Manifestations: Après les manifs anti-G8… les caténaires et les lycées? (French and European anti-globalization groups come home to roost)

Black blockEtincelle à Athènes, incendie à Paris, c’est l’insurrection qui vient. Graffiti (Institut français, Athènes, le 19 décembre 2008)
Saboter avec quelques conséquences la machine sociale implique aujourd’hui de reconquérir et réinventer les moyens d’interrompre ses réseaux. Comment rendre inutilisable une ligne de TGV, un réseau électrique ? Julien Coupat (L’insurrection qui vient, Editions La Fabrique, 2007)
Les gens dont on parle, c’est le Black Block des manifestations altermondialistes. Leur discours se focalise plus sur la France que sur l’international. C’est eux qu’on a vus avec des cocktails Molotov place de la Bastille le 6 mai dernier, au soir de la victoire de Nicolas Sarkozy (les incidents avaient été très médiatisés), mais c’est aussi cette mouvance qui reprend à son compte les « pierres dans le système d’aiguillage, les incendies de systèmes électriques ou de câbles, les gares saccagées, les vols de clefs de locomotives, l’huile sur les rails ou les signalisations endommagées » sur les lignes TGV, pendant les grèves des transports de novembre 2007, et ensuite, sporadiquement, depuis le début de l’année. Jean-Yves Camus (chercheur à l’Iris)
L’éducation nationale, ce sera votre Viêtnam à vous. Jack Lang (à Xavier Darcos)
Toutes les conditions sont en train de se réunir pour des confrontations sociales très violentes. Le syndrome grec menace l’ensemble des pays. Julien Dray
Ce qu’on voit en Grèce n’est pas du tout, malheureusement, hors du champ de ce qui peut arriver en France. Laurent Fabius
Je pense que seule l’action radicale peut avoir aujourd’hui un sens qui ne sera ni brouillé par les médias ni manipulé par les appareils. (institutrice, citée par le Monde, qui préconise des « plantages informatiques »)
Lors des précédents mouvements lycéens, les chefs d’établissements arrivaient à contenir ces violences. Cette fois, les incidents violents arrivent immédiatement. Philippe Guittet (secrétaire général du principal syndicat des chefs d’établissement)
Les prises d’assaut de lycées privés, les dégradations volontaires et les agressions à l’égard des proviseurs ou des élèves sont d’une ampleur et d’une violence sans précédents. Aymeric Lambey (coordinateur de l’Uni- Lycée)

Après les manifs anti-G8… les caténaires et les lycées?

Proviseurs blessés à Nîmes et à Brest, ou violemment agressé à Marseille, casseurs cagoulés, qui pénètrent dans les établissements dans le but de saccager dans un lycée privé à Auch, dizaines de véhicules incendiés ou vandalisés en marge de manifestations à Montpellier, agressivité inconnue à ce jour et quasi-impossibilité de dialogue avec les lycéens qui n’ont parfois « même pas de slogans …

Destruction à la masse fin avril de deux distributeurs automatiques d’une agence BNP dans le XIIe arrondissement de Paris (Motif : la BNP dénoncerait les sans-papiers aux autorités)

Saccage des fenêtres de la Croix-Rouge (l’ONG accompagne les expulsions) ainsi qu’une Mercedes immatriculée corps diplomatique (motif : « contre tous les Etats »)…

Attaques contre des permanences électorales tous partis confondus, incendies d’agences ANPE ou destructions d’antennes relais TV ou mobile, détention de chlorate de potasse (pour la fabrication de fumigènes) ou de clous tordus, mise en ligne d’incitations et de manuels de sabotage (cocktail Molotov, mise à feu de véhicules, réseaux téléphoniques, voies ferrées, caténaires, lecteurs de cartes de transports, caméras de vidéo-surveillance, réseaux informatiques d’entreprises) ou de liste d’entreprises qui travaillent avec les centres de rétention ou les prisons (pour le nettoyage ou les sytèmes de communication des bâtiments, etc.) …

Alors que la France bien-pensante s’indigne du maintien en détention de nos pauvres dérailleurs de train …

Et que le gouvernement s’est vu contraint à reporter sa reforme du lycée et que l’Ile de France était jusqu’ici étrangement épargnée …

Retour, avec Valeurs actuelles, sur les pyromanes qui ont attisé les flammes.

Depuis les forces militantes (des professionnels en fait de la manifestation, les tristement fameux “autonomes” d’extrême gauche, comme en Grèce), déjà engagées contre l’entreprise d’Etat par excellence de la SNCF et multipliant les actions coup de poings sans communiqués de presse ni signatures contre les centres de détention de sans-papiers, le fichage policier, les prisons ou le nucléaire et diffusant leur savoir-faire sur internet …

Aux appels d’enseignants à la désobéissance civile chère à l’ultragauche (sur les blogs ou dans les journaux).

A la gauche “institutionnelle” (dont le fameux collecteur de montres de luxe Julien Dray actuellement en examen pour abus de biens sociaux) et
aux syndicats avec références systématiques aux émeutes grecques.

Mais aussi peut-être, après l’exemple des années de manifs anti-G8 amplifiées par les images en boucle de nos si obligeants et indulgents médias (manifestations anti-guerre et anti-mondialisation comprises),… le simple effet cumulé de quelque 33 grèves d’enseignants en huit ans et des mouvements lycéens presque tous les ans ?

Les lycéens manipulés
Manifestations. L’ultragauche attise la contestation.
Fabrice Madouas
le 18-12-2008
SIPA
Xavier Darcos a différé sa réforme du lycée dans l’espoir d’éviter une contagion du mouvement. Mais comment raisonner l’extrême gauche

C’est officiellement pour « laisser plus de temps » à la concertation que le ministre de l’Éducation nationale a décidé lundi de reporter d’un an la réforme de la classe de seconde, qui devait être présentée le lendemain. Le consensus auquel avaient abouti les discussions entamées de longue date avec les organisations lycéennes est aujourd’hui «menacé par les attaques répétées des opposants à tout progrès du système éducatif », dont les actions mettent en péril « la sécurité des lycéens et des personnels », écrit Xavier Darcos.

Rarement les manifestations et les blocages auront atteint un tel degré de violences, aussi rapidement. Rarement aussi les raisons de cette “mobilisation”auront été aussi confuses, et pour tout dire factices.

Lors des précédents mouvements lycéens (par exemple celui de l’an dernier contre l’autonomie des universités), « les chefs d’établissements arrivaient à contenir ces violences. Cette fois, les incidents violents arrivent immédiatement », soulignait la semaine dernière Philippe Guittet, secrétaire général du principal syndicat des chefs d’établissement (SNPDEN). « J’ai des craintes, surtout pour janvier, poursuivait-il. Je sens monter la mobilisation ». « Les prises d’assaut de lycées privés, les dégradations volontaires et les agressions à l’égard des proviseurs ou des élèves sont d’une ampleur et d’une violence sans précédents », confirme le coordinateur de l’Uni- Lycée, Aymeric Lambey.

L’Île-de-France est épargnée par la contestation, et le nombre d’établissements bloqués par des petits groupes est resté faible : moins de 40 sur 2 500 lycées publics. Les violences ont surtout concerné huit académies de province (« sur trente », précise le ministère), de Caen jusqu’à Marseille, en passant par Rennes, Nantes, Bordeaux, Toulouse et Montpellier. Des académies « très réactives, d’où partent souvent des mouvements nationaux », constate le secrétaire général adjoint du SNPDEN, Philippe Tournier.

Le 11 décembre, c’est le proviseur du lycée Gaston-Darboux, à Nîmes, qui est blessée au cours d’une manifestation : « Des jeunes lycéens ou non-lycéens s’étaient regroupés. Plusieurs jeunes qui voulaient bloquer l’entrée du lycée [l’]ont bousculée violemment et projetée contre la grille du portail », a expliqué le recteur d’académie, Christian Nique. La victime, « qui souffre de contusions diverses, notamment au bras et au sternum », a porté plainte pour violences involontaires. « À Brest, une dizaine de personnes ont blessé un chef d’établissement qui a dû être conduit à l’hôpital, ajoute Aymeric Lambey. Le proviseur du lycée Pagnol de Marseille a été victime d’une agression qui aurait pu être très grave ».

Le 5 décembre, une dizaine de manifestants ont dégradé les locaux du lycée privé de l’Oratoire, à Auch (Gers). Ils ont été interpellés. Au ministère, on parle de « casseurs cagoulés, qui pénètrent dans les établissements dans le but de saccager ». D’autres incidents violents se sont déroulés dans l’académie de Rennes, notamment à Brest où des jeunes ont affronté les gendarmes mobiles.

Soixante véhicules ont été incendiés ou vandalisés en marge de manifestations à Montpellier. À Bordeaux, un lycéen a été condamné à trois mois de prison ferme pour “violence aggravée sur un policier”. Dans les Bouches-du-Rhône, les représentants des chefs d’établissement, reçus au rectorat le 5 décembre, ont fait part de « l’inquiétude et de l’exaspération des personnels de direction » face à des mouvements caractérisés « par une agressivité inconnue à ce jour et une quasi-impossibilité de dialogue avec les lycéens », qui n’ont parfois « même pas de slogans ».

«C’est un mouvement très déstructuré, confirmait l’entourage du ministre. Les revendications restent floues et les interlocuteurs introuvables ». « C’est un milieu très volatil », ajoute Philippe Tournier. Les organisations “officielles”, la FIDL et l’UNL, rivales quoique de gauche (la première est proche de Julien Dray, la seconde de Benoît Hamon), ont appelé à manifester le 18 décembre, mais elles ne contrôlent pas le mouvement. Xavier Darcos avait pris soin de les associer à la préparation de sa réforme.

Certains déplorent, comme Philippe Tournier, que le ministère n’ait pas poussé plus loin la concertation, mais « deux protocoles d’accord ont été signés au mois de juin dernier, rappelle Xavier Darcos, avec les organisations représentatives des personnels de direction et des enseignants, d’une part, et les organisations lycéennes, d’autre part ». La réforme reportée prévoit, notamment,de consacrer trois heures à l’accompagnement personnalisé, dans le but d’aider l’élève à préciser son projet professionnel, donc à s’orienter intelligemment – ce qui figure parmi les revendications des syndicats lycéens.

Des professionnels de l’agitation, plus âgés et déterminés

Alors, pourquoi ? « Il y a sûrement des forces militantes mobilisées » derrière ces exactions, avance Philippe Guittet. Bon nombre de proviseurs ont noté la présence, parmi les manifestants les plus violents, de jeunes « plus âgés, très déterminés, des professionnels de la manifestation ». En un mot,des “autonomes” d’extrême gauche, comme ceux qu’on a vus s’attaquer aux forces de l’ordre, en Grèce, ces derniers jours (lire page 38).

Ce qui se déroule à Athènes pourraitil arriver en France ? Sur les blogs, en tout cas, bon nombre d’internautes (parmi lesquels des enseignants) prêchent la désobéissance civile, chère à l’ultragauche : « Je pense que seule l’action radicale peut avoir aujourd’hui un sens qui ne sera ni brouillé par les médias ni manipulé par les appareils », écrit une institutrice, citée par le Monde, qui préconise des « plantages informatiques ».

Tout au long de la semaine, la gauche “institutionnelle”a soufflé sur les braises en se référant constamment – et très imprudemment – aux émeutes grecques. L’Unef appelle les étudiants à la « solidarité » avec la jeunesse grecque, contre la « répression policière ». «Toutes les conditions sont en train de se réunir pour des confrontations sociales très violentes, déclare le ségoléniste Julien Dray. Le syndrome grec menace l’ensemble des pays. » « Ce qu’on voit en Grèce n’est pas du tout, malheureusement, hors du champ de ce qui peut arriver en France », ajoute Laurent Fabius, proche de Martine Aubry. Jack Lang a même osé une autre comparaison : « L’éducation nationale, ce sera votre Viêtnam à vous », a-t-il lancé à Xavier Darcos, qu’il accuse carrément de jouer à « l’incendiaire » !

Le report de la réforme aura-t-il désamorcé une contestation qui se nourrit de motifs diffus (pour ne pas dire irrationnels) et qu’aucune organisation traditionnelle n’a réussi à encadrer ? Xavier Darcos rappelait la semaine dernière qu’il y avait eu « trente-trois grèves depuis l’an 2000, et des mouvements lycéens presque tous les ans ».Nul ne sait comment s’achèvera celui-là.

1 Responses to Manifestations: Après les manifs anti-G8… les caténaires et les lycées? (French and European anti-globalization groups come home to roost)

  1. emeutes dit :

    http://emeutes.wordpress.com/

    DES EVENEMENTS EN GRECE

    Ces émeutes, à distance, ont déjà fait reculer le pouvoir français sur ses minables réformes lycéennes, et peut-être d’autres encore. Les émeutiers grecs nous montrent ainsi une voie qui avait été cherchée lors de la contestation du CPE et ces dernières semaines (occupations de lycées et d’autres bâtiments, blocage de voies de communication et quelques bagnoles cramées), ils font mieux et refusent le dialogue truqué avec l’Etat et ses sbires. Ce n’est que lorsqu’il parle tout seul qu’un ministre peut évoquer « un dialogue serein » (les mots du ministre de l’éducation nationale il y a quelques jours). Ici, comme en Grèce, la discussion ne peut commencer que par la contestation en actes des forces répressives. Leur existence est déjà une insulte.
    La liberté fait ses premiers pas quand on n’a plus à trembler devant des flics, des vidéo-surveillants et le fichage généralisé. Les lois sont faites pour nous apeurer, nous décourager et plus généralement nous interdire de faire quoi que ce soit. En Grèce la peur et la résignation changent de camp
    (« Aujourd’hui, le peuple est en colère contre tout, contre la mort d’Alexis, contre la police, contre le gouvernement, contre les réformes… et nous, nous sommes le bouclier. (…) Je me demande si je ne serais pas mieux dans mon village, où je pourrais reprendre l’élevage des moutons et vivre tranquille. Surtout, je n’aurais plus ce sentiment de honte qui me ronge », un policier grec dans le Figaro du lundi 22 décembre 2008) :

    L’INSURRECTION CONTINUE. Si elle prend partout, on ne l’arrêtera jamais. C’est pourquoi nos médias maintiennent ces évènements historiques à l’arrière-plan ou inventent des spécificités grecques (jeunesse mal payée, corruption, réformes qui ne promettent que le pire mais c’est partout que les ordures nous gouvernent). Insistons sur quelques points : il ne s’agit pas d’une révolte d’une partie de la jeunesse mais bien de toute une population, de gens sans revendications ni représentants, mais dont nous partageons certainement les intentions (disparitions de tous ceux qui parlent pour nous : partis, syndicats, experts, journalistes, associations…) et les dégoûts (le salariat et le monde misérable qu’il produit, ses congés forcés, l’éducation obligatoire pour s’y insérer, et autres « aides » de l’Etat quand on s’en éloigne).
    En cette période de crise, comme d’habitude, nos dirigeants nous présentent de nombreuses solutions parmi lesquelles ne figure pas celle de se passer d’eux. Ce sont les mêmes qui nous volent nos meilleures années et celles qui suivent ; ils continuent.
    Saisissons chaque occasion de rappeler la lutte exemplaire qui se déroule en Grèce. Diffusez ce texte, trouvez-en d’autres (récits de première main, vidéos sur internet, etc.), écrivez-en de meilleurs, partout, sur les murs, les affiches. Rassemblons-nous dans toutes les manifestations possibles, restons mobilisés. Répandons cette étrange épidémie dont nous n’avons rien à craindre, nous qui devons toujours travailler pour un monde qui nous empoisonne.

    FAISONS MIEUX.

    En région parisienne, le mardi 23 décembre 2008.

    http://emeutes.wordpress.com/

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