Crise financière: C’est peut-être le début de la fin de l’empire américain (But where will the world’s capital go now?)

Si quelqu’un a une dette envers Bush, c’est bien moi. Pour ma prédiction sur la fin de l’URSS, j’ai dû attendre tellement longtemps pour que l’union s’effondre que j’étais usé. Grâce à l’équipe Bush, peut-être ai-je inventé la prédiction instantanée. Emmanuel Todd
Si vous demandez à des gens de la Banque centrale européenne ce qui risque d’arriver de pire, la première chose que l’on vous répondra est : ‘Voyons ce qu’en dit Nouriel’. Kenneth Rogoff
Des gens irresponsables se sont bercés d’illusions en se disant que cette crise ne concernait que les subprimes. Or nous avons aussi des problèmes avec les cartes de crédit, les prêts étudiants, les prêts automobiles, les crédits hypothécaires commerciaux et résidentiels, la dette des entreprises et les emprunts qui ont financé les rachats d’entreprises. Ce n’est pas seulement notre marché hypothécaire qui est à haut risque, mais notre système financier dans son ensemble. (…) Nos plus gros bailleurs de fonds sont la Chine, la Russie et les Etats du Golfe. Ce sont des rivaux, non des alliés. Dès lors que vous avez une balance courante déficitaire, vous dépendez du bon vouloir des étrangers. C’est peut-être le début de la fin de l’empire américain. Nouriel Roubini
L’Amérique n’a pas grand-chose à craindre pour l’avenir proche, tout simplement parce que les capitaux étrangers ne peuvent aller nulle part ailleurs. David Goldman (Bank of America Securities, The Wall Street Journal, 13 août 2003)

Après le Mexique (1994), la Thaïlande, l’Indonésie et la Corée (1997), la Russie et le Brésil (1998), l’Argentine (2000), voici maintenant… les Etats-Unis!

A l’heure où, pourrie par des décennies d’argent facile, la prodigue Amérique est menacée par un véritable tchernobyl financier suite au refus, pour la première fois de son histoire, de ses traditionnels bailleurs de fonds de la sortir du trou …

Et où, à l’instar du pro-russe et pro-mollahs Emmanuel Todd se réjouissant de la prétendue confirmation de ses prédictions de fin d’empire un certain 11 septembre, tous les anti-américains de la planète peinent à dissimuler leur joie …

Retour sur le fascinant portrait, dans le NYT du 18 septembre dernier, de l’économiste keynesien de l’université de New York qui en avait il y a deux ans annoncé l’émergence.

Avec juste une petite question que l’on regrette qu’on ne lui ait pas posée:

Mais qu’est-ce que le monde va bien pouvoir faire maintenant… avec tous ces « capitaux qui n’avaient tout simplement nulle part ailleurs où aller » ?

NOURIEL ROUBINI – L’économiste qui a prévu le pire
Stephen Mihm
The New York Times
Traduit par Courrier international
18 sept. 2008

Portrait
Le 7 septembre 2006, Nouriel Roubini, professeur d’économie à l’université de New York, annonça lors d’un débat au Fonds monétaire international (FMI) qu’une crise couvait. Dans les mois et les années à venir, les Etats-Unis auraient de fortes chances de connaître un éclatement de la bulle immobilière tel qu’il ne s’en produit qu’une fois par génération, un choc pétrolier, une chute spectaculaire de l’indice de confiance des consommateurs et, partant, une profonde récession. L’enchaînement des événements n’aurait rien de réjouissant, avec des propriétaires incapables de rembourser leurs emprunts immobiliers, une dépréciation mondiale des milliards de dollars de titres adossés à des crédits hypothécaires et, en dernier ressort, la paralysie du système financier international.

L’assistance se montra sceptique, voire goguenarde. Quand Roubini quitta la tribune, le modérateur de la conférence ironisa, en lançant : “Eh bien, après cela, nous allons sans doute tous avoir besoin d’un petit remontant.” Il est vrai qu’à l’époque, le chômage et l’inflation étaient modérés, et l’économie, bien qu’affaiblie, poursuivait sa croissance en dépit de la hausse du prix du pétrole et du ralentissement du marché de l’immobilier. Il y avait aussi la personnalité de l’intervenant. Nouriel Roubini est un pessimiste notoire. Dans sa réponse à l’exposé, l’économiste Anirvan Banerji remarqua que les prévisions de son collègue ne se fondaient sur aucun modèle mathématique et balaya ses intuitions, dignes d’un Cassandre professionnel.

Les faits ont pourtant très vite donné raison à Roubini. Dès l’année suivante, les émetteurs de prêts hypothécaires à risque [subprimes] ont commencé à se mettre en faillite, les fonds spéculatifs ont amorcé leur plongeon et le marché des actions s’est effondré. Le chômage a augmenté, le dollar s’est dévalorisé. Tous les symptômes d’une crise immobilière de grande ampleur se sont confirmés et, à mesure que la crise des crédits s’est aggravée, un vent de panique a soufflé sur les marchés financiers. A la fin de l’été, la Réserve fédérale (Fed) volait au secours des institutions financières, à travers la première d’une série d’interventions peu orthodoxes dans l’économie, en abaissant ses taux directeurs de 50 points de base et en rachetant des dizaines de milliards de dollars de titres adossés à des créances immobilières.

Quand Nouriel Roubini revint au FMI en septembre 2007, ce fut pour prédire une crise aggravée de la solvabilité qui contaminerait tous les secteurs du système financier. Cette fois-ci, personne ne rit. “En 2006, il est passé pour un fou. En 2007, il est revenu en prophète”, se souvient Prakash Loungani, l’économiste du FMI qui avait convié le professeur aux deux conférences. Tout au long de 2007, dès que les optimistes déclaraient que le pire de la crise était derrière nous, Roubini leur opposait son inébranlable pessimisme. En février 2007, au moment où tout le monde estimait que les vénérables sociétés d’investissement de Wall Street résisteraient à la crise, Roubini a prévenu qu’une ou plusieurs d’entre elles allaient “se ramasser”. Six semaines plus tard, la banque d’affaires Bear Stearns s’est effondrée. Après une série de mesures importantes prises par la Fed au printemps, nombre d’économistes ont salué la reprise économique qui a suivi, assurant que la crise du crédit était terminée et que l’on avait évité la récession. Mais, pour Roubini, ce rebond n’était que l’expression d’une “suffisance délirante” encouragée par une “bande de communicants agissant pour leur propre compte”, et il s’en est tenu à son scénario catastrophe. Toutes ses prédictions ne se sont pas réalisées (et ne se réaliseront peut-être jamais), mais la faillite en juillet 2008 de la banque californienne IndyMac n’a fait qu’attirer davantage l’attention sur l’apparente prescience du professeur d’économie. Du coup, celui qui n’était jusqu’à présent qu’un universitaire respecté mais marginal est devenu un acteur essentiel dans le débat public sur l’économie. Il a été invité à s’exprimer devant le Congrès, le Council on Foreign Relations [un laboratoire d’idées influent, qui publie la revue américaine Foreign Affairs] et le Forum économique mondial de Davos. C’est maintenant un conseiller recherché, qui consacre une grande partie de son temps à rencontrer des gouverneurs de banques centrales et des ministres des Finances en Europe et en Asie. Bien qu’il continue à formuler des prophéties catastrophiques hautes en couleur et résolument non conformistes – particulièrement sur son blog populaire et polémique (www.rgemonitor. com/blog/roubini) – il semblerait que l’establishment économique commence à se rallier – non sans réticences – à sa vision des choses. “Depuis quelques mois, je suis devenu plus pessimiste que la grande majorité, me confiait récemment Lawrence Summers, ancien ministre des Finances de l’administration Clinton. Les écrits de Nouriel ne sont certainement pas étrangers à cela.”

Par une morne et froide journée de l’hiver dernier, j’ai déjeuné avec Roubini dans le quartier de TriBeCa, à New York. “Je ne suis pas pessimiste par nature, a-t-il insisté. Je ne suis pas quelqu’un qui voit les choses en noir.” A en juger par ses manières austères et la mélancolie qu’il dégage, on a pourtant eu du mal à le croire. Cet homme donne l’impression de souffrir en permanence, comme si le poids de ce qu’il savait était presque trop lourd pour lui. Il sourit rarement, et quand cela lui arrive, son visage, surmonté d’une tignasse brune indisciplinée, se tord en une expression qui ressemble plutôt à une grimace. Je l’ai relancé : pas pessimiste, vraiment ? Après un instant de réflexion, il s’est un peu détendu. “Je me soucie davantage que la plupart des gens des risques et des points faibles potentiels”, a-t-il concédé, avec un art sinistre de la litote. Mais, d’après lui, ces inquiétudes le rendent plus réaliste que pessimiste et le placent dans le rôle d’un outsider lucide – qui dénonce la complaisance et dégonfle les discours moralisateurs.

A 50 ans, Nouriel Roubini a été un outsider toute sa vie. Né à Istanbul dans une famille de Juifs iraniens, il a suivi ses parents à Téhéran quand il avait 2 ans, puis à Tel-Aviv et enfin en Italie, où il a grandi et a fait ses études secondaires. Puis, il s’est installé aux Etats-Unis pour passer son doctorat en économie internationale à Harvard. Il parle couramment le farsi, l’hébreu, l’italien et l’anglais. Son accent, un inimitable grondement de polyglotte, respire cette lassitude indissociable de son identité de “nomade planétaire”, comme il se définit lui-même. A Harvard, il avait un talent exceptionnel, se souvient son directeur de thèse Jeffrey Sachs, professeur d’économie à l’université Columbia. Il était dans son élément dans l’univers complexe des mathématiques et il étudiait les institutions politiques et économiques. “C’est un mélange de compétences que l’on trouve rarement chez une seule et même personne”, confie Jeffrey Sachs. Après avoir décroché son doctorat en 1988, Nouriel Roubini a intégré le département d’économie de Yale, où il a fait la connaissance de Robert Shiller, l’économiste désormais célèbre pour ses mises en garde prémonitoires sur la bulle technologique des années 1990, avec lequel il a commencé à échanger des idées.

Pour un économiste international comme Nouriel Roubini, les années 1990 ont été riches en événements. Tout au long de cette décennie, les économies émergentes ont été les unes après les autres frappées de plein fouet par la crise, à commencer par le Mexique en 1994. Des mouvements de panique ont balayé l’Asie, et notamment la Thaïlande, l’Indonésie et la Corée en 1997 et 1998. En 1998, l’économie russe et l’économie brésilienne ont implosé. En 2000, l’Argentine a suivi. Nouriel Roubini a étudié ces pays et a très vite identifié des faiblesses communes. Avant d’être touchés par la crise, la plupart d’entre eux présentaient un énorme déficit de la balance courante (ce qui, en gros, revient à dire qu’ils dépensaient beaucoup plus qu’ils ne gagnaient) et ils finançaient généralement ces déficits en empruntant à l’étranger selon des modalités qui les exposaient à l’équivalent d’une panique bancaire. Dotés de systèmes bancaires mal réglementés, ils étaient minés par des emprunts excessifs et une politique de prêts à tout-va. La gouvernance d’entreprise était souvent médiocre et le clientélisme endémique. Le travail de Roubini se distingue non seulement par ses conclusions, mais aussi par sa méthode. En exploitant largement les comparaisons transnationales et les analogies historiques, il utilise un cadre subjectif et non technique, semblable à ceux adoptés par des économistes populaires comme Paul Krugman et Joseph Stiglitz pour sensibiliser le grand public. Nouriel Roubini tient toutefois à souligner qu’il reste un économiste rigoureusement universitaire. “Quand j’évalue les données en présence, je puise dans vingt années d’expérience accumulée en utilisant des modèles”, précise-t-il. Pour autant, son approche ne correspond pas à l’idéal universitaire actuel, qui veut qu’un économiste élabore un modèle afin de s’en tenir à un ensemble de données mathématiques et de limiter ses impressions subjectives. Nouriel Roubini compare son style à celui d’un décideur comme Alan Greenspan, l’ancien président de la Fed, dont on disait (peut-être à tort) qu’il étudiait d’énormes quantités de données économiques techniques dans son bain, cherchant à sentir vers où soufflait le vent de l’économie. Roubini se réclame également d’un exemple idéologiquement plus à son goût, celui de l’approche globale et cosmopolite de l’économiste légendaire John Maynard Keynes [1883-1946], qu’il qualifie en exagérant à peine de “plus brillant des économistes, qui n’a jamais écrit une seule équation”. Le livre que Nouriel Roubini a finalement publié (en collaboration avec son collègue Brad Setser) sur la crise des marchés émergents, Bailouts or Bail-Ins? [Renflouements ou interventions du secteur privé ? Peterson Institute, 2004, non traduit en français] est un pavé de plus de 400 pages qui ne comporte pas une seule équation.

Après avoir analysé les marchés qui se sont effondrés dans les années 1990, le professeur à l’université de New York s’est demandé quel serait le prochain pays dont l’économie succomberait aux mêmes pressions. Sa réponse avait de quoi surprendre : les Etats-Unis. “Les Etats-Unis ressemblent au plus gros marché émergent qui soit”, a-t-il alors pensé. Bien entendu, les Etats-Unis n’étaient pas un marché émergent : c’étaient (et c’est encore) la première économie du monde. Pourtant, plusieurs caractéristiques de l’économie américaine le troublaient, à commencer par un déficit budgétaire qui, en 2004, atteignait 600 milliards de dollars. Il a commencé à s’intéresser de très près aux dangers de ce déficit. Il s’est ensuite interrogé sur les divers effets de la forte progression du crédit – et notamment de la plus grosse bulle immobilière de l’histoire du pays – amorcée en 2003, après que la Réserve fédérale eut ramené ses taux à près de 0 %. Nouriel Roubini en a vite conclu que cette bulle éclaterait bientôt.

C’est vers la fin 2004 qu’il a commencé à parler d’un “scénario catastrophe d’atterrissage forcé pour les Etats-Unis”. Il prévoyait alors que les investisseurs étrangers cesseraient de financer le déficit budgétaire et celui de la balance courante et abandonneraient le dollar, semant un vent de panique dans l’économie. Ces problèmes, qu’il appelait le “double déraillement du train financier”, risquaient, selon lui, de se produire en 2005 ou, au plus tard, en 2006. Pourtant, à la fin de 2006, les déraillements ne s’étaient pas produits. Kenneth Rogoff, un économiste de Harvard qui connaît Nouriel Roubini depuis plusieurs décennies, juge très précieux l’empressement de son confrère à envisager des situations hypothétiques en total décalage avec la vision consensuelle de la plupart des économistes. “Si vous demandez à des gens de la Banque centrale européenne ce qui risque d’arriver de pire, la première chose que l’on vous répondra est : ‘Voyons ce qu’en dit Nouriel’”, explique-t-il. Kenneth Rogoff nous met toutefois en garde contre la tentation d’assimiler cette capacité à de la prédiction. En d’autres termes, Roubini est sans doute le genre d’économiste que l’on peut consulter sur l’éventualité d’un effondrement du marché des obligations municipales, mais ce n’est pas nécessairement à lui que l’on fera appel pour prédire, par exemple, l’augmentation de la demande mondiale en trombones.

“C’est peut-être le début de la fin de l’empire américain”

Ses défenseurs assurent que le pessimisme de Nouriel Roubini n’a rien de gratuit. “Si les facteurs sous-jacents portaient à l’optimisme, Nouriel serait optimiste”, explique son ancien directeur d’études Jeffrey Sachs. De fait, Roubini est capable de se montrer optimiste – ou, du moins, de se garder de pronostics trop catastrophistes. Il est, par exemple, d’accord avec la grande majorité des économistes pour penser que le pétrole va repasser sous la barre des 100 dollars dans les mois prochains [ce qui s’est produit à Londres le 10 septembre dernier], à la faveur d’une contraction de la demande mondiale. “Cela ne m’amuse pas de dire que nous allons droit vers une grande crise comparable à celle de 1929. Je suis quelqu’un de raisonnable”, ajoute-t-il.

Quand on lui demande quelles évolutions économiques il voit se profiler à l’horizon et comment nous devons nous y préparer, il répond qu’il faut d’abord commencer par reconnaître l’ampleur du problème. “Nous sommes en récession et il est absurde de le nier”, tranche-t-il. Depuis des mois, il annonce une récession de dix-huit mois qui sera “la plus grave que le pays ait connue depuis celle de 1929”. Il est certes persuadé que l’économie américaine amorcera une reprise technique d’ici à la fin de l’année prochaine, mais les licenciements, faillites d’entreprises et autres entraves à la croissance n’en continueront pas moins à faire des dégâts pendant des années.

Nouriel Roubini a recommandé à plusieurs responsables de haut niveau, parmi lesquels les gouverneurs de la Réserve fédérale et des hauts fonctionnaires du ministère des Finances, de préparer une réponse énergique à la crise. Il a applaudi des deux mains quand la Fed a ramené ses taux d’intérêt de 5,25 % à 2 % l’été dernier. Il a aussi soutenu sa décision d’organiser le sauvetage de Bear Stearns. Il estime que ces initiatives ont évité la catastrophe, mais que, à l’avenir, ce sont les emprunteurs hypothécaires qui devraient être renfloués, et non les investisseurs. Les Etats-Unis sont donc confrontés à un choix difficile mais simple. Soit l’Etat cautionne plus de 1 000 milliards de dollars de crédits à haut risque (en échange de quoi les prêteurs devront accepter de réduire les mensualités), soit les banques et les autres institutions détenant ces créances – ou les titres complexes qui en sont dérivés – coulent. “On nationalise les banques ou on nationalise les prêts hypothécaires, résume-t-il. Sinon, tout le monde sera carbonisé.”

Depuis des mois, il répète que le coût réel de la crise immobilière ne se limitera pas à 300 milliards de dollars – le montant de l’enveloppe prévu par la loi sur l’immobilier votée en juillet 2008 – mais sera plutôt compris entre 1 000 et 1 500 milliards de dollars. Mais le plus important est de bien comprendre que le problème dépasse la crise immobilière. “Des gens irresponsables se sont bercés d’illusions en se disant que cette crise ne concernait que les subprimes. Or nous avons aussi des problèmes avec les cartes de crédit, les prêts étudiants, les prêts automobiles, les crédits hypothécaires commerciaux et résidentiels, la dette des entreprises et les emprunts qui ont financé les rachats d’entreprises, rappelle-t-il. Ce n’est pas seulement notre marché hypothécaire qui est à haut risque, mais notre système financier dans son ensemble.”

Nouriel Roubini soutient que la plupart des pertes dues à ces créances insolvables n’ont toujours pas été épongées, et qu’à elle seule la facture des crédits hypothécaires commerciaux douteux pourrait contribuer à jeter des centaines de banques locales dans les bras de la Federal Deposit Insurance Corporation [qui assure une partie des dépôts des particuliers]. “Un bon tiers des banques régionales ne s’en sortiront pas”, prédit-il. Ces renflouements alourdiront à leur tour de plusieurs centaines de milliards de dollars une dette fédérale déjà colossale, et il va bien falloir que quelqu’un, quelque part, finance cette dette, ainsi que celle accumulée par les consommateurs et les entreprises. “Nos plus gros bailleurs de fonds sont la Chine, la Russie et les Etats du Golfe, souligne Roubini. Ce sont des rivaux, non des alliés.” Les Etats-Unis s’en sortiront probablement tant bien que mal, mais c’est un pays différent qui émergera de la crise, et il occupera une place différente dans le monde. “Dès lors que vous avez une balance courante déficitaire, vous dépendez du bon vouloir des étrangers”, rappelle-t-il. “C’est peut-être le début de la fin de l’empire américain”, conclut-il d’un air résigné.

Chrono
• 29 mars 1958
Naissance de N. Roubini à Istanbul. Sa famille déménage à Téhéran puis à Tel-Aviv, avant de s’installer en Italie en 1962.

• 1988
Obtient son doctorat en économie internationale à Harvard, aux Etats-Unis.

• 1995
Nommé professeur d’économie à la Stern School of Business de l’université de New York.

• 1997
Fonde le site d’information économique Roubini’s Global Macroeconomic and Financial Policy, devenu en 2004 RGE Monitor (Rgemonitor.com).

• 1998-1999 Devient l’un des conseillers économiques de la Maison-Blanche, alors occupée par Bill Clinton.

• 2000-2001 Conseiller auprès du ministre des Finances américain, Larry Summers.

• Septembre 2006 Annonce l’effondrement du marché de l’immobilier américain lors d’un débat organisé par le FMI, organisme auquel il collabore régulièrement.

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