Gaza: Mon Dieu, gardez-moi de mes amis (Guess who’s hurting the Palestinian cause according to a Gazan dissident ?)

25 juin, 2024

Des manifestants pro-palestiniens à Sciences Po Paris, le 26 avril 2024Hamza Howidy

Mon Dieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m’en charge ! Voltaire
Israël, vous vous croyez les rois du monde, vous n’aurez pas de chambre dans cet hôtel. Employé Novitel (Paris)
Notre fille a vécu l’antisémitisme dans sa chair. Elle est très choquée. Ses agresseurs lui ont volé son enfance. C’est un acte clairement antisémite qui est lié à l’importation en France du conflit israélo-palestinien. L’expédition punitive consistait à venir massacrer une personne parce qu’elle est juive. D’après ce que nous avons compris, F. a dit à notre fille : ‘Pourquoi tu as menti ? Je sais que tu n’es pas musulmane… Alors, tu es de quelle religion ?’ En fait, il avait appris que notre fille était juive et il en déduisait qu’elle était forcément ‘pro-Israël’ et anti-palestinienne. La réalité est bien différente puisque notre fille, comme nous-mêmes, est pour le camp de la paix. Mais visiblement, ce F. n’a pas supporté le fait qu’elle ait pu lui mentir sur sa religion. Nous ne vivons pas un antisémitisme résiduel mais un antisémitisme pesant, visible, palpable. Nous voulons surtout que les consciences se réveillent et fassent la distinction entre un conflit extrêmement brûlant qui se déroule à l’étranger et les Français juifs de l’autre. Nous espérons aussi que la société française prenne pleinement conscience du niveau de violence et de haine dont des enfants de 13 ans sont capables à l’encontre d’un autre enfant, au prétexte qu’il est juif. Muriel Ouaknine-Melki et Oudy Bloch
En France, les actes antisémites ont progressé de 300% au premier trimestre 2024, soit quatre actes antisémites par jour. Cette hausse s’est clairement matérialisée à la suite du 7 octobre, avec 1200 actes recensés, ils représentent aujourd’hui 60% des actes antireligieux alors que nos compatriotes juifs ne représentent que 0,69% de la population. Le dernier acte en date, l’effroyable viol de cette fillette de 12 ans, parce que juive, me soulève le cœur et devrait révolter la France entière. Pourtant il y a encore des voix, toujours les mêmes, pour tempérer, relativiser, invisibiliser pour continuer leur travail de sape, de l’intérieur. C’est dire si la situation est grave et notre responsabilité à se mobiliser doit être à la hauteur de la menace. Combien de temps allons-nous tolérer les abjections d’une coalition d’extrême-gauche, adoubée par des barons du système en mal de soupe. Comment comprendre la relative compréhension du système médiatique sur l’immense responsabilité de l’élite dans cette banalisation insupportable ? En ce qui nous concerne nous réfutons absolument les accusations diffamatoires ou fantaisistes à notre encontre venant de personnalités qui ont beaucoup à se faire pardonner pour leurs engagements dans des partis ou des organisations qui se sont compromis avec des régimes totalitaires et criminels, passés ou présents. La grande clarification comme le dit le président français est aussi celle-là. Et c’est pour cela que nous nous mobilisons aujourd’hui. Pour sauver notre patrie certes, mais aussi pour sauver l’honneur de la France aux yeux du monde en permettant à nos compatriotes juifs, comme à tous ceux qui aiment notre pays, de pouvoir vivre en totale sécurité ici, le pays de la Liberté. «Heureux comme un juif en France» disait-on, c’est-à-dire vivre dans la liberté, la dignité et la sécurité ! C’est vital, urgent et d’une nécessité absolue. Nos ennemis sont à l’œuvre. En s’en prenant à une partie de nous-même, c’est à nous qu’ils s’en prennent ! N’en doutons jamais. Jamais au grand jamais je n’ai toléré dans mon mouvement la moindre compromission avec les idées antisémites ou révisionnistes. (…) Concernant l’histoire tragique de la Seconde Guerre mondiale et de la France, il est bien compris qu’il ne s’agit pas de culpabiliser le peuple français, la République française dans ses compromissions ou d’accuser la France, loin de là, mais de montrer qu’une France, celle de Vichy, a collaboré dans le sort funeste des juifs de France. Mais cette part sombre ne doit pas, ne peut pas faire oublier le courage, l’abnégation et le sacrifice de tous ceux qui ont combattu dans la résistance ou à la libération de la France, des commandos Kieffer à l’Armée d’Afrique. Comme le dit avec justesse Serge Klarsfeld «c’était en quelque sorte une guerre civile entre deux France antagonistes». «Celle du général de Gaulle avec la France Libre et celle du maréchal Pétain.» L’une organisait et incarnait la résistance, l’autre était mobilisée à appliquer avec zèle la politique allemande, attitude criminelle et impardonnable. Beaucoup de crimes irréparables ont alors été commis, dont la rafle du Vel d’Hiv sous la responsabilité d’un certain René Bousquet. Ne l’oublions jamais. Mais si «l’État français» a participé à la perte d’un quart des juifs de France, les Français, le peuple français, a été le principal facteur de la survie des trois quarts des juifs de France, et «cette survie a été absolument exceptionnelle en Europe»… (…) Voilà la réalité ! Voilà ce que nous pensons, et merci à la famille Klarsfeld d’avoir, par des travaux historiques irréfutables, contribué à éclairer ce chemin jonché de fausses certitudes et de silences coupables. Qu’on se le dise une dernière fois, l’extrême-droite est aujourd’hui en France résiduelle contrairement à l’antisémitisme d’extrême-gauche qui par sa violence et ses intimidations menaçantes incitent au passage à l’acte. L’adversaire est connu. Ses complices aussi. Nous sommes le parti des braves gens de toutes conditions et de toutes origines ! Et c’est la France des braves gens qui aujourd’hui, comme hier, n’accepte pas les menaces et les actes abjects commis à l’encontre de nos compatriotes juifs. C’est la France des braves gens qui s’organise pour faire face à ces criminelles compromissions. C’est la France des braves gens qui dit «ça suffit» à cette gauche honteuse capable pour survivre de s’acoquiner avec le pire ! N’oublions pas les décrets de 1791, l’assimilation napoléonienne, le décret Crémieux qui arrime les juifs d’Algérie à la terre de France, le Zola de l’affaire Dreyfus, leur héroïque mobilisation lors de la grande guerre et les persécutions raciales dont ils ont été victimes en 40. Ils sont de notre histoire et sont aussi notre histoire. Ils sont Français et le resteront, et nous ferons tout, absolument tout, pour les protéger ! Marine Le Pen
Je suis né dans la bande de Gaza à la fin des années 1990, l’un de mes six enfants. À l’époque, l’Autorité palestinienne était le parti au pouvoir. Mon père, comme la plupart des habitants de Gaza, en avait assez de la corruption de l’AP et attendait une alternative. Le Hamas a promis « le changement et la réforme » et a remporté les élections du Conseil législatif palestinien en 2006. Un an plus tard, je me suis réveillé au son des coups de feu. Les hommes armés du Hamas combattaient le Fatah et ont fini par tuer plus de 600 Palestiniens. Il est très vite apparu que le Hamas n’était pas le « changement et la réforme » que nous espérions. Pour faire taire les dissidents, le Hamas a terrorisé les citoyens de Gaza. Sur le chemin de l’école Dar-Alarqam que je fréquentais dans le quartier d’al-Shujaiya, près de la frontière israélienne, un groupe d’hommes masqués portant des kalachnikovs contrôlait chaque voiture. À la fin de l’année, des hommes masqués ont ouvert des bureaux dans notre école pour promouvoir les camps militaires du Hamas et inscrire les élèves. J’ai obtenu mon diplôme et j’ai commencé mes études à l’université islamique de Gaza, avec les futurs dirigeants et membres actuels du Hamas. Tous les cours d’art ont été remplacés par des enseignements islamiques radicaux, et les élections aux conseils et clubs d’étudiants n’étaient ouvertes qu’aux membres du Hamas, qui s’accaparaient tous les privilèges et se répartissaient toutes les subventions. Le Hamas applique une politique de tolérance zéro à l’égard des critiques ou des objections à l’égard de ses politiques. Même la discussion est interdite. Personne à Gaza ne peut parler contre le Hamas sans être arrêté et torturé. C’est pourquoi les sondages réalisés à Gaza montrent que l’ensemble de la population soutient le Hamas, ce qui est totalement faux. Beaucoup de gens sont opposés au Hamas et veulent le renverser, mais ils ont peur des conséquences. Ils risquent d’être torturés, de perdre leur emploi, etc. Une partie d’entre nous croyait en la paix et la coexistence (avec Israël), mais il est bien trop dangereux d’appeler à cela. Nous avons donc choisi de réclamer de meilleures conditions de vie. Nous avons manifesté contre le Hamas en 2019 et en 2023, trois ou quatre mois avant les attentats du 7 octobre. Les deux fois, j’ai été arrêté. Vous n’avez pas d’avocat ni de date d’audience. La première fois, j’y suis resté trois semaines. Ma famille a essayé de me rendre visite plus de dix fois et, à chaque fois, on m’a dit : « Non, il n’est pas là ». Mais lorsque ma famille a accepté de payer les 3 000 dollars, ils ont dit : « Oui, il est là ». Dans les prisons du Hamas, il ne se passe pas un jour sans qu’il y ait des tortures. La première fois que j’ai été arrêté, je me souviens que j’ai été battu tous les jours. Où étaient les manifestations d’étudiants lorsque les Palestiniens de Gaza s’opposaient au Hamas et qu’ils étaient arrêtés et torturés ? Le monde extérieur ne se souciait pas de ce qui se passait à Gaza. J’avais l’impression que personne ne se souciait de nous. Personne ne se soucie de savoir si je suis resté 10 ans en prison. (…) Dès qu’ils m’attraperont, ils me tueront immédiatement. J’ai quitté Gaza avec l’intention de ne pas rester silencieux sur ce qui se passe, de parler, pour ceux qui n’ont pas pu quitter Gaza. Personne n’a parlé lorsque le Hamas nous a tous arrêtés et torturés – deux fois. Aucun d’entre eux n’a parlé lorsque le Hamas a tué 700 Palestiniens en 2006 et 2007. Je pense donc qu’ils sont motivés par leur haine des Juifs ou d’Israël en général. Cela suffit. Nous avons perdu à la fois des Palestiniens et des Israéliens. Hamza Howidy
Je ne vois pas un seul manifestant pro-palestinien demandant la reddition du Hamas. Je pense que cela fait partie de leur hypocrisie, car je crois que ce qui motive beaucoup d’entre eux, c’est leur haine profonde des Juifs et leur antisémitisme. Nous souffrons avec le Hamas. Il est responsable de nos souffrances. Et il n’y aura jamais d’avenir pour nous sous leur contrôle, même si Israël disparaissait, nous souffririons toujours du Hamas. J’étais enfant lorsque le Fatah était le gouvernement de Gaza, mais je me souviens de ce que ma famille disait du Fatah et de la corruption de ses membres, et c’est exactement la raison pour laquelle les gens ont élu le Hamas en 2006. Il y avait donc de la corruption, mais la sécurité était bien meilleure que lorsque le Hamas a pris le contrôle de Gaza. La première condition pour obtenir un emploi dans le secteur public à Gaza est d’être membre du Hamas, ou du moins d’en être partisan. Soit vous rejoignez le Hamas pour bénéficier d’un emploi et d’une aide dans votre vie, soit vous préférez être un homme indépendant qui lutte presque tous les jours. Le taux de chômage est supérieur à 60 % et les gens veulent simplement gagner de l’argent pour pouvoir quitter Gaza et s’installer dans un autre pays parce qu’ils ont complètement perdu l’espoir et tout avenir à Gaza. Des membres du Hamas infiltrés dénoncent toute personne qui critique le Hamas ou parle contre lui. Vous ne savez pas si vous parlez à un membre du Hamas ou non. Vous commencez à parler contre le Hamas et vous vous retrouvez arrêté le lendemain. Hamza Howidy
Je suis né dans la bande de Gaza à la fin des années 1990, l’un de mes six enfants. À l’époque, l’Autorité palestinienne était le parti au pouvoir. Mon père, comme la plupart des habitants de Gaza, en avait assez de la corruption de l’AP et attendait une alternative. Le Hamas a promis « le changement et la réforme » et a remporté les élections du Conseil législatif palestinien en 2006. Un an plus tard, je me suis réveillé au son des coups de feu. Les hommes armés du Hamas combattaient le Fatah et ont fini par tuer plus de 600 Palestiniens. Il est très vite apparu que le Hamas n’était pas le « changement et la réforme » que nous espérions. Pour faire taire les dissidents, le Hamas a terrorisé les citoyens de Gaza. Sur le chemin de l’école Dar-Alarqam que je fréquentais dans le quartier d’al-Shujaiya, près de la frontière israélienne, un groupe d’hommes masqués portant des kalachnikovs contrôlait chaque voiture. À la fin de l’année, des hommes masqués ont ouvert des bureaux dans notre école pour promouvoir les camps militaires du Hamas et inscrire les élèves. J’ai obtenu mon diplôme et j’ai commencé mes études à l’université islamique de Gaza, avec les futurs dirigeants et membres actuels du Hamas. Tous les cours d’art ont été remplacés par des enseignements islamiques radicaux, et les élections aux conseils et clubs d’étudiants n’étaient ouvertes qu’aux membres du Hamas, qui s’accaparaient tous les privilèges et se répartissaient toutes les subventions. Le Hamas applique une politique de tolérance zéro à l’égard des critiques ou des objections à l’égard de ses politiques. Même la discussion est interdite. Tout journaliste qui s’oppose ou critique une politique est suspendu et fait l’objet d’une enquête. Les manifestations sont strictement interdites. La liberté d’expression à Gaza est un fantasme. L’outil le plus sale utilisé par le Hamas pour réduire les citoyens au silence est la diffamation, par le biais de campagnes en ligne accusant les dissidents de travailler pour des organismes hostiles ou de commettre des actes immoraux. Le Hamas s’introduit aussi régulièrement dans les maisons des personnes jugées déloyales et les humilie devant leur famille et leurs voisins. J’ai observé tout cela avec une horreur croissante lorsque j’étais étudiant. L’oppression du Hamas sur les citoyens palestiniens de Gaza s’est accrue et la qualité de vie s’est détériorée. L’agression du Hamas contre Israël s’est traduite par un nombre de plus en plus réduit de permis de travail et par une limitation de l’électricité à Gaza, que nous ne recevions que huit heures par jour. L’économie s’est effondrée. Les conditions sociales et économiques se sont effondrées. Un énorme fossé social s’est creusé entre l’élite riche appartenant au Hamas et le reste de la population, qui vit de plus en plus dans la misère. Les emplois du secteur public étaient réservés aux membres du Hamas et les taxes sur les produits de première nécessité augmentaient de jour en jour, alors même que le coût de la vie montait en flèche. Beaucoup d’entre nous n’en pouvaient plus. J’étais l’un d’entre eux. Bien que nous sachions que les dissidents étaient exposés à l’emprisonnement, à la torture et même au meurtre, en 2019, quelques-uns d’entre nous ont décidé d’unir leurs forces et de former une manifestation pour exprimer leur opposition au Hamas. Nous l’avons appelée la manifestation « Nous voulons vivre ». Notre manifestation a suscité une réaction extrême de la part du Hamas. Il a violemment réprimé les manifestations et nous avons tous été arrêtés. (…) J’ai été détenu pendant 21 jours et soumis à différents types de torture. J’ai été battu à coups de matraque et aspergé d’eau froide à la fin de la nuit d’hiver. Mes amis n’ont pas été beaucoup mieux lotis. (…) Après notre libération, la plupart de ceux qui avaient participé aux manifestations ont émigré loin de Gaza. Il n’y avait aucun espoir de changement dans la situation actuelle. Nous avons subi un harcèlement permanent de la part des membres du Hamas. Certains sont morts en essayant de partir, comme Tamer Al-Sultan, un pharmacien dont le crime était de demander une réconciliation entre le Hamas et le Fatah. Les conditions de vie des gens se sont dégradées. L’écart de richesse s’est encore creusé. Nous avons de nouveau manifesté en 2023 et avons été écrasés de la même manière qu’en 2019. J’ai de nouveau été arrêté par le Hamas l’année dernière et détenu pendant 14 jours, cette fois dans une petite cellule sans lit, sans fenêtre et avec à peine assez d’espace pour s’asseoir. J’ai été libéré sous caution à condition de ne plus participer à aucune manifestation. J’ai continué à exprimer mon opinion de temps en temps sur les médias sociaux, mais les mandats d’arrêt après chaque message, les menaces incessantes des membres du Hamas et les accusations de trahison m’ont fait perdre l’espoir de pouvoir faire changer les choses. J’ai quitté Gaza en août pour chercher un avenir meilleur pour moi et ma famille. Pendant tout ce temps, le Hamas prévoyait d’étendre son extrémisme et son intimidation. Ils savaient ce qui se passerait à la suite de leur massacre du 7 octobre, lorsqu’ils ont attaqué des civils israéliens, et Israël a répondu par une guerre massive visant à détruire le Hamas, qui a anéanti de grandes parties de la bande de Gaza. Aujourd’hui, tous les habitants de la ville sont punis pour les actions du Hamas. Je pense qu’il est difficile pour les Israéliens de comprendre qu’il y a beaucoup d’innocents à Gaza qui ont souffert autant qu’eux de la méchanceté du Hamas. Je comprends ces Israéliens. Pendant ma vie en tant que Gazaoui, la seule chose que je croyais à propos des Israéliens était qu’ils nous haïssaient tous et qu’ils voulaient nous éliminer en tant que Palestiniens. Aujourd’hui, j’en sais plus. Après avoir critiqué le Hamas pour ses actes horribles du 7 octobre, je me suis lié d’amitié avec des Israéliens pour la première fois de ma vie. Il s’avère que beaucoup d’entre eux, comme moi, souhaitent simplement la fin de ce conflit pour pouvoir vivre en paix. Ces amitiés m’ont ouvert les yeux sur leurs souffrances. Je comprends mieux ce qu’ils pensent et j’ai décidé de ne jamais porter de jugement avant d’avoir écouté l’autre partie. J’espère que mes nouveaux amis pensent la même chose des nombreux habitants de Gaza qui vivent sous la botte de l’oppression du Hamas. Hamza Howidy
Depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre et la riposte israélienne à Gaza, les appels au cessez-le-feu se sont multipliés de la part de la gauche, qui a fait pression sur le président Biden pour qu’il oblige Israël à renoncer à son opération militaire d’éradication du Hamas. En revanche, Israël et ses partisans ont insisté sur le fait qu’ils devaient achever leur mission et mettre fin au régime terroriste. Même pour les personnes qui se soucient réellement des Palestiniens, le choix entre vivre dans un état de guerre et vivre sous un régime terroriste dictatorial et brutal est angoissant. Il n’y a pas de réponse claire ou facile pour savoir ce qui est le mieux pour les Palestiniens de Gaza. En tant que Gazaoui qui souhaite ce qu’il y a de mieux pour son peuple, il est clair que le plan qui suivra la campagne militaire d’Israël est tout aussi important. Certains ont suggéré une coordination entre le Fatah et le Hamas, tandis que d’autres ont proposé de céder entièrement Gaza à l’Autorité palestinienne. Pour moi, il est clair que ce qui est nécessaire, c’est un nouvel organe de gouvernement qui dispose d’un plan pour désarmer le Hamas et pour garantir aux habitants de Gaza les libertés fondamentales et l’accès à l’information qui n’est pas contrôlée par la propagande du Hamas. C’est la seule façon de garantir que les Gazaouis soient libérés non seulement des bombardements militaires d’Israël, mais aussi de la domination sauvage du Hamas. La vérité reconnue par ceux d’entre nous qui se soucient réellement des Palestiniens – plutôt que par ceux qui font semblant – est que depuis sa création, le Hamas a été l’une des principales causes de la souffrance des Palestiniens. Le groupe a saboté toutes les chances de parvenir à un traité de paix entre Palestiniens et Israéliens, que ce soit en s’opposant aux accords d’Oslo, en jouant un rôle dans la seconde Intifada, au cours de laquelle il a terrorisé la société civile israélienne, ou en criminalisant toute tentative de réconciliation pour mettre fin à ce conflit de longue date et en commettant des crimes contre d’autres partis politiques palestiniens et contre des Palestiniens dissidents comme moi. Après que le Hamas a lancé sa guerre civile contre le Fatah à Gaza en 2007, de nombreux pays ont tenté de servir d’intermédiaires entre le Hamas et l’Autorité palestinienne, notamment l’Arabie saoudite, qui a invité les dirigeants du Hamas et de l’Autorité palestinienne à Mekkah, le lieu le plus saint pour les musulmans, et a signé un accord de réconciliation. Mais quelques semaines plus tard, le Hamas a refusé d’appliquer sa part de l’accord et s’est emparé de la bande de Gaza, assassinant et torturant brutalement toute personne s’y opposant. Par la suite, plusieurs pays arabes, notamment l’Égypte, l’Algérie et le Qatar, ont tenté de négocier une réconciliation entre le Hamas et l’Autorité palestinienne, jusqu’à ce que le Hamas attaque le convoi de l’Autorité palestinienne dirigé par le Premier ministre palestinien Rami Hamdallah alors qu’il entrait à Gaza pour conclure un accord en 2018, et que le ministre de l’intérieur du Hamas, Fathi Hammad, dise clairement : « Pas de réconciliation avec les laïcs », détruisant ainsi tout espoir de changer le statu quo pour les Palestiniens. Le Hamas n’a pas changé d’avis. Les sources d’information aiment parler d’Ismael Hanniyeh en train de négocier, mais les schismes au sein du Hamas sont clairs, et la décision finale revient aux dirigeants du Hamas à Gaza et à leurs protecteurs à Téhéran, et la branche gazaouie du Hamas a clairement indiqué à plusieurs reprises qu’elle ne se retirerait pas de la direction de Gaza après la guerre. Lorsque l’Autorité palestinienne a envoyé des employés pour coordonner la distribution de l’aide, le Hamas a attaqué et tué certains d’entre eux, comme il l’a fait avec d’autres membres de tribus qui ont tenté de coordonner l’entrée et la distribution de l’aide avec les FDI. Mustafa Barghouti, secrétaire général de l’Initiative nationale palestinienne et membre du Conseil législatif palestinien, a également appelé à l’unité entre le Hamas et le Fatah comme voie vers la liberté, même si tous deux refusent séparément aux Palestiniens leur liberté. Ceux qui appellent à la réconciliation ne se rendent-ils pas compte que si le Hamas rejoignait l’Autorité palestinienne sous l’égide de l’OLP, cela lui donnerait plus d’influence en Cisjordanie, ce qui constituerait une plus grande menace pour la société palestinienne et israélienne ? Mais soutenir pleinement l’adversaire politique du Hamas, le Fatah, n’est pas non plus la solution. Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, est impopulaire auprès des dirigeants arabes et est considéré comme un obstacle au progrès palestinien, au même titre que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son gouvernement extrémiste. L’Autorité palestinienne est gangrenée par la corruption et la tyrannie. L’Autorité palestinienne emprisonne régulièrement les dissidents politiques, y compris les personnes qui émettent simplement des critiques à l’encontre d’Abou Mazen sur les réseaux sociaux. Abou Mazen a exploité le sort de 2,4 millions de Gazaouis comme outil de négociation pour obtenir des concessions en Cisjordanie, tout en étant trop lâche pour faire des propositions sur le démantèlement de ce qui reste du Hamas ou sur la manière dont l’Autorité palestinienne éviterait un scénario à la Hezbollah à Gaza, dans lequel l’Autorité palestinienne assumerait le rôle de gouverneur de la bande tandis que le Hamas et d’autres groupes djihadistes serviraient de milice, ce qui conduirait finalement à une nouvelle guerre civile entre les Palestiniens, ou à une nouvelle guerre avec Israël. La seule véritable option consiste à confier le contrôle de Gaza, pour une période intérimaire, à une Autorité palestinienne entièrement reconstruite, avec l’assistance et la supervision de la communauté internationale. Mais avant de confier ce rôle à l’Autorité palestinienne, il faut faire pression sur elle pour qu’elle soumette une proposition visant à démanteler ce qui reste du Hamas. L’Autorité palestinienne doit également s’engager à mettre fin au programme « Payer pour for Tuer », dans le cadre duquel l’Autorité palestinienne paie pour les martyrs, les prisonniers et leurs familles. Au lieu de cela, elle doit s’engager à investir cet argent dans des programmes d’aide sociale afin de mettre fin au statut de dépendance à l’égard de l’aide qui s’est répandu dans la société palestinienne. Hamza Howidy
Hamza Howidy n’a qu’un mot à dire aux étudiants qui participent aux prétendues manifestations pro-palestiniennes qui secouent les campus d’Amérique du Nord : hypocrites. (…) Howidy, 27 ans, a accusé les manifestants d’ignorer les crimes commis par le Hamas à Gaza ainsi que les souffrances et les tortures que le gouvernement de facto inflige aux Palestiniens de la région. Les étudiants manifestent sur plusieurs campus canadiens, notamment à l’université de Toronto, à McGill et à UBC, ainsi qu’aux États-Unis, à Columbia, à UCLA, en Pennsylvanie et dans d’autres universités. Mais Howidy n’a pas de temps à perdre avec les étudiants qui participent aux soi-disant rassemblements pro-palestiniens et qui, selon lui, devraient se concentrer sur le Hamas. (…) Howidy a vécu la majeure partie de sa vie sous le régime du Hamas. Il était encore enfant lorsque le Hamas a été élu à Gaza, chassant le parti Fatah et faisant de nombreuses victimes lors d’une brève guerre civile en 2007. Howidy a poursuivi ses études à l’université islamique de Gaza et a obtenu un diplôme de la faculté de comptabilité. (…) Le Hamas dispose également d’un réseau d’espions opérant dans toute la région pour surveiller les citoyens. (…) Howidy n’appartenait à aucun parti politique à Gaza, mais il a rejoint le mouvement de protestation We Want to Live (Nous voulons vivre), une organisation de jeunes de Gaza qui réclame de meilleures conditions de vie. (…) Malgré cela, Howidy a été arrêté en 2019 et en 2023 pour avoir manifesté. (…) La première fois, Howidy a été détenu pendant environ trois semaines avant d’être libéré après que sa famille a versé 3 000 dollars américains. La première fois, Howidy a été détenu pendant environ trois semaines avant d’être libéré après que sa famille ait versé 3 000 dollars. La deuxième fois, il a été détenu pendant deux semaines avant que sa famille ne parvienne à réunir la même somme d’argent. (…) Où étaient les manifestations d’étudiants lorsque les Palestiniens de Gaza s’opposaient au Hamas et étaient arrêtés et torturés, a demandé Howidy. (…) Howidy a fui Gaza en août 2023 et demande aujourd’hui l’asile en Allemagne. Il aimerait rentrer chez lui, mais pour son action, le Hamas l’a qualifié de traître. « Dès qu’ils me trouveront, ils me tueront immédiatement », a-t-il déclaré. Howidy a déclaré que le monde et les étudiants protestataires doivent savoir que le Hamas est à l’origine des problèmes (…) Howidy est furieux que tant de manifestants n’aient pas réussi à s’exprimer par le passé. (…) Son message aux manifestants est le suivant : « Ça suffit. Nous avons perdu à la fois les Palestiniens et les Israéliens ». Howidy espère que le Hamas pourra être remplacé par un meilleur parti au pouvoir, qui pourra créer « une nouvelle page de notre histoire, une page qui n’inclura pas la terreur ». Michael Higgins

Mon Dieu, gardez-moi de mes amis !

A l’heure où c’est désormais l’extrême-droite qui se pose en défenseur des juifs et d’Israël …

Et se paie en plus le luxe de faire la leçon à une gauche arrimée à des islamo-soumis à l’antisémitisme complètement décomplexé …

Pendant qu’après les occupations de nos universités et de nos rues …

Entre ratonnade à Los Angeles, viol en réunion d’une petite fille à Courbevoie ou famille arabe-israélienne interdite de chambre d’hôtel à Paris …

Nos concitoyens juifs retrouvent des situations qu’ils n’avaient pas connues depuis quasiment la Shoah …

Qui écoutera ces Palestiniens dissidents que prétendent défendre tant de nos belles âmes ?

Here’s What the Day After Israel’s War Should Look Like in Gaza—From a Gazan
Hamza Howidy
Palestinian from Gaza City
Newsweek
Jun 17, 2024

Ever since Hamas‘s October 7 attack on Israel and Israel’s response in Gaza, there have been mass calls for a ceasefire coming from the Left, who have been pressuring President Biden to force Israel to give up its military operation to eradicate Hamas. On the flip side, Israel and its supporters have insisted that they must complete the mission and put an end to the terrorist regime.

Even for people who truly care about Palestinians, it’s something of an agonizing choice between living in a state of war or living under a brutal dictatorial terrorist regime. There is no clear or easy answer as to which is best for Palestinians in Gaza.

As a Gazan who wants what’s best for my people, it’s clear that the plan following Israel’s military campaign is as important. Some have suggested coordination between Fatah and Hamas, while others have suggested ceding Gaza entirely to the Palestinian Authority.

To me, it’s clear that what’s necessary is a new governing body that has a plan for disarming Hamas and for ensuring that the people of Gaza have basic freedoms—and access to information not controlled by Hamas propaganda. This is the only way to ensure that Gazans are liberated not only from Israel’s military bombardment but from the savage rule of Hamas.

The truth acknowledged by those of us who actually care about Palestinians—rather than those only pretending to—is that since its inception, Hamas has been one of the primary causes of Palestinian suffering. The group has sabotaged every chance at a peace treaty between Palestinians and Israelis—through the role they played opposing the Oslo Accords or their role in the Second Intifada, in which they terrorized Israeli civilian society, or by criminalizing any attempt to reach reconciliation to end this longstanding conflict and committing crimes against other Palestinian political parties and dissenting Palestinians like myself.

After Hamas launched its civil war against Fatah in Gaza in 2007, many countries attempted to act as intermediaries between Hamas and the Palestinian Authority, including Saudi Arabia, which invited Hamas and P.A. leadership to Mekkah, the holiest place for Muslims, and signed a reconciliation agreement. But just a few weeks later, Hamas refused to carry out its side of the agreement, and instead hijacked the Gaza Strip, brutally murdering and torturing any opposition.

Following that, various Arab nations, notably Egypt, Algeria, and Qatar, attempted to broker a reconciliation between Hamas and the P.A., until Hamas attacked the P.A. convoy led by Palestinian Prime Minister Rami Hamdallah as it entered Gaza to reach an agreement in 2018, and Hamas’ interior minister, Fathi Hammad, made it clear: « No reconciliation with the secularists, » destroying any hope to change the status quo for the Palestinians.

Hamas has not changed its mind. News sources like to talk about Ismael Hanniyeh negotiating, but the schisms within Hamas are clear, and the final decision lies with Hamas’ leadership in Gaza and their patrons in Tehran, and the Gaza branch of Hamas has made it clear many times that they will not step down from governing Gaza after the war. When the P.A. sent employees to coordinate aid distribution, Hamas attacked and killed some of them, as they did with other tribal members who attempted to coordinate the entry and distribution of aid with the IDF.

Mustafa Barghouti, who serves as General Secretary of the Palestinian National Initiative and a member of the Palestinian Legislative Council, has also called for unity between Hamas and Fatah as the path to freedom, even though both are separately denying Palestinians our freedom. Do those calling for reconciliation not realize that if Hamas joined the P.A. under the PLO umbrella, that would give Hamas more influence in the West Bank, thus imposing a bigger threat to both Palestinian and Israeli society?

But fully supporting Hamas’s political opponent, Fatah, also isn’t the solution. P.A. President Mahmoud Abbas is unpopular with Arab leaders and is viewed as an impediment to Palestinian progress—as much as Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu and his extremist government.

The Palestinian Authority is riddled with corruption and tyranny. The P.A. routinely jails political dissenters, including people who simply post criticism of Abu Mazen on social media. Abu Mazen has exploited the fate of 2.4 million Gazans as a negotiating tool to secure concessions in the West Bank while being too cowardly to make any proposals about dismantling what is left of Hamas or how the P.A. would avoid a Hezbollah scenario in Gaza, in which the P.A. takes on the role of governing the strip while Hamas and other jihadist groups serve as a militia that will eventually lead to another civil war among the Palestinians, or another war with Israel.

The only real option is to hand over control of Gaza for an interim period to a completely rebuilt Palestinian Authority, with the assistance and supervision of the international community. But before assigning that role to the P.A., it must be pressured to submit a proposal to dismantle what remains of Hamas. The P.A. must also commit to putting an end to the so-called « Pay for Slay » program in which the P.A. pays for martyrs, prisoners, and their families. Instead, it must commit to investing this money in welfare programs to put an end to the aid dependency status that has spread throughout Palestinian society.

This new governing body should be controlled by its sponsors to ensure that it will begin to deradicalize Gazan society and supervise the NGOs to execute their tasks without being stopped by Hamas members. And it must ensure that Gazans have access to information that is not controlled by Hamas propaganda.

This is how you truly liberate both Israelis and Palestinians from the threat of Hamas.

What scares the Gazans the most is the thought that the day after the war is ended, the totalitarian and tyrannical regime of Hamas will still have power, and will punish all the dissenters who criticized Hamas for gambling away the lives of the Gaza—as Hamas has promised to do.

Replacing Hamas with another authoritarian regime like Fatah is no answer.

It’s crucial to provide protection for people who have publicly dissented and criticized Hamas during this war, and to protect their families and friends. International protection for free voices in Gaza is the only way to a lasting peace between Israelis and Palestinians.

Freedom of speech, inquiry, assembly, and protest are the rights that come before all other progress. It is these rights which will enable us to promote, develop, and protect peace—through local Gaza communities capable of taking the lead following the interim period of rebuilding Gaza and deciding our own fate in the near future.

The major Palestinian parties will most likely have influence in Gaza following the conflict; thus, safeguards must be put in place to prevent unscrupulous and aggressive power brokers from crushing us and impeding progress.

Hamza Howidy is a Palestinian from Gaza City. He is an accountant and a peace advocate.

Voir aussi:

Message From a Gazan to Campus Protesters: You’re Hurting the Palestinian Cause
Newsweek
Apr 25, 2024Protests are spreading across the United States at college campuses, where university students are gathering in the name of Palestinian rights and occupying campus spaces with tents. Sadly, not everyone who purports to support Palestinians is truly interested in safeguarding our rights.It pains me to say this as a Palestinian from Gaza. As my home is destroyed and too many killed, I never thought I would find myself criticizing those speaking up. And yet, I cannot be silent about what I am seeing. The truth is that the manner in which many gather to voice their support for Palestinians does more to hurt our cause than help it.You know what would help the Palestinians in Gaza? Condemning Hamas‘ atrocities. Instead, the protesters routinely chant their desire to « Globalize the Intifada. » Apparently they do not realize that the Intifadas were disastrous for both Palestinians and Israelis, just as October 7 has been devastating for the people of Gaza.They should be speaking up for the innocent victims of Hamas—both Palestinian and Israeli. Instead, they endorse Hamas’s ideology with posters announcing resistance « by any means necessary » and chants of « from the river to the sea, » effectively glorifying the Al-Qassam brigades, Hamas’ military wing, whose ideology is entirely based on the elimination of more than 6 million Israelis from the land.I assumed individuals who initiated these slogans were uninformed about what they were advocating for. I saw the LGBTQ flag frequently flown among people chanting lines from Hamas’s charter, and I initially wanted to educate them, to warn them that the group they are honoring would most likely toss them from the top of a building or murder them like they did to Mahmoud Ishtiwi, a Hamas commander accused of homosexuality. Hamas harasses women who don’t cover their heads. Hamas tortures those who demonstrate against their authoritarian rule, as they did me when I protested.Hate speech on college campuses starting with the one at Columbia has recently reached a frightening pitch. I’ve seen people yelling antisemitic things at Jewish students, including « Jews go back to Poland » and other horrible phrases. It has deteriorated to the point that Jews are no longer attending university classes due to the current hostile environment, and they are attending their classes online to avoid the demonstrators.It’s unconscionable. But it’s not just the antisemitism that has me despairing. It’s the hypocrisy. Where were these caring young people when Hamas took over Gaza and slaughtered hundreds of Gazans, or when Hamas held 2 million Gazans captive for more than 17 years? Why didn’t they speak out about the fact that Hamas led Gazans into this conflict, which resulted in more than 30,000 dead and 80,000 injured, according to Gazan municipal authorities? Where were they when Hamas’s failed missiles claimed the lives of hundreds of Gazans on October 17, or when Hamas murdered young people in order to steal aid and resell it to Gazans at massively inflated prices?The only conclusion that can be drawn from these demonstrators’ silence concerning Hamas’ atrocities and their antisemitic chanting is that they are not concerned with protecting Palestinians. They are out in their tents because of a hatred of Jews and Israelis.As a Gazan and as a Palestinian, I want the protesters and the organizers of these protests to know that their hateful speech harms us. The Jewish person or Israeli you are intimidating during your rally may be the granddaughter of a Holocaust survivor or a family member of an Israeli slain or abducted by Hamas on October 7. These folks would be your partners if the protests were about achieving lasting peace and justice for Palestinians and Israelis.I do not accept hateful speech or terrorist chants, and all of these foolish dreams about eradicating Israel are disgusting—and will never be achieved. Both of us—Palestinians and Israelis—are here to stay.But the protesters aren’t interested in peace. Some of the groups have been blocking Palestinian peace activists like me—and I am from Gaza, the very place they claim to care about! Instead of blocking peace activists, they should be inviting us to join these protests and guide them in the right direction—a place without hatred with a focus on calling for the release of the hostages who have been held captive by Hamas for more than 210 days.If the protesters cared about Palestinians, they would have one central demand: Hamas must surrender, because we have all suffered from Hamas and can no longer live under the rule of a terrorist group. Only then can a ceasefire be achieved.

Hamza Howidy is a Palestinian from Gaza City. He is an accountant and a peace advocate.

Voir également:

Selon Hamza Howidy, ces rassemblements sont « antisémites » et « ne se soucient pas de défendre les Palestiniens » ; « Les étudiants sont dans des tentes à cause de la haine des Juifs et d’Israël »

i24NEWS

Dans une tribune publiée dans le magazine américain Newsweek, Hamza Howidy, un Palestinien de Gaza naturalisé américain, militant pour la paix, a vivement critiqué les manifestations pro-palestiniennes organisées sur les campus universitaires américains. Selon lui, ces rassemblements sont « antisémites » et « ne se soucient pas de défendre les Palestiniens ». « Les étudiants sont dans des tentes à cause de la haine des Juifs et d’Israël », a-t-il écrit.

« En tant que Gazaoui et Palestinien, je veux que les manifestants et les organisateurs sachent que leur discours de haine nous nuit », affirme Khawidi. « Si les manifestations visaient à obtenir une paix durable et la justice, les Juifs ou les Israéliens pourraient être nos partenaires. À Gaza, nous n’acceptons pas les propos haineux ou les appels au terrorisme, et tous ces rêves stupides d’éliminer Israël sont répugnants – et ne se réaliseront jamais. Nous, Palestiniens et Israéliens, sommes là pour rester ».

Khawidi, qui s’oppose ouvertement au régime du Hamas et a déjà été arrêté pour ses critiques publiques contre le groupe, a appelé les manifestants à penser également aux victimes innocentes du Hamas, tant palestiniennes qu’israéliennes. « Au lieu de cela, les étudiants soutiennent l’idéologie d’une organisation terroriste en proclamant leur opposition ‘par tous les moyens nécessaires’. Les slogans ‘De la mer à la rivière’ glorifient en fait les brigades Al-Qassam, dont l’idéologie repose sur l’élimination de millions d’Israéliens », a-t-il accusé.

Il a ajouté que « les manifestants ne sont pas intéressés par la paix » et affirmé que « certains groupes ont bloqué des militants palestiniens pour la paix comme moi, qui suis de Gaza. Ils devraient nous inviter à nous joindre à ces manifestations et nous laisser les guider dans la bonne direction, en appelant à la libération des personnes enlevées détenues par le Hamas depuis plus de 200 jours ».

Khawidi a également dénoncé l’antisémitisme et l’hypocrisie des manifestants : « Où étaient-ils quand le Hamas a pris le contrôle de Gaza et nous a massacrés ? Ou quand il nous a tenus en otage pendant plus de 17 ans ? », s’est-il interrogé. « Ils ne parlent pas du fait que le Hamas a conduit les Gazaouis au conflit, a tué des jeunes pour voler l’aide et la revendre, et que ses roquettes ratées ont coûté la vie à des centaines de personnes ».

Voir de plus:

Michael Higgins: This Palestinian from Gaza has no time for campus protesters

Man tortured by Hamas says university encampments motivated by ‘hatred of Jews’
Michael Higgins
National Post
May 07, 2024

Hamza Howidy has one word for the students at alleged pro-Palestinian protests rocking campuses across North America: hypocrites.“I don’t see a single pro-Palestinian protester demanding Hamas surrender,” said Howidy, a Palestinian from Gaza who was twice arrested and tortured by Hamas.“I think that’s part of their hypocrisy because I believe that what motivates many of them is their deep hatred for the Jews and their antisemitism.”

Students are demonstrating on several Canadian campuses including the University of Toronto, McGill, UBC, and in the U.S. at Columbia, UCLA, Pennsylvania and other universities.But Howidy has no time for the students at the so-called pro-Palestinian rallies who, he says, should be putting the focus on Hamas.“We suffer with Hamas. (They) are responsible for our suffering. And there will never be a future for us under their control, even if Israel just disappeared, we still suffer under Hamas,” he said in an interview last week.Howidy has lived most of his life under Hamas. He was still a child when Hamas was elected in Gaza, ousting the Fatah party and killing many in a brief civil war in 2007.“I was a child when Fatah was the government of Gaza, but I remember what my family used to say about Fatah and the corruption among Fatah members and that’s exactly why people elected Hamas in 2006.
“So there was corruption, but the security and safety was way better than when Hamas took control of Gaza.”Howidy went on to study at the Islamic University of Gaza and graduated from the faculty of accounting.“The first requirement for any job in the public sector in Gaza is to be a Hamas member, or at least a supporter. It’s either you join Hamas to benefit and get a job and get some assistance in your life or you prefer to be an independent guy who struggles almost every day.“The unemployment rate is higher than 60 per cent and the people just want to make some money so they can escape Gaza and be settled in another country because they have completely lost hope and any future in Gaza,” he said.Hamas also has a network of spies operating throughout the region to keep an eye on citizens.“They have undercover Hamas members to report about anyone who criticizes Hamas or speaks against them. You don’t know if you are talking to a Hamas guy or not. You start talking against Hamas and you find yourself arrested the next day,” said Howidy.
“No one in Gaza can speak against Hamas without being arrested and tortured. That’s why (surveys) come out of Gaza that shows the entire population are supporters for Hamas, which is completely wrong.“There are a lot of people who are opposed to Hamas and just want to overthrow them, but they are afraid of the consequences. They might be tortured, they might lose their jobs, many things.”Howidy did not belong to a political party in Gaza but did join the We Want to Live protest movement, a grassroots youth organization in Gaza calling for better living conditions.“Part of us believed in peace and coexistence (with Israel) but it’s way too dangerous to call for that. So we choose to call for better living conditions.”Even so, Howidy was arrested in 2019 and 2023 for protesting.“We protested Hamas in 2019 and we protested them in 2023 just three or four months before the (Oct. 7) attacks. Both times I was arrested.”The first time, Howidy was held for about three weeks before being released after his family paid US$3,000. The second time he was held for two weeks before his family managed to come up with the same amount of money.
“You don’t get a lawyer or a court date,” he said.“The first time I was there for three weeks. My family tried to visit me more than 10 times and every time they said, ‘No, he’s not here.’ But when my family was willing to pay the $3,000 they said, ‘Yes, he’s here.’“No day passes without torture at Hamas’s prisons. The first time I was arrested, I remember that I was beaten every single day.”Where were the student protests when Palestinians in Gaza were standing up to Hamas and being arrested and tortured, Howidy asked.“The outside world did not care about what’s happening on Gaza. I felt like no one cares about us. No one cares if I stayed for 10 years inside the jail.”Howidy fled Gaza in August 2023 and is now seeking asylum in Germany. He would like to return home but for his action, Hamas has labelled him a traitor.“So as soon as they get me, they will kill me immediately,” he said.Howidy said the world, and the student protesters, need to know that Hamas is at the root of the troubles.“I left Gaza with an intention to not be silent about what’s happening, to speak out, for those who couldn’t leave Gaza.”Howidy is angry that so many protesters have failed to speak up in the past.“No one spoke when Hamas arrested all of us and tortured us — twice. None of them spoke when Hamas killed 700 Palestinians in 2006 and 2007. So I think they are motivated by their hatred of the Jews or Israel in general.”

His message for protesters is: “Enough. We have lost both Palestinians and Israelis.”

Howidy hopes that Hamas can be replaced with a better governing party, one that can create “a new page in our history, one that does not include terror.”

Voir encore:

Hamas Tortured Me for Dissent. Here’s What They Really Think of Palestinians
Hamza Howidy
Palestinian from Gaza City
Newsweek
Jan 02, 2024

I was born in Gaza Strip in the late 1990s, one of six children. At the time, the Palestinian Authority was the ruling party. My father, like most people in Gaza, was sick of the PA’s corruption and was waiting for any alternative. Hamas promised « change and reform » and they won the Palestinian Legislative Council elections in 2006. One year later, I awoke to the sound of gunfire. Hamas gunmen were fighting Fatah, and they ended up killing of more than 600 Palestinians. It became clear very quickly that Hamas was not the « change and reform » that we hoped for.

To silence dissent, Hamas terrorized the citizens of Gaza. On the way to the Dar-Alarqam school I attended in the al-Shujaiya neighborhood near the Israeli border, a group of masked men carrying Kalashnikovs would check each car. At the end of the year, masked men opened offices in our school to promote Hamas’s military camps and register students.

I graduated and began my studies at the Islamic University of Gaza, along with future Hamas leaders and current members. All art classes were replaced with radical Islamic teachings, and the elections of the student councils and clubs were only open to Hamas members, who hoarded all the privileges and distributed all the grants between themselves.

Voicing dissent was not an option. Hamas has a no tolerance policy for criticism or objections to any of its policies. Even discussion is forbidden Any journalist who objects or criticizes a policy is suspended and investigated. Demonstrations are strictly prohibited. Freedom of speech in Gaza is a fantasy. The dirtiest tool Hamas uses to silence citizens is character assassination through online campaigns accusing dissenters of working for hostile bodies or committing immoral acts. Hamas also routinely breaks into the homes of people deemed disloyal and humiliates them in front of their family and neighbors.

I observed all this with growing horror as a student. And as Hamas’s oppression of the Palestinian citizens of Gaza increased, the quality of life deteriorated. Hamas’s aggression toward Israel resulted in fewer and fewer job permits and limits on the electricity in Gaza, which we only got for eight hours a day. The economy cratered. Social and economic conditions collapsed.

A huge social gap opened between the wealthy elite who belong to Hamas and the rest of the population who were increasingly living in driving poverty. Public sector jobs were limited to Hamas members, and taxes were increasing on necessities day by day, even as the cost of living skyrocketed.

Many of us could no longer bear it. I was one of them.

Though we knew dissenters were subject to imprisonment, torture, and even murder, in 2019, a few of us decided to join forces and form a protest to voice our opposition to Hamas. We called it the « We Want to Live » demonstration. Our demonstration elicited an extreme reaction by Hamas. They violently cracked down on the protests and we were all arrested.

I will never forget my first day in jail—walking up the steps listening to screams of my colleagues, most of them fellow students, who had been arrested before me. I was held under arrest for 21 days and subjected to various types of torture. I was beaten with batons and sprayed with cold water in the late winter night hours. My friends didn’t fare much better. A Christian friend was in the next cell and I could hear them screaming at him, « You are a Christian and you don’t like the situation? Then go to another country! »

After we were released, most of those who participated in the demonstrations emigrated away from Gaza. There was no hope for any change in the current situation. We suffered ongoing harassment by Hamas members. Some died trying to leave, like Tamer Al-Sultan, a pharmacist whose crime was asking for a reconciliation between Hamas and Fatah.

People’s living conditions got worse. The wealth gap expanded even further. We protested again in 2023 and were crushed in the same manner as in 2019. I was arrested again by Hamas last year and held for 14 days, this time in a small cell with no bed, no window, and barely enough space to sit down. I was released on bail on the condition that I not take part in any further demonstrations.

I still expressed my opinion occasionally on social media, but the arrest warrants after each post and the continuous threats from Hamas members and accusations of treason made me lose hope that I could make any kind of change. I left Gaza in August to seek a better future for myself and my family.

All this time, Hamas was planning to expand its extremism and intimidation. They knew what would happen as a result of their massacre on October 7, when they attacked Israeli civilians, and Israel responded with a massive war aimed at destroying Hamas, which has obliterated large parts of the Gaza Strip.

Now all the inhabitants of the city are being punished for Hamas’ actions.

I think it’s hard for Israelis to understand that there are many innocent people in Gaza who have suffered as much from Hamas’s evil as they have. I understand those Israelis. During my life as a Gazan, the only thing I believed about Israelis was that they all hate us and want to eliminate us as a Palestinians.

Now I know better. After criticizing Hamas for its horrific actions on Oct. 7, I made friends with Israelis for the first time in my life. It turns out that many of them, like me, just want this conflict to end so they can live in peace. These friendships opened my eyes to their suffering. I now have a better understanding what they are thinking, and have decided never to make judgments before listening to the other side.

I hope my new friends feel the same way about the many Gazans living under the boot of Hamas’s oppression.

We Palestinians have a saying: « Hope is born from the womb of suffering. » I hope that after the war, that after Hamas been defeated, we can create a real, lasting peace for both the Palestinians and the Israelis. Many Gazans are praying for this, too.

Hamza Howidy is a Palestinian from Gaza City. He is an accountant and a peace advocate.

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Marine Le Pen: « Combien de temps allons-nous tolérer les abjections de l’extrême-gauche sur l’antisémitisme ? »
Marine Le Pen
Le Figaro
22/06/2024
FIGAROVOX/TRIBUNE – L’extrême-gauche se rend coupable d’une insupportable banalisation de l’antisémitisme contre laquelle il faut lutter, pour l’honneur de la France, estime l’ancienne candidate RN à l’élection présidentielle.
En France, les actes antisémites ont progressé de 300% au premier trimestre 2024, soit quatre actes antisémites par jour. Cette hausse s’est clairement matérialisée à la suite du 7 octobre, avec 1200 actes recensés, ils représentent aujourd’hui 60% des actes antireligieux alors que nos compatriotes juifs ne représentent que 0,69% de la population.
Le dernier acte en date, l’effroyable viol de cette fillette de 12 ans, parce que juive, me soulève le cœur et devrait révolter la France entière. Pourtant il y a encore des voix, toujours les mêmes, pour tempérer, relativiser, invisibiliser pour continuer leur travail de sape, de l’intérieur.
C’est dire si la situation est grave et notre responsabilité à se mobiliser doit être à la hauteur de la menace. Combien de temps allons-nous tolérer les abjections d’une coalition d’extrême-gauche, adoubée par des barons du système en mal de soupe. Comment comprendre la relative compréhension du système médiatique sur l’immense responsabilité de l’élite dans cette banalisation insupportable ?
En ce qui nous concerne nous réfutons absolument les accusations diffamatoires ou fantaisistes à notre encontre venant de personnalités qui ont beaucoup à se faire pardonner pour leurs engagements dans des partis ou des organisations qui se sont compromis avec des régimes totalitaires et criminels, passés ou présents.
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La grande clarification comme le dit le président français est aussi celle-là.
Et c’est pour cela que nous nous mobilisons aujourd’hui. Pour sauver notre patrie certes, mais aussi pour sauver l’honneur de la France aux yeux du monde en permettant à nos compatriotes juifs, comme à tous ceux qui aiment notre pays, de pouvoir vivre en totale sécurité ici, le pays de la Liberté. «Heureux comme un juif en France» disait-on, c’est-à-dire vivre dans la liberté, la dignité et la sécurité ! C’est vital, urgent et d’une nécessité absolue. Nos ennemis sont à l’œuvre. En s’en prenant à une partie de nous-même, c’est à nous qu’ils s’en prennent ! N’en doutons jamais.
Pour nous l’affaire est majeure et j’aimerais que mes compatriotes juifs me lisent et ne doutent jamais de ma sincérité dans ce combat.
Jamais au grand jamais je n’ai toléré dans mon mouvement la moindre compromission avec les idées antisémites ou révisionnistes. Avec mes amis, à la direction du RN, avec Jordan, nous avons toujours été très clairs sur notre condamnation de la haine antisémite, de la réécriture ou la banalisation de l’histoire de la Shoah. N’avais-je pas déclaré dès 2011 que les camps avaient été le summum de la barbarie ?
Dès lors pour nous, et que ce soit très clair pour tous, jamais la loi Gayssot ne nous a posé le moindre problème et j’ajoute même qu’elle devient aujourd’hui un rempart face à cet antisémitisme communautarisé et de gauche qui infuse partout dans la société.
Concernant l’histoire tragique de la Seconde Guerre mondiale et de la France, il est bien compris qu’il ne s’agit pas de culpabiliser le peuple français, la République française dans ses compromissions ou d’accuser la France, loin de là, mais de montrer qu’une France, celle de Vichy, a collaboré dans le sort funeste des juifs de France. Mais cette part sombre ne doit pas, ne peut pas faire oublier le courage, l’abnégation et le sacrifice de tous ceux qui ont combattu dans la résistance ou à la libération de la France, des commandos Kieffer à l’Armée d’Afrique.
Comme le dit avec justesse Serge Klarsfeld «c’était en quelque sorte une guerre civile entre deux France antagonistes». «Celle du général de Gaulle avec la France Libre et celle du maréchal Pétain.» L’une organisait et incarnait la résistance, l’autre était mobilisée à appliquer avec zèle la politique allemande, attitude criminelle et impardonnable. Beaucoup de crimes irréparables ont alors été commis, dont la rafle du Vel d’Hiv sous la responsabilité d’un certain René Bousquet. Ne l’oublions jamais.
Mais si «l’État français» a participé à la perte d’un quart des juifs de France, les Français, le peuple français, a été le principal facteur de la survie des trois quarts des juifs de France, et «cette survie a été absolument exceptionnelle en Europe»…
«Nourrie par l’instituteur et par le curé de valeurs républicaines et de valeurs chrétiennes», la population française a fait preuve d’une étonnante lucidité qui l’a poussé, face à un danger mortel, à aider les juifs ! Quel plus beau témoignage que celui-là qui démontre que cette France-là était au rendez-vous de l’histoire. «Les Français, l’Église et la société civile, ont été à notre égard un peuple de justes» nous dit monsieur Klarsfeld, à partir du moment où ils ont compris qu’entre les mains des nazis, les juifs étaient voués à la mort.
Voilà la réalité ! Voilà ce que nous pensons, et merci à la famille Klarsfeld d’avoir, par des travaux historiques irréfutables, contribué à éclairer ce chemin jonché de fausses certitudes et de silences coupables.
Qu’on se le dise une dernière fois, l’extrême-droite est aujourd’hui en France résiduelle contrairement à l’antisémitisme d’extrême-gauche qui par sa violence et ses intimidations menaçantes incitent au passage à l’acte. L’adversaire est connu. Ses complices aussi.
Nous sommes le parti des braves gens de toutes conditions et de toutes origines ! Et c’est la France des braves gens qui aujourd’hui, comme hier, n’accepte pas les menaces et les actes abjects commis à l’encontre de nos compatriotes juifs. C’est la France des braves gens qui s’organise pour faire face à ces criminelles compromissions. C’est la France des braves gens qui dit «ça suffit» à cette gauche honteuse capable pour survivre de s’acoquiner avec le pire !
N’oublions pas les décrets de 1791, l’assimilation napoléonienne, le décret Crémieux qui arrime les juifs d’Algérie à la terre de France, le Zola de l’affaire Dreyfus, leur héroïque mobilisation lors de la grande guerre et les persécutions raciales dont ils ont été victimes en 40. Ils sont de notre histoire et sont aussi notre histoire.
Ils sont Français et le resteront, et nous ferons tout, absolument tout, pour les protéger !
Voir aussi:

Un homme a été arrêté par la police

i24NEWS

De violentes échauffourées ont éclaté dimanche aux abords d’une synagogue dans un quartier juif de Los Angeles, après les provocations de militants propalestiniens qui s’étaient rassemblés devant le site, empêchant les fidèles d’y accéder. Un homme a été arrêté par la police.

Les images circulant sur les réseaux sociaux montrent des heurts entre des hommes portant des keffiehs et des contre-manifestants munis de drapeaux d’Israël et du mouvement juif Habad. Une vidéo particulièrement choquante montre une femme au sol se faire frapper par un activiste propalestinien.

 Le maire de Los Angeles a déclaré qu’il s’agissait d’un événement inacceptable et qu’il entendait lutter contre ce type de phénomène. « Je tiens à être clair : Los Angeles ne sera pas une ville de refuge pour l’antisémitisme et la violence. Les responsables seront retrouvés et traduits en justice », a-t-il dit.

Après ces incidents, Sasha Roitman-Dratva, directrice générale du Mouvement de lutte contre l’antisémitisme, a déclaré : « La violente attaque de manifestants propalestiniens devant une synagogue à Los Angeles et la fusillade hier soir devant une synagogue en Russie, s’ajoutent aux actes choquants en France et à bien d’autres événements à travers le monde, qui expriment une augmentation du niveau d’antisémitisme et de la gravité des crimes haineux contre les Juifs dans le monde. Ces actes sont un rappel important de la raison pour laquelle nous devons tous lutter quotidiennement contre toute entité qui commet, justifie ou soutient des actes de terrorisme, de violence ou de meurtre contre des Juifs, directement ou indirectement. Nous espérons que les autorités judiciaires des différents pays sauront comment protéger les Juifs qui vivent parmi eux, et ne les laisseront pas seuls face à l’antisémitisme. »

Voir de plus:

Los Angeles mayor failed to protect Jews amid ‘pogrom’ at shul, critics say

« Pro-Hamas and Hezbollah extremists violently attacked American Jews in Los Angeles and the politicians ordered the police to do nothing to defend them. » — Mark Dubowitz

(JNS) Early Sunday morning, The Los Angeles Times dubbed Karen Bass “mayor of the city of the eternal future” in a profile in its “L.A. Influential” section that spoke of “Los Angeles’s first female and second black mayor” as “instantly hyper-alert, composed and commanding,” and a “pragmatic leader.”

Bass made “good on a campaign pledge to push a fractious patchwork of government actors toward something resembling coordination” and “commands respect with an outstretched hand instead of a clenched fist,” the Times reported.

Hours later, as clenched fists had targeted Jews in what many called a “pogrom” outside Adas Torah, an Orthodox synagogue in the Pico-Robertson neighborhood, many were asking where Bass was and why police weren’t protecting Jews.

“Pro-Hamas and Hezbollah extremists violently attacked American Jews in Los Angeles and the politicians ordered the police to do nothing to defend them,” wrote Mark Dubowitz, CEO of the Foundation for Defense of Democracies. “Radical leftists and Islamists are ruining our country.”‘

Noah Pollak, a political consultant and writer, wrote that he was at the synagogue for an event on Sunday.

“The Los Angeles Police Department let the Hamas supporters take over the sidewalk in front of the shul and block its entrance. In fact, LAPD had formed a cordon around the front of the shul to keep Jews out and Hamas supporters in,” Pollak wrote.

He added that he and his children tried to enter via the front door but were “turned away not by Hamas supporters but by the LAPD. Anyone who wanted to attend had to use a secret back entrance.”

Pollak called the mayor and the LAPD “an absolute disgrace—it’s clear the police have been instructed to help the Democratic Party street animals do their thuggery. They were definitely not there to protect the right of Jews to enter their shul.”

Hours after the violence outside the synagogue, Bass stated that “today’s violence in the Pico-Robertson neighborhood today was abhorrent, and blocking access to a place of worship is unacceptable.”

“I’ve called on LAPD to provide additional patrols in the Pico-Robertson community as well as outside of houses of worship throughout the city,” the mayor wrote. “I want to be clear that Los Angeles will not be a harbor for antisemitism and violence. Those responsible for either will be found and held accountable.”

Although critics noted that the mayor referred to “houses of worship” rather than to Jews being targeted at a synagogue, a senior vice president at the Jewish Federation of Los Angeles thanked Bass for her “unequivocal denunciation of the antisemitism we witnessed in our city today.”

JNS sought comment from the mayor.

“On June 23, 2024, at 10:52 a.m., officers responded to a large protest in West L.A. Division. A dispersal order was issued,” Drake Madison, an officer in the LAPD media relations division told JNS.

“One suspect was arrested for 55.07 LAMC-possession of a prohibited item at a protest (spiked flag),” the officer said. “The suspect was issued a RFC (citation) at West L.A. Station and subsequently released. There is no further information.”

‘This discrimination demands a response’

Israeli special envoy for combating antisemitism Michal Cotler-Wunsh, Disturbed frontman David Draiman and Independent Women’s Forum senior fellow Ellie Cohanim were among those who called the violence a pogrom.

“Local Jewish leaders report that the LAPD was told to ‘stand down,’” Cohanim wrote. “This discrimination by authorities demands a response.”

“Our streets are already unsafe thanks to Mayor Karen Bass,” wrote the Republican Party of Los Angeles County. “Let the police combat and quash this pro-Hamas violence before we drown in another ‘Summer of Love.’”

“If going to a predominantly Jewish neighborhood to harass and intimidate Jewish people at a synagogue is not antisemitism, what is?” wrote Rick Chavez Zbur, a California state representative and a Democrat. “This is hate unleashed and every community leader should be forcefully speaking out. Enough is enough.” PJC

Voir de même:

Paris : une enquête interne ouverte au Novotel de la Porte de Versailles après la plainte d’une famille israélienne

Un couple et son enfant de 3 ans n’ont pas été autorisés à séjourner dans l’hôtel par l’employé qui se trouvait derrière le comptoir, en raison de leurs passeports israéliens. Le groupe Accor a ouvert une enquête, mais indique que l’établissement était complet le soir des faits.

Le Parisien
24 juin 2024

Leur séjour dans la capitale aurait commencé de la pire des manières. Une famille d’Arabes israéliens s’est vu refuser ce mercredi 19 juin l’accès au Novotel de la Porte de Versailles par un de ses employés, dans le XVe arrondissement de Paris. Le père de famille a déposé plainte ce vendredi et une enquête interne a été ouverte par le groupe Accor, a appris Le Parisien de sources concordantes.

Les faits se seraient déroulés dans la nuit de mercredi à jeudi. Venus à Paris pour quelques jours de vacances, un couple israélien et leur enfant de 3 ans se rendent au Novotel. Une femme lui aurait d’abord annoncé un prix de 935 euros pour trois nuits et aurait pris la réservation de la famille assistée d’un collègue, sans difficulté. Puis, en fin de service, les deux employés ont été relevés par un homme.

« Il a complètement changé de visage »

Selon Mahmud, c’est avec lui que l’échange s’est tendu. Le prix de la chambre aurait augmenté en conséquence : « Quand il a vu que j’avais un passeport israélien, il m’a annoncé que la chambre allait coûter 1 219 euros au final, il a augmenté le prix volontairement », déclare-t-il dans sa plainte, que Le Parisien a pu consulter.

« Il a complètement changé de visage quand il a vu nos passeports », nous affirme le touriste. Face à l’augmentation du prix, Mahmud décide alors de réserver une chambre directement depuis son téléphone, via le site Booking. Le prix était bien de 935 euros et il a confirmé la réservation. Pendant ce temps, le veilleur de nuit a pris en charge d’autres clients. « L’homme que j’avais en face de moi m’a affirmé que ma réservation n’était pas confirmée, malgré le fait que je lui montre que sur le site elle l’était », détaille encore Mahmud.

Selon le touriste, plusieurs clients ont défilé devant le comptoir et ont obtenu une chambre pour la nuit pendant qu’il attendait, alors que l’homme lui maintenait qu’il n’y avait plus de chambres disponibles, malgré la réservation qu’il venait d’effectuer. Mahmud a contacté la police qui a demandé à parler au veilleur de nuit, ce dernier a refusé.

« Vous vous croyez les rois du monde »

« Il nous a traités avec mépris et racisme. Il nous a dit : Israël, vous vous croyez les rois du monde, vous n’aurez pas de chambre dans cet hôtel », nous a précisé Mahmud. Une phrase qu’il a également rapportée à la police dans sa plainte. Il a ensuite demandé à l’homme son prénom, celui-ci a refusé de répondre en criant « Israël ! Israël ! »

« J’ai demandé de l’aide à l’agent de sécurité mais il était du côté de la personne à la réception. À 1h30 du matin, ils nous ont mis dehors avec nos valises et notre enfant de trois ans », poursuit-il. Sans toit pour la nuit, la famille s’est redirigée vers un hôtel Ibis proche de l’aéroport de Roissy, où elle avait déjà logé lors d’un précédent séjour.

Selon nos informations, une enquête interne a été lancée par le groupe Accor, propriétaire de Novotel, pour faire la lumière sur les faits. L’homme qui était en charge de l’accueil des clients cette nuit-là a été convoqué par sa direction afin de fournir sa version des faits, a appris Le Parisien. Un dédommagement a été proposé à la famille en compensation.

Le propriétaire de l’établissement de la Porte de Versailles a affirmé auprès de France 2 qu’il n’y avait plus de chambre disponible, et que le client aurait demandé à bénéficier d’une suite au prix d’une chambre classique. Le ton serait ensuite monté avec le salarié de Novotel et l’hôtel aurait appelé la police. Une version qui diverge de celle donnée par Mahmud Omari.

Voir enfin:

Après une semaine de silence, de chagrin et de sidération, les parents d’A., 12 ans, kidnappée et violée par un groupe de garçons de son âge à Courbevoie (Hauts-de-Seine), ont accepté de prendre la parole. Ils ont choisi Le Parisien-Aujourd’hui en France pour témoigner du supplice vécu par leur fille aînée et poser des mots d’adultes sur ce qui s’est passé samedi 15 juin dans l’enfer d’un local désaffecté situé à quelques pas seulement de l’appartement familial.

Nous les avons rencontrés ce lundi 24 juin dans l’après-midi au cabinet de leurs avocats, Mes Muriel Ouaknine-Melki et Oudy Bloch. Pour protéger leurs identités et préserver l’anonymat de leur enfant, ils n’ont pas souhaité apparaître à visage découvert.


Appel du 18 juin/84e: La dissolution et la chienlit (Has Jupiter finally run out of thunderbolts ?)

18 juin, 2024
Paris : La fête à Macron en noir et blanc - Albums de photos de Jean-Pierre MAFFRE
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Vous aviez à choisir entre la guerre et le déshonneur; vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre. Winston Churchill (mai 1940)
Pourquoi voulez-vous que nous dissimulions l’émotion qui nous étreint tous, hommes et femmes, qui sommes ici, chez nous, dans Paris debout pour se libérer et qui a su le faire de ses mains.  Non! nous ne dissimulerons pas cette émotion profonde et sacrée.  Il y a là des minutes qui dépassent chacune de nos pauvres vies. Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! mais Paris libéré ! libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l’appui et le concours de la France tout entière, de la France qui se bat, de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle. Général de Gaulle (25 août 1944)
Alors, Bidault, c’est la chienlit ! Général de Gaulle (26 août 1944)
Si je puis vous résumer l’opinion du président de la République, c’est « la réforme, oui, la chienlit, non ». Georges Pompidou (19 mai 1968)
Sans dissolution, cela aurait été la chienlit. On ne peut pas craindre le peuple dans une démocratie. Emmanuel Macron (18 juin 2024)
La solution que j’ai prise, c’est la plus lourde, la plus grave, mais la plus responsable. Emmanuel Macron (18 juin 2024)
Il n’y a plus de laïcité, ils reviennent sur les lois d’immigration qui permettent de réguler. Et puis il y a des choses complètement ubuesques, comme par exemple aller changer de sexe en mairie ». Emmanuel Macron
Ce n’est pas un programme social-démocrate (…) c’est un programme totalement immigrationniste. Ils ont fait un accord d’appareil, mais qui ne tiendra pas. La gauche est beaucoup plus divisée qu’en 2022 parce qu’elle n’a pas de chef. Elle a fait campagne pendant trois mois en expliquant qu’elle était irréconciliable (..) et là d’un seul coup, on va à la gamelle ensemble. Emmanuel Macron
Françaises, Français. Vous avez eu ce jour à voter pour les élections européennes, en métropole, dans nos Outre-mer, comme à l’étranger. Le principal enseignement est clair : ce n’est pas un bon résultat pour les partis qui défendent l’Europe, dont celui de la majorité présidentielle. Les partis d’extrême droite qui, ces dernières années, se sont opposés à tant d’avancées permises par notre Europe, qu’il s’agisse de la relance économique, de la protection commune de nos frontières, du soutien à nos agriculteurs, du soutien à l’Ukraine, ces partis progressent partout sur le continent. En France, leurs représentants atteignent près de 40% des suffrages exprimés. Pour moi, qui ai toujours considéré qu’une Europe unie, forte, indépendante est bonne pour la France, c’est une situation à laquelle je ne peux me résoudre. La montée des nationalistes, des démagogues, est un danger pour notre nation, mais aussi pour notre Europe, pour la place de la France en Europe et dans le monde. Et je le dis, alors même que nous venons de célébrer avec le monde entier le Débarquement en Normandie, et alors même que dans quelques semaines, nous aurons à accueillir le monde pour les Jeux olympiques et paralympiques. Oui, l’extrême droite est à la fois l’appauvrissement des Français et le déclassement de notre pays. Je ne saurais donc, à l’issue de cette journée, faire comme si de rien n’était. À cette situation s’ajoute une fièvre qui s’est emparée ces dernières années du débat public et parlementaire dans notre pays, un désordre qui, je le sais, vous inquiète, parfois vous choque, et auquel je n’entends rien céder. Or, aujourd’hui, les défis qui se présentent à nous, qu’il s’agisse des dangers extérieurs, du dérèglement climatique et de ses conséquences, ou des menaces à notre propre cohésion, ces défis exigent la clarté dans nos débats, l’ambition pour le pays et le respect pour chaque Français. C’est pourquoi, après avoir procédé aux consultations prévues à l’article 12 de notre Constitution, j’ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote. Je dissous donc ce soir l’Assemblée nationale. Je signerai dans quelques instants le décret de convocation des élections législatives qui se tiendront le 30 juin pour le premier tour et le 7 juillet pour le second. Cette décision est grave, lourde, mais c’est avant tout, un acte de confiance. Confiance en vous, mes chers compatriotes, en la capacité du peuple français à faire le choix le plus juste pour lui-même et pour les générations futures ; confiance en notre démocratie. Que la parole soit donnée au peuple souverain, rien n’est plus républicain. Cela vaut mieux que tous les arrangements, toutes les solutions précaires. C’est un temps de clarification indispensable. Confiance en la France qui, face à la rudesse des temps, sait toujours s’unir et résister pour dessiner l’avenir et non se replier ou céder à toutes les démagogies. Dans les prochains jours, je dirai l’orientation que je crois juste pour la nation. J’ai entendu votre message, vos préoccupations, et je ne les laisserai pas sans réponse. Et vous me connaissez, le goût de l’avenir, celui du dépassement de la fédération continueront de nourrir ce projet. Mais en ce moment de vérité démocratique, et alors même que je suis le seul responsable politique à n’avoir aucune échéance électorale personnelle en 2027, soyez certains d’une chose : ma seule ambition est d’être utile à notre pays que j’aime tant, ma seule vocation est de vous servir. Je sais pouvoir compter sur vous pour aller massivement voter les 30 juin et 7 juillet prochains. La France a besoin d’une majorité claire pour agir dans la sérénité et la concorde. Être Français est toujours se hisser à la hauteur des temps quand il l’exige, connaître le prix du vote et le goût de la liberté, agir quelles que soient les circonstances en responsabilité. C’est, au fond, choisir d’écrire l’histoire plutôt que de la subir. C’est maintenant. Emmanuel Macron
Lorsque les institutions de la République, l’indépendance de la Nation, l’intégrité de son territoire ou l’exécution de ses engagements internationaux sont menacés d’une manière grave et immédiate et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics constitutionnels est interrompu, le Président de la République prend les mesures exigées par ces circonstances, après consultation officielle du Premier ministre, des Présidents des Assemblées ainsi que du Conseil constitutionnel. Il en informe la Nation par un message. Ces mesures doivent être inspirées par la volonté d’assurer aux pouvoirs publics constitutionnels, dans les moindres délais, les moyens d’accomplir leur mission. Le Conseil constitutionnel est consulté à leur sujet. Le Parlement se réunit de plein droit. L’Assemblée nationale ne peut être dissoute pendant l’exercice des pouvoirs exceptionnels. Après trente jours d’exercice des pouvoirs exceptionnels, le Conseil constitutionnel peut être saisi par le Président de l’Assemblée nationale, le Président du Sénat, soixante députés ou soixante sénateurs, aux fins d’examiner si les conditions énoncées au premier alinéa demeurent réunies. Il se prononce dans les délais les plus brefs par un avis public. Il procède de plein droit à cet examen et se prononce dans les mêmes conditions au terme de soixante jours d’exercice des pouvoirs exceptionnels et à tout moment au-delà de cette durée. Article 16 de la Constitution (4 octobre 1958)
Je suis aussi fière d’avoir des « forces antifascistes » dans notre Nouveau Front Populaire (…) comme Raphaël Arnault. Mathilde Panot (LFI)
Nous sommes présidés par un adolescent qui s’amuse à craquer des allumettes dans une station-essence. Raphaël Glucksmann
Chienlit : célèbre costume du Carnaval parisien. Initialement, son nom s’écrivait chie-en-lit. Il consistait en une chemise de nuit au postérieur barbouillé de moutarde. Le mot chienlit est parfois utilisé comme synonyme de masque ou déguisement : le carnaval et ses chienlits. Il a laissé, dans la langue française, une expression synonyme de désordre. Wikipedia
Ils finiront par faire un film où Debré présidera le CNR. Georges Bidault
Il est difficile de se payer davantage de la tête du bon populo, on nous explique bien tout, de peur que nous ne sachions pour qui voter aux élections prochaines. Car les voilà tous, autrefois ministrables, à présent ministres. Ils se bousculent. C’est à qui criera : « J’y étais ». Jean-Louis Bory (Le Nouvel observateur)
M. Graetz ne tarda pas à l’apprendre : entre l’histoire véridique et l’histoire officielle, il y avait plus que des nuances. Ainsi dut-il, sur ordre, effacer Georges Bidault de ses tablettes […]. A contrecœur, voulant sauver l’essentiel, M. Graetz sacrifia Bidault aux copains du régime. Quant à sacrifier le capitaine Dronne, dont on lui demandait la tête par dessus le marché, il s’y refusa mordicus, incapable qu’il était de pousser la farce aussi loin. Reste que M.Raymond Dronne, convaincu aujourd’hui de crime d’opposition, subira des représailles disciplinaires : ni son nom, ni son effigie ne figureront, toujours par ordre, dans la galerie des héros affichés sur nos murs pour les besoins de la publicité. René Saive (Le Journal du Parlement)
Mais qui a tué Bidault? (…) si René Clément prend des libertés avec l’Histoire, il reste au garde à vous devant le général, l’œil fixé sur le ruban ou la pastille rouge qu’il aura bien mérité, comme bon maître d’œuvre du cinéma et serviteur obéissant du pouvoir. Michel Duran (Le Canard enchaîné)
L’examen de Paris brûle-t-il ? montre en effet que la place des acteurs y fut négociée, au cas par cas, en fonction du parcours politique ultérieur des anciens résistants et de leur place du moment dans le champ du pouvoir. On remarquera tout d’abord que le film de René Clément marque une dévotion particulière à l’égard de certains héros de la France libre, tels que l’ancien chef de la 2e DB. Dans ses lignes consacrées à Paris brûle-t-il?, Joseph Daniel évoque ainsi avec justesse un Leclerc « mystique auréolé de sa légende (un thème musical particulier ponctue chaque apparition de l’acteur qui pose à lui ressembler), annonciateur symbolique d’un autre chef qui n’apparaîtra qu’aux dernières image ». Figure mythique d’un héros mort et aisément appropriable, Leclerc partageait la vedette avec des personnalités bien vivantes, et pour la plupart dignitaires du nouveau régime. Le président de l’Assemblée nationale, Jacques Chaban-Delmas, fut gratifié tout à la fois par les scénaristes — qui rendirent hommage à son action pondératrice — et par René Clément qui choisit de faire interpréter son rôle par un acteur de renom, Alain Delon. Le ministre de l’Equipement du gouvernement Pompidou bénéficia d’égards analogues : bien que son action dans la bataille de Paris ait été vraisemblablement relativement modeste, Edgard Pisani obtint en effet les faveurs de la mise en scène, grâce à la prestation de Michel Piccoli, chargé de l’incarner à l’écran. Une telle marque d’allégeance à l’égard des hommes du régime, qui faisait rétrospectivement libérer Paris par l’UNR, suscita la colère des journaux d’opposition, à quelques mois des législatives de mars 1967. «Il est difficile de se payer davantage de la tête du bon populo, estimait ainsi Jean-Louis Bory dans Le Nouvel observateur, on nous explique bien tout, de peur que nous ne sachions pour qui voter aux élections prochaines. Car les voilà tous, autrefois ministrables, à présent ministres. Ils se bousculent. C’est à qui criera : « J’y étais »». Si le film semblait destiné à servir de tremplin électoral à certaines personnalités gaullistes, ces faveurs paraissaient d’autant plus partiales qu’elles s’opéraient au détriment d’acteurs historiques pourtant incontournables. La disparition la plus notable fut celle de Georges Bidault, devenu persona non grata du régime à la faveur du conflit algérien. Selon René Saive, qui s’exprimait à ce sujet dans Le Journal du Parlement, le gommage de l’ancien président du CNR aurait fait l’objet de tractations intensives entre les gaullistes et le producteur du film : « M. Graetz ne tarda pas à l’apprendre : entre l’histoire véridique et l’histoire officielle, il y avait plus que des nuances. Ainsi dut-il, sur ordre, effacer Georges Bidault de ses tablettes […]. A contrecœur, voulant sauver l’essentiel, M. Graetz sacrifia Bidault aux copains du régime. Quant à sacrifier le capitaine Dronne, dont on lui demandait la tête par dessus le marché, il s’y refusa mordicus, incapable qu’il était de pousser la farce aussi loin. Reste que M.Raymond Dronne, convaincu aujourd’hui de crime d’opposition, subira des représailles disciplinaires : ni son nom, ni son effigie ne figureront, toujours par ordre, dans la galerie des héros affichés sur nos murs pour les besoins de la publicité». « Mais qui a tué Bidault? » s’interrogeait quant à lui facétieusement Michel Duran dans les colonnes du Canard enchaîné avant de conclure que si René Clément «prend des libertés avec l’Histoire, il reste au garde à vous devant le général, l’œil fixé sur le ruban ou la pastille rouge qu’il aura bien mérité, comme bon maître d’œuvre du cinéma et serviteur obéissant du pouvoir ». Forgées par des opposants au régime gaulliste, insuffisamment étayées et largement imprécises, ces accusations ne sauraient être prises pour argent comptant. Des indices sérieux militent cependant en leur faveur. Il convient ainsi de rappeler que l’occultation de Bidault constitue une constante de l’histoire officielle des années 1958-69. Ce dernier fut ainsi pareillement « oublié » par Roger Stéphane et Roland Darbois, auteurs de la très gaullienne série télévisée « Mémoire de notre temps », dont le premier numéro avait été largement consacré aux épisodes glorieux de la libération de Paris. « Ils finiront par faire un film où Debré présidera le CNR » pouvait ironiser Georges Bidault du fond de son exil, au récit de ces singulières entreprises de « rétro- histoire ». Sylvie Lindeperg
[La décision d’Emmanuel Macron, c’est] D’abord comme du jamais vu bien sûr. Décider d’organiser des élections législatives à quinze jours de l’ouverture des Jeux olympiques est un choix sidérant. Surtout après avoir promis que le résultat de l’élection européenne n’aurait aucun impact sur la conduite des affaires intérieures. Mais voilà, le score du RN a résonné sur l’Élysée tel un coup de tonnerre. Et Jupiter a déclenché la foudre. Il est apparu, l’air grave, en costume de deuil, les mains jointes. Comme un homme déjà entravé ? C’est que dix minutes plus tôt le vainqueur Bardella lui demandait d’organiser « des élections législatives », et le président avait l’air de céder à sa requête que tout le monde avait prise comme un coup de bluff. Depuis qu’il a par deux fois remporté la présidentielle face à Marine Le Pen, il a instauré un duel sans fin avec elle. Mais à trop crier « au loup », ce n’est pas le méchant qui a effrayé les Français mais le berger. Incapable de répondre à leurs problèmes, puisqu’il a laissé en jachère des sujets comme l’insécurité, l’éducation, la violence. Il y a sept ans, il promettait de réduire le Rassemblement national. Il est devenu le premier parti de France. Comment qualifier cette dissolution ? Est-ce une dissolution de pulsion, d’amertume ? « Vous ne m’avez pas écouté, voilà ce qui va vous arriver » dit-il aux Français. Une dissolution d’impuissance aussi ? (…) La dissolution de Jacques Chirac, un autre grand coup de génie, était une dissolution de convenance personnelle assez incompréhensible. Élu président en 1995, Chirac détenait alors la majorité à l’Assemblée nationale, dans les conseils généraux, régionaux, les principales villes de France. Il avait nommé Juppé à Matignon, « le meilleur d’entre nous ». Mais ce dernier avait multiplié les bourdes (les « jupettes », la réforme des régimes spéciaux qui allaient entraîner les grandes grèves de décembre 1995)…il était au nadir des sondages. Mais Jacques Chirac refusait de se séparer de lui. Comment le garder malgré tout ? Villepin avait cette idée. On allait dissoudre pour purger l’assemblée des balladuriens frondeurs et des socialistes. Ainsi garderait-on Juppé. Autant sortir un tracteur pour écraser une noix. Jacques Chirac avait validé ce scénario baroque et demandé à sa plume Christine Albanel de lui écrire le discours pour l’annoncer aux Français sur le thème « un nouvel élan ». Elle y avait travaillé plusieurs heures. Lorsque Jacques Chirac en avait pris connaissance, il lui avait lancé : « Quand je vous lis je ne comprends pas pourquoi je dissous ». Elle lui avait rétorqué: « Mais moi non plus, monsieur le président, je ne comprends pas ». Résultat : Jospin s’installait à Matignon pour cinq ans. Cette dissolution était encore plus absurde qu’aujourd’hui. Cette fois, il y a une sorte de cohérence dans la décision présidentielle: prendre les devants. Compte tenu de la majorité relative et de la menace des LR : une motion de censure à l’automne, où le gouvernement aurait pu être renversé. Et pour conjurer les mauvais sorts, Emmanuel Macron sort les tambours de la lutte contre les extrêmes et la menace contre la démocratie. En entonnant le chant « Si tous les démocrates du monde voulaient se donner la main… ». Un pari très risqué. (…) Emmanuel Macron est un prototype politique puisqu’il n’a jamais connu l’échec. Dans sa vie, il a réussi tout ce qu’il a entrepris, exception pour Normale Sup. Un accroc dans le parcours. Ses camarades de l’époque le disent : s’il avait été admissible, il était le meilleur de tous à l’oral. Depuis des semaines, les sondages lui annonçaient la poussée du RN. Curieusement, il a choisi un petit soldat inconnu, Valérie Hayer pour mener la troupe à la bataille, pensant sans doute que Napoléon dans les coulisses ferait l’affaire. Il a cru que les Français entendaient ses avertissements. En réalité, ils ne l’écoutaient pas. (…) En réalité, tous les présidents de la République qui sont restés à l’Élysée plus de sept ans sont passés par une phase de cohabitation. Si le quinquennat avait existé du temps de Mitterrand, il n’aurait fait qu’un seul mandat et serait parti en 1986. Jacques Chirac est resté douze ans à l’Élysée mais avec une cohabitation longue durée. Faites les comptes : il a gouverné un quinquennat. Chez les Français versatiles, l’amour politique dure cinq ans. Emmanuel Macron vient de fêter son septième anniversaire à l’Élysée. Il atteint donc un certain degré d’épuisement chez les Français. Il y a mis du sien. C’est un verbomoteur sans frein. Presque une folie. Il a transformé la cervelle des Français en une terre argileuse qui ne peut plus absorber son flux ininterrompu de mots. Une véritable inondation. Lors de son discours du Nouvel an, il annonçait l’année des fiertés françaises, citant les cérémonies du Débarquement, où il a pris huit fois la parole. Un excès quasi pathologique. C’est comme l’impôt : trop de paroles tuent la parole. Avec Emmanuel Macron, au commencement est le Verbe mais celui-ci ne se fait pas toujours chair. (…) Une cohabitation est un jeu de pouvoir aussi intellectuel que physique. Jacques Chirac dirait presque un jeu de sumos. Lorsque François Mitterrand a été battu aux législatives de 1986, Jacques Attali lui avait conseillé de démissionner. Un conseil de petits bras. Jacques Chirac le premier ministre, entendait appliquer à la lettre l’article 20 de la Constitution : « Le Gouvernement détermine et conduit la politique de la nation ». Mais la Constitution donne aussi des moyens au président. Jacques Chirac a voulu gouverner par ordonnances pour aller vite, mais il lui fallait pour cela la signature présidentielle. Notamment sur les privatisations. Il a donc fallu passer par la loi et le débat , ce qui a ralenti son action. Peu à peu, Mitterrand, l’âge aidant, a pu se déguiser en père de la nation qui sait dire aux Français où est le Bien et le Mal, s’érigeant en protecteur du pays. Il avait aussi son mot à dire dans les choix des ministères régaliens. Son chef-d’œuvre : l’organisation des grandes manifs contre la loi Devaquet, une opération montée avec Julien Dray dès l’été 1986. On ferait sortir les lycéens dans la rue en leur racontant qu’ils devraient payer cher pour accéder à l’université. Un gros mensonge. Et puis il y a eu la mort de Malik Oussekine. Un drame irréparable pour la droite. Mitterrand le disait : « Les Français sont un peuple sans mémoire ». En 1988 ils avaient oublié qu’ils ne le supportaient plus en 1986 et l’ont réélu. Emmanuel Macron qui ne peut pas se représenter en 2027 ne peut faire sien ce scénario. Il lui faudra inventer un rôle de composition. Laisser d’autres diriger et décider à sa place alors qu’il n’a jamais partagé le pouvoir. On se demande comment il pourra le supporter. Catherine Nay
Si j’avais le choix entre LFI et le RN je voterais sans hésitation pour le RN. Serge Klarsfeld
Dans une démocratie, on peut pas dire on vote blanc, (…)  il faut choisir, et entre un parti qui est antisémite et un parti qui est pro-juif, eh bien, nous choisissons le parti qui est pro-juif. Arno Klarsfeld
Les Républicains ayant repoussé ses avances, Emmanuel Macron n’avait peut-être pas d’autre choix que de dissoudre l’Assemblée nationale. Le pays, si les choses étaient restées en l’état, serait devenu ingouvernable. Mais la volonté d’exclure le Rassemblement national de l’arc républicain est absurde. On ne peut jouer éternellement la carte de la peste brune ni marquer du sceau de l’infamie xénophobe l’angoisse existentielle d’une majorité de Français devant la pression migratoire. Sur le modèle du Danemark, tous les partis devraient s’employer à défendre le droit à la continuité historique et à rétablir le contrôle des frontières. Au lieu de cela, le Conseil constitutionnel, saisi par le président de la République, a censuré l’essentiel de la loi immigration. Jordan Bardella doit une fière chandelle à Laurent Fabius ! LFI a fondé toute sa campagne européenne sur la haine d’Israël et des sionistes. “Nous n’appartenons pas à la même espèce humaine”, a osé écrire Aymeric Caron, tandis que Rima Hassan, égérie monomaniaque de la gauche radicale, plaidait inlassablement pour une Palestine libre du fleuve à la mer. Abjection payante : la liste conduite par Manon Aubry frôle les 10 %, et il reste une grande réserve de voix dans les “quartiers populaires”. Jamais je n’aurais imaginé voter un jour en faveur du Rassemblement national pour faire barrage à l’antisémitisme. Ce n’est pas encore le cas, mais peut-être y serai-je contraint à plus ou moins longue échéance s’il n’y a pas d’alternative. Ce serait un cauchemar. La situation actuelle est un crève-cœur pour les Juifs français.  Alain Finkielkraut
Je tiens à rappeler (…) que la première responsable politique française qui a dit en 2010 que dans certains quartiers, il ne faisait pas bon être juif, être femme ou être homosexuel, c’était Marine Le Pen, c’était pas Jean-Luc Mélenchon ! Julien Odoul
En 2020, il ne fait pas bon être juif, être femme, être homosexuel, être chrétien, être policier, être gendarme, être pompier, être chauffeur de bus. Julien Odoul
Il ne fait pas bon d’être une femme, Juif ou homosexuel dans certains quartiers de France. Marine Le Pen (2010)
Si Emmanuel Macron, pour le grand malheur de la France, était emmené à effectuer un deuxième mandat, le chaos serait absolument général. (…) Moi je veux être la présidente de la paix civile, du rassemblement national et l’union nationale. Marine Le Pen (2021)
Il nous refait le coup de ‘moi ou le chaos’, mais c’est lui le chaos. Chloé Ridel (députée européenne et porte-parole du PS)
L’égalité entre les femmes et les hommes, la liberté de s’habiller comme on l’entend, le droit fondamental à disposer de son corps sont des principes non négociables. En France, la femme est libre et elle le restera. Jordan Bardella
Il s’agit d’un moment d’accélération. Nous voyons les choses se faire et se défaire à une vitesse inédite, à l’image de la constitution d’un Nouveau Front populaire en l’espace de 48 heures. Chose inouïe et impensable lorsqu’on se rappelle des invectives échangées entre les différentes listes de gauche dans le cadre des élections européennes, il y a encore quinze jours. La décision du président de la République est stupéfiante. À regarder les annales de notre vie politique, et les effets produits alors que le scrutin n’a pas encore eu lieu, la motivation, ou le calcul, d’Emmanuel Macron interroge. (…) Dans l’histoire, la première percée électorale du Front national au niveau national date déjà des élections européennes, en 1984. Le vote protestataire, non résorbé en quarante ans, n’aurait donc cessé de prospérer… Au regard de cette longue histoire, la dimension protestataire de ce vote est évidente, mais il ne faut pas masquer la réelle adhésion aux mesures portées par ce mouvement politique, qui sinon n’aurait pas pu s’ancrer et se développer depuis de si longues années. Dans nos études qualitatives, nous voyons que de nombreux électeurs du Rassemblement national, ou d’autres formations politiques, revendiquent moins une idéologie que par le passé. Mais au moment du vote, les électeurs regardent d’abord le diagnostic porté par les candidats sur l’état du pays et évaluent l’adéquation au leur. Ils vérifient aussi s’ils figurent dans la grande photographie de la France dessinée par le candidat ou la candidate en question. Ces électeurs s’interrogent : « Faisons-nous partie de la photo de famille ? » Il s’agit d’une étape indispensable pour générer « l’empathie de point de vue ». Si les candidats ne réussissent pas cette étape, alors les électeurs ne perdront pas de temps à écouter ou disséquer leurs propositions. Elles seront forcément perçues comme hors-sol vis-à-vis de leurs priorités. La force du Rassemblement national réside dans le fait de générer cette « empathie de point de vue », dans des pans entiers de la société. Alors, si l’état-major du RN n’est pas totalement prêt à exercer le pouvoir, ce n’est pas forcément grave. Les électeurs cherchent d’abord à soutenir une famille politique qui porte un diagnostic cohérent au leur. Marine Le Pen, élue à Hénin-Beaumont depuis plusieurs années, a senti la montée de la préoccupation liée au pouvoir d’achat et s’est positionnée sur le sujet. Historiquement, c’est le premier parti à avoir évoqué la question de l’immigration, sujet qui préoccupe tant de Français, il bénéficie donc d’une prime d’antériorité. Même si certaines de leurs mesures paraissent inapplicables, ce qui compte est d’avoir mis ces thèmes à l’agenda politique. Il faut donc relativiser la dimension contestataire de ce vote. (…) En 2019, Jordan Bardella obtenait 28 % chez les hommes et 19 % chez les femmes. Il y avait donc un différentiel de 9 points, spécifique à la famille politique du Rassemblement national. Au soir du 9 juin 2024, le vote est désormais à parité, avec un bond de 13 points dans l’électorat féminin et de 3 points seulement dans l’électorat masculin. L’essentiel de la progression au niveau national est le fait de ce bond dans l’électorat féminin. Celui-ci a deux caractéristiques : il représente la moitié de la population, et est homogènement réparti sur le territoire, d’où la progression du RN quasiment partout en France. Pourquoi ? La stratégie de banalisation et de respectabilisation mise en place par Marine Le Pen depuis des années, notamment à l’Assemblée nationale, a rassuré une partie de l’électorat féminin. Jordan Bardella insiste aussi sur une autre dimension, celle de l’inquiétude sécuritaire croissante d’une partie de l’électorat féminin face au risque d’agression physique ou sexuelle. Marine Le Pen disait : « Il ne fait pas bon d’être une femme, Juif ou homosexuel dans certains quartiers de France. » Dans l’électorat juif, une bascule politique s’opère aussi sur la question sécuritaire. (…) L’Italie est plutôt singulière. L’écart entre ce que Christophe Guilluy appelle la « France périphérique » et la France des métropoles, se retrouve en effet dans les principales démocraties occidentales. À Paris, la liste de Jordan Bardella aux élections européennes obtient 8,5 %, pour un total national de 31 %. On observe cette même structuration géographique aux États-Unis, avec le vote Trump. Par exemple, à la dernière élection présidentielle, Donald Trump a obtenu 7 % des voix à Washington DC, contre 47 % au niveau national. Au Royaume-Uni, le vote pro-Brexit augmentait en fonction de la distance à Londres. En Allemagne, les métropoles les plus dynamiques demeurent aussi réfractaires. Dans un pays centralisé comme la France, Paris n’est plus en phase avec le reste du pays. Avant, la capitale pouvait être à droite ou à gauche, mais le différentiel avec la moyenne nationale ne dépassait pas quatre, cinq ou six points. Le Rassemblement national, ne pouvant pas percer dans les grandes métropoles, a installé son hégémonie dans la France périphérique. Dans les nombreuses zones où le Rassemblement national obtient 40 % ou plus, la grille de lecture qui domine est celle de ses électeurs. Le décalage est flagrant et s’accentue avec la capitale. (…) Vous indexez la disparition du bloc central sur la moyenne d’âge des électeurs, mais ce bloc pourrait perdre son assise avant même la disparition de cet électorat âgé ! Les questions politiques sont des questions de dynamique. Le bloc central a toujours existé en France, incarné par François Bayrou. Cependant, ce dernier n’est jamais parvenu à agréger l’aile strauss-kahnienne du Parti socialiste et l’aile juppéiste de la droite afin de constituer un bloc qui pèse significativement pour accéder au second tour d’une élection présidentielle. Le bloc central ne disparaîtra pas mais sous l’effet de l’hémorragie de certains de ses soutiens, il est menacé de rétrogradation en deuxième division. Le parti des Républicains a vécu ce phénomène. Les équilibres sont instables, et l’avenir nous en montrera l’évolution. À gauche, un Nouveau Front populaire s’est reconstitué face à la menace du fascisme. Dans leur terminologie, ils reprennent les événements du 6 février 1934 et la création du Front populaire en 1936, à partir d’une demande de la base militante, similaire à la convergence des cortèges socialiste et communiste qui s’était effectuée au cri d’« unité ! unité ! » en 1934. La menace du fascisme fait se rabibocher des gauches irréconciliables, mais reste à voir la longévité de cet accord. En effet, il y a un grand écart entre Philippe Poutou et François Hollande ! (…) Ce discours ne porte pas pour les 31 % d’électeurs de Jordan Bardella. Néanmoins, ces déclarations peuvent avoir un impact sur une partie de la jeunesse dépolitisée et consommatrice des réseaux sociaux, et tout est bon à prendre dans le cadre d’une campagne aussi courte. De plus, la coalition de gauche s’appelle le Nouveau Front populaire. L’objectif est d’agréger des personnes de divers horizons pour faire barrage. Cet électorat a deux aspirations profondes : l’unité et l’efficacité face à la montée de l’extrême droite. Le score du RN aux élections européennes a créé un choc dans les états-majors de gauche, mais surtout dans l’électorat de gauche. En vue du contexte et du calendrier annoncé par le président de la République, l’argument du barrage à l’extrême droite renaît. (…) Les Français ont toujours été fâchés avec la macroéconomie, mais avaient quelques repères. En 2007, François Bayrou avait fait campagne sur la dette (souhaitant inscrire dans la Constitution l’interdiction de présenter un budget en déséquilibre de fonctionnement) et avait obtenu 18 % des voix. Deux lignes de défense avaient été désignées aux Français : il ne fallait ni perdre la note AAA de la France, ni que la dette atteigne 100 % du PIB. Les deux dernières crises ont fait voler ces repères en éclat. Lors de la crise de la dette souveraine en 2008, la France a été dégradée. Et lors de la crise du Covid, le « quoi qu’il en coûte » a fait exploser la barre des 100 %. Aujourd’hui, la dette s’élève à 110 % du PIB. Les Français regardent leurs chaussures et constatent que le sol ne s’est pas ouvert sous leurs pieds. Ils en déduisent alors que ces chiffres ne sont pas si graves. La seule question politique qui vaille est la suivante : le responsable politique peut-il brancher la pompe et arroser ? Avec l’idée de « prendre l’argent là où il est », chez Bernard Arnault par exemple, qui existe aussi. Celle-ci correspond au programme du Nouveau Front populaire. (..) La tension est très forte dans le pays. Si le Rassemblement national gagne ces élections, le Nouveau Front populaire continuera-t-il de manifester dans la rue ? En 2007, lorsque Nicolas Sarkozy accède à la présidence de la République, il y a trois nuits d’émeutes dans certaines banlieues françaises, pour s’opposer à l’arrivée au pouvoir du candidat du « Kärcher ». Depuis, la température a augmenté dans le pays. (…) Emmanuel Macron place les Français devant leur responsabilité. Mais d’aucuns peuvent se demander : qui les a placés dans un tel dilemme ? Marine Le Pen l’a souligné dans un message récent : Emmanuel Macron se posait en rempart contre le chaos, mais c’est lui qui installe le chaos. Jérome Fourquet
Comment [la dissolution] s’explique-t-elle ? Elle pourrait se justifier par le blocage du système politique. La dissolution est l’une des armes pour y remédier. Elle a été utilisée en Italie lorsque Mario Draghi a perdu le soutien de la coalition qui le soutenait, en Espagne par Pedro Sanchez au lendemain du naufrage des élections régionales, au Royaume-Uni par Rishi Sunak face à son incapacité à gouverner. Mais en France, il s’agit d’une décision insensée. Le pari du président de la République est déraisonnable et perdu d’avance. Il revient à jouer à pile ou face, sans aucune préparation, le destin du pays, au-delà de la survie de sa majorité relative, à la veille des Jeux olympiques et sur fond d’une crise sans précédent depuis les années 1930. La France est rattrapée par la crise de ses finances publiques ; notre économie est à l’arrêt ; la société s’enfonce dans une quasi-guerre civile ; la guerre d’Ukraine se poursuit à l’avantage de la Russie qui constitue une menace existentielle pour l’Europe et la France. La dissolution ne pouvait se justifier que si elle débouchait sur une forme de stabilité, ce qui supposait de l’avoir anticipée. Pour construire le fameux bloc central, il fallait négocier avant et dissoudre à l’automne. La seule logique qui guide cette dissolution est le narcissisme. Il est pour le moins paradoxal de demander aux Français de faire prévaloir la raison sur les passions par un mouvement d’humeur irrationnel. (…) Nous vivons l’aboutissement de quatre décennies de déclin de la France. Comme la classe politique est restée dans le déni, le choc est devenu inévitable. Choc financier avec la montée brutale des taux d’intérêt. Choc social avec l’enchaînement des mouvements insurrectionnels et des violences. Choc politique avec la voie ouverte à une arrivée de l’extrême droite au pouvoir. Notre pays présentait dès les années 2010 tous les facteurs favorables au populisme d’extrême droite : modèle économique de décroissance à crédit, chômage permanent, paupérisation des classes moyennes, désarroi identitaire, sentiment d’humiliation des Français devant le déclassement de la France en Europe et dans le monde. Il a été longtemps protégé par la solidité de la Ve République et par l’appartenance à l’euro. Emmanuel Macron a fait sauter toutes les digues en délégitimant les institutions, en affaiblissant l’État, en détruisant la droite et la gauche de gouvernement et en faisant exploser la dette publique. (…) La décision de David Cameron était bien moins dangereuse, même si tout aussi déraisonnable. Nous ne sommes plus en 2016. L’histoire a basculé. La guerre est de retour en Europe. Les empires autoritaires ont engagé une lutte à mort contre les démocraties. La mondialisation a implosé. L’argent n’est plus gratuit. Jouer l’avenir de notre pays sur un coup de dé dans ces conditions est irresponsable. Et ce d’autant qu’Emmanuel Macron n’a jamais pris la peine d’organiser un parti ou une majorité présidentielle, contrairement au général de Gaulle en 1958. D’un côté, il a formidablement accéléré la crise française sur le plan démographique, économique, social, politique, stratégique. De l’autre, il a désarmé les deux obstacles à une victoire du RN: le respect des valeurs de la République avec son relativisme et l’institutionnalisation de la transgression à la tête de l’État ; le procès en incompétence qui ne tient plus face à la perte de contrôle des finances et de l’ordre publics. (…) Il n’y a évidemment pas 31 % de Français d’extrême droite. Le Rassemblement national est devenu un parti central. C’est un parti attrape-tout, en tête dans la quasi-totalité des départements, des classes d’âge et des catégories socio-professionnelles. C’est un parti d’adhésion et non plus de protestation. Par ailleurs, il est le seul à être uni autour de ses dirigeants et d’un projet. En guise de « clarification », la confusion est en effet totale dans la majorité présidentielle qui ne sait pas pour qui ni pour quoi faire campagne, chez les Républicains éclatés en trois, mais aussi dans le Nouveau Front populaire que seule la mystique de son slogan fait tenir. Pour autant, le RN n’est ni un parti centriste ni un parti de gouvernement. Comme la percée populiste ne s’est pas faite dans les années 1980, il n’a pas réalisé son « aggiornamento », à l’inverse des Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni, qui, elle, est favorable aux entreprises, parfaitement intégrée dans le jeu européen, atlantiste, hostile à la Russie et solidaire de l’Ukraine. Le programme économique du RN reste gauchiste et étatiste, construit sur l’envolée des dépenses sociales et des impôts. Il exportera la crise financière française à l’euro, ce qui, joint au retrait du marché européen de l’énergie et à la mise en place de la double frontière, implique une rupture avec l’Union. Enfin, la proximité avec la Russie conduirait nos alliés à mettre la France au ban des démocraties.(…) nous sommes dans un moment de confusion extrême. Emmanuel Macron a commis une erreur majeure en liquidant, avec la droite et la gauche de gouvernement, l’ancrage démocratique du pays. La démocratie résiste là où le clivage droite-gauche subsiste. Aucune expérience de troisième force centrale, au milieu des extrêmes, ne se termine bien : les extrêmes finissent toujours par l’emporter. Aujourd’hui, le RN incarne ainsi l’ordre et la stabilité. Son substrat idéologique n’est plus révolutionnaire, même s’il repose toujours sur la fusion hautement inflammable des passions nationales, identitaires et sociales. La sortie de la crise démocratique passe par la reconstitution des classes moyennes et d’un débat entre une gauche et une droite républicaines. Nous n’avons pas le droit de renoncer et de désespérer. Cela reviendra mais nous n’y sommes pas. (…) Le président de la République a choisi une élection éclair qui s’organise autour de la politique pure et d’une course à la démagogie du quoi qu’il en coûte. Alors que les marchés et nos partenaires européens nous ont placés sous surveillance, personne ne regarde à la dépense. Même le bloc central, qui se place sous le signe de la raison économique, multiplie les promesses, à hauteur de 1 à 1,5 % du PIB. Du côté du RN, les mesures de pouvoir d’achat et de hausse des salaires portent sur 3 à 3,5 % du PIB. Du côté du Nouveau Front populaire, on atteint des sommets avec 150 à 180 milliards de dépenses et 80 milliards d’impôts supplémentaires. Le tout s’applique à un pays dont le déficit et la dette publics s’élèvent à 5,5 et 110,6 % du PIB, les dépenses et les recettes publics à 58 et 52,5 % du PIB. En comparaison, les déficits des années 1982 à 1984 étaient de 2,5 à 2,6 % du PIB et la dette publique française représentait 26 % du PIB en 1984, ce qui n’a pas empêché le pays de se trouver au bord d’une intervention du FMI. Or on se trompe en pensant que les hommes politiques n’appliquent jamais leurs projets : ils sont pris au piège de leur démagogie comme on l’a vu en 1981 ou en 1997 avec la loi des 35 heures. La mise en œuvre de ces programmes provoquerait une crise financière majeure qui contaminera les banques et les assurances, puis l’euro car la France, contrairement à la Grèce, possède une dimension systémique. La France emprunte déjà plus cher que le Portugal. Elle ne disposera d’aucune indulgence de la part des marchés et de nos partenaires. À nous de décider si nous voulons que la France soit dirigée par une troïka composée du FMI, de la Commission européenne et de la BCE. (…) La France en vit déjà une [une forme de guerre civile] en Nouvelle-Calédonie, où l’ordre est très loin d’être rétabli. La situation risque d’être très difficile et pourrait mettre en péril non seulement la paix civile mais aussi l’État de droit. (…) Tous les calculs du président de la République se sont révélés faux. Il espérait que le centre s’unirait, il est désuni. Il comptait sur la désunion de la gauche, elle est unie, au moins facialement. Il misait sur le ralliement des LR, ils ont implosé. Penser que les Français vont voter en fonction des Jeux olympiques, perçus comme ceux d’Emmanuel Macron et d’Anne Hidalgo, témoigne de la déconnexion complète vis-à-vis de la réalité et du déni systématique dans lequel s’est installé le président de la République. Cela ne pouvait pas bien finir, et c’est en train de s’achever en tragédie. (…) Des jeux et de la dette, c’est une forme de mépris ultime envers le citoyen. Tout dépend aujourd’hui de l’esprit de responsabilité des Français. Raymond Aron rappelait très justement que « le choix en politique n’est pas entre le bien et le mal mais entre le préférable et le détestable ». Nicolas Baverez
Je signe que je ne suis pas israélien et que je ne fréquente pas d’Israéliens, c’est officiel et affiché grâce au tribunal de Bobigny ! Remplacer Israélien par #juif et on a un petit relent des années 40! Noelle Lenoir
Le fait que le Hamas se vante auprès de ses compatriotes palestiniens de ce qu’il a fait aux Juifs alors que les nazis essayaient de cacher ce qu’ils faisaient à leurs compatriotes allemands signifie qu’il n’y a pas seulement une différence morale entre le Hamas et les nazis, mais aussi une différence morale entre le peuple allemand à l’époque nazie et le peuple palestinien aujourd’hui, et ce depuis près de cent ans. D’un point de vue moral, il serait difficile de citer un peuple moins impressionnant que les Palestiniens au cours du siècle dernier. Pour ceux qui ne comprennent pas qu’une généralisation signifie, par définition, qu’il y a des exceptions, je dois noter qu’il y a et qu’il y a toujours eu de nobles individus palestiniens. Mais le bilan cumulatif du mal commis par les Palestiniens au cours du siècle dernier n’a que peu d’équivalent. Le principal chef religieux palestinien au début des années 1940, le Grand Mufti de Jérusalem, Haj Amin al-Husseini, était un partisan majeur des nazis et de leur campagne d’extermination des Juifs. Il existe une photo célèbre d’al-Husseini rencontrant Hitler à Berlin le 28 novembre 1941. Comme le rapporte l’Encyclopédie de l’Holocauste, « Al-Husseini a souligné que l’Allemagne était la seule à reconnaître la menace mondiale que représentait le « problème juif » et à prendre des mesures pour le « résoudre » au niveau mondial ». (…) En 1945, la Yougoslavie a tenté d’inculper le père du nationalisme palestinien en tant que criminel de guerre pour avoir recruté 20 000 volontaires musulmans afin qu’ils rejoignent la Waffen-SS et participent à l’extermination des Juifs de Croatie et de Hongrie. Tout cet antisémitisme palestinien de type nazi est antérieur à la création de l’État d’Israël. Avant de décrire les décennies de boucherie palestinienne à l’encontre des Juifs d’Israël, il est également important de noter le bilan moral du peuple palestinien à l’égard de ses compatriotes arabes. Les Palestiniens ont fini par être largement détestés dans le monde arabe, et ce pour de bonnes raisons : Partout où ils se sont rendus en grand nombre, ils ont semé la pagaille. Le 6 septembre 1970, des terroristes palestiniens ont détourné des avions de Trans World Airlines, Swissair et Pan Am. Quelques jours plus tard, ils ont détourné un avion de ligne de la British Overseas Airways Corporation (aujourd’hui « British Air »). Les terroristes palestiniens ont séparé les équipages et les passagers juifs, gardant les 56 otages juifs en détention et libérant les non-Juifs. Au total, cinq avions ont été détournés et trois d’entre eux ont atterri sur une piste d’atterrissage désertique en Jordanie. Ces détournements et les violences palestiniennes dans les villes jordaniennes ont conduit à une guerre civile jordano-palestinienne en septembre 1970, au cours de laquelle, selon les Palestiniens, la Jordanie a tué 25 000 Palestiniens. Sept mois plus tard, en avril 1971, Yassir Arafat, le leader des Palestiniens, a appelé au renversement du roi Hussein de Jordanie. En novembre de la même année, quatre membres du groupe terroriste Septembre noir (qui tire son nom de la défaite des Palestiniens en Jordanie en septembre 1970) ont assassiné le Premier ministre jordanien Wasfi Tal au Caire. Comme le rapporte le New York Times, un « assassin s’est agenouillé à côté de sa victime pour lécher son sang ». La photo d’un assassin palestinien buvant (et non pas léchant) le sang de Tal a été largement publiée. Après avoir déstabilisé la Jordanie et perdu la guerre civile qu’ils avaient provoquée, des centaines de milliers de Palestiniens se sont rendus au Liban, où ils se sont empressés de ruiner le pays. Leur goût pour la violence et la terreur a conduit au déclenchement de la guerre civile libanaise en 1975, qui a duré jusqu’en 1990. Cette guerre a entraîné la mort d’environ 150 000 Libanais, des dizaines de milliers de blessés, des centaines de milliers de personnes déplacées et laissées dans la misère, ainsi qu’une diminution de la population chrétienne du Liban, qui est passée de 55 % en 1970 à 35 % en 2022. Pendant ce temps, tout au long de l’histoire d’Israël, les Palestiniens ont assassiné des Juifs en Israël chaque fois que cela était possible, faisant exploser des bus scolaires et municipaux remplis de passagers, faisant exploser des Seder de Pâques, des mariages et des pizzerias remplis de familles, et partout où des Juifs étaient rassemblés. Régulièrement, ils ont poignardé et abattu des Juifs qui vaquaient simplement à leurs occupations quotidiennes. Pour ne citer que quelques exemples parmi des milliers d’autres, le 8 mai 1970, des terroristes palestiniens sont entrés en Israël et ont perpétré le massacre du bus scolaire d’Avivim, un attentat à la bombe qui a tué 13 civils, dont 9 enfants, et blessé 25 autres enfants. Le 22 mai 1970, des Palestiniens ont tiré des grenades propulsées par fusée sur un bus scolaire israélien, tuant neuf enfants et trois adultes et en blessant 25. Le 30 mai 1972, des terroristes japonais travaillant pour le compte d’un groupe terroriste palestinien ont assassiné 26 personnes et blessé 80 passagers à l’aéroport international d’Israël (alors appelé Lod). Le 15 mai 1974, des Palestiniens se rendent dans une école à Ma’alot, en Israël, où ils prennent en otage 105 lycéens et plus de 10 autres personnes. Ils ont finalement tué 25 des otages, dont 22 étudiants, et en ont blessé 68 autres. Le 11 mars 1978, des Palestiniens ont détourné un bus et assassiné 38 civils israéliens, dont 13 enfants, et en ont blessé 76 autres. Le 19 octobre 1994, un kamikaze palestinien s’est fait exploser dans un bus à l’heure de pointe du matin à Tel Aviv, tuant 22 personnes et en blessant 50 autres. Le Hamas a revendiqué l’attentat. Le 2 mars 2002, un kamikaze palestinien a tué 11 personnes et en a blessé plus de 50 lors de la célébration d’une bar mitzvah le samedi soir. Le terroriste a fait exploser sa bombe à côté d’un groupe de femmes qui attendaient avec leurs poussettes que leurs maris quittent la synagogue voisine. Le 27 mars 2002, 30 personnes ont été tuées et 140 blessées dans un attentat suicide palestinien dans un hôtel de la ville côtière de Netanya, en plein seder de la Pâque avec 250 invités. Le 31 juillet 2002, neuf personnes ont été tuées et 85 blessées lorsqu’une bombe a explosé dans la cafétéria du centre étudiant sur le campus de l’Université hébraïque. Le Hamas a revendiqué l’attentat. Le 19 août 2003, 23 personnes ont été tuées et plus de 130 blessées lorsqu’un kamikaze palestinien s’est fait exploser dans un bus à Jérusalem. Le Hamas a revendiqué l’attentat. Cette brève liste est loin d’être exhaustive. Selon le Palestinian Center for Policy and Survey Research, en 2022, une majorité de Palestiniens soutient les attaques terroristes contre les Juifs israéliens. En outre, l’Autorité palestinienne en Cisjordanie a versé plus de 300 millions de dollars par an, soit environ 8 % du budget palestinien, aux familles des terroristes emprisonnés et des terroristes tués alors qu’ils se livraient à un acte de terreur contre des Juifs. Un autre sondage palestinien indique que la grande majorité des Palestiniens de Cisjordanie – plus de 75 % – soutiennent le Hamas à l’heure actuelle. Le peuple palestinien adore tuer des Juifs, et ce depuis près d’un siècle. Les femmes palestiniennes distribuent régulièrement des bonbons dans les rues pour célébrer les attaques terroristes contre les Juifs. Comparez cela à Israël, où de nombreuses organisations de défense des droits de l’homme demandent à Israël de rendre des comptes sur la manière dont il traite les Palestiniens. Comparez cela aux Israéliens qui, pendant des années, se sont portés volontaires pour conduire les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza afin qu’ils reçoivent un traitement médical dans les hôpitaux israéliens. Être « pro-palestinien » aujourd’hui signifie être pro-Hamas, tout comme être « pro-allemand » pendant la Seconde Guerre mondiale revenait à être pro-nazi. La seule différence est que les Allemands dans leur ensemble étaient un meilleur peuple que les Palestiniens. Si vous soutenez les Palestiniens, vous devriez savoir qui vous soutenez. Dennis Prager
La popularité de M. Macron souffre de quelque chose de plus fondamental : Le macronisme. L’ensemble de son projet politique a été beaucoup trop axé sur sa personnalité. Une grande partie de son attrait provient de sa jeunesse, de son dynamisme, de son allure et de ses talents d’orateur. Cette approche hyperpersonnalisée a toujours comporté le risque qu’une fois le charme retombé, il ne reste plus rien à aimer pour ses partisans, et c’est exactement ce qui est en train de se passer. Depuis son entrée en fonction, M. Macron en a rebuté plus d’un en tentant de retrouver la grandeur de la présidence. Dans une phrase qui risque de lui coller à la peau jusqu’à la fin de son mandat, il a déclaré vouloir rendre la présidence plus « jupitérienne », se comparant au puissant dieu romain Jupiter, qui régnait sur les cieux. Lorsqu’il a réuni le Sénat et le Parlement au château de Versailles et qu’il leur a parlé de ses ambitions pour la présidence, de nombreux Français se sont hérissés devant les connotations monarchiques. Cette attitude arrogante à l’égard du pouvoir a détruit l’image de contestataire et d’arriviste que M. Macron avait cultivée pendant la campagne. La plateforme post-idéologique sur laquelle il s’est présenté commence à se révéler pour ce qu’elle est réellement : un vide au cœur de son projet politique. Les deux grands objectifs politiques de M. Macron sont de redresser l’économie et l’Europe. Il est allé jusqu’à qualifier ses politiques économiques de « révolution copernicienne », mais il ne fait que pousser la France un peu plus loin sur la voie de la déréglementation du marché du travail et de l’austérité budgétaire, un chemin bien emprunté par d’autres pays. Le nouveau président se dit déterminé à faire de la France une « start-up nation », en empruntant le langage insipide de la Silicon Valley. Cela lui a valu le soutien des investisseurs en capital-risque et des milliardaires de la technologie, mais n’a pas encore convaincu le grand public français. Le contrat social libertaire de la Silicon Valley, avec son attitude cavalière à l’égard des inégalités, ne convient pas à une population élevée dans les traditions sociales-démocrates de l’après-guerre en France. (…) Le succès de M. Macron à l’élection présidentielle de mai a secoué le paysage politique moribond de manière profonde et durable. Il faut l’en remercier. Mais en tant que projet politique, le macronisme n’est guère plus qu’une rhétorique et un orgueil démesuré, soutenus par des politiques néolibérales conventionnelles. Pour l’instant, M. Macron reste le chouchou de l’élite libérale mondiale, mais son impopularité croissante nous donne une meilleure idée de ce qu’il a à offrir. Chris Bickerton
À quelle finalité stratégique ce choix de dissoudre peut-il correspondre compte tenu de l’histoire politique française ? Est-il d’ailleurs possible de restituer avec certitude la logique du chef de l’État dans ce choix et de cerner les risques qu’il prend. (…) Le général de Gaulle s’y est essayé à deux reprises, avec succès, en 1962 et 1968, car il considérait qu’il y avait une crise politique majeure et qu’il fallait donner au peuple le soin de trancher. Et en effet, en 1962 le gouvernement Pompidou avait été renversé au Parlement (la seule fois de toute la Ve République) à cause de la décision du chef de l’État d’imposer un référendum modifiant la constitution pour faire élire le président au suffrage universel direct. En juin 1968, le pays sortait de la crise étudiante puis ouvrière de mai 68 et la majorité conservatrice des Français, notamment hors des grandes métropoles, était effarée par les violences observées et les concessions faites aux syndicats. Le général de Gaulle avait cru donc utile de clarifier le rapport de force politique au Parlement face à la rue, et les forces gaullistes gagnèrent bien mieux ces législatives que celles de 1967 gagnées de peu (200 députés en 1967 sur 486 ; 293 députés en juin 1968) François Mitterrand, quant à lui, a dissout en 1981 et 1988 pour demander aux électeurs de lui donner une majorité pour gouverner après son élection à la présidence de la République. Ce qu’il a obtenu. Seul Jacques Chirac, en 1997, a pris le risque de dissoudre sans contexte de crise politique. Cette dissolution tactique n’a pas porté ses fruits, puisque le parti présidentiel, qui avait la majorité pour gouverner avant la dissolution, l’a perdue aux législatives, et la troisième cohabitation a débuté, avec Lionel Jospin à Matignon. La seule dissolution ratée fut donc celle où le pouvoir fut incapable d’évoquer une crise politique claire, afin d’obtenir l’appui de son électorat pour la trancher en sa faveur. La décision d’Emmanuel Macron est difficile à classer, placée dans un entre-deux indéfinissable, dans un « en même temps » si cher au positionnement du président Macron. (…) Comme on ne peut prêter au président des pensées politiques suicidaires, il faut retrouver la rationalité de ce choix dangereux politiquement. S’il dissout, c’est qu’il pense pouvoir gagner son pari électoral, en faisant le choix d’une campagne précipitée et courte, où les oppositions auront peine à s’organiser pour aligner des candidatures et un programme cohérent. Son gouvernement en sortirait renforcé, plus apte à gouverner, fort d’un pari démocratique gagné. Sans doute le président Macron parie-t-il sur la désorganisation de la gauche et sur ses profondes divisions internes voire sur ses dangers – que l’exécutif souligne depuis la campagne de 2022, pour qu’elle ne puisse pas partir unifiée en campagne. Le président fait aussi l’hypothèse que le seul parti prêt, en reproduisant son organisation de 2022 et en profitant d’une dynamique électorale porteuse, est le RN. Sans doute, pense-t-il qu’à ce petit jeu partisan, le parti présidentiel et ses alliés peuvent tirer leur épingle du jeu et participer à de nombreux duels face au RN, en appelant les autres partis politiques à « faire barrage » en appelant à voter pour les candidats des partis présidentiels au second tour. La défaite des Européennes servirait donc à justifier un choix tactique de dissoudre, tout en se parant des atours d’une réponse à une crise politique majeure. Ni vraiment réponse à une crise politique majeure, ni dissolution tactique de pure convenance personnelle, la dissolution Macron ouvre un espace politique inédit. (…) L’exercice de justification de cette dissolution inédite est donc un parcours semé d’embûches, ce qui ne fait qu’accroître le risque de ne pas trouver à la fin l’issue espérée. Comme en 1997. (…) La dissolution est un outil institutionnel de résolution de crise. Il est donc évident que tout résultat qui apparaîtrait comme aggravant les difficultés à gouverner le pays, faute de majorité cohérente, serait un échec dans l’échec, une crise dans la crise. La situation serait alors inextricable, avec une chambre ingouvernable. Sans pouvoir dissoudre avant un an au moins, le président auteur de la dissolution serait amené à composer avec une majorité encore plus… minoritaire. Ce qui ne signifie pas nécessairement paralysie législative, mais un équilibrisme encore plus périlleux, et des frustrations accrues de toutes parts. L’image d’un président courageux, osant redonner la parole au peuple s’effacerait alors derrière celle d’un apprenti sorcier qui aurait grillé pour rien l’outil dissolution, incapable d’en faire une arme de sortie de crise. Arnaud Mercier
Jupiter aurait-il, à force de l’avoir trop usé, finalement perdu son foudre ?
Alors qu’en ce 84e anniversaire du légendaire discours du 18 juin …
Poursuivant la réécriture de l’histoire de la Libération …
Notre Jupiter national nous rejoue les de Gaulle  ..
Reprenant son fameux mot scatologique (chie-en-lit) …
Pour justifier, hors de toute urgence politique et dans le sillage d’une déroute électorale aux enjeux censément extérieurs, son injustifiable dissolution …
Tout en nous rejouant, sur fond d’article 16, le discours gaullien de la résistance contre la prétendue menace fasciste …
Il  fait signer, triste relent des années 40,  à des représentants de compagnies d’une nation juive, jouant sa survie et à qui comme pour l’Ukraine on refuse les moyens de se défendre, leur propre interdiction de présence à une foire commerciale …
Située à 80 ans et 8 km à peine de Drancy …
Pendant qu’en ces temps de confusion et de perversion idéologique …
Où l’on voit une partie de nos étudiants comme de nos élites soutenir …
Des groupes terroristes qui au contraire des nazis se vantent ouvertement de leurs actes de barbarie contre les Juifs …
Repoussant de plus en plus de nos élites et citoyens d’origine juive vers les partis dit d’extrême-droite …
Une gauche  en perdition multiplie, derrière le pousse-au-crime islamo-soumis Jean Luc Mélenchon et ses candidats casseurs fichés S, les propositions les plus folles …
Retour avec Arnaud Mercier …
Sur cet énième coup politique à haut risque …
Qui sous prétexte de clarification à un mois de Jeux olympiques sous haute tension et, d’où l’afflux massif de procurations, en début de vacances de juillet …
Est bien parti pour confirmer la réputation d’apprenti-sorcier et de pompier-pyromane  du président français …
Et qui loin des deux dissolutions réussies du général de Gaulle en 62 et 68 …
Après l’institution du  suffrage universel direct pour l’élection présidentielle puis pour clarifier la situation politique suite aux émeutes de mai 68 …
Ou de celles de Mitterrand en 81 et 88 pour se donner une majorité pour gouverner après son élection et sa réélection …
Semble plus que jamais destinée…
Ajoutant de l’échec à l’échec et de la crise à la crise …
A rejoindre, peut-être en pire, celle de Jacques Chirac en 97 …
Apportant au pays à l’instar du  fameux choix entre la guerre et le déshonneur évoqué par Churchill suite aux accords de Münich du duo franco-britannique Daladier-Chamberlain de mai 40 …
A la fois la dissolution et la chienlit ?

Prenant acte du très mauvais score obtenu par le parti présidentiel (Renaissance) et ses alliés lors de ces élections européennes, et surtout du très fort écart avec la liste du Rassemblement national (RN), le président Macron a décidé de dissoudre l’Assemblée nationale.

Il le fait à chaud, convoquant dans l’urgence des élections législatives dont le second tour se déroulera dans moins d’un mois, en plein départ en vacances des juilletistes.

À quelle finalité stratégique ce choix de dissoudre peut-il correspondre compte tenu de l’histoire politique française ? Est-il d’ailleurs possible de restituer avec certitude la logique du chef de l’État dans ce choix et de cerner les risques qu’il prend.

La dissolution sous la Vᵉ République, une arme de gestion de crise

Commençons par un bref rappel des usages, rares, de la dissolution depuis 1958. Le général de Gaulle s’y est essayé à deux reprises, avec succès, en 1962 et 1968, car il considérait qu’il y avait une crise politique majeure et qu’il fallait donner au peuple le soin de trancher. Et en effet, en 1962 le gouvernement Pompidou avait été renversé au Parlement (la seule fois de toute la Ve République) à cause de la décision du chef de l’État d’imposer un référendum modifiant la constitution pour faire élire le président au suffrage universel direct.

En juin 1968, le pays sortait de la crise étudiante puis ouvrière de mai 68 et la majorité conservatrice des Français, notamment hors des grandes métropoles, était effarée par les violences observées et les concessions faites aux syndicats. Le général de Gaulle avait cru donc utile de clarifier le rapport de force politique au Parlement face à la rue, et les forces gaullistes gagnèrent bien mieux ces législatives que celles de 1967 gagnées de peu (200 députés en 1967 sur 486 ; 293 députés en juin 1968)

François Mitterrand, quant à lui, a dissout en 1981 et 1988 pour demander aux électeurs de lui donner une majorité pour gouverner après son élection à la présidence de la République. Ce qu’il a obtenu. Seul Jacques Chirac, en 1997, a pris le risque de dissoudre sans contexte de crise politique.

Cette dissolution tactique n’a pas porté ses fruits, puisque le parti présidentiel, qui avait la majorité pour gouverner avant la dissolution, l’a perdue aux législatives, et la troisième cohabitation a débuté, avec Lionel Jospin à Matignon. La seule dissolution ratée fut donc celle où le pouvoir fut incapable d’évoquer une crise politique claire, afin d’obtenir l’appui de son électorat pour la trancher en sa faveur.

Où se situe dans l’histoire la dissolution d’Emmanuel Macron ?

La décision d’Emmanuel Macron est difficile à classer, placée dans un entre-deux indéfinissable, dans un « en même temps » si cher au positionnement du président Macron.

D’un certain point de vue, cette dissolution intervient dans un contexte qui possède certains attributs d’une crise politique, puisque la majorité sortie des urnes aux législatives de 2022 n’est que relative.

Et rien n’a permis à l’exécutif de bâtir depuis une coalition durable, sur la base d’un contrat de gouvernement, avec les forces qui l’entourent (LR à sa droite ou le PS et des écologistes sur sa gauche).

Isolée, la majorité présidentielle légifère à coup d’article 49.3, au risque de subir l’accusation de déni démocratique par les formations d’opposition. La difficulté de l’exécutif à trouver des majorités ne pouvait qu’aller crescendo, comme le montrent les actuels débats houleux sur la loi sur la fin de vie, qui, au passage, est la grande sacrifiée de cette dissolution. Donc, le président Macron en tirerait les conséquences en allant à la dissolution. Soit, mais pourquoi avoir attendu deux années avant de s’y résoudre ? Puisque la notion de crise implique l’idée d’urgence, de moment paroxystique, cet aspect de la crise politique date de juin 2022 pas d’aujourd’hui.

On peut dès lors considérer que la principale raison resterait celle du déficit de légitimité démocratique des forces macroniennes en regard du seul scrutin des Européennes.

On se trouverait face à un problème classique d’usure du pouvoir, et la majorité en place chercherait à rafraîchir sa légitimité en retournant devant le peuple pour tester sa popularité.

Comme on ne peut prêter au président des pensées politiques suicidaires, il faut retrouver la rationalité de ce choix dangereux politiquement. S’il dissout, c’est qu’il pense pouvoir gagner son pari électoral, en faisant le choix d’une campagne précipitée et courte, où les oppositions auront peine à s’organiser pour aligner des candidatures et un programme cohérent. Son gouvernement en sortirait renforcé, plus apte à gouverner, fort d’un pari démocratique gagné.

Une dissolution conforme à la logique du « en même temps »

Sans doute le président Macron parie-t-il sur la désorganisation de la gauche et sur ses profondes divisions internes voire sur ses dangers – que l’exécutif souligne depuis la campagne de 2022, pour qu’elle ne puisse pas partir unifiée en campagne.

Le président fait aussi l’hypothèse que le seul parti prêt, en reproduisant son organisation de 2022 et en profitant d’une dynamique électorale porteuse, est le RN. Sans doute, pense-t-il qu’à ce petit jeu partisan, le parti présidentiel et ses alliés peuvent tirer leur épingle du jeu et participer à de nombreux duels face au RN, en appelant les autres partis politiques à « faire barrage » en appelant à voter pour les candidats des partis présidentiels au second tour.

La défaite des Européennes servirait donc à justifier un choix tactique de dissoudre, tout en se parant des atours d’une réponse à une crise politique majeure. Ni vraiment réponse à une crise politique majeure, ni dissolution tactique de pure convenance personnelle, la dissolution Macron ouvre un espace politique inédit.

D’autant plus inédit que lorsqu’il s’est agi d’utiliser la dissolution pour (re)donner au camp présidentiel une majorité parlementaire, comme dans les dissolutions Mitterrand, ce dernier venait de gagner l’élection présidentielle et était donc porté par une dynamique positive. Alors qu’ici le président Macron prend l’énorme risque de convoquer des élections législatives dans le sillage d’une déroute électorale. Ce qui, sous tous les cieux, est rarement le meilleur tremplin pour gagner l’élection d’après.

Une dissolution périlleuse à justifier auprès de son camp

Deux biais rendent périlleuse la justification de cette décision, au risque de mal mobiliser son camp, à l’instar de ce qui est arrivé à Jacques Chirac en 1997.

D’abord, le fait que le retour aux urnes, suite à un premier scrutin, ne porte pas du tout sur le même enjeu. Parce qu’on a perdu aux élections pour envoyer des députés européens à Strasbourg, il faudrait réélire des députés en France et qui ne siègent que depuis seulement deux ans ?

Le parallélisme est bancal, et des électeurs favorables à priori au camp macronien pourraient ne pas valider ce choix, comme des électeurs chiraquiens avaient mal accepté une dissolution si mal justifiée, en ne se mobilisant pas au niveau escompté par le « Président dissolveur ».

De plus, l’appel à la dissolution a été une constante de la rhétorique du RN depuis la réforme des retraites de 2023. Face à cela, l’exécutif a rappelé à plusieurs reprises que ce n’était pas une élection nationale et que la demande était inappropriée, puisque selon Gabriel Attal, qui ne sera finalement qu’un éphémère premier ministre, ce n’était qu’un « référendum pour ou contre l’Europe ».

Voilà que le président Macron change radicalement d’avis et donne satisfaction à ses opposants. Ce revirement subit, alors même que ce vote n’a rien changé au rapport de force interne au Parlement, peut apparaître difficile à accepter pour une part de son électorat, qui peut même reprocher à son champion de prendre le risque de fragiliser plus encore la majorité présidentielle, sans rien résoudre sur le fond puisqu’il n’y a pas de crise de régime à résoudre. Et si la chambre nouvelle est encore plus divisée que la précédente, des soutiens du président ne se sentiront-ils pas en droit de l’en rendre responsable ? Cet argument pourrait même émerger par anticipation au sein des rangs macroniens, dans les heures et jours à venir.

L’exercice de justification de cette dissolution inédite est donc un parcours semé d’embûches, ce qui ne fait qu’accroître le risque de ne pas trouver à la fin l’issue espérée. Comme en 1997.

Le pari risqué d’une pression électorale au ralliement

Le camp macronien appelle déjà au sursaut, à un nouveau dépassement des clivages, à la mobilisation des citoyens, dramatise l’enjeu pour ressouder sa base électorale et retrouver sa majorité perdue. Pourtant, si on regarde lucidement l’état des rapports de force issus des législatives de 2022, le résultat le plus probable est celui d’une chambre ingouvernable, avec un pôle d’opposition du RN renforcé.

En effet, qui peut imaginer un instant que la dynamique électorale qui porte le RN va s’arrêter subitement, du fait d’une campagne législative anticipée ? Le RN va donc non seulement retrouver ses nombreux députés mais très probablement en acquérir de nouveaux, dans une proportion difficile à apprécier au 10 juin.

La droite LR, existentiellement coincée qu’elle est entre les forces macroniennes et le RN, va-t-elle subitement, dans l’urgence et l’affolement d’une campagne éclair, se rallier au camp présidentiel, alors qu’elle refuse de le faire depuis deux ans au Parlement ? On peut en douter, sinon elle l’aurait déjà fait. Mais sans doute des ralliements individuels, dans des circonscriptions menacées pour les sortants LR sont à prévoir, et escomptés à l’Élysée.

Les électeurs sociaux-démocrates pro-européens naguère séduits par Emmanuel Macron et qui viennent de faire retour au nid familial en votant Glucksmann, vont-ils repartir voter pour les candidats macroniens, trois semaines après avoir permis une improbable renaissance du PS ? Ce serait étrange. Mais c’est sans doute l’espoir du président.

Persuadés que face à un tiraillement entre voter pour des candidats d’une LFI toujours portée par Jean-Luc Mélenchon et sa garde rapprochée et des progressistes libéraux macroniens, ces sociaux-démocrates n’auront d’autres choix que de rallier le centre-droite plutôt que la gauche de la gauche. Cela reste un énorme pari car la séparation de cette frange de l’électorat avec Emmanuel Macron a des causes profondes.

Les forces insoumises, pilotées par un Jean-Luc Mélenchon clivant, ne semblent pas en mesure d’accepter de rompre avec le dogme stratégique de la radicalité, qui a si bien réussi à la présidentielle de 2017, mais déjà moins en 2022. L’alliance électorale avec le PS et les écologistes semble donc difficile pour sûr, fragile, au mieux. Des duels fratricides sont inéluctables au sein de la gauche.

Le pire est-il à venir ?

Mais face au niveau d’impopularité atteint par le président Macron, aucun parti extérieur à sa galaxie politique n’a intérêt à la rejoindre et à jouer le jeu d’un dépassement partisan au risque de s’y perdre.

La dissolution est un outil institutionnel de résolution de crise. Il est donc évident que tout résultat qui apparaîtrait comme aggravant les difficultés à gouverner le pays, faute de majorité cohérente, serait un échec dans l’échec, une crise dans la crise.

La situation serait alors inextricable, avec une chambre ingouvernable. Sans pouvoir dissoudre avant un an au moins, le président auteur de la dissolution serait amené à composer avec une majorité encore plus… minoritaire. Ce qui ne signifie pas nécessairement paralysie législative, mais un équilibrisme encore plus périlleux, et des frustrations accrues de toutes parts.

L’image d’un président courageux, osant redonner la parole au peuple s’effacerait alors derrière celle d’un apprenti sorcier qui aurait grillé pour rien l’outil dissolution, incapable d’en faire une arme de sortie de crise.

Voir aussi:

Législatives : Macron juge le changement de sexe en mairie « ubuesque », Mélenchon dénonce des propos « indignes »
Libération

18 juin 2024

La campagne officielle des législatives entre son deuxième jour ce mardi 18 juin. Le Nouveau Front populaire a tenu son premier meeting unitaire, pendant que le RN entretient le flou sur ses premières promesses. De nombreuses interviews politiques sont au programme

Libération et AFP

18 juin 2024

En résumé :
A J-13 avant le premier tour de ces élections législatives anticipées, prévu le 30 juin, les candidats poursuivent leurs campagnes éclair dans les 577 circonscriptions.
Après un week-end agité au sein de LFI, le Nouveau Front populaire a réuni plusieurs de ses ténors pour son premier meeting à Montreuil lundi soir et appelé à «l’unité». Se pose toutefois la question de l’identité du Premier ministre en cas de victoire de l’alliance.
Le chef de file du Rassemblement national, Jordan Bardella, a martelé ce mardi qu’il ne pourrait «pas agir» sans «majorité absolue», ce que le Premier ministre, Gabriel Attal, a qualifié de «refus d’obstacle», pointant les «reniements» de son adversaire.
Retrouvez l’essentiel de l’actualité du lundi 17 juin sur la dissolution de l’Assemblée nationale et les prochaines élections législatives ici.
18 juin, 2024 22h13
Mélenchon dénonce les propos «indignes» de Macron, qui qualifie le changement de sexe en mairie de mesure «ubuesque». En marge d’un déplacement à l’île de Sein mardi, Emmanuel Macron avait dézingué le programme du Nouveau Front populaire en évoquant «des choses complètement ubuesques comme aller changer de sexe en mairie». Ces propos du Président «sur le changement de genre officiel sont indignes, fulmine Jean-Luc Mélenchon sur X. Cette possibilité existe déjà dans la loi. Le Président ignore la dose de souffrances que cela implique pour les personnes concernées. (…) Pourquoi cette moquerie ?», questionne chef de file des insoumis.

18 juin, 2024 21h58
Edouard Philippe «dubitatif» face aux candidats à Matignon qui n’ont «jamais rien géré». L’ex-Premier ministre porte «un regard dubitatif sur ceux qui clament qu’ils sont prêts» à occuper Matignon «alors qu’ils n’ont jamais rien géré», à l’image de Jordan Bardella, a-t-il dit en marge d’un déplacement dans la Marne mardi. «Je sais que c’est dur, Premier ministre. Je sais que ça va vite, il y a beaucoup de sujets à traiter», s’est remémoré à Reims l’actuel maire du Havre, Premier ministre d’Emmanuel Macron de 2017 à 2020. Occupant de Matignon durant la crise des gilets jaunes puis lors des premiers mois du Covid, Edouard Philippe n’a «pas tout fait bien» durant cette période, a-t-il reconnu lors de ce déplacement dans la Marne pour soutenir plusieurs des candidats de son parti, Horizons.

18 juin, 2024 21h49
Oudéa-Castéra reprend Guy Drut de volée après ses propos sur le RN. «Je reste et je voterai Les Républicains, tendance Éric Ciotti, parce que j’approuve l’union des droites et l’alliance avec le Rassemblement national (RN)», a déclaré l’ancien ministre des Sports sous le gouvernement d’Alain Juppé (1995-1997) dans un entretien au Monde, à douze jours du premier tour des législatives. Des propos qui ont provoqué l’indignation d’Amélie Oudéa-Castéra sur X (ex-twitter) : «Quelle déchéance. Les nouvelles recrues du RN sont à son image : tout en inconséquence et en incohérence», a-t-elle publié. «Les propos de Guy Drut n’engagent que lui-même», a réagi le comité d’organisation des Jeux.

Politique

Législatives 2024 : pour l’Appel du 18 juin, Macron défend la dissolution de l’Assemblée et torpille les extrêmes

En déplacement à l’île de Sein pour commémorer l’Appel du Général de Gaulle, le président de la République en a profité pour mener campagne pour les législatives 2024. En s’attaquant au Nouveau Front Populaire. Dans le même temps, son ancien fidèle Gilles Le Gendre critiquait ses choix politiques et son exercice du pouvoir.

Le président de la République Emmanuel Macron a profité du 84e anniversaire du 18 juin 1940 pour parler aux Français. Pas de Londres, mais de l’île de Sein (Finistère) où il rendait hommage à l’historique Appel du général de Gaulle, qui exhortait les Français à résister contre le nazisme. Face à ses concitoyens qui l’ont longuement interrogé, le chef de l’Etat est revenu sur sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale, au soir des résultats des élections européennes le 9 juin dernier. « La solution que j’ai prise c’est la plus lourde, la plus grave, mais la plus responsable », a-t-il assuré ce 18 juin 2024.

« Sans dissolution, cela aurait été la chienlit », a-t-il martelé, assurant qu’« on ne peut pas craindre le peuple dans une démocratie ». « N’ayez pas peur », « allez voter et choisissez votre avenir », a-t-il assuré. « On a connu le chaos » pendant la crise des gilets jaunes, « une élection, ce n’est pas le chaos, c’est la démocratie », a encore dit Emmanuel Macron.

Gilles Le Gendre abandonne Emmanuel Macron

Reste que sa décision de renvoyer les Français aux urnes a profondé ébranlé ses troupes et redessiner le paysage politique français. L’annonce a tétanisé la Macronie, déjà effrayée par le score historique du Rassemblement national au scrutin européen, bien devant la majorité présidentielle. Certains ont dénoncé un pari fou qui pourrait porter l’extrême droite à Matignon. Ce mardi, le député de Paris sortant Gilles Le Gendre, compagnon de route historique d’Emmanuel Macron, a jugé que la dissolution de l’Assemblée nationale est « insensée », qu’elle n’a pas de sens » et « risque d’accentuer les fractures du pays », a estimé l’ancien chef des députés macronistes au Palais Bourbon, auprès du Monde.

Emmanuel Macron « a pris le risque, inutile et dangereux, que la crise politique larvée qui abîme notre pays depuis des années devienne une crise avérée. Dans ce cas, il faut redouter que nous ne soyons plus capables d’en maîtriser les conséquences, que les fractures du pays s’enveniment et que l’action publique soit paralysée », craint-il. « Nous étions depuis 2017 la majorité du dépassement. Le 7 juillet, nous pourrions devenir la minorité de l’effacement », dit M. Le Gendre.

Macron en campagne contre le risque d’une débâcle

Le risque d’une débâcle est réel. Selon notre sondage du 10 juin, la majorité présidentielle serait dans une situation délicate. Le Rassemblement national est en effet crédité de 34 % d’intentions de vote au premier tour des législatives, contre 18,7 % en 2022. Le parti de Marine Le Pen obtiendrait alors 235 à 265 sièges. En deuxième position figure le Nouveau Front Populaire créditée de 22 % des intentions de vote (contre 25,7 % en 2022), soit 115 à 145 députés. La majorité présidentielle arrive, elle, en troisième position, avec 19 % des intentions de vote (contre 25,8 % en 2022). Elle passerait de 125 à 155 sièges, contre 249 avant la dissolution.

Voir également:

Catherine Nay : « Emmanuel Macron est un verbomoteur sans frein »

ENTRETIEN – La journaliste, grande voix d’Europe 1 et fine connaisseuse de la vie politique française, analyse la décision du chef de l’État de dissoudre l’Assemblée. Le président de la République, qui inonde les Français de sa présence et de ses paroles depuis sept ans, aura du mal à partager le pouvoir.

Dernier livre paru: Le Grand Théâtre du pouvoir. Quarante ans de vie politique française, Bouquins, 1184 p., 32 €.

LE FIGARO. – Vous avez connu et commenté plusieurs dissolutions de l’Assemblée nationale. Que vous inspire la décision d Emmanuel Macron?

Catherine NAY. – D’abord comme du jamais vu bien sûr. Décider d’organiser des élections législatives à quinze jours de l’ouverture des Jeux olympiques est un choix sidérant. Surtout après avoir promis que le résultat de l’élection européenne n’aurait aucun impact sur la conduite des affaires intérieures. Mais voilà, le score du RN a résonné sur l’Élysée tel un coup de tonnerre. Et Jupiter a déclenché la foudre. Il est apparu, l’air grave, en costume de deuil, les mains jointes. Comme un homme déjà entravé ? C’est que dix minutes plus tôt le vainqueur Bardella lui demandait d’organiser « des élections législatives », et le président avait l’air de céder à sa requête que tout le monde avait prise comme un coup de bluff. Depuis qu’il a par deux fois remporté la présidentielle face à Marine Le Pen, il a instauré un duel sans fin avec elle.

Mais à trop crier « au loup », ce n’est pas le méchant qui a effrayé les Français mais le berger. Incapable de répondre à leurs problèmes, puisqu’il a laissé en jachère des sujets comme l’insécurité, l’éducation, la violence. Il y a sept ans, il promettait de réduire le Rassemblement national. Il est devenu le premier parti de France. Comment qualifier cette dissolution ? Est-ce une dissolution de pulsion, d’amertume ? « Vous ne m’avez pas écouté, voilà ce qui va vous arriver » dit-il aux Français. Une dissolution d’impuissance aussi ?

Peut-on comparer cette dissolution à celle entreprise par Jacques Chirac en 1997 avec les résultats que l’on sait ?

La dissolution de Jacques Chirac, un autre grand coup de génie, était une dissolution de convenance personnelle assez incompréhensible. Élu président en 1995, Chirac détenait alors la majorité à l’Assemblée nationale, dans les conseils généraux, régionaux, les principales villes de France. Il avait nommé Juppé à Matignon, « le meilleur d’entre nous ». Mais ce dernier avait multiplié les bourdes (les « jupettes » ,la réforme des régimes spéciaux qui allaient entraîner les grandes grèves de décembre 1995)…il était au nadir des sondages. Mais Jacques Chirac refusait de se séparer de lui. Comment le garder malgré tout ? Villepin avait cette idée. On allait dissoudre pour purger l’assemblée des balladuriens frondeurs et des socialistes. Ainsi garderait-on Juppé. Autant sortir un tracteur pour écraser une noix.

Jacques Chirac avait validé ce scénario baroque et demandé à sa plume Christine Albanel de lui écrire le discours pour l’annoncer aux Français sur le thème « un nouvel élan ». Elle y avait travaillé plusieurs heures. Lorsque Jacques Chirac en avait pris connaissance, il lui avait lancé : « Quand je vous lis je ne comprends pas pourquoi je dissous ». Elle lui avait rétorqué: « Mais moi non plus, monsieur le président, je ne comprends pas». Résultat : Jospin s’installait à Matignon pour cinq ans. Cette dissolution était encore plus absurde qu’aujourd’hui. Cette fois, il y a une sorte de cohérence dans la décision présidentielle: prendre les devants. Compte tenu de la majorité relative et de la menace des LR : une motion de censure à l’automne, où le gouvernement aurait pu être renversé. Et pour conjurer les mauvais sorts, Emmanuel Macron sort les tambours de la lutte contre les extrêmes et la menace contre la démocratie. En entonnant le chant « Si tous les démocrates du monde voulaient se donner la main… ». Un pari très risqué.

Faut-il avoir une lecture psychologique de cette décision ?

Emmanuel Macron est un prototype politique puisqu’il n’a jamais connu l’échec. Dans sa vie, il a réussi tout ce qu’il a entrepris, exception pour Normale Sup. Un accroc dans le parcours. Ses camarades de l’époque le disent : s’il avait été admissible, il était le meilleur de tous à l’oral. Depuis des semaines, les sondages lui annonçaient la poussée du RN. Curieusement, il a choisi un petit soldat inconnu, Valérie Hayer pour mener la troupe à la bataille, pensant sans doute que Napoléon dans les coulisses ferait l’affaire. Il a cru que les Français entendaient ses avertissements. En réalité, ils ne l’écoutaient pas.

Depuis Valéry Giscard d’Estaing, aucun président de la République n’avait eu l’ensemble des pouvoirs aussi longtemps dans notre pays… faut-il voir dans le rejet d’Emmanuel Macron une forme d’usure naturelle du pouvoir ?

En réalité, tous les présidents de la République qui sont restés à l’Élysée plus de sept ans sont passés par une phase de cohabitation. Si le quinquennat avait existé du temps de Mitterrand, il n’aurait fait qu’un seul mandat et serait parti en 1986. Jacques Chirac est resté douze ans à l’Élysée mais avec une cohabitation longue durée. Faites les comptes : il a gouverné un quinquennat. Chez les Français versatiles, l’amour politique dure cinq ans. Emmanuel Macron vient de fêter son septième anniversaire à l’Élysée. Il atteint donc un certain degré d’épuisement chez les Français. Il y a mis du sien. C’est un verbomoteur sans frein. Presque une folie. Il a transformé la cervelle des Français en une terre argileuse qui ne peut plus absorber son flux ininterrompu de mots. Une véritable inondation. Lors de son discours du Nouvel an, il annonçait l’année des fiertés françaises, citant les cérémonies du Débarquement, où il a pris huit fois la parole. Un excès quasi pathologique. C’est comme l’impôt : trop de paroles tuent la parole. Avec Emmanuel Macron, au commencement est le Verbe mais celui-ci ne se fait pas toujours chair.

La cohabitation d’Emmanuel Macron avec Jordan Bardella vous paraît-elle possible ? Un premier ministre a-t-il les mains libres en cas de cohabitation ?

Une cohabitation est un jeu de pouvoir aussi intellectuel que physique. Jacques Chirac dirait presque un jeu de sumos . Lorsque François Mitterrand a été battu aux législatives de 1986, Jacques Attali lui avait conseillé de démissionner. Un conseil de petits bras. Jacques Chirac le premier ministre, entendait appliquer à la lettre l’article 20 de la Constitution : « Le Gouvernement détermine et conduit la politique de la nation » . Mais la Constitution donne aussi des moyens au président. Jacques Chirac a voulu gouverner par ordonnances pour aller vite, mais il lui fallait pour cela la signature présidentielle. Notamment sur les privatisations. Il a donc fallu passer par la loi et le débat , ce qui a ralenti son action.

Peu à peu, Mitterrand, l’âge aidant, a pu se déguiser en père de la nation qui sait dire aux Français où est le Bien et le Mal, s’érigeant en protecteur du pays. Il avait aussi son mot à dire dans les choix des ministères régaliens. Son chef-d’œuvre : l’organisation des grandes manifs contre la loi Devaquet, une opération montée avec Julien Dray dès l’été 1986. On ferait sortir les lycéens dans la rue en leur racontant qu’ils devraient payer cher pour accéder à l’université. Un gros mensonge. Et puis il y a eu la mort de Malik Oussekine. Un drame irréparable pour la droite. Mitterrand le disait : « Les Français sont un peuple sans mémoire ». En 1988 ils avaient oublié qu’ils ne le supportaient plus en 1986 et l’ont réélu. Emmanuel Macron qui ne peut pas se représenter en 2027 ne peut faire sien ce scénario. Il lui faudra inventer un rôle de composition. Laisser d’autres diriger et décider à sa place alors qu’il n’a jamais partagé le pouvoir. On se demande comment il pourra le supporter.

Voir de même:

Retraites: Jordan Bardella appelle à «revenir aux urnes» pour sortir d’une «crise démocratique de fond»

Invité sur BFMTV ce jeudi, le président du Rassemblement national a estimé qu’«on est dans une crise démocratique de fond» provoquée par la réforme des retraites, et a appelé pour en sortir à «revenir aux urnes» en passant par la dissolution de l’Assemblée nationale

Pour sortir de l’impasse politique provoquée par la réforme des retraites, le président du Rassemblement national (RN) appelle Emmanuel Macron à la dissolution. Invité sur BFMTV ce jeudi 27 avril, Jordan Bardella a en effet estimé qu’« il faut revenir aux urnes » face à « une crise démocratique de fond » provoquée par la réforme des retraites. « J’ai la conviction que, si demain, il y avait une dissolution de l’Assemblée nationale, le RN aurait la majorité à l’Assemblée et pourrait gouverner », a-t-il estimé.

Au lendemain de la présentation par Elisabeth Borne de la « feuille de route » du gouvernement pour les « 100 jours d’action » annoncés par le chef de l’Etat, Jordan Bardella a vertement critiqué l’allocution de la Première ministre, indiquant l’avoir « entendue s’exprimer pour ne rien dire ». « C’est une souffrance de s’infliger un discours d’Elisabeth Borne, c’est déprimant », a martelé l’eurodéputé RN, qui a par ailleurs estimé que « le quinquennat est suspendu ».

Immigration. Au cours de son discours, mercredi, Elisabeth Borne a annoncé que le projet de loi sur l’immigration ne sera présenté qu’à l’automne par le gouvernement, faute de majorité sur ce texte. Le gouvernement accuse en effet les parlementaires Les Républicains (LR) d’un manque de clarté sur leur soutien à ce projet de loi, quand les élus LR évoquent des divisions au sein même de la coalition présidentielle à ce sujet.

Revenant sur ce report, Jordan Bardella a estimé que la Première ministre « ne sera probablement pas là à l’automne pour parler de cette grande loi sur l’immigration ». Le président du RN n’a pas manqué de faire un parallèle avec l’opération Wuambushu à Mayotte, lancée par l’exécutif pour réduire l’immigration illégale sur l’île. Jordan Bardella a ainsi affirmé que la situation à Mayotte représente « notre futur en métropole en matière d’immigration si on ne reprend pas dès maintenant le contrôle ». Par ailleurs, l’eurodéputé a proposé de « suspendre l’aide au développement aux Comores tant qu’ils refusent de reprendre leurs ressortissants ».

La démocratie et la politique, c’est savoir et pouvoir concilier les différents courants politiques et construire des compromis. Le fait que Bardella.

Voir de plus:

Législatives 2024 : qui est Raphaël Arnault, ce militant antifa fiché S dont l’investiture par LFI fait polémique ?
Déjà candidat pour les élections législatives de 2022, Raphaël Arnault, cofondateur de la Jeune Garde, un mouvement d’extrême gauche, fait notamment parler de lui en raison de ses positions sur la guerre à Gaza.

Eloïse Bartoli avec Jean-Michel Décugis

Le Parisien

16 juin 2024

L’annonce de son investiture suscite l’émoi à droite… et au sein même de la gauche. Raphaël Arnault, porte-parole du mouvement antifasciste la Jeune Garde, est, depuis ce vendredi, le candidat de la France insoumise pour le Nouveau Front populaire dans la 1re circonscription du Vaucluse.

Candidat malheureux lors des législatives de 2022, le Lyonnais de 29 ans s’était à l’époque présenté en tant que dissident de la gauche dans la 2e circonscription du Rhône, à défaut d’avoir obtenu l’investiture de la Nupes. À présent investi dans le Vaucluse, Raphaël Arnault est le produit d’un parachutage commandité par la France insoumise.

« Ultragauche radicale, violente », selon le PS
Un parachutage dont Cécile Helle, maire PS d’Avignon, assure, dans les colonnes de La Provence, « ne pas avoir besoin pour porter un programme ambitieux ». Cette figure de la gauche locale craint que l’absence de connaissance du terrain du Lyonnais, conjuguée à la radicalité de son discours, ne fasse figure de repoussoir pour l’électorat de la gauche modérée.

Selon la socialiste, Raphaël Arnault « symbolise une ultragauche radicale, violente dans laquelle (elle) ne (s) e ne reconnaît pas. » Les enjeux sont grands ; même si une personnalité du Rassemblement national (RN) a été élue de peu aux dernières législatives, la circonscription est traditionnellement favorable à la gauche, et pourrait donc être gagnable. Face à la « machine à perdre » que représenterait Raphaël Arnault, l’élue dit apporter son soutien à Philippe Pascal, figure de gauche dissidente qui se présente dans la même circonscription.

« J’en appelle à la responsabilité collective, des accords nationaux ont été trouvés », argue de son côté Raphaël Arnault, qui tient à rappeler le caractère d’urgence que représente la montée de l’extrême droite dans le pays. « On a l’impression que ma candidature vient poser problème, alors que bien avant mon investiture, il y avait des articles qui expliquaient que la mairie PS ne voulait absolument pas que la circonscription soit attribuée à LFI. Ils parlaient déjà d’une candidature dissidente ! », défend-il.

Fiché S
Mais que reprochent ses adversaires à Raphaël Arnault ? Son principal fait d’armes est d’avoir cofondé, en 2018, la Jeune Garde, mouvement d’extrême gauche antifasciste à Lyon (Rhône). Initialement lyonnais, le mouvement possède à présent des antennes à Strasbourg, à Lille, Montpellier ou Paris.

Des violences ont été imputées à certaines actions de ce collectif, dont il est à présent le porte-parole. En 2021, plusieurs membres du groupuscule en étaient venus aux mains avec le Collectif Némésis, un groupe de femmes d’extrême droite qui avait tenté de rejoindre le cortège d’une manifestation parisienne contre les violences faites aux femmes avec des banderoles anti-immigration. Des actes qui lui valent d’être fiché S, selon une information de presse que nous avons pu confirmer. Un fichage, qui n’interdit pas une candidature aux législatives et que le principal intéressé dit ignorer. Lui préfère évoquer la pratique « joyeuse » de son collectif en manifestation alors que d’autres sources policières évoquent plutôt un profil connu pour des faits de violences, de dégradations et de menaces de mort.

Son implication dans les combats contre l’extrême droite lui aura par ailleurs valu, en septembre 2021, d’être violemment agressé par des membres du groupuscule « Zouaves Paris », dissous depuis, rapporte Libération.
Ses prises de position sur le conflit en cours à Gaza crispent, elles aussi. Il lui est notamment reproché d’avoir défendu les attaques sanglantes du Hamas du 7 octobre en relayant, en guise de « solidarité », un communiqué de la Jeune Garde qui évoquait « une offensive sans précédent » lancée par « la résistance palestinienne ». « Dans la confusion généralisée du moment, il y a pu avoir des erreurs », nuance-t-il aujourd’hui, sans en dire plus, alors qu’il a été convoqué par la police pour « apologie du terrorisme » à la suite de ses propos tenus sur le conflit.

Et c’est là que le bât blesse ; l’union de la gauche aux législatives doit se faire autour de valeurs communes. Parmi elles, le Nouveau Front Populaire s’est accordé, dans son programme, sur la condamnation des « massacres terroristes » du Hamas. Alors, un mea culpa politique est-il en cours ? Dans une succession de tweets postés samedi, il assure simplement avoir décidé « de défendre comme il se doit le programme, on ne peut plus clair, du Nouveau Front Populaire, en adéquation avec nos combats. » Sans en dire plus.

Voir par ailleurs:

Exliquez-nous… la chienlit

Nicolas Sarkozy a vu dans les incidents de lundi à Air France une manifestation de la « chienlit » et du « délitement de l’Etat ». Retour sur une expression utilisée par De Gaulle mais très ancienne.

Gilbert Chevalier
Radio France

07/10/2015

Le terme « chienlit  » désigne initialement un personnage typique du carnaval de Paris. D’abord  féminin et orthographié en trois mots  « chie en lit »  comme « chie au lit ». C’est donc celui qui défèque au lit.

Le costume de ce personnage de carnaval était une chemise de nuit avec le postérieur barbouillé de boue ou de moutarde. Il faut savoir que le carnaval de Paris a été l’un des plus importants carnavals du monde et une très grande fête populaire jusqu’à à la Seconde Guerre mondiale et ensuite quasiment totalement oublié. Des écrivains comme Balzac, Hugo ou Zola ont utilisé ce mot pour designer soit ce personnage de carnaval ou quelqu’un qui y ressemble.

Car, très vite, ce mot de chienlit, ce personnage de carnaval à la chemise souillée pas très propre convient parfaitement comme métaphore pour décrire la pagaille le désordre, la saleté. Chienlit hors contexte de carnaval devient totalement péjoratif.

Et comment ce mot est arrivé en politique ?
C’est Georges Pompidou qui a prêté au général de Gaulle le choix de ce mot en 1968.  Le 19 mai à la sortie du conseil des ministres de Gaulle aurait affirmé :  « La réforme, oui, la chienlit, non « .  Et même s’il n’a pas été le premier à l’employer, aujourd’hui quand on pense chienlit on pense général de Gaulle. Le pays est presque totalement bloqué. La chienlit, c’est le désordre de l’Etat, une pagaille insupportable pour le général.

En retour, lors des manifestations qui vont continuer des slogans des tracts et des affiches contestataires lui répliquent : « La chienlit c’est lui « . Depuis, et particulièrement à droite, le terme revient régulièrement dans la bouche des hommes politiques. François Fillon, Jean-Pierre Raffarin, Dominique de Villepin, Jean-Louis Debré ont utilisé le mot.

Il est aussi employé à gauche : Laurent Fabius ou encore Daniel Vaillant l’ont également utilisé. Et tous pour dénoncer une supposé pagaille, un désordre de l’Etat.

Voir encore:

Déclaration de M. Emmanuel Macron, président de la République, sur le résultat des élections européennes et la dissolution de l’Assemblée nationale, à Paris le 9 juin 2024.

Emmanuel Macron – Président de la République

Françaises, Français. Vous avez eu ce jour à voter pour les élections européennes, en métropole, dans nos Outre-mer, comme à l’étranger. Le principal enseignement est clair : ce n’est pas un bon résultat pour les partis qui défendent l’Europe, dont celui de la majorité présidentielle.

Les partis d’extrême droite qui, ces dernières années, se sont opposés à tant d’avancées permises par notre Europe, qu’il s’agisse de la relance économique, de la protection commune de nos frontières, du soutien à nos agriculteurs, du soutien à l’Ukraine, ces partis progressent partout sur le continent. En France, leurs représentants atteignent près de 40% des suffrages exprimés.

Pour moi, qui ai toujours considéré qu’une Europe unie, forte, indépendante est bonne pour la France, c’est une situation à laquelle je ne peux me résoudre. La montée des nationalistes, des démagogues, est un danger pour notre nation, mais aussi pour notre Europe, pour la place de la France en Europe et dans le monde. Et je le dis, alors même que nous venons de célébrer avec le monde entier le Débarquement en Normandie, et alors même que dans quelques semaines, nous aurons à accueillir le monde pour les Jeux olympiques et paralympiques. Oui, l’extrême droite est à la fois l’appauvrissement des Français et le déclassement de notre pays. Je ne saurais donc, à l’issue de cette journée, faire comme si de rien n’était.

À cette situation s’ajoute une fièvre qui s’est emparée ces dernières années du débat public et parlementaire dans notre pays, un désordre qui, je le sais, vous inquiète, parfois vous choque, et auquel je n’entends rien céder. Or, aujourd’hui, les défis qui se présentent à nous, qu’il s’agisse des dangers extérieurs, du dérèglement climatique et de ses conséquences, ou des menaces à notre propre cohésion, ces défis exigent la clarté dans nos débats, l’ambition pour le pays et le respect pour chaque Français.

C’est pourquoi, après avoir procédé aux consultations prévues à l’article 12 de notre Constitution, j’ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote. Je dissous donc ce soir l’Assemblée nationale. Je signerai dans quelques instants le décret de convocation des élections législatives qui se tiendront le 30 juin pour le premier tour et le 7 juillet pour le second.

Cette décision est grave, lourde, mais c’est avant tout, un acte de confiance. Confiance en vous, mes chers compatriotes, en la capacité du peuple français à faire le choix le plus juste pour lui- même et pour les générations futures ; confiance en notre démocratie. Que la parole soit donnée au peuple souverain, rien n’est plus républicain. Cela vaut mieux que tous les arrangements, toutes les solutions précaires. C’est un temps de clarification indispensable. Confiance en la France qui, face à la rudesse des temps, sait toujours s’unir et résister pour dessiner l’avenir et non se replier ou céder à toutes les démagogies.

Dans les prochains jours, je dirai l’orientation que je crois juste pour la nation. J’ai entendu votre message, vos préoccupations, et je ne les laisserai pas sans réponse. Et vous me connaissez, le goût de l’avenir, celui du dépassement de la fédération continueront de nourrir ce projet. Mais en ce moment de vérité démocratique, et alors même que je suis le seul responsable politique à n’avoir aucune échéance électorale personnelle en 2027, soyez certains d’une chose : ma seule ambition est d’être utile à notre pays que j’aime tant, ma seule vocation est de vous servir.

Je sais pouvoir compter sur vous pour aller massivement voter les 30 juin et 7 juillet prochains. La France a besoin d’une majorité claire pour agir dans la sérénité et la concorde. Être Français est toujours se hisser à la hauteur des temps quand il l’exige, connaître le prix du vote et le goût de la liberté, agir quelles que soient les circonstances en responsabilité. C’est, au fond, choisir d’écrire l’histoire plutôt que de la subir. C’est maintenant.

Vive la République ! Vive la France !

Voir enfin:

La Résistance rejouée. Usages gaullistes du cinéma

Sylvie Lindeperg/Institut d’études politiques de Paris

Politix. Revue des sciences sociales du politique
Année 1993  24  pp. 134-152

SANS DOUTE PARCE QU’ELLE FUT LA PLUS VISIBLE et la plus officiellement assumée, l’utilisation du cinéma par les régimes totalitaires a fait l’objet d’études approfondies. Du Triomphe de la volonté de Léni Riefenstahl au Juif Süss de Veit Harlan, en passant par la cynique mystification de Térézin, les différentes facettes du cinéma de propagande nazi ont été largement explorées. Les historiens du film se sont penchés avec une même attention sur les montages soviétiques de l’époque stalinienne, dans lesquels des contre-typages successifs avaient effacé le visage des disgraciés du régime.

En s ‘interrogeant sur les rapports entretenus par le pouvoir gaulliste avec le cinéma français, sur la question spécifique des représentations de la seconde guerre mondiale, il s’agira de rechercher d’autres modes d’utilisation politique du septième Art, moins spectaculaires, mais tout aussi effectifs. A travers l’étude comparée des films tournés au cours des périodes 1944-45 et 1958-69, il s’agira de mettre au jour la nature et la variabilité de ces usages, tout en contribuant à une réflexion déjà engagée ailleurs sur les politiques de gestion de l’histoire. Dans la mesure où le général de Gaulle accorda un crédit au pouvoir de l’image animée, les interventions de ses fidèles et de son administration à l’égard des films historiques révèlent en effet les enjeux cristallisés autour d’une entreprise constante de réécriture du passé suivant les logiques du temps présent.

Un premier examen de la production filmique des années d’après-guerre permet de souligner d’emblée la nette concordance entre la présence du général de Gaulle au pouvoir et les deux grandes phases d’exploitation et de reconstruction cinématographiques de la geste résistante. Pour passer de ce constat de coïncidence à l’explicitation d’un système de relation, il s’agira, non seulement de mettre en perspective les configurations respectives des univers politique et cinématographique, mais également d’étudier les différentes modalités de leur croisement.

Toutes deux marquées par la promotion de de Gaulle à la tête de l’Etat, la Libération et la Ve République naissante se distinguent nettement sur le plan du rapport de forces entre les principaux acteurs en concurrence pour revendiquer à leur avantage l’héritage de la Résistance. L’immédiat après- guerre fut marqué par la présence, au sein du gouvernement d’«unanimité nationale», de communistes, dopés par leurs succès électoraux aux municipales et aux législatives de 1945 ; tandis que se forgaient les premières représentations cinématographiques de la seconde guerre mondiale, l’issue du «duo-duel» gaullo-communiste1 apparaissait encore incertaine. En 1958, le retour de Charles de Gaulle au pouvoir s’opère dans un tout autre contexte : la victoire écrasante du «Oui» au référendum et l’échec du PCF aux élections de novembre allaient assurer durablement le triomphe politique de l’homme du 18 juin sur son ancien allié de la Résistance.

Sur cette nouvelle donne politique se greffa une modification sensible des moyens de contrôle et de maîtrise de l’outil cinématographique. A la Libération, le pouvoir en fit un usage direct en produisant et en commanditant ses propres films, par le truchement du Service cinématographique aux Armées. Les modalités de contrôle et d’incitation furent moins institutionnalisées et plus diffuses sous la Ve République. Au sein d’un champ cinématographique ayant ses propres logiques de fonctionnement, les enjeux politiques furent soumis à un double processus de retraduction et d’arbitrage qu’il s’agit d’éclairer en déplaçant l’analyse, du «film-fait» au «film-en-train- de-se-faire»2.

1944-45: première redistribution cinématographique des fruits de la Victoire

Période de bouleversement et de réorganisation dans le milieu du septième Art, la Libération fut marquée par une forte politisation des enjeux cinématographiques, qu’illustre la configuration particulière des instances de production de la geste héroïque. Parallèlement au secteur commercial, soumis aux turbulences de l’épuration et au contingentement des matières premières, deux pôles de production assurèrent la quasi-totalité des documentaires consacrés à la seconde guerre mondiale : le Comité de Libération du cinéma français et sa coopérative, d’obédience communiste et le Service cinématographique aux Armées (SCA), canal privilégié de la propagande d’Etat.

L’Etat producteur d’images

Constitué, dès l’été 1944, par la fusion de la cellule cinématographique de la France libre et de l’ancien service aux armées replié en zone sud après l’armistice, le SCA fut placé sous la tutelle du ministère de la Guerre. Jusqu’à la capitulation allemande, il eut essentiellement pour mission de produire des reportages d’actualités sur la conduite des opérations militaires qui furent diffusés par le canal de la presse filmée. La guerre finie, le SCA reçut la charge de réaliser une série de courts et de longs métrages sur le deuxième conflit mondial : au suivi de l’actualité d’un monde en guerre succédait l’ambition de gérer le passé afin de préparer et de «gagner» la paix.

Constituées pour une large part de militaires travaillant dans le plus strict anonymat, les équipes de réalisation du SCA reçurent, à l’occasion, le concours de personnalités civiles issues des sphères gaulliennes. Ainsi André

Gillois (ancien porte-parole de la France libre) fut-il chargé de commenter La Grande épreuve de Pierre Poutays, long métrage retraçant à grands traits l’histoire de la France des années 1939-45. Ces productions, réalisées pour la plupart entre mai et décembre 1945, furent essentiellement diffusées dans le cadre de cérémonies officielles commémoratives, à Paris et en province. Certains documentaires furent également présentés au public parisien par le «Champs-Elysées», salle d’exploitation largement spécialisée dans la diffusion des productions officielles.

Ces conditions d’élaboration et de diffusion semblent bien inscrire les films du SCA dans le cadre du «cinéma de propagande», défini par François Chevassu comme un ensemble de productions visant «à propager une cause, dans un esprit d’efficacité immédiate, en direction d’un public déterminé, et en situant au second plan les soucis de rentabilité commerciale et la finalité esthétique»1. A l’absence de considérations mercantiles, il convient en effet d’ajouter la minimisation des stratégies artistico-professionnelles des réalisateurs, dont les ambitions d’auteur, si elles existaient, se trouvaient freinées par la prévalance de la règle de l’anonymat.

Ces différentes caractéristiques de production facilitent alors le décryptage de ces films dont les enjeux dénonciation apparaissent plus directement lisibles et déchiffrables que ceux des productions de la sphère commerciale. A la différence de ces dernières, les documentaires institutionnels du SCA ne furent pas recodés en fonction de stratégies professionnelles internes au milieu cinématographique ; du coup, les ambitions des différents intervenants — producteurs, éventuels commanditaires, membres de l’équipe réalisatrice — semblent relativement convergentes, obéissant à une logique plus politique de production officielle.

Légitimation et relégation: la distribution des rôles

L’analyse des principaux documentaires conçus par le SCA dans la seconde moitié de l’année 1945 permet de mettre en relief les principaux enjeux de représentation qui ont présidé à leur mise en route. La vocation première du SCA semble claire : il s’agit de redorer le blason de la «Grande muette» et d’assurer la cohésion d’une institution militaire délitée. Pour gérer le legs ambivalant des années 1939-45, les documentaristes recoururent, tantôt à la captation d’héritage (qui consistait à transférer à l’ensemble de l’Armée la légitimité acquise par le noyau de la France combattante), tantôt à la technique du «souvenir-écran», focalisant les récits militaires sur les seuls épisodes glorieux de la Bataille de France.

Sur cette stratégie de promotion interne se greffent des enjeux externes à l’institution militaire : réalisés à l’initiative ou pour le compte des ministères de l’Information et de la Guerre, les documentaires du SCA avaient en effet pour fonction implicite d’asseoir la légitimité du pouvoir gaulliste en exaltant l’action du chef de la France libre et en minimisant celle de ses anciens alliés, devenus des concurrents politiques sur la scène hexagonale ou internationale. Cette redistribution circonstancielle des rôles et des mérites s’exprime avec une particulière netteté dans les séquences consacrées à la bataille de la Libération.

La bataille de la Libération: version « gaulliste »

Articulés autour de la geste des FFL, sujets à part entière de la narration, les récits filmiques du SCA s’employèrent tout d’abord à inverser le rapport des forces entre la France libre et les alliés occidentaux1. Dans La Marine au combat, l’évocation du débarquement de Normandie consiste ainsi à faire accroire une participation française quantitativement et stratégiquement équivalente, voire supérieure, à celle des Anglo-saxons. Traduction littérale du discours gaullien du 6 juin 1944 («C’est la bataille de France et c’est la bataille de la France»), le récit est presque exclusivement axé sur la mission d’avant- garde du colonel Bourgoin et sur le rôle des navires français dont le commentateur égrène complaisamment les noms tandis qu’il évoque à peine les puissantes armadas anglo-saxonnes.

Avec plus de partialité encore, Débarquement sud évoque les opérations de Provence sans jamais mentionner le rôle des Alliés, laissant ainsi supposer qu’il s’agissait là d’une victoire purement française. L’injustice faite aux Anglo- saxons dans ce dernier film suscita des réserves jusque dans la presse communiste pourtant peu suspecte d’américanophilie. «Aurions nous assez protesté, remarquait ainsi un critique de L’Ecran Français, si un film américain avait traité de cette façon cavalière l’effort de guerre français !»2.

Si cette relégation des alliés occidentaux constituait, pour les militaires français, un moyen de promouvoir leurs propres faits d’armes, elle servait plus encore de relais à la politique extérieure gaullienne hantée par la question du rang. L’ingratitude des documentalistes du SCA à l’égard des anciens alliés est en effet largement imputable à la volonté du général de Gaulle, qui fit de ses prétentions diplomatiques à la grandeur française la pierre angulaire de sa politique extérieure et l’une des priorités de la propagande d’Etat.

On trouve une confirmation de cette préoccupation constante à travers un incident significatif rapporté par un ancien responsable des actualités françaises. Roger Spiri-Mercanton se souvient en effet d’avoir essuyé les remontrances du pouvoir, en mars 1945, alors que France-Libre-Actualités s’apprêtait à diffuser une séquence consacrée au passage du Rhin. Le cabinet du Général, auquel le reportage avait été présenté, prit ombrage de ce que les documents d’origine anglo-américaine utilisés pour cette évocation ne montraient pas les troupes françaises. Le montage dut être remixé afin de permettre l’insert de plans de la 1ère Armée3 .

Cette friction entre l’équipe de France-Libre-Actualités et le pouvoir gaulliste témoigne d’une divergence dans l’ordre des priorités. Pour les responsables de la presse filmée — qui comptaient de nombreux communistes dans leurs rangs — l’affirmation de la France, comme puissance de premier rang sur la scène internationale, importait moins que la bataille politique intérieure engagée alors contre les gaullistes pour la redistribution des bénéfices de la victoire. Pour le «Parti des fusillés», il s’agissait en effet de ré-assurer une légitimité acquise dans la clandestinité en exaltant l’action de ses combattants et en organisant l’oubli sur le pacte germano-soviétique et sur les errements de sa direction, pendant la période juin 1940-juin 1941. Aussi, les premiers numéros de la presse filmée furent-ils largement composés de reportages sur les FTP agrémentés par les portraits de quelques héros déjà mythiques de la Résistance communiste (tels le colonel Fabien).

Si le cabinet du général de Gaulle n’exerça aucune pression particulière à rencontre de ces différentes séquences promotionnelles, la production documentaire du SCA souligne néanmoins la volonté marquée du pouvoir de minimiser l’action des soldats sans uniforme. Les FFI furent en effet victimes d’une entreprise de réécriture du passé analogue à celle subie par les Anglo- saxons. Evoquant les épisodes de la libération de Paris dans son film Caravane blindée, Pierre Caillet «omit» ainsi de mentionner le rôle essentiel joué par la Résistance intérieure. Cantonnant les événements parisiens d’août 1944 dans un registre purement militaire, ce dernier attribua la libération de la ville à la seule division Leclerc chargée, selon les termes du commentateur, de «nettoyer le pavé parisien» et de remettre de l’ordre dans la capitale.

En se livrant à un rapide exercice d’analyse comparative, on peut mettre en regard avec profit les productions réalisées, sur le même sujet, par les services américains et la résistance intérieure, qui constituent autant d’histoires parallèles et concurrentes.

La bataille de la Libération: version « communiste »

Composé pour une large part de résistants communistes, le Comité de Libération du cinéma français (CLCF) s’était illustré en filmant l’insurrection parisienne dès les premiers jours de son déclenchement. Montées dans la clandestinité et commentées par Pierre Bost, ces images furent projetées dans la capitale, dès le 29 août 1944 ; plusieurs fois remanié, le moyen métrage fut par la suite immortalisé sous le titre La Libération de Paris.

La version des événements proposée par l’équipe du CLCF prenait le contre- pied du récit de Caravane blindée, en accréditant la thèse d’une bataille de Paris gagnée avant l’arrivée des troupes de la France libre. Suivant un modèle narratif inverse de celui retenu par Pierre Caillet, l’équipe du CLCF mentionnait en effet tardivement l’arrivée de l’avant-garde Leclerc, pour affirmer que les chars de la deuxième DB avaient pénétré dans une ville déjà solidement tenue en mains par les insurgés.

Mais la Résistance intérieure ne bénéficiait pas pour autant directement de cette «relégation actantielle» des militaires, les auteurs leur ayant préféré Paris et ses habitants, comme sujet principal de la narration. Une rapide analyse lexicographique du texte de Pierre Bost révèle ainsi que le nom de la capitale est utilisé treize fois comme sujet d’un verbe d’action contre une fois seulement pour le mot FFI ; des termes plus marqués politiquement comme «Front national», «FTPF», «communiste» furent quant à eux systématiquement écartés par le commentateur. Contrairement à la tactique adoptée dans les séquences d’actualités de la presse filmée et dans les courts métrages de propagande produits par le COMAC, l’équipe du film avait donc choisi de noyer l’identité des combattants dans l’anonymat d’un sujet collectif.

Cette dépolitisation des références à la Résistance, au profit de la célébration œcuménique d’une communauté ressoudée, trouvaient une part de leur fondement dans l’attachement à l’imagerie épique du peuple en marche. Mais elles furent également le fruit des stratégies professionnelles mises en œuvre par les membres de l’équipe réalisatrice. A la logique politique et à la consécration du PCF, ces derniers avaient préféré une stratégie que l’on peut analyser comme une stratégie tournée vers la conquête du succès auprès d’un public élargi qui leur permettait d’asseoir autrement la légitimité de leur groupement cinématographique.

La bataille de la Libération: version « américaine »

Réalisé à partir des prises de vues enregistrées par les correspondants de guerre américains, le documentaire Paris liberated révèle une autre inversion significative dans l’attribution des rôles et des honneurs. Epuration sauvage pratiquée par les FFI et la populace, prises de vues des fusillades de la Concorde et de Notre-Dame, les images sélectionnées par l’équipe américaine visaient en effet à imposer la représentation d’une capitale insurgée en proie à ses vieux démons révolutionnaires, brusquement délivrée de la violence et de la subversion par les troupes d’Eisenhower défilant en ordre impeccable sur les Champs-Elysées1.

Ces trois versions de la bataille de Paris, qui proposaient chacune leur sauveur putatif de la capitale, illustrent les points de focalisation de ces entreprises d’instrumentalisation du passé : pour chaque groupe émetteur (Américains, militaires français et résistants de l’intérieur), l’enjeu principal consistait à reléguer les anciens compagnons d’armes dans les limbes de la mémoire collective, et ce, en fonction de préoccupations renouvelées. Ainsi, la stratégie américaine avait également pour vocation de substituer l’ennemi d’aujourd’hui à celui d’hier : dans Paris liberated, l’adversaire désigné n’est plus l’Allemand mais le communisme. En filigrane du film de 1945, se lisent les grandes lignes de la nouvelle politique extérieure américaine, inspirée par la doctrine Truman et dictée par la logique du plan Marshall. De la même façon, les documentaristes du SCA s’employèrent également à recadrer le portrait de l’adversaire en fonction des urgences du moment. En occultant toute référence au nazisme pour dénoncer le seul ennemi héréditaire (l’Allemagne), ils circonscrivaient l’histoire des années 1939-45 dans les limites d’un conflit militaire classique et tentaient de fixer sur les écrans, le concept gaullien de «guerre de trente ans»2. Destiné à vider la seconde guerre mondiale de sa substance idéologique et à éroder toutes les spécificités du conflit — poids des soldats sans uniforme, génocide, collaboration d’Etat, divisions franco-françaises, etc. — , cette pierre de touche de la symbolique

1. Ces mêmes scènes furent sélectionnées par les services de propagande allemande : «Après nous le déluge- affirmaient les anciens occupants, »Avant nous le chaos» rétorquaient les services américains. Les images retenues par les Allemands et les Américains furent volontairement éliminées par les auteurs du CLCF ainsi qu’en témoignent les chutes du film qui comportent de nombreuses séquences de femmes tondues, quelques scènes violentes d’épuration sauvage ainsi que les fusillades de la Concorde et de l’Hôtel de ville.

De fait, dans le cinéma documentaire du SCA, la quête de légitimité politique ne s’exprima pas seulement par la tentative d’éviction de la résistance intérieure mais également par une entreprise de glorification de la personne du général de Gaulle.

Les modalités cinématographiques de la célébration du général de Gaulle

Si les troupes de la France libre furent en effet érigées au rang de sujet de la narration, de Gaulle bénéficia, dans les différents récits du SCA, de la place spécifique de destiriateur. Rarement montré à l’écran avant l’épilogue des défilés de la Victoire, le chef de la France libre se trouvait néanmoins évoqué par les commentateurs en termes quasi-mystiques, comme l’âme, l’esprit et le catalyseur de la Résistance, moins premier résistant que symbole des vertus nationales. Dans Débarquement sud , Pierre Poutays rend grâce en ces termes à l’action du «Sauveur» : «Si les Français peuvent en ce jour de fête acclamer des généraux français, c’est parce que, dans le silence accablé de juin 1940, la voix de l’honneur a retenti, c’est parce que, de partout, aux heures les plus sombres de notre histoire, des hommes ont pu se diriger vers les deux étoiles d’un général français».

Initiateur du combat contre l’ennemi héréditaire, de Gaulle est présenté dans ces séquences conclusives comme le destinataire politique de la Victoire. A titre d’exemple, le film La Grande épreuve s’achève sur les images du défilé parisien du 18 juin 1945, appuyées par un commentaire explicite d’André Gillois : «Le peuple de Paris est venu saluer celui qui n’a pas désespéré du peuple. L’armée, la marine, l’aviation saluent celui grâce à qui la France ne fut jamais absente de la guerre. Celui qui avait dit : la France n’est pas seule, celui- là n’est plus seul aujourd’hui». A travers cet épilogue, se trouvait ainsi désigné à l’écran le bénéficiaire politique d’un passé remodelé en fonction de préoccupations renouvelées. Significativement, le film de Pierre Poutays fut à son tour utilisé comme outil commémoratif dans le cadre d’une cérémonie officielle. Ce fut en effet sur la projection de La Grande épreuve, présenté en avant-première au public parisien sous la présidence du général de Gaulle, que se clôtura la célébration du 11 novembre 1945 dont Gérard Namer a montré qu’elle assura, pour un temps, le triomphe de la mémoire gaullienne1.

Si le PCF avait en effet rapidement pris l’initiative et dominé le terrain de la commémoration pendant les premiers mois qui suivirent la Libération, ce dernier perdit progressivement l’initiative et se vit concurrencer par les gaullistes. La journée des drapeaux du 2 avril 1945 inaugura leur reconquête du terrain commémoratif qui trouva son apothéose dans la célébration grandiose du vingt-septième anniversaire de l’armistice de 1918. La coïncidence entre la date de réalisation des documentaires du SCA et la reprise en mains du champ commémoratif par le pouvoir gaulliste ne doit rien au hasard. Les cérémonies officielles et le cinéma constituèrent les deux servants complémentaires d’une liturgie gaullienne qui visait à pérenniser le triomphe politique de l’homme du 18 juin.

Le cinéma officiel concurrencé

Cette analyse des films du SCA illustre la parfaite concordance entre les récits proposés par les documentaristes et le discours historique des autorités françaises de l’immédiat après-guerre. Pour autant, si le service aux Armées constitua une parfaite courroie de transmission dans les mains du pouvoir, il ne parvint pas à toucher un très large public. Si l’on excepte en effet l’utilisation des documentaires dans le cadre des cérémonies officielles, il faut admettre que la production du SCA ne recueillit pas l’adhésion des spectateurs parisiens, à l’occasion de sa courte carrière au cinéma «Champs-Elysées». La Grande épreuve disparut ainsi des écrans après trois semaines d’exploitation ; La Marine au combat resta seulement deux semaines à l’affiche de la même salle d’exploitation1.

Figure-type du cinéma de propagande, la production du SCA payait la contrepartie d’une stratégie d’élaboration qui inhibait d’éventuelles ambitions esthétiques de ses réalisateurs et reléguait au second rang la prise en compte des débouchés commerciaux. Ces films de montage français faisaient ainsi pâle figure en regard de leurs illustres modèles américains2 qui avaient massivement conquis le marché national dès la libération du territoire.

A cette déception d’ordre esthétique pourrait s’être ajoutée la relative inadaptation d’un modèle narratif focalisé sur une geste militaire largement accomplie hors des frontières hexagonales. La lecture de la presse française de la Libération permet en effet de prendre la mesure d’une attente explicite portant moins sur les images d’un monde engagé dans une guerre militaire «classique», que sur les représentations de la lutte clandestine conduite sur le territoire national. Cette demande exprimée par Jean-Paul Sartre dans Les Lettres Françaises clandestines, renouvelée à la Libération par Claude Roy3 et relayée par l’ensemble de la presse cinématographique, fut exploitée, dans l’immédiat après-guerre, par de vieux routiers de la profession qui lancèrent sur le marché une première vague de «fictions résistantes». Tandis que les documentaires officiels s’employaient à abstraire la France occupée en la réduisant au rang d’image mentale, les films du circuit commercial enracinaient dans l’hexagone le mythe d’une population toute entière héroïque et substituaient, à la réalité d’un pays soumis au double joug de l’occupant et du régime vichyste, la fable valorisante d’un pays en guerre contre l’ennemi héréditaire.

Un second démarquage avec le cinéma officiel résidait dans l’équilibre maintenu entre les deux grandes forces politiques héritières de la Résistance. Célébrant l’entente œcuménique entre la France libre et les FFI, ces films dépouillèrent systématiquement leurs héros résistants de toute identité partisane. Si le mot «communiste» fut largement banni des dialogues des premières fictions d’après-guerre, de Gaulle ne s’y trouvait guère mieux servi : en dépit des nombreuses allusions aux symboles et aux lieux de mémoire de la France libre (la Croix de Lorraine, Londres et Alger), l’homme du 18 juin était rarement cité et jamais montré à l’écran. A titre d’exemple, le film Mission spéciale (Maurice de Canonge) se clôture sur des séquences d’archives de la journée parisienne du 26 août 1945, dans lesquelles le général de Gaulle est étrangement absent.

Tout se passe comme si les anciens alliés de la Résistance, devenus des concurrents politiques pour le pouvoir, avaient été écartés du champ de la représentation par des cinéastes soucieux d’abord de toucher un public large et peu désireux d’apparaître comme engagés dans la partie de bras de fer entamée entre de Gaulle et les communistes. Suivant un schéma inverse de celui adopté par le SCA, ces réalisateurs traduisaient l’acuité nouvelle de la compétition pour le pouvoir par une redéfinition floue, dépolitisée des acteurs de la Résistance. Seul, le Père tranquille bouscula cette prudente neutralité en opposant la résistance efficace des pères de familles enrôlés sous la bannière du gaullisme et la révolte velléitaire des jeunes «agités» du maquis ; mais le film fut réalisé plus tardivement, au début de l’année 1946 alors que la configuration politique du combat s’était à nouveau transformée. Dans l’épilogue, réécrit en janvier 1946, le discours de Monsieur Martin, qui refuse le fauteuil de Maire offert par ses concitoyens pour retourner à la culture de ses orchidées, permettait à Noël-Noël et à René Clément de saluer le retrait du sage de Colombey.

L’analyse du cinéma institutionnel du SCA et sa mise en perspective avec les fictions «marchandes» de l’immédiat après-guerre permet ainsi d’apporter un premier élément de réponse à la question des usages gaullistes du cinéma historique. Exemple-type de mise en images orthodoxe, la production du Service cinématographique aux Armées se caractérisait par la clarté d’un message fidèlement décalqué sur les grandes figures du discours gaullien, épousant les impératifs et les temps forts des commémorations officielles. Dans un contexte d’indécision politique marquée par la collaboration et la concurrence entre de Gaulle et le PCF, le passé glorieux fut remodelé et réutilisé par les documentaristes du SCA comme un outil de légitimation pour le pouvoir et comme un instrument de relégation d’anciens alliés, devenus des challengers sur la scène hexagonale et des opposants à sa politique de grandeur. Officine de propagande du pouvoir, le cinéma officiel ne réussit pas, en revanche, à porter la bonne parole gouvernementale auprès d’un vaste public. Dès lors qu’il s’agissait de s’intégrer dans un circuit de distribution régi par les lois du marché cinématographique, le SCA se signalait comme un outil de promotion à usage interne, comme un pôle de production tourné sur lui- même.

Le cinéma héroïque de la période 1958-69 se caractérise au contraire par son immersion totale dans les réseaux commerciaux et par la convergence d’intérêts qu’il manifeste entre nouveaux dirigeants politiques et promoteurs (producteurs, scénaristes, réalisateurs) de cette seconde vague de films consacrés à la Résistance.

1958-1969: la réactivation du modèle héroïque

Dans les années 1947-57, l’armée de l’ombre avait cessé de constituer un enjeu rentable aux yeux des réalisateurs et des producteurs. Leurs ardeurs avaient été grandement tempérées par les prémices de la guerre froide et la création du RPF, qui consacraient l’exclusion du champ du pouvoir, des deux principales forces politiques héritières de la Résistance. A la marginalisation du PCF s’étaient ajoutés les procès contre les FTP qui avaient contribué à bouleverser le manichéisme et le système de valeurs en vigueur dans l’immédiat après- guerre ; cette profonde remise en cause avait suscité, sur les écrans, quelques entreprises cinématographiques de dénigrement de la Résistance. Dans La Neige était sale (Luis Saslavsky) et dans Nous sommes tous des assassins (André Cayatte),. les personnages de résistants se recrutaient désormais dans les rangs de la pègre ; dans le film de Cayatte comme dans Manon de Clouzot, la vision de la Libération exhalait en outre quelques relents de légende noire. Mettant fin à cette phase de «résistantialisme», le cinéma des années 1958-69 marqua le retour en force d’une production héroïque transformée.

La naissance de la Ve République dans les soubressauts du drame algérien, suscita diverses entreprises politiques de réappropriation des événements de 1939-45 : tandis que les adversaires du Général maniaient le spectre du 10 juillet 1940, ses partisans recouraient à la rhétorique de l’appel au grand homme. Une fois encore, la commémoration servit de relais à la nouvelle politique gaullienne d’instrumentalisation du passé. Le 18 juin 1959, le président de la République inaugurait une dalle commémorative au Mont Valerien après avoir ranimé le flambeau sur la tombe du soldat inconnu : l’acte fondateur de 1940 était appelé à légitimer la prise de pouvoir du 13 mai 1958. Mais il fallut attendre la levée de l’hypothèque algérienne pour que les cérémonies commémoratives prennent toute leur ampleur, autour de la célébration du vingtième anniversaire de la Libération et de la panthéonisation de Jean Moulin. Comme l’écrit Henry Rousso : «L’heure était sans doute venue, pour un gaullisme sorti de l’épreuve, d’ancrer sa légitimité dans un passé sublimé»1.

Si le cinéma résistant épousa la courbe de ces temps forts commémoratifs, avec une première poussée dans les années 1959-60 suivie d’une seconde, plus spectaculaire, qui culmina dans la période 1964-66, il reste précisément à déterminer la nature de cet alignement cinématographique sur les moments de célébration politique.

Pressions et contrôles politiques

Si l’Etat gaulliste ne prit aucune part directe à la construction de ce nouveau cinéma héroïque, il imposa néanmoins par des voies détournées ses vues et sa marque sur cette seconde génération d’images de la seconde guerre mondiale. Il convient de signaler en premier lieu la prise d’initiative des compagnons historiques eux-mêmes, qui contribuèrent à réintroduire la geste héroïque sur les écrans français. En 1959, François Villiers qui avait été l’un des propagandistes de la France combattante entre 1943 et 19441, tourna La Vene moisson inspiré par la révolte des adolescents du lycée Buffon. Sept ans plus tard, le colonel Rémy lançait et scénarisait La Ligne de démarcation. En 1968, le Révérend père Bruckberger, ancien aumônier de la France libre, réalisait Tu moissonneras la tempête, montage d’archives sur les années 1939-45. Le cycle du cinéma d’obédience gaullienne fut clôturé par Jean-Pierre Melville avec L’Armée des ombres, tourné au début de l’année 1969 et présenté sur les écrans dans les mois qui suivirent le départ du général de Gaulle. Deux autres personnalités de la France libre figuraient au générique du film : Joseph Kessel, auteur de l’ouvrage, et André Dewavrin qui avait accepté d’interpréter devant la caméra son propre rôle d’ancien responsable du BCRA.

A cette mobilisation des compagnons s’ajoutait un travail de contrôle et de captation exercé par les autorités françaises sur certains projets de fictions résistantes. La genèse du film Paris brûle-t-il ? en constitue une illustration exemplaire. Mis en route à l’initiative de Paul Graetz, qui voyait dans l’adaptation du best-seller de Dominique Lapierre et Larry Collins l’occasion de monter une fructueuse co-production franco-américaine, le projet de Paris brûle-t-il ? fut en effet étroitement contrôlé par les pouvoirs publics : tandis que les gaullistes historiques représentés dans le film (Jacques Chaban-Delmas, Alexandre Parodi, Yvon Morandat, etc.) obtenaient un droit de regard sur le scénario, les autorités officielles se trouvèrent en effet dotées d’un formidable pouvoir d’empêchement. Comprenant de très nombreuses scènes en extérieur et dans les monuments historiques, le projet ne pouvait en effet aboutir sans l’autorisation préalable de la préfecture de Police et des ministères de l’Intérieur et de la Culture. Si ces autorisations de tournage ne furent officiellement assorties d’aucune condition particulière, certains membres de l’équipe réalisatrice laissèrent entendre dans la presse qu’ils avaient subi les pressions et les «conseils avisés» de certains représentants de la mouvance gaulliste.

Ayant su habilement contrôler le projet, dont l’aboutissement final avait donc toutes les raisons de les satisfaire, les pouvoirs publics récupérèrent le film en donnant à sa première présentation les dimensions d’une véritable cérémonie officielle. Le 18 octobre 1966, l’ORTF avait déjà assuré la publicité de Paris brûle-t-il ? en diffusant, à une heure de grande écoute, le reportage réalisé par François Reichenbach sur le tournage du film. Le gala de première eut lieu le 24 octobre, au Palais de Chaillot, devant un impressionnant parterre de personnalités. L’ordonnancement de la cérémonie fit l’objet de nombreux encarts publicitaires dans la presse. La garde républicaine et la fanfare de la préfecture de Police avaient été mobilisées pour accueillir les invités ; au même moment, les vingt-cinq principaux monuments de Paris devaient être illuminés tandis qu’une colonne d’engins blindés légers, accompagnée d’un puissant projecteur d’une portée de quinze kilomètres, reconstituerait le parcours accompli en août 1944 par la division Leclerc. Il avait enfin été prévu qu’un gigantesque feu d’artifice fût tiré à l’issue de la projection, mais le violent orage qui s’abattit sur Paris le soir du 24 octobre obligea les artificiers à replier hâtivement leur matériel.

Si la récupération du film et l’organisation de ces pompes gaulliennes — qui n’allaient pas sans évoquer le «détournement» des cendres de Jean Moulin au profit des gaullistes — indiquent à elles seules le bénéficiaire politique de l’entreprise, il convient toutefois de préciser que le PCF suivit lui aussi de très près la mise en route et l’élaboration du projet. La réalisation du film était en effet conditionnée à l’autorisation de Roi-Tanguy qui devait être représenté à l’écran. En déléguant l’ancien chef parisien des FTP comme conseiller historique sur le film, le PCF marquait sa volonté de mettre à profit cette occasion de consécration cinématographique, tout en contrôlant étroitement le travail des scénaristes américains Gore Vidal et Francis Ford Coppola.

Très fortement implanté dans la profession cinématographique par l’intermédiaire de la CGT, le Parti communiste disposait lui aussi de moyens de pression appréciables. La puissante Fédération du spectacle, qui regroupait la très grande majorité des professionnels du cinéma, avait en effet le pouvoir d’entraver les productions qui n’obtenaient pas son agrément. Cette dernière venait notamment de faire échouer un projet concurrent du producteur américain Darryl Zanuk, détenteur des droits du livre de souvenirs de Dietrich von Choltitz. En décembre 1964, le syndicat avait fait publier dans la presse un communiqué explicite dans lequel il manifestait sa volonté de «s’opposer à une falsification historique qui consisterait, pour un producteur américain, à tourner une histoire de la résistance française, d’après le livre écrit par un général allemand»1.

Ce fut donc bien sous le double contrôle du PCF et des gaullistes que les auteurs de l’adaptation se mirent au travail. Leur marge de manœuvre était très étroite ainsi que le confiait Gore Vidal à la presse, non sans une pointe d’amertume et d’irritation : «Beaucoup d’éléments du livre, qui sont pourtant authentiques, ne peuvent être utilisés ; si l’on offense de Gaulle, nous n’aurons pas les rues, si l’on offense les communistes, nous n’aurons pas les électriciens et les machiniste»2. Ce contrôle exercé par les gaullo-communistes sur une fiction commerciale illustre à lui seul la nouvelle configuration des usages politiques du cinéma. A la Libération, les deux principaux héritiers de la Résistance avaient eu recours à des pôles de production spécifiques pour imposer leurs propres représentations du passé, face à un secteur commercial affaibli et en pleine réorganisation. Sous la Ve République, ils réinvestissaient avec des forces inégales (en termes de positions de pouvoir politique notamment) sous la forme de contrôles et de sollicitations, dans un cinéma fonctionnant suivant les normes usuelles du système de production commerciale. C’est pourquoi la mise au jour des stratégies de représentation du pouvoir, pour la période 1958-69, doit passer, non seulement par l’analyse des nouveaux modes de représentation proposés par certains fidèles du Général, mais également par la reconstitution des négociations et des pressions exercées par les gaullistes, en amont et au stade de l’élaboration des films.

Le nouveau partage des honneurs

L’étude des documentaires du SCA a montré que les enjeux de représentation portèrent, globalement, sur la répartition des rôles entre les Alliés, la Résistance intérieure et la France libre. La production héroïque des années 1958-69 et les pressions exercées par le pouvoir sur quelques films-clefs de la période révèlent un double processus de transformation de ces stratégies de légitimation. La première modification porte sur le traitement réservé à la Résistance intérieure dans la production des gaullistes historiques.

Pour le nouveau cinéma héroïque, l’heure n’était plus à l’exclusion des FFI mais à la glorification de l’Armée de l’ombre, ainsi qu’en témoigne le documentaire du Révérend père Bruckberger. Tu moissonneras la tempête consacre en effet l’abandon de l’abstraction de la «France éternelle» au profit de la valorisation de la lutte clandestine. La Résistance n’apparaît plus comme une disposition diffuse et générale du peuple français, mais comme l’acte glorieux et salvateur d’une élite ayant combattu sur le territoire national. Les séquences consacrées à la libération de la France soulignent exemplairement ce travail de redistribution des rôles et des mérites. Tu moissonneras la tempête redonne ainsi aux FFI (et aux Alliés), la place qui leur avait été autrefois contestée. Bruckberger insiste notamment sur le rôle essentiel joué par les maquis dans la bataille de France ; prenant l’exemple de la libération des Alpes, le réalisateur signale ainsi que les Américains purent remonter sans coup férir la route Napoléon, grâce à l’intervention préalable des soldats sans uniforme. Le commentaire rend plus particulièrement hommage à l’action menée par la résistance communiste dont il loue l’efficacité, le sens de la clandestinité et la «fraternité passionnée». Abordant le chapitre de l’insurrection parisienne, Bruckberger souligne le rôle moteur joué par Roi- Tanguy et ses FTP dans la libération de la capitale. Pour contrebalancer enfin les citations des Mémoires de guerre qui abondent dans le texte de Bmckberger, le commentaire se trouve également ponctué par les poèmes d’Aragon et d’Eluard.

Dans le cinéma des compagnons forgé sous la Ve République se trouvait ainsi entériné le passage du «duel» au «duo» gaullo-communiste. On trouve une confirmation de cette collusion de circonstance dans la projection privée du documentaire de Bruckberger, organisée à l’Elysée en présence d’Eisa Triolet et du général de Gaulle1. La presse communiste ne ménagea d’ailleurs pas ses compliments au réalisateur tandis que le critique du Figaro lui reprochait d’avoir soumis son film à l’approbation préalable du comité central du PCF2. Les pages du livre de mémoires écrit par Bmckberger en 1948 permettent d’apprécier tout le sel de cette situation et de mesurer le chemin parcouru depuis la guerre froide. Dans Nous n’irons plus au bois, le réalisateur faisait en effet part de son «dégoût des communistes, de l’exploitation faite par eux de la Résistance», entreprise de légitimation qu’il qualifiait par ailleurs «d’imposture» et «d’escroquerie»1. L’hommage tardif rendu sous la Ve République aux communistes par le Révérend père ne saurait cependant être exagéré. Dans l’économie du documentaire, la France libre gardait naturellement la place la plus enviable. En outre, sur tous les points d’achoppement historique qui avait contribué à empoisonner durablement les relations entre les anciens acteurs de la Résistance, la présentation des événements correspondait tout à la fois à la lettre et à l’esprit des Mémoires de guerre.

Une étude des moutures successives du découpage de Paris brûle-t-il ? permet de souligner pareillement que si le PCF obtint des scénaristes le remaniement à leur avantage de certaines séquences du scénario, encore très imprégnées par l’anticommunisme du livre-souche de Collins et Lapierre2, l’entreprise tourna néanmoins largement au bénéfice du pouvoir, faisant du PCF le servant impuissant du culte gaullien. On mesure ici nettement les effets du présent sur la reconstruction cinématographique du passé : à la nouvelle configuration politique marquée par le triomphe du gaullisme et l’affaiblissement du Parti communiste, répondait désormais dans le cinéma des compagnons, une stratégie de «concession» d’un rôle dominé, de partage inégal de la représentation.

Les nouveaux enjeux de représentation ne se polarisèrent pas seulement sur la place accordée globalement à chaque famille politique, mais également sur la redistribution des rôles entre les acteurs individuels. Cette personnalisation des références à la Résistance constitue le second fait marquant du cinéma héroïque des années de Gaulle.

La Résistance incarnée

L’examen de Paris brûle-t-il ? montre en effet que la place des acteurs y fut négociée, au cas par cas, en fonction du parcours politique ultérieur des anciens résistants et de leur place du moment dans le champ du pouvoir. On remarquera tout d’abord que le film de René Clément marque une dévotion particulière à l’égard de certains héros de la France libre, tels que l’ancien chef de la 2e DB. Dans ses lignes consacrées à Paris brûle-t-il?, Joseph Daniel évoque ainsi avec justesse un Leclerc «mystique auréolé de sa légende (un thème musical particulier ponctue chaque apparition de l’acteur qui pose à lui ressembler), annonciateur symbolique d’un autre chef qui n’apparaîtra qu’aux dernières image»3. Figure mythique d’un héros mort et aisément appropriable, Leclerc partageait la vedette avec des personnalités bien vivantes, et pour la plupart dignitaires du nouveau régime. Le président de l’Assemblée nationale, Jacques Chaban-Delmas, fut gratifié tout à la fois par les scénaristes — qui rendirent hommage à son action pondératrice — et par René Clément qui choisit de faire interpréter son rôle par un acteur de renom, Alain Delon. Le ministre de l’Equipement du gouvernement Pompidou bénéficia d’égards analogues : bien que son action dans la bataille de Paris ait été vraisemblablement relativement modeste, Edgard Pisani obtint en effet les faveurs de la mise en scène, grâce à la prestation de Michel Piccoli, chargé de l’incarner à l’écran.

Une telle marque d’allégeance à l’égard des hommes du régime, qui faisait rétrospectivement libérer Paris par l’UNR, suscita la colère des journaux d’opposition, à quelques mois des législatives de mars 1967. «Il est difficile de se payer davantage de la tête du bon populo, estimait ainsi Jean-Louis Bory dans Le Nouvel observateur, on nous explique bien tout, de peur que nous ne sachions pour qui voter aux élections prochaines. Car les voilà tous, autrefois ministrables, à présent ministres. Ils se bousculent. C’est à qui criera : « J’y étais »»1. Si le film semblait destiné à servir de tremplin électoral à certaines personnalités gaullistes, ces faveurs paraissaient d’autant plus partiales qu’elles s’opéraient au détriment d’acteurs historiques pourtant incontournables.

La disparition la plus notable fut celle de Georges Bidault, devenu persona non grata du régime à la faveur du conflit algérien. Selon René Saive, qui s’exprimait à ce sujet dans Le Journal du Parlement, le gommage de l’ancien président du CNR aurait fait l’objet de tractations intensives entre les gaullistes et le producteur du film : «M. Graetz ne tarda pas à l’apprendre : entre l’histoire véridique et l’histoire officielle, il y avait plus que des nuances. Ainsi dut-il, sur ordre, effacer Georges Bidault de ses tablettes […]. A contrecœur, voulant sauver l’essentiel, M. Graetz sacrifia Bidault aux copains du régime. Quant à sacrifier le capitaine Dronne, dont on lui demandait la tête par dessus le marché, il s’y refusa mordicus, incapable qu’il était de pousser la farce aussi loin. Reste que M.Raymond Dronne, convaincu aujourd’hui de crime d’opposition, subira des représailles disciplinaires : ni son nom, ni son effigie ne figureront, toujours par ordre, dans la galerie des héros affichés sur nos murs pour les besoins de la publicité»2.

«Mais qui a tué Bidault?» s’interrogeait quant à lui facétieusement Michel Duran dans les colonnes du Canard enchaîné avant de conclure que si René Clément «prend des libertés avec l’Histoire, il reste au garde à vous devant le généra], l’œil fixé sur le ruban ou la pastille rouge qu’il aura bien mérité, comme bon maître d’œuvre du cinéma et serviteur obéissant du pouvoir»^.

Forgées par des opposants au régime gaulliste, insuffisamment étayées et largement imprécises, ces accusations ne sauraient être prises pour argent comptant. Des indices sérieux militent cependant en leur faveur. Il convient ainsi de rappeler que l’occultation de Bidault constitue une constante de l’histoire officielle des années 1958-69. Ce dernier fut ainsi pareillement «oublié» par Roger Stéphane et Roland Darbois, auteurs de la très gaullienne série télévisée «Mémoire de notre temps», dont le premier numéro avait été largement consacré aux épisodes glorieux de la libération de Paris. «Ils finiront par faire un film où Debré présidera le CNR» pouvait ironiser Georges Bidault du fond de son exil, au récit de ces singulières entreprises de «rétro- histoire»4.

La Résistance rejouée

Figure exemplaire du cinéma héroïque des années soixante, Pans brûle-t-il ? organisait ainsi sa matière narrative autour du culte et de l’oubli de personnalités de la Résistance, convoquées ou biffées de l’écran suivant leur attitude du moment à l’égard du pouvoir. Réduisant l’aventure collective de l’insurrection à une intrigue, le film de René Clément était aux événements d’août 1944 ce que le Musée Grévin est à l’Histoire : un réservoir de figures imposées, désignées comme des moteurs de l’histoire collective.

Cette thématique du grand homme profita plus particulièrement à la personne du Général. Se mirent ainsi à fleurir sur les écrans des années 1958-69, les références nominatives à l’homme du 18 juin. Dans les films de l’immédiat après-guerre, on rejoignait la France libre ; dans ceux des années soixante on se met sous les ordres de de Gaulle. Le chef des FFL apparaît par ailleurs physiquement cette fois dans ces nouvelles productions, au moyen de nombreux portraits, d’images d’archives et grâce à la prestation de quelques doublures. Réduit au rang d’abstraction, de symbole et de Dieu lointain par les documentaristes du SCA, gommé par les fictions commerciales de la Libération, de Gaulle imposait désormais sa présence familière, aussi bien dans les films des compagnons (Tu moissonneras la tempête, L’Armée des ombres) que dans les comédies résistantes (Babette s’en va-t-en guerre de Christian-Jaque, 1959 ; Martin soldat de Michel Deville, 1966). De Gaulle revenait sur la scène cinématographique, non plus en fantôme divinisé et abstrait, mais en père de la Nation, plus accessible et plus familier. Dans les comédies sur la Résistance, les apparitions de l’illustre doublure furent pourtant étroitement surveillées par la commission de contrôle. Les censeurs exigèrent notamment de Christian-Jaque qu’il procède à la coupe d’un plan mettant «en scène le chef des Français libres» au motif que la «représentation du chef de l’Etat» ne leur paraissait pas «convenable»1.

Cette superposition du masque du président de la République, sur la figure ancienne de l’homme du 18 juin, témoigne d’un processus d’institutionnalisation des références à la Résistance. La lecture des avis formulés par les fonctionnaires de la commission de contrôle souligne par ailleurs un processus parallèle d’identification entre de Gaulle et la Résistance. En effet, alors qu’ils avaient libéralement autorisé les films «résistantialistes» des années 1948-57, les censeurs changèrent bmsquement de politique en 1959, pour interdire toute atteinte portée à «l’image» ou à «l’honneur» de la Résistance. Dénigrer l’Armée de l’ombre équivalait désormais à flétrir l’honneur du chef de l’Etat. Dans les recommandations des censeurs se trouvait ainsi imposée l’équation «Résistance = de Gaulle» contre laquelle le communiste Fernand Grenier s’était élevé dès 1959, en livrant la première édition de ses mémoires de guerre2.

Cette annexion de l’histoire héroïque au profit d’un homme ne fut pas le seul fruit du travail d’imposition opéré par la censure officielle. Dans un contexte politique très différent de celui de la Libération, de Gaulle s’offrait au cinéma commercial comme une figure disponible1 et marchande. L’immédiat après- guerre avait été marqué par la domination de partis politiques forts, issus de la lutte contre l’occupant ou remodelés par elle, mais la concurrence nouvelle qui les opposait rendait inopportun ou risqué, aux yeux des producteurs, un étiquetage partisan des acteurs de la Résistance mis en scène. Epoque de croyance généralement partagée dans la possibilité des hommes à agir, ensemble, sur leur propre destin, la Libération avait favorisé dans l’écriture cinématographique des modes de représentation focalisés sur la mise en scène d’acteurs collectifs et de foules anonymes (les cheminots de La Bataille du Rail ; le peuple en armes de La Libération de Paris). Née dans les crispations de la crise algérienne, la Ve République s’imposait au contraire comme le règne d’un homme, figure charismatique qui rendait possible et souhaitable le jeu de l’incarnation cinématographique. Grand succès populaire des années soixante, Paris bride-t-il ? illustrait ce «goût» partagé pour le culte du grand homme. Cet appel aux héros et cette replongée compensatrice dans un passé idéalisé furent également retraduits par les cinéastes en enjeux internes au milieu cinématographique.

Re-mises en scènes

Déclencheur d’un nouveau cycle de films héroïques, le retour de de Gaulle coïncida également avec l’émergence de la Nouvelle vague, qui allait bouleverser durablement les rapports de force et les hiérarchies au sein du monde du septième Art. En 1957, dans une profession vieillie, aux effectifs réduits2, la relève s’annonçait inéluctable. Amorcé dès 1958-59, ce processus de rajeunissement dépassa largement le strict cadre de la Nouvelle vague, qui lui conféra cependant les dimensions tragi-comiques d’un drame de famille. Transformant le parcours classique du cursus honorum cinématographique, certains papes de la Nouvelle vague accédaient au métier sans aucune expérience professionnelle ; s’étant assuré une position dominante dans le champ critique, ils l’avaient employée à faire table rase de l’héritage des aînés. La recherche de lointaines filiations «hitchcocko-hawksiennes» s’était ainsi combinée avec le meurtre des pères, ces représentants académiques de la fameuse «qualité française». Confrontés à ce violent coup de force, certaines «victimes» ne se firent pas faute de crier au parricide : Autant-Lara parla ainsi des «tueurs»3 de la Nouvelle vague et René Clément se plaignit de ce que les jeunes iconoclastes des Cahiers pratiquassent une «politique de la terre brûlée […] manœuvre qui consiste à assassiner tout le monde pour rester seul»4.

Ce conflit générationnel interne au milieu cinématographique trouva, dans le recours à l’histoire, un terrain où s’exprimer. En présentant La Vene moisson à la presse, François Villiers déclara notamment qu’il entendait offrir l’image de «vrais jeunes» à un public las des exploits d’une «jeunesse pourrie»1. Le cinéaste s’offrait ainsi en modèle pour les nouvelles générations, tout en dénonçant la représentation des «jeunes oisifs» et des délinquants mis en scène dans les premiers films de François Truffaut, Louis Malle ou Claude Chabrol. Pour René Clément, le retour sur le passé prit la forme d’un réinvestissement nostalgique sur la période glorieuse de sa première consécration professionnelle. Tournant Paris brûle-t-il? — qui en figurait pourtant l’antithèse — , le réalisateur déclara qu’il s’agissait d’un hommage au cinéma de la Libération. «En ce moment, je retrouve le climat de La bataille du rail » confiait-il notamment dans les colonnes de Témoignage Chrétien1. En choisissant comme chef opérateur Marcel Grignon, ancien caméraman de La Libération de Paris, en s’entourant d’anciens membres du CLCF (Louis Wipf, Roger Spiri-Mercanton, Louis Daquin), René Clément trahissait son désir de recréer artificiellement les conditions du succès et affirmait son attachement à une époque professionnelle révolue et embellie, espérant selon les mots de Freud «pouvoir reconnaître comme vrai», une fois encore, «le rêve jamais effacé d’un âge d’or»3.

Cette multiplicité des usages cinématographiques du passé permet d’apparenter le processus de représentation filmique de la seconde guerre mondiale à un vaste jeu de miroirs, dans lequel chaque protagoniste avancerait masqué. Constamment reconstruit suivant les logiques du temps présent, le cinéma historique apparaît comme le produit d’une équation à plusieurs variables dépendant, tout à la fois, de la configuration interne des relations au sein des univers politique et cinématographique et des modalités spécifiques de leur croisement. L’étude du cinéma de la Libération a révélé le rapport d’homologie entre un monde politique dominé par l’affrontement gaullo-communiste et une sphère cinématographique élargie aux instances de production du SCA et du CLCF. Si la forte activité de ces deux pôles idéologiques marquait l’étanchéité de la frontière entre cinéma et politique, leurs différences de statuts engendrèrent des stratégies de représentation fort dissemblables. Instrument de propagande financé par les pouvoirs publics, le SCA fut chargé de mettre en images le discours politique du pouvoir. L’analyse de ses principaux documentaires a montré qu’il s’acquitta de cette mission dans la plus parfaite orthodoxie, en assurant la légitimité du général de Gaulle et en éliminant de la représentation ses concurrents politiques du moment. L’indépendance financière du Service aux Armées et sa déconnexion vis-à-vis des règles du marché cinématographique avaient pourtant leur contrepartie : cette courroie de transmission du pouvoir fut impuissante à promouvoir l’histoire officielle auprès d’un large public. Si le Comité de libération entretint des rapports plus distendus avec le PCF, ce fut à la fois parce que le statut de sa coopérative le rendait financièrement dépendant du circuit commercial et parce que ses membres, communistes pour la plupart, étaient en même temps partie prenante d’un milieu professionnel au sein duquel ils développaient leurs propres stratégies. Recherchant la consécration cinématographique auprès d’un public élargi, ils adoptèrent un mode de représentation œcuménique et effacèrent la résistance communiste comme sujet, au profit de la célébration unanimiste d’acteurs collectifs et anonymes (La Libération de Pans et La Bataille du rail).

Le cinéma héroïque des années 1958-69 fut quant à lui marqué par le réinvestissement des stratégies de légitimation du pouvoir, mais cette fois au sein du système de production commerciale. Les rapports entre les univers politique et cinématographique se trouvèrent de ce fait modifiés et déplacés sur de nouveaux terrains. Si le pouvoir gaulliste renonça à produire ses propres images du passé, il imposa sa marque sur les films de la période, au moyen de diverses médiations : avis de la commission de contrôle, pressions occultes sur certains producteurs, captation et récupération de projets d’envergure (Pans brûle-t-il ? ; Normandie- Niémen ).

Au rapport d’homologie entre les sphères politique et cinématographique, se substituait un système d’équivalences entre l’image présente du pouvoir politique et les nouveaux modes de réécriture du passé. Dominée par la figure tutêlaire du général de Gaulle, l’ère politique des années 1958-69 inspira des représentations de l’histoire focalisées sur la geste de personnages d’exception. En comparant La Bataille du rail et Paris brûle-t-il ?, on a pu souligner ce passage du primat des acteurs collectifs à la sacralisation du grand homme. Cette mutation de l’œuvre de René Clément présente de nombreuses analogies avec le parcours cinématographique d’Eisenstein, depuis La Grève de 1924 à Ivan le terrible, resté inachevé, en 1945. Parcourant la filmographie du cinéaste soviétique, Jean Collet constate à ce titre que l’on y «passe insensiblement de la foule omniprésente au héros solitaire et tourmenté, de l’image grouillante et pleine de tendresse du peuple à la stature inhumaine d’un chef. D’un conflit collectif au drame personnel. De Lénine à Staline, l’œuvre d’Eisenstein est le reflet poignant d’une révolution manquée»1. Si l’analyse est juste, qui décrit le passage de la représentation des foules au culte de la figure charismatique, le terme de reflet pose problème. Pas plus que l’œuvre d’Eisenstein, cinéaste fraîchement réhabilité par la commande officielle d’Alexandre Nevsky, qui rejouait avec Ivan le terrible son retour et sa place dans le giron du cinéma soviétique, les films héroïques de la Ve République ne peuvent être considérés comme un simple «reflet» de l’histoire politique du moment mais, bien plutôt, comme la retraduction de cet environnement en enjeux internes au monde cinématographique.

Si la crise algérienne et la rhétorique de l’appel au «Sauveur» inspirèrent à certains cinéastes opportunistes un appel compensateur et flagorneur au passé glorieux, le recours à l’histoire héroïque servit également de ressource d’arguments dans la lutte générationnelle provoquée par la fronde de la Nouvelle vague. Ce recroisement d’enjeux multiples — dans la variété desquels réside l’essence même du cinéma — aboutit à une convergence d’intérêts sur la définition des normes du représentable ; il permit de cristalliser sur les écrans et d’ancrer durablement dans l’imaginaire collectif, une geste gaullienne que l’œuvre de propagande du SCA avait autrefois échoué à imposer.

COMPLEMENT:

Nicolas Baverez et Jérôme Fourquet: « Nous vivons l’aboutissement cathartique de quatre décennies de déclin de la France »
Eugénie Bastié et Guibert Clarisse
Le Figaro
21 juin 2024

GRAND ENTRETIEN – Quinze jours après le choc politique de la dissolution, les deux essayistes analysent la bascule historique que nous vivons.

LE FIGARO. – Nous vivons depuis dix jours des événements que personne ne pouvait prédire et qui accélèrent la recomposition politique. Comment qualifiez-vous la décision d’Emmanuel Macron ? Vivons-nous un moment de bascule ?

Jérôme FOURQUET. – Il s’agit d’un moment d’accélération. Nous voyons les choses se faire et se défaire à une vitesse inédite, à l’image de la constitution d’un Nouveau Front populaire en l’espace de 48 heures. Chose inouïe et impensable lorsqu’on se rappelle des invectives échangées entre les différentes listes de gauche dans le cadre des élections européennes, il y a encore quinze jours. La décision du président de la République est stupéfiante. À regarder les annales de notre vie politique, et les effets produits alors que le scrutin n’a pas encore eu lieu, la motivation, ou le calcul, d’Emmanuel Macron interroge.

Nicolas BAVEREZ. – Comment s’explique-t-elle ? Elle pourrait se justifier par le blocage du système politique. La dissolution est l’une des armes pour y remédier. Elle a été utilisée en Italie lorsque Mario Draghi a perdu le soutien de la coalition qui le soutenait, en Espagne par Pedro Sanchez au lendemain du naufrage des élections régionales, au Royaume-Uni par Rishi Sunak face à son incapacité à gouverner. Mais en France, il s’agit d’une décision insensée. Le pari du président de la République est déraisonnable et perdu d’avance. Il revient à jouer à pile ou face, sans aucune préparation, le destin du pays, au-delà de la survie de sa majorité relative, à la veille des Jeux olympiques et sur fond d’une crise sans précédent depuis les années 1930. La France est rattrapée par la crise de ses finances publiques ; notre économie est à l’arrêt ; la société s’enfonce dans une quasi-guerre civile ; la guerre d’Ukraine se poursuit à l’avantage de la Russie qui constitue une menace existentielle pour l’Europe et la France. La dissolution ne pouvait se justifier que si elle débouchait sur une forme de stabilité, ce qui supposait de l’avoir anticipée. Pour construire le fameux bloc central, il fallait négocier avant et dissoudre à l’automne. La seule logique qui guide cette dissolution est le narcissisme. Il est pour le moins paradoxal de demander aux Français de faire prévaloir la raison sur les passions par un mouvement d’humeur irrationnel.

Le président de la République aurait parié sur un vote RN de protestation, et non d’adhésion. Se trompe-t-il ou a-t-il raison ?

J. F. – Dans l’histoire, la première percée électorale du Front national au niveau national date déjà des élections européennes, en 1984. Le vote protestataire, non résorbé en quarante ans, n’aurait donc cessé de prospérer… Au regard de cette longue histoire, la dimension protestataire de ce vote est évidente, mais il ne faut pas masquer la réelle adhésion aux mesures portées par ce mouvement politique, qui sinon n’aurait pas pu s’ancrer et se développer depuis de si longues années. Dans nos études qualitatives, nous voyons que de nombreux électeurs du Rassemblement national, ou d’autres formations politiques, revendiquent moins une idéologie que par le passé. Mais au moment du vote, les électeurs regardent d’abord le diagnostic porté par les candidats sur l’état du pays et évaluent l’adéquation au leur. Ils vérifient aussi s’ils figurent dans la grande photographie de la France dessinée par le candidat ou la candidate en question. Ces électeurs s’interrogent : « Faisons-nous partie de la photo de famille ? » Il s’agit d’une étape indispensable pour générer « l’empathie de point de vue ». Si les candidats ne réussissent pas cette étape, alors les électeurs ne perdront pas de temps à écouter ou disséquer leurs propositions. Elles seront forcément perçues comme hors-sol vis-à-vis de leurs priorités. La force du Rassemblement national réside dans le fait de générer cette « empathie de point de vue », dans des pans entiers de la société. Alors, si l’état-major du RN n’est pas totalement prêt à exercer le pouvoir, ce n’est pas forcément grave. Les électeurs cherchent d’abord à soutenir une famille politique qui porte un diagnostic cohérent au leur. Marine Le Pen, élue à Hénin-Beaumont depuis plusieurs années, a senti la montée de la préoccupation liée au pouvoir d’achat et s’est positionnée sur le sujet. Historiquement, c’est le premier parti à avoir évoqué la question de l’immigration, sujet qui préoccupe tant de Français, il bénéficie donc d’une prime d’antériorité. Même si certaines de leurs mesures paraissent inapplicables, ce qui compte est d’avoir mis ces thèmes à l’agenda politique. Il faut donc relativiser la dimension contestataire de ce vote.

Nicolas Baverez, vous avez écrit dans Le Figaro que « la France vivait son moment populiste avec dix ans de retard » . L’élection d’Emmanuel Macron et l’hypercentre qu’il a construit, niant le clivage droite-gauche, n’ont-ils pas retardé mécaniquement une catharsis populiste qui s’est produite dans d’autres pays, comme au Royaume-Uni avec le Brexit, ou aux États-Unis, avec l’élection de Donald Trump ?

N. B. – Nous vivons l’aboutissement de quatre décennies de déclin de la France. Comme la classe politique est restée dans le déni, le choc est devenu inévitable. Choc financier avec la montée brutale des taux d’intérêt. Choc social avec l’enchaînement des mouvements insurrectionnels et des violences. Choc politique avec la voie ouverte à une arrivée de l’extrême droite au pouvoir. Notre pays présentait dès les années 2010 tous les facteurs favorables au populisme d’extrême droite : modèle économique de décroissance à crédit, chômage permanent, paupérisation des classes moyennes, désarroi identitaire, sentiment d’humiliation des Français devant le déclassement de la France en Europe et dans le monde. Il a été longtemps protégé par la solidité de la Ve République et par l’appartenance à l’euro. Emmanuel Macron a fait sauter toutes les digues en délégitimant les institutions, en affaiblissant l’État, en détruisant la droite et la gauche de gouvernement et en faisant exploser la dette publique.

Peut-on comparer la dissolution du président de la République au référendum de David Cameron sur le Brexit ?

N. B. – La décision de David Cameron était bien moins dangereuse, même si tout aussi déraisonnable. Nous ne sommes plus en 2016. L’histoire a basculé. La guerre est de retour en Europe. Les empires autoritaires ont engagé une lutte à mort contre les démocraties. La mondialisation a implosé. L’argent n’est plus gratuit. Jouer l’avenir de notre pays sur un coup de dé dans ces conditions est irresponsable. Et ce d’autant qu’Emmanuel Macron n’a jamais pris la peine d’organiser un parti ou une majorité présidentielle, contrairement au général de Gaulle en 1958. D’un côté, il a formidablement accéléré la crise française sur le plan démographique, économique, social, politique, stratégique. De l’autre, il a désarmé les deux obstacles à une victoire du RN: le respect des valeurs de la République avec son relativisme et l’institutionnalisation de la transgression à la tête de l’État ; le procès en incompétence qui ne tient plus face à la perte de contrôle des finances et de l’ordre publics.

Le Rassemblement national a-t-il toujours les caractéristiques d’un parti d’extrême droite ?

N. B. – Il n’y a évidemment pas 31 % de Français d’extrême droite. Le Rassemblement national est devenu un parti central. C’est un parti attrape-tout, en tête dans la quasi-totalité des départements, des classes d’âge et des catégories socio-professionnelles. C’est un parti d’adhésion et non plus de protestation. Par ailleurs, il est le seul à être uni autour de ses dirigeants et d’un projet. En guise de « clarification », la confusion est en effet totale dans la majorité présidentielle qui ne sait pas pour qui ni pour quoi faire campagne, chez les Républicains éclatés en trois, mais aussi dans le Nouveau Front populaire que seule la mystique de son slogan fait tenir.

Pour autant, le RN n’est ni un parti centriste ni un parti de gouvernement. Comme la percée populiste ne s’est pas faite dans les années 1980, il n’a pas réalisé son « aggiornamento », à l’inverse des Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni, qui, elle, est favorable aux entreprises, parfaitement intégrée dans le jeu européen, atlantiste, hostile à la Russie et solidaire de l’Ukraine. Le programme économique du RN reste gauchiste et étatiste, construit sur l’envolée des dépenses sociales et des impôts. Il exportera la crise financière française à l’euro, ce qui, joint au retrait du marché européen de l’énergie et à la mise en place de la double frontière, implique une rupture avec l’Union. Enfin, la proximité avec la Russie conduirait nos alliés à mettre la France au ban des démocraties.

Ces derniers jours, Jordan Bardella s’est exprimé sur l’égalité hommes-femmes, en affirmant qu’« en France, la femme est libre et elle le restera ». Pourquoi le vote Rassemblement national a augmenté dans l’électorat féminin ?

J. F. – En 2019, Jordan Bardella obtenait 28 % chez les hommes et 19 % chez les femmes. Il y avait donc un différentiel de 9 points, spécifique à la famille politique du Rassemblement national. Au soir du 9 juin 2024, le vote est désormais à parité, avec un bond de 13 points dans l’électorat féminin et de 3 points seulement dans l’électorat masculin. L’essentiel de la progression au niveau national est le fait de ce bond dans l’électorat féminin. Celui-ci a deux caractéristiques : il représente la moitié de la population, et est homogènement réparti sur le territoire, d’où la progression du RN quasiment partout en France. Pourquoi ? La stratégie de banalisation et de respectabilisation mise en place par Marine Le Pen depuis des années, notamment à l’Assemblée nationale, a rassuré une partie de l’électorat féminin. Jordan Bardella insiste aussi sur une autre dimension, celle de l’inquiétude sécuritaire croissante d’une partie de l’électorat féminin face au risque d’agression physique ou sexuelle. Marine Le Pen disait : « Il ne fait pas bon d’être une femme, Juif ou homosexuel dans certains quartiers de France. » Dans l’électorat juif, une bascule politique s’opère aussi sur la question sécuritaire.

De leur côté, les grandes métropoles résistent à la poussée du RN. Les poumons économiques du pays sont en contraste avec la « France périphérique ». Ce décalage, cette fracture entre les élites et une partie grandissante de la population, est-il une spécificité française ?

N. B. – La trahison des élites et le fossé creusé avec les Français sont indiscutables. La polarisation de la population et des territoires se traduit au plan électoral. Le RN est dominateur dans les zones rurales ainsi que les villes moyennes et petites, moins présent dans le cœur des métropoles. LFI est fortement implanté dans leur périphérie. Cette divergence s’observe aussi aux États-Unis ou au Royaume-Uni. En revanche, en Italie, Giorgia Meloni a réussi à s’implanter fortement dans les grandes villes. L’Italie est très décentralisée et urbanisée. Son système politique est à la fois parlementaire, ce qui permet d’intégrer les extrêmes, et imbriqué avec le monde des entreprises. Il n’y a jamais eu de dissociation entre, d’un côté, l’extrême droite, et de l’autre, le monde de l’entreprise et les grandes villes. Ainsi Mario Draghi a accompagné la transition du pouvoir à Giorgia Meloni et a mis son autorité à son service pour lui permettre de gérer l’économie, de s’intégrer dans le jeu européen et d’affirmer sa légitimité sur la scène internationale, comme on l’a vu lors du G7 et du Conseil européen.

J. F. – L’Italie est plutôt singulière. L’écart entre ce que Christophe Guilluy appelle la « France périphérique » et la France des métropoles, se retrouve en effet dans les principales démocraties occidentales. À Paris, la liste de Jordan Bardella aux élections européennes obtient 8,5 %, pour un total national de 31 %. On observe cette même structuration géographique aux États-Unis, avec le vote Trump. Par exemple, à la dernière élection présidentielle, Donald Trump a obtenu 7 % des voix à Washington DC, contre 47 % au niveau national. Au Royaume-Uni, le vote pro-Brexit augmentait en fonction de la distance à Londres. En Allemagne, les métropoles les plus dynamiques demeurent aussi réfractaires.

Dans un pays centralisé comme la France, Paris n’est plus en phase avec le reste du pays. Avant, la capitale pouvait être à droite ou à gauche, mais le différentiel avec la moyenne nationale ne dépassait pas quatre, cinq ou six points. Le Rassemblement national, ne pouvant pas percer dans les grandes métropoles, a installé son hégémonie dans la France périphérique. Dans les nombreuses zones où le Rassemblement national obtient 40 % ou plus, la grille de lecture qui domine est celle de ses électeurs. Le décalage est flagrant et s’accentue avec la capitale.

Aujourd’hui, on parle d’une tripartition de la vie politique française. Cependant, le clivage droite-gauche ne réapparaît-il pas ? En effet, le bloc central est démographiquement plutôt fragile : son électorat est principalement composé de citoyens aux revenus très élevés, or la France s’appauvrit, et reste plutôt âgée. Ce bloc central n’est-il pas voué à disparaître ?

J. F. – Vous indexez la disparition du bloc central sur la moyenne d’âge des électeurs, mais ce bloc pourrait perdre son assise avant même la disparition de cet électorat âgé ! Les questions politiques sont des questions de dynamique. Le bloc central a toujours existé en France, incarné par François Bayrou. Cependant, ce dernier n’est jamais parvenu à agréger l’aile strauss-kahnienne du Parti socialiste et l’aile juppéiste de la droite afin de constituer un bloc qui pèse significativement pour accéder au second tour d’une élection présidentielle. Le bloc central ne disparaîtra pas mais sous l’effet de l’hémorragie de certains de ses soutiens, il est menacé de rétrogradation en deuxième division. Le parti des Républicains a vécu ce phénomène.

Les équilibres sont instables, et l’avenir nous en montrera l’évolution. À gauche, un Nouveau Front populaire s’est reconstitué face à la menace du fascisme. Dans leur terminologie, ils reprennent les événements du 6 février 1934 et la création du Front populaire en 1936, à partir d’une demande de la base militante, similaire à la convergence des cortèges socialiste et communiste qui s’était effectuée au cri d’« unité ! unité ! » en 1934. La menace du fascisme fait se rabibocher des gauches irréconciliables, mais reste à voir la longévité de cet accord. En effet, il y a un grand écart entre Philippe Poutou et François Hollande !

Un clivage gauche-droite, aujourd’hui radicalisé, ne réapparaît-il pas ?

N. B. – Non, nous sommes dans un moment de confusion extrême. Emmanuel Macron a commis une erreur majeure en liquidant, avec la droite et la gauche de gouvernement, l’ancrage démocratique du pays. La démocratie résiste là où le clivage droite-gauche subsiste. Aucune expérience de troisième force centrale, au milieu des extrêmes, ne se termine bien : les extrêmes finissent toujours par l’emporter. Aujourd’hui, le RN incarne ainsi l’ordre et la stabilité. Son substrat idéologique n’est plus révolutionnaire, même s’il repose toujours sur la fusion hautement inflammable des passions nationales, identitaires et sociales. La sortie de la crise démocratique passe par la reconstitution des classes moyennes et d’un débat entre une gauche et une droite républicaines. Nous n’avons pas le droit de renoncer et de désespérer. Cela reviendra mais nous n’y sommes pas.

De nombreux artistes et sportifs prennent position contre le Rassemblement national au nom de l’antifascisme et la lutte contre l’extrême droite. Ce discours porte-t-il encore dans les tréfonds du pays ?

J. F. – Ce discours ne porte pas pour les 31 % d’électeurs de Jordan Bardella. Néanmoins, ces déclarations peuvent avoir un impact sur une partie de la jeunesse dépolitisée et consommatrice des réseaux sociaux, et tout est bon à prendre dans le cadre d’une campagne aussi courte. De plus, la coalition de gauche s’appelle le Nouveau Front populaire. L’objectif est d’agréger des personnes de divers horizons pour faire barrage. Cet électorat a deux aspirations profondes : l’unité et l’efficacité face à la montée de l’extrême droite. Le score du RN aux élections européennes a créé un choc dans les états-majors de gauche, mais surtout dans l’électorat de gauche. En vue du contexte et du calendrier annoncé par le président de la République, l’argument du barrage à l’extrême droite renaît.

De nombreux commentateurs évoquent la possibilité d’un chaos économique en cas d’application du programme du RN ou du Nouveau Front populaire. Qu’en pensez-vous ?

N. B. – Le président de la République a choisi une élection éclair qui s’organise autour de la politique pure et d’une course à la démagogie du quoi qu’il en coûte. Alors que les marchés et nos partenaires européens nous ont placés sous surveillance, personne ne regarde à la dépense. Même le bloc central, qui se place sous le signe de la raison économique, multiplie les promesses, à hauteur de 1 à 1,5 % du PIB. Du côté du RN, les mesures de pouvoir d’achat et de hausse des salaires portent sur 3 à 3,5 % du PIB. Du côté du Nouveau Front populaire, on atteint des sommets avec 150 à 180 milliards de dépenses et 80 milliards d’impôts supplémentaires. Le tout s’applique à un pays dont le déficit et la dette publics s’élèvent à 5,5 et 110,6 % du PIB, les dépenses et les recettes publics à 58 et 52,5 % du PIB. En comparaison, les déficits des années 1982 à 1984 étaient de 2,5 à 2,6 % du PIB et la dette publique française représentait 26 % du PIB en 1984, ce qui n’a pas empêché le pays de se trouver au bord d’une intervention du FMI. Or on se trompe en pensant que les hommes politiques n’appliquent jamais leurs projets : ils sont pris au piège de leur démagogie comme on l’a vu en 1981 ou en 1997 avec la loi des 35 heures. La mise en œuvre de ces programmes provoquerait une crise financière majeure qui contaminera les banques et les assurances, puis l’euro car la France, contrairement à la Grèce, possède une dimension systémique. La France emprunte déjà plus cher que le Portugal. Elle ne disposera d’aucune indulgence de la part des marchés et de nos partenaires. À nous de décider si nous voulons que la France soit dirigée par une troïka composée du FMI, de la Commission européenne et de la BCE.

Les Français ont-ils conscience de l’endettement du pays ? Croient-ils aux promesses du Nouveau Front populaire ou celles du Rassemblement national ?

J. F. – Les Français ont toujours été fâchés avec la macroéconomie, mais avaient quelques repères. En 2007, François Bayrou avait fait campagne sur la dette (souhaitant inscrire dans la Constitution l’interdiction de présenter un budget en déséquilibre de fonctionnement) et avait obtenu 18 % des voix. Deux lignes de défense avaient été désignées aux Français : il ne fallait ni perdre la note AAA de la France, ni que la dette atteigne 100 % du PIB. Les deux dernières crises ont fait voler ces repères en éclat. Lors de la crise de la dette souveraine en 2008, la France a été dégradée. Et lors de la crise du Covid, le « quoi qu’il en coûte » a fait exploser la barre des 100 %. Aujourd’hui, la dette s’élève à 110 % du PIB. Les Français regardent leurs chaussures et constatent que le sol ne s’est pas ouvert sous leurs pieds. Ils en déduisent alors que ces chiffres ne sont pas si graves. La seule question politique qui vaille est la suivante : le responsable politique peut-il brancher la pompe et arroser ? Avec l’idée de « prendre l’argent là où il est », chez Bernard Arnault par exemple, qui existe aussi. Celle-ci correspond au programme du Nouveau Front populaire.

Si le Rassemblement national arrive au pouvoir, craignez-vous des violences, voire une forme de guerre civile, à l’issue de ces élections ?

N. B. – La France en vit déjà une en Nouvelle-Calédonie, où l’ordre est très loin d’être rétabli. La situation risque d’être très difficile et pourrait mettre en péril non seulement la paix civile mais aussi l’État de droit.

J. F. – La tension est très forte dans le pays. Si le Rassemblement national gagne ces élections, le Nouveau Front populaire continuera-t-il de manifester dans la rue ? En 2007, lorsque Nicolas Sarkozy accède à la présidence de la République, il y a trois nuits d’émeutes dans certaines banlieues françaises, pour s’opposer à l’arrivée au pouvoir du candidat du « Karcher ». Depuis, la température a augmenté dans le pays.

Après les élections législatives, les Jeux olympiques commencent. Emmanuel Macron a affirmé en marge du G7, au sujet des Français : « Je pense qu’ils n’ont pas envie d’avoir des JO qui se présentent mal. » Il espère que les Français tiendront compte de cette donnée au moment de voter…

N. B. – Tous les calculs du président de la République se sont révélés faux. Il espérait que le centre s’unirait, il est désuni. Il comptait sur la désunion de la gauche, elle est unie, au moins facialement. Il misait sur le ralliement des LR, ils ont implosé. Penser que les Français vont voter en fonction des Jeux olympiques, perçus comme ceux d’Emmanuel Macron et d’Anne Hidalgo, témoigne de la déconnexion complète vis-à-vis de la réalité et du déni systématique dans lequel s’est installé le président de la République. Cela ne pouvait pas bien finir, et c’est en train de s’achever en tragédie.

J. F. – Emmanuel Macron place les Français devant leur responsabilité. Mais d’aucuns peuvent se demander : qui les a placés dans un tel dilemme ? Marine Le Pen l’a souligné dans un message récent : Emmanuel Macron se posait en rempart contre le chaos, mais c’est lui qui installe le chaos.

N. B. – Des jeux et de la dette, c’est une forme de mépris ultime envers le citoyen. Tout dépend aujourd’hui de l’esprit de responsabilité des Français. Raymond Aron rappelait très justement que « le choix en politique n’est pas entre le bien et le mal mais entre le préférable et le détestable ».

Nicolas Baverez est essayiste et chroniqueur au Figaro. Auteur notamment de La France qui tombe (2004) et Démocraties contre empires autoritaires (Éditions de l’Observatoire, 2023).

Jérôme Fourquet est directeur du département Opinion et stratégies d’entreprise de l’Ifop. Dernier livre paru : La France d’après. Tableau politique (Seuil, 2023).


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Dieu (…) créa l’homme et la femme. Dieu les bénit, et Dieu leur dit: Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre. Genèse 1: 27-28
A la résurrection des morts, les hommes ne prendront point de femmes, ni les femmes de maris, mais ils seront comme les anges dans les cieux. Jésus (Marc 12: 25)
Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus Christ. Paul (Galates 3: 28)
La loi naturelle n’est pas un système de valeurs possible parmi beaucoup d’autres. C’est la seule source de tous les jugements de valeur. Si on la rejette, on rejette toute valeur. Si on conserve une seule valeur, on la conserve tout entier. (. . .) La rébellion des nouvelles idéologies contre la loi naturelle est une rébellion des branches contre l’arbre : si les rebelles réussissaient, ils découvriraient qu’ils se sont détruits eux-mêmes. L’intelligence humaine n’a pas davantage le pouvoir d’inventer une nouvelle valeur qu’il n’en a d’imaginer une nouvelle couleur primaire ou de créer un nouveau soleil avec un nouveau firmament pour qu’il s’y déplace. (…) Tout nouveau pouvoir conquis par l’homme est aussi un pouvoir sur l’homme. Tout progrès le laisse à la fois plus faible et plus fort. Dans chaque victoire, il est à la fois le général qui triomphe et le prisonnier qui suit le char triomphal . (…) Le processus qui, si on ne l’arrête pas, abolira l’homme, va aussi vite dans les pays communistes que chez les démocrates et les fascistes. Les méthodes peuvent (au premier abord) différer dans leur brutalité. Mais il y a parmi nous plus d’un savant au regard inoffensif derrière son pince-nez, plus d’un dramaturge populaire, plus d’un philosophe amateur qui poursuivent en fin de compte les mêmes buts que les dirigeants de l’Allemagne nazie. Il s’agit toujours de discréditer totalement les valeurs traditionnelles et de donner à l’humanité une forme nouvelle conformément à la volonté (qui ne peut être qu’arbitraire) de quelques membres ″chanceux″ d’une génération ″chanceuse″ qui a appris comment s’y prendre. C.S. Lewis (L’abolition de l’homme, 1943)
Le monde moderne n’est pas mauvais : à certains égards, il est bien trop bon. Il est rempli de vertus féroces et gâchées. Lorsqu’un dispositif religieux est brisé (comme le fut le christianisme pendant la Réforme), ce ne sont pas seulement les vices qui sont libérés. Les vices sont en effet libérés, et ils errent de par le monde en faisant des ravages ; mais les vertus le sont aussi, et elles errent plus férocement encore en faisant des ravages plus terribles. Le monde moderne est saturé des vieilles vertus chrétiennes virant à la folie. Elles ont viré à la folie parce qu’on les a isolées les unes des autres et qu’elles errent indépendamment dans la solitude. Ainsi des scientifiques se passionnent-ils pour la vérité, et leur vérité est impitoyable. Ainsi des « humanitaires » ne se soucient-ils que de la pitié, mais leur pitié (je regrette de le dire) est souvent mensongère. G.K. Chesterton
On a commencé avec la déconstruction du langage et on finit avec la déconstruction de l’être humain dans le laboratoire. (…) Elle est proposée par les mêmes qui d’un côté veulent prolonger la vie indéfiniment et nous disent de l’autre que le monde est surpeuplé. René Girard
Cette spécialité m’a intéressée car il s’agit d’une chirurgie de réparation. On n’enlève pas, on entre dans le moteur et on répare. Autrefois, le curé, l’instituteur et le médecin prenaient en charge les gens du village : l’instit’ avait la passion d’instruire les enfants pour qu’ils avancent dans la vie, le curé, sa foi, le médecin, son désir de guérir et une certaine forme d’amour pour son malade. Bref, « rien de très sexy… Les salles d’opération ne le sont pas, son job n’a rien d’une sinécure. Comment supporter de passer plusieurs heures d’affilée au bloc, debout, sans répit ? Il faut de la résistance, physique et mentale, car on ne peut pas perdre de temps : plus c’est court, mieux c’est pour le cœur ! Un exemple, si je fais une prothèse de hanche et que je ressens un petit coup de fatigue, ce n’est pas dramatique. En chirurgie cardiaque, c’est la tête dans le guidon ! Il faut aller vite, sans se précipiter, en attendant le moment fatidique du « redémarrage », ce cœur arrêté le temps de l’opération, qui repartira ou non… Peu importe les heures passées au bloc, la fatigue, les complications, seul compte le résultat, qui la pousse naturellement à se dépasser, à en découdre avec la mort. La grande majorité des interventions se fait à cœur ouvert. Il s’agit d’une chirurgie assez longue, une opération dure en général une demi-journée. Il arrive qu’elle s’étale sur une dizaine d’heures, sans que les chirurgiens ne puissent faire une pause. Dès que l’opération débute, ils entament une véritable course contre la montre : Le patient est placé sous circulation extra-corporelle, c’est-à-dire que le cœur est remplacé par une machine qui assure la survie du patient. Moins elle tourne longtemps, mieux c’est. De plus, nous réalisons un clampage aortique pour empêcher le cœur de recevoir du sang, afin qu’il soit bien vide et immobile, tout en le protégeant pour que les cellules cardiaques ne souffrent pas. Francine Leca
J’ai vu un cœur être arrêté, réparé et remis en marche. Cela a été une révélation instantanée ! En pédiatrie en particulier, on est en mesure de remettre ces cœurs d’aplomb, les cardiopathies guérissent de façon très spectaculaire, c’est merveilleux ! (…) Malheureusement, nous ne pouvons pas soigner les malades du monde entier! La santé coûte très cher! Chaque opération coûte près de 12 000 euros. En France, nous sommes très gâtés avec la Sécurité sociale. Beaucoup de pays ne bénéficient pas de ce système et beaucoup d’enfants meurent ! Francine Leica
Il y a certains pays comme l’Espagne, l’Allemagne, etc, qui se sont dirigés vers des politiques d’autodétermination. Ce qui veut dire que (…) les gens (…) viennent changer leur sexe à la mairie sur leur état civil. (…) C’est comme une lettre à la poste, on le fait comme ça. Et puis c’est déclaratif. (…) En France, c’est pas une autodétermination totale, dans le sens où ça doit encore passer devant un juge, mais ceci dit, il y a pas besoin de suivi médical en France depuis 2016. (…) Ce qui veut dire que très concrètement, on peut être une femme à l’état civil tout en ayant un pénis, ça c’est totalement possible en France depuis 2016. Mais il y a des pays qui vont encore plus loin. C’est-à-dire qu’il y a même pas besoin de passer devant un juge. C’est juste totalement déclaratif: on va à la mairie, on dit: « Voilà, moi, je suis une femme, ou moi je suis un homme, et puis on change comme ça. Il y a pas de suivi psy, il y a pas de transition médicale, on passe pas devant un juge. Il y a rien en fait, c’est-à-dire que le sexe devient juste un état déclaratif. (…) Et il y a (…) un lobby transgenre qui pousse ce type de de lois et nous, c’est ça qu’on dénonce dans dans le livre. C’est-à-dire qu’à la base, le transsexualisme, c’était considéré comme une pathologie psychiatrique et c’est des gens qui ressentent un véritable mal être auquel on a du mal à répondre parce qu’il y a très peu de solutions et du coup parfois, on en arrive aux chirurgies. Mais là, en fait, il y a une instrumentalisation, en fait, d’une minorité, une extrême minorité de gens qui sont véritablement malades et qui ont besoin parfois d’en arriver à des chirurgies et on prend ces gens-là et en fait, on en fait un projet politique qui embrigade en fait tout un tas de jeunes personnes qui ne comprennent pas très bien les tenants et les aboutissants de cette idéologie. (…) Sur le marché français, quand c’est fait par l’hôpital public, un homme qui veut devenir une femme, on a calculé que ça coûte à peu près 100 000 euros. Pour une femme qui devient un homme enfin un homme (…) 40 000 euros. C’est-à-dire qu’il y a énormément de choses qui sont prises en compte parce que c’est un parcours avec énormément de chirurgie. Alors, il y a les hormones croisées qui sont prises en compte. Il y a aussi la chirurgie de réassignation sexuelle, donc, phalloplastie ou vaginoplastie.  L’assurance maladie verse un panier de 27 000 euros pour ces chirurgies là en particulier. Il y a toutes les chirurgies du visage: féminisation, masculinisation du visage. Il y a ensuite mamectomie ou l’inverse plutôt se mettre des seins si on est un homme. Il y a aussi tout ce qui est de l’ordre de perruque, calvitie, etc.  parce que souvent les hommes n’ont pas la chevelure qu’il faudrait. Il y a les opérations pour raboter la pomme d’Adam. Il y a les opérations pour changer les cordes, enfin, changer le son des cordes vocales. Et puis, il y a les épilations intégrales pour ces messieurs qui veulent devenir des femmes, remboursées. (…) Donc en fait ça coûte très cher à la sécurité sociale et il y a de plus en plus de personnes qui veulent transitionner. Mais là où on trouve (…) qu’il y a un paradoxe dont il faut discuter. C’est-à-dire que si on dit que ces personnes sont malades, okay, dans ce cas-là on doit accepter que comme pour n’importe quelle maladie, il faut effectivement rembourser ce qui peut les aider. Mais là depuis 2010, on estime que le transgenrisme ou la transsexualité, ça n’est plus une maladie psychiatrique, donc à ce moment-là, si on estime que c’est juste un état d’être, que c’est un lifestyle et bien, très bien, dans ce cas-là, ça n’a pas à être remboursé. C’est juste qu’il faut être aligné et là il y a une sorte de paradoxe qui nous semble important de pointer. Dora Moutot 

Devinez ce qui arrive à notre système de santé quand satisfaire les folies de nos trans nous coute 100 000 euros à chaque coup ?

A l’heure où réalise avec la disparition de la première chirurgienne cardiaque française

Que tant d’enfants de par le monde meurent par manque d’argent pour des opérations du coeur à 12 000 euros..

Alors que notre généreuse sécu prend charge les lubies de nos trans pour 100 000 …

Retour avec le livre de Dora Moutot et Laurence Stern …

Dont la ville de Paris avait récemment demandé l’enlèvement des affiches

Pendant qu’entre publicités, films et arcs en ciel, les signes de lavage de cerveau homosexuel sont partout …

Sur la nouvelle religion de la transidentité …

Qui comme toute révolution est en train de dévorer ses propres enfants ..

« Le sujet trans devient aussi tabou que l’islam » : les affiches du livre « Transmania » retirées de l’espace public parisien
Après le retrait de la promotion de leur livre « Transmania » dans les rues parisiennes, les auteures dénoncent un « acte de censure » et s’inquiètent de « cet obscurantisme qui cherche à museler la pensée critique ».

Marion Monforta

17/04/2024

Le livre Transmania, une enquête sur l’essor des transitions de genre et leurs dérives, est paru le 11 avril aux éditions Magnus. © Capture d’écran X Editions Magnus

À la demande du premier adjoint à la mairie de Paris, l’entreprise JCDecaux a enlevé, mercredi, toutes les publicités du livre Transmania, co-écrit par la journaliste Dora Moutot et l’ancienne Femen Marguerite Stern, de ses panneaux d’affichage. Plus tôt dans la journée, Emmanuel Grégoire, le bras droit d’Anne Hidalgo, avait exigé le retrait de toute promotion de cet ouvrage dans la capitale, indiquant que « la transphobie est un délit ».

Dans une interview accordée au Parisien, le socialiste avait précisé qu’il ne se prononçait pas sur cette publication en elle-même, qui questionne les transitions de genre et leurs dérives, puisqu’il ne l’a pas lue, mais plutôt sur les affiches et leur slogan « Quand l’idéologie transgenre s’infiltre dans toutes les sphères de la société ».

Dans l’après-midi, JCDecaux a confirmé à l’Agence France-Presse avoir « procédé au retrait des affiches » en raison de « propos véhiculés sur le visuel, sur lequel la Ville de Paris [les] a par ailleurs interpellés ». Le groupe industriel a également considéré que le visuel est « contraire à [sa] charte de la déontologie de la communication extérieure ». Il tient à présenter ses « excuses » aux personnes que « ces affiches ont pu heurter ».

Les affiches de #Transmania vont être retirées suite aux plaintes de la mairie de Paris.
Du jamais vu. Le sujet trans est en train de devenir aussi tabou que celui de l’islam.

Et qu’est-ce qu’on fait face à la censure ?
On résiste. Comptez sur nous.🔥 pic.twitter.com/vKbkHCPa4Y

— Marguerite Stern (@Margueritestern) April 17, 2024
« Nous devrions tous être très inquiets »
L’auteure Marguerite Stern a commenté cette annonce sur le réseau social X en promettant de « résister » face à la « censure ». « Les affiches de Transmania vont être retirées suite aux plaintes de la mairie de Paris. Du jamais vu. Le sujet trans est en train de devenir aussi tabou que celui de l’islam. Et qu’est-ce qu’on fait face à la censure ? On résiste. Comptez sur nous », a-t-elle écrit.

Dora Moutot a, elle aussi, dénoncé cette réduction au silence. « Lorsqu’un régime fait retirer la pub d’un livre sans l’avoir lu, c’est un acte de censure basé sur des suppositions plutôt que sur une analyse du contenu. Nous devrions, à gauche et à droite, tous être très inquiets de cet obscurantisme qui cherche à museler toute pensée critique », a-t-elle regretté.

Lorsqu’un régime fait retirer la pub d’un livre sans l’avoir lu, c’est un acte de censure basé sur des suppositions plutôt que sur une analyse du contenu. Nous devrions, à gauche et à droite, tous être très inquiets de cet obscurantisme qui cherche à museler toute pensée critique

— Dora Moutot (@doramoutot) April 17, 2024

Voir aussi:

La mairie de Paris obtient le retrait d’une campagne de pub pour le pamphlet transphobe « Transmania »

Hostile aux droits des personnes trans, le livre « Transmania » a fait l’objet d’une campagne d’affichage dans les rues de Paris, provoquant une réaction outrée du bras droit d’Anne Hidalgo.

POLITIQUE – « Paris n’est pas la vitrine de cette haine crasse. » Les mots forts du premier adjoint de la mairie de Paris Emmanuel Grégoire témoignent de la colère de plusieurs élus de la capitale en découvrant la campagne déployée dans la ville pour promouvoir un livre particulièrement controversé, Transmania.

Sur X, Emmanuel Grégoire n’a pas caché son émotion ce mercredi 17 avril en découvrant l’une de ces affiches pour le livre des activistes Marguerite Stern et Dora Moutot. Deux autrices dont les prises de position hostiles aux personnes transgenres sont loin de faire l’unanimité, en souhaitant notamment les exclure des questions et des combats féministes. Un courant idéologique bien connu dans le monde anglo-saxon sous le nom de « Terf », acronyme de « Trans-exclusionary radical feminists » (« Féministes radicales excluant les personnes trans » en français). Un mouvement anti-trans dont J.K.Rowling est devenue la figure de proue.

« La transphobie est un délit. La haine de l’autre n’a pas sa place dans notre ville », a commenté l’adjoint d’Anne Hidalgo en réponse aux termes utilisés pour défendre l’ouvrage sur l’affiche : « Quand l’idéologie transgenre s’infiltre dans toutes les sphères de la société… ou l’histoire de l’un des plus gros casses conceptuels du siècle. »

Citant le tweet de la drag queen française Kam Hugh, qui dénonçait également la transphobie de la campagne publicitaire, Emmanuel Grégoire a indiqué vouloir saisir JCDecaux, la société en charge de l’affichage publicitaire dans Paris, pour qu’elle retire au plus vite ces affiches.

Campagne retirée

Après l’envoi d’un courrier à l’entreprise, la réponse n’a pas tardé. « Merci à JCDecaux d’avoir procédé au retrait des affiches véhiculant des propos transphobes », a écrit le premier adjoint d’Anne Hidalgo en fin de journée. « La défense du principe d’égalité et la lutte contre les discriminations passent par des actions concrètes. »

Interrogé par Têtu, JCDecaux a indiqué que la campagne contrevenait à sa charte de communication, qui prévoit que toute publicité « doit respecter la dignité humaine et ne doit ni inciter ni cautionner aucune forme de discrimination ». L’affichage « est également contraire à notre charte de la déontologie de la communication extérieure », ajoute l’entreprise au magazine LGBT+.

Dans son combat, Emmanuel Grégoire avait été soutenu par Alexandra Cordebard, maire du Xe arrondissement de la capitale, qui s’est dite « scandalisée par cette publicité transphobe », qui « n’a pas sa place » dans son arrondissement. David Belliard, adjoint écologiste à la maire de Paris aavait lui aussi condamné une campagne qui favorise la « normalisation de la haine envers les personnes trans ».

« Dans tout Paris »

Face à ces attaques, la réponse des autrices et de l’éditeur du livre polémique est également passée par X. À commencer par celle de Marguerite Stern, qui a défié le premier adjoint de la mairie de Paris en répondant qu’il n’allait « rien faire interdire du tout ». « Vous allez gérer votre frustration comme un grand et attendre que ça passe », a poursuivi l’autrice de 33 ans.

Quant à sa co-autrice, Dora Moutot, elle a seulement condamné la « demande de censure » d’Emmanuel Grégoire en lui reprochant de ne pas « l’avoir lu ». Et comme un ultime pied de nez aux réactions outrées sur cette campagne d’affichage, la maison d’édition en charge de Transmania s’est fendue d’un tweet pour se réjouir de la présence de l’affiche « dans tout Paris ».


Débarquement/80e: Si les Ricains n’étaient pas là (Will Michel Sardou’s tribute song to D Day be banned again some day ?)

6 juin, 2024
ImageA French woman and a British soldier in liberated Caen, July 10, 1944May be an image of 6 people and text that says '80 EME ANNIVERSAIRE F DU DEBARQUEMENT E EN NORMANDIE 1944 4 1 4 2024'
May be an image of 1 person and text that says '2.70C Premitredalafon Premibre céliaion F13350 FISCALITE Les riches ce nouveau dans viseur JEUDIGJUIN20 JEUDIE JUIN EUROPEENNES ALR u l'envolee des jeunes reacs www.liberation.fr DISPARITION Ben, derniere mise a point PAGE20 Libération AA enan D-DAY LE JOUR LE PLUS UKRAINIEN Volodymyr Zelensky sera sur les plages de Normandie pour 80c anniversaire du Debarquementa au nom del «juste lutte» des son pays Pour] la première fois, Russie pas éte itée. Reportage Kharkiv, qui résiste sous les bombes. PAGES2-5 MTUT RP. seemboerG Portagal ccaлиT Taua " 2600'

May be a black-and-white image of 7 people, crowd and textMay be a black-and-white image of 3 people and text that says 'b b images bridgeman'Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! mais Paris libéré ! libéré par lui -même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l’appui et le concours de la France tout entière, de la France qui se bat, de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle. Général de Gaulle (Paris, 25 août 1944)
Les Ricains m’a valu la haine de la gauche, qui m’a traité de facho et qui continue… et celle des gaullistes qui m’ont pris pour un emmerdeur… Michel Sardou
Si les Ricains n’étaient pas là, vous seriez tous en Germanie, à parler de je ne sais quoi, à saluer je ne sais qui. Bien sûr les années ont passé, les fusils ont changé de mains, est-ce une raison pour oublier qu’un jour on en a eu besoin?
Un gars venu de Géorgie qui se foutait pas mal de toi est v’nu mourir en Normandie, un matin où tu n’y étais pas. Bien sûr les années ont passé, on est devenus des copains à  l’amicale du fusillé, on dit qu’ils sont tombés pour rien.
Michel Sardou (1967)
Monsieur le Président de France, je vous écris du Michigan pour vous dire qu′à côté d’Avranches, mon père est mort il y a vingt ans, mon père est mort il y a vingt ans. Je n′étais alors qu’un enfant, mais j’étais fier de raconter qu′il était mort en combattant, qu′il était mort à vos côtés. Monsieur le Président de France, je vous écris du Michigan au nom d’un homme qui pour Avranches n′a traversé qu’un océan, n′a traversé qu’un océan. Dites à ceux qui ont oublié à ceux qui brûlent mon drapeau qu′en souvenir de ces années, ce sont les derniers des salauds. Monsieur le Président de France, je vous écris du Michigan. Pour vous dire que tout près d’Avranches une croix blanche porte mon nom, rappelez-le de temps en temps. Michel Sardou (1969)
Il faut se souvenir que le nazisme s’est lui-même présenté comme une lutte contre la violence: c’est en se posant en victime du traité de Versailles que Hitler a gagné son pouvoir. Et le communisme lui aussi s’est présenté comme une défense des victimes. Désormais, c’est donc seulement au nom de la lutte contre la violence qu’on peut commettre la violence. René Girard
Je me souviens très bien de la remilitarisation de la Rhénanie en 1935. Si les Français étaient entrés en Allemagne, ils auraient pu changer le cours des événements : les Allemands étaient incapables de leur opposer la moindre résistance. Seulement Albert Sarraut [président du Conseil] et le gouvernement français seraient passés pour les salopards qui empêchaient le monde de revenir à la normale. Ils n’étaient pas assez forts moralement pour tenir le coup. Par la suite, on a beaucoup reproché à Sarraut sa passivité. Mais il était dans une situation inextricable. René Girard
Les moyens dits pacifiques ne sont pas toujours ni même nécessairement les meilleurs pour préserver une paix existante. On sait aujourd’hui que si les Français et les Anglais avaient eu une autre attitude lors de l’entrée des troupes allemandes dans la zone démilitarisée en 1935, on aurait peut-être réussi à faire tomber Hitler et ainsi empêché la guerre de 1939. Il y a également de fortes chances qu’une action offensive des Alliés les aurait fait passer pour coupables aux yeux de l’opinion mondiale. En général ; on ne connaît qu’après coup l’utilité d’une guerre préventive pour préserver la paix. Julien Freund
Un des grands problèmes de la Russie – et plus encore de la Chine – est que, contrairement aux camps de concentration hitlériens, les leurs n’ont jamais été libérés et qu’il n’y a eu aucun tribunal de Nuremberg pour juger les crimes commis. Thérèse Delpech (2005)
Je pense que c’est très triste quand l’Allemagne conclut un énorme accord pétrolier et gazier avec la Russie, où vous êtes censé vous protéger contre la Russie, et que l’Allemagne sort et paie des milliards et des milliards de dollars par an à la Russie. Nous protégeons donc l’Allemagne. Nous protégeons la France. Nous protégeons tous ces pays. Et puis de nombreux pays vont conclure un accord de gazoduc avec la Russie, où ils versent des milliards de dollars dans les coffres de la Russie. Nous sommes donc censés vous protéger contre la Russie, mais ils versent des milliards de dollars à la Russie, et je pense que c’est très inapproprié. Et l’ancien chancelier d’Allemagne est à la tête de la société de gazoduc qui fournit le gaz. En fin de compte, l’Allemagne aura près de 70 % de son pays contrôlé par la Russie avec du gaz naturel. Alors, dites-moi, est-ce normal ? (…)  En plus de cela, l’Allemagne ne paie qu’un peu plus de 1 %, alors que les États-Unis, en chiffres réels, paient 4,2 % d’un PIB beaucoup plus important. Donc je pense que c’est inapproprié aussi. Vous savez, nous protégeons l’Allemagne ; nous protégeons la France ; nous protégeons tout le monde, et pourtant nous payons beaucoup d’argent pour protéger. Or, cela dure depuis des décennies. Cela a été soulevé par d’autres présidents. Mais d’autres présidents n’ont jamais rien fait à ce sujet parce que je ne pense pas qu’ils l’aient compris ou qu’ils ne voulaient tout simplement pas s’impliquer. Mais je dois en parler, car je pense que c’est très injuste pour notre pays. C’est très injuste pour notre contribuable. Et je pense que ces pays doivent augmenter leur contribution non pas sur une période de 10 ans ; ils doivent le faire immédiatement. L’Allemagne est un pays riche. Ils disent qu’ils vont l’augmenter un peu d’ici 2030. Eh bien, ils pourraient l’augmenter immédiatement demain et n’avoir aucun problème. Je ne pense pas que ce soit juste pour les États-Unis. (…) l’Allemagne est prisonnière de la Russie parce qu’elle fournit — elle s’est débarrassée de ses centrales au charbon. Ils se sont débarrassés de leur nucléaire. Ils obtiennent une grande partie du pétrole et du gaz de la Russie. (…) Comment pouvez-vous être ensemble quand un pays tire son énergie de la personne contre laquelle vous voulez être protégé ou du groupe dont vous voulez être protégé ? (…) Vous ne faites que rendre la Russie plus riche. Vous ne traitez pas avec la Russie. Vous rendez la Russie plus riche. (…) Et vous avez un pays comme la Pologne qui n’accepte pas le gaz [russe]. Vous jetez un coup d’œil à certains pays – ils ne l’accepteront pas, car ils ne veulent pas être captifs de la Russie. Mais l’Allemagne, en ce qui me concerne, est captive de la Russie, car elle tire une grande partie de son énergie de la Russie. Nous sommes donc censés protéger l’Allemagne, mais ils tirent leur énergie de la Russie. Expliquez-moi ça. Et cela ne peut pas être expliqué  et vous le savez. Président Trump (Petit-déjeuner de travail bilatéral de l’OTAN, Bruxelles, 11 juillet 2018)
La dégringolade morale de l’officialité française a franchi un seuil notable ce jeudi soir avec l’interview télévisée de Benjamin Netanyahu. Certes la honte et les jalousie entre rédactions aidant, l’évènement a vite cédé la place aux faits divers dégoûtants qui sont désormais la matière première de l’information officielle ordinaire. Mais pas un syndicat de journalistes, pas une société de rédacteurs, pas une association professionnelle n’a émis la moindre protestation au moins symbolique ou morale. Pas une « Une » de la presse papier ne mentionne ce désastre moral le lendemain. On avait pourtant observé dans un passé récent une émotivité à vif à propos des évènements du 7 octobre. L’officialité pleurait les mots qui « manquaient », les mots « de trop », les mots « inadaptés » chez les insoumis. Nuits et jours le cirque de l’inquisition médiatique contre nous s’était déployé, des semaines durant où il fallut supporter que pas une question d’interview soit autre chose qu’une accusation. Rien ne nous fut épargné pour avoir refusé de répéter la propagande de guerre de Netanyahu, des Etats-Unis et de divers « influenceurs ». Aucun de nos arguments ne fut entendu. Tout fut résumé par un « complice du Hamas », « outrances », « antisémitisme ». Ma première conférence, de retour du Maroc le 12 octobre, fut interdite à la faculté de Bordeaux, à la demande de l’extrême droite. Ce sera encore le cas trois fois après cela. Au cas présent, au contraire, les perroquets des pouvoirs de notre pays se sont gravement interrogés pour savoir si les protestations populaires contre l’interview du criminel de guerre n’étaient pas elles-mêmes une entrave à la liberté d’expression. Une indignité de plus car ils ne se posaient pas ce type de question deux jours auparavant à propos de la sanction du député insoumis Sébastien Delogu. Netanyahu a pu donc comparer par exemple le débarquement du 6 juin avec l’invasion et le génocide à Gaza ! Ou bien nous assigner à ce concept raciste de « civilisation judéo-chrétienne ». Et combien d’autres ignominies ! Sans autre problème que de les prononcer. Seuls les médias alternatifs en ligne ont marqué leur dégoût et fourni des arguments pour aider à comprendre l’ampleur de la tentative de manipulation qu’a été cette interview. » (…) Ainsi s’effondre petit à petit la légitimation du génocide. La propagande pour simplets que Netanyahu et l’officialité médiatique française ont porté à bout de bras pendant sept mois de massacres s’efface dans le vide. Le gros du travail est déjà fait dans l’opinion comme en témoignent à la fois les mobilisations de la jeunesse issues de toutes les catégories sociales et les innombrables témoignages d’indignation venant de tous les milieux. La cause palestinienne bénéficie d’une adhésion très transversale dans la société française. Droite gauche, pauvres et riches, même si ce n’est pas en même quantité, tous sont représentés du bon côté de cette histoire terrible. Et sauf aux Etats-Unis et en Israël, nulle part on ne voit de gens du commun encourager le massacre des innocents à Gaza. À l’inverse, dans ces deux pays aussi une opinion publique s’exprime contre cette politique. Et de partout viennent des échos selon lesquels, dans les communautés juives d’Europe comme de France des voix se font entendre pour dire « pas en notre nom ». Ce refus de l’alignement communautaire traditionnel s’élargit. Il n’est plus supporté car nombre d’honnêtes consciences voient qu’il débouche au cas présent sur un contre-performance totale. Netanyahu a fait d’Israël le paria des Nations dans les opinions publiques. La force de faire bloc se transforme alors en une stigmatisation généralisée. Elle ne serait pas juste. On voit bien d’ailleurs que personne n’en veut (sauf sans doute quelques excités !). Car contrairement à ce que dit la propagande de l’officialité, l’antisémitisme reste résiduel en France. Il est en tous cas totalement absent des rassemblements populaires. On voit aussi à présent comment dans les milieux des arts se manifestent les actes de résistance clairs et nets. Pourtant les menaces de représailles pèsent bel et bien comme l’a montré dès décembre dernier Roxane Azimi dans le journal « le Monde ». La répression et la criminalisation frappent à coups redoublés. Elle est injuste, ridicule et cruelle comme pour le récent renvoi en correctionnelle du président du syndicat lycéen ou l’expulsion d’un imam à Bordeaux (encore la même préfecture !) pour un dessin pourtant banal. Les violences des milieux liés à Netanyahu abondent en revanche. Elles s’exposent sans retenue. Mais elles ne sont jamais ni sanctionnées, ni même mentionnées. Pour autant, une fois diffusées par le bouche à oreille, elles fortifient le dégoût que leurs auteurs inspirent. Et le plus nouveau : plus personne n’a peur ! L’apprentissage du sang froid populaire est brillant : tout le monde évite le contact pour ne pas donner prétexte à la meute. Ainsi quand le député Meyer Habib (celui-là de nouveau !) va faire le coup de poing à la fac de Dauphine contre une conférence de Rima Hassan, où est blessé un agent de sécurité et où des vitres sont brisées. De surcroît il était flanqué de Tapiro le fondateur de « la milice de défense de la diaspora » toujours légalement enregistrée à la préfecture des Hauts de Seine sans que le préfet n’ait réagi. Il ne se passe rien. Omerta. Rien non plus quand les permanences insoumises ou les députés eux-mêmes sont agressés, leur permanence caillassée et ainsi de suite. Dernière en date : une députée insoumise se fait enlever une roue de sa voiture… Caricature : quand Meyer Habib (encore lui) bouscule le député David Guiraud parlant devant une rangée de micros, c’est ce dernier qui est mis en cause pour « antisémitisme » sur les plateaux de télé. Je mentionne ces situations caricaturales pour montrer qu’elles ont aussi une productivité finale en notre faveur. Notre méthode n’est pas l’avant-gardisme mais l’éducation populaire de masse. Il faut miser sans pause sur elle et l’intelligence collective de masse. Le rayon paralysant abusif de l’accusation d’antisémitisme est désormais sans effet. Seule l’officialité croit ses mauvais coups invisibles. À l’ère des réseaux sociaux, tout se sait, tout se voit. Le deux poids deux mesures, aveuglant dans la période, a reconstruit et alimenté un dégagisme formidable dans les bases de la société. L’officialité est rejetée comme au beau temps du référendum de 2005 sur la pseudo constitution néolibérale de l’Europe. En attestent les plus de deux cent mille signatures en 48 heures contre la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet parce que le pin’s [sic] pro Israël qu’elle portait en action à la présidence de séance vaut bien le drapeau de Sébastien Delogu comme affichage politique. Le montrent ces masses de gens chaque jour dans la rue, ces meetings LFI archi pleins dans la moindre commune alors que le pilonnage médiatique diffamant est incessant contre notre mouvement. Le confirment ces centaines de personnes qui s’engagent pour faire des porte à porte avec les groupes insoumis. Ce sont autant de signes dont la signification déborde le cadre de la seule question palestinienne. Mais il va de soi que cela montre aussi un fait culturel collectif désormais profond dans notre peuple à propos de la situation au Proche-Orient. Bien-sûr tout cela aura une expression dans les urnes. Nous le souhaitons. Nous y travaillons. Rien de plus naturel, rien de plus républicain et de démocratique que de demander au suffrage universel de trancher une question politique. On nous accuse à ce propos de clientélisme électoral auprès des musulmans. Comme si seuls les musulmans étaient hostiles au génocide. Le racisme, c’est aussi de croire que seule l’opinion favorable à Netanyahu serait légitime et ses quartiers d’élection seuls à être civiques. Comme si l’alignement absurde sur les éléments de langage de Netanyahu n’était pas pour sa part, tout simplement, l’expression d’un clientélisme islamophobe, anti arabe, et colonialiste. Là aussi le résultat électoral s’affiche déjà. Malheureusement ! C’est la progression incroyable des intentions de vote attribuées au Rassemblement national. Celui-ci n’a pas d’autres explications. En effet cette organisation et ses leaders ne disent, ni ne proposent, rien. Ils ne font rien d’autres que d’encaisser les dividendes d’un racisme mondain désormais décomplexé et relayé mille fois par jour sous prétexte de lutte contre l’antisémitisme. L’accusation de clientélisme à l’égard des quartiers est une démonstration des plus claires de ce nouveau racisme devenu officiel et systémique chez nombre de commentateurs. La ruine morale de l’officialité, publiquement actée par sa veulerie devant le prêche grossier de Netanyahu à la télévision française, est une étape cruciale. Annoncée par Meyer Habib (encore lui), elle survient deux jours après le drapeau palestinien levé dans l’hémicycle par l’insoumis marseillais Sébastien Delogu. Le lien entre les deux fait sens ! Il y a des dizaines d’heures de plateau télé anti LFI. Donc l’estime pourtant acquise par les insoumis l’a été par la conflictualité. C’est-à-dire en assumant la contradiction que l’adversaire aurait voulu nous faire fuir en panique. Ils ont commencé en nous dénonçant comme « complice du Hamas ». Les commandos voyous de « nous vivrons » venaient avec ce mot d’ordre agresser nos réunions. Ils ont perdu. Ils ne nous ont pas impressionnés. Par contre la meute s’est disloquée. La vieille gauche elle-même finit la séquence, soit réalignée sur nous soit dans une attitude défensive pathétique. L’esprit public s’est construit et orienté. Il s’est instruit et affiné. Telle est la vertu du refus de céder aux coup de fouets. Et le peuple a bien vécu notre capacité de résistance. La coordination avec les associations de défense de la cause palestinienne a été exemplaire de respect mutuel. À leur tour les gens s’enhardissent et tiennent tête partout où ils le peuvent. Le peuple est devenu acteur politique de cette bataille. Tout le monde ne peut pas en dire autant. Femmes et hommes viennent aux manifestations, aux meetings, portent les drapeaux, crient des slogans, s’expliquent en familles, échangent des arguments et des vidéos, préparent le vote du 9 juin dont la signification est comprise partout comme un débouché de la lutte. Pour moi il n’y a pas de meilleure démonstration du schéma théorique de ‘l’ère du peuple’. Jean-Luc Mélenchon
Macron bidouille, avec l’Ukraine, sa « pérégrination mémorielle ». Il efface la collaboration de ce pays avec l’Allemagne nazie. Le premier mort français du Débarquement, le caporal Bouétard, a été tué, le 5 juin 1944, par un Ukrainien du IIIe Reich. Macron, qui rend hommage ce mercredi à ce héros, rappellera-t-il ce fait ? La Russie a contribué fortement à la réussite du débarquement en se battant à l’est, des millions de morts russes. Si pas de Russie, pas d’Ukraine, pour cette commémoration. Allons-nous maintenant vers la Paix ? Non. Nous allons vers la guerre à nouveau. On n’a rien appris. Ivan Rioufol
La chanson est sortie en 1967, au moment où le Général de Gaulle, alors Président de la République, condamne la guerre du Viêt Nam, menée par les États-Unis en soutien de la République du Viêt Nam contre le Nord-Vietnam communiste (à la suite de guerre coloniale et anticommuniste de la France de 1946 à 1954) et décide de retirer la République française du commandement intégré de l’OTAN, tout en restant membre de l’organisation. En conséquence de ce retrait, les bases de l’US Air Force présentes en métropole depuis 1950, à la demande de la France, sont évacuées par les Américains. Cette chanson est originellement envisagée pour Alain Delon (que Sardou rencontre lors du tournage de Paris brûle-t-il ?, le chanteur y faisant de la figuration) qui veut à cette époque enregistrer un disque. Pris par d’autres engagements, il décline la proposition. Remarquée par ses paroles politiquement engagées, la chanson est censurée à la demande des autorités gaullistes et interdite de radio, à l’exception de RTL qui la diffuse. Elle vaut à Sardou, âgé de 20 ans, une petite notoriété, un premier succès d’estime et d’être catalogué comme un chanteur de droite alors que les chansons engagées dans les années 1960 penchent plutôt à gauche. Malgré ce titre remarqué, sa carrière ne décolle pas et ses ventes de disque restent faibles. Wikipedia
Un cas particulier, Les Ricains (comme Douce France, chanson de résistance sous Pétain, et chanson collabo en 1945) Les Ricains, de Michel Sardou, la chanson devenue un classique du répertoire de Michel Sardou a pourtant suscité la critique, et ce pour différentes raisons, toutes d’ordre idéologique, qui parfois s’additionnent. Ainsi, les antifascistes accusent l’interprète de complaisance en exécutant le salut hitlérien durant le tour de chant, les antiaméricains accusent l’auteur d’Atlantisme, les ex-collaborationnistes relativisent les méfaits de l’occupation allemande, les communistes dénoncent le caractère antisoviétique de l’interprétation par son assimilation du soviétisme au nazisme: à la fin du tour de chant l’interprète est bras tendu et enchaîne de la main le salut hitlérien avec le salut de Lénine en chantant « Vous seriez tous en Germanie / À parler de je ne sais quoi / À saluer je ne sais qui » ; si les crimes d’Hitler sont établis dès 1946 avec le procès de Nuremberg, ce n’est qu’en 1956 que sont révélés les crimes de Staline. Quant aux gaullistes, ils dénoncent la minimisation de la participation française à la libération du pays. Wikipedia
Monsieur le Président de France est une chanson écrite et interprétée par Michel Sardou. Composée par Jacques Revaux, elle sort en 1969 puis paraît par la suite sur l’album J’habite en France. (…) La chanson est une lettre envoyée, sous forme d’invective, au président de la République Française Charles de Gaulle, par un Américain dont le père est mort au combat en France en 1944, (cf. Percée d’Avranches) (…) Sardou s’indigne avec ce titre, du comportement de certains manifestants contre la guerre du Viêt Nam qui n’hésitent pas à brûler le drapeau américain (…) L’interprète rappelle aussi au président de la République française, que la France a un devoir de mémoire envers son allié américain, regrettant qu’il ne l’évoque pas plus souvent (…) La chanson fait écho à Les Ricains, autre titre emblématique de Michel Sardou. Wikipedia
Le type de nationalisme américain belliqueux de Trump est une très mauvaise idée pour de nombreuses raisons, notamment parce qu’elle encourage Vladimir Poutine et Xi Jinping à cibler les alliés américains les plus faibles. Mais Trump est aussi le messager d’un avertissement que les Européens ont désespérément besoin de prendre en compte. En bref : Bougez vous ! L’Europe est aujourd’hui confrontée à quatre grands défis qui déterminent généralement le destin des grandes puissances. Examinons-les brièvement : Croissance et dynamisme : en 1960, les 28 États membres de l’UE – les 27 pays actuellement membres de l’Union européenne, plus la Grande-Bretagne – représentaient 36,3 % du produit intérieur brut mondial. En 2020, cette part est tombée à 22,4 %. D’ici à la fin du siècle, elle devrait tomber à un peu moins de 10 %. En revanche, les États-Unis ont conservé une part à peu près constante – environ un quart – du PIB mondial depuis l’administration Kennedy. Pensez à n’importe quelle industrie de pointe – intelligence artificielle, puces, logiciels, robotique, génomique – et demandez-vous (à quelques honorables exceptions près) où se trouve le Microsoft, le Nvidia ou l’OpenAI européen. La puissance militaire : Lorsque la guerre froide a pris fin en 1990, l’armée ouest-allemande comptait plus de 500 000 soldats et consacrait 2,5 % de son PIB à la défense. L’année dernière, elle n’était plus que de 181 000 soldats et de 1,57 %. La marine royale britannique, la plus puissante du monde au début de la Seconde Guerre mondiale, ne peut plus déployer que 10 sous-marins et moins de deux douzaines de grands navires de surface, dont certains sont inactifs. En cas de guerre totale, les Britanniques épuiseraient leurs capacités de défense en deux mois environ, selon un rapport de la commission de la défense de la Chambre des communes. Il en irait probablement de même – si ce n’est plus tôt – pour tous les États membres de l’Union européenne, à l’exception de la Pologne, qui entend consacrer jusqu’à 5 % de son PIB à la défense l’année prochaine. Démographie : Qu’ont en commun le chancelier allemand Olaf Scholz, son prédécesseur Angela Merkel, le président français Emmanuel Macron, le premier ministre néerlandais Mark Rutte et l’ancienne première ministre britannique Theresa May ? Ils n’ont pas d’enfants. C’est leur affaire personnelle (et c’est loin d’être représentatif de tous les dirigeants de l’Union européenne), mais c’est symbolique d’un continent où un peu moins de 3,9 millions d’Européens sont nés en 2022 et où 5,15 millions sont décédés. La diminution et le vieillissement de la population s’accompagnent généralement d’une faible croissance économique, notamment parce que l’esprit d’entreprise est généralement l’apanage des jeunes. L’Europe est confrontée à un défi supplémentaire : un taux de natalité musulman relativement élevé, ainsi que la perspective d’une migration musulmane à long terme. Selon un scénario de « migration moyenne » estimé par Pew, en 2050, la Grande-Bretagne comptera près de 17 % de musulmans, la France 17,4 % et la Suède 20,5 %. Ceux qui s’interrogent sur la montée en puissance des partis européens d’extrême droite, qui sont largement favoris pour remporter les élections de cette semaine au Parlement européen et qui sont souvent favorables à Vladimir Poutine, savent qu’il s’agit d’un facteur à prendre en compte. Et ils doivent être honnêtes sur le fait que les valeurs de ces populations musulmanes, dont le nombre est déprimant, sont fondamentalement en contradiction avec les traditions européennes de tolérance morale et de libéralisme politique. Objectif et volonté : Nombre des échecs actuels de l’Europe sont expliqués (souvent par les dirigeants européens eux-mêmes) comme un problème de mécanique politique : coordination insuffisante entre les États, pouvoir inadéquat à Bruxelles, absence de transmission entre les objectifs déclarés et les résultats concrets. Mais le problème n’est pas seulement un problème de processus. C’est aussi un problème d’état d’esprit. Quelques questions : Si la Russie bat l’Ukraine et décide dans quelques années d’attaquer l’un des pays baltes, existe-t-il un vivier de jeunes Allemands, Belges ou Espagnols prêts à mourir pour Tallinn ou Vilnius ? Alors que les membres européens de l’OTAN s’efforcent d’atteindre l’objectif minimal de consacrer 2 % de leur PIB à la défense, sont-ils prêts à accepter le fait qu’ils devraient probablement en dépenser deux fois plus ?  À quel degré de protection de l’État, en matière de protection sociale et de réglementation économique, les électeurs européens vieillissants sont-ils prêts à renoncer au profit de la création d’une économie plus dynamique pour un nombre décroissant de jeunes ? Quelle force les dirigeants européens sont-ils prêts à déployer pour insister sur le fait que leurs valeurs – y compris la liberté d’expression, les droits des femmes et les droits des homosexuels – doivent être protégées contre les instincts illibéraux d’une part croissante de leurs électeurs ? Les idées de Trump sur l’OTAN, son attitude de gagnant à somme nulle, son penchant pour les hommes forts et son ignorance et son indifférence à l’égard de l’histoire sont tous, à juste titre, des motifs d’inquiétude pour l’Europe. Mais les gens, et les nations, réussissent ou échouent dans la mesure où ils refusent de confier à d’autres la responsabilité de leur destin. « Le monde est ce qu’il est ; les hommes qui ne sont rien, qui s’autorisent à devenir rien, n’y ont pas leur place », a prévenu un jour V.S. Naipaul. C’est un bon conseil pour l’Europe en ce jour d’anniversaire solennel de sa précédente libération.Bret Stephens
La première commémoration du débarquement a lieu en 1945, à Arromanches, en présence de l’ambassadeur britannique Duff Cooper et de sa femme, Diana Cooper, et de soldats britanniques. Depuis, chaque année, des commémorations ont lieu le 6 juin pour célébrer le débarquement et le début de la libération de l’Europe de l’Ouest. Jusque dans les années 1980, les commémorations du débarquement sont essentiellement militaires : les chefs d’État ne sont pas représentés. Leur mise en place après la guerre doit beaucoup à Raymond Triboulet, député du Calvados et plusieurs fois ministre des Anciens combattants. Aucun président américain ne vient sur les plages normandes avant Ronald Reagan (excepté Jimmy Carter en 1978, mais à titre privé). Ce phénomène commémoratif assez récent tient en particulier aux réticences du général de Gaulle à célébrer une opération militaire anglo-américaine, dont les Français avaient été en grande partie exclus. En 1964, le général de Gaulle refuse de participer au 20e anniversaire du débarquement ; il délègue l’un de ses ministres qui déclare que le succès du Jour J était dû à la résistance française. Mais dans le contexte de guerre froide, afin de montrer aux Soviétiques que la Seconde Guerre mondiale n’avait pas uniquement été gagnée à l’est mais aussi à l’ouest, le bloc occidental décide de médiatiser davantage ce cérémonial. Le tournant est dû à François Mitterrand qui, en 1984, transforme la cérémonie militaire d’alors en cérémonie politique où sont invités les chefs d’État. L’historien Olivier Wieviorka note ainsi : « dorénavant, les commémorations ne sont plus axées sur l’idée de victoire, mais sur l’idée de paix, de réconciliation et de construction européenne ». Cela va de pair avec une américanisation de l’événement, qui se manifeste avec l’emprunt à l’anglais américain du terme « vétéran », et de l’expression « D-Day » à la place de « Jour J ». Après la fin de l’URSS, d’autres nations se joignent aux commémorations, comme en 2004 l’Allemagne (avec le chancelier Gerhard Schröder) et la Russie. La télévision, vecteur de masse, vecteur de mémoire, contribue à écrire un récit du Débarquement, notamment lors des commémorations qui sont les cérémonies sans doute les plus médiatisées parmi tous les événements relatifs à la mémoire de la Seconde Guerre mondiale. « La date du 6 juin 1944 semble aujourd’hui résumer à elle seule la victoire alliée. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. En 1945, un sondage Ifop demandait aux Français : « Quelle est la nation qui a le plus contribué à la défaite de l’Allemagne nazie ? » Réponse : URSS à 57 % et États-Unis à 20 %. En 2004, les chiffres s’étaient inversés. Entre les deux, il y a eu la chute du bloc soviétique et le fantastique succès des films hollywoodiens, qui, du Jour le plus long (1962) à Il faut sauver le soldat Ryan (1998), ont redessiné le souvenir des derniers mois de la guerre. Wikipedia
L’État, dans le cadre de sa politique mémorielle, va donner un lustre exceptionnel aux commémorations du Débarquement. C’est un phénomène récent: jusqu’en 1984, on ne peut pas dire que l’État se passionne pour le Débarquement. Certes, en Normandie, la mémoire locale est très vivante. Une personnalité comme Raymond Triboulet (résistant, député du Calvados, ministre des Anciens Combattants sous la IVe et la Ve République, NDLR) a joué, dès la Libération, un rôle important dans les commémorations. Mais ce sont alors plutôt des cérémonies militaires anglo-américaines: les chefs d’État ne sont pas représentés. Aucun président américain ne vient sur les plages normandes avant Ronald Reagan, hormis Jimmy Carter en 1978 à titre privé. Les autorités françaises, notamment sous la période gaullienne, sont particulièrement réticentes à commémorer le Débarquement parce que c’est une opération anglo-américaine dont les Français ont été exclus. À commencer par de Gaulle qui refuse de venir sur les plages en 1964. À l’époque, ces cérémonies, marquées par la guerre froide, revêtent un double enjeu: montrer aux Soviétiques que la guerre a été gagnée à l’Est, certes, mais également à l’Ouest: le Débarquement équilibre la victoire de Stalingrad. Montrer, par ailleurs, que l’Alliance atlantique est solide – à commencer par la relation particulière entre Londres et Washington. (…) [En 1984] François Mitterrand a l’intelligence de transformer la cérémonie militaire en cérémonie politique où viennent les chefs d’État. Dorénavant, les commémorations ne sont plus axées sur l’idée de victoire, mais sur l’idée de paix, de réconciliation et de construction européenne. On assiste aussi à une internationalisation de la mémoire du Débarquement, de façon d’ailleurs un peu oxymorique parce qu’elle va de pair avec son américanisation. Par exemple, on utilise le terme de « vétéran », un américanisme, pour désigner les anciens combattants. Dans l’opinion, le Débarquement est avant tout une opération américaine. Autre élément: d’autres nations se sont jointes aux commémorations. En 2004, le chancelier Gerhard Schröder participe aux cérémonies et déclare qu’«Overlord» n’est pas une défaite de l’Allemagne, mais une étape dans l’effondrement du nazisme. Cette même année, les Russes sont aussi présents, ce qui permet de réintégrer le front de l’Est dans le tableau global de la guerre. En 2009, priorité a été donnée au tête-à-tête Sarkozy-Obama, ce qui a minoré la présence britannique. La mémoire du Débarquement s’est donc universalisée autour de commémorations qui ne divisent pas mais qui rassemblent. Avec des limites toutefois: gageons que la présence de Poutine en Normandie ne rendra pas la Crimée à l’Ukraine… (…) C’est un événement capital. Mais il faut toujours rappeler que la guerre a d’abord [?] été gagnée à l’Est et par l’Armée rouge. Quatre-vingts pour cent des pertes de la Wehrmacht interviennent sur le front de l’Est. Il ne faut donc pas surestimer l’incidence du Débarquement. La guerre aurait sans doute été gagnée à l’Est même s’il n’avait pas eu lieu. «Overlord» n’en reste pas moins capital. D’abord parce que le Débarquement soulage l’effort de guerre des Soviétiques. Ensuite, parce qu’il complique la tâche des Allemands qui sont obligés – vieille hantise – de combattre sur deux fronts. Enfin, parce qu’il permet une libération somme toute assez rapide de l’Europe de l’Ouest. Toutefois, si la France et la Belgique sont libérées rapidement, la Scandinavie et l’Italie du Nord restent sous la botte jusqu’en 1945. (…) Le Débarquement est un événement iconique. Nous devons la liberté aux hommes du 6 juin et il faut rappeler ce fait. D’ailleurs, l’annonce du Débarquement a littéralement transporté les peuples de joie. Quand la nouvelle a atteint les camps de concentration, les déportés ont repris espoir. L’événement a un caractère quasi messianique. Or rares sont dans l’histoire les événements qui ont, à ce point, enthousiasmé les peuples. Si le Débarquement a frappé les imaginations, c’est en raison de la propagande. Les Allemands avaient tellement répété que le mur de l’Atlantique était invincible… Rétrospectivement, les Européens ont été soulagés de voir que la propagande de Goebbels n’était qu’un leurre: le mur de l’Atlantique n’a tenu que quatre heures. Le Débarquement frappe aussi les imaginations en raison de sa dimension romanesque: la personnalité des grands chefs – Patton ou Montgomery, le suspense d’une opération prévue pour le 5 juin puis reportée, à cause de la météo. «Overlord» se caractérise aussi par des exploits techniques, le port artificiel d’Arromanches, les espions… Et les peuples projettent leurs idées: pour bien des Américains, le Débarquement rembourse la dette de La Fayette. Tous ces éléments ont frappé les esprits et contribué à magnifier cet événement. Ce constat ne doit pas nous empêcher de réfléchir. Est-ce qu’une armée doit partager les buts de guerre de ses dirigeants pour bien combattre? Comment lutter contre le scepticisme des combattants, une donnée importante pour une armée américaine faiblement endoctrinée? Comment gérer les pertes psychiatriques, problème majeur en juin et juillet 1944 comme dans bien d’autres conflits? À la vision magnifiée du Débarquement répondent des réalités complexes sur lesquelles l’historien doit poser un regard plus froid, même si c’est parfois douloureux, même s’il est parfois mal perçu de contredire la légende. (…) Cette année, pour la première fois, honneur sera rendu aux victimes civiles des bombardements (3000 tués le jour J, 15.000 durant les combats en Basse-Normandie, NDLR) par François Hollande au Mémorial de Caen. Cet hommage a longtemps été évité. Il aurait pu être interprété comme une critique des Alliés et de leurs bombardements. Il ne fallait sans doute pas gâcher la fête. Réintégrer les victimes civiles dans le panorama mémoriel s’impose sans doute pour rappeler les souffrances des civils. Par ailleurs, on en sait encore trop peu sur le combattant allemand de l’été 1944. Quels sont ses horizons d’attente? Croit-il vraiment pouvoir remporter la victoire? Pourquoi combat-il? Sur ces aspects, les études manquent. Olivier Wiervoka
L’absence de De Gaulle était dictée, en partie, par son propre mythe de la libération, selon lequel les Français s’étaient libérés seuls du joug allemand, un mythe destiné à guérir les divisions politiques et idéologiques qui avaient marqués la nation après quatre années d’occupation allemande. Mais il reflète aussi les efforts de de Gaulle pour réaffirmer le rôle de la France comme une puissance de premier rang après les dommages causés par l’occupation nazie et les défaites militaires face aux insurrections anti-coloniales en Indochine et en Algérie. Son absence en Normandie a précédé sa demande, deux ans plus tard, de voir le siège de l’OTAN quitter Paris. Minimiser le rôle de l’Amérique dans le passé de la France allait de pair avec sa mise à l’écart dans le présent. A la même époque, la population civile de la Normandie a commencé à insister sur la commémoration de ses sacrifices, causés principalement par les bombardiers américains. Avec 3.000 victimes, autant de Normands que d’Américains sont morts le 6 Juin 1944. Plus de 20.000 civils ont été tués jusqu’à la fin de la bataille de Normandie à la mi-août. Caen, une ville de valeur stratégique douteuse, a été pulvérisée, tout comme des petites villes comme Saint-Lô. Les bombes alliées ont transformé la campagne en hécatombe, les champs criblés de cratères de bombes et de charognes de vaches et de chevaux. En 1964, l’année où de Gaulle s’était absenté de la commémoration officielle, les journaux français ont pour la première fois publié les témoignages de civils qui avaient survécu à leur propre libération. Quarante années supplémentaires se sont écoulées avant qu’une commémoration officielle reconnaisse l’énorme tribut payé par les civils français. Robert Zaretzky
Aussi regrettable que soit la perte de vies civiles qui en découle, je ne suis pas prêt à imposer… une quelconque restriction à l’action militaire. Franklin D. Roosevelt (11 mai 1944)
De nombreux civils français ont été tués et beaucoup de dégâts ont été causés, ce qui n’a pas aidé matériellement notre armée à prendre le port. Arthur Harris (octobre 1944)
Wildermuth a demandé un armistice de deux jours pour évacuer les (nombreux) civils qui se trouvaient sur place. Ce n’était pas une décision facile ou agréable à prendre, mais j’ai dû la refuser car il était manifestement à son avantage de se débarrasser d’eux – il gagnerait du temps, n’aurait plus rien à nourrir et se débarrasserait des agents français et des résistants actifs. Lieutenant-général Crocker
Les survivants ont fui leurs villes en masse, se dirigeant vers les villages environnants. On estime à cent mille le nombre de survivants après la première nuit de bombardements, accueillis par les paysans et les fermiers. Lorsque l’industrie du jour J a vu le jour dans les années 1950, personne ne parlait des personnes tuées par les Alliés, ni de la vie des survivants…. L’idée de la commémoration du jour J était celle du pèlerinage : au début, les familles et les vétérans venaient, à juste titre, rendre visite à leurs morts dans les cimetières. Ensuite, le tourisme s’est développé. La population locale a donc été obligée de transférer son devoir de mémoire aux Britanniques et aux Américains tombés au champ d’honneur, et par là même aux peuples britannique et américain….Les survivants ont une autre histoire, une histoire de victime qui n’est pas glorieuse et qui remet en cause les opportunités économiques de la victoire…. Le ressentiment s’est accumulé. Le ressentiment s’est accumulé et est devenu un sujet de conversation autour de la table de la cuisine.Jusqu’au début des années 1980, lorsque des étudiants retraités de l’Université inter-âge ont déclaré : « Ça suffit, nous voulons que les morts soient comptés et que notre histoire soit racontée. Françoise Passera
Nous ne savions pas qui c’était ! Nous avons été bombardés par les Anglais, puis par les Américains, mais les bonnes sœurs ne disaient rien à ce sujet. Nous avons appris bien plus tard qui était le coupable. Pendant des mois, nous n’avons pas su qui avait fait ça. C’était la libération, mais ce n’est pas la même chose que d’être bombardé par ses amis. Simonne Leterreux
Au petit matin du 15 juin 1944, Évrecy – ainsi que la localité voisine d’Aunay-sur-Odon – fut la cible de 223 bombardiers lourds Lancaster et 100 bombardiers lourds Halifax, ainsi que de 14 bombardiers légers Mosquito de la Royal Air Force britannique, dans le cadre de la campagne de libération de la France qui débuta avec l’invasion des Alliés le 6 juin. À Évrecy, le quartier général de la douzième division Panzer de la Wehrmacht est détruit et 130 civils sur 430 sont tués, soit la proportion la plus élevée dans une localité au cours de la bataille de Normandie.A Aunay, où il n’y avait pas d’objectif militaire, 200 civils ont été tués, soit plus d’un dixième de la population. (…) Le 6 juin prochain, les dirigeants du monde entier, des milliers de touristes et quelques familles de soldats libérateurs se réuniront pour le quatre-vingtième anniversaire du jour J. Ce sera soit la dernière grande commémoration, soit la plus importante.Ce sera soit la dernière grande commémoration à laquelle participeront des vétérans de la guerre, soit la première à laquelle il n’y en aura pas.Mais peu d’entre eux connaîtront la partie la plus sombre de l’histoire du jour J : le massacre de civils français par une campagne de bombardements britanniques et américains considérée par les historiens et même par certains de ses commandants comme n’ayant eu que peu ou pas d’utilité militaire.Au cours des trois mois qui ont suivi le jour J, près de 18 000 civils français ont été tués par les bombardiers britanniques et américains, soit près des deux cinquièmes des 51 380 personnes au moins tuées par les bombardements alliés pendant la guerre. C’est peu par rapport aux 420 000 Allemands estimés avoir été tués par les bombes alliées, mais c’est à peu près l’équivalent des 60 000 civils britanniques tués pendant le Blitz. (Le même nombre de civils italiens a également été tué par les bombardements alliés, dont les deux tiers après la signature de l’armistice en septembre 1943). Pourtant, alors que le Blitz fait l’objet d’un culte dans la mémoire historique britannique, ces victimes françaises des bombes alliées sont restées quasiment invisibles pendant les cinq décennies qui ont suivi le jour J et ont occupé une place marginale dans l’histoire de la guerre au cours des années qui ont suivi. Elles sont absentes non seulement des récits officiels britanniques et américains, mais aussi des récits français – il était considéré comme ingrat d’offenser les libérateurs, et l’économie normande repose en grande partie sur le tourisme du jour J. Les visiteurs viennent entendre parler de la victoire.Les visiteurs viennent pour entendre parler de la victoire, et non d’un massacre d’innocents par leurs propres forces aériennes. L’un des premiers livres à relater les bombardements alliés est L’Enfer du Havre, 1940-1944 (1948) de Julien Guillemard, qui se termine par un récit saisissant du bombardement du Havre en septembre 1944, après la libération du reste de la Normandie et même de Paris.Le dernier chapitre s’intitule « La Ville Assassinée ». »Qu’est-ce qu’ils font, ces alliés !s’emporte Guillemard. En 1977, Eddy Florentin, lui aussi rescapé du bombardement, publie un autre récit, Le Havre 44 : À feu et à sang, dont la dernière ligne est la suivante : « Mais quelle libération pour Le Havre ? » Pourtant, la colère confuse exprimée dans ces livres a disparu jusqu’aux années 1980, lorsque deux initiatives ont convergé. La première fut la construction du Mémorial de Caen, qui ouvrit ses portes en 1988. D’autre part, des survivants étudiant dans le cadre d’un programme pour étudiants adultes à l’Université inter-âges de Caen ont voulu faire entendre leur voix. Le lien entre les deux est l’historien Jean Quellien, à qui le Mémorial de Caen et l’université de Caen ont demandé de diriger le Centre de recherche historique quantitative sur le campus universitaire.Quellien et son équipe de chercheurs ont recensé et nommé les morts dans cinq énormes volumes publiés entre 1994 et 1997 : 4 158 en Haute-Normandie et 13 632 en Basse-Normandie, soit un total confirmé de 17 790, auxquels s’ajoutent les disparus, qui n’ont pas été nommés.Le bombardement des civils français occupe quelques pages du best-seller d’Antony Beevor, D-Day : The Battle for Normandy (2009).Beevor s’est heurté à l’hostilité pour avoir suggéré que le bombardement de Caen était « très proche d’un crime de guerre ».À cette époque, un autre historien britannique, Andrew Knapp, de l’université de Reading, travaillait spécifiquement sur les bombardements alliés en France.Avec Claudia Baldoli, il a rédigé le premier compte rendu en anglais des bombardements alliés sur la France et l’Italie, Forgotten Blitzes :France and Italy Under Allied Air Attack, 1940-1945 (2012), que Knapp a fait suivre d’un livre plus long en français, Les Français sous les bombes alliées, 1940-1945 (France Under the Allied Bombs, 1940-1945 ; 2014) Mais à part celui de Beevor, ces livres n’ont pas touché un large public ; ils sont absents des librairies normandes et même de la boutique du Mémorial de Caen. Parmi les nombreux volumes de Quellien, un seul – Les Civils dans la bataille de Normandie (2014), écrit avec Françoise Passera – était disponible lors de notre visite, à côté de centaines d’autres titres sur la victoire militaire des Alliés, ainsi que des souvenirs du jour J et des produits dérivés. Le silence des présidents français sur les bombardements est déconcertant, à commencer par celui de Charles de Gaulle. « Ses mémoires donnent une idée des dégâts subis par la France, mais aucunement de la responsabilité des Britanniques et des Américains. À ma connaissance, il n’a jamais protesté », explique M. Knapp. »De Gaulle n’est jamais venu sur les plages du jour J ou lors des commémorations, explique Stéphane Grimaldi, directeur du Mémorial de Caen, et n’a jamais rendu hommage à ses compatriotes tués par les bombardements.Enfin, en 2014, à la demande de Stéphane Grimaldi, le président François Hollande a fait référence aux victimes civiles dans son discours commémorant le soixante-dixième anniversaire du jour J.Le président Emmanuel Macron devrait rendre hommage aux morts dans un discours prononcé cette année à Saint-Lô, mais apparemment pas lors des commémorations sur la plage.Mais lorsque la rhétorique résonnera ce 6 juin, combien d’orateurs reprendront les mots de Jean Quellien ?Des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants n’ont jamais pu voir la fin de cette journée historique, qui s’est ouverte dans l’espoir et s’est achevée dans la consternation et les larmes. Au total, les raids de l’US Air Force font un millier de morts et de très nombreux blessés. Les photographies aériennes rapportées en Grande-Bretagne montrent les destructions, mais elles sont jugées insuffisantes. Les bombardements combinés du 6 juin et de la nuit du 6 au 7 juin ont coûté la vie à environ trois mille civils. Aucun dirigeant américain ou britannique n’a jamais fait référence, et encore moins rendu hommage, aux morts français lors d’une quelconque occasion publique.Le bombardement des villes et villages normands faisait initialement partie du plan de transport des Alliés visant à détruire les liaisons ferroviaires et routières allemandes.Churchill émet des réserves sur cette stratégie, tout comme le chef du Bomber Command de la RAF, le maréchal de l’air Arthur Harris, tristement célèbre pour son enthousiasme à l’égard des tapis de bombes, et son homologue américain, le général Carl Spaatz.Mais le président Franklin D. Roosevelt a opposé son veto à toutes les objections.« Aussi regrettable que soit la perte de vies civiles qui en découle », a-t-il déclaré le 11 mai 1944, « je ne suis pas prêt à imposer […] une quelconque restriction à l’action militaire ».Selon Knapp, à partir du jour J, « les hommes politiques se sont lavés les mains de tout carnage, justifié ou non, que les chefs militaires étaient prêts à déclencher ».La doctrine des bombardements « en tapis » ou « de zone » n’était pas nouvelle.La Grande-Bretagne avait déjà bombardé des civils en Afghanistan et dans ce qui était alors l’Inde britannique, ainsi qu’en Irak, où le jeune et enthousiaste Harris avait servi dans la RAF. Au total, les raids de l’US Air Force font un millier de morts et de très nombreux blessés. Les photographies aériennes rapportées en Grande-Bretagne montrent les destructions, mais elles sont jugées insuffisantes. Les bombardements combinés du 6 juin et de la nuit du 6 au 7 juin ont coûté la vie à environ trois mille civils. Aucun dirigeant américain ou britannique n’a jamais fait référence, et encore moins rendu hommage, aux morts français lors d’une quelconque occasion publique.Le bombardement des villes et villages normands faisait initialement partie du plan de transport des Alliés visant à détruire les liaisons ferroviaires et routières allemandes.Churchill émet des réserves sur cette stratégie, tout comme le chef du Bomber Command de la RAF, le maréchal de l’air Arthur Harris, tristement célèbre pour son enthousiasme à l’égard des tapis de bombes, et son homologue américain, le général Carl Spaatz.Mais le président Franklin D. Roosevelt a opposé son veto à toutes les objections.« Aussi regrettable que soit la perte de vies civiles qui en découle », a-t-il déclaré le 11 mai 1944, « je ne suis pas prêt à imposer […] une quelconque restriction à l’action militaire ».Selon Knapp, à partir du jour J, « les hommes politiques se sont lavés les mains de tout carnage, justifié ou non, que les chefs militaires étaient prêts à déclencher ». La doctrine des bombardements « en tapis » ou « de zone » n’était pas nouvelle.La Grande-Bretagne avait déjà bombardé des civils en Afghanistan et dans ce qui était alors l’Inde britannique, ainsi qu’en Irak, où le jeune et enthousiaste Harris avait servi dans la RAF. Le théoricien militaire italien, le général Giulio Douhet, avait prévu dans les années 1920 que le vainqueur de la prochaine guerre « effrayante » serait le combattant le mieux à même de bombarder les civils depuis les airs. Au début de 1944, la RAF disposait de 863 bombardiers lourds Sterling, Halifax et Lancaster. La huitième armée de l’air américaine est formidablement équipée d’une flotte de B-17 Flying Fortresses et de B-24 Liberators. Mais les bombardements de zone sont censés être dirigés contre les populations ennemies, et non contre les civils des pays alliés qui aspirent à être libérés. La ville cathédrale de Rouen a reçu la première salve, à partir du 19 avril 1944, lorsque la banlieue de Sotteville-lès-Rouen a été bombardée et que plus de 850 civils ont été tués.Knapp a trouvé des documents montrant que Churchill souhaitait que les commandants veillent à ce que le nombre de victimes civiles françaises du plan de transport ne dépasse pas 10 000 et demandait au maréchal des logis-chef Arthur Tedder de le tenir informé du « score ».Le 23 mai, Tedder fait état de 6 062 morts, ce qui laisse ce qu’il appelle un « solde créditeur restant » de 3 938 civils qu’il est encore permis de tuer.Le jour J marque le début de l’assaut principal.Dans The Bombing War : Europe, 1939-1945 (2013), l’historien Richard Overy écrit que le poids de l’attaque que pouvaient désormais employer les commandements de bombardiers était disproportionné par rapport à la nature de la menace terrestre et que, tout compte fait, il n’a guère contribué à accélérer le cours de la campagne. Le Calvados dans la guerre, 1939-1945 (2019) de Quellien qualifie les bombardements de « destruction programmée » des communautés normandes : « Les raids lancés dès le matin du 6 juin sont imprécis et n’ont pas d’impact [militaire]. Les Britanniques bombardent à basse altitude la nuit, les Américains à haute altitude le jour. Au Havre, 85 % des bâtiments sont détruits, à Saint-Lô 77 %, à Lisieux 75 %, à Caen 73 % et à Rouen 42 %. Dans de nombreux villages, les destructions sont encore plus importantes.(…) « La justification était militaire », réfléchit-il.Les Alliés voulaient, à juste titre, détruire l’ennemi allemand.Il y avait des inquiétudes : « Nous ne voulons pas bombarder nos amis », se disaient les Britanniques et les Américains.Mais les réserves ont été mises de côté, et ils l’ont fait quand même.Les discussions montrent seulement qu’ils savaient exactement ce qu’ils faisaient.Cependant, selon M. Quellien, le silence a régné pendant quarante ans sur la question. Nous avons commencé à travailler dans une atmosphère de tabou, voire d’hostilité. L’incrédulité a été immédiate : « Pourquoi nous avez-vous fait ça ? » Les gens ne pouvaient pas croire ce qui s’était passé. Mais ils n’en parlaient pas ouvertement, pas même les personnes qui avaient souffert. L’ambiance était à l’incrédulité : « Qu’est-ce que vous dites ? C’était la libération, pas le bombardement. » L’important, c’était le jour J, et c’est tout ce qui comptait. Les Allemands étaient partis, et si vous demandiez : « Mais qui nous a tués ? », personne ne répondait. La blessure est toujours là, cependant, dit Quellien. En privé, les Normands pointaient du doigt les Britanniques et les Américains, mais seulement à l’intérieur de la maison ». Selon lui, ce silence est en partie dû aux « difficultés diplomatiques » rencontrées pendant la guerre froide :« Ne pas offenser nos libérateurs, qui sont aussi nos alliés atlantiques ». Une difficulté est apparue entre notre véritable histoire et les intérêts de nos politiciens et de nos alliés internationaux.Ce n’est donc que bien plus tard que nous avons fait, disons, « les comptes », et lorsque notre travail a été publié, il n’a pas été bien accueilli.Passera, qui a travaillé en étroite collaboration avec Quellien, explique que « ce qui m’intéresse, ce n’est pas l’histoire militaire, mais l’histoire intime, l’expérience quotidienne des citoyens en temps de guerre ».Comme le montre leur livre Les Normands dans la guerre :Le temps des épreuves, 1939-1945 (2021), elle s’intéresse à « la vie quotidienne dans les ruines ».Des milliers de personnes tentent de vivre dans les décombres de leurs maisons détruites, ou dans d’autres conditions extrêmes ».L’exode des populations fuyant les bombardements est une histoire connexe, presque passée sous silence.« Les survivants ont fui leurs villes en masse, se dirigeant vers les villages environnants », nous dit-elle. »Nous estimons à cent mille le nombre de personnes accueillies par les paysans et les fermiers après la première nuit de bombardements.Passera et Quellien racontent comment « une certaine vie sociale » s’est forgée, avec des nouveau-nés vivant « les premières semaines de leur vie dans des paniers de pommes et des caisses de légumes » sous les bombardiers.Mais tout cela n’était que de l’histoire enfouie. » « Lorsque l’industrie du jour J a vu le jour dans les années 1950, explique M. Passera, personne ne parlait des personnes tuées par les Alliés, ni de la vie des survivants….L’idée de la commémoration du jour J était celle du pèlerinage : au début, les familles et les anciens combattants venaient, à juste titre, rendre visite à leurs morts dans les cimetières.Ensuite, le tourisme s’est développé.La population locale a donc été obligée de transférer son devoir de mémoire aux Britanniques et aux Américains tombés au champ d’honneur, et par là même aux peuples britannique et américain….Les survivants ont une autre histoire, une histoire de victime qui n’est pas glorieuse et qui remet en cause les opportunités économiques de la victoire….Le ressentiment s’est accumulé.Le ressentiment s’est accumulé et est devenu un sujet de conversation autour de la table de la cuisine.Jusqu’au début des années 1980, lorsque des étudiants retraités de l’Université inter-âge ont déclaré :« Ça suffit – nous voulons que les morts soient comptés et que notre histoire soit racontée ».(…) Que pensait Leterreux des bombardements des libérateurs ? »Nous ne savions pas qui c’était !Nous avons été bombardés par les Britanniques, puis par les Américains, mais les bonnes sœurs n’ont rien dit à ce sujet.Nous avons appris bien plus tard qui était le coupable.Pendant des mois, nous n’avons pas su qui avait fait ça.C’était la libération, mais ce n’est pas la même chose que d’être bombardé par ses amis. Quelque deux mille civils ont été tués dans le bombardement de Caen, au cours d’une bataille qui a duré cinq semaines de plus que ce qu’avait prévu le général britannique Bernard Montgomery. (…) Stéphane Grimaldi a pris la direction du Mémorial de Caen en 2005. « Nous avons mené une grande enquête », a-t-il déclaré, et nous avons découvert qu’un répondant sur trois avait un membre de sa famille élargie qui avait été tué ou blessé lors d’un bombardement.Pour la grande majorité d’entre eux, la bataille de Normandie était « extrêmement importante » – c’est notre histoire.Mais, a-t-il averti, la question est de savoir comment nous structurons la mémoire de la bataille.La mémoire officielle à un niveau, et la mémoire domestique à un autre niveau ; la mémoire héroïque publique contre la mémoire des victimes derrière des rideaux fermés.La mémoire héroïque est devenue la mémoire officielle ; il n’y avait que des héros, et l’histoire complète était considérée comme embarrassante parce qu’il s’agissait d’une histoire tragique, et non héroïque.Mais il arrive un moment où la société doit se remettre en question et où les gens veulent comprendre ce qui s’est réellement passé.Deux choses se sont produites :Tout d’abord, un effort a été fait pour que les victimes civiles soient officiellement mentionnées, au moins publiquement.En 2014, M. Grimaldi était sur le site de la tête de pont d’Arromanches pour planifier les commémorations du soixante-dixième anniversaire avec l’historien Jean-Pierre Azéma et conseiller le président Hollande, à qui il a dit : « Il n’y a pas de reconnaissance publique de ce qui est arrivé aux civils ».M. Grimaldi se souvient que « M. Hollande a réagi et a rendu hommage aux victimes civiles dans son discours.J’espérais que cela commencerait à changer la perception ».Deuxièmement, toujours à l’initiative de Grimaldi, l’ouverture en 2016 d’un musée et d’un mémorial aux victimes civiles dans la ville normande de Falaise. » « Mais lorsque j’ai soulevé cette question, j’ai été traité de révisionniste par les autorités de l’État et de la région », explique M. Grimaldi.Falaise a été réduite en ruines par les Alliés, en partie grâce à des bombes incendiaires au phosphore ; la « poche de Falaise » a été tenue par les Allemands jusqu’au 16 août.Le musée est le témoignage public définitif, par le biais d’expositions et de vidéos, de la façon dont les civils normands ont vécu l’occupation allemande et les bombardements alliés.Les témoignages sont saisissants.Pierre Savary, alors étudiant, se souvient avoir perdu ses deux parents, ses quatre frères et sa sœur dans les bombes qui sont tombées sur sa maison à Lisieux : »Nous étions coincés sous les décombres.Je me souviens des cris et des gémissements des gens.J’étais étonné d’être en vie, mais j’ai perdu tous les autres ».Selon son directeur, Emmanuel Thiébot, la pression en faveur du musée de Falaise est venue du public.Les choses ont changé grâce à l’Université inter-âge, puis aux travaux de Quellien.Mais les publications sont scientifiques : il faut du temps pour que la recherche s’ébruite, alors que les témoins sont encore vivants.C’est pourquoi le musée place les civils au cœur de l’histoire.La France n’était pas un ennemi, mais nous avons subi des bombardements stratégiques et psychologiques. Et c’est là notre défi : représenter le public français comme reconnaissant envers nos libérateurs, mais aussi comme victime des pays qui nous ont libérés. C’est pourquoi, dit-il, « lorsque des étrangers viennent, des Américains nous disent : »C’est nous qui avons fait ça ? Et nous leur répondons : « Eh bien, oui, vous l’avez fait ». Et parfois, ils sont presque en larmes – ils n’en ont pas la moindre idée ».Les bombardements les plus importants de l’armée de l’air américaine ont eu lieu dans le département de la Manche, dont la capitale, Saint-Lô, a été décrite par Samuel Beckett dans son essai « La capitale des ruines », basé sur les expériences qu’il y a vécues en tant que bénévole pour la Croix-Rouge irlandaise.Le chercheur principal pour la Manche dans l’équipe initiale de Quellien était Michel Boivin.Dans leur premier recueil de témoignages, Villes normandes sous les bombes (Juin 1944), publié en 1994, ils citent Jean Roger, de Saint-Lô, qui s’est d’abord réjoui du passage des bombardiers américains : »Ils sont arrivés !Sentiment de joie intense augmenté par la longue attente ».Et puis.. :Ils bombardent !… Sommes-nous morts ?Sommes-nous vivants ?Est-ce la fin ?… J’ai eu l’occasion de jeter un coup d’œil sur la ville : horrible.Tout est en flammes, c’est un enfer… tout est en feu, on appelle à l’aide.« Il a été difficile de rassembler les informations nécessaires pour établir le coût de la libération », explique M. Boivin, qui nous a reçus chez lui à Blainville-sur-Mer.Beaucoup de gens avaient envie de parler mais ne se sentaient pas obligés de le faire. Y compris… des pompiers qui ont sorti des corps des décombres et des médecins qui soignent les blessés. Une infirmière a soigné une femme avec un bébé dans les bras : elle était vivante, mais l’enfant était mort. J’ai vu beaucoup de gens fondre en larmes, comme si nous avions ouvert leur trauma…. Les autorités nous ont dit : « Comment osez-vous ? ». Il était considéré comme anti-américain de parler du nombre de personnes tuées à Saint-Lô (352 selon le décompte définitif). (La Normandie est le coin le plus pro-américain et le plus anglophile d’Europe. Les drapeaux américains et britanniques flottent partout, et les cafés de Bayeux ont des fenêtres peintes de Tommies britanniques offrant le thé de l’après-midi.« Quelque sept millions de personnes, pour la plupart anglophones, visitent les sites du jour J chaque année », explique M. Grimaldi.C’est essentiel pour l’économie régionale.On construit donc une mémoire qui ignore le reste, une histoire héroïque qui sature l’espace public pour que les touristes la célèbrent : merci l’Angleterre et l’Amérique, avec quelques mentions des Canadiens, mais presque aucune des Polonais, et des autres.Thiébot parle de « tourisme de mémoire » :Mais comme les commémorations, il se limite au jour J, et non à la bataille de Normandie – un circuit de lieux emblématiques liés au débarquement et à la libération, raconté comme une opération militaire réussie avec une logistique extraordinaire, et le sacrifice d’hommes en uniforme.Rien à voir avec le coût civil, aucune mention des bombardements.Tout le monde le sait, mais ne le dites pas devant les touristes !Le bombardement britannique du Havre, entre le 5 et le 11 septembre 1944, a coûté la vie à quelque deux mille civils, tandis qu’un rapport d’un officier de la RAF dénombrait neuf morts allemands.« On ne peut pas commémorer la libération du Havre comme celle des autres villes », a déclaré le maire Antoine Rufenacht à l’occasion du soixantième anniversaire. Dans le récit que fait Knapp de la bataille, deux hommes s’affrontent : Le colonel Hermann-Eberhard Wildermuth, à qui Hitler a ordonné de défendre Le Havre jusqu’au bout, et le lieutenant général Sir John Crocker, du premier corps britannique, poussé par ce que Knapp appelle la « fièvre de la victoire » à s’emparer du Havre. Wildermuth avait demandé l’évacuation des civils le 21 août, mais seuls 10 000 d’entre eux sont partis, tandis que 50 000 sont restés.Pendant des décennies, les historiens n’ont pas pu vérifier l’affirmation de Guillemard en 1948 selon laquelle Crocker avait refusé une nouvelle proposition allemande d’évacuer les civils avant le bombardement ; Guillemard rapporte la confusion des citoyens à l’annonce que « l’évacuation est suspendue ».Florentin écrit que « les conditions proposées par le commandant allemand pour laisser partir les civils les 5 et 6 ont été rejetées par le lieutenant-général Crocker ».Dans les papiers de famille de Crocker, Knapp a trouvé une lettre à sa femme qui contient des preuves concluantes :[Wildermuth] a demandé un armistice de deux jours pour évacuer le (grand) nombre de civils qui se trouvaient sur place.Ce n’était pas une décision facile ou agréable à prendre, mais j’ai dû refuser, car il était manifestement à son avantage de se débarrasser d’eux – il gagnerait du temps, n’aurait plus rien à nourrir et se débarrasserait des agents français et des résistants actifs.Pourtant, la dévastation qui s’ensuivit ne fut pas infligée aux défenses de Wildermuth.Knapp cite des renseignements alliés détaillant l’emplacement des troupes allemandes, jusqu’à des détails tels qu’un terrain d’exercice pour les chevaux. « Si vous voulez vous attaquer au commandement et au contrôle allemands, voici les adresses », dit-il en nous montrant la carte originale. « Les Britanniques disposaient d’un répertoire fiable de cibles tactiques, chacune marquée par une lettre. Il est dommage qu’ils ne l’aient pas utilisé ». Lors d’une réunion le 3 septembre, Crocker donne les coordonnées, et il ne s’agit pas des cibles allemandes.Je ne comprends pas pourquoi, compte tenu des informations dont il disposait, Crocker a bombardé les quartiers de la ville qu’il a bombardés.Les troupes allemandes étaient déjà en périphérie, et Crocker a frappé le centre-ville.Cela n’a aucun sens.Au Havre, dans la nuit du 5 septembre, 781 personnes ont été tuées et 289 ont disparu.La nuit suivante, 655 autres sont tuées, dont 174 sont ensevelies et asphyxiées, piégées dans le chantier du futur tunnel routier Jenner ; sept survivent, « essayant du bout des doigts de déblayer la terre, une lutte pitoyable pour la vie », écrit Guillemard.Le 11 septembre, 9 790 tonnes de bombes avaient fait 1 397 morts identifiés, 139 morts inconnus et 517 disparus, soit un total de 2 053 morts en moins d’une semaine. (…) Le 11 septembre, Crocker écrit à Harris : « Personne n’aurait pu bénéficier d’un meilleur départ que le Bomber Command.Tous les gradés sont unanimes pour louer la précision absolue des bombardements et de la synchronisation à chaque occasion ». Mais même Harris, dont le nom est synonyme de massacres aériens de civils, avait des regrets : Knapp a retrouvé un message téléphonique de Harris daté d’octobre 1944, dans lequel il déplore que « de nombreux civils français aient été tués et que beaucoup de dégâts aient été causés, ce qui n’a pas aidé matériellement notre armée à prendre le port ». Un officier de relations publiques de la RAF, le futur dramaturge et romancier R.F. Delderfield, écrit dans un rapport destiné à la Première armée canadienne :« Le bombardement n’a tué qu’environ 8 Allemands et n’est pas tombé sur le quartier de la ville où les Allemands étaient rassemblés ».Quel que soit le calcul, dit Quellien, « les Britanniques savaient parfaitement qu’ils allaient massacrer Le Havre ».Le Havre a été reconstruit avec tant de succès, sur un projet du célèbre architecte Auguste Perret, qu’il est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.Mais jusqu’à très récemment, le silence s’est fait sur les bombardements.(…) l’historien local Claude Malon, qui a écrit sur l’économie havraise pendant l’occupation et les fortunes réalisées, notamment grâce à la construction du mur de l’Atlantique (…) a inventé la description impopulaire du Havre comme « Vichy-sur-Seine » et postule ce qu’il appelle un « écran de mémoire », où la mémoire du bombardement cache commodément celle de la collaboration. Pourtant, ni le maire conservateur Pierre Courant (l’un des rares à avoir dirigé une municipalité sous l’occupation et après celle-ci), ni les communistes qui ont dirigé Le Havre de 1965 à 1995 n’ont officiellement commémoré l’attentat. Le Havre, dit Barot, « a été invité à se concentrer sur la reconstruction, présente et future ». Un imposant mémorial en granit massif à la mémoire des morts de la Première Guerre mondiale (presque la seule structure à avoir survécu au bombardement du centre-ville) se dresse sur la Place du Général de Gaulle reconstruite.Les victimes civiles des bombardements sont commémorées par l’imposante église Saint-Joseph de Perret, achevée en 1958 et conçue en leur mémoire, mais qui n’a été officiellement inaugurée qu’à l’occasion d’une cérémonie et de l’apposition d’une petite plaque en 2019.Après la guerre, « les gens ne savaient pas ce qui nous était arrivé ou ne voulaient pas le savoir », a déclaré Mme La Fuente.(…) Tout au long de l’année 2004, le Mémorial de Caen, en partenariat avec le journal Ouest France, a organisé une remarquable série d’auditions publiques appelées « Les Veillées » sur vingt-quatre sites bombardés, au cours desquelles les survivants ont raconté leur histoire.La plupart d’entre eux, dit Thiébot, ont reconnu que les bombardements étaient le prix à payer pour la libération ; ce n’était pas un discours de vengeance, mais ils voulaient que leur voix soit entendue et ils voulaient une réponse à la question :Pourquoi ?Vous avez tué ma famille, vous avez détruit ma ville, mais étiez-vous obligés de le faire ?Knapp classe les bombardements de civils en trois catégories. Un : militairement utile avec un minimum de victimes [il cite le ciblage d’une usine aérospatiale à Limoges]. [Deuxièmement : on peut comprendre la justification militaire, mais fallait-il le faire en causant autant de dégâts aux personnes et aux bâtiments ? Troisièmement : Pourquoi faire cela ?De lourdes pertes civiles pour un gain militaire faible ou nul.Le Havre, dit-il, appartient sans aucun doute à la troisième catégorie, et après des décennies de recherches sur la Normandie, il ne peut citer un seul exemple de la première catégorie : »Trop de victimes civiles, à chaque fois.(…) « Les Normands », réfléchit-elle, ont vécu de nombreux jours J différents.Des expériences différentes dans des lieux différents.Il y a eu le jour J de la libération, et puis il y a eu le jour J de la perte de nos maisons, et de tous ces milliers de personnes ». Ed Vulliamy et Pascal Vannier

A quand l’interdiction à nouveau des chansons de Sardou ?

Et à quand les jugements de Roosevelt et de Churchill pour génocide et les réparations pour les quelques 18 000 civils sauvagement assassinés lors de la bataille de Normandie ?

A l’heure où en ce 80e anniversaire du Débarquement de Normandie …

Et du début de la libération de l’Europe de l’Ouest …

Un antisémitisme que l’on croyait oublié …

A sous prétexte de la riposte de nos alliés israéliens au plus grand pogrom depuis la Shoah par les bouchers du Hamas soutenus par l’Iran …

Entre notre nouvelle rue arabe de premier pays arabe d’Europe …

Et par le plus cynique du clientélisme et de la démagogie nos islamo-gauchistes à la Mélenchon

Redressé la tête …

Et où pendant que pleuvent quotidiennement les bombes de Poutine sur nos alliés ukrainiens …

Et qu’avec moins de 2% de leur PIB consacré à leur défense nos dirigeants comme nos compatriotes européens ne semblent toujours avoir entendu les avertissements répétés du président Trump depuis des années …

Entre responsables politiques et journalistes regrettant l’absence en Normandie du boucher de Moscou …

La longue tradition d’anti-américanisme et son pendant russophile semble plus que jamais avoir repris du poil de la bête …

Retour sur ces années 60 …

Où ayant refusé de célébrer les commémorations du Débarquement allié …

Puis exigé le départ des troupes américaines et du siège de l’OTAN en France …

La France de de Gaulle qui s’était libérée toute seule avait tenté d’interdire …

Pour cause, pour les antifascistes, de complaisance pour le salut hitlérien durant le tour de chant …

D’atlantisme, pour les antiaméricains …

D’antisoviétisme, pour les communistes, pour l’assimilation du communisme au nazisme …

D’antifrancisme, pour les gaullistes, pour la minimisation de la participation française à la libération du pays …

Les deux hommages de notre Michel Sardou à nos libérateurs américains …

L’histoire secrète des Ricains, le premier succès de Michel Sardou
Bertrand Guyard
Le Figaro
27/12/2015

Michel Sardou a écrit les Ricains, sa première chanson engagée, en 1967. Elle fut interdite de radio par le gouvernement gaulliste de l’époque.
VIDÉO – Alors que le général De Gaulle décide en 1967 de retirer la France du commandement intégré de l’OTAN, le jeune chanteur écrit une chanson en hommage aux soldats américains qui ont débarqué le 6 juin 1944 en Normandie. Elle sera «déconseillée» par le gouvernement.

«Les Ricains m’ a valu la haine de la gauche, qui m’a traité de facho et qui continue… et celle des gaullistes qui m’ont pris pour un emmerdeur…». Dans son autobiographie* publiée en 2009 Michel Sardou se souvient de ce qu’il doit à son premier succès, écrit quarante ans auparavant. Cette première chanson engagée, bien avant Le France, Je suis pour ou Le Bac G va le ranger définitivement – et peut-être abusivement – dans le camp du politiquement incorrect.

Cette chanson, qui rend hommage aux soldats américains qui ont débarqué en Normandie le matin du 6 juin 1944, est diffusée pour la première fois sur les radios dans un contexte politique bien particulier. Le général De Gaulle, alors président de la République, hostile à la politique des États-Unis au Vietnam, décide que la France ne fera plus partie du commandement intégré de L’OTAN.

Sardou récidivera avec Monsieur le président de France
«Si les Ricains n’étaient pas là nous serions tous en Germanie…»: le refrain de la chanson de Sardou sonne alors comme un défi à la politique et à la geste gaulliennne. Les Résistants, qu’ils soient communistes ou gaullistes, ne peuvent supporter d’entendre ce pamphlet, chanté sur air de country, qui minimise leurs faits d’armes et leur engagement contre l’Allemagne nazie.

En réaction, le gouvernement de l’époque fera tout pour que Les Ricains recueille le moins d’audience possible. Il n’ira pas jusqu’à la censurer, mais il «déconseillera fortement» aux radios de la passer en boucle. Cette interdiction partielle n’empêchera pourtant pas ce disque de devenir le premier succès d’estime de Sardou.

En 1969, Michel Sardou, incorrigible, récidivera avec Monsieur le président de France. Cette chanson en forme de lettre interpellait directement le Général: «… Je vous écris du Michigan pour vous dire que tout près d’Avranches mon père est mort il y a vingt ans…»

*Et qu’on en parle plus, de Michel Sardou, aux éditions X.O.

Les Ricains (1967): paroles de Michel Sardou sur une une musique de Guy Magenta

Voir aussi:

D-Day: en 1964, la chaise vide du général de Gaulle
François d’Alançon
La Croix
6 juin 2014

En 1964, le général de Gaulle avait refusé de participer au 20e anniversaire du Débarquement en Normandie.

Sur le site de Foreign Policy, Robert Zaretzky, professeur à l’université de Houston et spécialiste de l’histoire française, explique que le président de la République s’était fait représenter par un de ses ministres qui avait déclaré que « le succès du D-Day était du à la résistance française ».

Extraits:

« L’absence de De Gaulle était dictée, en partie, par son propre mythe de la libération, selon lequel les Français s’étaient libérés seuls du joug allemand, un mythe destiné à guérir les divisions politiques et idéologiques qui avaient marqués la nation après quatre années d’occupation allemande. »

« Mais il reflète aussi les efforts de de Gaulle pour réaffirmer le rôle de la France comme une puissance de premier rang après les dommages causés par l’occupation nazie et les défaites militaires face aux insurrections anti-coloniales en Indochine et en Algérie. » « Son absence en Normandie a précédé sa demande, deux ans plus tard, de voir le siège de l’OTAN quitter Paris. Minimiser le rôle de l’Amérique dans le passé de la France allait de pair avec sa mise à l’écart dans le présent. »

« A la même époque, la population civile de la Normandie a commencé à insister sur la commémoration de ses sacrifices, causés principalement par les bombardiers américains. Avec 3.000 victimes, autant de Normands que d’Américains sont morts le 6 Juin 1944. Plus de 20.000 civils ont été tués jusqu’à la fin bataille de Normandie à la mi-août. Caen, une ville de valeur stratégique douteuse, a été pulvérisée, tout comme des petites villes comme Saint-Lô. Les bombes alliées ont transformé la campagne en hécatombe, les champs criblés de cratères de bombes et de charognes de vaches et de chevaux. En 1964, l’année où de Gaulle s’était absenté de la commémoration officielle, les journaux français ont pour la première fois publié les témoignages de civils qui avaient survécu à leur propre libération. Quarante années supplémentaires se sont écoulées avant qu’une commémoration officielle reconnaisse l’énorme tribut payé par les civils français ».

Voir également:

L’Amérique contre de Gaulle. Histoire secrète 1961-1969

Vincent Jauvert Le Seuil, Paris, 2000, 280 pages

Jérôme Marchand

Politique étrangère

2001

Persée

L’auteur est journaliste au Nouvel Observateur et s’est plongé dans les documents déclassifies par les archives officielles américaines, depuis la fin de la guerre froide. Son ouvrage est centré sur les rapports entre de Gaulle et les équipes dirigeantes amenées à occuper la Maison-Blanche, tout au long des années 1961-1969. L’ensemble se nourrit des estimations confidentielles rédigées par le département d’Etat et la CIA. Il inclut également une série d’observations annexes glanées dans les archives personnelles de plusieurs hauts responsables. Tous ces documents offrent une masse d’informations passionnante. On y trouve d’abord un ensemble de notations éparses portant sur la psychologie du fondateur de la Ve République, ses orientations éthiques dominantes, ses modes de self-presentation, et ses logiques d’action plausibles. Les spécialistes de l’OSS ont été parmi les pionniers de ce type de recherche. On se souvient à ce sujet de la pénétrante étude psycho-pathologique réalisée par le Dr Langer, et consacrée à Adolf Hitler. En ce qui concerne le cas De Gaulle, le bilan semble assez mitigé. Les documents étudiés par Vincent Jauvert laissent entendre que les analystes du département d’État et les conseillers de la Maison-Blanche éprouvaient de vives difficultés à décoder les grilles de référence et les schémas de mobilisation mytho-historiques utilisés par le chef de l’État français. On constate de même qu’ils ne faisaient pas bien la différence entre antipathies naturelles, idéologies, discours, postures et calculs d’intérêt. En contrepartie, on notera que la CIA a produit une série d’observations plutôt solide et documentée, portant sur les habitudes de l’hôte de l’Elysée, la composition de son entourage, les processus décisionnels à l’œuvre dans les sommets de l’Etat, et les (rares) leviers d’influence susceptibles d’infléchir la politique gaullienne.

Un autre mérite de cet excellent ouvrage tient à ce qu’il évoque les foyers récurrents de friction diplomatique. Quatre thèmes semblent ici dominants. D’abord, la question de l’armement atomique, émaillée par toutes sortes de mini-accrochages (tentatives de verrouillage hégémonique de la part de Washington, vols d’avions-espions), mais finalement ponctuée par une série d’accords de coopération. Ensuite, la question des initiatives diplomatiques à grand spectacle. Certains des coups joués par le général de Gaulle (retrait de l’OTAN (?), gestes en direction de la Chine Populaire, soutien au séparatisme québécois) ont semé un grand trouble dans les milieux dirigeants de Washington. Vincent Jauvert fournit à ce propos quelques coups de projecteur bienvenus sur les tentatives d’explication (sénilité/frustration/illusions de puissance) avancées outre-Atlantique. On doit cependant ajouter que les réactions personnelles de Charles de Gaulle en période de crise aiguë (mur de Berlin, missiles de Cuba) avaient permis de tempérer les suspicions les plus profondes. Si l’on se rapporte aux témoignages des émissaires américains dépêchés à Paris en octobre 1962 pour informer l’allié français, l’attitude franche et sans détours du chef de l’État a exercé un puissant effet apaisant sur les représentations des milieux dirigeants à Washington. L’affaire, d’une certaine manière, a fait office de pierre de touche. En bon journaliste d’investigation, Vincent Jauvert nous propose enfin une série d’observations relatives aux affaires de renseignement. Les opérations d’espionnage technologique menées outre-Atlantique par le SDECE sont brièvement évoquées. Mais surtout, un long chapitre traite des remous suscités par l’affaire Golitsine.

D’après ce transfuge du KGB, passé à l’Ouest en décembre 1961, les SR soviétiques disposaient de plusieurs taupes de haut niveau infiltrées dans l’appareil d’État français (Quai d’Orsay/SDECE/ Elysée). On sait que de Gaulle fut tenu informé de ces révélations par une lettre personnelle du président Kennedy. On sait aussi qu’il choisit de ne pas lancer une vaste purge, mais laissa la DST et le SDECE mener leurs propres enquêtes, à l’abri des contrôles externes. Les explications de ce choix discutable sont multiples. Ce qu’il faut retenir, c’est que le manque de rigueur des élites parisiennes, en matière de gestion des cas de trahison pro-soviétique, a durablement empoisonné les relations entre les services de renseignement américains et leurs homologues français.

On l’a dit plus haut, Vincent Jauvert a eu accès à des archives restées jusque-là terrae incognitae. Le lecteur ne s’étonnera donc pas de trouver au fil des pages toutes sortes de mini-révélations. Il y a même de surprenantes précisions concernant une source confidentielle haut placée qui opérait pour le compte du département d’État. L’identité de cet individu extrêmement bien renseigné, et animé par un fort ressentiment, a été caviardée. Plusieurs indices convergents laissent cependant entendre qu’il s’agissait d’un représentant du corps diplomatique, un temps posté à Washington. Il faut bien sûr relativiser la portée des révélations transmises par cet informateur. À en juger par les documents disponibles, aucune d’entre elles ne menaçait sérieusement la sécurité nationale. Ses scoops les plus sensibles portaient sur le retrait des forces américaines stationnées en France. Mais on trouve là une excellente illustration des gains en information qu’offre le renseignement humain (« Humint »), lorsqu’il se ménage un accès aux premiers cercles du pouvoir : les dirigeants de Washington ont ainsi pu décoder une partie du « jeu » gaullien, sans se perdre dans les fausses évidences de la paranoïa critique.

Voir encore:

Olivier Wieviorka: « La mémoire du Débarquement est devenue universelle »
Alain Barluet

Le Figaro

29/05/2014

INTERVIEW – L’historien explique pourquoi le 6 juin 1944 n’a été que tardivement commémoré.

Professeur à l’École normale supérieure de Cachan et membre senior de l’Institut universitaire de France, Olivier Wieviorka, né en 1960, compte parmi les meilleurs spécialistes de la Seconde Guerre mondiale. Son Histoire du débarquement en Normandie (Seuil, 2007) vient d’être republiée, en coédition avec le ministère de la Défense, dans une version superbement illustrée.

LE FIGARO. – Que reste-t-il du Débarquement dans la mémoire nationale? Que va-t-on commémorer exactement le 6 juin?

Olivier WIEVIORKA. – Il faut d’abord s’interroger pour savoir qui est ce «on». Ce peut être l’État ou bien les «gens». Ce n’est pas la même chose. L’État, dans le cadre de sa politique mémorielle, va donner un lustre exceptionnel aux commémorations du Débarquement. C’est un phénomène récent: jusqu’en 1984, on ne peut pas dire que l’État se passionne pour le Débarquement. Certes, en Normandie, la mémoire locale est très vivante. Une personnalité comme Raymond Triboulet (résistant, député du Calvados, ministre des Anciens Combattants sous la IVe et la Ve République, NDLR) a joué, dès la Libération, un rôle important dans les commémorations. Mais ce sont alors plutôt des cérémonies militaires anglo-américaines: les chefs d’État ne sont pas représentés. Aucun président américain ne vient sur les plages normandes avant Ronald Reagan, hormis Jimmy Carter en 1978 à titre privé. Les autorités françaises, notamment sous la période gaullienne, sont particulièrement réticentes à commémorer le Débarquement parce que c’est une opération anglo-américaine dont les Français ont été exclus. À commencer par de Gaulle qui refuse de venir sur les plages en 1964. À l’époque, ces cérémonies, marquées par la guerre froide, revêtent un double enjeu: montrer aux Soviétiques que la guerre a été gagnée à l’Est, certes, mais également à l’Ouest: le Débarquement équilibre la victoire de Stalingrad. Montrer, par ailleurs, que l’Alliance atlantique est solide – à commencer par la relation particulière entre Londres et Washington.

Comment s’opère le tournant de 1984?

François Mitterrand a l’intelligence de transformer la cérémonie militaire en cérémonie politique où viennent les chefs d’État. Dorénavant, les commémorations ne sont plus axées sur l’idée de victoire, mais sur l’idée de paix, de réconciliation et de construction européenne. On assiste aussi à une internationalisation de la mémoire du Débarquement, de façon d’ailleurs un peu oxymorique parce qu’elle va de pair avec son américanisation. Par exemple, on utilise le terme de «vétéran», un américanisme, pour désigner les anciens combattants. Dans l’opinion, le Débarquement est avant tout une opération américaine.

Autre élément: d’autres nations se sont jointes aux commémorations. En 2004, le chancelier Gerhard Schröder participe aux cérémonies et déclare qu’«Overlord» n’est pas une défaite de l’Allemagne, mais une étape dans l’effondrement du nazisme. Cette même année, les Russes sont aussi présents, ce qui permet de réintégrer le front de l’Est dans le tableau global de la guerre. En 2009, priorité a été donnée au tête-à-tête Sarkozy-Obama, ce qui a minoré la présence britannique. La mémoire du Débarquement s’est donc universalisée autour de commémorations qui ne divisent pas mais qui rassemblent. Avec des limites toutefois: gageons que la présence de Poutine en Normandie ne rendra pas la Crimée à l’Ukraine…

Quelle est la juste place de l’opération «Overlord» dans la Seconde Guerre mondiale?

C’est un événement capital. Mais il faut toujours rappeler que la guerre a d’abord été gagnée à l’Est et par l’Armée rouge. Quatre-vingts pour cent des pertes de la Wehrmacht interviennent sur le front de l’Est. Il ne faut donc pas surestimer l’incidence du Débarquement. La guerre aurait sans doute été gagnée à l’Est même s’il n’avait pas eu lieu. «Overlord» n’en reste pas moins capital. D’abord parce que le Débarquement soulage l’effort de guerre des Soviétiques. Ensuite, parce qu’il complique la tâche des Allemands qui sont obligés – vieille hantise – de combattre sur deux fronts. Enfin, parce qu’il permet une libération somme toute assez rapide de l’Europe de l’Ouest. Toutefois, si la France et la Belgique sont libérées rapidement, la Scandinavie et l’Italie du Nord restent sous la botte jusqu’en 1945.

Dans vos travaux, vous explorez aussi l’autre face du mythe du Débarquement: les difficultés extrêmes de sa mise en œuvre, ses ratages, les terribles dégâts de la bataille de Normandie…

Le Débarquement est un événement iconique. Nous devons la liberté aux hommes du 6 juin et il faut rappeler ce fait. D’ailleurs, l’annonce du Débarquement a littéralement transporté les peuples de joie. Quand la nouvelle a atteint les camps de concentration, les déportés ont repris espoir. L’événement a un caractère quasi messianique. Or rares sont dans l’histoire les événements qui ont, à ce point, enthousiasmé les peuples. Si le Débarquement a frappé les imaginations, c’est en raison de la propagande. Les Allemands avaient tellement répété que le mur de l’Atlantique était invincible… Rétrospectivement, les Européens ont été soulagé de voir que la propagande de Goebbels n’était qu’un leurre: le mur de l’Atlantique n’a tenu que quatre heures. Le Débarquement frappe aussi les imaginations en raison de sa dimension romanesque: la personnalité des grands chefs – Patton ou Montgomery, le suspense d’une opération prévue pour le 5 juin puis reportée, à cause de la météo. «Overlord» se caractérise aussi par des exploits techniques, le port artificiel d’Arromanches, les espions… Et les peuples projettent leurs idées: pour bien des Américains, le Débarquement rembourse la dette de La Fayette. Tous ces éléments ont frappé les esprits et contribué à magnifier cet événement.

Ce constat ne doit pas nous empêcher de réfléchir. Est-ce qu’une armée doit partager les buts de guerre de ses dirigeants pour bien combattre? Comment lutter contre le scepticisme des combattants, une donnée importante pour une armée américaine faiblement endoctrinée? Comment gérer les pertes psychiatriques, problème majeur en juin et juillet 1944 comme dans bien d’autres conflits? À la vision magnifiée du Débarquement répondent des réalités complexes sur lesquelles l’historien doit poser un regard plus froid, même si c’est parfois douloureux, même s’il est parfois mal perçu de contredire la légende.

Y a-t-il encore dans l’histoire du Débarquement des aspects méconnus ou occultés?

Cette année, pour la première fois, honneur sera rendu aux victimes civiles des bombardements (3000 tués le jour J, 15.000 durant les combats en Basse-Normandie, NDLR) par François Hollande au Mémorial de Caen. Cet hommage a longtemps été évité. Il aurait pu être interprété comme une critique des Alliés et de leurs bombardements. Il ne fallait sans doute pas gâcher la fête. Réintégrer les victimes civiles dans le panorama mémoriel s’impose sans doute pour rappeler les souffrances des civils. Par ailleurs, on en sait encore trop peu sur le combattant allemand de l’été 1944. Quels sont ses horizons d’attente? Croit-il vraiment pouvoir remporter la victoire? Pourquoi combat-il? Sur ces aspects, les études manquent.

Voir enfin:

D-Day’s Forgotten Victims Speak Out
Ed Vulliamy and Pascal Vannier
Eighty years after D-Day, few know one of its darkest stories: the thousands of French civilians killed by a British and American carpet-bombing campaign of little military purpose.
NY Review of books

June 20, 2024 issue

L’Enfer du Havre, 1940–1944

by Julien Guillemard
Paris: Éditions Médicis (1948)
Le Havre 44: À feu et à sang

by Eddy Florentin
Paris: Presses de la Cité (1976)
Forgotten Blitzes: France and Italy Under Allied Air Attack, 1940–1945

by Claudia Baldoli and Andrew Knapp
Continuum, 296 pp., $47.95 (paper)

At lunchtime in the small Normandy town of Évrecy, men gather in the tabac-café-bar to wager on the next harness race through the PMU betting network. With coffee or beer in hand, they focus on the screen; a young barmaid mops the floor. Up the road toward Caen, the tall, imposing church, dating from the thirteenth century but heavily damaged during World War II, has been rebuilt, apart from a vault and a turret extending from the north wall. Every other building in town is modern.

In the early morning of June 15, 1944, Évrecy—along with nearby Aunay-sur-Odon—was targeted by 223 Lancaster and 100 Halifax heavy bombers plus 14 Mosquito light bombers from Britain’s Royal Air Force as part of the campaign to liberate France that began with the Allied invasion on June 6. At Évrecy the headquarters of the Wehrmacht’s Twelfth Panzer Division was destroyed, and 130 out of 430 civilians were killed, the highest proportion in any community during the Battle of Normandy. At Aunay, where there was no military target, 200 civilians were killed—more than a tenth of the population.

“There were sixteen of us, in a farmer’s barn,” recalls Jaqueline de La Fuente, now ninety-two. They were in Évrecy as refugees from Caen, after a British bombing raid on June 6 destroyed their house and its surrounding neighborhood:

We spent some days sheltering in a cellar, then left in the exodus, hoping to find safety in the villages. The road was so frightening—planes above us. And when we got there: more bombing. On the night of June 15, more planes: at first distant, then closer, right above the barn. We ran across a field to foxholes and trenches that had been dug for shelter. But the planes were faster than us, low and loud—then the bombs fell. There was such noise and confusion that I still have nightmares and cannot believe it was real—a horror of explosions and pain.

She was wounded in the forehead and right leg by shrapnel, but her father and three of her four older sisters—Micheline, a nurse; Carmen, a hairdresser; and Marie-Thérèse, a seamstress—were killed. Separated from the rest of her family, she was taken back to ruined Caen for emergency surgery. Only later was she reconnected with her mother by the Red Cross.

This June 6 world leaders, thousands of tourists, and some families of liberating troops will gather for the eightieth anniversary of D-Day. It will be either the last major commemoration attended by veterans of the war or the first without any. But few will know the darkest part of D-Day’s story: the slaughter of French civilians by a British and American carpet-bombing campaign considered by historians and even some of its commanders to have been of little or no military purpose.

During the three months that followed D-Day, nearly 18,000 French civilians were killed by British and American bombers—nearly two fifths of at least 51,380 killed by Allied bombing during the war. That is low compared with the 420,000 Germans estimated to have been killed by Allied bombs, but roughly equivalent to the 60,000 British civilians killed in the Blitz. (The same number of Italian civilians were also killed by Allied bombing, two thirds of them after the armistice was signed in September 1943.)

Yet while the Blitz is a cult in British historical memory, these French victims of Allied bombs were almost invisible for five decades after D-Day and have occupied a marginalized corner of the war’s history in the years since. They are absent not only from official British and American accounts but from French ones, too—it was considered ungrateful to offend the liberators, and the Norman economy is significantly reliant on D-Day tourism. Visitors come to hear about victory, not a massacre of innocents by their own air forces.

One of the first books to recount the Allied bombing was Julien Guillemard’s L’Enfer du Havre, 1940–1944 (The Hell of Le Havre, 1940–1944; 1948), which concludes with a vivid account of the carpet-bombing of Le Havre in September 1944, after the rest of Normandy, and even Paris, had been liberated. Its final chapter is entitled “La Ville Assassinée” (The Murdered City). “What are they doing, these allies!” Guillemard fumes. In 1977 Eddy Florentin, who also survived the bombing, published another account, Le Havre 44: À feu et à sang (Le Havre 44: Fire and Blood), the last line of which reads: “But what liberation of Le Havre?”

Yet the bewildered anger in these books vanished from view until the 1980s, when two initiatives converged. One was the construction of the Caen Memorial, which opened in 1988. The other came when survivors studying in a program for mature students at the Inter-Age University at Caen wanted their voices heard. The connection between the two was the historian Jean Quellien, who was asked by the Caen Memorial and Caen University to lead the Center for Quantitative Historical Research on the university campus. Quellien and his team of researchers counted and named the dead in five huge volumes published between 1994 and 1997: 4,158 in Upper Normandy and 13,632 in Lower Normandy, a confirmed total of 17,790, plus the missing, who went unnamed.

The bombing of French civilians accounted for a few pages of Antony Beevor’s best seller D-Day: The Battle for Normandy (2009). Beevor encountered hostility for suggesting that bombing Caen was “very close to a war crime.” By then another British historian, Andrew Knapp at the University of Reading, was working specifically on the Allied bombing of France. He and Claudia Baldoli wrote the first account in English of the Allied bombing of France and Italy, Forgotten Blitzes: France and Italy Under Allied Air Attack, 1940–1945 (2012), which Knapp followed up with a longer book in French, Les Français sous les bombes alliées, 1940–1945 (France Under the Allied Bombs, 1940–1945; 2014).

But apart from Beevor’s, these books did not reach a wide readership; they are missing from bookshops in Normandy and even from the Caen Memorial’s shop. Of Quellien’s many volumes, only one—Les Civils dans la bataille de Normandie (Civilians in the Battle of Normandy, 2014), written with Françoise Passera—was available there when we visited, alongside hundreds of other titles on Allied military victory, plus D-Day souvenirs and merchandise.

French presidential silence on the bombing was baffling, starting with that of Charles de Gaulle. “His memoirs give an idea of how damaged France was, but none that the British and Americans did it. To my knowledge, he never protested,” says Knapp. “De Gaulle never came to the D-Day beaches or commemorations,” says Stéphane Grimaldi, the director of the Caen Memorial, “or paid tribute to his compatriots killed by bombing.”

Finally, in 2014, at Grimaldi’s urging, President François Hollande referred to civilian casualties in his speech commemorating the seventieth anniversary of D-Day. President Emmanuel Macron is expected to pay tribute to the dead in a speech this year at Saint-Lô, though reportedly not at the beach commemorations. But when the rhetoric resounds this June 6, how many speakers will echo the words of Jean Quellien?

Hundreds of men, women and children never got to see the end of that historic day; which dawned in hope, and ended in consternation and tears. In total, raids by the US Air Force left a thousand dead and very many wounded. Aerial photographs reported in Britain showed the destruction—but it was judged insufficient. They had to do it again!… The combined bombardments of the June 6 and night of June 6–7 cost the lives of about three thousand civilians.

No American or British leader has ever made reference, let alone paid homage, to the French dead on any public occasion.

The bombing of Norman cities, towns, and villages was initially part of the Allies’ Transportation Plan to destroy German rail and road connections. Churchill had reservations about the strategy, as did even the head of RAF Bomber Command, Air Marshal Arthur Harris, infamous for his enthusiasm for carpet-bombing, and his American counterpart General Carl Spaatz. But President Franklin D. Roosevelt vetoed all objections. “However regrettable the attendant loss of civilian lives is,” he directed on May 11, 1944, “I am not prepared to impose…any restriction on military action.” From D-Day onward, says Knapp, “the politicians had washed their hands of whatever carnage, warranted or not, the military leaders were prepared to unleash.”

The doctrine of “carpet” or “area” bombing was not new. Britain had bombed civilians in Afghanistan and what was then British India and in Iraq, where the keen young Harris had served in the RAF. The Italian military theorist General Giulio Douhet had foreseen during the 1920s that the winner of the next “frightful” war would be the combatant best able to bomb civilians from the air. By early 1944 the RAF had 863 Sterling, Halifax, and Lancaster heavy bombers at its disposal. The American Eighth Air Force was formidably equipped with a fleet of B-17 Flying Fortresses and B-24 Liberators. But area bombing was supposed to be directed against enemy populations, not civilians of allied nations yearning to be liberated.

The cathedral city of Rouen bore the opening salvo, beginning on April 19, 1944, when the outlying suburb of Sotteville-lès-Rouen was bombed and over 850 civilians were killed. Knapp found documents showing that Churchill wanted commanders to ensure that French civilian victims of the Transportation Plan not exceed 10,000 and asked Air Chief Marshal Arthur Tedder to keep him informed of “the score.” On May 23 Tedder reported 6,062 dead, leaving what he called a “Credit Balance Remaining” of 3,938 civilians who could still permissibly be killed.

With D-Day, the main onslaught began. In The Bombing War: Europe, 1939–1945 (2013), the historian Richard Overy writes that

the weight of attack that could now be employed by the bomber commands was out of all proportion to the nature of the ground threat and on balance did little to speed up the course of the campaign.

Quellien’s Le Calvados dans la guerre, 1939–1945 (Calvados During the War, 1939–1945; 2019) calls the bombing “the programmed destruction” of Norman communities: “The raids launched from the morning of June 6 were imprecise, and had no [military] impact.” The British bombed low by night, the Americans from on high by day. In Le Havre 85 percent of buildings were destroyed, in Saint-Lô 77 percent, in Lisieux 75 percent, in Caen 73 percent, and in Rouen 42 percent. Destruction in many villages was even worse.

Quellien received us twice at his home in Feuguerolles-Bully, near Caen. “The justification was military,” he reflected.

The Allies wanted, rightly, to destroy the German enemy. There was concern: “We don’t want to bomb our friends,” the British and Americans told one another. But reservations were put aside, and they did it anyway. The discussions only demonstrate that they knew exactly what they were doing.
However, Quellien said, there was silence on the matter for forty years. We started work during an atmosphere of taboo, even hostility. There had been some immediate disbelief: “Why did you do this to us?” People could not believe what had happened. But then they did not talk about it openly, not even people who had suffered. The atmosphere was: “What are you saying? It was liberation, not bombardment.” The important thing was D-Day, and that’s all that mattered. The Germans were gone, and if you asked, “But who killed us?” no one would answer.

The hurt was always there, though, said Quellien. “In private, Normans pointed a finger at the British and Americans, but only within the home.” The silence, he said, was partly due to “diplomatic difficulty” during the cold war:

“Do not offend our liberators, who are also our Atlantic allies.” A difficulty arose between our true history and the interests of our politicians and international allies. So only much later did we do, shall we say, “the accounts,” and when our work appeared, it was not well received.
Passera, who has worked closely with Quellien, explained that “what interests me is not military history but intimate history, the everyday experience of citizens during wartime.” As their book Les Normands dans la guerre: Le temps des épreuves, 1939–1945 (The Normans During the War: The Time of Trials, 1939–1945; 2021) shows, she is concerned with “everyday life in the ruins. Thousands of people trying to live in the rubble of their destroyed houses, or other extreme conditions.” A related, almost untold story is the exodus of people in flight from bombing. “Survivors fled their towns en masse, heading for surrounding villages,” she told us. “We estimate one hundred thousand” after the first night of bombs, “welcomed by peasants and farmers.” Passera and Quellien recount how “a certain social life” was forged, with newborn babies living “the first weeks of their lives in apple baskets and vegetable crates” beneath the bombers.

Yet all this was buried history. “When the D-Day industry began during the 1950s,” said Passera, no one talked about people killed by the Allies, or the lives of survivors…. The idea of D-Day commemoration was pilgrimage: at first families and veterans came, rightly, to visit their dead in the cemeteries. And after them came the tourist business. The local population was thus obliged to transfer its duty of memory to the fallen British and Americans, and thereby to the British and American people…. The survivors had a different history—a victim history that was not glorious, and that challenged the economic opportunities of victory…. Resentment built up. It became a conversation around the kitchen table. Until the early 1980s, when retired students at the Inter-Age University said: “Enough—we want the dead counted, and our story told.”

At Allassac, in the Vézère valley of south-central France, Simonne Leterreux lives in a nursing home near her daughter Sophie Collet. Now ninety, Leterreux lost her mother in 1940 at the age of six in the Norman town of Lisieux, just as the war began. Lisieux was later destroyed, but by then Simonne and two of her elder sisters, Denise and Genviève, had been placed by their father at a convent boarding school in Caen run by “the good sisters” of St. Vincent-de-Paul, where Simonne stayed throughout the Nazi occupation. Then came the night of June 6, 1944, when although we saw nothing, we heard the planes overhead, and the terrible noise around, of bombs falling. The noise was continuous; we were right underneath the planes. The good sisters told us to lean against the walls for protection.
The school was not hit, and the nuns arranged for the children to join the exodus from Caen to hide in a quarry at May-sur-Orne about nine miles away. “As we walked in line,” remembered Leterreux, we saw everything around us in ruins. A bomb had hit a butcher’s store in the rue d’Auge, and the flesh of the victims was mixed in with the meat—it was impossible to distinguish which was which. Everything was bombed, everything destroyed, and we walked through the rubble and corpses of those who had not survived—covering the ground, dead and some wounded.

The children hid for forty days in the quarry while the battle for Caen raged. When they went back to town after liberation, “and we told people we had been in the quarries all that time, they said it was not possible. I told them, ‘If you were born stupid, you’ll die stupid!’” Leterreux repeated that phrase many times, laughing. “Si tu nais con, tu meurs con!”

How did Leterreux feel about the liberators bombing them? “We didn’t know who it was! We were bombed by the British, later the Americans, but the good sisters said nothing about that. We learned long afterward who did it. For months we knew nothing about who did this. It was liberation, but that is not the same thing as being bombed by your friends.”

Some two thousand civilians were killed in the bombing of Caen, during a battle that lasted five weeks longer than the British general Bernard Montgomery had planned. Passera and Quellien, in Les Civils dans la bataille de Normandie, cite the account of Bernard Michel, who watched “the mass of planes flying toward Caen” with his friend Jean, from the village of Venoix.

To our stupefaction, we watched them unleash the bombs, in great clusters. I was stunned. It’s not possible, we told ourselves. Jean knew I was an Anglophile, and said, “Now look what your friends are doing!”
Stéphane Grimaldi became director of the Caen Memorial in 2005. “We conducted a major survey,” he said, and found that one in three respondents had someone in their extended family who had been killed or wounded by bombing. For the vast majority, the Battle of Normandy was “extremely important”—this is our history.

But, he cautioned, it’s a question of how we structure memory of the battle. Official memory on one level, and domestic memory on another; public heroic memory versus victim memory behind closed curtains. Heroic memory became official memory; there were only heroes, and the full story was considered embarrassing because it was a tragic history, not a heroic one. But there comes a point when society has to question itself and people want to understand what really happened.

Two things occurred: First came an effort to secure official public mention, at least, of civilian victims. In 2014 Grimaldi was at the beachhead site of Arromanches, planning the seventieth-anniversary commemorations with the historian Jean-Pierre Azéma and advising President Hollande, to whom he said, “There’s no public acknowledgment of what happened to the civilians.” Grimaldi recalled that “Hollande reacted, and paid tribute to civilian victims in his speech. I hoped that this would begin to change the perception.” Second, also on Grimaldi’s initiative, was the opening in 2016 of a museum and memorial to civilian victims in the Norman town of Falaise. “But when I initially raised this,” Grimaldi said, “I was called a revisionist!—yes, the same word used for deniers of the Holocaust—by officials from the state and region.”

Falaise was bombed to rubble by the Allies, in part by incendiary phosphorous bombs; the “Falaise pocket” was held by the Germans until August 16. The museum is the definitive public record, in exhibits and videotaped testimony of how Norman civilians lived under both the German occupation and Allied bombing. The testimony is searing. Pierre Savary, then a student, recalls losing both parents, four brothers, and a sister to bombs falling on his home in Lisieux: “We were trapped under rubble. I remember the cries and moans of the people. I was amazed to be alive, but I lost everybody else.”

Pressure for the Falaise museum came, says its director, Emmanuel Thiébot,

from the public. Things changed because of the Inter-Age University, and then Quellien’s work. But the publications were scientific—it takes a long time for research to seep into the open, even though the witnesses were still alive.
This is why the museum puts the civilians at the heart of the story. France was not an enemy, yet we were subjected to both strategic and psychological bombing. And this is our challenge here: to represent the French public as grateful to our liberators, but also as victims of countries that liberated us.
As a result, he says, “when foreigners do come, we’ve had Americans saying: ‘Did we do this?’ And we say, ‘Well, yes, you did.’ And they’re almost in tears sometimes—they have no idea.”

Much of the heaviest bombing by the US Army Air Forces was of the Manche département, whose capital, Saint-Lô, was described by Samuel Beckett in his essay “The Capital of the Ruins,” based on his experiences there as a volunteer for the Irish Red Cross. The senior researcher for Manche on Quellien’s original team was Michel Boivin. In their first collection of testimony, Villes normandes sous les bombes (Juin 1944) (Norman Cities Under the Bombs, June 1944), published in 1994, they quote Jean Roger of Saint-Lô celebrating at first as American bombers flew overhead: “They’ve arrived! A sentiment of intense joy augmented by the long wait.” But then: They’re bombing!… Are we dead? Are we alive? Is this the end?… I had the chance to cast an eye over the town: horrible. Everything in flames, an inferno…all ablaze, cries for help.
“It was difficult to gather the information we needed to establish the cost of liberation,” said Boivin, who received us at his home in Blainville-sur-Mer.

A lot of people had wanted to talk but felt they shouldn’t. Including…firemen who had hauled bodies from rubble, and medics treating the wounded. A nurse treated a woman with a baby in her arms: she was alive, but the child was dead. I saw many people break down in tears—it was as though we had opened up their trauma…. Officials said to us, “How dare you?” It was considered anti-American to talk about how many people were killed in Saint-Lô. (According to the definitive count, 352.)

Normandy is the most pro-American and Anglophile corner of Europe. US and British flags fly everywhere, and cafés in Bayeux have window paintings of British Tommies offering afternoon tea. “Some seven million people, mostly English-speaking, visit D-Day sites each year,” said Grimaldi.

It’s essential to the regional economy. So you construct a memory that ignores the rest, a heroic story that saturates the public space for tourists to celebrate: thank you England and America, with some mention of Canadians, but almost none of the Poles, and others.

Thiébot uses the term “memory tourism”: But like the commemorations, it is limited to D-Day, not the Battle of Normandy—a circuit of emblematic locations to do with landings and liberation, recounted as a successful military operation with extraordinary logistics, and sacrifice by men in uniform. Nothing to do with the civilian cost, no mention of bombing. Everyone knows, but don’t mention it in front of the tourists!

The British bombing of Le Havre between September 5 and 11, 1944, took the lives of some two thousand civilians, while one report by an RAF officer counted nine German dead. “One cannot commemorate the liberation of Le Havre as one might the other towns,” said Mayor Antoine Rufenacht on its sixtieth anniversary.

In Knapp’s recounting of the battle, two men faced each other: Colonel Hermann-Eberhard Wildermuth, ordered by Hitler to defend Le Havre to the last, and Lieutenant General Sir John Crocker of British First Corps, under pressure from what Knapp calls “victory fever” to take it. Wildermuth had urged an evacuation of civilians on August 21, yet only 10,000 left, while 50,000 stayed.

For decades historians could not verify Guillemard’s assertion in 1948 that Crocker refused a further German proposal to evacuate civilians before the bombing; Guillemard reports citizens’ confusion at announcements that “the evacuation is suspended.” Florentin writes that “the conditions proposed by the German commander to let civilians leave on the 5th and 6th were rejected by Lt. Gen. Crocker.” In Crocker’s family papers, Knapp found a letter to his wife that contained conclusive evidence:

[Wildermuth] requested an armistice for two days to evacuate the (large number) of civilians in the place. It wasn’t an easy or a nice decision to make but I had to refuse as it was obviously to his advantage to get rid of them—he would gain time, have none to feed and would get rid of the French agents and active resisters.

Yet the ensuing devastation was not inflicted on Wildermuth’s defenses. Knapp cited Allied intelligence detailing where Germans troops were positioned, down to such particulars as a horse exercise ground. “If you want to go for German command and control, these are the addresses,” he said, showing us the original map. “The British had a reliable repertoire of tactical targets, each marked by a letter. It’s a pity they didn’t use it.” At a meeting on September 3, Crocker gave the coordinates, and they weren’t the German targets. I don’t understand why, given the information he had, Crocker bombed the parts of town he did. German troops were already on the periphery, and Crocker hit the city center. It just doesn’t make sense.
In Le Havre on the night of September 5, 781 people were killed and 289 disappeared. The following night another 655 were killed, of whom 174 were buried and asphyxiated, trapped in the worksite of the future Jenner road tunnel; seven survived, “using their fingertips to try and clear the earth, a pitiful struggle for life,” writes Guillemard. By September 11, 9,790 tons of bombs had killed 1,397 identified dead and 139 unknown dead with 517 disappeared—a total of 2,053 killed in less than a week. Florentin describes smoke, the smell of sulfur invades the cellar…We’re suffocating… In the darkness we collide with each other…A head, with singed hair and wild eyes, sometimes appears in a crack, tortured voice imploring: “Help! I’m burning! Get me out of here!” But we can do nothing for this dying man, already perched on a pile of corpses, because the road is also hell, a chaos of smoking ruins between which we stumble, people seeking refuge, collapsing, one after the other.

On September 11 Crocker wrote to Harris, “Nobody could have been given a better start than we were by Bomber Command. All ranks unanimous in their praise of absolute accuracy of bombing and timing on every occasion.” But even Harris, whose name is synonymous with mass slaughter of civilians from the air, had regrets: Knapp found a telephone message from Harris dated October 1944 in which he lamented that “many French civilians were killed, and much damage done which did not materially help our army to take the port.” An RAF public relations officer, the future playwright and novelist R.F. Delderfield, wrote in a report for the First Canadian Army: “The bombing only killed about 8 Germans and did not fall on that quarter of the town where the Germans were assembled.” Whatever the calculation, said Quellien, “the British knew perfectly well they were going to massacre Le Havre.”

Le Havre was rebuilt so successfully, to a design by the celebrated architect Auguste Perret, that it is designated a UNESCO World Heritage site. But there was silence on the bombing until very recently.

At the Tourneville fort, high above the docks, some two hundred people turned out in March for a lecture organized by the Havre Center for Historical Research and given by an academic from the Université Le Havre Normandie, Thomas Vaisset, on the official management of corpses and body parts after the bombing. The detail was forensic, the audience enthralled. The fort, completed in 1860, was a headquarters for German occupying troops, then briefly the British. “When the English arrived,” said Le Havre’s municipal archivist, Sylvie Barot, in the audience, “they were pleased to find the German cellar: cognac, champagne, fine wine—and took full advantage!”

Also present was the local historian Claude Malon, who has written on Le Havre’s economy during the occupation and the fortunes made, especially from building the Germans’ defensive Atlantic Wall. Malon coined the unpopular description of Le Havre as “Vichy-sur-Seine” and posits what he calls a “memory screen,” whereby the memory of the bombing conveniently hides that of collaboration.

Yet neither the conservative mayor Pierre Courant (one of the very few to govern a municipality both under the occupation and after it) nor the Communists who ran Le Havre from 1965 to 1995 officially commemorated the bombing. Le Havre, says Barot, “was urged to focus on reconstruction, present and future.” An imposing solid granite memorial to its World War I dead (almost the only structure to survive the bombing of the city center) rises in the rebuilt Place du Générale de Gaulle. Civilian victims of bombing are remembered by Perret’s towering church of St. Joseph, completed in 1958 and conceived in their memory but not formally dedicated until a ceremony and the affixing of a small plaque in 2019.

After the war, “people either didn’t know what happened to us or they didn’t want to know,” said La Fuente. When she was reunited with her mother,

there was silence between us; she cried all the time. Afterward she was unable to speak about any of this—if she had done so, she would have wept for the rest of her life. To lose your husband is much to bear, but to also lose three children is unbearable. She never forgave the English; she couldn’t speak of England. But she said almost nothing.

Until her mother died in 1968, La Fuente said, “she avoided driving through Évrecy”—nine miles from Caen—“and I still do.”

“They were our liberators, whatever,” says Leterreux. “I rarely hear anyone talk about ‘British bastards’ or ‘damned Americans,’” says Boivin. “In almost all places, infantrymen were greeted as liberators,” says Knapp, apart from the extreme case of Le Havre, where they were tolerated at best. People risked their lives to hide airmen who had been shot down, and helped them escape, even though moments beforehand, those same airmen were dropping bombs on those who rescued them.

Delderfield, in his report for the Canadian army, noted that “the people of Le Havre had previously been very pro-British,” but now some of them failed to respond to a greeting and I felt that if they had been certain I was RAF (I wore a raincoat all the time) there might have been some unpleasantness…. They were glad to be liberated but this was a terrible price to pay.

Even Guillemard concludes, “What predominated among us was our ferocious, implacable hatred of Hitler and his gang.”

Throughout 2004 the Caen Memorial, in partnership with Ouest France newspaper, organized a remarkable series of public hearings called “The Vigils” across twenty-four bombed locations, at which survivors told their stories. Most, says Thiébot, agreed that bombing was the price to pay for liberation; it wasn’t a discourse of vengeance, but they wanted their voices heard, and they wanted an answer to the question: Why? You killed my family, you destroyed my town—but did you have to?

Knapp divides bombings of civilians into three categories.

One: militarily useful with minimal casualties. [He cites targeting an aerospace factory in Limoges.] Two: You can see the military justification, but did it have to be done with so much damage to people and buildings? Three: Why do that? Heavy civilian casualties for little or no military gain.
Le Havre, he says, definitely fits into category three, and after decades of research on Normandy, he cannot cite a single example in category one: “Too many civilian casualties, every time.”

On the beachfront at Saint-Aubin-sur-Mer is a memorial to Canadian soldiers who died landing there and a panel with a picture of three young ladies, one of whom is Paulette Mériel, reportedly the first Norman to shake hands with a liberating soldier: a French-speaking Canadian from the North Shore Regiment. Mériel died on May 18, three months after we interviewed her, aged one hundred, at a care home in nearby Douvres-la-Déliverande.

After a gripping account of the occupation, with gossip about collaborators and black marketers and Germans threatening to shoot her for shrimping, Mériel’s recollections reached D-Day:

We were young—we had heads full of fog, more curious than afraid—but we knew something special was happening. My grandmother was terrified—she thought the Canadians were going to shoot her! But our house was by the beach: we went down and met them, and they spoke to us in our language!
Then the bombs fell: On the first day, our house was completely destroyed—luckily no one was there. A mix of sounds: planes, bombs, artillery. We hid in the dike, then the cellars—a dozen of us. We ventured out by night: the houses around us all destroyed. It was misery, but we got accustomed to it, sleeping on mattresses—and the Germans were gone at last.

Mériel’s family was not so lucky: My sister had a farm, and her husband and his brother were killed by the bombing just after D-Day. We were happy to be liberated, but what followed was not so happy. I’m not timid on the matter: they liberated us, but we didn’t expect to have to pay that price.

“The Normans,” she reflected, lived many different D-Days. Different experiences in different places. There was a D-Day of liberation, and then there was the D-Day of losing our homes, and all those thousands of our people.

Ed Vulliamy Ed Vulliamy has been a reporter for The Guardian and The Observer for over thirty years. He is the author of Louder Than Bombs: A Life with Music, War, and Peace and is now writing a book about music and musicians in Ukraine during wartime. (June 2024)

Pascal Vannier Pascal Vannier worked as a journalist and documentary filmmaker for France TV for forty years. He recorded the testimonies of eighty survivors of Allied bombing for the Falaise Memorial of Civilians in the War. His grandfather was killed by the American bombing of Périers in 1944. (June 2024)