Liberté d’expression: Des mots décidément sous haute surveillance (French thought police in action)

the new thought policeCe sont les lyncheurs de la gauche qui ont diabolisé le libéralisme, les ayatollahs de la repentance qui ont culpabilisé les démocraties, les talibans de l’antiracisme qui ont rendu des opinions honteuses, les intégristes gays qui ont mis des mots sous surveillance.(…) La proposition de loi socialiste qui pénalise la négation du génocide arménien de 1915, votée hier à l’Assemblée, vient à rebours de l’air du temps et de son rejet des jugements formatés. Une chose est de reconnaître ce crime contre l’humanité et de le rappeler à l’oubli têtu des Turcs, une autre est d’en interdire toute discussion, en transformant une fois de plus la critique en dissidence. Ivan Rioufol

Comme le rappelle Ivan Rioufol dans son bloc-notes du vendredi, on ne se méfie jamais assez des apparences: derrière les bons sentiments et les belles paroles de nos belles âmes, c’est en fait la parole libre qui est mise sous tutelle et les mots sous surveillance.

Lois contre le négationnisme des génocides juif ou arménien, loi pour la reconnaissance de l’esclavage et de la traite, loi contre les propos homophobes, nos apprentis-policiers de la pensée n’en finissent pas de vouloir réglementer la mémoire et les idées.

D’où, pour reprendre les exemples de Rioufol, la pantalonnade de la condamnation cette année même du député Christian Vanneste (UMP) pour propos homophobes ou le caviardage obligé de Renaud Camus.

Comme si un Dieudonné n’était pas assez grand pour se ridiculiser lui-même! Ou même un Edgar Morin* ou une… Brigitte Bardot**, depuis 97, à son quatrième procès!

Défense de la pensée libre
Ivan Rioufol
Le Figaro
le 13 octobre 2006

Se méfier des apparences. La mobilisation pour la liberté d’expression, en réaction à la fatwa contre Robert Redeker, n’a pas chassé d’un coup les censeurs et leurs dévoués. Depuis plus de trente ans, ils proscrivent des paroles et des idées, débattent en connivence, poussent des indociles à l’exil intérieur. Bien sûr, la France n’est pas la Russie, où la journaliste d’opposition Anna Politkovskaïa vient de se faire assassiner à Moscou. Mais la pensée libre s’y heurte encore au mur de l’ordre moral.

L’affaire Redeker a été un électrochoc. Les défenseurs de l’homme traqué, menacé de mort pour avoir critiqué Mahomet dans Le Figaro, ont fait admettre la régression qui aurait été de considérer l’enseignant comme coupable de blasphème. La vigilance de l’opinion a levé la crainte de voir l’État reculer encore devant les islamistes, qui réclament une législation contre l’islamophobie et un code de conduite tenant compte de la sensibilité des musulmans.

Mais ce sursaut contre la pénalisation et le flicage des idées oblige à réexaminer des interdits banalisés: ce sont les lyncheurs de la gauche qui ont diabolisé le libéralisme, les ayatollahs de la repentance qui ont culpabilisé les démocraties, les talibans de l’antiracisme qui ont rendu des opinions honteuses, les intégristes gays qui ont mis des mots sous surveillance. L’ex-URSS n’a pas fait mieux.

Il est insultant, pour des musulmans, de constater que les libres-penseurs ne s’affolent que lorsque l’islam leur pose problème. La communauté musulmane est en droit de se demander pourquoi elle ne bénéficierait pas d’une protection semblable à celle offerte à la communauté gay, par exemple: la loi de 2004, qui pénalise les propos homophobes, a permis la condamnation en 2006 du député Christian Vanneste (UMP), qui avait déclaré de l’homosexualité « qu’elle était inférieure à l’hétérosexualité ».

Or certains de ceux qui réclament la liberté de parole pour Redeker s’étaient tus pour Vanneste, quand ils n’avaient pas chanté l’éloge de l’eau tiède. D’autres n’avaient pas davantage levé le petit doigt pour Renaud Camus, contraint de caviarder son propre livre. Mais la pensée libre ne souffre pas d’exception. Défendre la liberté d’expression pour l’un, c’est la défendre pour tous, dans les limites de la loi. Le reste n’est que faux-semblants.

Génocide arménien : l’erreur

Cette libération de la parole est attendue par l’opinion, qui a su en faire usage en s’affranchissant des oukases lors du rejet du référendum de 2005. L’attrait des blogs, forums et sites Internet témoigne de l’assise de la nouvelle démocratie participative, habilement théorisée par Ségolène Royal. Cependant, si les politiques reconnaissent que les Français sont en demande de vérités et tiennent leurs représentants en disgrâce – François Fillon et François Bayrou viennent de faire des livres de chacune de ses évidences -, ils n’ont pas encore porté l’autocritique jusqu’au doux totalitarisme dont ils se sont eux-mêmes accommodés et qui a rendu suspecte toute idée personnelle.

Dans ce contexte, la proposition de loi socialiste qui pénalise la négation du génocide arménien de 1915, votée hier à l’Assemblée, vient à rebours de l’air du temps et de son rejet des jugements formatés. Une chose est de reconnaître ce crime contre l’humanité et de le rappeler à l’oubli têtu des Turcs, une autre est d’en interdire toute discussion, en transformant une fois de plus la critique en dissidence. La remarque vaut aussi pour la loi Gayssot de 1990, qui sanctionne la contestation de la Shoah : il suffirait de laisser parler les négationnistes pour qu’apparaisse l’obsession antisémite qui les décrédibilise.

« Stop ! »

Il n’est pas meilleur exemple des effets désastreux d’une parole interdite que l’immigration, dont le mot était, hier encore, imprononçable. « Nous n’avons pas eu le courage de parler de l’immigration […] Depuis trente ans, nous subissons un phénomène sans vouloir le contrôler », a déclaré Nicolas Sarkozy, lundi sur France Inter. Cette attitude fut celle d’une soumission collective à l’idéologie antiraciste et égalitariste, dont on commence à mesurer les effets abrutissants, y compris sur l’École.

Les Français auront été tenus dans l’ignorance du bouleversement de leur nation. Alors qu’une propagande aura vanté le modèle social tout en niant l’afflux du tiers-monde, une naissance sur cinq sera, dans quinze ans, d’origine africaine ou turque, dans un pays comptant déjà près de sept millions de pauvres. Et si le Front national a vu en partie ce risque de déstabilisation, il porte la responsabilité d’avoir contribué au déni, en se rendant infréquentable.

L’omerta sur l’immigration, qui n’aura été levée qu’en décembre 2003 par la commission Stasi reconnaissant (pour s’en féliciter) « une rupture dans l’histoire » de la France, explique la sidération de l’opinion devant les scènes d’intifada ou devant le désarroi de l’État. Confronté aux squatters de Cachan (Val-de-Marne) manoeuvrés par l’extrême gauche, le gouvernement a dû s’engager à les reloger (pour 9 000 euros par jour) en promettant la bienveillance pour les sans-papiers.

Il n’est plus concevable de continuer ainsi. Cette semaine, on apprenait qu’une lycéenne de Lyon, qui mangeait un sandwich pendant le jeûne du ramadan, avait été lapidée durant la récréation par quatre garçons. « Mon opinion est celle du peuple français », a répondu Ségolène Royal, mercredi, à propos de la Turquie en Europe. Aura-t-elle le courage de reprendre l’argument pour l’immigration ? Seule la démocratie d’opinion osera dire : « Stop ! »

Machine à perdre

Les « gaullistes » pourraient, avec Michèle Alliot-Marie ou Dominique de Villepin, présenter un candidat en 2007 face à Nicolas Sarkozy. Mais les a-t-on jamais entendus braver la loi du silence ? Au moins, Sarkozy ose…

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* échantillons du petit monument de désinformation commis en une du Monde par Morin et ses acolytes Naïr et Sallenave mêlant les pires clichés tant gaullistes : (« peuple sûr de lui etdominateur ») qu’antisionistes (« apartheid », « ghetto », « massacre », « race supérieure », etc.) et auquel la Licra s’était sentie obligée de faire un procès:

On peine à imaginer qu’une nation de fugitifs, issue du peuple le plus longtemps persécuté dans l’histoire de l’humanité, ayant subi les pires humiliations et le pire mépris, soit capable de se transformer en deux générations en « peuple dominateur et sûr de lui » et, à l’exception d’une admirable minorité, en peuple méprisant ayant satisfaction à humilier.

Les juifs d’Israël, descendants des victimes d’un apartheid nommé
ghetto, ghettoïsent les Palestiniens. Les juifs qui furent humiliés,
méprisés, persécutés, humilient, méprisent, persécutent les Palestiniens. Les juifs qui furent victimes d’un ordre impitoyable
imposent leur ordre impitoyable aux Palestiniens. Les juifs victimes
de l’inhumanité montrent une terrible inhumanité. Les juifs, boucs
missaires de tous les maux, « bouc-émissarisent » Arafat et l’Autorité
Palestinienne, rendus responsables d’attentats qu’on les empêche
d’empêcher.

soldatesque pillant et tuant parfois jusqu’au massacre (Jénine) …

Tsahal s’est livrée à des actes de pillage, destructions gratuites, homicides, exécutions où le peuple élu agit comme la race supérieure.

** notre ex-Marianne nationale avait entre autres dit sa « colère » en une du Figaro (26 avril 1996) « au vu de la
souffrance des animaux, les moutons égorgés en dehors de tout contrôle
lors de la fête musulmane de l’Aït el Kébir, dite Fête du mouton » de nos communautées immigrées et en avait profité pour ‘manifester son inquiétude face à la dégradation générale des mœurs, la décomposition des valeurs et de la culture nationale, et son angoisse face à l’irruption de comportements et de mœurs d’origine étrangère liés à une immigration massive, jugée envahissante », d’où un énième procès de la Licra, à l’occasion duquel le courageux Comité franco-islamique de libération: Allah Akbar ! (pardon: Radio-islam) avait volé à son secours – au prix, il est vrai,… d’un autre procès!

2 Responses to Liberté d’expression: Des mots décidément sous haute surveillance (French thought police in action)

  1. […] ne pas voir après les lois liberticides sur les génocides juif et arménien ou l’actuelle mode des génocides et autres mariages pour tous […]

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  2. […] ne pas voir après les lois liberticides sur les génocides juif et arménien ou l’actuelle mode des génocides et autres mariages pour tous […]

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