Irak: Le Monde avoue discrètement qu’il publie des chiffres bidonnés (How to lie with numbers: a short guide by Le Monde)

screwingthefacts | Mike Sivier's blog
In its latest edition, the Lancet publishes the estimate of some researchers at Johns Hopkins University that there have been “654,965 excess Iraqi deaths as a consequence of the war.” The figure is both oddly exact and strangely imprecise: It does not clearly state, for example, that all these people have actually been killed, but it does suggest a steep climb in the Iraqi death rate. In its attribution of cause, it is also more vague than it may appear. These deaths are the claimed result, be it noted, of “the war.” In December 1995, the Lancet published another equally disturbing document, this time a letter to the editor from Sarah Zaidi and Mary C. Smith Fawzi. They relayed the findings of a study they conducted for the U.N. Food and Agriculture Organization that estimated that 567,000 Iraqi children had died “as a consequence” of sanctions imposed on Iraq by the United Nations in August 1990. Note, again, the slightly subjective definition of cause of death. (…)There have been several challenges to the epidemiology of the Lancet/Johns Hopkins team concerning their definition of a population sample. And it’s been noticed that Dr. Richard Horton, the editor of the magazine, is a full-throated speaker at rallies of the Islamist-Leftist alliance that makes up the British Stop the War Coalition. But I see no reason in principle why anyone who endorsed the liberation of Iraq, and who opposes the death squads of the Baathist/jihadist “insurgency,” should want or need to argue that the casualty figures are any lower. Let us assume, for the sake of argument, that they are correct. We then enter an area of evidence and reasoning where epidemiologists are not the experts. If the cause of all this death is “the war,” does that mean that the coalition has killed nearly 700,000 Iraqis? Of course it means nothing of the sort. Indeed, if you look more closely, you will see that less than one-third of the surplus deaths are attributed, even by this study, to “Allied” military action. Grant if you wish that this figure is likely to be more exact, since at least the coalition fights in uniform and issues regular statistics. That leaves, according to the Lancet, a pile of corpses nearly half a million high. Here, the cause of death becomes suddenly less precisely identifiable. We are told that 24 percent of the violent deaths were caused by “other” actors, and 45 percent of them by “unknown” ones. If there is any method of distinguishing between the “other” and the “unknown,” we are not told of it. Make the assumption that some percentage of those killed by the coalition are the sort of people who have been blowing up mosques, beheading captives on video, detonating rush-hour car bombs, destroying pipelines, murdering aid workers, bombing the headquarters of the United Nations, and inciting ethnic and sectarian warfare. Make the allowance for the number of bystanders and innocents who lost their lives in the combat against these fanatics (one or two, alas, in the single case of the precision bombing of Abu Musab al-Zarqawi, just to take one instance). But who is to say how many people were saved from being murdered by the fact that the murderers were killed first? Just in the last few days, we have read reports of a Sunni Muslim vice president of Iraq who has had three members of his family killed, and of the delightful insurgent practice of leaving “IEDs” in the mountains of garbage that bestrew Baghdad’s slums so that ragpickers and garbage collectors can be randomly killed. No doubt the relatives of these victims report “excess deaths” in their family circle, as indeed they should. And it is true that some of the killers are sheltered within parties that have connections to the government. But the “tit for tat” confessional killings were and are a deliberate tactic of the insurgency and now threaten to spread into mass reprisals on both sides, while all the effort of the coalition is devoted to negotiating a compromise between the country’s factions. It is simple moral idiocy to fail to distinguish between these phenomena. (…) The Lancet figures are almost certainly inflated, not least because they were taken from selective war-torn provinces. But there is no reason why they may not come to reflect reality more closely. It is a reminder of the nature of the enemy we face, and not only in Iraq, and a very clear picture of the sort of people who would have a free hand in Iraq if the coalition were to depart. Christopher Hitchens
La méthodologie retenue, souvent utilisée dans le cadre de l’étude de phénomènes épidémiologique à distribution relativement homogène, ne l’est pas dans le cas de phénomènes à distribution très hétérogène comme les dommages de guerre menées selon l’approche moderne des frappes ciblées. Extrapoler sur tout le territoire des chiffres de mortalité issus de territoires fortement ciconscrits ne peut conduire qu’à des erreurs de magnitude élevée. Si on enlève la zone de Fallujah, où les combats furent violents, et où 52 des 73 morts violentes de l’étude ont été comptabilisées, seules 21 morts « attribuées à l’intervention » ont été relevées dans 14 des 32 autres clusters étudiés. Cela veut donc dire que l’on a relevé dans 18 clusters zéro morts violentes, dans la plupart des 14 autres clusters 1 (le plus souvent) ou 2 morts. Voilà qui apporte de l’eau au moulin de la démonstration des universitaires de Chicago: on ne peut, sur des nombres aussi faibles, effectuer des extrapolations sur tout le territoire irakien. Une erreur d’une seule unité dans un, voire plusieurs clusters, entraîne de facto une chute de fiabilité de toute l’enquête. La question est donc de savoir si le reporting des morts avant et après l’intervention est fondé. Or justement… …Les morts recensées l’ont été sur des bases déclaratives, mais les vérifications semblent avoir été sommaires, non pas tant sur la réalité des décès cités (l’étude affirme que 81% des certificats de décès ont été présentés) que sur la cause réelle à laquelle la mort est imputée. Or, …Sur chacune des 33 zones (« clusters ») de l’enquête, 30 familles ont été interviewées, 988 ont répondu. Sachant qu’il existe dans certaines zones un « certain pourcentage » minoritaire selon les sondages, mais non négligeables, de familles opposées à l’intervention, il est tout à fait possible que les déclarations de certaines de ces familles aient exagéré le nombre de morts imputables à la violence, ou aient omis de signaler des morts antérieures à l’intervention (comment vérifier une mort non déclarée ?). Dans des zones ou seulement une, voire deux morts violentes ont été reportées après l’intervention, une telle incertitude sur la fiabilité des déclarations laisse songeur. Les auteurs de l’étude savent parfaitement que la fiabilité de leurs chiffres est douteuse, puisqu’ils affirment que « en excluant l’anomalie statistique que constitue Fallujah, le risque mortel a augmenté dans une proportion de 1.5 (1.1-2.3 CI95%), et que le nombre de décès supplémentaires par rapport à ce qu’auraient été ces décès sans intervention est de 98.000 (8.000-194.000 CI 95%) ». Chaque mot est important. Cela veut dire que les chiffres obtenus permettent seulement d’affirmer que il y a 95% de certitudes (CI= intervalle de confiance) que le nombre de morts civiles occasionnées par le conflit se situe entre 8.000 et 194.000 soit un rapport de 1 à… 24 (!) entre les fourchettes basse et haute ! Ahem! Idem pour le risque de mortalité qui aurait selon l’étude augmenté de 10 à 130% (1.1 à 2.3, facteur d’incertitude de 1 à 13 !). L’étude se contente d’affirmer que la moyenne des extrêmes constitue une « supposition conservatrice », c’est à dire une fourchette basse, du nombre de morts réelles, hors Fallujah, mais ne donne rigoureusement aucune réponse sérieuse sur le choix de la moyenne comme valeur la plus probable au sein de l’intervalle de confiance. Un peu comme si un sondeur avait déclaré avant les dernières présidentielles françaises que le score de Jean Marie Le Pen se situerait entre 4 et 96% (1 à 24…) aux élections de 2002 avec 95% de certitude (belle prise de risque !), et en aurait déduit que son score le plus problable se situait à la moyenne de ces deux extrêmes, soit 50%. Quel commentateur aurait accordé du crédit à de telles « déductions » ? C’est pourtant un raisonnement rigoureusement similaire qui nous est servi ici. De qui se moque-t-on ? Une façon plus honnête d’énoncer de tels résultats eut été de dire que compte tenu de l’étendue des fourchettes relevées, et de l’importance des facteurs d’incertitudes trouvés, aucune conclusion fiable ne pouvait être tirée de l’étude. Mais les auteurs n’ont pas hésité à affirmer que le nombre de morts civiles imputables au conflit était de 100.000, et ont signalé de façon parfaitement accessoire et non intelligible pour une personne n’entendant rien aux statistiques (soit entre 92 et 99.5% de la population – CI 90%, selon mon pifomètre) que les chiffres obtenus étaient aussi précis que les comptes d’Enron. Sachant que le médecin ayant supervisé l’étude (Dr Roberts, de John Hopkins) a été, selon plusieurs commentateurs, un activiste anti intervention particulièrement engagé, la parution de conclusions aussi légèrement étayées en des termes aussi péremptoires à 5 jours de l’élection américaine relève très probablement d’une opération de propagande que l’on pourrait qualifier de grotesque si le sujet n’en était pas aussi grave. Le biais pourrait encore être plus important. En effet, l’étude déduit de son enquête une mortalité « avant » et « après » intervention. Or, la mortalité infantile citée par l’étude avant intervention est très inférieure à celle calculée entre 1994 et 1999 par l’UNICEF (voir les conclusions de l’étude), fondée sur un échantillon 40 fois plus important (40.000 foyers) que celui de l’équipe Roberts. Si l’étude Roberts a, sciemment ou non, sous-estimé la mortalité avant intervention, alors elle a de facto surestimé la fourchette dans laquelle se situe l’augmentation du risque mortel (1.1-2.3) depuis le début de l’intervention. Il se pourrait même que la fourchette basse se situe à moins de 1, ce qui laisserait une probabilité non nulle que ce risque soit inférieur à ce qu’il était avant l’intervention. Encore une incohérence: sachant que les militaires estiment en général à 3 pour un la proportion de blessés par rapport à celles des tués dans des opérations de bombardement « aveugle », où sont donc les environ 300.000 blessés que les hopitaux auraient dû soigner suite aux opérations ayant soit-disant causé ces 100.000 morts ? comment se fait il qu’aucun de ces « grands médias » pourtant friands d’éléments à charge contre l’Amérique honnie n’ait évoqué un raz de marée de blessés de guerre dans les hôpitaux irakiens ? (…) Gageons que ni le Monde ni TF1 ni aucun des autres médias ne se fendront du moindre communiqué de rectification si cette nouvelle affaire de bidonnage venait à prendre de l’ampleur. Pas plus qu’ils ne s’étendent sur le « Rathergate », ou sur la corruption de plusieurs personnalités françaises proche du pouvoir dans le scandale « oil for food » initialement révélé par le quotidien Irakien Al Mada. Dormez tranquilles, chers lecteurs, ce ne sont pas les quelques blogs archi confidentiels qui osent remettre en doute la parole de nos médias soi disant « de référence » qui changeront quoi que ce soit à la croyance désormais ancrée dans l’esprit de la majorité. Répétez tous en choeur, s’il vous plait: « l’intervention alliée, au bout de 18 mois, à causé au moins 100.000 morts ». Pour ma part, je m’en tiendrais au chiffre de l’IraqBodyCount (14-16.000), basé sur un recensement exhaustif des décès rapportés par les médias sur place. Concernant les terribles combats qui se sont déroulés en avril à Fallujah, l’IBC estime le nombre de morts civiles entre 572 et 616. Même si ce chiffre est élevé dans l’absolu, on ne voit pas comment, avec moins de 1000 décès civils survenus lors des combats les plus durs entre les forces alliées et les milices anti-démocratiques, il serait possible d’extrapoler 100.000 morts ou plus sur le territoire irakien alors que l’immense majorité de ce territoire est aujourd’hui revenu au calme, l’essentiel des heurts étant de plus faible intensité et se produisant dans quelques zones bien définies (triangle sunnite Bagdad-tikrit Fallujah, et Najaf). Certains estiment que le nombre de victimes réelles est sans doute un peu plus élevé, car certains décès peuvent avoir échappé au médias. Ils parlent d’une possibilité d’atteindre 20, voire 25.000, voire 30.000 morts maximo-maximorum, ce qui serait déjà un chiffre susceptible de choquer en lui même. La remarque est tout à fait valide. Ceci dit, ces commentateurs oublient de préciser que souvent, dans ce type de conflit, le recomptage « à froid » des victimes effectué une fois le calme revenu et la liberté d’enquêter assurée, abaisse parfois le nombre de victimes réelles par rapport aux premières annonces médiatiques. Ainsi, Mark Cooper, encore lui, rappelle que l’intervention américaine (déjà) à Panama avait été estimée à 4.000 morts au moment du conflit, alors que le décompte réel final est ressorti à 500. On pourrait aussi se remémorer des exemples célèbres de Timisoara, ou de Jénine. Dans ce dernier cas, une intervention de l’armée israélienne contre des terroristes retranchés dans un camp de réfugiés avait suscité des rapports parlant de plusieurs centaines de morts civiles. Un décompte de l’ONU a montré que le nombre de morts totales était de 52, pour la plupart des terroristes et leurs complices. On peut donc supposer qu’il existe une possibilité non négligeable que certains rapports médiatiques des violences en Iraq surestiment, volontairement ou non, le nombre réel de victimes. Dans quelle mesure cela affectera-t-til à la baisse les chiffres de l’IBC ? Seule l’histoire le dira. Certains diront qu’entre 15.000 et 100.000 morts, il n’y a guère de différence, (sauf pour les 85.000 qui ne sont pas morts !) et que cela discrédite de toute façon le bien fondé de l’opération. Libre à eux d’oublier que la mort violente administrée en masse était une composante essentielle de la tyrannie exercée par Saddam sur son peuple, et que si l’Irak démocratique parvient à stabiliser ses fondations, il existe un espoir réel de voir ce cycle mortifère s’achever, ce qui n’aurait pas été le cas si Saddam était resté en place. Il ne s’agit pas ici de tenir une simple comptabilité macabre, mais de tenter si possible de s’opposer à une énième tentative de désinformation anti-américaine qui ne pourra qu’affaiblir, si elle s’avère réussie, la seule puissance capable de mener une nécessaire lutte contre des organisations terroristes de plus en plus meurtrières et les gouvernements qui les soutiennent. (…) Trouvé encore une autre très intéressante déconstruction de « l’étude » du Lancet. Entre autres constats, le fait que des bombardements aveugles auraient tué à peu près autant d’hommes que de femmes, alors que l’essentiel des victimes relevées par l’étude sont des hommes en âge de combattre, pourrait signifier que l’enquête n’a pas su (ou voulu ?) faire de différence entre les morts civiles (« dommages collatéraux ») et les morts de terroristes anti-démocratie, euh, pardon, de résistants à l’invasion impérialiste. Vincent Bénard
M. Garlasco dit maintenant qu’il n’avait pas lu le rapport à l’époque et qualifie sa citation du Washington Post de ‘vraiment regrettable’. Il dit qu’il a dit au journaliste »Je ne l’ai pas lu, je ne l’ai pas vu. Je n’y connais rien alors je ne devrais pas le commenter. Mais comme tout bon journaliste, il a réussi à me le faire commenter. Lila Guterman (sur l’étude sur la mortalité en Irak publiée par the Lancet en octobre 2006)
Une étude effectuée sur place par l’institut britannique Opinion Research Business avançait, en juillet 2007, le chiffre total de 1,2 million de morts. L’armée américaine ne fournit pas de bilan des victimes irakiennes. Selon Human Rights Watch, les vingt années de règne de Saddam Hussein auraient coûté la vie de 250 000 à 290 000 civils irakiens, victimes des guerres non comprises. Le Monde du 23.03.08 (« Victimes irakiennes: de 220 000 à 1,2 million« )
En Irak, le CRED a évalué le bilan, jusqu’en juin 2006, entre 120 000 et 130 000 morts (…) et estime que l’étude très controversée publiée par The Lancet souffre de deux handicaps: l’engagement contre la guerre de certains de ses auteurs et l’absence de contrôle de la qualité des données recueillies sur place par des équipes irakiennes. (…) Comment savoir qu’un échantillon est représentatif ? Ou qu’un “sondé” n’exagère pas le nombre de morts dans sa famille, pour discréditer l’occupant ou recevoir plus d’aide? Le Monde du 11.04.08 (« Les bilans des morts de guerres, enjeux politiques »)

Après la Cisjordanie, Gaza, le Liban

Le Monde avoue discrètement qu’il publie des informations bidonnées

Cinq ans après le début de la guerre en Irak, une vaste étude du CRED, publiée dans la plus grande discrétion, confirme la surévaluation systématique des bilans humains de l’intervention anglo-américaine, que le Monde avait mis en avant pour condamner l’invasion de l’Irak.

On apprend ainsi, d’un journal qui nous avait déjà fait le coup avec les fausses « colonnes infernales » et les suicides des soldats américains et qui en un mois passe tranquillement de 1,2 million à 120 000 victimes (voir plus haut, avec la comparaison particulièrement éclairante… des 250 000 victimes de Saddam en 20 ans!)…

Et au milieu de toutes sortes d’autres chiffres (Congo, Kosovo, Darfour) pour bien noyer le poisson …

Qu’en fait ces chiffres sont des extrapolations recueillies à la manière des sondages sur la base d’enquêtes amalgamant les victimes non seulement des guerres …

Y compris, comme le rappelle l’essayiste anglais Christopher Hitchens, les guerres civiles internes …

Mais de leurs conséquences (sous-alimentation, maladies, manque d’accès aux soins) …

Qui du fait des a priori des « sondés » (« discréditer l’occupant, recevoir plus d’aide ») …

Comme des biais des techniques utilisées et de l’engagement politique de ses auteurs …

Peuvent facilement varier… de un à dix !

Les bilans des morts de guerres, enjeux politiques
Le Monde
11.04.08
NEW YORK (NATIONS UNIES) CORRESPONDANT

Les bilans, communément cités, dépassent l’entendement et bousculent les consciences : 5,4 millions de morts en République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre) depuis 1997, selon l’International Rescue Committee (IRC) ; plus de 650 000 morts en Irak entre 2003 et 2006, selon une enquête publiée par le magazine médical The Lancet ; 400 000 morts au Darfour depuis 2003, selon l’organisation Save Darfur.

Ces chiffres ont contribué à tirer de l’indifférence des populations martyrisées. Mais sont-ils justes ? Fruits de techniques récentes, qui cumulent les approximations, ils sont en tout cas rarement expliqués ou présentés avec les précautions dues.

A la manière de sondages, ces bilans sont des extrapolations, produites sur la base d’enquêtes auprès de quelques centaines ou de milliers de foyers, plus ou moins représentatifs, qu’on interroge sur le nombre de personnes décédées dans leur famille. Selon les techniques retenues ou les inclinaisons des auteurs, les résultats varient considérablement. Au Darfour, les bilans les plus pessimistes (plus de 450 000 morts, selon le militant Eric Reeves) sont quatre fois supérieurs aux bilans les plus prudents. En Irak, les chiffres les plus alarmistes (plus d’un million de morts, selon Opinion Research Business, un institut de sondage britannique) sont dix fois supérieurs aux estimations conservatrices.

La pratique est « devenue un monstre : tout le monde fait des échantillons », estime Debarati Guha-Sapir, directrice, à l’université de Louvain, du Center for Research on the Epidemiology of Disasters (CRED), une référence. « C’est très vite politisé », ajoute la chercheuse, qui prédit que « le château de cartes va s’écrouler ». Et de citer la guerre en Bosnie, où le bilan des victimes, longtemps évalué à 200 000, a depuis été établi à près de 100 000 morts. « Les lobbies de bonne volonté, comme Save Darfur, font du tort à la vérité et à leur cause », estime Mme Guha-Sapir, qui craint un « effet boomerang » pour les scientifiques qui s’efforcent de compter objectivement les morts.

Alors que, jusqu’à la guerre du Kosovo ou aux troubles au Timor-Oriental, les bilans ne reflétaient que les victimes des violences, les chiffres les plus cités additionnent aujourd’hui les victimes des conséquences des guerres : sous-alimentation, maladies, manque d’accès aux soins…

En RDC, selon l’IRC, moins de 0,4 % des morts sont attribuées aux violences. Au Darfour, environ les trois quarts des victimes sont mortes de malaria, de diarrhées et autres causes indirectes. Ce calcul est, plus encore, subjectif. Il consiste à évaluer la « surmortalité » dans une zone, c’est-à-dire la différence entre la mortalité qu’on aurait pu anticiper en temps de paix et la mortalité observée dans le conflit. Si, faute de chiffres solides, la mortalité avant le conflit est sous-évaluée, le bilan de la guerre est mécaniquement surévalué.

A condition d’être clairement expliquée, la présentation du bilan global d’un conflit reste pertinente, dans la mesure où elle reflète mieux le véritable coût humain. Mais c’est rarement le cas.

Du coup, cette présentation peut être « fondamentalement trompeuse », estime Andrew Mack, directeur de l’institut Human Security Center, qui juge la réalité « suffisamment terrible » pour éviter les dramatisations.

En août 2007, Save Darfur a été épinglé par la British Advertising Standards Authority, gardienne de la véracité des publicités, pour une campagne qui affirmait, sans preuves : « En 2003, le président soudanais Omar Al-Bachir (…) a lancé des milices armées brutales pour massacrer des villages entiers de ses propres citoyens. Trois ans plus tard, 400 000 hommes, femmes et enfants innocents avaient été tués. »

En novembre 2006, le Government Accountability Office (GAO, qui enquête pour le Congrès américain) a soumis les principales études sur la mortalité au Darfour au contrôle de douze experts en épidémiologie, statistiques et histoire de la région.

Aucune des études n’a pleinement convaincu le panel, qui a toutefois jugé que la plus solide était celle du CRED, lequel a évalué à 125 000 (intervalle 95 000 à 210 000) le nombre de victimes de février 2003 à juin 2005, dont près de 33 000 à cause des violences (intervalle 25 000 à 50 000). L’estimation retenue dans la presse de référence s’appuie, elle, sur des déclarations de l’ancien coordonnateur humanitaire de l’ONU, Jan Egeland, qui, en mars 2005, a extrapolé des chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour évaluer à 200 000 les victimes directes et indirectes du conflit. Ce chiffre était alors, selon le CRED, vraisemblablement excessif, mais il n’a jamais été mis à jour pour refléter la poursuite du conflit, et, selon Debarati Guha-Sapir, il semble désormais « raisonnable ».

En Irak, le CRED a évalué le bilan, jusqu’en juin 2006, entre 120 000 et 130 000 morts et estime que l’étude très controversée publiée par The Lancet souffre de deux handicaps : l’engagement contre la guerre de certains de ses auteurs et l’absence de contrôle de la qualité des données recueillies sur place par des équipes irakiennes.

Selon Olivier Degomme, chercheur au CRED, les méthodes utilisées par les épidémiologistes, les démographes ou les biostatisticiens pour compter les morts « n’ont jamais été validées à 100 % ». Utilisées par l’OMS il y a quinze ans pour des campagnes de vaccination, ces techniques ont été étendues aux enquêtes nutritionnelles puis de mortalité, et, bien qu’elles donnent une idée de la « magnitude » des conflits, « on commence à en voir les limites », admet le médecin. Comment savoir qu’un échantillon est représentatif ? Ou qu’un « sondé » n’exagère pas le nombre de morts dans sa famille, pour discréditer l’occupant ou recevoir plus d’aide ?

Parmi les défenseurs des droits de l’homme, l’avalanche de chiffres suscite des interrogations. Selon Iain Levine, directeur de programme de Human Rights Watch, l’organisation « a passé du temps à tenter de maîtriser ces approches quantitatives » et « essaye de donner des chiffres conservateurs quand la source est jugée digne de confiance ». Ne vaut-il pas mieux afficher les scénarios les plus pessimistes, pour alerter l’opinion ? « Notre crédibilité et notre aptitude à changer les choses est mieux servie à long terme en étant prudents », estime M. Levine.

Philippe Bolopion
Références

Organisation des Nations unies (ONU) : agences humanitaires et tribunaux internationaux (www.un.org).

Center for Research on the Epidemiology of Disasters (CRED) : étude des « désastres » en santé publique et de leurs aspects socio-économiques (www.cred.be).

Physicians for Human Rights (PHR) : enquêtes de santé publique par des médecins et des scientifiques (physiciansforhumanrights.org).

Crimes of War Project : étude des crimes de guerre par des juristes et des journalistes (www.crimesofwar.org).

Online Encyclopedia of Mass Violence : étude des « violences de masse » par des historiens (www.massviolence.org).

Voir aussi:

The Lancet’s Slant

Epidemiology meets moral idiocy.

The word lancet means either an old-fashioned surgical knife used to open a vein for the once-popular cure-all remedy of “bleeding” or “bloodletting,” or (in architecture, especially Gothic) a rather narrow window. Both metaphors seem apt for the British medical journal of the same name, which appears to be seeking a reputation for conjuring bloodbaths and then reviewing them through a slitlike aperture.

In its latest edition, the Lancet publishes the estimate of some researchers at Johns Hopkins University that there have been “654,965 excess Iraqi deaths as a consequence of the war.” The figure is both oddly exact and strangely imprecise: It does not clearly state, for example, that all these people have actually been killed, but it does suggest a steep climb in the Iraqi death rate. In its attribution of cause, it is also more vague than it may appear. These deaths are the claimed result, be it noted, of “the war.”

In December 1995, the Lancet published another equally disturbing document, this time a letter to the editor from Sarah Zaidi and Mary C. Smith Fawzi. They relayed the findings of a study they conducted for the U.N. Food and Agriculture Organization that estimated that 567,000 Iraqi children had died “as a consequence” of sanctions imposed on Iraq by the United Nations in August 1990. Note, again, the slightly subjective definition of cause of death.

We haven’t heard so much about the massacre of the innocents by sanctions of late, because the sanctions were lifted since the overthrow of Saddam Hussein. But even before the invasion, the subject largely disappeared when “anti-war” forces suddenly decided that sanctions were permissible after all because they were helping to keep Saddam “in his box.” The oil-for-food revelations also helped the complaints against sanctions go away by making it abundantly plain that those Iraqi children were dying because of sanctions-plus-Saddam. But it does seem, according to the Lancet, that hundreds of thousands of Iraqis were doomed to die, one way or another, in peace or in war, unless Saddam was left unmolested. Since the signature features of Iraq under the Saddam regime were the killing field abroad and the mass grave at home, this seems to leave few good options.

There have been several challenges to the epidemiology of the Lancet/Johns Hopkins team concerning their definition of a population sample. And it’s been noticed that Dr. Richard Horton, the editor of the magazine, is a full-throated speaker at rallies of the Islamist-Leftist alliance that makes up the British Stop the War Coalition. But I see no reason in principle why anyone who endorsed the liberation of Iraq, and who opposes the death squads of the Baathist/jihadist “insurgency,” should want or need to argue that the casualty figures are any lower. Let us assume, for the sake of argument, that they are correct. We then enter an area of evidence and reasoning where epidemiologists are not the experts.

If the cause of all this death is “the war,” does that mean that the coalition has killed nearly 700,000 Iraqis? Of course it means nothing of the sort. Indeed, if you look more closely, you will see that less than one-third of the surplus deaths are attributed, even by this study, to “Allied” military action. Grant if you wish that this figure is likely to be more exact, since at least the coalition fights in uniform and issues regular statistics. That leaves, according to the Lancet, a pile of corpses nearly half a million high. Here, the cause of death becomes suddenly less precisely identifiable. We are told that 24 percent of the violent deaths were caused by “other” actors, and 45 percent of them by “unknown” ones. If there is any method of distinguishing between the “other” and the “unknown,” we are not told of it.

Make the assumption that some percentage of those killed by the coalition are the sort of people who have been blowing up mosques, beheading captives on video, detonating rush-hour car bombs, destroying pipelines, murdering aid workers, bombing the headquarters of the United Nations, and inciting ethnic and sectarian warfare. Make the allowance for the number of bystanders and innocents who lost their lives in the combat against these fanatics (one or two, alas, in the single case of the precision bombing of Abu Musab al-Zarqawi, just to take one instance). But who is to say how many people were saved from being murdered by the fact that the murderers were killed first?

Just in the last few days, we have read reports of a Sunni Muslim vice president of Iraq who has had three members of his family killed, and of the delightful insurgent practice of leaving “IEDs” in the mountains of garbage that bestrew Baghdad’s slums so that ragpickers and garbage collectors can be randomly killed. No doubt the relatives of these victims report “excess deaths” in their family circle, as indeed they should. And it is true that some of the killers are sheltered within parties that have connections to the government. But the “tit for tat” confessional killings were and are a deliberate tactic of the insurgency and now threaten to spread into mass reprisals on both sides, while all the effort of the coalition is devoted to negotiating a compromise between the country’s factions. It is simple moral idiocy to fail to distinguish between these phenomena.

The sanctions against Iraq were imposed because, for the second time in a decade, Saddam Hussein had forcibly occupied the territory of a neighboring state. (The number of Iranians and Kuwaitis killed as a result was quite horrifying.) In the meantime, his regime undertook a planned campaign of extermination in Kurdistan and conducted indiscriminate massacres in the south. Saddam laundered oil-for-food payments through the baby-formula market to help finance his palace-building, while Iraqi children were starved or stunted. His successors and allies did not allow one day of peace after the invasion before launching a hair-raising campaign of murder and sabotage and consciously inciting a civil war. The Lancet figures are almost certainly inflated, not least because they were taken from selective war-torn provinces. But there is n reason why they may not come to reflect reality more closely. It is a reminder of the nature of theenemy we face, and not only in Iraq, and a very clear picture of the sort of people who would have a free hand in Iraq if the coalition were to depart.

Voir également:

100.000 morts, à 92.000 près

vincent bénard

Objecitf liberté

C’est « officiel ». TF1 l’a claironné, le Monde a repris l’info sans aucun examen critique: l’intervention des troupes américaines et de leurs alliés en Irak a provoqué pas moins de 100.000 victimes civiles. 100.000 ! Une étude publiée par « The lancet »(enregistrement gratuit nécessaire, il y a aussi un PDF plus complet de 8 pages, idem), LA référence en matière médicale, l’atteste. Fermez le ban, la messe est dite. Dans les conversations de salon, les articles de presse, et demain sans doute nos livres d’histoire homologués, vous n’échapperez pas à ce chiffre hautement symbolique (100.000 ! pas 127.500 ou 87.000, non, cent mille, un compte bien rond, bien vendeur médiatiquement…), « ces enculés d’américains ont tué 100.000 civils irakiens pendant leur guerre de merde » (j’allais oublier: « pour voler le pétrole »). Et malheur à l’hérétique qui osera contester ce chiffre. Au pays de la pensée unique, les gardiens du temple politiquement correct s’empresseront de le ridiculiser, de brûler ses paroles, de lancer des fatwas contre l’impudent. Maintenant que c’est repris par Le Monde et le JT, mon bon monsieur, c’est « LA » vérité. Point barre.

Quel grand média hexagonal s’est demandé pourquoi une telle étude paraissait 5 jours avant l’élection américaine ? aucun.

Quelle télévision de notre beau pays a eu la perspicacité de noter que les précédentes estimations conduites par les activistes très anti-guerre d’Iraqbodycount situaient le nombre de vitimes civiles du conflit entre 14.000 et 16.000 ? Aucune à ma connaissance. Certes, 15.000 morts civiles sont déjà un chiffre conséquent. Certains pensent qu’il est légèrement sous évalué – je ne suis pas d’accord sur ce point, j’y reviendrai…

15.000 morts, ce n’est pas qu’un chiffre brut, ce sont 15.000 personnes que tout être censé aurait préféré ne pas voir mourrir pendant une guerre. Bien entendu, toutes les sensibilités par rapport à cette donnée sont envisageables. Certains diront que 15.000 morts, c’est beaucoup trop, d’autres diront que par rapport à d’autres conflits, c’est « peu » dans le cadre d’une guerre aboutissant à la libération d’un pays d’une dictature des plus brutales. D’autres rappelleront que l’alternative à ces 15.000 morts (en 18 mois) n’était pas une vie paisible pour le peuple Irakien mais un nombre annuel de morts au minimum équivalent, et sans doute supérieur en rythme moyen (toujours cette froideur des statistiques…) dues à la répression sans pitié menée par le régime de Saddam Hussein contre toute forme de dissidence, réelle ou seulement présupposée. Quelque soit l’option choisie par les USA et leurs alliés à l’aube de l’année 2003, une seule chose était certaine, c’est que le spectre de la mort violente ne disparaitrait pas du jour au lendemain du paysage irakien. Et jusqu’ici, donc, « on » estimait que 15.000 personnes civiles avaient trouvé la mort du fait du conflit.

15.000, ce n’était sans doute pas assez pour certains. Alors curieusement, à 5 jours des élections américaines, un gros pavé est lancé dans la médiasphère. 100.000 morts, pour la plupart imputées à la coalition. Dresde. Le Vietnam. Le Nicaragua… Nagasaki. La source choisie par les auteurs de l’étude pour diffuser leurs « travaux » ? The Lancet. Prestige. Rigueur. Inattaquable. Effet assuré. Manchettes. Gros titres au JT. Opinions marquées au fer rouge de l’anti-Bushisme-américanisme primaire. « Ce Bush, quel salaud. Ces américains, quels bouchers. »

Seul problème: l’étude en question est scientifiquement totalement biaisée, et les auteurs n’ont accepté de la livrer au  »Lancet » que si celui ci s’engageait à la publier juste avant les élections.

Affabulations d’un pro-intervention aigri ? Non. Plusieurs réfutations méthodologiques sont déjà publiées de sources diverses. Certes, la première, issue du groupe d’universitaires très libéral (au sens européen) et usuellement pro-bushiste sur la question de l’Irak (moins sur d’autres) des Chicago Boy’z, vous semblera de peu de poids, encore qu’elle soit rigoureusement valide d’un point de vue mathématique. De même ceux qui voient l’emprise des néo-conservateurs partout balaieront d’un simple revers de manche cet article du trop partisan « techcentralstation », bien que cette publication soit, à mon avis, un modèle de sérieux.

Mais lorsque le magazine non partisan en ligne « Slate », souvent critique vis à vis de G.W.Bush lorsqu’il l’estime nécessaire, publie une démolition parfaitement argumentée de l’étude, voila qui change la donne, surtout quand on sait que Fred Kaplan, son auteur, ne se prive pas de « casser du Bush » par ailleurs (exemple). Que cette démonstration soit approuvée par plusieurs blogueurs américains de gauche dont certains très populaires, comme le très anti-Bush journaliste Mark Cooper, qui a déjà couvert des conflits sanglants, cela exige examen. Que peut on reprocher à cette étude d’un point de vue scientifique ?

Pour ceux qui n’ont pas la patience de lire les trois articles sus-mentionnés, je résume rapidement:

  • La méthodologie retenue, souvent utilisée dans le cadre de l’étude de phénomènes épidémiologique à distribution relativement homogène, ne l’est pas dans le cas de phénomènes à distribution très hétérogène comme les dommages de guerre menées selon l’approche moderne des frappes ciblées. Extrapoler sur tout le territoire des chiffres de mortalité issus de territoires fortement ciconscrits ne peut conduire qu’à des erreurs de magnitude élevée.
  • Si on enlève la zone de Fallujah, où les combats furent violents, et où 52 des 73 morts violentes de l’étude ont été comptabilisées, seules 21 morts « attribuées à l’intervention » ont été relevées dans 14 des 32 autres clusters étudiés. Cela veut donc dire que l’on a relevé dans 18 clusters zéro morts violentes, dans la plupart des 14 autres clusters 1 (le plus souvent) ou 2 morts. Voila qui apporte de l’eau au moulin de la démonstration des universitaires de Chicago: on ne peut, sur des nombres aussi faibles, effectuer des extrapolations sur tout le territoire Irakien. Une erreur d’une seule unité dans un, voire plusieurs clusters, entraîne de facto une chute de fiabilité de toute l’enquête. La question est donc de savoir si le reporting des morts avant et après l’intervention est fondé. Or justement…
  • …Les morts recensées l’ont été sur des bases déclaratives , mais les vérifications semblent avoir été sommaires, non pas tant sur la réalité des décès cités (l’étude affirme que 81% des certificats de décès ont été présentés) que sur la cause réelle à laquelle la mort est imputée. Or, …
  • …Sur chacune des 33 zones (« clusters ») de l’enquête, 30 familles ont été interviewées, 988 ont répondu. Sachant qu’il existe dans certaines zones un « certain pourcentage » minoritaire selon les sondages, mais non négligeables, de familles opposées à l’intervention, il est tout à fait possible que les déclarations de certaines de ces familles aient exagéré le nombre de morts imputables à la violence, ou aient omis de signaler des morts antérieures à l’intervention (comment vérifier une mort non déclarée ?). Dans des zones ou seulement une, voire deux morts violentes ont été reportées après l’intervention, une telle incertitude sur la fiabilité des déclarations laisse songeur.
  • Les auteurs de l’étude savent parfaitement que la fiabilité de leurs chiffres est douteuse, puisqu’ils affirment que « en excluant l’anomalie statistique que constitue Fallujah, le risque mortel a augmenté dans une proportion de 1.5 (1.1-2.3 CI95%), et que le nombre de décès supplémentaires par rapport à ce qu’auraient été ces décès sans intervention est de 98.000 (8.000-194.000 CI 95%) ». Chaque mot est important. Cela veut dire que les chiffres obtenus permettent seulement d’affirmer que il y a 95% de certitudes (CI= intervalle de confiance) que le nombre de morts civiles occasionnées par le conflit se situe entre 8.000 et 194.000 soit un rapport de 1 à… 24 (!) entre les fourchettes basse et haute ! Ahem! Idem pour le risque de mortalité qui aurait selon l’étude augmenté de 10 à 130% (1.1 à 2.3, facteur d’incertitude de 1 à 13 !). L’étude se contente d’affirmer que la moyenne des extrêmes constitue une « supposition conservatrice », c’est à dire une fourchette basse, du nombre de morts réelles, hors Fallujah, mais ne donne rigoureusement aucune réponse sérieuse sur le choix de la moyenne comme valeur la plus probable au sein de l’intervalle de confiance. Un peu comme si un sondeur avait déclaré avant les dernières présidentielles françaises que le score de Jean Marie Le Pen se situerait entre 4 et 96% (1 à 24…) aux élections de 2002 avec 95% de certitude (belle prise de risque !), et en aurait déduit que son score le plus problable se situait à la moyenne de ces eux extrêmes, soit 50%. Quel commentateur aurait accordé du crédit à de telles « déductions » ? c’est pourtant un raisonnement rigoureusement similaire qui nous est servi ici. De qui se moque-t-on ?
  • Une façon plus honnête d’énoncer de tels résultats eut été de dire que compte tenu de l’étendue des fourchettes relevées, et de l’importance des facteurs d’incertitudes trouvés, aucune conclusion fiable ne pouvait être tirée de l’étude. Mais les auteurs n’ont pas hésité à affirmer que le nombre de morts civiles imputables au conflit était de 100.000, et ont signalé de façon parfaitement accessoire et non intelligible pour une personne n’entendant rien aux statistiques (soit entre 92 et 99.5% de la population – CI 90%, selon mon pifomètre) que les chiffres obtenus étaient aussi précis que les comptes d’Enron. sachant que le médecin ayant supervisé l’étude (Dr Roberts, de John Hopkins) a été, selon plusieurs commentateurs, un activiste anti intervention particulièrement engagé, la parution de conclusions aussi légèrement étayées en des termes aussi péremptoires à 5 jours de l’élection américaine relève très probablement d’une opération de propagande que l’on pourrait qualifier de grotesque si le sujet n’en était pas aussi grave.
  • Le biais pourrait encore être plus important. En effet, l’étude déduit de son enquête une mortalité « avant » et « après » intervention. Or, la mortalité infantile citée par l’étude avant intervention est très inférieure à celle calculée entre 1994 et 1999 par l’UNICEF (voir les conclusions de l’étude), fondée sur un échantillon 40 fois plus important (40.000 foyers) que celui de l’équipe Roberts. Si l’étude Roberts a, sciemment ou non, sous-estimé la mortalité avant intervention, alors elle a de facto surestimé la fourchette dans laquelle se situe l’augmentation du risque mortel (1.1-2.3) depuis le début de l’intervention. Il se pourrait même que la fourchette basse se situe à moins de 1, ce qui laisserait une probabilité non nulle que ce risque soit inférieur à ce qu’il était avant l’intervention.
  • Encore une incohérence: sachant que les militaires estiment en général à 3 pour un la proportion de blessés par rapport à celles des tués dans des opérations de bombardement « aveugle », où sont donc les environ 300.000 blessés que les hopitaux auraient dû soigner suite aux opérations ayant soit-disant causé ces 100.000 morts ? comment se fait il qu’aucun de ces « grands médias » pourtant friand d’éléments à charge contre l’amérique honnie n’ait évoqué un raz de marée de blessés de guerre dans les hopitaux irakiens ?

Face à une telle accumulation d’incertitudes, une chercheuse de l’université de Yale, Mme Daponte, chargée par F. Kaplan, cité plus haut, d’évaluer l’étude, a déclaré « diplomatiquement » selon les termes de l’analyste, que:

« It attests to the difficulty of doing this sort of survey work during a war. … No one can come up with any credible estimates yet, at least not through the sorts of methods used here.

Mme Daponte ne peut être suspectée de sympathies Bushistes exagérées: c’est elle qui en 1991 avait révisé à la hausse les estimations selon elles trop basses qu’un certain Dick Cheney avait diffusées, à propos du nombre de vicitmes de la première guerre du Golfe.

Gageons que ni le Monde ni TF1 ni aucun des autres médias ne se fendront du moindre communiqué de rectification si cette nouvelle affaire de bidonnage venait à prendre de l’ampleur. Pas plus qu’ils ne s’étendent sur le « Rathergate », ou sur la corruption de plusieurs personnalités françaises proche du pouvoir dans le scandale « oil for food » initialement révélé par le quotidien Irakien Al Mada. Dormez tranquilles, chers lecteurs, ce ne sont pas les quelques blogs archi confidentiels qui osent remettre en doute la parole de nos médias soi disant « de référence » qui changeront quoi que ce soit à la croyance désormais ancrée dans l’esprit de la majorité. répétez tous en choeur, s’il vous plait: « l’intervention alliée, au bout de 18 mois, à causé au moins 100.000 morts ».

Pour ma part, je m’en tiendrais au chiffre de l’IraqBodyCount (14-16.000), basé sur un recensement exhaustif des décès rapportés par les médias sur place. Concernant les terribles combats qui se sont déroulés en avril à Fallujah, l’IBC estime me nombre de morts civiles entre 572 et 616. Même si ce chiffre est élevé dans l’absolu, on ne voit pas comment, avec moins de 1000 décès civils survenus lors des combats les plus durs entre les forces alliées et les milices anti-démocratiques, il serait possible d’extrapoler 100.000 morts ou plus sur le territoire irakien alors que l’immense majorité de ce territoire est aujourd’hui revenu au calme, l’essentiel des heurts étant de plus faible intensité et se produisant dans quelques zones bien définies (triangle sunnite Bagdad-tikrit Fallujah, et najaf).

Certains estiment que le nombre de victimes réelles est sans doute un peu plus élevé, car certains décès peuvent avoir échappé au médias. Ils parlent d’une possibilité d’atteindre 20, voire 25.000, voire 30.000 morts maximo-maximorum, ce qui serait déjà un chiffre susceptible de choquer en lui même. La remarque est tout à fait valide.

Ceci dit, ces commentateurs oublient de préciser que souvent, dans ce type de conflit, le recomptage « à froid » des victimes effectué une fois le calme revenu et la liberté d’enquêter assurée, abaisse parfois le nombre de victimes réelles par rapport aux premières annonces médiatiques. Ainsi, Mark Cooper, encore lui, rappelle que l’intervention américaine (déjà) à Panama avait été estimée à 4.000 morts au moment du conflit, alors que le décompte réel final est ressorti à 500. On pourrait aussi se remémorer des exemples célèbres de Timisoara, ou de Jénine. Dans ce dernier cas, une intervention de l’armée Israélienne contre des terroristes retranchés dans un camp de réfugiés avait suscité des rapports parlant de plusieurs centaines de morts civiles. Un décompte de l’ONU a montré que le nombre de morts totales était de 52, pour la plupart des terroristes et leurs complices. On peut donc supposer qu’il existe une possibilité non négligeable que certains rapports médiatiques des violences en Iraq surestiment, volontairement ou non, le nombre réel de victimes. Dans quelle mesure cela affaectera-t-til à la baisse les chiffres de l’IBC ? Seule l’histoire le dira.

Certains diront qu’entre 15.000 et 100.000 morts, il n’y a guère de différence, (sauf pour les 85.000 qui ne sont pas morts !) et que cela discrédite de toute façon le bien fondé de l’opération. Libre à eux d’oublier que la mort violente administrée en masse était une composante essentielle de la tyrannie exercée par Saddam sur son peuple, et que si l’Irak démocratique parvient à stabiliser ses fondations, il existe un espoir réel de voir ce cycle mortifère s’achever, ce qui n’aurait pas été le cas si Saddam était resté en place. Il ne s’agit pas ici de tenir une simple comptabilité macabre, mais de tenter si possible de s’opposer à une énième tentative de désinformation anti-américaine qui ne pourra qu’affaiblir, si elle s’avère réussie, la seule puissance capable de mener une nécessaire lutte contre des organisations terroristes de plus en plus meurtrières et les gouvernements qui les soutiennent.

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<mise à jour>Trouvé encore une autre très intéressante déconstruction de « l’étude » du Lancet. Entre autres constats, le fait que des bombardements aveugles auraient tué à peu près autant d’hommes que de femmes, alors que l’essentiel des victimes relevées par l’étude sont des hommes en âge de combattre, pourrait signifier que l’enquête n’a pas su (ou voulu ?) faire de différence entre les morts civiles (« dommages collatéraux ») et les morts de terroristes anti-démocratie, euh, pardon, de résistants à l’invasion impérialiste.</mise à jour >

Victimes irakiennes : de 220 000 à 1,2 million
Le Monde du 19.03.08

POUR la première fois, en janvier, une étude conduite par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le gouvernement irakien auprès de 9 345 foyers dans tout le pays, hors « zones les plus dangereuses » (11 % du total), fournit des chiffres : entre la chute de Saddam Hussein le 9 avril 2003 et juin 2006, 151 000 Irakiens auraient perdu la vie « de manière violente ». Extrapolée jusqu’à fin février, et compte tenu de la baisse des attaques et attentats depuis juillet 2007, le total des morts s’élèverait à près de 220 000. En incluant les décès « liés au conflit » (les maladies de la misère dans un pays où près d’un foyer sur deux n’a plus d’emploi, plus d’accès à l’eau potable ou à l’électricité), l’OMS évalue le nombre des victimes à environ 600 000 à fin février pour une population estimée à 25 millions de personnes. Une étude effectuée sur place par l’institut britannique Opinion Research Business avançait, en juillet 2007, le chiffre total de 1,2 million de morts. L’armée américaine ne fournit pas de bilan des victimes irakiennes. Selon Human Rights Watch, les vingt années de règne de Saddam Hussein auraient coûté la vie de 250 000 à 290 000 civils irakiens, victimes des guerres non comprises.

Voir également:

IRAK MM. Bush et Blair fragilisés par les critiques sur l’Irak
Bagdad censure les chiffres sur le bilan humain du conflit
Le Monde du 21.10.06

En plein débat sur le nombre de victimes du conflit en Irak, le gouvernement de Bagdad a donné pour consigne à ses autorités médicales de ne plus fournir le bilan des pertes humaines à l’ONU, dont les rapports avaient révélé l’ampleur du coût de la guerre pour les civils.

Dans un télégramme diplomatique dont Le Monde a obtenu une copie, le chef de la mission de l’ONU en Irak, Ashraf Qazi, alerte le siège des Nations unies de ce « développement qui risque d’affecter la capacité de la Mission d’assistance de l’ONU en Irak à rapporter le nombre de civils tués ou blessés ».

Depuis juillet 2005, l’ONU s’appuyait sur des données de l’institut médico-légal de Bagdad et du ministère de la santé pour, selon ce document, donner une estimation « certes imparfaite, mais qui était un indicateur du nombre croissant de victimes civiles ».

« TORTURES ET EXÉCUTIONS »

Tous les deux mois, ces chiffres étaient consignés dans des rapports, dont le dernier affirmait que 3 590 civils avaient péri de mort violente en juillet, et 3 009 en août, des chiffres jugés « sans précédent ».

Ces morts, dont beaucoup « portaient les signes de graves tortures et d’exécutions », étaient attribuées aux « attaques terroristes, à l’expansion des milices, (et) l’émergence d’un crime organisé » dues à « un manque de contrôle centralisé et autorisé de l’utilisation de la force dans le pays ».

D’après les informations contenues dans le télégramme, « le 21 septembre, un jour après la publication du rapport », le premier ministre irakien, Nouri Al-Maliki, a écrit au ministère de la santé une lettre lui donnant pour instruction de ne plus divulguer ces chiffres.

Les données de l’ONU, selon lesquelles près de 100 civils meurent chaque jour en Irak, étaient considérées parmi les plus fiables et avaient, selon le télégramme, « été confirmées par le premier ministre Al-Maliki, lors d’une visite officielle à Londres ». Mais après la publication du rapport le 20 septembre, le porte-parole du premier ministre a, selon M. Qazi, « exprimé des doutes sur les chiffres » publiés par l’ONU, affirmant que « le ministère de la santé les avait probablement gonflés ».

Depuis, le ministère de la santé irakien refuse de communiquer ses chiffres à l’ONU. Le télégramme note que ces restrictions interviennent alors que l’attention des médias a été attirée sur ce sujet, notamment par une enquête publiée le 11 octobre par l’hebdomadaire médical britannique, The Lancet, selon laquelle 655 000 décès sont directement liés à la guerre qui sévit en Irak depuis mars 2003. La fiabilité de ce bilan, contesté par les autorités américaines et irakiennes, fait l’objet d’une évaluation de l’ONU.

Philippe Bolopion

Voir enfin:

Irak : le coût humain de la guerre
Le Monde du 19.04.03

Des sources indépendantes situent le total des morts civiles irakiennes entre 1 600 et 1 900.

Voir par ailleurs:

Reality checks: some responses to the latest Lancet estimates

Concluding remarks

Hamit Dardagan, John Sloboda, and Josh Dougherty

16 Oct. 2006

We would hope that, before accepting such extreme notions, serious consideration is given to the possibility that the population estimates derived from the Lancet study are flawed. The most likely source of such a flaw is some bias in the sampling methodology such that violent deaths were vastly over-represented in the sample. The precise potential nature of such bias is not clear at this point (it could, for example, involve problems in the application of a statistical method originally designed for studying the spread of disease in a population to direct and ongoing violence-related phenomena). But to dismiss the possibility of such bias out of hand is surely both irresponsible and unwise.

All that has been firmly documented as a result of the Lancet study is that some 300 post-invasion violent deaths occurred among the members of the households interviewed. This information, and the demographic and causative breakdowns presented in the study, are significant additions to the detailed knowledge that is painstakingly being accumulated about the individual victims of this conflict, and the tragedies that have befallen them. These 300 may be added to the roster of some 50,000 others for whom this level of detailed knowledge is available. In some – but still far too few – cases we know the name, ages, occupation, and exact circumstances of death. Information presented at this level of detail is the only way to arrive at once-for-all certainty, in a way that does justice to the victims, honours their memory, and provides the closure that only a full list, or census, can do satisfactorily.

Do the American people need to believe that 600,000 Iraqis have been killed before they can turn to their leaders and say « enough is enough »? The number of certain civilian deaths that has been documented to a basic standard of corroboration by « passive surveillance methods » surely already provides all the necessary evidence to deem this invasion and occupation an utter failure at all levels.

On 9/11 3,000 people were violently killed in attacks on the USA. Those events etched themselves into the soul of every American, and reverberated around the world. In December 2005 President George Bush acknowledged 30,000 known Iraqi violent deaths in a country one tenth the size of the USA. That is already a death toll 100 times greater in its impact on the Iraqi nation than 9/11 was on the USA. That there are more deaths that have not yet come to light is certain, but if a change in policy is needed, the catastrophic roll-call of the already known dead is more than ample justification for that change.

The Lancet estimate

In October 2004 the Lancet published a random cluster sample survey estimating that 98,000 Iraqis had died as a result of the invasion up to that point (an 18-month period), and that 57,600 of these deaths were from violence. The October 2006 study comes from the same research team and provides an estimate for the 40-month period from March 2003 to June 2006 of 655,000 excess deaths, 601,000 of them from violence. The data presented do not distinguish between civilian and combatant deaths. Since IBC’s work is confined to violent civilian deaths, we make no further comment on Lancet’s non-violent death estimates.

The Lancet researchers visited 47 neighbourhoods and conducted interviews in 40 adjoining households in each neighbourhood. About 1,800 households containing 12,000 Iraqis were surveyed. These households reported a total of 302 violent deaths, each of which has been multiplied by two thousand to provide an estimate of how many of Iraq’s estimated 26,000,000 population would have died if this proportion of deaths were representative of the country as a whole.

The study’s central estimate of 601,000 violent deaths is exceptionally high. Even its lower bound 95% confidence interval of 426,000 violent deaths is shockingly large. If numbers of this magnitude are anywhere near the truth, then they reveal a disaster far greater than most could have conceived, and one which appears inconsistent with a considerable amount of other information that has emerged over the last three and a half years. Before any firm conclusions are drawn on the basis of this study, five important (and extremely anomalous) implications of the data presented by the Lancet authors require examination…

Voir aussi:

Lancet Iraq Study Flawed: Death Toll Too High

 

Scoop world

October 19, 2006

Researchers at Oxford University and Royal Holloway, University of London have found serious flaws in the survey of Iraqi deaths published last week in the Lancet.

Sean Gourley and Professor Neil Johnson of the physics department at Oxford University and Professor Michael Spagat of the economics department of Royal Holloway, University of London contend that the study’s methodology is fundamentally flawed and will result in an over-estimation of the death toll in Iraq.

->The study suffers from « main street bias » by only surveying houses that are located on cross streets next to main roads or on the main road itself. However many Iraqi households do not satisfy this strict criterion and had no chance of being surveyed.

->Main street bias inflates casualty estimates since conflict events such as car bombs, drive-by shootings artillery strikes on insurgent positions, and market place explosions gravitate toward the same neighborhood types that the researchers surveyed.

->This obvious selection bias would not matter if you were conducting a simple survey on immunisation rates for which the methodology was designed.

->In short, the closer you are to a main road, the more likely you are to die in violent activity. So if researchers only count people living close to a main road then it comes as no surprise they will over count the dead.

During email discussions between the Oxford-Royal Holloway team and the Johns Hopkins team conducted through a reporter for Science, for an article to be published October 20, it became clear that the authors of the study had not implemented a clear, well-defined and justifiable methodology. The Oxford-Royal Holloway team therefore believes that the scientific community should now re-analyze this study in depth.

The team can be reached for comment at;

Gourley: s.gourley1 @ physics.ox.ac.uk mobile:+44 (0) 7733113558
Johnson: n.johnson @ physics.ox.ac.uk
Spagat: M.Spagat @ rhul.ac.uk

 

COMPLEMENT:

ETHICAL AND DATA‐INTEGRITY PROBLEMS IN THE SECOND LANCET SURVEY OF MORTALITY IN IRAQ

Michael Spagat
Taylor & Francis online
19 Apr 2010

This paper considers the second Lancet survey of mortality in Iraq published in October 2006. It presents some evidence suggesting ethical violations to the survey’s respondents including endangerment, privacy breaches and violations in obtaining informed consent. Breaches of minimal disclosure standards examined include non‐disclosure of the survey’s questionnaire, data‐entry form, data matching anonymised interviewer identifications with households and sample design. The paper also presents some evidence relating to data fabrication and falsification, which falls into nine broad categories. This evidence suggests that this survey cannot be considered a reliable or valid contribution towards knowledge about the extent of mortality in Iraq since 2003.

The claim that a very high percentage of the deaths in the sample were confirmed by death certificates has been central to the defence of L2 from the beginning. Given the strong unpopularity of the US‐led occupation of Iraq it is easy to imagine that many respondents might have invented deaths. 33 Less dramatically, it seems likely that people might have reported deaths of extended family members who did not reside within the households of respondents. Very few respondents, and perhaps not even all of the interviewers themselves, would understand the statistical imperative to limit household boundaries clearly. To the contrary, many people may feel a need to ‘bear witness’ to atrocities that have been visited on their friends and relatives. Many people may believe that the correct and moral thing to do is to report deaths of friends and family members. Such people might be baffled by the concept that somehow it is improper to report the death of, for example, a dear cousin.

L2 largely pre‐empted such lines of criticism by claiming that their teams requested death certificates for 545 out of 629 (87%) deaths and respondents were able to produce them in 501 out of these 545 cases (92%).

There are, however, some reasons to question the high rate of death‐certificate confirmation reported in L2.

The very high number of estimated deaths in L2 implies that the official death certificate system has issued, but failed to record the issuance of, about 500,000 death certificates during the L2 coverage period. 34 This forces L2 into a very delicate balancing act. For the death‐certificate data to be valid it must be the case that Iraqi authorities issue death certificates for virtually all violent deaths and yet that same system fails to record the fact that death certificates have been issued roughly 90% of the time. Alternatively, it could be that Iraqi Ministry of Health is engaged in a massive and highly successful cover‐up of deaths that have actually been documented through death certificates. This seems unlikely.

L2 had an extremely compressed work schedule. Field teams routinely had to complete 40 interviews in a day. This means that respondents had to produce these death certificates almost without fail and within a matter of minutes. In many cases these documents would not have been accessed for several years prior to an L2 interview.

In L1, the previous Lancet publication on Iraq by (mostly) the same team, the claimed rate of death certificate confirmation upon request was substantially lower than in L2: 80% when requested in L1 compared with 92% when requested in L2. The coverage period for L2 is nearly two years longer than the recall period for L1 so it should have been, if anything, harder to confirm deaths through death certificates in L2 compared to L1. Moreover, a significant fraction of the population had migrated during the time between the two studies with, presumably, at least some death certificates mislaid or buried among other belongings during these movements.

/…/

3 Responses to Irak: Le Monde avoue discrètement qu’il publie des chiffres bidonnés (How to lie with numbers: a short guide by Le Monde)

  1. […] pas le nombre de morts dans sa famille, pour discréditer l’occupant ou recevoir plus d’aide? Le Monde […]

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  2. […] Chiffres régulièrement bidonnés et appels systématiques au défaitisme quand ce n’est pas au meurtre de nos soldats … […]

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  3. […] tout récemment du demi-aveu des chiffres bidonnés de l’Irak (mais toujours rien sur les “colonnes infernales” de Rémy Ourdan, les suicides de […]

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