Cinéma: « Drapeaux de nos pères » et… préjugés bien français! (« Flags of our fathers »: Wars are also won on the bond circuit)

They started up Iwo Jima Hill, 250 men But only 27 lived to walk back down that hill again And when the fight was over and the old glory raised One of the men who held it high was the Indian Ira Hayes
Johnny Cash (The Ballad of Ira Hayes, paroles de Peter Lafarge, 1964 – reprise en 1970 par Bob Dylan)

Pour la critique française (on l’a vu avec l’unanimisme moutonnier contre la guerre en Irak), la guerre est, pour reprendre le mot de notre Génie de Corrèze, « toujours la pire des solutions ». Et elle est donc nécessairement (surtout si elle est américaine) « illisible » ou « au service d’une idéologie douteuse » (Télérama).

D’où la condamnation, si française, de tout discours tendant à la justifier et à la faire accepter à la population comme « propagande » et « manipulation« .

Et donc (mais tempérée par la réputation du cinéaste) de ce véritable « acte de piété filiale envers les combattants de la Deuxième Guerre mondiale » qu’est le film d’Eastwood (« Flags of our fathers », devenu en français « Mémoires de nos pères » ), l’auteur du livre dont il est inspiré, James Bradley, étant le propre fils d’un des héros d’Iwo Jima, bataille qui en 35 jours entre février et mars 1945 coûta près de 7000 hommes à l’Armée américaine.

Ou alors, en un contresens bien de chez nous, sa récupération comme géniale « démystification » ou « déconstruction de la machine de guerre américaine » et de ses « mensonges d’Etat » et bien sûr comme « le premier grand film sur la guerre en Irak » (Les Inrockuptibles allant jusqu’à évoquer le pouvoir critique d’un… « Ford-Baudrillard mélangés »!).

Pourtant, même s’il sacrifie lui aussi à sa manière au bon-sentimentalisme artiste (« La guerre est, au mieux, un exercice vain. »), celui-ci a le mérite justement de montrer non seulement la difficulté (au niveau des arrières comme sur le front lui-même: « On se bat pour la patrie, mais on meurt pour ses amis », dit un soldat dans le film) de percevoir les enjeux d’une guerre mais la réalité, rarement montrée, qu’une guerre, aussi légitime soit-elle, a besoin d’être « vendue » parce que financée.

Et partant tant l’importance que la valeur de tous ceux qui contribuent à l’effort de guerre (les trois protagonistes en question récolteront quand même 26 milliards de dollars pour finir une guerre qui n’intéressait plus personne).

Mais que dire alors des éloges appuyés de nos critiques devant l’icônisation et la statutification rampantes de fauteurs de guerre aussi légitimes qu’un Che Gevara, dont le film tiré de ses carnets de voyage fut gratifié il y a deux ans par Le Figaro par exemple d’un « superbe récit d’aventures » et d’un « belle oeuvre humaniste » ? Ou de supercheries telles que le dernier « Indigènes« ?

Ou, ce qui revient au même, de… leurs assourdissants silences face à des impostures aussi abjectes que celle de notre Enderlin national et de l’icône de l’insurrection palestinienne et du djihad international qu’il a, avec ses collègues de CNN ou de la BBC, contribué à faire du petit Mohammed Al Doura?

Petit florilège:

Quand l’Amérique mène une guerre illisible à l’autre bout du monde, à quelles images se cramponne-t-elle pour tenir ?

Si Eastwood a plus de sympathie pour les militaires que pour les politiques qui les exploitent indûment, il ne condamne pas véritablement la manipulation faite au nom de l’effort de guerre. La critique est faible – singulièrement à l’heure où d’autres soldats américains meurent, en terre étrangère, au service d’une idéologie douteuse…

Au fond, Mémoires de nos pères fleure le vieux populisme, hostile aux planqués et aux ronds-de-cuir, amoureux de la grande fraternité guerrière, où l’on meurt dans les bras du compagnon d’infortune. Ce militarisme implicite est loin de nous mener aux sommets existentiels, moraux ou tragiques des classiques de Clint.

Les avis sont partagés sur Mémoires de nos pères de Clint Eastwood
Télérama n° 2963 28 Octobre 2006

De quelle étoffe sont faits les héros ? Sur fond de guerre du Pacifique, réponse ambiguë de Clint Eastwood.

Il paraît que les familles des soldats américains en Irak les remplacent à la maison par des « papas en carton » (flat daddies), photos grandeur nature et détourées à leur effigie. Quand l’Amérique mène une guerre illisible à l’autre bout du monde, à quelles images se cramponne-t-elle pour tenir ? Mémoires de nos pères, vingt-huitième film de Clint Eastwood, part d’une photo prise en février 1945 et supposée témoigner de victoires dans le Pacifique : six marines hissent leur drapeau sur un sommet de l’île japonaise d’Iwo Jima. C’est une photo devenue immédiatement mythique, et dont le gouvernement Roosevelt s’est servi pour rassurer le pays et vendre les bons qui financent l’effort de guerre.
De plus près, l’image se révèle pourtant aussi douteuse que celles du Blow up d’Antonioni, et elle entraîne vite le film loin de l’orthodoxie du genre guerrier. Trois soldats parmi les six de la photo (les autres meurent au combat en quelques jours…) sont rapatriés, et sommés d’entreprendre une tournée au pays pour aider à la collecte des fonds. Erigés en héros, ils n’ont cependant pas l’impression d’avoir accompli quoi que ce fût. Ils se sont trouvés presque par hasard sur la photo, elle-même réalisée dans des circonstances assez troubles.
Cette situation terrible, d’une telle perfection romanesque qu’elle semble inventée, est vraie. James Bradley, fils d’un des marines qui l’ont vécue, en a tiré un best-seller. Avec une telle matière, Clint Eastwood n’a plus qu’à déployer son savoir-faire classique et son scepticisme à visage humain. Il est décidément devenu le grand sage du cinéma américain, capable d’examiner les multiples facettes d’une même histoire, et de raffiner toujours plus l’interprétation à en donner. Ce film-ci est le premier volet d’un diptyque ; le deuxième, Lettres d’Iwo Jima (sortie début 2007), adoptera le point de vue japonais sur la même bataille. Et si Mémoires de nos pères n’est pas l’un des tout meilleurs Eastwood, il apporte une nouvelle confirmation du niveau auquel le cinéaste place la barre.
Il a d’ailleurs arrêté des choix assez risqués pour servir le sujet. Une grande question autour de laquelle s’enroule le récit est celle du héros : Mémoires de nos pères suggère, au moins un temps, qu’un héros n’est qu’une représentation sociale, sans fondement réel. Comme pour étayer cette hypothèse, Eastwood a créé des personnages plutôt falots. Un parfait inconnu, Jesse Bradford, joue le plus fringant des trois marines. Adam Beach, discret interprète du Windtalkers de John Woo, tient le rôle de l’Amérindien pour qui le drame de la guerre est démultiplié par celui du racisme. Enfin, l’éternel espoir Ryan Phillippe joue l’infirmier Bradley, soit le père de l’auteur du livre précité. Aucun d’eux ne crève l’écran, mais ils expriment ainsi d’autant mieux la dérision pathétique du vedettariat qui s’abat sur les trois petits gars.
Quant à la partie proprement guerrière du film, au lieu de constituer un long morceau de bravoure, elle est distillée par flash-back au fil de la tournée américaine, sous forme de réminiscences cauchemardesques. Cela évoque parfois du Spielberg (producteur du film), période Soldat Ryan, qu’on aurait réduit en charpie charbonneuse : ici, la guerre est moins un spectacle qu’une hantise dont on ne peut se débarrasser, un interminable cortège funèbre mental. Moyennant quoi Eastwood réussit à faire apercevoir non plus seulement la tragédie du soldat revenu de l’enfer, mais aussi celle de tout survivant.
Louis Guichard

Contre
Parmi les qualités premières de Million Dollar Baby, pour ne citer qu’un (bon) film de Clint Eastwood, on trouvait un solide sens du récit et la faculté de dépasser l’anecdote pour atteindre un propos et une vérité universels. Les deux manquent à Mémoires de nos pères. Côté récit, on jurerait que les scénaristes, William Broyles Jr. (qui a pourtant écrit l’excellent Jarhead) et Paul Haggis (le réalisateur « oscarisé » de Collision), ont mal numéroté les pages du script. Leur méli-mélo confus entrecroise présent, passé et plus-que-parfait, au point d’annihiler une à une toutes les vertus dramatiques potentielles : peu de suspense dans les scènes de guerre, interrompues brutalement, peu d’empathie pour des personnages à peine esquissés – et assez mal servis par des interprètes fadasses.
Comme souvent, l’échec esthétique est lié à un grand flou idéologique. Eastwood dit en substance que l’héroïsme n’est jamais qu’une construction a posteriori, au service d’une cause ou d’une institution. Soit, et alors ? Si Eastwood a plus de sympathie pour les militaires que pour les politiques qui les exploitent indûment, il ne condamne pas véritablement la manipulation faite au nom de l’effort de guerre. La critique est faible – singulièrement à l’heure où d’autres soldats américains meurent, en terre étrangère, au service d’une idéologie douteuse… Au fond, Mémoires de nos pères fleure le vieux populisme, hostile aux planqués et aux ronds-de-cuir, amoureux de la grande fraternité guerrière, où l’on meurt dans les bras du compagnon d’infortune. Ce militarisme implicite est loin de nous mener aux sommets existentiels, moraux ou tragiques des classiques de Clint.
Aurélien Ferenczi
Que devient une image lorsqu’elle n’est pas simplement la trace d’une réalité visible, mais qu’elle se transforme en icône ? Comment, enfin, se construit ce moment où la réalité s’imprime en légende et l’histoire en idéologie ?

Critique
« Mémoires de nos pères » : l’héroïsme ordinaire selon Eastwood
Jean-François Rauger
Le Monde
Le 24.10.06

Le nouveau film de Clint Eastwood semble obéir à un programme tout entier contenu dans son titre : l’allégeance au passé, l’hommage aux anciens, la soumission respectueuse à une généalogie dont ne fut peut-être pas mesurée la valeur profonde. Au-delà de ce film, c’est l’objectif de toute l’oeuvre d’Eastwood qui répète un rapport très particulier à l’histoire des Etats-Unis et au cinéma hollywoodien.

Mémoires de nos pères est l’adaptation d’un récit de James Bradley dont le père, vétéran de la bataille de l’île d’Iwo Jima, péniblement prise aux Japonais, fit partie des six soldats qui hissèrent le drapeau américain sur le mont Suribachi, le 23 février 1945, après plusieurs jours de combat. Cette action fut immortalisée par le photographe Joe Rosenthal, qui réalisa une image-emblème, une icône de la victoire dont l’écrivain et le cinéaste avouent avoir voulu traiter les arrière-plans humains.

Trois périodes s’entrelacent dans le film : le présent (les moments les moins convaincants dans lesquels quelques acteurs incarnant des survivants de l’époque sont interviewés par le narrateur) et deux strates de passé, celui des combats sur l’île et celui de la tournée que firent les trois survivants du cliché de Rosenthal aux Etats-Unis, acclamés comme des héros au cours d’une campagne publicitaire destinée à inciter les Américains à acheter des bons de guerre. Cette complexité n’a pas suffi à Eastwood puisque, au cours de l’élaboration de ce film, le cinéaste a décidé d’en réaliser un second, Lettres d’Iwo Jima, filmé du côté japonais, dont la sortie est prévue le 10 janvier.

LA TRADITION HOLLYWOODIENNE

Ainsi, à la rhétorique du film de guerre s’ajoute un épisode « décalé », qui voit quelques individus sommés de sortir de leur humanité concrète afin de se transformer en symboles. C’est le premier sujet de Mémoires de nos pères : que devient une image lorsqu’elle n’est pas simplement la trace d’une réalité visible, mais qu’elle se transforme en icône ? Comment, enfin, se construit ce moment où la réalité s’imprime en légende et l’histoire en idéologie ?

Cette transmutation chimique devient aussi un récit de cinéma, une étrange épopée individuelle au cours de laquelle les trois « héros » sont ballottés de cérémonies dérisoires et parfois grotesques en rencontres, forcément décevantes, avec une société civile américaine devenue même étrangère. Celle-ci, tout en les acclamant, leur remet aussi en mémoire leur condition sociale ou ethnique (l’un des soldats est un Indien à qui l’on rappelle parfois vulgairement son origine.)

Les trois militaires sont traversés de sentiments contradictoires, de la fierté d’être reconnus comme des « héros » au dépit de constater à quel point le pays semble loin de la réalité des combats, en passant enfin par la honte d’avoir laissé leurs camarades sur le terrain. Cette vision regrettant l’abandon de la réalité pour son simulacre détermine une histoire qui, sous la direction d’un cinéaste insensible au maniérisme, s’en tient à une énonciation directe, héritage d’un rapport à l’action qui est celui inventé par le cinéma classique hollywoodien.

Le rappel de cette archéologie dévoile ce qui fait la substance de ce récit. Alors que la guerre semble frapper des individus que le film hésite subtilement à différencier (les multiples morts violentes des scènes de carnage), le « dérisoire » retour des trois soldats paraît transformer en figure héroïque ce qui, finalement, s’y refuse essentiellement.

Mémoires de nos pères rejoint la grande fiction hollywoodienne qui a souvent interrogé les principes fondateurs de l’Amérique et la définition de la démocratie. Des films épiques de King Vidor aux comédies matrimoniales de George Cukor en passant par les méditations de John Ford, une grande partie du cinéma américain, avant qu’il ne s’adonne aux délices de la mise en abyme ironique ou réflexive, s’est toujours construit sur la résolution d’un paradoxe : l’homme moyen peut-il être aussi un héros de cinéma – ici de la grande histoire – sans perdre sa nature de sujet de la démocratie ? Comment être un individu parmi d’autres et être unique ? C’est la question que pose frontalement le film d’Eastwood qui vient miraculeusement illuminer le reste de sa filmographie.

En questionnant la nature de l’héroïsme de ses personnages, le film donne une des clés de la mélancolie au coeur de l’oeuvre de l’auteur d’Impitoyable. Elle est aussi dans la mise en scène. Le goût du réalisateur pour les ombres et la pénombre n’exprime-t-il pas le sentiment d’un effacement de la figure humaine comme condition de sa pétrification en statue héroïque ? Le cinéma de Clint Eastwood n’a jamais cessé de parler de cela.
Film américain de Clint Eastwood avec Ryan Phillippe, Adam Beach, Neal McDonough. (2 h 13.)

Voir aussi l’entretien de Clint Eastwood:

World War 2 was a different time in history, of course. When the war was brought to us in Pearl Harbor, it became a reality that if we didn’t fight this one out, we might be speaking another language today, so it was sort of simple. … So it was important to tell this story for that reason, as it told of a time in our history when there was a lot of spirit.

As for today — I suppose war is war whenever you’re in there. If you’re in the front lines, there are always various problems you have to deal with that are hard for us to understand who are in a non-combat situation unfortunately. The country seemed much more unified than it is today, because the war we’re in today — excluding the Iraq War in the front lines — is a different kind of war, incorporating Ideology and religion. There are a lot of factors coming in to it that may make the next war much more difficult, but World War 2 was much more cut and dried. »

Eastwood hopes that through this film, « they get to know these people, and what they went through, as well as perhaps give the audience a feeling of what it was like in that time, what these people dedicated or donated their lives for. » But also, he adds, he wants audiences to know more about what has been defined as The Greatest Generation. « A lot of people talk about the greatest generation so it was fun to just try to visualize that. We now live in a time where it’s different. We have an all voluntary military, the country’s a lot more comfortable, economically and is in fact right now probably a lot more spoiled than we were then, so war is more of an inconvenience now where then it was an absolute necessity.

Interview: Clint Eastwood « Flags Of Our Fathers »
Monday, October 9th 2006
Paul Fischer
Los Angeles, CA

The tall, strident figure who enters the room is unmistakable. Age, as has been said, has not wearied him. Clint Eastwood still looks impressive at 76. No longer the Man with No Name or Dirty Harry, these days he’s a formidable force behind the camera, an Oscar winning filmmaker known for his economy of scale. But Eastwood’s latest film, the World War 2 drama Flags of Our Fathers, is an anomaly for Eastwood, a big-budget epic work that is in sharp contrast to the likes of his acclaimed Mystic River and Million Dollar Baby.

A film centered around the tragic Battle of Iwo Jima, one of the most crucial and bloodiest battles of the second world war, it culminated with what would become one of the most iconic images in history: five Marines and a Navy corpsman raising the American flag on Mount Suribachi. The inspiring photo capturing that moment became a symbol of victory to a nation that had grown weary of war and made instant heroes of the six American soldiers at the base of the flag, some of whom would die soon after, never knowing that they had been immortalized. But the surviving flag raisers had no interest in being held up as symbols and did not consider themselves heroes; they wanted only to stay on the front with their brothers in arms who were fighting and dying without fanfare or glory.

‘Flags of Our Fathers’ is based on the best selling book by James Bradley with Ron Powers, which chronicled the battle of Iwo Jima and the fates of the flag raisers and some of their brothers in Easy Company. A book originally set to be filmed by Steven Spielberg, Eastwood, who picks projects that interest him on a personal level, says that he wanted to tell this particular war story « because there’s never been a story on Iwo Jima, even though it was the biggest marine corps in marine corps history, » says Eastwood. « What intrigued me about it was the book itself and the fact that it wasn’t really a war story. »

The director, who says he had been involved in a few war films as an actor, says he never set out to do a war movie per se, « but I liked this, because it was just a study of these people, and I’ve always been curious about families who find out things about their relatives much after the fact. The kind of people that have talked to me about this campaign and many other campaigns, seem to be the ones who have been the quietest about their activity. It’s a sure thing that if you hear somebody being very braggadocio about all their experiences in combat, he was probably a clerk typist somewhere in the rear echelon, but there seems to be a commonality with these kind of people. »

Much has been said of the parallels, if they exist, between World War 2 and contemporary events, but Eastwood denies making any kind of a contemporary parable, and the two wars represent vastly different ideologues. « World War 2 was a different time in history, of course. When the war was brought to us in Pearl Harbor, it became a reality that if we didn’t fight this one out, we might be speaking another language today, so it was sort of simple. Most of the young men and women who went to war were about 19 years old. You figured they were probably all born in the late 20s early 30s, and they were over there, but they all had the spirit. So it was important to tell this story for that reason, as it told of a time in our history when there was a lot of spirit.

As for today — I suppose war is war whenever you’re in there. If you’re in the front lines, there are always various problems you have to deal with that are hard for us to understand who are in a non-combat situation unfortunately. The country seemed much more unified than it is today, because the war we’re in today — excluding the Iraq War in the front lines — is a different kind of war, incorporating Ideology and religion. There are a lot of factors coming in to it that may make the next war much more difficult, but World War 2 was much more cut and dried. »

As Flags is, in many ways, an old fashioned, classic war story, for today’s audiences, Eastwood hopes that through this film, « they get to know these people, and what they went through, as well as perhaps give the audience a feeling of what it was like in that time, what these people dedicated or donated their lives for. » But also, he adds, he wants audiences to know more about what it has been defined as The Greatest Generation. « A lot of people talk about the greatest generation so it was fun to just try to visualize that. We now live in a time where it’s different. We have an all voluntary military, the country’s a lot more comfortable, economically and is in fact right now probably a lot more spoiled than we were then, so war is more of an inconvenience now where then it was an absolute necessity. »

Like in much of Eastwood’s recent work, his films offer a reflective comment on the humanity, coupled with a certain physicality, and this is particularly evident in Flags, that shows off the two sides to the director. Eastwood says that he has little difficulty in reconciling or balancing these two facets of his persona. « I just kind of go along. I think as I’ve matured — which is in a way of saying aging — I’ve reached out to different sides of different stories. I started out in movies with a lot of action and that sort of thing, but as I got to this stage in life now where I’m sort of retreating to the back side of the camera, I just felt that it’s time to address a lot of different things that are closer to me than maybe fantasy characters that I might have been involved with. »

In a career spanning half a century, Clint Eastwood can afford to pick and choose what he wants to do on either side of the camera. With little to prove, either to himself or audiences, the director still insists on pushing himself, and that includes shooting not one, but two films about Iwo Jima. Opening early next year is the Japanese perspective, Letters from Iwo Jima, and Eastwood does laugh when asked if these days, making two films back to back is his most serious challenge. « Sometimes I think I’ll take some time off, and it goes in waves. I did « Mystic River, » and I was going to take some time off after that project, then I read « Million Dollar Baby, » and said, boy, I gotta do that, so I went right into that. I had tried to buy this book sometime earlier and DreamWorks had bought it and I ran into Steven Spielberg and he said why don’t you come over and direct this film. I told him I liked the book very much, we shook hands and I said, yes, I’ll do that. He didn’t have a screenplay he was happy with so we had to kind of start from scratch. »

It was part of the way into the research for Flags of our Fathers that he started getting interested in Lt. General Korubioshi the Japanese commander at Iwo Jima. « I was kind of wondering what kind of person he was to defend this island in a very clever way by tunneling the island and putting everything underground, doing it differently than most of the Japanese defenses were at that time. I sent to Japan and got a book about General Kuribayashi, which was a book of letters to his wife, daughter and son. »

As Eastwood’s films tells of a father and son, asked whether he would want his own children to depict his life on film, the ferociously private Eastwood smiles. « No, no. I don’t feel my life is that interesting, which is maybe why I became an actor. » In summing up his own life, Eastwood adopts the brevity that has often defined him. « I just feel like I do a job. I’ve been lucky enough to work in a profession where I enjoy it and still do. Obviously I’m doing it still and I don’t seem to have any ambitions about retiring. If I do, I haven’t kind of found out about them yet, so maybe I’m just waiting until they retire me. »

Voir enfin les autres critiques américaines.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.