/2005/05/14/troubles-amities-franco-irakiennes_519757

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