Présidentielles 2012: Le vrai mensonge éhonté de Sarkozy (The worst lies with the exception of all the others)

Aujourd’hui, il y a seulement 10 % des chômeurs qui sont en formation. Nicolas Sarkozy
Indice de crédibilité de l’intervention: 0%. Vérification: Les derniers chiffres sur la formation professionnelle publiés par le Ministère du travail concernent l’année 2009 : il y avait alors 576 000 demandeurs d’emploi en cours de formation, soit 8% du nombre de chômeurs au sens du BIT en 2009. D’après les derniers chiffres disponibles, Nicolas Sarkozy exagère donc de 25% la proportion de « chômeurs en formation ». Véritomètre (iTélé et Owni)
Nicolas Sarkozy sur TF1 s’est livré à trois mensonges éhontés (…) Il a dit que Tarik Ramadan appelait à voter pour François Hollande, c’est faux ! Il a fait référence à un appel des 700 mosquées en faveur de François Hollande, c’est faux, cet appel a été démenti. Il a de nouveau assuré que François Hollande souhaitait régulariser les sans-papiers, c’est faux, chacun connaît les positions du candidat de la gauche : la régularisation sur la base de critères. Il s’agit de contre-vérités particulièrement graves. Dans la bouche d’un président de la République et d’un candidat, ces mensonges visent à créer un climat de tension et de haine (…) en agissant de la sorte, le candidat sortant montre son affolement, mais surtout la course-poursuite qu’il livre aux idées du FN (…) C’est indigne et il est temps que tous ceux qui ne supportent plus ces discours de haine et de provocation se rassemblent pour changer de président le 6 mai. Manuel Valls (directeur de la communication de François Hollande, 25.04.12)
J’ai vu que M. Hollande (…) parle beaucoup du Front national. Mais que dit-il, lui, quand Tariq Ramadan ose appeler à voter pour lui? Tariq Ramadan, l’homme avec qui j’ai débattu, qui proposait un moratoire sur la lapidation de la femme adultère? C’est monstrueux! Voilà un homme qui appelle à voter pour François Hollande. Nicolas Sarkozy
Aujourd’hui, je n’ai pas de consigne de vote. Franchement, je serais bien emprunté, c’est pour ça que je souris souvent en disant aux Français ‘Bonne chance’, parce que, franchement, je ne vois pas. J’aurais une position de principe qui est extrêmement claire : je suis tellement mécontent de ce que je peux voir que je regarderais pour le premier tour et voterais pour celui que je considère être le moins mauvais. Mais, au deuxième tour, je n’aurais pas un vote utile, je n’aurais qu’un vote sanction. Quelque soit celui qui est au pouvoir et bien je dirais je suis contre toi. Je ne suis pas pour toi, je suis contre toi. Moi, je prends position pour que mon vote compte au lieu de m’abstenir parce que les deux c’est la même chose. Je vais voter contre Sarkozy, mais si Hollande arrivait par la suite je serais contre lui de la même façon… Un premier tour où je chercherais le moins mauvais et un deuxième tour où je voterais contre celui qui est en charge pour manifester dans un poids une attitude de distanciation… (…) Franchement aujourd’hui, je me vois pas dire oui à l’un (…) mais par contre  je peux dire non à l’autre …  Tariq Ramadan (à partir de la 40e minute, 04.03.12)
Jamais de ma vie, je n’ai appelé à voter François Hollande. Je ne suis pas Français, je n’ai pas donné de consigne de vote. J’ai dit qu’il ne devait pas y avoir de consigne de vote musulman, que cela ne voulait rien dire. J’ai simplement appelé les citoyens français, de confesssion musulmane ou autre, à voter en conscience et à faire le bilan de la politique de Nicolas Sarkozy, qui est très mauvaise. Tariq Ramadan
Des recteurs de mosquées vont appeler à voter pour François Hollande (…) En tout, c’est un réseau de quelques 700 mosquées qui devrait se mobiliser en faveur du candidat socialiste. Ironie de l’histoire : l’organisateur de l’opération n’est autre qu’Abderrahmane Dahmane, ancien conseiller « Diversité » de Nicolas Sarkozy. Désormais conseiller à la mosquée de Paris, il avait claqué la porte de l’Elysée en mars 2011, alors que l’UMP venait d’annoncer la tenue d’une convention sur l’islam. Marianne
J’ai dit régularisation au cas par cas. C’est déjà ce qui se passe aujourd’hui, sauf que les critères seront beaucoup plus clairs, ils seront les mêmes partout dans toutes les préfectures. François Hollande
François Hollande a redit hier soir qu’il écartait toute régularisation massive de sans-papiers, contrairement à ce que prétend Nicolas Sarkozy. Mais le flou demeure sur les critères qu’il entend appliquer en la matière. (…)  En réalité (…) Cela fait bien longtemps que le PS ne prône plus de régularisations massives. Mais le programme de François Hollande en la matière n’est guère précis pour autant. « Les régularisations seront opérées au cas par cas sur la base de critères objectifs », est-il indiqué dans ses « 60 engagements pour la France ». Or, soit on pratique le « cas par cas », comme souvent dans les préfectures aujourd’hui, avec tout l’arbitraire qui peut en découler, soit on se réfère à des « critères objectifs » qui s’appliquent à tous de manière uniforme sur le territoire. Les deux méthodes sont proprement antinomiques. Est-ce à dire que la liste des critères peut évoluer suivant les situations ? Que certains critères sont incontournables, d’autres non ? Dans une interview accordée au « Point » en mai 2011, François Hollande indiquait certains des critères importants à ses yeux : « un travail de fait, même s’il est clandestin depuis longtemps, une attestation prouvée par des témoignages d’une présence continue sur le territoire et la réalité d’une famille en France. La personne concernée doit enfin faire la démonstration d’une intégration sur le territoire ». Peu ou prou, il s’agit des critères déjà appliqués par les préfets pour les 30.000 régularisations effectuées chaque année. Sur l’immigration professionnelle, là encore c’est le flou qui domine. Si François Hollande, dans l’émission « Des paroles et des actes », le mois dernier, a récusé l’appellation d’ « immigration choisie », lui préférant celle d’ « immigration intelligente », il ne s’est pas encore avancé sur les secteurs ou les métiers qui devraient s’ouvrir ou non à l’immigration professionnelle. Preuve que le PS n’est guère à l’aise sur le sujet, le think tank Terra Nova, qui publie quantité de rapports pour alimenter le débat à gauche, rechigne à sortir celui sur l’immigration professionnelle, écrit par l’économiste El Mouhoub Mouhoud. Le texte, qui prône une large ouverture à l’immigration professionnelle, ferait-il peur au PS, craignant d’effrayer un électorat fragilisé par le chômage ? Deux propositions sont en revanche très clairement assumées : celle d’abroger la circulaire du 31 mai sur les étudiants étrangers et celle de donner le droit de vote aux étrangers non communautaires pour les élections locales. Les Echos (17.02.12)
[Dans un discours à Caen, vendredi, le chef de l’Etat a assuré être allé à Fukushima avec la ministre de l’Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet.] J’ai vérifié, il n’y est jamais allé. C’est la première fois dans l’histoire de la République, qu’un candidat sortant relate un voyage qu’il n’a jamais fait. Il aura été un précurseur en tout. Même en voyage qu’il n’a jamais accompli. François Hollande
Avec Nathalie Kosciusko-Morizet, nous avons été à Fukushima. Apparemment, François Hollande, non. Parce que s’il avait été à Fukushima se renseigner, il se serait rendu compte de ce qui s’est passé à Fukushima, c’est d’abord un tremblement de terre, ensuite un tsunami extravagant. […] Alors j’avoue que j’ai eu du mal à suivre la logique de M. Hollande. Alors, je suis à Fukushima au Japon, et voilà qu’il s’abat sur Fessenheim ! Nicolas Sarkozy
Je me suis rendu au Japon avec (la ministre de l’Ecologie de l’époque) Nathalie Kosciusko-Morizet, j’ai rencontré les autorités japonaises, j’ai discuté avec le premier ministre (japonais) de la situation à Fukushima et Nathalie Kosciusko-Morizet s’y est rendue. »Je ne suis pas ingénieur, je n’ai pas besoin d’aller mettre le nez dans la situation à Fukushima où par ailleurs il y a un périmètre interdit. J’ai simplement dit qu’à Fukushima, ce qui s’était produit n’était pas un incident nucléaire, c’était un tsunami avec une vague qui a atteint 42 mètres de haut, qui a démoli les systèmes de pompe qui permettaient le refroidissement de la centrale et que, dire à partir de Fukushima qu’il faut fermer Fessenheim qui se trouve dans le Haut-Rhin en Alsace, ça me semblait être une absurdité particulièrement notable. Nicolas Sarkozy
Mais personne ne va à Fukushima ! Quand on dit “je vais à Fukushima, sur les lieux de l’accident”, c’est au plus proche de l’accident, au plus proche des Japonais qui sont à ce moment-là dans la peine et la souffrance… Personne n’est allé à Fukushima. Fukushima, c’est une zone interdite […]. C’est une espèce de fausse polémique comme ceux qui n’ont rien à dire en ont le secret. Nathalie Kosciusko-Morizet
Je reviens du Japon, après trois jours entre Tokyo et Sendai, là où le tsunami a frappé il y a trois semaines. Je suis arrivée à Tokyo depuis Nankin, le 31 mars dans l’après-midi, avec le Président Sarkozy qui voulait aller en personne assurer les Japonais et leurs gouvernants de notre solidarité. Le Premier Ministre japonais, Naoto Kan, nous a dit sa satisfaction au moyen d’un proverbe : « les vrais amis sont ceux qui viennent sous la pluie ».(…) Je suis restée au Japon pour y exprimer à tous mes interlocuteurs la solidarité de la France et pour leur dire, aussi, l’admiration que nous inspire le courage d’un peuple frappé par un enchaînement de catastrophes inédit dans l’histoire de l’humanité. Le tsunami, le séisme, l’accident nucléaire, tout ce à quoi le Japon fait face est ahurissant. Mais il fait face, avec calme, dignité. Les gens se serrent les coudes, comme nous avons pu le voir dans l’un des centres d’accueil de réfugiés, installé dans un grand gymnase de la banlieue de Tokyo. Je suis restée au Japon pour leur délivrer ce message et pour mieux identifier les besoins, en voyant quel type de coopération nous devons envisager pour les semaines qui viennent. J’étais accompagnée d’une délégation qui représentait tout l’éventail de l’expertise française en matière nucléaire. (…) Nous avons quitté Tokyo pour Sendaï au petit matin. Sendaï où ont été prises les photos que nous avons tous vus dans nos journaux. Il faut cinq heures de bus pour se rendre sur place. L’expert de l’IRSN, qui nous accompagne avec son équipement et mesure la radioactivité sur la route, nous donne des informations rassurantes ; y compris lorsque nous nous trouvons à une quarantaine de km de la centrale de Fukushima. A Sendaï, je rencontre la maire, qui demande une aide de la France en matière agricole, pour désaliniser l’eau des rizières submergées par le tsunami. Je sais que des organismes de recherche agricole français disposent d’expertise en la matière. Je déjeune avec les quelques membres de la communauté française restés à Sendaï avec le directeur de l’alliance française. Je visite un centre d’accueil de réfugiés.  La ville n’a été touchée que partiellement. Il y a un contraste très fort entre les premiers quartiers que l’on traverse et ceux des deux arrondissements proches de la mer. Là, c’est la désolation absolue. Des kilomètres de côtes dévastées, des voitures par centaines, renversées, compressées, enchevêtrées, qui jonchent le sol boueux. On commence tout juste à déblayer depuis quelques jours. Mais des ouvriers sont déjà au travail : ils reconstruisent des ponts. L’espoir est là, avec la vie qui reprend au milieu des décombres. Retour à Paris, par le vol d’Air France qui fait escale à Séoul, pour changer d’équipage. Les pilotes d’Air France refusent de dormir à Tokyo. M. Ohata m’a fait remarquer à ce propos qu’il y dormait tous les soirs, comme 13 millions de ses compatriotes et plusieurs milliers de Français. Nathalie Kosciusko-Morizet
La visite de Nicolas Sarkozy au Japon est la première d’un chef d’État ou de gouvernement étranger depuis la catastrophe du 11 mars. Il avait déjà été l’un des premiers à se rendre en Haïti en février 2010, un mois après le séisme qui a fait plus de 200 000 morts dans la région de Port-au-Prince. Ce séjour de quelques heures à Tokyo fournira aussi à Nicolas Sarkozy l’occasion de combler un vide de son bilan diplomatique. S’il s’est rendu à cinq reprises en Chine, il n’a, depuis son élection, jamais visité le Japon, hormis pour le sommet du G8 à Tokyo en 2008. Le Point (31/03/2011)
Il a laissé s’organiser un système de clan, de bandes et de prébendes. Ce système a fait la promotion d’un nucléaire bas de gamme à l’international et proposé de transférer nos droits de propriété intellectuelle mondiaux aux… Chinois, et de vendre du nucléaire à des pays où ce n’est pas raisonnable. (…) Par exemple au colonel Kadhafi. Nous jouions à fronts renversés: moi, qui aurais dû pousser à la vente, je m’y opposais vigoureusement, et l’Etat, censé être plus responsable, soutenait cette folie. Imaginez, si on l’avait fait, de quoi nous aurions l’air maintenant ! La vente de nucléaire s’accompagne de la création d’une autorité de sûreté capable d’arrêter la centrale en cas de problème. Or, dans un tel régime, un président de l’autorité de sûreté qui n’obéit pas est au mieux jeté en prison, au pire exécuté ! Pourtant, quelle insistance ! A l’été 2010, j’ai encore eu, à l’Elysée, une séance à ce sujet avec Claude Guéant et Henri Proglio… Anne Sauvargeon
Le candidat sortant me dit: «Ça coûte cher, on n’a pas les moyens, 60 000 postes c’est impossible, deux milliards et demi.» J’ai fait mes comptes : lui, il a accordé le bouclier fiscal aux plus favorisés, cela représentait deux milliards et demi, l’équivalent des 60000 postes. Qu’est ce que l’on préfère, protéger les plus riches ou protéger nos enfants? J’ai choisi : protéger nos enfants! François Hollande
Cette équation est trompeuse: François Hollande compare en effet le bouclier fiscal dont le coût cumulé sur le quinquennat est d’environ 2,5 milliards (grosso modo 500 millions d’euros par an en moyenne). Alors que cette somme de 2,5 milliards d’euros correspond (plus ou moins selon les évaluations) au coût annuel des 60000 postes crées dans l’Education nationale, une fois la totalité des postes créés (à partir de la cinquième année). Si l’on veut vraiment comparer le coût cumulé de la création des postes sur cinq ans, on aboutit à 7,5 milliards d’euros (500 millions la première année pour 12 000 postes, 1 milliards la deuxième année pour les 12000 premiers plus 12000 supplémentaires , etc. jusqu’à la dernière année où les 60 000 postes représentent une charge annuelle de 2,5 milliards). Desintox
Entre 2002 et 2006, les atteintes aux personnes ont explosé de 23,8%, et les coups et blessures non mortels de 31,3%. Manuel Valls (dans son dernier livre, l’Energie du changement)
La violence progresse. Depuis dix ans, les violences aux personnes ont augmenté de 20 % (…) On nous dira que nous sommes des laxistes, alors que j’ai démontré le contraire et que la Droite a laissé les violences aux personnes progresser de 20 %! François Hollande
Les chiffres de Manuel Valls correspondent à l’évolution des faits constatés par les forces de l’ordre. On pourrait gloser sur le terme «explosion» employé par Valls. Il laisse à penser que les violences ont subitement augmenté en 2002. Alors que les atteintes aux personnes enregistrées progressaient plus fortement entre 1997 et 2002. Mais ce serait accorder trop de crédit aux chiffres sur lesquels Valls s’appuie. Car le principal problème est que l’indicateur qu’il manie dit peu de choses. Comme tant d’hommes politiques, le maire d’Evry confond les chiffres de la délinquance enregistrés par la police et la gendarmerie avec la délinquance réelle. C’est un piège contre lequel l’Observatoire national de la délinquance (OND) ne cesse de mettre en garde depuis des années, en vain. «L’évolution à court ou à moyen terme du nombre de faits constatés par la police ou la gendarmerie ne doit jamais être confondue avec la délinquance commise», écrit ainsi souvent l’organisme. Si la police décide de mettre l’accent sur la lutte contre le petit trafic de drogue, il y aura davantage de dealers arrêtés. Cela ne voudra pas dire qu’il y a une explosion des trafics en France. A l’inverse, il suffit au pouvoir politique – comme cela se fait parfois – de demander aux forces de l’ordre de mettre la pédale douce dans l’enregistrement des plaintes pour que les statistiques baissent. La délinquance n’aura pas diminué pour autant. La prudence est donc de mise concernant le sens à donner à ces chiffres. Et c’est particulièrement vrai en matière de violences. Depuis quinze ans, les atteintes aux personnes enregistrées progressent. Mais cette inflation statistique ne doit pas être confondue avec une «explosion» des faits eux-mêmes. La première raison est qu’on assiste depuis quinze ans à un élargissement du nombre des «circonstances aggravantes», qui ont fait basculer des agressions de la contravention vers le délit. Des faits apparaissent dans les statistiques de la délinquance alors qu’ils n’y figuraient pas auparavant. Depuis 1994, une agression, quelle que soit la durée de l’incapacité totale de travail de la victime, est un délit si elle est le fait du concubin ou du conjoint de la victime. Et, depuis 2006, c’est aussi le cas si elle a été commise par un ex-conjoint, un ex-concubin ou une personne liée à la victime par un Pacs. Cette modification de périmètre est une des raisons de l’augmentation du nombre de faits constatés. (…)  Le nombre de plaintes enregistrées dépend aussi de la propension des victimes à porter plainte. Les experts soulignent que la forte progression des violences – notamment intrafamiliales – dans les statistiques s’explique aussi par une modification des comportements : de la police – qui est plus sensibilisée au sujet et collecte mieux les plaintes – et des victimes – qui sont de plus en plus incitées à porter plainte (elles sont encore moins de 25% à le faire en cas d’agression, et moins de 10% quand il s’agit de violence au sein du ménage). (…) «L’augmentation des faits constatés peut être une bonne nouvelle, parce qu’elle peut signifier que de plus en plus de victimes se font connaître. Ce qui ne veut pas dire qu’il y a de plus en plus de victimes», explique-t-on à l’OND. Il importe d’ailleurs de souligner que, à rebours des statistiques des forces de l’ordre, les enquêtes de victimation, qui consistent à aller interroger des échantillons de population sur les délits dont ils ont été l’objet, ne montrent pas de progression des violences. Les enquêtes que mène l’OND depuis 2007 montrent une stagnation des atteintes aux personnes. Ces enquêtes – largement utilisées dans d’autres pays – ne sont jamais citées par les responsables politiques français, qui leur préfèrent les statistiques de l’activité policière. Quitte, comme Valls, à leur faire dire autre chose que ce qu’elles disent. Le maire d’Evry, qui se veut moderne dans le traitement de la sécurité, pourrait commencer par remettre les chiffres à l’endroit. Cédric Mathiot
La première décision que je prendrai sur cette réforme des retraites, c’est de permettre à ceux qui ont cotisé 41 années de partir. Ça veut dire, qu’on rétablira l’âge légal si c’est la question sous-entendue. Mais pour partir à taux plein, il faudra avoir fait 41 années de cotisation. François Hollande (débat Aubry-Hollande, 12.10.10)
Ceux qui ont commencé leur vie professionnelle à 18 ans, qui ont fait 41 années de cotisation, 42 ans, pourront partir à 60 ans. Ceux qui n’ont pas leur durée de cotisations ne le pourront pas. François Hollande (13.12.11)
François Hollande s’est engagé à revenir à l’âge légal à 60 ans et il le fera. Marisol Touraine (conseillère du candidat sur les questions sociales) Il n’y aura pas de départ possible avec décote avant 62 ans. Marisol Touraine (conseillère de Hollande sur les questions sociales)
Ce que dit François Hollande, c’est ce qu’il dit depuis longtemps. Pierre Moscovici
François Hollande a toujours dit ça, il n’a jamais dit autre chose, il a répété que pourraient partir à 60 ans ceux qui avaient leur durée de cotisation. Chacun en fait maintenant une interprétation. ça a toujours été la même proposition. Il n’a pas dit autre chose pendant la primaire. Stéphane le Foll
Hollande a rappelé la proposition qu’il a toujours défendue, la prise en compte pour ceux qui ont commencé à travailler tôt dans leur vie de la durée de cotisation de telle sorte que s’ils ont atteint les 41 à 41,5 années de cotisations, ils puissent partir à 60 ans. Harlem Désir
Depuis le 1er janvier 2004, les assurés qui ont commencé à travailler tôt peuvent partir à la retraite avant l’âge légal. Sous certaines conditions… Arrivés sur le marché du travail à 14, 15 ou 16 ans, ils ont aujourd’hui l’âge de songer à leur retraite. La réforme Fillon, entrée en application au 1er janvier 2004, a allongé progressivement la durée d’assurance requise pour obtenir une retraite complète. Elle a aussi offert à ceux qui ont commencé tôt un départ en retraite possible avant l’âge de 60 ans. La dernière réforme, celle de novembre 2010, a reconduit et étendu ce dispositif aux personnes ayant débuté leur activité avant 18 ans. Dossier familial

Attention: un mensonge peut en cacher un autre!

Réécriture de l’histoire, enjolivement de bilan, réinventions des propositions de l’adversaire, distorsion des chiffres, diagnostics gonflés, exagérés, ou faux, invention de comparaisons internationales, promesses de changements qui existent déjà …

A l’heure où, empêtré dans un chômage record et des déficits proprement abyssaux mais fort de 200 millions de dollars de trésor de guerre pour une campagne qui devrait dépasser  les 750 millions de la dernière, le Faiseur en chef de Kool-Aid de la Maison Blanche, nous ressort les vieilles ficelles de la « règle Buffett » (o, 3% des contribuables, gain de moins de 50 milliards sur 10 ans pour 1000 milliards de déficits annuels) …

Alors qu’un site de vérification de faits français (heureuse initiative de factchecking à la française conjointe de la chaine en continu iTélé et du site anti loi Hadopi et pro-wikileaks français Owni) reprenant le titre d’un sketch de Thierry Le Luron sur Georges Marchais (Véritomètre) qui distribue les notes de crédibilité à nos candidats (devinez qui est dernier et qui est premier?)  met un 0 à qui vous savez pour avoir sous-évalué de 25% un chiffre qu’il avait dans son raisonnement intérêt à sous-évaluer …

Et que fort de son bilan vide  (toute le monde n’a pas eu la chance, à ce niveau-là en tout cas, de n’avoir jamais participé à aucune fonction de gouvernement), notre Obama (blanc) français et son équipe ont beau jeu de multiplier les dénonciations sur le bilan désastreux et les mensonges éhontés du président sortant (qui semble certes, entre la date d’une visite au mur de Berlin et les projets de vente de centrales nucléaires à Kaddhafi, avoir toujours eu l’enjolivement facile, comme le montre bien Desintox,  un autre site apparemment plus sérieux de vérification de faits) …

Retour sur le vrai mensonge de Sarkozy.

A savoir que contrairement à ce que nous répète l’opposition et sa claque médiatique (sans compter leurs experts), notre Sarko national n’a (hélas) jamais été le libéral qu’on (a) dit.

Que, derrière les quelques vélléités libérales qu’il a eues et les quelques vraies et utiles réformes qu’il a réussi (contre probablement la pire opposition qu’un président ai jamais eue: on imagine la révolution s’il avait vraiment essayé!) à faire passer et que, du service minimum transports et école primaire et retour dans l’OTAN aux franchises médicales, non-remplacement d’un fonctionnaire partant en retraite sur deux, réforme des retraites, baisses de TVA et  bouclier fiscal) son adversaire et possible successeur va s’empresser de conserver précieusement, notre fils naturel de Thatcher et Reagan est resté largement fidèle à la tradition bien française de dirigisme et d’étatisme …

Et que mis à part la pire crise que le monde ait connue depuis peut-être les années 30, une bonne part du nécessairement mauvais bilan qui lui est universellement reproché tient tout simplement à ce modèle français, de protection des emplois à statut et à fort potentiel de nuisance (dans la rue ou les urnes) au détriment des nouveaux entrants sur le marché du travail, que ses adversaires sont comme un seul homme si pressés de relancer dans toute sa force …

Non, le quinquennat de Nicolas Sarkozy n’a pas été libéral !

Le Parisien Libéral

Contrepoints

20/04/2012

Comment peut-on sérieusement dire que Nicolas Sarkozy a mené une politique libérale ? Retour sur ce qu’aurait été une politique libérale, et ce qu’ont été les principales mesures de l’UMP.

Non : il n’y a pas eu de mesures libérales en 5 ans, ou presque. Tel est le message que les libéraux transmettent à la gauchosphère, comme Gauche de Combat, Jegoun, Dedalus Sarkononmerci (!), les privilégiés parlent aux français, Clémentine Autain et bien d’autres rouges de rage mais aussi à ces soi-disant ultra libéraux que sont Laurent Wauquiez (qui a déclaré « Une dérive ultralibérale de l’UMP serait une mauvaise idée : parce que la crise a montré les limites de cette doctrine et parce que la droite, en France, ce n’est pas cela ») ou tous les gens de la Droite Pop.

Le billet le plus comique de ces dernières heures est peut-être celui intitulé « Sarkozy, fils naturel de Reagan et Thatcher ». C’est d’un drôle.

Rappelons ce que serait une politique libérale :

une baisse et une simplification des impôts (flat tax, suppression de l’ISF)

un budget voté en équilibre (donc une forte baisse des dépenses publiques)

moins de lois votées au parlement

la dérégulation de toutes les mesures qui empêchent les marchés de fonctionner (fin du SMIC et de la taxe sur les transactions financières)

la liberté de faire gérer par qui on veut les prélèvements sociaux obligatoires (salaire complet)

un moratoire sur les mesures liberticides (arrêt de Loppsi et Hadopi) et de la généralisation de la vidéosurveillance

l’application stricte du principe de subsidiarité pour tous les services publics qui ne seraient pas gérés au niveau fédéral communautaire

le remplacement de toute l’aide sociale par le revenu universel garanti

l’alignement du droit public sur le droit privé

Il y a eu deux mesures incontestablement libérales en 5 ans : la création du statut de l’auto-entrepreneur, grâce à Hervé Novelli, et la loi sur l’autonomie des universités.

Sinon, on a eu :

51 taxes créées ou relevées depuis 2007

des budgets votés en déficit

une progression constante de la dépense publique, faute de licenciements dans la fonction publique

17 000 lois votées

hausse du SMIC

maintien des 35 heures

acharnement thérapeutique sur le système de retraites, pour lui donner quelques années de racket de plus

création de la Hadopi

extension du domaine d’application du Secret Défense

projet de loi de la carte d’identité biométrique, soutenu par les socialistes sauf Serge Blisko

maintien de l’avantage juridique qu’ont les fonctionnaires dans leurs procès contre les citoyens

et ne parlons pas de la politique étrangère (accueil de Khadafi, serrage de louche de Poutine, lachage des otages suisses en Libye, achat de listes volées en Suisse, JO de Pekin 2008, menaces contre Schenghen etc.).

Faute de réformes type Reagan Thatcher, justement, le Président de la République n’a pas su mettre fin à la République Socialiste de France, tout comme Chirac a viré Madelin en 1995 au lieu de suivre le bon sens.

Voila l’opinion des libéraux, appuyés par les faits listés ci-dessus.

C’est d’ailleurs pourquoi un certain nombre d’entre eux s’apprêtent à voter Frédéric Bastiat, car un mort ne fera pas pire que les vivants. Quel que soit le vainqueur dimanche prochain, on ne voit pas quelle politique libérale sera initiée de gré par le nouveau (ou la nouvelle) Président (e) de la République. On sait juste que la gauche socialiste et communiste prendra encore moins de gants pour enfoncer la France dans l’ultra-étatisme et l’ultra-socialisme.

Voir aussi:

Sarkozy, fils naturel de Thatcher et Reagan

Sarkononmerci

17 avril 2012

Entendons-nous bien, nous ne sommes plus au XIXème siècle et les libéraux d’aujourd’hui n’ont plus rien à voir avec les libéraux d’antan. L’appellation « libéral » a été détournée et dévoyée, récupérée tant et si bien qu’il ne s’agit plus aujourd’hui d’une philosophie politique d’émancipation de l’individu vis à vis du pouvoir politique, mais de la simple revendication économique de s’affranchir des règles sociales vues comme des entraves. Il ne s’agit plus de reconnaître l’individualité du citoyen mais de favoriser l’individualisme de l’entrepreneur. Et la seule liberté que revendique le libéral aujourd’hui est celle de « faire de l’argent ».

Ceci étant posé, je rebondis sur le billet de Nicolas, lui-même ayant rebondi sur le billet d’un blogueur nommé Pierre qui se revendique libéral et explique qu’il ne votera pas cette fois pour Sarkozy qu’il juge finalement trop socialiste. Pauvre petit bonhomme !

A quoi aspire le libéral ? Quelle est son idéologie ? Que revendique-t-il ?

Le libéralisme est une idée simple, si simple qu’elle en est un simplisme : celui qui crée la richesse c’est celui qui entreprend et investit. L’important est de le laisser faire, c’est-à-dire de ne pas l’entraver en lui imposant un salaire minimum, de ne pas l’entraver en limitant sa capacité de licencier, de ne pas l’entraver en accordant des droits aux salariés, ne pas l’entraver en imposant ses bénéfices, ne pas l’entraver en lui réclamant de payer des charges… Ne pas l’entraver, ne pas le faire chier, le laisser libre de faire du fric.

Or charges sociales et impôts sont prélevés par l’Etat et les collectivités territoriales pour payer les retraites, financer la protection sociale, assurance maladie et assurance chômage, pour financer les services publiques tels que l’éducation, la justice, l’hôpital… En conséquence de quoi, afin donc de réduire les entraves qui pèsent sur les entrepreneurs, il est nécessaire d’en finir avec ces besoins de financement.

Moins de services publics et moins de protection sociale, c’est moins d’impôts et de charges, donc plus de liberté pour les entrepreneurs, c’est-à-dire une capacité accrue à faire de l’argent.

Et pour vendre le modèle, les libéraux prétendent contre toute réalité que plus d’argent pour eux ce serait en fin de compte, à terme, plus d’argent pour tous. C’est la théorie des retombées et il est aisé de démontrer combien ces retombées promises relèvent du chimèrique. Un parfait miroir aux alouettes.

En attendant, sous prétexte donc que ça retomberait, Nicolas Sarkozy a bel et bien cassé le code du travail de manière à réduire les droits des salariés. C’est une réforme d’inspiration purement libérale.

Il a réduit les droits des chômeurs comme les droits des retraités. Deux réformes d’inspiration purement libérale.

Il a baissé les charges pour les entreprises, supprimé la taxe professionnelle, bridé la progression du salaire minimum, réduit les sur-rémunérations associées aux heures supplémentaires, facilité le licenciement… Autant de mesures d’inspiration purement libérale.

Il s’est attaqué violemment au système hospitalier, au système judiciaire, au système scolaire, au point de les rendre exangues, dans l’incapacité de fonctionner. Et l’on pourrait multiplier les exemples du libéralisme aussi forcené qu’idéologique de Nicolas Sarkozy – et plus généralement de la droite française.

Contentons-nous de nous arrêter un peu sur l’exemple de l’école. C’est un bon exemple pour décrire comment procède le libéralisme pour parvenir à ses fins.

D’abord, casser.

Supprimons quinze à vingt mille postes par an dans l’éducation nationale. Supprimons en particulier les RASED (Réseaux d’Aides Spécialisées aux Elèves en Difficulté), et aussi réduisons les postes d’infirmières scolaires, les postes de psychologues scolaires et plus généralement tout le personnel qui bénéficie le plus aux élèves en difficulté. Prenons bien soin, dans le même ordre d’idée, de répartir les suppressions de postes de manière à ce qu’elle pèse davantage sur les établissements situés dans les zones les moins favorisées.

Tout ceci est précisément ce que la droite s’est appliquée à faire depuis dix ans, un processus de casse qu’en cinq ans Nicolas Sarkozy s’est appliqué à accélérer.

Au résultat, les difficultés s’accumulent, plus rien ne fonctionne, les élèves en difficultés se retrouvent abandonnés, les professeurs sont découragés, désormais quand un professeur est absent il est impossible de lui trouver un remplaçant – dans un établissement de mon quartier, au lycée Hélène Boucher, une classe de première n’a pas eu de professeur de français de toute l’année (les élèves passent le bac dans un mois)…

Les parents sont excédés. De plus en plus d’entre eux font le choix, quand ils en ont la possibilité, de se tourner vers les établissements privées. Lesquels sont eux-mêmes au bord de la rupture et réclament des moyens supplémentaires.

Que croyez-vous que serait l’étape suivante, si Sarkozy était réélu ?

Le constat serait fait de la médiocrité crasse d’un système d’enseignement public qui coûte cher et ne fonctionne plus. Conclusion serait tirée qu’il est devenu préférable de financer le développement de l’enseignement privé – moins cher puisque financé aussi par les familles, celles qui en ont les moyens…

Un système à deux vitesses serait créé, accélérant la dégradation d’un système public dépourvu de moyens et abandonné par ses meilleurs éléments, élèves et professeurs, qui choisiraient de rejoindre le privé.

Le budget de l’Etat s’en retrouverait allégé d’autant. Les besoins en impôt en serait diminué. Ce qui était l’objectif de l’opération.

Et tant pis pour les familles qui se retrouveraient à devoir débourser des sommes considérables pour assurer la scolarité de leurs enfants. Tant pis pour les enfants dont les parents n’en auraient pas les moyens.

C’est précisément ce qui s’est produit, avec vingt ans d’avance, en Grande Bretagne sous l’impulsion de Thatcher et aux Etats-Unis sous celle de Reagan. Les résultats furent si désastreux qu’ils en sont encore aujourd’hui à chercher comment reconstruire ce qui avait alors été cassé – mais il est bien plus aisé de casser que de reconstruire.

Thatcher et Reagan dont personne ne viendrait contester qu’ils étaient de purs libéraux et dont Sarkozy s’est montré à l’évidence un élève plus qu’appliqué.

Les mauvais chiffres du premier tour

 Sylvain Lapoix

Owni

22 avril 2012

Constat d’après premier tour : durant des semaines, les candidats ont multiplié les bourdes dès qu’ils faisaient référence à des chiffres. Voici le classement de ces grosses boulettes, magistrales gamelles ou discrètes bêtises – concernant notamment les deux candidats en lice pour le second tour. Florilège réalisé par les journalistes de donnés d’OWNI en partenariat avec i>TÉLÉ.

Lancé en partenariat avec i>TÉLÉ pour vérifier les déclarations chiffrées des six principaux candidats à l’élection présidentielle, le Véritomètre a vu voltiger des centaines statistiques en deux mois de factchecking. Après ce premier tour, nous vous livrons un condensé des plus grosses erreurs des prétendants à l’Élysée, rangées par type de bourdes. Un panorama synthétique des libertés prises avec les statistiques officielles au travers duquel perce, peut-être, une certaine vision des Français et du genre de pilule que les équipes de campagne veulent leur faire avaler. Expliquant, peut-être, les surprises des résultats du suffrage de ce dimanche.

L’arrondi qui tue

Parmi les reproches les plus courants que nous ont adressés les membres des équipes de campagne des candidats, il y a la question des arrondis : selon eux, nous étions “trop sévères” avec les pauvres politiques essayant par un gros chiffre qui tombe juste de faire la démonstration que la France va mal. Une remarque étonnante, surtout venant d’un candidat comme François Bayou, lequel a fait du “discours de vérité” le point d’orgue de sa communication politique. Champion du redressement des finances publiques, c’est pourtant le même candidat du Modem qui sous-estimait de 8,7% le budget de l’Etat un matin sur Europe 1 :

L’argent que dépense l’État, les collectivités locales et la Sécu, c’est 1000 milliards, 1000 fois 1000 millions par an.

L’estimation était révisée à la hausse de 5% par le même candidat, trois semaines plus tard sur RTL cette fois-ci :

La France dépense un peu plus de 1000 milliards de dépenses publiques par an, mettons 1050 milliards.

Le vrai chiffre est encore 44 milliards au dessus : 1094 milliards d’euros en 2011 selon l’Insee. Cet arrondi serait, nous a-t-on assuré dans l’entourage du candidat, “au service d’une démonstration”. Mais pourquoi, alors, François Bayrou reproche-t-il quelques dizaines de milliards de surcoût dans le programme d’un de ses concurrents quand lui-même en oublie une centaine ?

À ce petit jeu, le président sortant lui-même a fait très fort puisque la première mesure de sa campagne, présentée en direct sur TF1 le 15 février, s’appuyait, elle-aussi, sur un chiffre incorrect mais bien rond :

Aujourd’hui, il y a seulement 10 % des chômeurs qui sont en formation.

Pointilleuse, notre équipe de data-journalists s’est penchée sur les derniers chiffres disponibles du ministère du Travail : vieux de 2009, ils indiquaient seulement 8% de demandeurs d’emplois en formation, soit 20% de moins qu’annoncés par le chef de l’État. Un arrondi, nous ont reproché de nombreux internautes, trouvant ce “0% de crédibilité” injuste pour “2%” de plus. Pourtant, ces deux points de chômeurs en formation représentent la modeste foule de 140 000 et quelques demandeurs d’emplois non inscrits à des formations, soit l’équivalent de l’agglomération de Clermont-Ferrand.

Derrière des arguments de forme, selon lesquels il serait trop long de donner “le chiffre complet”, se cache plus souvent le désir d’un “bon chiffre”, frappant l’esprit au détour d’une phrase et facile à mémoriser.

Question d’échelle

Mais il n’y a pas que dans les chiffres que la recherche du raccourci fait des ravages. À cause d’une mauvaise documentation, les candidats ont parfois énoncé des énormités y compris sur leur propre domaine d’expertise. Par exemple, ce n’est pas sur l’immigration ou la sécurité qu’Eva Joly nous a offert sur Canal + son plus gros écart, mais sur le logement, un des points phares de son programme :

Il y a 2 millions de logements vacants en région parisienne.

Le chiffre officiel le plus récent que nous ayons trouvé fait en réalité état de… 329 000 logements vides en Île-de-France ! Il existe bien deux millions de logements vides, mais dans toute la France.

De son côté, le candidat de l’UMP s’avançant sur le terrain des énergies vertes a de beaucoup surestimé les investissements dans la filière renouvelable lors de la conférence de presse de présentation de son programme :

Vous dites qu’on a bien du mal à affecter le chantier éolien. Ah bon ? Le chantier éolien c’est 12 milliards d’euros.

Avec un tel budget, les rotors auraient remplacé les réacteurs nucléaires sur les côtes normandes. Sauf que, s’il y a bien 12 milliards d’euros d’investis dans l’énergie éolienne, ce n’est pas en France, mais dans toute l’Europe ! Et le chiffre ne vient pas d’un obscur think tank mais du ministère de l’Écologie lui-même (lequel sous estimerait légèrement l’effort financier, selon le groupement des industriels européens du secteur). En réalité, c’est plutôt 1,2 milliard d’euros qui auraient été injectés par la France dans l’éolien, là où l’intégralité des investissements n’ont atteint depuis la première éolienne en 1991 que 7,164 milliards.

Derrière ces énormités, le raccourci semble évident : un gros chiffre trouvé au détour d’un rapport, mettant en valeur un atout ou une faiblesse structurelle. Las, pas le temps dans une interview ou un discours de finasser.

Sauf que ce sont généralement dans des sujets de niche que les terminologies sont les plus importantes : quand François Bayrou prétend qu’il ne subsiste que 100 000 emplois dans la “filière textile” dans Des paroles et des actes avant de parler du “sportswear”, il ne semble pas savoir que l’on ne parle de “textile” que pour les métiers de préparation du tissu et que “l’habillement” est, au sein des instances représentatives de ces industries, compté totalement à part. Et que, loin de ces 100 000 salariés, ils n’étaient déjà plus que 70 527 à travailler à la préparation des tissus en France en 2010.

Des chômeurs toujours prêts à rendre service

Mais les candidats font souvent mine de ne pas comprendre un sujet bien moins pointu et étroit que l’industrie des tissus : les questions d’emploi. Alors que le chômage est l’une des principales préoccupations des Français et qu’il constitue un sujet de débats permanents entre le sortant et les prétendants, aucun des candidats n’a pris le temps de décrire les différentes catégories de demandeurs d’emplois, à la notable exception de François Bayrou qui évoquait à Perpignan :

Un pays qui a presque 5 millions de chômeurs à temps complet ou à temps partiel.

À d’autres reprises, le candidat du Modem et ses concurrents n’ont pas eu ce soucis de précision. Entre les cinq catégories de demandeurs d’emplois, désignées par les lettres A à E (A, désignant les personnes sans aucune activité, B et C avec une activité partielle et D et E, ceux n’étant pas inscrit au début ou à la fin du mois à Pôle emploi), il leur est arrivé même de jongler dans une même intervention ! Sur TF1, le 27 février, François Hollande tire ainsi un bilan quelque peu réducteur du chômage :

dans une période de chômage, telle que nous la connaissons, trois millions de chômeurs

Par “bonne foi”, l’équipe des vérificateurs d’OWNI a considéré qu’il fallait vérifier une déclaration en supposant que le candidat se rangeait à la définition du chômage la plus proche du chiffre avancé, en l’occurrence, de la catégorie A des chômeurs à temps plein qu’il surestimait d’un peu moins de 5%… mais cinq minutes plus tard, il change de définition pour critiquer le bilan du président sortant :

Avoir eu pendant le dernier quinquennat un million de chômeurs supplémentaires, c’est un échec.

Y avait-il seulement deux millions de chômeurs sans activité en 2007 ? On en est loin : selon la Direction des études statistiques du ministère du Travail (Dares), l’augmentation n’a pas dépassé les 750 000. En revanche, ce chiffre est bien atteint pour une autre définition du chômage (catégorie A, B et C).

De l’Outre-Mer à l’oubli

Les chiffres officiels du chômage contiennent en eux-même un biais considérable : ils écartent purement et simplement les départements d’Outre-Mer ! Les chiffres de la Dares pour février 2012 recensent ainsi 4 278 600 demandeurs d’emplois de catégorie A, B et C en métropole. Mais ils sont 4,47 millions en comptant les chômeurs de Guadeloupe, Martinique, Guyane et Réunion, soit près de 270 000 de personnes ignorées par la statistique de référence !

Dans la dernière île seulement, le Pôle emploi recense 20 200 inscrits, soit plus que dans toute la région Poitou-Charentes pour une population de 60% inférieure. Épisode pittoresque par excellence des tours de France des candidats, le passage par les départements ultra-marins (notamment les Antilles) ne laisse généralement que peu de souvenirs dans les chiffres évoqués en métropole. Loin des yeux, loin du coeur, deux mois après avoir rendu visite aux Français des Caraïbes, François Hollande les oubliait déjà pour flatter les jeunes réunis autour de lui à Bondy pour son discours du 16 mars :

La Seine-Saint-Denis est le département le plus jeune de France.

Entre l’Atlantique et la Méditerranée, l’Insee donne raison au candidat socialiste : avec 440 865 habitants de moins de 20 ans en 2010 sur 1,527 million d’habitants, la Seine-Saint-Denis détient le taux record de 28,86% de jeunes. Mais seulement en métropole. Car, un océan plus loin, tous les territoires français affichent une population plus jeune encore : 29,5% de moins de 20 ans en Guadeloupe, 34% à la Réunion et, record de la France entière, 44,4% pour la Guyane. Un record auquel s’ajoute un taux de chômage de 45,1% chez les jeunes de moins de 24 ans. Une performance rarement évoquée dans les discours.

L’ivresse des records

Pour jouer aux réformateurs, en revanche, les candidats, et notamment le président sortant, stigmatisent à tout va la France comme le pays dernier de la classe, y compris en direct dans l’émission Parole de candidat face à quelques millions de téléspectateurs :

La France est le seul pays au monde où lorsqu’il y a une crise, le prix de l’immobilier augmente.

L’effet escompté est évidemment de dénoncer un archaïsme honteux ou bien un système grippé que tous les régimes précédents auraient protégé jusqu’à ce jour et que l’impétrant compte bien renverser une fois au pouvoir (quand bien même il l’est déjà). Sauf que, le monde est vaste et il y a toujours un pays pour écorner la démonstration : dans le cas de l’immobilier, il a suffi aux vérificateurs du Véritomètre de passer en revue les États européens pour en trouver trois – Suède, Finlande et Norvège – où les prix de l’immobilier avaient également augmenté ces quatre dernières années.

En dehors de la sortie de Marine Le Pen, correcte à Nice quand elle déclare que le taux de syndicalisation français est “le plus bas du monde occidental”, rares sont les tirades de ce genre qui résistent à la vérification. Spécialiste des classements en tout genre (des forêts jusqu’aux salles de classe), François Bayrou a bien essayé pour interpeller son auditoire d’exagérer la situation française :

Nous sommes le seul pays dans notre situation en Europe (…) qui soit devant un épouvantable déficit du commerce extérieur.

C’était sans compter les bases de données d’Eurostat, lesquelles nous ont appris qu’il y avait bien pire que nous. Et, cette fois-ci, nul besoin d’aller chercher en Pologne ou dans les pays scandinaves pour savoir qui surclasse Paris en matière de déficit commercial : avec 117,4 milliards d’euros de déficit commercial en 2011, c’est la Grande-Bretagne qui arrive première en UE, avec près de 50% de dépendance économique extérieure de plus que la France.

En dehors de l’efficacité de la formule, permettant d’assurer que “la France s’est mieux sortie de la crise que quiconque” et autres superlatifs, ce type de comparaison excessive a l’avantage de frapper l’esprit d’une formule sans obliger le candidat à avancer un chiffre ou à détailler les raisons expliquant un retard.

Maths

À l’extrême opposé de ces “chiffres chocs”, il arrive que le citoyen spectateur d’un meeting ou d’une interview se voit infligé une interminable démonstration bourrée de chiffres censée révéler une vérité cachée à grands coups de maths. En la matière, le champion toutes catégories reste François Bayrou, lequel s’est à plusieurs reprises (Angers, Besançon, Parole de candidat…) autoproclamé “président, trésorier et fondateur de l’association pour la défense du calcul mental”. Sa plus célèbre démonstration, restée gravée dans la mémoire de nos journalistes de données, reste la comparaison entre les voitures produites sur le territoire français par Renault et celles fabriquées en Allemagne par Volkswagen :

Je suis très frappé par ces chiffres-là : en 2005 toujours, Volkswagen produit en Allemagne 1 200 000 véhicules par an et, au même moment, Renault produit en France 1 200 000 véhicules par an, le même chiffre. Cette année, sept ans après, Volkswagen va produire en Allemagne 2 200 000 véhicules, presque le double, et chez nous Renault va produire en France 440 000 véhicules, trois fois moins que ce qu’il produisait en 2005.

À la sortie de ce tunnel, ceux qui auront réussi à suivre l’enchaînement des chiffres (malgré le débit plutôt modéré du candidat du Modem) auront saisi la question sous-jacente : pourquoi Renault produit moins sur son territoire alors que l’Allemagne produit plus ? Sauf que, dans le détail, tous les chiffres évoqués ici sont incorrects. Selon les sources officielles : en 2005, déjà, la marque allemande affichait 40% de production en plus sur son territoire que le leader français (1,913 millions de véhicules produits côté Volkswagen contre 1,318 millions chez Renault). Quant aux derniers chiffres, s’ils “renforcent le constat”, comme nous l’avait rétorqué François Bayrou sur le plateau de i>TÉLÉ où nous lui avons présenté le graphique, ils n’en étaient pas moins tout aussi éloignés de la réalité.

L’autre grand classique est le calcul “à la volée” de l’impact d’une taxe. Invitée de Radio France Politique, Eva Joly a ainsi vanté les sommes mirifiques que récupérerait l’Union européenne en imposant une “taxe Tobin” :

Un taux de 0,005% pour la taxation des transactions financières dans la zone euro produit 172 milliards

Malheureusement pour la candidate d’Europe écologie-Les Verts, le calcul avait déjà été fait et à un taux bien supérieur : avec 0,1% d’imposition sur les mêmes transactions financières, la Commission européenne n’entrevoyait ainsi que 57 milliards par an de collecte, soit trois fois moins pour un taux vingt fois supérieur.

Vieilles de 12 ans

Les candidats ne vont parfois pas chercher aussi loin. Parfois, ils se contentent d’utiliser un “vieux chiffre à la mode”, répété à tort et à travers dans les enquêtes et les études sur un sujet. Bien que candidat le plus précis de la campagne de premier tour, Jean-Luc Mélenchon n’échappe pas à la règle quand il déclare sur France info :

80% des Smicards sont des smicardes !

Cette statistique, elle circule dans toutes les directions et depuis longtemps. Très longtemps. Au moins en 2000, puisque la source première de ce chiffre (rarement citée) est l’ouvrage de la sociologue et directrice de recherche au CNRS, Margaret Maruani, “Travail et emploi des femmes”, paru en mars 2000 aux éditions La Découverte. Or, il existe des études plus récentes dont les conclusions sont différentes. La dernière en date que nous ayons pu trouver remonte à 2006, mais peint un portrait fort différent des salariés payés en Smic : elle constate également une prépondérance de “smicardes”, mais elles représentent 56,% des salariés au Smic contre 43,6% pour les hommes. Au regard de cet écart, les chiffres vieux d’une année cité par Jean-Luc Mélenchon à Marseille quant aux accidents du travail suivis d’une incapacité permanente relèvent du petit oubli de mise à jour.

Illustration par Loguy pour Owni /-)

Posters réalisés par l’équipe du Véritomètre via le Motivator.

Les vérifications des interventions sont réalisées par l’équipe du Véritomètre : Sylvain Lapoix, Nicolas Patte, Pierre Leibovici, Grégoire Normand et Marie Coussin.

Retrouvez toutes nos vérifications sur le Véritomètre et nos articles et chroniques relatifs sur OWNI

Illustrations par l’équipe design d’Owni /-)

Voir enfin:

Sécurité : Valls dans le piège des stats

DESINTOX La violence a explosé de 23,8% entre 2002 et 2006, dénonce Valls, intentant le procès de l’action de Nicolas Sarkozy en matière de délinquance. Mais que veulent dire ces chiffres?

Cédric Mathiot

Libération

26 septembre 2011

«Entre 2002 et 2006, les atteintes aux personnes ont explosé de 23,8%, et les coups et blessures non mortels de 31,3%.»

Manuel Valls, dans son dernier livre, l’Energie du changement

INTOX

Manuel Valls, qui a fait de la sécurité un de ses dadas pour bousculer le PS, ne manque jamais non plus de taper sur le bilan de Nicolas Sarkozy en matière de délinquance. Dans le dernier ouvrage du maire d’Evry (Essonne), l’Energie du changement (Cherche-Midi), on lit : «2002-2012, bientôt une décennie que la sécurité de la France se trouve concentrée dans les mains d’un homme : Nicolas Sarkozy. Quelques chiffres : entre 2002 et 2006, les atteintes aux personnes ont explosé de 23,8%, les coups et blessures non mortels de 31,3%.»

DESINTOX

Les chiffres de Manuel Valls correspondent à l’évolution des faits constatés par les forces de l’ordre. On pourrait gloser sur le terme «explosion» employé par Valls. Il laisse à penser que les violences ont subitement augmenté en 2002. Alors que les atteintes aux personnes enregistrées progressaient plus fortement entre 1997 et 2002. Mais ce serait accorder trop de crédit aux chiffres sur lesquels Valls s’appuie. Car le principal problème est que l’indicateur qu’il manie dit peu de choses.

Comme tant d’hommes politiques, le maire d’Evry confond les chiffres de la délinquance enregistrés par la police et la gendarmerie avec la délinquance réelle. C’est un piège contre lequel l’Observatoire national de la délinquance (OND) ne cesse de mettre en garde depuis des années, en vain. «L’évolution à court ou à moyen terme du nombre de faits constatés par la police ou la gendarmerie ne doit jamais être confondue avec la délinquance commise», écrit ainsi souvent l’organisme. Si la police décide de mettre l’accent sur la lutte contre le petit trafic de drogue, il y aura davantage de dealers arrêtés. Cela ne voudra pas dire qu’il y a une explosion des trafics en France. A l’inverse, il suffit au pouvoir politique – comme cela se fait parfois – de demander aux forces de l’ordre de mettre la pédale douce dans l’enregistrement des plaintes pour que les statistiques baissent. La délinquance n’aura pas diminué pour autant. La prudence est donc de mise concernant le sens à donner à ces chiffres.

Et c’est particulièrement vrai en matière de violences. Depuis quinze ans, les atteintes aux personnes enregistrées progressent. Mais cette inflation statistique ne doit pas être confondue avec une «explosion» des faits eux-mêmes.

La première raison est qu’on assiste depuis quinze ans à un élargissement du nombre des «circonstances aggravantes», qui ont fait basculer des agressions de la contravention vers le délit. Des faits apparaissent dans les statistiques de la délinquance alors qu’ils n’y figuraient pas auparavant. Depuis 1994, une agression, quelle que soit la durée de l’incapacité totale de travail de la victime, est un délit si elle est le fait du concubin ou du conjoint de la victime. Et, depuis 2006, c’est aussi le cas si elle a été commise par un ex-conjoint, un ex-concubin ou une personne liée à la victime par un Pacs. Cette modification de périmètre est une des raisons de l’augmentation du nombre de faits constatés. Ce n’est pas la seule.

Le nombre de plaintes enregistrées dépend aussi de la propension des victimes à porter plainte. Les experts soulignent que la forte progression des violences – notamment intrafamiliales – dans les statistiques s’explique aussi par une modification des comportements : de la police – qui est plus sensibilisée au sujet et collecte mieux les plaintes – et des victimes – qui sont de plus en plus incitées à porter plainte (elles sont encore moins de 25% à le faire en cas d’agression, et moins de 10% quand il s’agit de violence au sein du ménage). Dans une étude de 2008 (lire p.3), l’OND pointe l’exemple de la Seine-Saint-Denis, qui a enregistré entre 2004 et 2007 une hausse de 87% des violences par conjoint sur femme majeure. Une possible conséquence, suggère l’OND, de la politique plus active qu’ailleurs menée par le département et les associations contre la violence conjugale. Un exemple qui amène à inverser la perspective : «L’augmentation des faits constatés peut être une bonne nouvelle, parce qu’elle peut signifier que de plus en plus de victimes se font connaître. Ce qui ne veut pas dire qu’il y a de plus en plus de victimes», explique-t-on à l’OND.

Il importe d’ailleurs de souligner que, à rebours des statistiques des forces de l’ordre, les enquêtes de victimation, qui consistent à aller interroger des échantillons de population sur les délits dont ils ont été l’objet, ne montrent pas de progression des violences. Les enquêtes que mène l’OND depuis 2007 montrent une stagnation des atteintes aux personnes. Ces enquêtes – largement utilisées dans d’autres pays – ne sont jamais citées par les responsables politiques français, qui leur préfèrent les statistiques de l’activité policière. Quitte, comme Valls, à leur faire dire autre chose que ce qu’elles disent. Le maire d’Evry, qui se veut moderne dans le traitement de la sécurité, pourrait commencer par remettre les chiffres à l’endroit.

Voir enfin:

France’s election

The rather dangerous Monsieur Hollande

The Socialist who is likely to be the next French president would be bad for his country and Europe

Apr 28th 2012

IT IS half of the Franco-German motor that drives the European Union. It has been the swing country in the euro crisis, poised between a prudent north and spendthrift south, and between creditors and debtors. And it is big. If France were the next euro-zone country to get into trouble, the single currency’s very survival would be in doubt.

That is why the likely victory of the Socialist candidate, François Hollande, in France’s presidential election matters so much. In the first round on April 22nd Mr Hollande came only just ahead of the incumbent, Nicolas Sarkozy. Yet he should win the second round on May 6th, because he will hoover up all of the far-left vote that went to Jean-Luc Mélenchon and others and also win a sizeable chunk from the National Front’s Marine Le Pen and the centrist François Bayrou.

Mr Sarkozy has a mountain to climb. Many French voters seem viscerally to dislike him. Neither Ms Le Pen (who, disturbingly, did well) nor Mr Bayrou (who, regrettably, did not) is likely to endorse him, as both will gain from his defeat. So, barring a shock, such as an implosion in next week’s televised debate, Mr Hollande can be confident of winning in May, and then of seeing his party triumph in June’s legislative election.

This newspaper endorsed Mr Sarkozy in 2007, when he bravely told French voters that they had no alternative but to change. He was unlucky to be hit by the global economic crisis a year later. He has also chalked up some achievements: softening the Socialists’ 35-hour week, freeing universities, raising the retirement age. Yet Mr Sarkozy’s policies have proved as unpredictable and unreliable as the man himself. The protectionist, anti-immigrant and increasingly anti-European tone he has recently adopted may be meant for National Front voters, but he seems to believe too much of it. For all that, if we had a vote on May 6th, we would give it to Mr Sarkozy—but not on his merits, so much as to keep out Mr Hollande.

With a Socialist president, France would get one big thing right. Mr Hollande opposes the harsh German-enforced fiscal tightening which is strangling the euro zone’s chances of recovery. But he is doing this for the wrong reasons—and he looks likely to get so much else wrong that the prosperity of France (and the euro zone) would be at risk.

A Socialist from the left bank

Although you would never know it from the platforms the candidates campaigned on, France desperately needs reform. Public debt is high and rising, the government has not run a surplus in over 35 years, the banks are undercapitalised, unemployment is persistent and corrosive and, at 56% of GDP, the French state is the biggest of any euro country.

Mr Hollande’s programme seems a very poor answer to all this—especially given that France’s neighbours have been undergoing genuine reforms. He talks a lot about social justice, but barely at all about the need to create wealth. Although he pledges to cut the budget deficit, he plans to do so by raising taxes, not cutting spending. Mr Hollande has promised to hire 60,000 new teachers. By his own calculations, his proposals would splurge an extra €20 billion over five years. The state would grow even bigger.

Optimists retort that compared with the French Socialist Party, Mr Hollande is a moderate who worked with both François Mitterrand, the only previous French Socialist president in the Fifth Republic, and Jacques Delors, Mitterrand’s finance minister before he became president of the European Commission. He led the party during the 1997-2002 premiership of Lionel Jospin, who was often more reformist than the Gaullist president, Jacques Chirac. They dismiss as symbolic Mr Hollande’s flashy promises to impose a 75% top income-tax rate and to reverse Mr Sarkozy’s rise in the pension age from 60 to 62, arguing that the 75% would affect almost nobody and the pension rollback would benefit very few. They see a pragmatist who will be corralled into good behaviour by Germany and by investors worried about France’s creditworthiness.

If so, no one would be happier than this newspaper. But it seems very optimistic to presume that somehow, despite what he has said, despite even what he intends, Mr Hollande will end up doing the right thing. Mr Hollande evinces a deep anti-business attitude. He will also be hamstrung by his own unreformed Socialist Party and steered by an electorate that has not yet heard the case for reform, least of all from him. Nothing in the past few months, or in his long career as a party fixer, suggests that Mr Hollande is brave enough to rip up his manifesto and change France (see article). And France is in a much more fragile state than when Mitterand conducted his Socialist experiment in 1981-83. This time the response of the markets could be brutal—and hurt France’s neighbours too.

Goodbye to Berlin

What about the rest of Europe? Here Mr Hollande’s refusal to countenance any form of spending cut has had one fortunate short-term consequence: he wisely wants to recast the euro zone’s “fiscal compact” so that it not only constrains government deficits and public debt, but also promotes growth. This echoes a chorus of complaint against German-inspired austerity now rising across the continent, from Ireland and the Netherlands to Italy and Spain (see Charlemagne).

The trouble is that unlike, say, Italy’s Mario Monti, Mr Hollande’s objection to the compact is not just about such macroeconomic niceties as the pace of fiscal tightening. It is chiefly resistance to change and a determination to preserve the French social model at all costs. Mr Hollande is not suggesting slower fiscal adjustment to smooth the path of reform: he is proposing not to reform at all. No wonder Germany’s Angela Merkel said she would campaign against him.

Every German chancellor eventually learns to tame the president next door, and Mr Hollande would be a less mercurial partner than Mr Sarkozy. But his refusal to countenance structural reform of any sort would surely make it harder for him to persuade Mrs Merkel to tolerate more inflation or consider some form of debt mutualisation. Why should German voters accept unpalatable medicine when France’s won’t?

A rupture between France and Germany would come at a dangerous time. Until recently, voters in the euro zone seemed to have accepted the idea of austerity and reform. Technocratic prime ministers in Greece and Italy have been popular; voters in Spain, Portugal and Ireland have elected reforming governments. But nearly one in three French voters cast their first-round ballots for Ms Le Pen and Mr Mélenchon, running on anti-euro and anti-globalisation platforms. And now Geert Wilders, a far-right populist, has brought down the Dutch government over budget cuts. Although in principle the Dutch still favour austerity, in practice they have not yet been able to agree on how to do it (see article). And these revolts are now being echoed in Spain and Italy.

It is conceivable that President Hollande might tip the balance in favour of a little less austerity now. Equally, he may scare the Germans in the opposite direction. Either way one thing seems certain: a French president so hostile to change would undermine Europe’s willingness to pursue the painful reforms it must eventually embrace for the euro to survive. That makes him a rather dangerous man.

4 Responses to Présidentielles 2012: Le vrai mensonge éhonté de Sarkozy (The worst lies with the exception of all the others)

  1. […] du nécessairement mauvais bilan qui lui est universellement reproché tient tout simplement à ce modèle français, de protection des emplois à statut et à fort potentiel de nuisance (dans la rue ou les urnes) au […]

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  2. […] nous bricoler de fausses affiches pétainistes pendant qu’entre deux phrases alambiquées nos hypocrites islamistes rameutent les foules des mosquées […]

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  3. […] nos experts en manipulations en sont à nous bricoler de fausses affiches pétainistes comme nos hypocrites islamistes rameutent les foules des mosquées […]

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  4. […] à “factchecker”(ça fait tellement plus sérieux que “vérifier”) les mensonges du seul président sortant sauf exception,  le désormais explicite parti pris de nos nouveaux […]

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