Identité nationale: Vous avez dit fasciste? (Antifascism was nothing but theater)

Anti-Sarkozy poster (2007)Les fascistes de demain s’appelleront eux-mêmes antifascistes. Winston Churchill
Le fascisme, contre lequel pensent lutter toutes ces légions d’anges sans mémoire et sans sexe, est un mythe, non une réalité. S’ils savaient reconnaître le fascisme dans la réalité, ils seraient tous fièrement islamophobes, à l’instar de Wilders, et de Churchill, qui savait de quoi il parlait. Radu Stoenescu
Le sarkozysme est une pathologie sociale (…) quand on est confronté à un pouvoir qui active les tensions entre les catégories de citoyens français, on est quand même forcé de penser à la recherche de boucs émissaires telle qu’elle a été pratiquée avant-guerre. (…) L’Etat se mettant à ce point au service du capital, c’est le fascisme. L’anti-intellectualisme, la haine du système d’enseignement, la chasse au nombre de profs, c’est aussi dans l’histoire du fascisme. Emmanuel Todd
Si l’on remplaçait dans les discours le mot islam par celui de judaïsme, ou celui de musulman par le mot juif, l’indignation serait à juste titre générale. (…) Faudra-t-il demain qu’ils rasent les murs comme les juifs du temps de l’affaire Dreyfus ? Faut-il croire que dans la France laïque, il y aurait place pour une sorte de dhimmitude à l’encontre des musulmans? (…) Après l’étoile jaune, faudra-t-il un jour porter une étoile verte? Jean-François Bouthors (Pétition, Le Monde, 22.12.09)
Il est en plein dans les thèses du Grece, selon laquelle l’immigration vient dénaturer l’identité nationale. Il fait du lepénisme culturel, sinon programmatique.Pour moi, c’est Pierre Laval. A gauche, il n’a jamais été reconnu. Mais comme il s’estime plus intelligent que les autres, il finit par démontrer qu’il peut l’être à gauche comme à droite. Sans aucun état d’âme. Jean-Christophe Cambadélis (membre de la direction du PS parlant de son ancien collègue Eric Besson, 01.12.09)
M. Besson pourrait mettre à son Panthéon l’ignoble phrase de Brasillach qui disait: « Il faut se séparer des Juifs en bloc et ne pas oublier les petits. Gérard Mordillat (cinéaste et écrivain, interviewé par téléphone sur Canal+, fin novembre 2009)
Si, à la veille du second conflit mondial, dans un temps où la crise économique envahissait tout, le peuple allemand avait entrepris d’interroger sur ce qui fonde réellement l’identité allemande, héritière des Lumières, patrie de Goethe et du romantisme, alors peut-être, aurions-nous évité l’atroce et douloureux naufrage de la civilisation européenne. Christian Estrosi (26.11.09)
Messieurs les Fonctionnaires, Ce que vous faites n’est pas conforme à nos valeurs, ni à nos engagements. Cela rappelle ce qui se passait sous Vichy. Mes ancêtres sont entrés dans la Résistance dès 1940 pour que certaines choses ne se reproduisent plus. L’école de la République m’a enseigné que les qualités de nos élus et fonctionnaires nous en mettrait à l’abri. J’en doute maintenant que je vois ce que vous faites et cherche à imaginer ce que vous auriez fait sous Vichy. Si vous n’êtes pas responsables des ordres que vous recevez, l’article XV vous rend responsable quand vous les exécutez. Site de RESF (message envoyé à la préfecture de la Loire pour protester contre l’expulsion de deux Chinois en situation illégale, 17.12.08)
Voilà donc Vichy qui revient. Pétain a donc oublié ses chiens. Salutations antifascistes. Romain Dunand (militant de l’organisation anarcho-syndicaliste CNT et du Réseau éducation sans frontières, message envoyé en 2006 au ministère de l’Intérieur, époque Nicolas Sarkozy)
Si l’on compare le rôle de la police et de l’administration françaises, les similitudes sont beaucoup plus nombreuses. Dans les deux cas, la puissance publique a désigné un groupe d’indésirables qu’il fallait mettre à l’écart dans la société. Les contrôles d’identité, les rafles, les convocations piège et les arrestations dans les écoles sont les mêmes pour la police française pendant l’Occupation, pendant la guerre d’Algérie et aujourd’hui. Emmanuel Terray (Ethnologue, 15.10.06)
Pendant toutes les années du mitterrandisme, nous n’avons jamais été face à une menace fasciste, donc tout antifascisme n’était que du théâtre. Nous avons été face à un parti, le Front National, qui était un parti d’extrême droite, un parti populiste aussi, à sa façon, mais nous n’avons jamais été dans une situation de menace fasciste, et même pas face à un parti fasciste.D’abord le procès en fascisme à l’égard de Nicolas Sarkozy est à la fois absurde et scandaleux. Je suis profondément attaché à l’identité nationale et je crois même ressentir et savoir ce qu’elle est, en tout cas pour moi. L’identité nationale, c’est notre bien commun, c’est une langue, c’est une histoire, c’est une mémoire, ce qui n’est pas exactement la même chose, c’est une culture, c’est-à-dire une littérature, des arts, la philo, les philosophies. Et puis, c’est une organisation politique avec ses principes et ses lois. Quand on vit en France, j’ajouterai : l’identité nationale, c’est aussi un art de vivre, peut-être, que cette identité nationale. Je crois profondément que les nations existent, existent encore, et en France, ce qui est frappant, c’est que nous sommes à la fois attachés à la multiplicité des expressions qui font notre nation, et à la singularité de notre propre nation. Et donc ce que je me dis, c’est que s’il y a aujourd’hui une crise de l’identité, crise de l’identité à travers notamment des institutions qui l’exprimaient, la représentaient [Jospin emploie l’imparfait…], c’est peut-être parce qu’il y a une crise de la tradition, une crise de la transmission. Il faut que nous rappelions les éléments essentiels de notre identité nationale parce que si nous doutons de notre identité nationale, nous aurons évidemment beaucoup plus de mal à intégrer. Lionel Jospin (France Culture, 29.09.07)

Rafles, Vichy, Pétain, Laval, étoile verte, fascisme …

A l’heure où, pour avoir osé lancer le débat de l’identité nationale …

Et surtout fait son travail d’application de la loi face au trafic de clandestins (300 000 Africains, 300 millions de dollars par an, 300 à 3000 euros le passage pour l’UE en 2006) …

Le ministre de l’Immigration Eric Besson (qui au temps où il était au PS avait lui-même qualifié le candidat Sarkozy de « néoconservateur américain à passeport français ») se voit, comme aux plus beaux jours de la lutte antifasciste du Komintern, la cible de tous les dérapages (au point de porter plainte pour diffamation)…

Retour, avec le philosophe Radu Stoenescu du site Riposte laïque, sur les coulisses de ce que l’ancien premier ministre socialiste Lionel Jospin lui-même qualifiait il y a deux ans de « théâtre de l’antifascisme »

Le mythe du fascisme
Radu Stoenescu
Riposte Laïque
le 8 juin 2009

Aux Pays-Bas, le parti de Geert Wilders a fait plus de 16% aux élections européennes, et raflé quatre sièges de députés. Une belle baffe dans la gueule de la gauche néerlandaise, aussi iréniste que notre gauche autochtone, qui a dégringolé de dix points. Aussitôt ces matons de Panurge que sont les journalistes français, ont rivalisé de courage dans la dénonciation conformiste de ce résultat si aberrant à leurs yeux angéliques : « populiste », « fasciste », « extrémiste de droite », « opportuniste », « aventurier », « raciste », voire… « député aux cheveux blond platine ». Je ne répéterai pas les raisons pour lesquelles Wilders n’est ni un raciste ni un fasciste. Même les aveux de Jospin, sur le fait que l’antifascisme des années Mitterrand « n’a été que du théâtre », n’ont pas ébranlé les convictions forgées à coup de matraque compassionnelle de la caste médiatique. On ne crie pas à un somnambule qu’il est en train de marcher sur le toit, il risquerait de se briser la nuque. On ne discute pas de la réalité avec des hébétés, du genre de ce Philippe Namias, militant vert qui déclamait qu’il est « heureux dans une France qui se fout totalement des origines et des langues ». (1)

L’électorat actuel ne se partage plus en droitiers et gauchers, mais en angéliques effarouchés et réalistes avec une mémoire historique. Ceux qui « se foutent » de la mémoire collective et de l’histoire d’une nation sont, cliniquement parlant, des fous. Sans mémoire, il est impossible de comprendre le présent et d’anticiper l’avenir. Un homme sans mémoire n’a pas de capacité juridique : il ne serait jamais admis comme témoin dans un procès, car sans mémoire, que peut-il dire de fiable ? Aussi, un peuple sans mémoire, sans souci de son identité et de ses origines, n’est qu’un bateau ivre. Je ne défendrai pas Wilders contre les calomnies de gardiens autoproclamés du Bien. Ce n’est pas la peine. Milan Kundera a savoureusement expliqué pourquoi il ne faut pas le faire : « Suppose que tu rencontres un fou qui affirme qu’il est un poisson et que nous sommes tous des poissons. Vas-tu te disputer avec lui ? Vas-tu te déshabiller devant lui pour lui montrer que tu n’as pas de nageoires ? Vas-tu lui dire en face ce que tu penses ? (…) Si tu ne lui disais que la vérité, que ce que tu penses vraiment de lui, ça voudrait dire que tu consens à avoir une discussion sérieuse avec un fou et que tu es toi-même fou. C’est exactement la même chose avec le monde qui nous entoure. Si tu t’obstinais à lui dire la vérité en face, ça voudrait dire que tu le prends au sérieux. Et prendre au sérieux quelque chose d’aussi peu sérieux, c’est perdre soi-même tout son sérieux. » (2)

Le fascisme, contre lequel pensent lutter toutes ces légions d’anges sans mémoire et sans sexe, est un mythe, non une réalité. S’ils savaient reconnaître le fascisme dans la réalité, ils seraient tous fièrement islamophobes, à l’instar de Wilders, et de Churchill, qui savait de quoi il parlait. Il y a quelques années, des scientifiques avaient fait une expérience très intéressante sur le conditionnement de groupe : ils ont enfermé vingt singes dans une pièce avec un escabeau au milieu. Une banane était attachée au plafond de sorte qu’elle n’était accessible qu’en montant au sommet de l’escarbot. Sitôt qu’un singe posait la patte sur l’escabeau, une douche glacée arrosait la pièce, et donc tous les autres singes, ce qui ne manquait pas de les énerver. Au bout d’un certain nombre de tentatives et de douches froides, les singes finissent par établir un lien causal, parfaitement pavlovien, entre la douche et le fait de monter sur l’escabeau, de sorte que celui qui s’aventure pour prendre la banane se fait tabasser par les autres dès qu’il approche de l’escabeau.

Quand plus rien ne se passe au bout d’un temps déterminé, on fait sortir un singe et on en introduit un nouveau. Le nouveau se dirige assez rapidement vers la banane, mais il n’a pas posé le pied sur l’escabeau qu’il se fait immédiatement tabassé sans sommation par les autres. Alors on continue, on en échange un deuxième : même punition pour lui. Puis un troisième, un quatrième et ainsi de suite jusqu’à ce que les vingt premiers singes soient tous remplacés ! Pour le vingtième nouvel arrivant c’est toujours le même châtiment, s’il ose approcher de l’escabeau. De sorte qu’à la fin, aucun singe de la pièce ne sait pourquoi il ne faut pas s’approcher de l’escabeau, et pourquoi il faut empêcher quiconque d’y monter. C’est un réflexe de groupe, sans aucune connaissance de la réalité.

Les antifascistes d’aujourd’hui, agissent comme ces singes conditionnés, sans savoir pourquoi ils le font. Tous ces jeunes qui n’ont rien connu du fascisme réel, dès qu’ils entendent les mots « patrie », « origines », « identité », « lutte contre l’immigration », ils tabassent tous ceux qui les prononcent. Il se peut que ce soit même d’anciens résistants contre les nazis, peu importe, les singes d’aujourd’hui en savent plus que ces « vieux dinosaures ». Ils sont du côté de l’innocence du délire en groupe, c’est-à-dire du… fascisme.

(1) http://www.ripostelaique.com/Un-militant-Vert-laique-nous.html

(2) Milan Kundera, Risibles amours

http://www.philo-conseil.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=63&Itemid=56

Voir aussi :

Le fascisme, contre lequel pensent lutter toutes ces légions d’anges sans mémoire et sans sexe, est un mythe, non une réalité. S’ils savaient reconnaître le fascisme dans la réalité, ils seraient tous fièrement islamophobes, à l’instar de Wilders, et de Churchill, qui savait de quoi il parlait. Il y a quelques années, des scientifiques avaient fait une expérience très intéressante sur le conditionnement de groupe : ils ont enfermé vingt singes dans une pièce avec un escabeau au milieu. Une banane était attachée au plafond de sorte qu’elle n’était accessible qu’en montant au sommet de l’escarbot. Sitôt qu’un singe posait la patte sur l’escabeau, une douche glacée arrosait la pièce, et donc tous les autres singes, ce qui ne manquait pas de les énerver. Au bout d’un certain nombre de tentatives et de douches froides, les singes finissent par établir un lien causal, parfaitement pavlovien, entre la douche et le fait de monter sur l’escabeau, de sorte que celui qui s’aventure pour prendre la banane se fait tabasser par les autres dès qu’il approche de l’escabeau.

Quand plus rien ne se passe au bout d’un temps déterminé, on fait sortir un singe et on en introduit un nouveau. Le nouveau se dirige assez rapidement vers la banane, mais il n’a pas posé le pied sur l’escabeau qu’il se fait immédiatement tabassé sans sommation par les autres. Alors on continue, on en échange un deuxième : même punition pour lui. Puis un troisième, un quatrième et ainsi de suite jusqu’à ce que les vingt premiers singes soient tous remplacés ! Pour le vingtième nouvel arrivant c’est toujours le même châtiment, s’il ose approcher de l’escabeau. De sorte qu’à la fin, aucun singe de la pièce ne sait pourquoi il ne faut pas s’approcher de l’escabeau, et pourquoi il faut empêcher quiconque d’y monter. C’est un réflexe de groupe, sans aucune connaissance de la réalité.

Les antifascistes d’aujourd’hui, agissent comme ces singes conditionnés, sans savoir pourquoi ils le font. Tous ces jeunes qui n’ont rien connu du fascisme réel, dès qu’ils entendent les mots « patrie », « origines », « identité », « lutte contre l’immigration », ils tabassent tous ceux qui les prononcent. Il se peut que ce soit même d’anciens résistants contre les nazis, peu importe, les singes d’aujourd’hui en savent plus que ces « vieux dinosaures ». Ils sont du côté de l’innocence du délire en groupe, c’est-à-dire du… fascisme.

Voir aussi:

Après l’étoile jaune, faudra-t-il un jour porter une étoile verte?
Jean-François Bouthors…
Le Monde
22.12.09

Ce qui se passe en France depuis l’ouverture du débat sur l’identité nationale est insupportable.

Ce qui se dessine, c’est la montée de l’ostracisme à l’encontre de toute population dont la religion, la couleur de peau, le langage ou la tenue vestimentaire, voire l’âge, sont susceptibles d’inquiéter les Français ou du moins une partie d’entre eux qui s’arrogent le monopole de l’identité nationale.

Depuis plusieurs années, même quand ils sont citoyens français, ces « étrangers », ces « aliens » sont – à l’exception de ceux qui appartiennent aux couches économiques supérieures, mais pour combien de temps encore ? – tenus aux marges de la société. Un grand nombre d’entre eux sont assignés à des conditions de vie pénibles, sinon humiliantes. C’est une des raisons – certes pas la seule, mais elle n’est pas négligeable – qui expliquent que certains versent dans la marginalité ou la délinquance. Les statistiques témoignent d’une surreprésentation de ces populations dans les lieux de détention. Plutôt que de se contenter de chercher dans de tels chiffres des raisons de justifier nos peurs, nos lâchetés et nos démissions, nous devrions y voir une source d’interrogation sur la violence des injustices qui ravagent notre société et mettent l’identité nationale en lambeaux.

Depuis quelques mois, c’est sur les musulmans que se focalise l’attention. Cela s’est tout d’abord manifesté avec la création de la commission parlementaire sur le port de la burqa, alors même que cette pratique est ultraminoritaire. Depuis le lancement du débat sur l’identité nationale, ce phénomène s’est accéléré, et ceux qui s’en réjouissent ont vu dans le référendum suisse interdisant les minarets une sorte d’autorisation à se lâcher… Ce que l’on a entendu depuis dépasse ce que l’on aurait imaginé six mois plus tôt. Or si l’on remplaçait dans les discours le mot islam par celui de judaïsme, ou celui de musulman par le mot juif, l’indignation serait à juste titre générale.

Lentement mais inexorablement, les musulmans revêtent le costume du bouc émissaire de toutes les carences, de tous les défauts et péchés de notre société, alors que la crise économique multiplie les inquiétudes et les tensions sociales. C’est inacceptable. L’aveuglement est tel qu’on en oublie souvent que nombre de musulmans qui vivent dans notre pays sont des citoyens français, qui partagent les mêmes droits et devoirs, la même dignité que tout autre Français. On en oublie aussi pour les nouveaux venus la tradition d’hospitalité dont s’est longtemps enorgueillie la France.

De la question de l’intégration des différences dans le kaléidoscope national, on est maintenant passé, dans la bouche du ministre de l’identité nationale et de l’immigration, à l’injonction de l’assimilation à un modèle d’identité dont on se demande qui en possède tous les traits, et qui est fondé à les définir. Le président de la République lui-même n’a pas craint de recommander aux musulmans la discrétion. Ceux-ci sont priés de ne pas relever la tête, de ne pas se faire trop entendre. Faudra-t-il demain qu’ils rasent les murs comme les juifs du temps de l’affaire Dreyfus ? Faut-il croire que dans la France laïque, il y aurait place pour une sorte de dhimmitude à l’encontre des musulmans ? Puis sans doute, ensuite, à l’encontre des autres religions qui n’appartiendraient pas à l’identité républicaine française !

Il est effrayant de voir ainsi l’identité nationale rabattue sur l’appartenance religieuse ou ethnique. Il est scandaleux qu’au même moment, on renvoie dans leur pays, où ils ont fui la guerre, des Afghans sans papiers, musulmans, qui plus est en enfreignant les règles du droit international. C’est un peu comme si on avait renvoyé outre-Pyrénées, en 1936, les Espagnols qui fuyaient la guerre civile ! Il est consternant d’apprendre que sur 178 auditions devant les parlementaires de la commission sur le port de la burqa, 150 étaient contre le port du voile, comme l’a déclaré Eric Raoult. Un tel score est digne d’un débat contradictoire tel qu’on l’aurait organisé en Union soviétique. Fort heureusement, les deux tiers des personnes entendues ne sont pas favorables à une loi sur le sujet : il reste un peu de raison dans ce pays…

Nous, qui ne sommes ni des inconditionnels du Coran ni ignorants des dangers extrémistes ou communautaristes qui existent dans notre société, condamnons cette dérive du débat sur l’identité nationale. Nous considérons comme désastreux et particulièrement dangereux pour l’avenir du pays le sort fait à ceux qui sont perçus comme des étrangers, pour quelque raison que ce soit. En raison même de l’idée que nous nous faisons de la dignité humaine, en raison du fait que la liberté religieuse et la liberté de conscience sont des droits humains fondamentaux, nous demandons que soit mis un terme à tout ce qui peut nourrir ou sembler justifier les dérives actuelles, à commencer par ce « diabolique » débat sur l’identité nationale qui ne sème que la division. Après l’étoile jaune, faudra-t-il un jour porter une étoile verte ?

Premiers signataires :

Marie-Pierre Archambeaud, Guy Aurenche, Esther Benbassa, Jacqueline Berger, Jean-François Bouthors, Frédéric Boyer, Marie-Françoise Brihaye, Anne et Hervé Chabert, Philippe Chevallier, Dominique Chivot, Jean Daviot, Bill et Florentine Deraime, Jean Delumeau, Marie-Jo Deniau, François Euvé, Olivier Favereau, Mgr Georges Gilson, Etienne Grieu, Laurent Grzybowski, Monique Hébrard, Marie Holzman, Helena Lasida, André et Geneviève Le Gall, Marc Leboucher, Pierre Lembeye, Beatrice Litzellmann, Isabelle Marin, Michela Marzano, Véronique Nahum-Grappe, Anne Nerdrum, Anne Nivat, Bernard Perret, Gérard Pirlot, Claude Plettner, Marie-Christine Ray, Alain Renaut, Jean-Pierre Rosa, Alain Salomon, Caroline Sers, Régina Sneifer, Bernard Stephan, Hubert Stoecklin, Irène Terrel, Gérard Testard, Christoph Theobald, Beatrice Toulon, François Vaillant, Catherine Van den Steen, Dominique Vidal, Alain Woodrow

Voir enfin:

“1942-2006, réflexions sur un parallèle contesté”
Emmanuel Terray
mis en ligne le mardi 23 janvier 2007

La répression en cours de l’immigration illégale et ses divers procédés – opérations « coup de poing », contrôles au faciès, interpellation des enfants dans les écoles, convocations-pièges – évoquent inévitablement, aux yeux de certains de nos concitoyens, les années noires de 1940-1944… [1]

La répression de l’immigration illégale telle qu’elle est conduite par le Ministre de l’Intérieur et les divers procédés qu’elle met en oeuvre -opérations « coup de poing » dans les quartiers habités par les migrants, contrôles au faciès, interpellation des enfants dans les écoles, convocations-pièges au guichet des préfectures- évoquent inévitablement, aux yeux de certains de nos concitoyens, les années noires de 1940-1944 et le sombre souvenir des persécutions antisémites.

Bien entendu, sitôt que ce parallèle est explicitement énoncé, les protestations fusent pour souligner son caractère incongru. Les deux situations n’auraient, assure-t-on, rien de comparable, et leur seul rapprochement serait une insulte à la mémoire des victimes de l’extermination.

Voire… Assurément, il existe entre les deux épisodes des différences considérables, et il serait absurde de les nier. Cependant, sitôt qu’on cherche à les cerner de façon précise, il apparaît qu’elles tiennent presque exclusivement au rôle des occupants allemands : terriblement présents et actifs en 1942, ils ont – fort heureusement – disparu en 2006. En revanche, si l’on considère le comportement des autorités françaises, les similitudes sont manifestes.

En premier lieu, la présence de certaines personnes sur notre sol est constituée en « problème », et tous les esprits « raisonnables » s’accordent pour estimer que ce problème exige une solution. En 1940, une large fraction de l’opinion, débordant de très loin les frontières de l’extrême-droite, reconnaissait la réalité d’une « question juive » en France, même si des divergences profondes existaient quant aux réponses à lui apporter. De même, de la droite à la gauche, nos dirigeants proclament d’une même voix que l’immigration illégale met en péril nos équilibres sociaux et notre identité, et qu’il faut donc la refouler, les désaccords ne portant que sur la méthode.

En second lieu, les solutions envisagées passent toutes par l’expulsion partielle ou totale des personnes jugées indésirables. En 1942, cette expulsion prend la forme d’une livraison aux autorités occupantes. En 2006, les intéressés sont renvoyés dans des pays dont certains sont soumis à des dictatures impitoyables, dont d’autres sont ravagés par la guerre civile, dont tous sont marqués par le sous-développement, le sous-emploi et la pauvreté. Bien entendu, le résultat final est infiniment moins tragique aujourd’hui qu’hier, mais ce qui est caractéristique, c’est que, dans les deux cas, l’administration française se désintéresse entièrement de ce résultat : littéralement, ce n’est plus son affaire. On a soutenu qu’en 1942 les autorités françaises ignoraient le sort réservé aux Juifs par les nazis : peut-être, mais leur ignorance même était le résultat d’une décision réfléchie : elles ne voulaient pas le savoir. Il en est exactement de même aujourd’hui : ce qui compte pour le gouvernement, c’est de se débarrasser des hommes, des femmes et des enfants concernés ; sitôt la frontière franchie, il ne s’estime plus responsable de rien et les abandonne à leur destin en toute indifférence.

Pour expulser les gens, il faut d’abord s’assurer de leur personne. Nous retrouvons ici la gamme des procédés que j’évoquais en commençant. C’est que dans ce domaine les analogies résultent de la nature des choses ; la chasse à l’homme, surtout lorsqu’elle est assortie d’objectifs chiffrés, implique l’utilisation d’un certain nombre de techniques : rafles, convocations-pièges, interpellation des enfants dans les écoles, internement administratif. Quelles que soient les populations ciblées, le recours à ces techniques est inéluctable dès lors qu’on prétend à l’efficacité. Il faut d’ailleurs admettre que, sur ce point, le Ministre de l’Intérieur n’a guère innové par rapport à ses prédécesseurs de l’époque de Vichy et de la guerre d’Algérie et la police française n’a eu qu’à puiser dans ses archives pour retrouver les bonnes vieilles méthodes.

En quatrième lieu, la mise en oeuvre de la répression et les dérives qui l’accompagnent suscitent inévitablement des protestations de caractère moral ou humanitaire. Face à ces protestations, la riposte des responsables est la même, en 2006 comme en 1942, et elle est double : d’un côté, les autorités, nous disent-elles, ne font qu’appliquer la loi, et les protestataires s’entendent reprocher leur incivisme. Par ailleurs, pour désarmer les oppositions, les autorités introduisent des distinctions à l’intérieur de la population frappée par la répression. En 1942, le gouvernement de Vichy déclarait séparer le cas des Juifs français, dont il prétendait vouloir sauver au moins la vie, de celui des Juifs étrangers, livrés pieds et poings liés à l’occupant. De même aujourd’hui, Maître Arno Klarsfeld, l’ineffable médiateur promu par le Ministre de l’Intérieur, insiste sur l’opportunité d’opérer un tri, une sélection, entre les familles qui ont des attaches avec la France et celles qui n’en ont pas, l’expulsion de ces dernières n’appelant aucune objection de sa part.

Entre 1942 et 2006, les éléments de continuité sont donc nombreux, et il est d’autant plus légitime de les mettre en évidence que, comme les historiens l’ont aujourd’hui démontré, la politique anti-juive du gouvernement de Vichy ne lui a nullement été dictée ni imposée par l’occupant, même si elle comblait ses voeux. C’est d’eux-mêmes et spontanément que le gouvernement, l’administration et la police de Vichy ont offert et apporté leur concours aux autorités allemandes, notamment sous le prétexte proclamé de préserver la souveraineté de l’Etat sur le territoire national : ils ne sauraient donc excuser leur conduite au nom de la contrainte ou de la « force majeure ». La comparaison est donc légitime avec la politique présente, dont l’origine « française » n’est pas discutée.

Si les événements suivent leur cours actuel, il est vraisemblable que les analogies iront jusqu’à leur terme et que, dans trente ou quarante ans, des cérémonies de repentance seront organisées pour déplorer et désavouer la politique d’immigration pratiquée actuellement. Plutôt que d’attendre un tel dénouement, ne serait-il pas préférable de renforcer dès aujourd’hui la résistance à cette politique, en attendant d’y mettre fin dès que l’évolution de l’opinion le permettra ?
Emmanuel Terray
Ethnologue, directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) [2].

[1] Ce texte dont Le Monde a refusé la parution, a été publié le 15 octobre 2006 sur le site du Cedetim : http://www.reseau-ipam.org/index.php.

[2] Emmanuel Terray est membre de la Ligue des Droits de l’Homme. Parmi ses publications récentes : Face aux abus de mémoire, préface de Christian Bromberger, Arles, Actes Sud, 2006.

2 Responses to Identité nationale: Vous avez dit fasciste? (Antifascism was nothing but theater)

  1. SD dit :

    Jean-François Bouthors : « Si l’on remplaçait dans les discours le mot islam par celui de judaïsme, ou celui de musulman par le mot juif, l’indignation serait à juste titre générale. (…) « :
    pour le moment, ce sont des musulmans qui essaient de faire sauter des avions, pas des juifs.

    « Faudra-t-il demain qu’ils rasent les murs comme les juifs du temps de l’affaire Dreyfus ? »:
    ce n’est pas le cas aujourd’hui loin de là : les musulmans continuent à venir s’installer en masse dans la « France vichyste ». Et ce sont les juifs qui rasent les mur dans les quartiers à majorité musulmane.

    « Faut-il croire que dans la France laïque, il y aurait place pour une sorte de dhimmitude à l’encontre des musulmans? (…) » :
    pourquoi utiliser un terme qui démontre l’intolérance de la religion musulmane ? Parce que ce terme n’a pas d’autres équivalents dans les autres cultures. Il n’y a pas de discrimination légale contre les musulmans en France. Mais dans les pays musulmans il y a de la discrimination légale contre les minorités religieuses, la « dhimmitude », ce qui ne gène pas du tout nos intellectuels !

    « Après l’étoile jaune, faudra-t-il un jour porter une étoile verte? » :
    pour le moment, ce sont les juifs qui se font casser la figure par les musulmans en France, et pas l’inverse. Pour le moment, c’est la kippa qui est interdite dans les quartiers à majorité musulmane, quartiers qui sont de fait « interdits aux juifs », comme l’Allemagne d’Hitler.

    Les mêmes grandes âmes refusent de dénoncer les moeurs et les législations intolérantes en pays musulmans, et l’esclavage des noirs par les arabes musulmans au Soudan. La gauche est une fabrique de haine et d’ignorance.

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  2. […] doutons de notre identité nationale, nous aurons évidemment beaucoup plus de mal à intégrer. Lionel Jospin (France Culture, […]

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