Affaire Weinstein: C’est l’Esprit de vérité, imbécile ! (Blowing in the wind: The rules are changing invisibly underneath our feet and we’re just trying to catch up, Hollywood actor says)

Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit; mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit. Jésus (Jean 3: 8)
Si vous m’aimez, gardez mes commandements. Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu’il demeure éternellement avec vous, l’Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit point et ne le connaît point; mais vous, vous le connaissez, car il demeure avec vous, et il sera en vous. Jésus (Jean 14: 15-17)
Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée. Car je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère; et l’homme aura pour ennemis les gens de sa maison. Jésus (Matthieu 10 : 34-36)
The answer, my friend, is blowin’ in the wind. Robert Zimmerman
Bientôt, se retirant dans un hideux royaume, La Femme aura Gomorrhe et l’Homme aura Sodome, Et se jetant, de loin, un regard irrité, Les deux sexes mourront chacun de son côté. Vigny
« Dionysos contre le « crucifié » : la voici bien l’opposition. Ce n’est pas une différence quant au martyr – mais celui-ci a un sens différent. La vie même, son éternelle fécondité, son éternel retour, détermine le tourment, la destruction, la volonté d’anéantir pour Dionysos. Dans l’autre cas, la souffrance, le « crucifié » en tant qu’il est « innocent », sert d’argument contre cette vie, de formulation de sa condamnation. (…) L’individu a été si bien pris au sérieux, si bien posé comme un absolu par le christianisme, qu’on ne pouvait plus le sacrifier : mais l’espèce ne survit que grâce aux sacrifices humains… La véritable philanthropie exige le sacrifice pour le bien de l’espèce – elle est dure, elle oblige à se dominer soi-même, parce qu’elle a besoin du sacrifice humain. Et cette pseudo-humanité qui s’institue christianisme, veut précisément imposer que personne ne soit sacrifié. Nietzsche
Je condamne le christia­nisme, j’élève contre l’Église chrétienne la plus terrible de toutes les accusa­tions, que jamais accusateur ait prononcée. Elle est la plus grande corruption que l’on puisse imaginer, elle a eu la volonté de la dernière corruption possible. L’Église chrétienne n’épargna sur rien sa corruption, elle a fait de toute valeur une non-valeur, de chaque vérité un mensonge, de chaque intégrité une bassesse d’âme (…) L’ « égalité des âmes devant Dieu », cette fausseté, ce prétexte aux rancunes les plus basses, cet explosif de l’idée, qui finit par devenir Révo­lution, idée moderne, principe de dégénérescence de tout l’ordre social — c’est la dynamite chrétienne… (…) Le christianisme a pris parti pour tout ce qui est faible, bas, manqué (…) La pitié entrave en somme la loi de l’évolution qui est celle de la sélection. Elle comprend ce qui est mûr pour la disparition, elle se défend en faveur des déshérités et des condamnés de la vie. Par le nombre et la variété des choses manquées qu’elle retient dans la vie, elle donne à la vie elle-même un aspect sombre et douteux. On a eu le courage d’appeler la pitié une vertu (— dans toute morale noble elle passe pour une faiblesse —) ; on est allé plus loin, on a fait d’elle la vertu, le terrain et l’origine de toutes les vertus. Nietzsche
A l’origine, la guerre n’était qu’une lutte pour les pâturages. Aujourd’hui la guerre n’est qu’une lutte pour les richesses de la nature. En vertu d’une loi inhérente, ces richesses appartiennent à celui qui les conquiert. Les grandes migrations sont parties de l’Est. Avec nous commence le reflux, d’Ouest en Est. C’est en conformité avec les lois de la nature. Par le biais de la lutte, les élites sont constamment renouvelées. La loi de la sélection naturelle justifie cette lutte incessante en permettant la survie des plus aptes. Le christianisme est une rébellion contre la loi naturelle, une protestation contre la nature. Poussé à sa logique extrême, le christianisme signifierait la culture systématique de l’échec humain. Hitler
Jésus a tout fichu par terre. Le Désaxé (Les braves gens ne courent pas les rues, Flannery O’Connor)
Le monde moderne n’est pas mauvais : à certains égards, il est bien trop bon. Il est rempli de vertus féroces et gâchées. Lorsqu’un dispositif religieux est brisé (comme le fut le christianisme pendant la Réforme), ce ne sont pas seulement les vices qui sont libérés. Les vices sont en effet libérés, et ils errent de par le monde en faisant des ravages ; mais les vertus le sont aussi, et elles errent plus férocement encore en faisant des ravages plus terribles. Le monde moderne est saturé des vieilles vertus chrétiennes virant à la folie.  G.K. Chesterton
Pour qu’il y ait cette unanimité dans les deux sens, un mimétisme de foule doit chaque fois jouer. Les membres de la communauté s’influencent réciproquement, ils s’imitent les uns les autres dans l’adulation fanatique puis dans l’hostilité plus fanatique encore. René Girard
Il y avait vraiment des gens qui s’agitaient devant des courts-bouillons de grenouilles et de scorpions, mais nous savons que leurs manigances n’empêcheraient pas les avions de voler (…) C’est bien pourquoi, même lorsqu’elles étaient condamnées, même lorsqu’elles étaient techniquement coupables, les sorcières étaient des boucs émissaires. René Girard
C’est parce que nos ancêtres se sont longtemps nourris de la Bible et des Evangiles que nous comprenons ces phénomènes et que nous les condamnons. (…) L’idéal d’une société étrangère à la violence remonte visiblement à la prédication de Jésus, à l’annonce du royaume de Dieu. Loin de diminuer à mesure que le christianisme s’éloigne, son intensité augmente. Ce paradoxe est facile à expliquer. Le souci des victimes est devenu un enjeu paradoxal des rivalités mimétiques, des surenchères concurrentielles. Il y a les victimes en général mais les plus intéressantes sont celles qui nous permettent de condamner nos voisins. (…) Dans notre univers, en somme, tout le monde se jette des victimes à la tête (…) Nous avons désormais nos rites victimaires, antisacrificiels, et ils se déroulent dans un ordre aussi immuable que les rites proprement religieux. On se lamente d’abord sur les victimes qu’on s’accuse mutuellement de faire ou de laisser faire. On se lamente ensuite sur l’hypocrisie de toute lamentation; on se lamente enfin  sur le christianisme, indispensable bouc émissaire  car il n’est pas de rite sans victime (…) depuis le haut Moyen Age, toutes les grandes institutions humaines évoluent dans le même sens, le droit public et privé, la législation pénale, la pratique judiciaire, le statut des personnes. Tout se modifie très lentement d’abord mais le rythme s’accélère de plus en plus, et, vue de très haut, l’évolution va toujours dans le même sens, vers l’adoucissement des peines, vers la plus grande protection des victimes. (…) Notre société a aboli l’esclavage puis le servage. Plus tard sont venues la protection de l’enfance, des fermmes, des vieillards, des étrangers du dehors et des étrangers du dedans, la lutte contre la misère et le « sous-développement ». Plus récemment encore on a universalisé les soins médicaux, la protection des handicapés, etc.Tous les jours, de nouveaux seuils sont franchis. (…) De nos jours, il s’exaspère parfois de façon caricaturale qu’il suscite le rire mais il faut se garder d’y voir une simple mode, un bavardage toujours plus inefficace. Il n’est pas d’abord une hypocrite comédie. Au cours des âges, il a créé une société incomparable à toutes les autres. Il a unifié le monde. (…) A chaque génération, les législateurs descendaient plus profondément dans un héritage ancestral qu’ils se faisaient un devoir de transformer. Là où leurs ancêtres ne voyaient rien à réformer, ils découvraient l’oppression et l’injustice. Le statu quo avait longtemps paru intouchable, déterminé par la nature ou voulu par les dieux, souvent même par le Dieu chrétien. Depuis des siècles, les vagues successives  du souci  des victimes ont révélé et réhabilité de nouvelles catégories de boucs émissaires dans les soubassements de la société, des êtres dont seuls quelques génies spirituels, dans le passé, soupçonnaient que les injustices dont ils souffraient pouvaient être éliminées. (…) Il y a une avance historique inexorable de la vérité chrétienne dans notre monde. Elle ne fait qu’un paradoxalement avec l’affaiblissement apparent du christianisme. (… ) Les mondes anciens étaient comparables entre eux, le nôtre est unique. Sa supériorité dans tous les domaines est tellement écrasante, tellement évidente  que, paradoxalement, il est interdit d’en faire état. (…) La montée en puissance de la victime ne coïncide pas par hasard avec l’avènement de la première culture vraiment planétaire. (..) Au-delà des absolus récemment écroulés, l’humanisme, le rationalisme, la révolution, la science même, il n’y a pas aujourd’hui le vide absolu qu’on nous annonçait naguère. Il y a le souci des victimes et c’est lui qui, pour le meilleur et pour le pire, domine la monoculture planétaire dans laquelle nous vivons. La mondialisation est le fruit de ce souci et non pas l’inverse. Dans toutes les activités économiques, scientifiques, artistiques et même religieuses, c’est le souci des victimes qui détermine l’essentiel, ce n’est ni le progrès des sciences, ni l’économie de marché, ni « l’histoire de la métaphysique ».  (…) De nos jours, tout se décante et le souci des victimes apparait au grand jour, dans toute sa pureté et son impureté. Rétrospectivement c’est lui, on le voit bien , qui depuis des siècles, gouverne en sous-main  l’évolution de notre monde. (…) Ce qui exigeait encore pour être repéré, il y a un siècle, la perspicacité d’un Nietzsche, aujourd’hui le premier venu le perçoit. La surenchère perpétuelle transforme le souci des victimes en une injonction totalitaire, une inquisition permanente. Les médias même s’en aperçoivent et se moquent de la « victimologie », ce qui ne les empêche pas de l’exploiter. Le fait que notre monde devienne massivement antichrétien, au moins dans ses élites, n’empêche donc pas le souci des victimes de se perpétuer et de se renforcer, tout en prenant souvent des formes aberrantes. L’inauguration majestueuse de l’ère « post-chrétienne » est une plaisanterie. Nous sommes dans un ultra-christianisme caricatural qui essaie d’échapper à l’orbite judéo-chrétienne en « radicalisant » le souci des victimes dans un sens antichrétien. René Girard
Cela ressemble bien aux Américains d’inventer un big bang à l’origine de nos univers. Julien Green (écrivain franco-américain)
L’univers a été réglé très précisément pour l’émergence de la vie et de la conscience. Le réglage initial est d’une virtuosité époustouflante: on pourrait le comparer à l’habileté d’un archer qui réussirait à planter sa flèche au milieu d’une cible carrée de 1 centimètre de coté, éloignée de 15 milliards d’années-lumière… Trinh Xuan Thuan
Nous sommes une société qui, tous les cinquante ans ou presque, est prise d’une sorte de paroxysme de vertu – une orgie d’auto-purification à travers laquelle le mal d’une forme ou d’une autre doit être chassé. De la chasse aux sorcières de Salem aux chasses aux communistes de l’ère McCarthy à la violente fixation actuelle sur la maltraitance des enfants, on retrouve le même fil conducteur d’hystérie morale. Après la période du maccarthisme, les gens demandaient : mais comment cela a-t-il pu arriver ? Comment la présomption d’innocence a-t-elle pu être abandonnée aussi systématiquement ? Comment de grandes et puissantes institutions ont-elles pu accepté que des enquêteurs du Congrès aient fait si peu de cas des libertés civiles – tout cela au nom d’une guerre contre les communistes ? Comment était-il possible de croire que des subversifs se cachaient derrière chaque porte de bibliothèque, dans chaque station de radio, que chaque acteur de troisième zone qui avait appartenu à la mauvaise organisation politique constituait une menace pour la sécurité de la nation ? Dans quelques décennies peut-être les gens ne manqueront pas de se poser les mêmes questions sur notre époque actuelle; une époque où les accusations de sévices les plus improbables trouvent des oreilles bienveillantes; une époque où il suffit d’être accusé par des sources anonymes pour être jeté en pâture à la justice; une époque où la chasse à ceux qui maltraitent les enfants est devenu une pathologie nationale. Dorothy Rabinowitz
Loin que les nécessités de la reproduction biologique déterminent l’organisation symbolique de la division sexuelle du travail, et de proche en proche, de tout l’ordre naturel et social, c’est une construction arbitraire du biologique, et en particulier du corps, masculin et féminin, de ses usages et de ses fonctions, notamment dans la reproduction biologique, qui donne un fondement en apparence naturel à la vision androcentrique de la division du travail sexuel et de la division sexuelle du travail et, par-là, de tout le cosmos. Pierre Bourdieu
Je ne veux pas éliminer les hommes, bien entendu. Ségolène Royal
In the context of sexual relationships, masculinity is expressed through ‘erection, penetration, and climax,’ so it is possible that threats to gender identity . . . manifest as sexual problems. Cornwell and Laumann
Our findings suggest the importance of socialized gender roles for sexual frequency in heterosexual marriage. (…) Couples in which men participate more in housework typically done by women report having sex less frequently. Similarly, couples in which men participate more in traditionally masculine tasks — such as yard work, paying bills, and auto maintenance — report higher sexual frequency. (…) The first mechanism—that sexual scripts activate desire and sexual behavior in the presence of gendered activity—would operate in the following fashion. Traditional gender per- formances serve as cues of masculine and feminine behavior; these cues activate individuals’ internalized cultural sexscripts, creating sexual desire and activity. In essence, traditionally masculine and feminine behaviors consciously or unconsciously serve as turn-ons for individuals. We do not argue that this takes place instantly, but rather over time, individuals perceive their spouse as more masculine or feminine as they engage in gender-traditional behaviors, and this increases sexual attraction. To the extent that masculinity and femininity are central parts of both the household division of labor and sexual attraction and activity, we expect that households with more traditionally gendered divisions of labor will experience greater sexual frequency. (…) A second possibility is that couples with more gender-traditional divisions of house- work hold more traditional beliefs and act in more gender-typical ways, which leads to more frequent sex. More masculine-identified men may value more frequent sex, and more highly feminine-identified wives may refuse sex less often because they view providing sex as part of being a good wife. Thus, men may initiate sex more frequently, and wives refuse less, with no link to desire. In essence, this mechanism suggests that both housework and sexual behavior are ways that couples do gender, and any observed relationship between the two would reflect couples’ under- lying orientations toward gender rather than causal influence. (…) A third possibility is simply that gender- traditional arrangements are linked to sexual activity because couples perceive greater affection and love when partners do more (albeit in traditionally gendered ways) in the household. Rather than couples engaging in more sexual activity because traditional divisions of housework act as signals of masculinity and femininity, couples may instead feel more affection and satisfaction within their relationships under traditional gender divisions of labor, and this leads to more frequent sex. Doing housework can convey affection, although often in traditionally gendered ways. As DeVault notes, “the gender relations of feeding and eating seem to convey the message that giving service is part of being a woman, and receiving it fundamentally part of being a man.” Gender-traditional beliefs and practices are often associated with greater marital happiness and men’s emotion work in the family. Sexual frequency appears to lie in the realm of sexual scripts, but couples are not purely interested in the amount of sex they have—they undoubtedly also care about the quality of sex. Although sexual frequency is correlated with sexual satisfaction, the correlation is far from perfect. Sabino Kornrich
« Ville sanctuaire » désigne une ville qui met en place certaines pratiques pour protéger les immigrants illégaux/sans-papiers. Elles sont une trentaine aux Etats-Unis à avoir ce « label ». Ces pratiques peuvent être définies par la loi (de jure) ou simplement dans les fait (de facto). Concrètement, une ville n’accordera aucun budget pour lutter contre l’immigration illégale ou ne permettra pas aux autorités locales de contrôler le statut d’immigrant d’un civil. Depuis 1996 et surtout depuis 2006, des séries de lois portées en majorité par le parti Républicain, lutte contre ces « libertés » accordées aux immigrants illégaux et tente de donner davantage de pouvoir au gouvernement fédéral (dont dépend la gestion de l’immigration) localement au sein des Etats. A l’heure actuelle, ce sont surtout les Etats du Sud du pays qui sont touchés : Alabama, Texas, Arizona, Mississippi et Géorgie… Mais la tendance, surtout depuis la crise financière de 2008, s’oriente vers davantage de contrôle ainsi qu’un renforcement des lois. A New York, il est possible mais peu probable que des agents de l’immigration débarquent dans un restaurant ou un bar pour faire un contrôle car vous l’aurez compris, les lois locales sont en « faveur » des immigrants. Et dans la réalité, la plupart des bars et restaurants de la ville fermeraient car la main d’œuvre utilisée par cette industrie est en majorité ici illégalement ! Dans la pratique donc, les travailleurs illégaux sont « tolérés » par les autorités locales. Dans les faits, la police peut vérifier votre identité mais n’a pas le droit (contrairement à la France) de vérifier la situation relative à votre visa. Par exemple, il est tout à fait possible en étant sans-papiers, de passer devant un juge et être condamné pour des faits mineurs, sans se faire par la suite expulser. C’est arrivé à un de nos cuisiniers mexicains… Comment est-ce possible ? Tout simplement parce que ce n’est pas le rôle de la justice locale de s’occuper de l’immigration ! Cela tient aussi au fait que le travail des différentes agences locales ou fédérales ne collaborent pas vraiment ensemble et ne travaillent pas à partir des mêmes bases de données. Lyon69rue89
Dès la Rome antique s’opère un clivage radical entre les pénétrants (les citoyens, les maîtres) et les pénétrés (souvent de jeunes esclaves). L’homme libre se devait d’être marié, d’honorer sa femme et ses maîtresses et pouvait aussi soumettre de jeunes corps masculins pour son plaisir. Pour reprendre le langage cru qu’appréciaient les Romains, un vir [un mâle romain] « encule » mais n’est pas « enculé », alors que les « culs larges » et les « suceurs de bites » étaient méprisés et insultés. Autrement dit, la virilité, c’est la pénétration active ; la dévirilisation, c’est la pénétration passive. Prenez le viol carcéral, un phénomène très répandu et largement tabou. Selon une enquête menée aux Etats-Unis par Human Rights Watch, ces viols sont majoritairement perpétrés par des prisonniers qui, hors les murs, sont hétérosexuels. Ce sont des caïds, qui n’hésitent pas à se glorifier de leurs prouesses sexuelles avec les femmes, et qui « baisent » des détenus pour les humilier et affirmer leur virilité triomphale. Les hommes victimes de ces agressions sont perçus comme féminins, car ils n’affichent pas les marqueurs de la virilité : une voix fluette, un petit gabarit, ou trop peu d’appétit pour la bagarre suffisent pour être rangés du côté des « tafioles », qu’on soit ou non homosexuel. Et, pour le violeur, il s’agit, là encore, d’imposer sa loi par l’asservissement sexuel de l’autre. (…) Ce genre de compliments [« Je t’encule » ou « Je te nique ], très prisés au volant, signifie « Je te soumets à mon phallus » et cela ne va pas te laisser un très bon souvenir. De nombreuses métaphores assimilent le pénis à une arme : pistolet, fusil, gourdin, braquemart… C’est dire que celui qui profère ce type de phrases parle de la puissance de son membre et de sa capacité à anéantir l’autre. Quant à « sale pédé », c’est une amabilité qui est aussi souvent adressée à des hétérosexuels qu’à des homosexuels. Elle vise juste à déprécier l’autre. (…) C’est parce que le féminin est dévalorisé que l’effémination est perçue comme un avilissement (…) C’est, d’après moi, l’une des leçons à tirer de l’affaire Weinstein et de ses suites : pour que les hommes changent leur regard sur les femmes et le féminin, ils doivent d’abord changer le regard qu’ils portent sur eux-mêmes, comme dominants et pénétrants. Le vrai sujet tabou, il est là. On parle énormément, et à juste titre, de la discrimination envers les femmes ; en revanche, l’oppression de l’homme par l’homme, l’homophobie, la confusion entre effémination et homosexualité sont des sujets dont on s’empare trop peu. Il y a un vrai travail de pédagogie à faire pour dissocier l’« effemination », c’est-à-dire le fait de posséder des caractères essentialisés comme féminins (la douceur, la sensibilité, la bienveillance, l’empathie…) et l’orientation sexuelle, qui est un tout autre sujet. Il existe des homos très virils et des hétéros efféminés (…) Cette discrimination archaïque entre le pénétrant-dominant et le pénétré-dominé mérite d’être définitivement abandonnée. Olivia Gazalé
I have been silenced for 20 years. I have been slut-shamed. I have been harassed. I have been maligned, and you know what? I’m just like you because what happened to me behind the scenes happens to all of us in this society. And that cannot stand, and it will not stand. No more. Name it. Shame it. Call it out. It’s time to be whole, it’s time to rise, it’s time to be brave. Rose McGowan
Well, I know what you mean. Sometimes I think that coming into the studio with you, John, is a bit like going into Harvey Weinstein’s bedroom. John goes way past groping – way past groping. You just pray that you emerge with your dignity intact, but the broader point is that, yes, you can make a fool of yourself. Michael Gove
 Le Coran comporte un grand nombre de versets concernant les juifs, dont certains leur sont très hostiles. Enfants, nous les apprenions par cœur à l’école. Les juifs étaient, pour nous, perfides, falsificateurs, immoraux, diaboliques, etc., et, chose primordiale, ces versets étaient les paroles de Dieu. Chaque enfant arabe grandit avec ces images. Dans une monarchie arabe du Golfe par exemple, on lit aujourd’hui dans les manuels scolaires que les juifs descendent des singes parce qu’un verset du Coran (II-65) menace les transgresseurs du Sabbat d’être transformés en singes. (…) les juifs du Coran étaient, en réalité, les juifs de Médine, qui avaient été d’abord perçus par Mahomet comme des alliés potentiels avant de devenir ses ennemis mortels puisqu’ils ne le reconnurent pas comme prophète. L’âge d’or de la condition juive dans le monde arabe est un mythe. Les juifs y vivaient dans une situation meilleure que celle des juifs d’Europe avec des périodes de relative tolérance mais, globalement, du Maroc à l’Irak, ils étaient méprisés, brimés et humiliés quand ils n’étaient pas massacrés de sorte qu’ils n’avaient pas d’autre choix que celui de quitter les terres de leurs ancêtres pour aller s’établir en Europe ou en Israël. C’est dans le monde arabe que les protocoles des sages de Sion ont connu et continuent de connaître leur plus grand succès de vente. L’antisémitisme des Arabes, aujourd’hui, est le même que le vieil antisémitisme européen. Il fonctionne sur le même registre, comme une paranoïa dépourvue d’argumentation. Les juifs ont beaucoup d’argent et sont solidaires entre eux. C’est ce que disait Merah, l’assassin des enfants juifs de l’école Ozar-Hatorah de Toulouse, mais aussi toute une littérature européenne d’avant 1945 (que Merah n’a certainement pas lue). Que de fois ai-je entendu des gens dire en Tunisie que les récoltes sont mauvaises parce que le Mossad empoisonne les sols ou que ce dernier est à l’origine de l’attentat du 11-Septembre, afin d’aider les Américains à mettre la main sur le pétrole irakien. Le mal est là, tapi au fond de nous. Ses racines sont profondes. Des centaines de milliers d’Arabes meurent assassinés par d’autres Arabes en Syrie, en Irak, en Libye, au Soudan, mais cela nous importe apparemment moins que les crimes commis par l’armée israélienne qui sont, eux, toujours dénoncés par une partie, fut-elle minoritaire, de la presse et de la société civile de ce pays. Said Ben Said
À la une du Parisien, le 25 octobre, seize portraits d’hommes « soutenus » par ce titre en gras : « Les hommes s’engagent. » Ces messieurs font connaître urbi et orbi qu’ils sont opposés… au harcèlement sexuel (et, sans doute, à la faim dans le monde, au dépassement d’honoraires des notaires sans cravate, aux intempéries, aux hémorroïdes) : « Après l’onde de choc créée par l’affaire Weinstein, seize personnalités masculines sollicitées par notre journal expriment leur solidarité avec les femmes. » On reconnaît l’intellectuel azuréen Christian Estrosi, et Michel Cymes, conseiller omnimédiatique à caducée. Ce dernier profite de l’occasion pour parler… de lui ! « Moi aussi, lorsque j’avais 15 ans, j’ai subi des attouchements par un homme dans le métro. C’est très perturbant. Sur le moment je n’ai rien osé dire. » Contrairement à ce que ces déclarations pourraient faire croire, le sujet de l’article n’est nullement Michel Cymes et sa psychose suburbaine, mais bel et bien la condition faite aux femmes par de grossiers personnages, qui profitent de leur pouvoir pour exiger d’elles des faveurs sexuelles. Mais, ô surprise ! Perdu au milieu des seize messagers féministes, qui voit-on ? François Hollande ! Alors, un souvenir nous revient… M. Hollande sur une estrade, à Tulle, au soir de sa victoire, le 6 mai 2012 : à ses côtés Valérie Trie – rweiler, heureuse, compagne épanouie du vainqueur et présentée comme telle à la foule. Bref, une femme amoureuse, compagne d’un homme comblé, entrait officiellement à l’Élysée. Las ! La ronde 1 des corps et des visages ne saurait suivre une voie rectiligne. M. Hollande, non pas saisi par la débauche, mais fidèle à sa devise « le changement, c’est maintenant ! » s’éprend d’une jolie comédienne. Le 10 janvier 2014, le magazine Closer le montre casqué, furtif, quittant le domicile de l’élue au petit matin. Mme Trierweiler découvre son infortune en même temps que les Français : rage, désespoir, dépression ! Le 25, s’adressant au téléphone à l’AFP, il déclare ceci : « Je fais savoir que j’ai mis fin à la vie commune que je partageais avec Valérie Trierweiler. » Par cette formule de dix-huit mots M. Hollande, ineffable « partageur » de vie commune (!) paraissait plutôt congédier une courtisane que rompre avec une compagne, et moins encore répudier une reine. Nombre d’observateurs virent d’ailleurs dans ce communiqué lapidaire et glaçant tout le caractère de la goujaterie. Patrick Mandon
Les temps d’émotion obligatoire peuvent susciter, chez les esprits contrariants, de coupables tendances goguenardes, qu’il vaudrait mieux savoir réprimer. Quand tous les marteaux du moment se mettent à taper en chœur sur le même clou, tenter de glisser un doigt de contradiction, ou plus grave encore, d’ironie, est plutôt périlleux. Ainsi, apprend-on, entre mille nouvelles de la même veine, que le ministre britannique de l’Environnement s’est fait poisser pour une « blague douteuse » – que je trouve pour ma part très drôle – et de surcroît très facile à adapter chez nous. Entrant dans le studio de BBC Radio 4, Michael Gove a déclaré : « C’est comme entrer dans la chambre à coucher de Harvey Weinstein – on espère en sortir avec sa dignité intacte. » La plaisanterie a, paraît-il, beaucoup amusé l’auditoire présent, mais précise l’article, « elle a été largement condamnée sur les réseaux sociaux », ce qui laisse penser que la merveilleuse génération ne rigole pas beaucoup. (…)  Quand Carol Galand, l’une des activistes du mouvement antiporc, se réjouit parce que « les #metoo qui se sont répandus comme un feu de forêt ont mis sur le grill des milliers de porcs, vaste méchoui d’une omerta honteuse », le mâle blanc ne s’insurge pas contre cette animalisation, il implore son pardon. On saluera BHL qui pour le coup, s’est énervé – « Je n’aime pas qu’on traite un homme de porc ! » –, Alain Finkielkraut, qui ne cède rien à la pression ambiante (…), sans oublier Jaccard, Mandon, Rosenzweig et tous ceux qui prennent le risque de se voir dénoncés comme complices de l’infâme. Mais pour l’essentiel, la gent masculine se tient à carreau. L’homme occidentalisé n’est pas un porc, mais un repentant. Face à la forêt planétaire de doigts accusateurs, il finit par croire à sa propre culpabilité. « Je me suis mal exprimé », confesse Bruno Lemaire, coupable, non pas de gestes indécents (on a vraiment du mal à l’imaginer), mais de refus de dénoncer. « J’ai honte pour les hommes », roucoule le chef Yves Camdeborde dans un numéro du Parisien qui figurera un jour dans les annales de la domination féminine, où seize people mâles (dont François Hollande, voir encadré) s’engagent pour la sauvegarde de nos amies les femmes. Ces seize- là, suppose-t-on, n’ont jamais contraint aucune femme, mais ils ne le feront plus. Plus de blagues lourdes, plus de regards insistants, plus d’avances « non désirées ». Plus rien qui puisse mettre une femme mal à l’aise, comme l’expliquera bientôt aux contrevenants le « zéro-six anti – relous » (comprenez le numéro de mobile qu’on utilisera comme un leurre antidragueur et au bout duquel le relou se fera sermonner – espérons qu’ils ne choisiront pas une voix trop sexy). À mon humble avis, beaucoup d’histoires d’amour commencent par quelque chose qui peut mettre mal à l’aise, mais passons. (…) Il faut cependant répondre, non pas à cet argument lourdingue, mais à tous ceux qui s’indignent sincèrement que l’on plaisante alors que nous voyons défiler sur nos écrans des femmes, brisées ou combatives, qui relatent pour certaines un véritable calvaire où la contrainte sexuelle se double de sévices, pour d’autres une situation pesante, pour d’autres encore un incident pénible. Certains de ces témoignages sont difficilement supportables et appellent la compassion, l’effroi, voire la furieuse envie de planter quelques coups de genou dans quelques génitoires dûment sélectionnées. Mais l’esprit de sérieux qui s’est abattu sur le féminisme ne rend pas cette souffrance plus tolérable, au contraire. Du reste, ce n’est pas seulement l’humour qui est placé sous surveillance, mais tout propos sur le sujet, surtout s’il est tenu par un homme. Le fossé abyssal entre ce qui se raconte en privé (où on blague à tout-va y compris sur les moments difficiles) et ce qu’on ose dire publiquement révèle une forme de terreur. Bien sûr, nul n’a été arrêté pour avoir contesté le déballage en cours, mais tout homme public, qu’il officie dans le show-biz, la politique ou les médias, sait qu’il pourrait perdre son job, des contrats et l’estime de ses contemporains pour un mot de trop. (…) En attendant, un pays où des adultes craignent de soutenir publiquement une opinion minoritaire n’est pas libre. Que la censure ne soit pas imposée par le pouvoir mais par les réseaux sociaux et qu’on ne risque pas sa vie mais sa vie sociale ne rend pas ce climat étouffant plus supportable. « La peur change de camp » , s’enchantent des féministes, bruyamment applaudies par des hommes qui consentent ainsi à leur destitution. Quel aveu que cette peur des hommes célébrée comme une victoire ! Ce n’est donc pas de la souffrance qu’on s’amuse, mais du flot de sottises que l’on entend à son sujet. Les indignés d’aujourd’hui ne cessent de s’émerveiller de la libération de la parole, oubliant à quel point ils la trouvaient malodorante, cette parole libérée, quand elle pointait la sécession en cours dans l’islam européen, et combien il était alors urgent de l’interdire. Tenir en suspicion les témoignages de ceux qui vivent au quoti dien le choc des civilisations (des ploucs) n’était pas un crime, mais un devoir moral. Les mêmes, aujourd’hui, ne se soucient guère de la liberté de parole de tous ceux qui trouvent la délation aussi abjecte que les agissements qu’elle vise, et encore moins de celle des porcs présumés. Il y a deux raisons fondamentales (et pas mal d’accessoires) d’être terrifié par la mécanique irrépressible qui s’est mise en place à partir d’un scandale hollywoodien certes déplorable, mais assez classique : tout d’abord, on ne saurait obtenir justice en suspendant les formes et les garanties essentielles de la justice ; ensuite, ce déferlement de vérités individuelles brosse un tableau global mensonger de la vie des femmes et des hommes en France. (…) Cette nouvelle forme du pilori envoie aussi aux oubliettes la présomption d’innocence à laquelle même le dernier des salauds a droit. (…) Il faut donc se défier du réflexe qui nous fait penser « bien fait pour sa gueule ! » quand les turpitudes de tel ou tel sont étalées – et plus encore quand l’étalage confirme la piètre opinion que l’on avait du personnage. Après avoir entendu l’effroyable récit de Henda Ayari sur Tariq Ramadan, on s’en veut de mégoter sa solidarité à une femme qui a eu le courage de parler. Car, bien sûr, on la croit, et c’est tout le problème : pour moi, comme pour les millions de Français qui l’ont entendue, Ramadan est déjà coupable. Et il a été condamné sans jugement. Il est vrai que, contrairement à tous ceux à qui on reprochera des faits prescrits, lui aura droit, malgré tout, à un procès. Mais quelle qu’en soit l’issue, il restera aux yeux de tous comme un gros dégueulasse. Au lieu de faire croire aux femmes agressées qu’elles obtiendront toutes réparation et d’agiter le fantasme de l’imprescriptibilité des crimes sexuels (également contraire à tout notre droit), on devrait avoir le courage de dire aux femmes que la justice des hommes ne peut pas réparer toutes les injustices de l’existence et que, sauf s’ils ont laissé des traces physiques, des méfaits commis entre quatre yeux ont toutes les chances de rester impunis, comme le sont du reste des milliers de crimes et délits qui passent à travers les mailles de notre système libéral. En leur racontant le contraire, en les invitant à « se lâcher », on ne les aide pas, on les traite comme des enfants qui demandent à être consolés, serait-ce par des mensonges. Moi aussi ! Moi aussi ! Mon chef ! Mon collègue ! Mon plombier ! Mon prof de macramé ! Mon dentiste ! À en juger par le succès viral de ce hashtag en forme de cri du cœur, on vivait au milieu des porcs et on ne le savait pas. Du cinéma à l’hôpital, de la fonction publique au journalisme, du monde du sport à l’armée, tous les milieux, toutes les corporations ont été invitées à faire leur examen de conscience. (…) Alors que le Code pénal sanctionne (et heureusement) tout l’éventail des mauvais traitements infligés aux femmes et que ces comportements suscitent un haut-le-cœur général, ce pathos délirant m’a donné un fou rire. (…) L’échec patent de ce happening victimaire laisse supposer que, comme pour l’écriture inclusive, c’est une avant-garde groupusculaire et radicale qui veut faire passer les déviances pour la norme et la transgression pour la règle. Notons que cette même avant-garde préfère regarder ailleurs quand l’infériorité des femmes est effectivement la norme, c’est-à-dire dans les quartiers islamisés. Caroline De Haas, qui n’a pas de la « merde raciste dans les yeux » , voit des porcs partout, sauf à Cologne ou à La Chapelle-Pajol où il n’y a, pour elle, que des victimes de l’islamophobie. Seulement, pour accomplir ce tour de passe-passe et faire admettre comme une vérité que toute femme ou presque avait déjà été harcelée, il a fallu, comme l’analyse Finkielkraut, étendre considérablement le domaine du harcèlement. (…) Si on désigne comme prédateurs tous les hommes qui ont un jour manqué de respect verbalement à une femme, on n’a pas fini de rire. Alors que se préparent les festivités du cinquantième anniversaire de Mai 68, la rage punitive et policière des héritières de la joyeuse libération sexuelle a de quoi terrifier. Toutes les femmes n’ont pas subi de violences ou d’outrages. En revanche, toutes ont eu à faire avec le désir des hommes et toutes savent que, s’il est souvent un délicieux hommage, il peut aussi être importun, pesant, embarrassant. Tant qu’il ne s’impose pas par la force physique, le chantage ou la pression morale – pratiques sanctionnées par la loi –, il relève des relations entre adultes et non de la surveillance citoyenne. (…) Quand la demande égalitaire s’offusque de toute différence, en particulier de l’entêtante différence des sexes, la sexualité demeure le refuge de la dissymétrie acceptée, de la domination fluctuante et, surtout, du secret qui protège la chambre à coucher (ou la table de la cuisine) de l’aveuglante et déprimante lumière de la transparence. Reste à savoir pour combien de temps. Elisabeth Lévy
I became an a–hole — the kind of performative masculine man my father had modeled for me to be. I lived by the motto, ‘If you don’t flirt, you die.’ And flirt I did. I flirted with all women, be they actresses, producers, or 80-year-old grandmothers. I even flirted with those who were out of bounds, like the wives of some of my best friends, which especially revolts me. I disrespected myself, and I disrespected them, and ignored my own ethics, which I regret more deeply than I can express. During those years I was swept up in a world of celebrity and drugs — which are not excuses, just truths. Since then I have had to redefine what it means to be a man, and an ethical man. I think every man on Earth has or will have to grapple with this question. But I am not an assaulter. I emphatically deny ever “exposing” myself to Jessica Teich, whom I have considered a friend for 30 years. I did flirt with her, and I remember trying to kiss Jessica as part of what I thought was a consensual seduction ritual that went on and on for many years. I am horrified and bewildered to discover that it wasn’t consensual. I didn’t get it. It makes me reassess every relationship I have ever thought was playful and mutual. There is a sea-change happening right now, which we can look upon as a problem or an opportunity. We all of us are awakening to the reality that how men have behaved toward women for eons is not OK. The rules are changing invisibly underneath our feet. I am playing catch up. Maybe we all are. I hope people can join me in honestly looking at our behavior and trying to make it right. We have to relearn every rule we thought we knew about how men and women interact, because after all getting together is the most fundamental human compulsion. And if we don’t succeed in that, what do we have? I hope this is the beginning of a larger conversation we can have as a culture. Richard Dreyfuss
Wow, I don’t quite know what to make of that. I respect that he’s trying to grapple with it, and I regret that he’s not being totally honest. Sadly, what I regret even more is I’ll never forget the sight of his penis because I was so surprised to see it there. The fact that he can’t quite acknowledge all of it is understandable. But he certainly acknowledges that something happened, and he certainly acknowledges that it might have been inappropriate now that he looks back on. Jessica Teich
It’s blowing in the wind, stupid !

Au-delà, entre tribunaux du viol universitaires ou  villes-sanctuaires et listes progressives, des habituelles et inévitables dérives et hypocrisies (les fameuses « vertus chrétiennes devenues folles » de Chesterton) …

Comme des risques de lynchage et de chasse aux sorcières que nos esprits contrariants ont raison de dénoncer …
« Quand tous les marteaux du moment se mettent à taper en chœur sur le même clou » …
Alors que du côté même de ses pratiquants la vérité sort enfin sur l’islam
Pendant qu’en Occident certains voudraient étendre à la division du travail sexuel la remise en question de la division sexuelle du travail
Comment ne pas trouver complètement fou ce que l’on est en train de vivre …
Qui aurait imaginé en effet jusqu’il y a deux ou trois semaines un tel degré d’introspection publique de la part d’un acteur d’Hollywood …
Comme cette confession que l’actualité vient d’arracher à un poids lourd d’Hollywood tel que Richard Dreyfus
Reconnaissant que « les règles sont en train de changer de manière invisible sous nos pieds et qu’on essaie juste de suivre » ?
Comment ne pas voir …
Même si on n’est pas judéo-chrétien ou girardien …
Qu’il devient ou va devenir de plus en plus difficile de ne pas être affecté …
Par le souffle désormais planétaire et instantané via les communications actuelles …
De l’autre big bang pourtant vieux de 2 000 ans …
De l’irruption du judéo-christianisme sur la scène humaine ?

L.A. Writer Says Richard Dreyfuss Sexually Harassed and Exposed Himself to Her in the 1980s

Jada Yuan

Vulture

Six days ago, the actor and writer Harry Dreyfuss gave a detailed account to BuzzFeed News, alleging that Kevin Spacey groped his crotch when he was 18, while his father, Richard Dreyfuss, was in the room. Richard confirmed to BuzzFeed that he didn’t see the groping and didn’t know about it until his son told him years later, but was present the night Harry says it occurred. “[Spacey] knew he could fondle me in a room with my father and that I wouldn’t say a word,” wrote Harry. “He knew I wouldn’t have had the guts. And I didn’t.” A few hours after the story was published, Richard tweeted a statement in support of his son:

It was a response that many applauded. But as Los Angeles–based writer Jessica Teich read the elder Dreyfuss’s tweet, she grew “bothered,” she says. “When I read about his support for his son, which I would never question, I remember thinking, But wait a minute, this guy harassed me for months,” Teich told me in an interview. “He was in a position of so much power over me, and I didn’t feel I could tell anyone about it. It just seemed so hypocritical.” She began drafting a Facebook post that she shared with her friends, one of whom is a New York staff member, who gave Teich my number. The harassment, Teich says, was constant over a two- to three-year period in the mid-1980s when she worked as a researcher and junior writer on a TV passion-project of Dreyfuss’s — and included an incident where she says that he exposed himself to her.

The project was an ABC comedy special called Funny, You Don’t Look 200: A Constitutional Vaudeville, which Dreyfuss dreamed up, hosted, co-wrote, and produced to mark the bicentennial of the American Constitution. When Teich and Dreyfuss began working together in 1984 — first at the Mark Taper Forum theater in Los Angeles, where they met, and then on 200 — Teich was in her mid-20s and in an entry-level job, fresh out of grad school. Dreyfuss was 12 years older, married with a child, and starring in a play at the Taper, where Teich was a dramaturg. At the time, he held the record for becoming the youngest Best Actor Academy Award winner ever. “He wasn’t that much older than I was, but in every possible way his position in life couldn’t have been less comparable to mine,” says Teich. “That’s how vast the power differential was. He was famous, he was rich, he had an Oscar.” And, as she pointed out to me emphatically, “He was my boss. There was no question about it.”

While they were both at the Taper, Dreyfuss had asked Teich to work on developing 200 with him, first on an informal basis over lunches, and then with the formal backing of the Disney Channel, where they had a tiny production office. Over the next several years, they spent countless hours together developing the script. One day, deep into the development process, with the TV special set to air in October 1987, Teich says Dreyfuss asked her to meet him in his trailer on the Los Angeles studio lot of a movie he was starring in at the time. As with all her script meetings with Dreyfuss, this one was set up by his female secretary. (The secretary could not be reached for comment.)

“I remember walking up the steps into the trailer and turning towards my left,” says Teich, “and he was at the back of the trailer, and just — his penis was out, and he sort of tried to draw me close to it.” Dreyfuss never asked for her to fellate him or jerk him off, Teich says, but she remembers the situation being unambiguous. “He was hard. I remember my face being brought close to his penis,” she continues. “I can’t remember how my face got close to his penis, but I do remember that the idea was that I was going to give him a blow job. I didn’t, and I left.”

How she extricated herself, she can’t recall. “It was like an out-of-body experience. I just tried to swiftly get out of the room. I pretended it hadn’t really happened,” she says. “I kept moving because it was part of my job, and I knew he was, at the time, a very important guy, and certainly important to me. I trusted him. That’s what’s always so weird. I liked him. That’s part of why it’s so painful, because of the level of innocence one brings to these things. I felt responsible, that I must have indicated in some way that I was available for this.”

Teich says that, at the time, she told no one about the exposure incident, or what she claims were years of continual, overt, lewd comments and invitations from Dreyfuss. “He created a very hostile work environment, where I felt sexualized, objectified, and unsafe,” says Teich. The exposure in the trailer, she says, was the most shocking Dreyfuss’s behavior got, but perhaps more pernicious, she contends, was that she couldn’t do her job without him coming on to her. She’s referring to moments when Dreyfuss tried to kiss her in professional settings, slip her “I love you” notes during meetings, and his unsubtle verbal sneak attacks. “He has that way of sidling up to you and saying things like, ‘I want to fuck you,’” Teich says. “That was said all the time. He would constantly steer conversations to this yucky, insinuating thing, and I would sort of try to pull us back to a place where we could actually get some work done.” Throughout the research process, Teich says, Dreyfuss set up multiple trips where it was just the two of them, to Yale, Stanford, and Washington, D.C. One morning, when they were going to meet with Ronald Reagan, Teich recalls, Dreyfuss “told me he’d spent the night with his ear next to the wall, listening to my movements in my hotel room.”

Despite how unequivocal Teich is about her experience, she believes “Richard would be very surprised if 30-odd years later he heard that I felt completely coerced and disenfranchised. I think he’d be like, ‘Oh no, I thought you really liked me.’ I don’t think he had any idea.”

Dreyfuss, who’s now 70, responded swiftly to my request for comment, through representation, and asked for a limited deadline extension so he could write something thoughtful. Here are the first, most pertinent, paragraphs of his statement:

I value and respect women, and I value and respect honesty. So I want to try to tell you the complicated truth. At the height of my fame in the late 1970s I became an asshole–the kind of performative masculine man my father had modeled for me to be. I lived by the motto, “If you don’t flirt, you die.” And flirt I did. I flirted with all women, be they actresses, producers, or 80-year-old grandmothers. I even flirted with those who were out of bounds, like the wives of some of my best friends, which especially revolts me. I disrespected myself, and I disrespected them, and ignored my own ethics, which I regret more deeply than I can express. During those years I was swept up in a world of celebrity and drugs – which are not excuses, just truths. Since then I have had to redefine what it means to be a man, and an ethical man. I think every man on Earth has or will have to grapple with this question. But I am not an assaulter.

I emphatically deny ever “exposing” myself to Jessica Teich, whom I have considered a friend for 30 years. I did flirt with her, and I remember trying to kiss Jessica as part of what I thought was a consensual seduction ritual that went on and on for many years. I am horrified and bewildered to discover that it wasn’t consensual. I didn’t get it. It makes me reassess every relationship I have ever thought was playful and mutual.

“Wow, I don’t quite know what to make of that,” Teich said, when I read the statement to her aloud. She paused for a long time before speaking again. “I respect that he’s trying to grapple with it, and I regret that he’s not being totally honest. Sadly, what I regret even more is I’ll never forget the sight of his penis because I was so surprised to see it there. The fact that he can’t quite acknowledge all of it is understandable. But he certainly acknowledges that something happened, and he certainly acknowledges that it might have been inappropriate now that he looks back on it.”

In the last 30 years, Teich, who is 58, says she confided in three people about Dreyfuss: a family member and a close confidante, who both asked to remain anonymous, and her therapist. The family member confirmed that Teich had discussed Dreyfuss’s alleged misconduct decades ago, including the exposure incident. The confidante provided a statement recalling that Teich long ago talked about her discomfort with Dreyfuss hitting on her. Her therapist declined to comment due to doctor-patient confidentiality.

Teich’s memoir, The Future Tense of Joy, released in 2016, details a year of sexual molestation and horrific beatings she endured when she was 16, at the hands of a man who was 12 years her senior, and whom she’d also met in a professional setting at an Orlando ballet company they were both in. “When I wouldn’t do some of the things that he wanted me to do, sexually, he would beat the shit out of me,” she tells me. She believes this prior experience with abuse, plus the power imbalance between her and Dreyfuss and the culture surrounding allegations of sexual assault 30 years ago, contributed to why she kept silent. “I knew it was incredibly unpleasant,” she says. “I knew I felt awful about it and during it, but it wasn’t of such greater horribleness than a lot of other things that happened. And because I had been abused as a 16-year-old, and that was my introduction to any kind of intimacy, I thought, Oh, is this okay? I just didn’t have any perspective on it because no one was talking about it.” She’d worried about going public because Dreyfuss has grown children, and his son’s story of abuse is what prompted her post. “But then I thought, ‘I have children, too’” — daughters, 16 and 21 — “and I don’t want them to live in a world where people can’t tell the truth about these things.”

In his statement, Dreyfuss concluded with a broader acknowledgment of the conversations currently happening around sexual harassment and assault:

There is a sea-change happening right now, which we can look upon as a problem or an opportunity. We all of us are awakening to the reality that how men have behaved toward women for eons is not OK. The rules are changing invisibly underneath our feet. I am playing catch up. Maybe we all are.

I hope people can join me in honestly looking at our behavior and trying to make it right. We have to relearn every rule we thought we knew about how men and women interact, because after all getting together is the most fundamental human compulsion. And if we don’t succeed in that, what do we have? I hope this is the beginning of a larger conversation we can have as a culture.

After I read Teich the statement, I asked if she felt like this was a dialogue she would ever have with Dreyfuss. “Yeah, I think if I did it in a context where there were other people involved,” she says. “Because I’m not confronting him, I’m not suing him for damages of any kind. And his statement to you is more than I thought anyone would get from him.” Still, she did take issue with certain words he’d used that she found to be “loaded.” “‘Flirt’ is absolutely not the right word,” Teich says. “It suggests something mutual, and that was not the case.” She also thought he was stretching when he called her someone “whom I have considered a friend for 30 years.” The word “friend” was problematic in this context. “The suggestion is that if I were a true colleague I never would’ve been public about this, that it should’ve all been kept among friends,” she says. “I’m not that guy’s friend. I haven’t seen that guy or spoken to him in 25 years. But as a person, I respond to the sense of hurt that underlies his words, and something in me feels compassion for him, even though he made my life hell. And that’s part of the complexity of the whole thing, I think.

Voir aussi:

Harcèlement féministe: Habeas Porcus
Les magistrates de #balancetonporc ont condamné la gent masculine
Elisabeth Lévy
Causeur
10 novembre 2017

Avant même que la justice s’en mêle, les magistrates de #balancetonporc ont déjà condamné l’ensemble de la gent masculine. Quand il s’agit de stigmatiser tous les hommes, les féministes n’ont pas peur de l’amalgame.

Les temps d’émotion obligatoire peuvent susciter, chez les esprits contrariants, de coupables tendances goguenardes, qu’il vaudrait mieux savoir réprimer. Quand tous les marteaux du moment se mettent à taper en chœur sur le même clou, tenter de glisser un doigt de contradiction, ou plus grave encore, d’ironie, est plutôt périlleux. Ainsi, apprend-on, entre mille nouvelles de la même veine, que le ministre britannique de l’Environnement s’est fait poisser pour une « blague douteuse » – que je trouve pour ma part très drôle – et de surcroît très facile à adapter chez nous. Entrant dans le studio de BBC Radio 4, Michael Gove a déclaré : « C’est comme entrer dans la chambre à coucher de Harvey Weinstein – on espère en sortir avec sa dignité intacte. » La plaisanterie a, paraît-il, beaucoup amusé l’auditoire présent, mais précise l’article, « elle a été largement condamnée sur les réseaux sociaux », ce qui laisse penser que la merveilleuse génération ne rigole pas beaucoup. Ou alors des blagues d’Alex Wizorek.

Et comme la justice se rend désormais sur Twitter, le ministre a dû s’excuser.
Le problème, c’est la blague

Cet épisode a valeur d’apologue. Pour le parti de « la parole libérée », le problème, c’est la blague. Pour les défenseurs de l’humour libre, ce sont les excuses. Quand Carol Galand, l’une des activistes du mouvement antiporc, se réjouit parce que « les #metoo qui se sont répandus comme un feu de forêt ont mis sur le grill des milliers de porcs, vaste méchoui d’une omerta honteuse », le mâle blanc ne s’insurge pas contre cette animalisation, il implore son pardon. On saluera BHL qui pour le coup, s’est énervé – « Je n’aime pas qu’on traite un homme de porc ! » –, Alain Finkielkraut, qui ne cède rien à la pression ambiante (pages 50-51), sans oublier Jaccard, Mandon, Rosenzweig et tous ceux qui prennent le risque de se voir dénoncés comme complices de l’infâme. Mais pour l’essentiel, la gent masculine se tient à carreau. L’homme occidentalisé n’est pas un porc, mais un repentant. Face à la forêt planétaire de doigts accusateurs, il finit par croire à sa propre culpabilité. « Je me suis mal exprimé », confesse Bruno Lemaire, coupable, non pas de gestes indécents (on a vraiment du mal à l’imaginer), mais de refus de dénoncer.

« J’ai honte pour les hommes », roucoule le chef Yves Camdeborde dans un numéro du Parisien qui figurera un jour dans les annales de la domination féminine, où seize people mâles (dont François Hollande, voir encadré) s’engagent pour la sauvegarde de nos amies les femmes. Ces seize- là, suppose-t-on, n’ont jamais contraint aucune femme, mais ils ne le feront plus. Plus de blagues lourdes, plus de regards insistants, plus d’avances « non désirées ». Plus rien qui puisse mettre une femme mal à l’aise, comme l’expliquera bientôt aux contrevenants le « zéro-six anti – relous » (comprenez le numéro de mobile qu’on utilisera comme un leurre antidragueur et au bout duquel le relou se fera sermonner – espérons qu’ils ne choisiront pas une voix trop sexy). À mon humble avis, beaucoup d’histoires d’amour commencent par quelque chose qui peut mettre mal à l’aise, mais passons.

L’inévitable Caroline De Haas ayant semble-t-il échoué à faire reculer le président sur sa réforme du droit du travail, elle a dégainé là où on l’atten – dait, c’est-à-dire en balançant Eugénie Bastié comme « l’alliée indéfectible des agresseurs » . Si tu n’es pas avec moi, tu es avec les cogneurs. Dialectique, quand tu nous tiens. Il faut cependant répondre, non pas à cet argument lourdingue, mais à tous ceux qui s’indignent sincère – ment que l’on plaisante alors que nous voyons défiler sur nos écrans des femmes, brisées ou combatives, qui relatent pour certaines un véritable calvaire où la contrainte sexuelle se double de sévices, pour d’autres une situation pesante, pour d’autres encore un incident pénible. Certains de ces témoignages sont difficilement supportables et appellent la compassion, l’effroi, voire la furieuse envie de planter quelques coups de genou dans quelques génitoires dûment sélectionnées. Mais l’esprit de sérieux qui s’est abattu sur le féminisme ne rend pas cette souffrance plus tolérable, au contraire. Du reste, ce n’est pas seulement l’humour qui est placé sous surveillance, mais tout propos sur le sujet, surtout s’il est tenu par un homme. Le fossé abyssal entre ce qui se raconte en privé (où on blague à tout-va y compris sur les moments difficiles) et ce qu’on ose dire publique – ment révèle une forme de terreur.

Bien sûr, nul n’a été arrêté pour avoir contesté le débal – lage en cours, mais tout homme public, qu’il officie dans le show-biz, la politique ou les médias, sait qu’il pourrait perdre son job, des contrats et l’estime de ses contempo – rains pour un mot de trop. Quelques-uns ont renoncé à intervenir dans ce numéro, persuadés de ne récolter que des ennuis – incluant parfois une bonne engueulade de madame. On ne saurait leur donner tort. En attendant, un pays où des adultes craignent de soutenir publique – ment une opinion minoritaire n’est pas libre. Que la censure ne soit pas imposée par le pouvoir mais par les réseaux sociaux et qu’on ne risque pas sa vie mais sa vie sociale ne rend pas ce climat étouffant plus supportable. « La peur change de camp » , s’enchantent des féministes, bruyamment applaudies par des hommes qui consentent ainsi à leur destitution. Quel aveu que cette peur des hommes célébrée comme une victoire ! Ce n’est donc pas de la souffrance qu’on s’amuse, mais du flot de sottises que l’on entend à son sujet. Les indignés d’aujourd’hui ne cessent de s’émerveiller de la libération de la parole, oubliant à quel point ils la trouvaient malodorante, cette parole libérée, quand elle pointait la sécession en cours dans l’islam européen, et combien il était alors urgent de l’interdire. Tenir en suspicion les témoignages de ceux qui vivent au quoti – dien le choc des civilisations (des ploucs) n’était pas un crime, mais un devoir moral. Les mêmes, aujourd’hui, ne se soucient guère de la liberté de parole de tous ceux qui trouvent la délation aussi abjecte que les agisse – ments qu’elle vise, et encore moins de celle des porcs présumés. Il y a deux raisons fondamentales (et pas mal d’acces – soires) d’être terrifié par la mécanique irrépressible qui s’est mise en place à partir d’un scandale hollywoodien certes déplorable, mais assez classique : tout d’abord, on ne saurait obtenir justice en suspendant les formes et les garanties essentielles de la justice ; ensuite, ce déferlement de vérités individuelles brosse un tableau global mensonger de la vie des femmes et des hommes en France.

« Toi aussi, raconte, en donnant le nom et les détails, un harcèlement dont tu as été victime. » C’est avec ce message, dont nous avons charitablement corrigé l’orthographe, que Sandra Muller, journaliste basée aux États-Unis, a lancé le 13 octobre le hashtag « balance ton porc », la grammaire suggérant que toute femme a un porc à balancer. Comme l’observe alors Le Monde , extatique, « le verrou a sauté. La vanne s’est ouverte ». En quelques jours, des centaines de microrécits sont publiés, l’écœurant côtoyant le futile et le sordide l’ano – din. L’une parle d’attouchements subis à 11 ans, l’autre d’une blague sur ses bottes. Très vite, des noms sont divulgués : dans la liste noire qui s’enrichit d’heure en heure, on trouve un ancien ministre balancé par la fille d’un autre, quelques journalistes et animateurs, un député promptement débarqué de son groupe. Qu’une femme ayant subi une agression sans pouvoir se défendre ait le sentiment de rétablir la balance en jetant le nom de son agresseur en pâture au public, on peut le comprendre. Il n’en est pas moins choquant que la quasi-totalité de la classe médiatique et poli – tique, garde des Sceaux compris, l’encourage dans cette fâcheuse illusion. Votée en 1679 par le Parlement anglais, la loi sur l’Habeas corpus (qui intègre des dispositions antérieures) prévoit que « toute personne arrêtée a le droit de savoir pourquoi elle est arrêtée et de quoi elle est accusée » . Ce principe, inscrit dans notre droit bien avant 1789, est encore l’un des fondements de toute justice démocratique, puisque c’est de lui que découle le caractère contradictoire d’un procès équi – table. C’est sans doute difficile à admettre quand on a eu affaire à un gros dégueulasse, mais c’est ainsi : la seule façon d’obtenir justice, c’est de porter plainte et de se plier aux règles formelles exigées par la procé – dure. La justice ne fait pas son boulot, répondra-t- on. Admettons qu’il reste dans nos commissariats et dans nos prétoires des dinosaures qui détournent la tête quand une femme vient demander leur protec – tion. On a du mal à croire que ce soit la règle. De plus, faut-il, au prétexte que la justice fonctionne mal, laisser les femmes se faire justice elles-mêmes ? Cette nouvelle forme du pilori envoie aussi aux oubliettes la présomption d’innocence à laquelle même le dernier des salauds a droit. Tandis que Murielle Salmona réclame à leur profit une « présomption de vérité » (!), des femmes se déclarent « humiliées » qu’on mette leur parole en doute. Mais le premier devoir de tout juge est de mettre en doute la parole de la victime présu – mée. Même quand elle est criante de vérité. Il faut donc se défier du réflexe qui nous fait penser « bien fait pour sa gueule ! » quand les turpitudes de tel ou tel sont étalées – et plus encore quand l’étalage confirme la piètre opinion que l’on avait du personnage. Après avoir entendu l’effroyable récit de Henda Ayari sur Tariq Ramadan, on s’en veut de mégoter sa soli – darité à une femme qui a eu le courage de parler. Car, bien sûr, on la croit, et c’est tout le problème : pour moi, comme pour les millions de Français qui l’ont enten – due, Ramadan est déjà coupable. Et il a été condamné sans jugement. Il est vrai que, contrairement à tous ceux à qui on reprochera des faits prescrits, lui aura droit, malgré tout, à un procès. Mais quelle qu’en soit l’issue, il restera aux yeux de tous comme un gros dégueulasse. Au lieu de faire croire aux femmes agressées qu’elles obtiendront toutes réparation et d’agiter le fantasme de l’imprescriptibilité des crimes sexuels (également contraire à tout notre droit), on devrait avoir le courage de dire aux femmes que la justice des hommes ne peut pas réparer toutes les injustices de l’existence et que, sauf s’ils ont laissé des traces physiques, des méfaits commis entre quatre yeux ont toutes les chances de rester impu – nis, comme le sont du reste des milliers de crimes et délits qui passent à travers les mailles de notre système libéral. En leur racontant le contraire, en les invitant à « se lâcher », on ne les aide pas, on les traite comme des enfants qui demandent à être consolés, serait-ce par des mensonges.

Moi aussi ! Moi aussi ! Mon chef ! Mon collègue ! Mon plombier ! Mon prof de macramé ! Mon dentiste ! À en juger par le succès viral de ce hashtag en forme de cri du cœur, on vivait au milieu des porcs et on ne le savait pas. Du cinéma à l’hôpital, de la fonction publique au journalisme, du monde du sport à l’armée, tous les milieux, toutes les corporations ont été invitées à faire leur examen de conscience. « Je ne savais pas que c’ était aussi répandu » , déclarent les hommes inter – rogés par Le Parisien . Sauf qu’on ne le sait toujours pas. À entendre les récits qui se succèdent, emplissant tout l’espace médiatique, confortés par une litanie de chiffres terrifiants, la révolution féministe n’a jamais eu lieu et la vie des femmes est un chemin de croix – maltraitance sur fond d’omerta. Il n’y a plus des femmes singulières, mais « nous les femmes » , comme l’écrit Laure Adler dans un texte sobrement intitulé « La nuit des femmes » et publié par Madame Figaro le 20 octobre. « Nous les femmes. Nous les femmes qui sommes déshonorées, déconsidérées, violentées dans notre intégrité physique et psychique, dans notre dignité d’ être humain. Nous les femmes qui n’osons pas énoncer la violence dont nous sommes l’objet, juste – ment parce que nous ne sommes plus sujets. Nous les femmes, quand sortirons-nous de notre nuit immémo – riale, douloureuse, silencieuse ? » Alors que le Code pénal sanctionne (et heureusement) tout l’éventail des mauvais traitements infligés aux femmes et que ces comportements suscitent un haut-le-cœur général, ce pathos délirant m’a donné un fou rire. Tout comme celui de Carol Galland qui a appelé les femmes harce – lées à manifester le dimanche 29 octobre. « Non, il n’est pas normal que la quasi-totalité des femmes cache au creux de son cœur une salissure qui la dégoûte et lui fait honte » , écrit cette amatrice de méchoui qui ne cache pas grand-chose au creux du sien car elle exhibe tous les sentiments qui s’y trouvent, assaisonnés de force formules prétendument drôles. Avant d’ajouter : « Les femmes sont tellement brisées qu’aujourd’ hui, elles vont jusqu’ à penser qu’un rassemblement #metoo ouvert aux hommes serait dangereux pour elles. » On appréciera la réduction de toutes les femmes à de petites choses perdant leurs moyens en présence d’un butor. Un siècle de féminisme pour en arriver là. Seulement, ce ne sont pas « les femmes », mais moins de 2 000 personnes qui ont répondu à son appel dans toute la France, le dimanche 29 octobre, ce qui n’a pas empêché les perroquets de la radio publique de se féliciter que le combat quitte internet pour descendre dans la rue. L’échec patent de ce happening victimaire laisse supposer que, comme pour l’écriture inclu – sive, c’est une avant-garde groupusculaire et radicale qui veut faire passer les déviances pour la norme et la transgression pour la règle. Notons que cette même avant-garde préfère regarder ailleurs quand l’infériorité des femmes est effectivement la norme, c’est-à-dire dans les quartiers islamisés. Caroline De Haas, qui n’a pas de la « merde raciste dans les yeux » , voit des porcs partout, sauf à Cologne ou à La Chapelle-Pajol où il n’y a, pour elle, que des victimes de l’islamophobie. Seulement, pour accomplir ce tour de passe-passe et faire admettre comme une vérité que toute femme ou presque avait déjà été harcelée, il a fallu, comme l’analyse Finkielkraut, étendre considérablement le domaine du harcèlement. « Si nous aussi on donnait les noms des prédateurs sexuels qui nous ont 1/ manqué de respect verbalement 2/ tenté des tripotages » , suggère Sandra Muller dans un deuxième tweet. Si on désigne comme prédateurs tous les hommes qui ont un jour manqué de respect verbalement à une femme, on n’a pas fini de rire. Alors que se préparent les festivités du cinquantième anniversaire de Mai 68, la rage puni – tive et policière des héritières de la joyeuse libération sexuelle a de quoi terrifier. Toutes les femmes n’ont pas subi de violences ou d’outrages. En revanche, toutes ont eu à faire avec le désir des hommes et toutes savent que, s’il est souvent un délicieux hommage, il peut aussi être importun, pesant, embarrassant. Tant qu’il ne s’impose pas par la force physique, le chantage ou la pression morale – pratiques sanctionnées par la loi –, il relève des relations entre adultes et non de la surveillance citoyenne.

Or, à entendre les « agitées du porte-plainte » , pour reprendre la tranchante expression de Muray, on devrait verbaliser tous les amoureux suffisamment transis pour ne pas se laisser décourager à la première rebuffade – dont notre littérature regorge. Et comme il l’a écrit en 1991 dans le texte inédit que nous publions (pages 42-43), derrière la lutte contre le harcèle – ment, « c’est bel et bien le sexuel qui est aujourd’ hui l’objet d’une entreprise de criminalisation, ou plutôt de re-criminalisation, acharnée » . Quand la demande égalitaire s’offusque de toute différence, en particulier de l’entêtante différence des sexes, la sexualité demeure le refuge de la dissymétrie acceptée, de la domination fluctuante et, surtout, du secret qui protège la chambre à coucher (ou la table de la cuisine) de l’aveuglante et déprimante lumière de la transparence. Reste à savoir pour combien de temps. Muray aimait à ce sujet citer « La Colère de Samson », poème de Vigny : « Bientôt, se retirant dans un hideux royaume, La Femme aura Gomorrhe et l’Homme aura Sodome, Et se jetant, de loin, un regard irrité, Les deux sexes mourront chacun de son côté. » Alors que l’on prétend nous faire croire que l’humanité se partage entre victimes et porcs, l’âge de la séparation a peut-être commencé.

Un goujat nommé Hollande Par Patrick Mandon À la une du Parisien , le 25 octobre, seize portraits d’hommes « soutenus » par ce titre en gras : « Les hommes s’engagent. » Ces messieurs font connaître urbi et orbi qu’ils sont opposés… au harcèlement sexuel (et, sans doute, à la faim dans le monde, au dépassement d’honoraires des notaires sans cravate, aux intempéries, aux hémorroïdes) : « Après l’onde de choc créée par l’affaire Weinstein, seize personnalités masculines sollicitées par notre journal expriment leur solidarité avec les femmes. » On reconnaît l’intellectuel azuréen Christian Estrosi, et Michel Cymes, conseiller omnimé – diatique à caducée. Ce dernier profite de l’occa – sion pour parler… de lui ! « Moi aussi, lorsque j’avais 15 ans, j’ai subi des attouchements par un homme dans le métro. C’est très perturbant. Sur le moment je n’ai rien osé dire. » Contrairement à ce que ces déclarations pour – raient faire croire, le sujet de l’article n’est nulle – ment Michel Cymes et sa psychose suburbaine, mais bel et bien la condition faite aux femmes par de grossiers personnages, qui profitent de leur pouvoir pour exiger d’elles des faveurs sexuelles. Mais, ô surprise ! Perdu au milieu des seize messagers féministes, qui voit-on ? François Hollande ! Alors, un souvenir nous revient… M. Hollande sur une estrade, à Tulle, au soir de sa victoire, le 6 mai 2012 : à ses côtés Valérie Trie – rweiler, heureuse, compagne épanouie du vain – queur et présentée comme telle à la foule. Bref, une femme amoureuse, compagne d’un homme comblé, entrait officiellement à l’Élysée. Las ! La ronde 1 des corps et des visages ne saurait suivre une voie rectiligne. M. Hollande, non pas saisi par la débauche, mais fidèle à sa devise « le chan – gement, c’est maintenant ! » s’éprend d’une jolie comédienne. Le 10 janvier 2014, le magazine Closer le montre casqué, furtif, quittant le domi – cile de l’élue au petit matin. Mme Trierweiler découvre son infortune en même temps que les Français : rage, désespoir, dépression ! Le 25, s’adressant au téléphone à l’AFP, il déclare ceci : « Je fais savoir que j’ai mis fin à la vie commune que je partageais avec Valérie Trierweiler. » Par cette formule de dix-huit mots M. Hollande, ineffable « partageur » de vie commune (!) paraissait plutôt congédier une courtisane que rompre avec une compagne, et moins encore répudier une reine. Nombre d’observateurs virent d’ailleurs dans ce communiqué lapidaire et glaçant tout le caractère de la goujaterie… 1. La Ronde , film de Max Ophüls. Nul n’a mieux montré le manège enchanté du désir qui fait tourner les femmes et les hommes, puis les rend à leur solitude fondamentale.

Voir également:

Saïd Ben Saïd : « L’antisémitisme des Arabes aujourd’hui est le même que le vieil antisémitisme européen »

Le producteur de cinéma s’exprime dans une tribune au « Monde » après avoir appris qu’il ne pouvait plus présider le jury des journées cinématographiques de Carthage (du 4 au 11 novembre) en Tunisie. On lui reproche d’avoir produit des films en Israël.

Saïd Ben Saïd (Producteur de cinéma franco-tunisien)

Tribune. J’ai reçu au début du mois d’août une invitation pour présider le jury des journées cinématographiques de Carthage (JCC) qui se déroulent du 4 au 11 novembre à Tunis.

J’ai accepté très chaleureusement la proposition mais, lorsque le délégué général, M. Nejib Ayed, a appris que je produisais le prochain film du cinéaste israélien Nadav Lapid et que j’avais fait partie du jury du dernier festival de Jérusalem, il m’a demandé un délai de réflexion de vingt-quatre heures et ne m’a plus donné signe de vie.

Une grande partie de la presse tunisienne et du public, en prenant connaissance de mes entreprises israéliennes, aurait certainement réagi avec beaucoup de virulence à cette invitation et le festival a probablement eu raison de m’épargner (et de s’épargner) un lynchage médiatique. Cet incident tout à fait fâcheux, et qui l’est d’autant plus qu’il m’a opposé bien involontairement à des personnes que je n’ai aucune envie de désobliger, est révélateur de l’état actuel du débat sur ce pays dont le nom est devenu en Tunisie imprononçable.

Je suis né en Tunisie. J’y ai grandi dans une famille musulmane pratiquante et je m’affirme aujourd’hui avec le même enthousiasme musulman, français et tunisien. Il y a dans mon pays d’origine, et dans le monde arabe de façon générale, une hostilité (quand ce n’est pas une haine) à l’égard d’Israël, qui est liée au sort dramatique des Palestiniens dont les Tunisiens et les Arabes se sentent solidaires.

Vocable antisémite

En vérité, les choses sont un peu plus compliquées que cela. Nul ne peut nier le malheur du peuple palestinien, mais il faut bien admettre que le monde arabe est, dans sa majorité, antisémite et cette haine des juifs a redoublé d’intensité et de profondeur non pas avec le conflit israélo-arabe, mais avec la montée en puissance d’une certaine vision de l’islam.

La lecture littérale du Coran, dépourvue de tout contexte historique, donne lieu depuis un siècle et demi environ à des propos délirants sur les juifs

Bien entendu, un tas de gens sont persuadés, mais alors mordicus, qu’étant des sémites, les Arabes ne peuvent être antisémites. Or, rien n’est plus faux. Le vocable antisémite, inventé en Europe au XIXe siècle, n’a jamais concerné les Arabes. Il désignait exclusivement les juifs. A la vérité, il existe dans le Coran un discours antirabbinique qui a été à travers l’histoire progressivement décontextualisé et déshistoricisé pour devenir d’abord un discours antijudaïque, puis un discours antisémite.

La lecture littérale du Coran, dépourvue de tout contexte historique, donne lieu depuis un siècle et demi environ à des propos délirants sur les juifs. Le Coran comporte un grand nombre de versets concernant les juifs, dont certains leur sont très hostiles. Enfants, nous les apprenions par cœur à l’école. Les juifs étaient, pour nous, perfides, falsificateurs, immoraux, diaboliques, etc., et, chose primordiale, ces versets étaient les paroles de Dieu. Chaque enfant arabe grandit avec ces images. Dans une monarchie arabe du Golfe par exemple, on lit aujourd’hui dans les manuels scolaires que les juifs descendent des singes parce qu’un verset du Coran (II-65) menace les transgresseurs du Sabbat d’être transformés en singes.

Paranoïa dépourvue d’argumentation

Lorsque je suis arrivé en France à l’âge de 18 ans, je fis la connaissance de Mohamed Arkoun et Jacques Berque et je considère aujourd’hui encore ces rencontres comme un bienfait du destin. Je relus grâce à eux le Coran en m’appuyant sur un savoir construit et historique, ébranlant ainsi toutes mes certitudes passées. J’appris alors que les juifs du Coran étaient, en réalité, les juifs de Médine, qui avaient été d’abord perçus par Mahomet comme des alliés potentiels avant de devenir ses ennemis mortels puisqu’ils ne le reconnurent pas comme prophète.

L’âge d’or de la condition juive dans le monde arabe est un mythe. Les juifs y vivaient dans une situation meilleure que celle des juifs d’Europe avec des périodes de relative tolérance mais, globalement, du Maroc à l’Irak, ils étaient méprisés, brimés et humiliés quand ils n’étaient pas massacrés de sorte qu’ils n’avaient pas d’autre choix que celui de quitter les terres de leurs ancêtres pour aller s’établir en Europe ou en Israël.

Le mal est là, tapi au fond de nous. Ses racines sont profondes

C’est dans le monde arabe que les protocoles des sages de Sion ont connu et continuent de connaître leur plus grand succès de vente. L’antisémitisme des Arabes, aujourd’hui, est le même que le vieil antisémitisme européen. Il fonctionne sur le même registre, comme une paranoïa dépourvue d’argumentation. Les juifs ont beaucoup d’argent et sont solidaires entre eux. C’est ce que disait Merah, l’assassin des enfants juifs de l’école Ozar-Hatorah de Toulouse, mais aussi toute une littérature européenne d’avant 1945 (que Merah n’a certainement pas lue).

Que de fois ai-je entendu des gens dire en Tunisie que les récoltes sont mauvaises parce que le Mossad empoisonne les sols ou que ce dernier est à l’origine de l’attentat du 11-Septembre, afin d’aider les Américains à mettre la main sur le pétrole irakien.

Le mal est là, tapi au fond de nous. Ses racines sont profondes. Des centaines de milliers d’Arabes meurent assassinés par d’autres Arabes en Syrie, en Irak, en Libye, au Soudan, mais cela nous importe apparemment moins que les crimes commis par l’armée israélienne qui sont, eux, toujours dénoncés par une partie, fut-elle minoritaire, de la presse et de la société civile de ce pays.

La vérité historique me semble être une exigence morale de premier rang. Un musulman qui en fait son deuil et qui se définit uniquement par le Coran qu’il n’a pas (ou mal) lu ou par la cause palestinienne qu’il ne connaît pas me paraît manquer à sa propre islamité.

Saïd Ben Saïd a, entre autres, produit le film Elle, de Paul Verhoeven, César du meilleur film de l’année 2016.

Voir enfin:

«La norme virile valorise le pénétrant et stigmatise le pénétré», déplore la philosophe Olivia Gazalé

INTERVIEW A l’occasion de «Movember», «20 Minutes» s’intéresse au plaisir prostatique. Une pratique taboue car elle implique que l’homme soit pénétré, ce qui, symboliquement, serait associé à une perte de virilité. Entretien avec Olivia Gazalé, auteure du « Mythe de la virilité »…

  • A l’occasion de « Movember », mouvement dédié à la sensibilisation des cancers masculins, « 20 Minutes » se penche sur le plaisir prostatique. Une pratique encore taboue et source de clichés
  • « Si on veut que les hommes changent leur regard sur les femmes et le féminin, ils doivent d’abord changer le regard qu’ils portent sur eux-mêmes », analyse dans cette interview, Olivia Gazalé, enseignante en philosophie, maître de conférences à Science-Po Paris

Vous aurez peut-être remarqué qu’une des insultes les plus courantes en français est « enculé ». Plus rarement « enculée » et jamais « enculeur ». Autrement dit, l’opprobre est jeté sur celui qui est pénétré ou soupçonné de l’être. C’est peut-être ce qui explique en partie que le sujet du plaisir prostatique soit aussi tabou, cette idée que la pénétration anale passive ferait perdre à un homme sa virilité. Olivia Gazalé (photo ci-contre), enseignante en philosophie, maître de conférences à Science-Po Paris et cofondatrice des Mardis de la philo aborde ce sujet dans l’un des chapitres de son livre Le Mythe de la virilité, paru chez Robert Laffont. Entretien.

Un des chapitres de votre livre s’intitule « Entrer : l’exigence de pénétration ». Autrement dit, est viril celui qui pénètre et non celui qui est pénétré ?

Entendons-nous bien : il ne s’agit évidemment pas ici de porter un jugement de valeur sur ces pratiques, mais seulement d’observer comment elles ont été considérées l’une et l’autre au cours de l’histoire. Dès la Rome antique s’opère un clivage radical entre les pénétrants (les citoyens, les maîtres) et les pénétrés (souvent de jeunes esclaves). Les catégories d’homosexualité et d’hétérosexualité telles que nous les entendons aujourd’hui, comme deux groupes clairement séparés, n’existaient pas. L’homme libre se devait d’être marié, d’honorer sa femme et ses maîtresses et pouvait aussi soumettre de jeunes corps masculins pour son plaisir. Pour reprendre le langage cru
qu’appréciaient les Romains, un vir [un mâle romain] « encule » mais n’est pas « enculé », alors que les « culs larges » et les « suceurs de bites » étaient méprisés et insultés. Autrement dit, la virilité, c’est la pénétration active ; la dévirilisation, c’est la pénétration passive. Pour certains hommes, cela n’a pas changé depuis l’Antiquité, hélas : ils considèrent toujours leur phallus comme un outil de domination.

Qui sont ces hommes ?

Prenez le viol carcéral, un phénomène très répandu et largement tabou. Selon une enquête menée aux Etats-Unis par Human Rights Watch, ces viols sont majoritairement perpétrés par des prisonniers qui, hors les murs, sont hétérosexuels. Ce sont des caïds, qui n’hésitent pas à se glorifier de leurs prouesses sexuelles avec les femmes, et qui « baisent » des détenus pour les humilier et affirmer leur virilité triomphale. Les hommes victimes de ces agressions sont perçus comme féminins, car ils n’affichent pas les marqueurs de la virilité : une voix fluette, un petit gabarit, ou trop peu d’appétit pour la bagarre suffisent pour être rangés du côté des « tafioles », qu’on soit ou non
homosexuel. Et, pour le violeur, il s’agit, là encore, d’imposer sa loi par l’asservissement sexuel de l’autre.

Vous citez dans votre livre les insultes comme « Je t’encule » ou « Je te nique » qui, paradoxalement, peuvent être prononcées sans que celui qui les profère soit perçu comme homosexuel…

Au contraire, même ! Ce genre de compliments, très prisés au volant, signifie « Je te soumets à mon phallus » et cela ne va pas te laisser un très bon souvenir. De nombreuses métaphores assimilent le pénis à une arme : pistolet, fusil, gourdin, braquemart… C’est dire que celui qui profère ce type de phrases parle de la puissance de son membre et de sa capacité à anéantir l’autre. Quant à « sale pédé », c’est une amabilité qui est aussi souvent adressée à des hétérosexuels qu’à des homosexuels. Elle vise juste à déprécier l’autre.

Derrière cela, il y a une dimension homophobe, mais aussi misogyne ?

Oui, car l’homophobie découle de la gynéphobie. C’est parce que le féminin est dévalorisé que l’effémination est perçue comme un avilissement. C’est en ce sens que la défense de la cause des femmes et celle des LGBTQ relèvent d’un seul et même combat : celui qu’il faut continuer à mener contre le caractère aliénant des normes sexuées, qui interdisent aux individus des deux sexes de se construire librement. Cela fait déjà plus d’un siècle que les femmes ont remis en question la notion d’« éternel féminin », mais les hommes, eux, sont encore trop souvent conditionnés par les stéréotypes sexués qui leur imposent de faire sans cesse la démonstration de leur puissance, de leur performance, de leur combativité, de leur courage… et de leur hétérosexualité.

Il faudrait donc que les hommes se remettent en question ?

C’est, d’après moi, l’une des leçons à tirer de l’affaire Weinstein et de ses suites : pour que les hommes changent leur regard sur les femmes et le féminin, ils doivent d’abord changer le regard qu’ils portent sur eux-mêmes, comme dominants et pénétrants. Le vrai sujet tabou, il est là. On parle énormément, et à juste titre, de la discrimination envers les femmes ; en revanche, l’oppression de l’homme par l’homme, l’homophobie, la confusion entre effémination et homosexualité sont des sujets dont on s’empare trop peu. Il y a un vrai travail de pédagogie à faire pour dissocier l’« effémination », c’est-à-dire le fait de posséder des caractères essentialisés comme féminins (la douceur, la sensibilité, la bienveillance, l’empathie…) et l’orientation sexuelle, qui est un tout autre sujet. Il existe des homos très virils et des hétéros efféminés. Sortons des caricatures. Cette discrimination archaïque entre le pénétrant-dominant et le pénétré-dominé mérite d’être définitivement abandonnée. De même que le fait de considérer le terme de « pédé » comme une insulte. C’est à nous qu’il revient d’éduquer la prochaine génération en ce sens.

Voir encore:

Why Campus Rape Tribunals Hand Down So Many ‘Guilty’ Verdicts

Title IX training is a travesty.

In November 2014, a female member of Brown University’s debate team had oral sex with a male colleague while they watched a movie. Eleven months later, she filed a complaint with Brown, accusing him of sexual assault.

Both parties in the case had credibility issues; he had violated a no-contact order, she had withheld from the university the bulk of their text messages. But the accused student possessed strong exculpatory evidence. He produced the full record of their communications, which included texts from the accuser to him discussing the encounter in a highly positive fashion and referencing a “plan” to have sex again. Further, a friend of the accuser, who saw her shortly after the incident, recalled her raving about her “really hot” experience.

Nonetheless, Brown’s disciplinary panel returned a guilty finding by 2-to-1. The decisive vote came from Besenia Rodriguez, the university’s associate dean for curriculum.

In subsequent court testimony after the accused sued Brown, Rodriguez admitted that she had not considered the accuser’s text messages or other post-incident behavior as having any bearing on the case. The reason, she said, was the hours of training that Brown had provided to prepare her to adjudicate the complaint—training required by the federal government. Rodriguez was specifically told that the impact of trauma on sexual-assault victims often causes them to behave in counterintuitive ways, such as not being able to recount a consistent set of facts or choosing to communicate with (rather than to avoid) the alleged assailant. “I felt like it couldn’t—I couldn’t really put myself in her shoes to understand why she was representing it that way,” explained Rodriguez, “so best not to attempt to judge her behavior.”

But judging the accuser’s behavior, noted U.S. District Judge William Smith, “was precisely her job as a panel member: to interpret the evidence and make factual determinations about it.” He added, “It appears what happened here was that a training presentation was given that resulted in at least one panelist completely disregarding an entire category of evidence”—evidence severely damaging to the accuser’s credibility.

Smith invalidated the university’s decision, noting, even apart from Rodriguez’s dereliction of duty, the overall process was far from equitable. The Brown official who designed the training Rodriguez received, Alana Sacks, did not respond to a request for comment.

Since 2011, the federal government has required all universities that receive federal money to provide “training or experience in handling complaints of sexual harassment and sexual violence” to adjudicators and investigators. Since nothing in the experience of most academics prepares them to competently investigate an offense that’s a felony in all 50 states, it makes sense to train those who are assigned to investigate campus sexual-assault allegations. But the ideological regimes used on many campuses are designed more to stack the deck against accused students than to ensure a fair inquiry. The risk of injustice is enhanced by the fact that, to the best of our knowledge, no school discloses the contents of its training materials to accused students before commencing the disciplinary process. The contrast between this training regime and the instructions given by judges to jurors in criminal trials—most obviously, that they should presume defendants innocent until proven guilty—is stark.

“In a criminal trial,” says former Baltimore state’s attorney Gregg L. Bernstein, “we ask jurors to use their common sense and apply their own life experiences to determining questions of credibility and guilt or innocence. We do not ‘train’ jurors at the expense of considering equally plausible factors as to why [an alleged] victim’s testimony might not be credible.” Bernstein, who during his term in office created a special unit to handle sexual-assault cases, believes a balance “can be struck in which the victim’s account is given credence and she is respected, while at the same time, the alleged assailant has the right to test the story. We should ask for no less when a person’s reputation can be altered for life by these types of [campus] allegations.”

The training mandate originated with the Obama administration’s 2011 “Dear Colleague” letter, which dictated campus procedures for sexual-assault allegations that dramatically increased the chances of guilty findings. Expanded guidance in 2014 from the Department of Education’s Office for Civil Rights ordered that the training include “the effects of trauma, including neurobiological change”—a phrase pregnant with hidden meaning. The Obama training requirements (without the “neurobiological change” part) were then formalized in a binding federal regulation in 2015.

While Secretary of Education Betsy DeVos has rescinded the 2011 and 2014 Obama commands, the 2015 regulation keeps most of the Obama training mandate in place. All the while, the secrecy of almost all the training materials has enabled them largely to escape public scrutiny.

“The biggest problem with these training materials,” says Justin Dillon, a Washington, D.C., lawyer who has defended dozens of students accused of sexual assault, “is that if the accuser comes in, contradicts herself and the evidence, all that gets explained away because of ‘trauma.’ Junk science like that makes it extraordinarily hard for students to defend themselves effectively. Schools cherry-pick studies without actually understanding anything about them; they just take this chicanery at face value. Students would need to first pay a lawyer, and then pay that lawyer to find a neuroscience expert who is both willing and qualified to take on this issue. And if you think lawyers are expensive, wait until you see how much experts charge.”

Middlebury College’s training, for instance, urges adjudicators to “start by believing” the accuser, while asking themselves whether the accused student is “who he said he is.” The training materials twice feature a hypothetical campus rapist announcing: “I am going to have sex tonight. If it is consensual, fine. But, I am going to have sex tonight.”

The college further orders that in order to be “objective,” investigation reports must not use the word “alleged” before “victim” or “sexual assault” and must avoid passages such as “the victim’s account of the incident is not believable or credible to officers given her actions during and after the encounter with the suspect” or the “victim has inconsistencies with her story.”

The role of the investigative report is especially important at Middlebury because, like more and more schools, it has abandoned disciplinary hearings on sexual-assault claims in favor of a single-investigator system. This was designed to shield the accuser from cross-examination, but also empowers a school-appointed official to serve as “detective, judge and jury,” in the words of Greg Lukianoff, president of the Foundation for Individual Rights in Education. In the specific system used at Middlebury, a college administrator renders the final decision based primarily on a report prepared by the investigator. The accused student and his representatives have no opportunity to cross-examine the accuser or the investigator. The training’s restrictions on the content of the investigator’s report thus have a direct effect on the final outcome.

After we wrote about the Middlebury training, the firm that conducted it, Margolis Healy, removed the associated material from its website. The company did not respond to a request for comment.

Eric Rosenberg, an Ohio lawyer who has represented accused students in both state and federal lawsuits, says that the “systemic bias” in training materials extends to essentially “mandating adjudicators shield accusers from exculpatory evidence” as it might “re-victimize the victim.” A state or federal judge, Rosenberg explains, “would undoubtedly find [that any] jury pool members who promise not to re-victimize a party who alleges an injury should be stricken for cause.”

Beyond putting a thumb on the scale towards guilt, campus-training materials are permeated by highly debatable psychological theories, spawned in part by the Obama administration’s requirement of training about “neurobiological change.”

Emily Yoffe’s blockbuster September article in the Atlantic on “The Bad Science Behind Campus Response to Sexual Assault” uncovered widespread use of a concept called “tonic immobility.” Yoffe explored the pervasive influence of Rebecca Campbell, a Michigan State psychology professor, who claims that as many as half of all sexual-assault victims experience tonic immobility and that this condition, along with other neurological effects that occur during an assault, renders them unable either to resist or to recall the alleged attack accurately later. Campbell has done no empirical research on tonic immobility, and there is no clear evidence that the phenomenon—in which some prey animals go into a type of temporary paralysis when threatened—occurs in humans.

Training at Harvard Law School in 2014 borrowed heavily from Campbell’s ideas about tonic immobility, according to an article by Harvard Law professor Janet Halley. She said the school provides its tribunals with “a sixth-grade level summary of selected neurobiological research,” which claims that rape victims’ trauma causes neurological changes, which can result in tonic immobility. This “can cause the victim to appear incoherent and to have emotional swings, memory fragmentation, and ‘flat affect’ [so that her statements] can be ‘[m]isinterpreted as being cavalier about [the event] or lying.’ ” The Harvard training, Halley wrote, is “100% aimed to convince [disciplinary panelists] to believe complainants, precisely when they seem unreliable and incoherent.”

A still-pending case led U.S. District Judge John Padova to suggest that the University of Pennsylvania’s training of campus adjudicators is so biased that it may violate Title IX by discriminating against males. In a September 13, preliminary ruling, Padova cited the university’s training materials as a basis for rejecting Penn’s motion to dismiss a Title IX claim in a lawsuit filed by a student the school had found guilty of sexual assault.

Penn used a training document, “Sexual Misconduct Complaint: 17 Tips for Student Discipline Adjudicators,” disseminated by Legal Momentum, a women’s advocacy group that has harshly assailed Betsy DeVos’s efforts to make the handling of campus sexual-assault complaints more fair. The 17 “tips” about accusers include:

“The fact that a complainant recounts a sexual assault somewhat differently from one retelling to the next may reflect memory processes rather than inattentiveness or deceit.” Legal Momentum provides no guidance on how adjudicators should identify “memory processes,” “inattentiveness,” or “deceit.” The implication that inconsistencies are irrelevant to assessing credibility is contrary both to our legal traditions and human experience.

“Victim behaviors during and after a sexual assault may appear counterintuitive to those unfamiliar with sexual assault.” The Legal Momentum document goes on to offer examples suggesting that virtually any conduct or statement by an accuser—resisting or not resisting the alleged assaulter; subsequently contacting or subsequently avoiding the alleged assaulter; testifying emotionally or listlessly; recalling or not recalling events—is consistent with the guilt of the accused.

“False allegations of rape are not common” and “research places the [false rape report] rate in the general population between 2% and 10%.” But this research defines “false” extremely restrictively and excludes a great many cases in which the accused is clearly not guilty of sexual assault and many more in which the available evidence leaves unclear the veracity of the accuser’s account.

As for accused students, Penn’s training material seems designed to sow skepticism about their claims of innocence. The “typical” campus rapist, according to the document, might possess many “apparent positive attributes such as talent, charm, and maturity [and] a deep commitment to community service.” But such traits are “generally irrelevant.” Campus rapists “[p]lan and premeditate their attacks, using sophisticated strategies to groom their victims for attack and isolate them physically.”

Bernstein, the former top Baltimore prosecutor, expressed concern that the Penn training did not meet the “standards” necessary for an “objective process” that could determine the truth of allegations. Most of the tips, he notes, “leave a clear presumption of guilt in the investigator or adjudicator’s mind and provide a victim-centric explanation for otherwise inconclusive, inconsistent, and exculpatory testimony to the exclusion of other factors.” Legal Momentum did not respond to a request for comment.

The training materials and practices that have surfaced from other institutions are equally one-sided.

George Mason’s training plan contains a lengthy section instructing investigators and adjudicators to “avoid an implication of blaming a complainant,” such as by holding “the belief or expressing an opinion that a person who is alleging sexual assault was in some way responsible, whether wholly or in part, for what happened.” Testing an accuser’s truthfulness by asking about her pre-incident behavior with the accused student or why she waited for months to file a report or why she did not go to the police would all constitute blaming the victim. If even considering asking any such questions, the adjudicator is ordered by the training to adjourn the meeting and consult with fellow panelists before proceeding. There is no comparable caution regarding questions asked of accused students.

A University of Texas blueprint for sexual-assault investigations recommends reducing “the number of reports prepared by investigators,” so as to frustrate defense lawyers’ efforts to point out contradictions among an accuser’s statements. This recommendation belies any pretense that the university’s investigators are neutral fact-finders.

The training at Ohio State tells disciplinary panelists that as many as “57 percent” of college males “report perpetrating a form of sexual[ly] aggressive behavior,” among other points seemingly designed to prompt guilty findings. We are aware of no reliable study that makes such a statistical claim. The judge who cited the 57 percent did not say where Ohio State got it, and the school’s full training materials remain sealed.

Cooper Union’s training program describes a “typical” sexual-assault case as the work of a scheming predator: An upper class male who meets a freshman female at a party, accompanies her alone back to her room, and “pours ten shots out of a bottle he pulls out of his backpack” for her to drink. The accuser can later recall nothing, but believes that they had sex.

At SUNY-Plattsburgh, the school’s Title IX coordinator trains the members of sexual-assault hearing panels. In a recent appellate hearing in New York state court, it was revealed that she had misstated the university’s own definition of consent to make a guilty finding more likely, by ruling out “consent by conduct” to sex. SUNY’s lawyer conceded to the appellate judges that the coordinator’s explanations of Plattsburgh policy to the tribunal members were “admittedly confusing.”

The head of a Title IX disciplinary panel at the University of North Carolina, Charlotte, testified in federal court that his institution’s training prompted him to deny the accused student a chance to present friendly, post-incident text messages the accuser sent to him, even though they contradicted her claim that she had come to fear him after they had sex. The panel chair said that the training allowed the tribunal to consider only any messages that “directly answer[ed] the question of consent, to consent to sexual acts.” A federal judge called this exclusion of exculpatory evidence “troubling” and denied the university’s motion for summary judgment.

Such training regimes are the norm across the country, according to four lawyers we talked to and to public statements by two others who have through lawsuits obtained the training materials adopted by many schools. The training materials used by the vast majority of colleges still remain secret.

The new regulations that Betsy DeVos has promised to issue regarding campus proceedings—probably next fall, after publishing proposed rules and considering public comments—will likely continue to require training of some kind, which, at least for investigators, is sensible if it is done well.

Meanwhile, the training materials we have seen are flatly contrary to the Trump administration’s interim guidance for colleges on campus sexual-assault allegations, which provides that “training materials or investigative techniques and approaches that apply sex stereotypes or generalizations may violate Title IX.” DeVos has repeatedly called for colleges to make their processes fair to accused students as well as their accusers.

The time is ripe for some of the accused to file complaints with the Department of Education’s Office for Civil Rights challenging these training programs as violating Title IX’s prohibition on sex discrimination. Such complaints would encourage the Education Department to require that schools make public the contents of their training for sexual assault investigations and tribunals. The accused—many of whom have wrongly assumed that they would be treated fairly and the truth would set them free—would then know what they are up against.
K.C. Johnson and Stuart Taylor Jr. are the authors of The Campus Rape Frenzy: The Attack on Due Process at America’s Universities (2017).

Voir de plus:

Pedagogy questioned

Penn grad student says she’s under fire on campus and off for using a teaching technique that involves specifically calling on students from underrepresented groups.

Colleen Flaherty
Inside higher ed
October 20, 2017

Anyone who’s ever taught a class knows some students say more than others. And most professors eventually develop some way of encouraging quieter students to contribute. In one more formal discussion-management technique, called progressive stacking, professors call on students who may be — for a variety of reasons — less likely to have their say. While every student is different, the reasons typically reflect the implicit biases observed outside the classroom, such as those related to race, gender, religion, sexual orientation or disability status. So, according to progressive stacking, a professor would call on a black or Latina woman before a white man, for example.

There’s the rub, at least in one class at the University of Pennsylvania. Stephanie McKellop, a graduate teaching assistant in history there, says she is under attack by fringe-right groups for using progressive stacking in her classes and then tweeting about it. Worse, she says, the university is cowing to such groups instead of supporting her. She’s claimed on social media that her classes were canceled this week and she may be asked to leave her program.

Here’s some of what McKellop tweeted earlier this week. Her social media accounts are private, but the posts have since been shared by her supporters, some of whom have contacted Penn on her behalf. The trouble apparently began with a post in which she wrote, « I will always call on my black women students first. Other [people of color] get second-tier priority. [White women] come next. And, if I have to, white men. » In a later post, she wrote, « Penn thinks I’m racist and discriminatory towards my students for using a very well worn pedagogical tactic which includes calling on [people of color]. »

Steven J. Fluharty, dean of the School of Arts and Sciences, refuted some of those claims in a statement Thursday, saying that McKellop has not been removed from her program and that Penn has “and will continue to respect and protect the graduate student’s right to due process.”

Penn knows and values the “importance of ensuring that students in groups that were historically marginalized have full opportunity to participate in classroom discussions,” Fluharty added. “Penn is strongly committed to providing respectful work and learning environments for all members of our community.”

Yet Fluharty seemed to validate McKellop’s claim that Penn has taken issue with her teaching style, saying that Penn is “looking into the current matter involving a graduate student teaching assistant to ensure that our students were not subjected to discriminatory practices in the classroom and to ensure that all of our students feel heard and equally engaged.”

McKellop did not immediately respond to an interview request Thursday. A spokeswoman for Penn said that McKellop has not been barred from teaching, but she provided no further details. McKellop’s adviser did not respond to a request for comment.

A number of academics expressed support for McKellop on social media and for progressive stacking. In general, it doesn’t mean excluding men or white students from conversations, or forcing underrepresented students to talk. Instead, it means calling on students who want to talk in the reverse order that one might predictably do so, based on social biases.

Jessie Daniels, a professor of sociology at Hunter College and the Graduate Center of the City University of New York, said progressive stacking has been around at least since she was in graduate school in the 1990s. She still uses it informally, to right her own tendency to call on men more frequently than women.

“If I have a class of 40 students, since Hunter is predominantly young women, I may have four or five young men in class,” Daniels said. “There’s still implicit bias, where we value men’s voices more than women’s voices, or men’s voices are deeper and carry more in a class. So I’m always trying to overcome my own bias to pick on men in class more than the women.”

As to whether purposely asking a woman to answer a question over a man was a kind of discrimination, Daniels said, “That gets it the wrong way around. This is a way of dealing with discrimination that we as professors can introduce into the classroom. It’s a good strategy, if you can do it.”

Daniels said she thought that the online backlash against McKellop seemed ripped from the “playbook” of the far right, which has attacked numerous professors involved in issues of race in recent months. Worse still, she said, McKellop, as a graduate student, is a particularly vulnerable target.

Cathy Davidson, director of the Futures Initiative at CUNY’s Graduate Center, has long advocated for inclusive teaching methods, including via the Humanities, Arts, Science and Technology Alliance and Collaboratory, which she co-founded. Davidson said Thursday that she didn’t particularly like progressive stacking, and that other methods seem “far better to me than making judgments on others’ privilege.”

Davidson instead recommended « inventory » methods that require participation by all students in the classroom, such as thoughtful « exit tickets » from a session, think-pair-share exercises or asking everyone to write down and then share a memorable sentence from a given reading.

Daniels said she didn’t know how pervasive progressive stacking is, but underscored that it’s nothing new. As for the situation at Penn specifically, Daniels said it would be unfortunate for the university to punish someone trying to “uphold its values. It would be a very misguided step on the part of Penn.”

Voir également:

Cannibalism Among the Oppressed

June 10, 2013

When big-bootied FLOTUS Michelle Obama was heckled last week by a grizzled lesbian activist who sort of resembles Glenn Beck with AIDS, the entire progressive coalition nearly came crashing to the ground.

Mrs. Obama was speaking about somethin’-somethin’ black when the activist interrupted her to start screaming about somethin’-somethin’ gay, at which point Obama left the podium to confront the woman. Video documentation of the event is scant, so it’s unclear whether Obama did that black-lady thing where they wag their finger and swivel their head.

“She came right down in my face,” said gay heckler Ellen Sturtz. “I was taken aback.”

Then, but of course, Sturtz was accused of using “white privilege” and “coded racial words” to play into ancient, hateful, and obviously disproved-by-science stereotypes of an “angry black woman.”

One can only imagine the furor if the lez had accused Michelle of chimping out.

“I take tremendous pleasure when my supposed enemies start shooting each other with friendly fire.”

A fat black lesbian who says she embraces the term “BlaQueer” to describe her multiple Identities of Oppression wrote a Huffington Post puff piece about how she couldn’t decide whose side to take:

I, like many other queer people of color, can’t separate my race and its history from my sexuality (or my gender performance/identity) and its history.

Like my mom always said, “‘Can’t’ means ‘won’t.’”

In the event’s wake, pro-homo serial event-interrupters Code Pink apparently made remarks critical of Michelle Obama on Twitter, then offered a groveling apology when told to check their privilege.

This shit never ends, and I love it. Since a white penis dangles atween my legs, progressive identity groups have designated me as their natural-born enemy. Therefore, I take tremendous pleasure when my supposed enemies start shooting each other with friendly fire.

One of the most fascinating aspects of the O. J. Simpson murder trial is that it forced the progressive-minded to take sides: Do they go against the woman-killer or the racist cop?

There are numerous examples of such seemingly insoluble liberal dilemmas, all of them hilarious to me.

Do you protect the environment, or do you allow the Third World to continue breeding like dusky hamsters?

Do you support Islam or the women who are getting their clits sliced off?

Do you come down on the side of unions or illegal-alien scab laborers?

Do you support Greenpeace or Injun whalers?

Do you oppose censorship or rape jokes?

Such constant squabbling usually devolves into pissing contests about who is more oppressed and who exactly is bullying whom.

The term for when one person’s oppression collides with another’s is intersectionality. It was allegedly coined by a black female lawyer named Kimberlé Crenshaw, and the way she spells “Kimberly” is really all you need to know about her. The general concept supposedly arose in the 1970s when black feminists started bitching about white feminists over who was more oppressed. In other words, it was the fruit of infighting among leftist identity groups, the result of cannibalism among the oppressed.

People who buy into this notion that they suffer from multiple forms of oppression—rather than the more likely explanation, which is that they suffer from multiple personalities—tend to explain intersectionality in ways either histrionically angry or academically tortured.

A shining example of the histrionically angry school is a screed called “MY FEMINISM WILL BE INTERSECTIONAL OR IT WILL BE BULLSHIT!” written by a “Latina” who claims she screams so much, it sometimes scares her cat.

Intersectionality, because it is by definition an insane if unfalsifiable notion, has gained traction in the so-called social sciences. In Sweden (of course), you can get a master’s degree in it. Never have so few used so many words to say so little. Intersectionality’s proponents prattle on about standpoint epistemology and interlocking matrices of oppression, about how intercategorical approaches are needed to determine how essentialist identities foster stereotyping, about how power carries gendered connotations and has androcentric biases that promote racialized belonging, and about how straight white males suck.

This is one of the reasons I sort of hope for a wholesale economic collapse—because people who talk like this will not have jobs.

The concept of intersectionality is also related to the “progressive stack,” which assumes that white males at all times bear noxious degrees of unearned power, which is why they have to get to the back of the line and let all the legless black lesbians speak first.

So much for transcending labels and viewing one another as individuals. These people want to institutionalize such labels. They balk at the concept of “assigned identity,” yet they also seem unable to live without it. So many of these multitudinous oppressed “identities” seem like nothing more than cheap cloaks to mask nakedly annoying personalities. People with bad personalities seem to have a built-in defense mechanism that makes them believe you actually hate them for any other possible reason besides their bad personalities. With all the banter about oppression, it’s hard to think of anything that stifles free speech and free expression more than such strident humorlessness.

As an unapologetic white male and therefore a designated cultural pariah, I take a sort of emperor’s glee in the gladiatorial spectacle of these special-interest ninnies eating each other. But it’s different from lions eating Christians. It’s more like Christians eating Christians.

Personally, I found these people far more likable when they were disenfranchised.

Voir encore:

San Francisco is once again the epicenter of the sanctuary city debate with the beginning of the sad and explosive trial of one of the most well-known and infamous illegal aliens in U.S. history. Juan Garcia Zarate (also known as Juan Francisco Lopez-Sanchez), an illegal alien from Mexico with seven felony convictions and five deportations, is on trial for the murder of 32 year-old Kate Steinle. Steinle was allegedly gunned down in broad daylight as she walked arm in arm with her father near the city’s Embarcadero district.

Just months before the shooting, instead of being deported, Garcia Zarate was released from jail and allowed back onto the streets due to San Francisco’s controversial and illegal sanctuary policies. Not surprisingly, when asked why he repeatedly returned to San Francisco, Zarate told local authorities that the city attracted him because of its sanctuary policies.

For many Americans, this senseless murder was regarded as something that could have easily been prevented through adequate border enforcement and a firm federal crackdown on sanctuary cities. On the one hand, Steinle’s death served as a wake-up call for the nation, made immigration reform a rallying cry and helped to propel Donald Trump to the Oval Office.

But sadly, many California pols were more than happy to turn a deaf ear to the suffering of the Steinle family, as well as the cries from other parents across the country who had lost loved ones to illegal aliens shielded by sanctuary policies. To them, Steinle was simply an acceptable loss on the altar of open borders.Just three months after Steinle’s murder, San Francisco, her hometown, revisited the sanctuary issue and instead of scrapping the dangerous policy, doubled down on its commitment to remain a sanctuary city. By a unanimous vote, the board of supervisors embraced the longstanding policy of releasing criminal illegal aliens back onto the streets instead of notifying Immigration and Customs Enforcement so that they can be removed from the country.

The California General Assembly demonstrated equal empathy for the Steinle family, with the passage of a bill that designated California as a sanctuary state. California Assemblyman Joaquin Arambula exclaimed that the bill would ensure that “California is a safe place for immigrants,” begging the question of what, if any, value is being placed on the lives of native-born Americans and legal residents.

It’s not just in the Golden State that sanctuary fever has caught on. At the beginning of this year, FAIR estimated that there were roughly 300 sanctuary cities and jurisdictions across the nation. Unbelievably, that number has now grown to an estimated 500, according to a list compiled by the Ohio Jobs and Justice Political Action Committee, a group that has tracked the issue for a decade. Not surprisingly, 101 of them are in California.

Thankfully, there’s some good news too. President Trump campaigned on ridding the nation of dangerous sanctuary cities and his attorney general, Jeff Sessions, has promised to “claw back” key federal funds from sanctuary jurisdictions. Several cities including Miami, Florida and Dayton, Ohio, dropped their sanctuary policies to avoid losing precious federal funding. The state of Texas recently passed anti-sanctuary legislation forbidding sanctuary policies across the state, and other states, are following suit.

There is also renewed action and commitment to fight dangerous sanctuary jurisdictions on the federal level. Two bills with strong bipartisan support recently passed the House of Representatives. They are now awaiting action in the Senate and there is hope that they will soon be scheduled for a vote, despite an already crowded agenda.

Kate’s Law,” named in memory of Kate Steinle, would increase current maximum sentences for illegal reentry into the United States. The No Sanctuary for Criminals Act clarifies ICE detainer authority to hold criminal aliens for up to 48 hours so they can be handed over to ICE. At the same time, it holds state and local governments responsible for so-called sanctuary policies that protect deportable criminal aliens from being removed from the country. Additionally, the bill also protects jurisdictions that comply with detainers from being sued, while allowing victims of crime to sue jurisdictions that refuse to comply and subsequently release criminal aliens onto the streets.

The sanctuary issue might be popular with the open border pols in California, but public sentiment is clearly on the side of immigration enforcement. According to a recent Zogby poll of 11 key swing states, three out of four registered voters believe that police and sheriffs must comply with detainer requests by ICE, with Hispanic voters showing considerably stronger support. By equal margins, voters believe sanctuary jurisdictions must be held accountable for crimes committed by people who were released into the community because of those policies.

While these laws won’t be able to bring back the loved ones lost by misguided sanctuary policies, they will go a long way in preventing future heartbreak for families who needlessly lose a loved one to someone here illegally.

Dave Ray is director of communication at the Federation for American Immigration Reform (FAIR), a nonprofit aimed at promoting legal immigration.

Voir enfin:

J’ai vécu (sans encombre) à New York, dans la clandestinité

Tout a commencé au printemps 2009 lorsqu’un ami m’a proposé d’aller passer trois mois à New York pour l’été. Ses deux frères habitant à Brooklyn, il m’explique que l’on pourra loger gratuitement chez eux et travailler…

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New York – Lyon69

Tout a commencé au printemps 2009 lorsqu’un ami m’a proposé d’aller passer trois mois à New York pour l’été. Ses deux frères habitant à Brooklyn, il m’explique que l’on pourra loger gratuitement chez eux et travailler (illégalement) dans des bars et restaurants où l’on sera payé grassement en pourboires.

Je suis un brin sceptique quant à notre capacité à nous faire embaucher « sans papiers » mais ses deux frères travaillant dans l’hôtellerie me confirment que ce ne sera effectivement qu’une simple formalité.

De nature aventureuse, je me débrouille pour récupérer un congé de six mois. J’achète mon billet d’avion quelques jours plus tard et me prépare mentalement à l’idée de passer un été à New York et me remplir les poches de dollars.

L’objectif, c’était d’y rester trois mois, économiser un maximum d’argent puis d’aller le dépenser en Amérique du Sud les trois mois suivants, avant de rentrer en Europe pour reprendre le boulot.

La concurrence est rude

Première constatation : ce n’est pas si évident de trouver un job. La très grande majorité des restaurants et bars ne me demande pas si je suis en règle. En parlant avec certains employés, la plupart d’entre eux travaillent illégalement en étant payé cash, du sous-chef mexicain à la serveuse d’Europe de l’Est.

A force d’acharnement, je finis par trouver un boulot de serveur à Brooklyn. Tout va bien dans le meilleur des mondes, sauf que je ne gagne pas tant de dollars que ça et que la fin de l’été approche, tout comme la validité de mon visa touristique de 90 jours.

On décide donc avec mon ami de faire un aller-retour à Montréal pour récupérer un nouveau visa de 90 jours et poursuivre l’aventure jusqu’aux fêtes de Noël, réputées très juteuses dans la restauration.

De retour à New York (sans encombre), je dois trouver au plus vite une chambre pour me loger – après trois mois à squatter les canapés. Je ne roule malheureusement pas sur l’or après un été calamiteux sur le plan des revenus. Grâce à un collègue, je dégote cependant une chambre pas chère, mais dans un appartement de Brooklyn miteux à souhait. Après avoir changé de travail et déménagé deux fois (de plus), je finis par être bien installé ainsi qu’a gagner ma vie correctement.

La saison des fêtes s’avère très rentable et en moins de deux mois j’ai réussi à économiser un joli petit pactole. Mais mon visa arrive à échéance bientôt et je dois prendre une décision :

  • dois-je rentrer en Europe pour reprendre un boulot intéressant mais très mal payé ?
  • dois-je rester à New York à faire un travail pas intéressant mais payé cinq fois plus ?

Entre temps, je suis tombé amoureux de New York : je décide finalement de rester plus longtemps. J’achète un billet d’avion pour l’Equateur et tente de récupérer un troisième visa touristique d’affilé, avec tous les risques que cela comporte. En effet, en tant que citoyens européens, nous sommes limités par la loi à deux visas touristiques de 90 jours pour une période de douze mois.

Pour l’immigration américaine, il est indispensable de posséder un billet prouvant votre intention de quitter le territoire sous 90 jours. J’ai donc également acheté un billet d’avion New York-Montréal (remboursable) qui décolle quelques jours à peine après mon retour l’Equateur.

Le passage à la douane s’est de nouveau passé sans encombre, mais cela, je le dois aux deux pauvres passagers me précédant dans la queue, qui se sont fait embarquer pour un interrogatoire. Grâce à eux, notre agent a expédié la queue dans laquelle je me trouvais, car plusieurs passagers derrière moi se plaignaient de l’attente. Comme quoi, parfois, ça ne tient pas à grand chose…

Impossible n’est pas Américain !

Maintenant que j’ai décidé de rester aux Etats-Unis un peu plus longtemps, je dois me débrouiller pour me simplifier la vie. Je commence par ouvrir un compte en banque. Techniquement, il est « impossible » aux USA de travailler, ouvrir un compte en banque, emprunter, accéder à la sécurité sociale… sans numéro de sécurité sociale.

Dans la pratique, c’est un peu différent… J’ai ouvert un compte en banque grâce à une banquière peu regardante, signé un bail à un propriétaire qui ne posait pas de questions, ouvert un contrat de téléphonie mobile. Je vais dans un centre destiné aux immigrants pour voir un dentiste et, en cas d’urgence, je peux toujours aller dans un des nombreux hôpitaux publics de la ville pour me faire soigner.

L’un des propriétaires du restaurant où je travaille, depuis mon retour d’Equateur, vient tout juste de se faire régulariser après avoir vécu ici illégalement pendant douze ans ! Il possédait une entreprise de construction
et un bar, il avait un emprunt immobilier pour sa maison et possédait deux voitures… Ici, rien n’est impossible !

Donc, même âpres avoir vécu illégalement aux Etats-Unis pendant des années, il est tout à fait possible de se faire régulariser très facilement. Il suffit pour cela, de se marier avec un(e) citoyen(ne) américain(e).

Ce n’est plus possible dans tous les Etats mais cela reste permis dans un certain nombre, notamment l’Etat de New York et ceux du Connecticut ou de Californie. Une fois marié, il suffit de faire les démarches nécessaires et sous moins de deux mois on reçoit une « green card » temporaire ainsi qu’un numéro de sécurité sociale. Sous deux ans, votre « green card » définitive vous sera délivrée suite éventuellement à un rendez-vous avec les services de l’immigration où vous aurez à prouver que votre mariage est légitime.

Il est même possible de faire la demande d’un « numéro de taxe » (ID Tax Number) pour payer des impôts en travaillant illégalement. Aussi surprenant que cela puisse paraître, payer des impôts en travaillant illégalement, c’est tout à fait possible et même conseillé ! Car si par la suite vous parvenez à vous faire régulariser (par le mariage), toutes les années ou vous aurez payé des impôts seront alors prises en compte dans les délais d’octroi de la citoyenneté américaine.

Alors, comment se fait-il qu’il soit donc plutôt aisé de vivre et travailler illégalement aux USA ?

New York, ville « sanctuaire » pour les immigrants illégaux

« Ville sanctuaire » désigne une ville qui met en place certaines pratiques pour protéger les immigrants illégaux/sans-papiers. Elles sont une trentaine aux Etats-Unis à avoir ce « label ».

Ces pratiques peuvent être définie par la loi (de jure) ou simplement dans les fait (de facto). Concrètement, une ville n’accordera aucun budget pour lutter contre l’immigration illégale ou ne permettra pas aux autorités locales de contrôler le statut d’immigrant d’un civil. Depuis 1996 et surtout depuis 2006, des séries de lois portées en majorité par le parti Républicain, lutte contre ces « libertés » accordées aux immigrants illégaux et tente de donner davantage de pouvoir au gouvernement fédéral (dont dépend la gestion de l’immigration) localement au sein des Etats.

A l’heure actuelle, ce sont surtout les Etats du Sud du pays qui sont touchés : Alabama, Texas, Arizona, Mississippi et Géorgie… Mais la tendance, surtout depuis la crise financière de 2008, s’oriente vers davantage de contrôle ainsi qu’un renforcement des lois.

A New York, il est possible mais peu probable que des agents de l’immigration débarquent dans un restaurant ou un bar pour faire un contrôle car vous l’aurez compris, les lois locales sont en « faveur » des immigrants. Et dans la réalité, la plupart des bars et restaurants de la ville fermeraient car la main d’œuvre utilisée par cette industrie est en majorité ici illégalement ! Dans la pratique donc, les travailleurs illégaux sont « tolérés » par les autorités locales.

Dans les faits, la police peut vérifier votre identité mais n’a pas le droit (contrairement à la France) de vérifier la situation relative à votre visa.

Par exemple, il est tout à fait possible en étant sans-papiers, de passer devant un juge et être condamné pour des faits mineurs, sans se faire par la suite expulser. C’est arrivé à un de nos cuisiniers mexicains… Comment est-ce possible ? Tout simplement parce que ce n’est pas le rôle de la justice locale de s’occuper de l’immigration !

Cela tient aussi au fait que le travail des différentes agences locales ou fédérales ne collaborent pas vraiment ensemble et ne travaille pas à partir des mêmes bases de données.

Il ne faut pas être claustrophobe

Après avoir obtenu mon troisième visa touristique d’affilé, j’ai décidé, après mûre réflexion, de poursuivre l’aventure à New York, au-delà de mon visa et donc de rentrer dans la clandestinité.

Le risque je le connaissais bien : si je quittais ensuite le territoire moins de 365 jours après l’expiration de mon visa, je m’exposais à une exclusion du territoire de trois ans – plus de 365 jours, une exclusion de dix ans.

Dans le pire des cas, j’allais être banni des USA pour les dix prochaines années, mais à n’importe quel moment, il me suffisait de me marier avec une américaine pour faire sauter les sanctions.

Pour moi, l’un des principaux inconvénients de vivre illégalement aux Etats-Unis, c’est qu’on finit par se sentir légèrement enfermé… Il ne faut pas être claustrophobe.

Le voyage est l’une de mes grandes passions et il ne m’est pas vraiment possible de prendre l’avion. Techniquement, on peut prendre des lignes intérieures sans passer pas l’immigration mais il y a un risque, car il y a toujours un agent de l’immigration présent dans tous les terminaux des aéroports. Donc cela va faire bientôt deux ans et demi que je n’ai pas mis les pieds dans un avion et ça, c’est le coté un peu difficile à vivre.

Je me suis marié l’année dernière à l’Hôtel de ville de New York sans que l’on ne me pose la moindre question (une fois de plus !). Ma femme n’étant pas américaine (on ne force pas l’amour), nous avons donc décidé d’aller poursuivre notre aventure ailleurs. Mais j’ai passé trois années fantastiques à New York.

 COMPLEMENT:

Abus sexuels : le cauchemar sans fin de Hollywood
Harvey Weinstein, Kevin Spacey, Louis C. K., Brett Ratner… Les révélations en cascade d’abus sexuels bouleversent le monde du divertissement américain, au point d’écorner l’image d’une usine à rêves mythique.
Constance et Jamet Etienne Sorin
Le Figaro
14/11/2017

Il règne à Hollywood une atmosphère de guerre. On ignore qui, demain, sera le prochain à être reconnu comme prédateur sexuel. Des noms circulent. Des projets de films, de séries en cours suscitent l’inquiétude à la seule idée que l’une de leurs pièces maîtresses puisse être concernée», résume Jordan Mintzer, correspondant du Hollywood Reporter à Paris. Cela fait un mois que le New York Times et le New Yorker ont ouvert la boîte de Pandore en révélant les abus auxquels se livrait Harvey Weinstein envers ses collaboratrices, des actrices et même des journalistes. La chute du nabab a libéré la parole. D’autres harceleurs ont été dénoncés: le producteur Brett Ratner, le cinéaste et scénariste James Toback, les acteurs Steven Seagal, Louis C. K. et Kevin Spacey ou encore Roy Price, patron d’Amazon Studio, la branche de production de films du géant du commerce en ligne. Un séisme dont l’onde de choc ne montre aucun signe d’affaiblissement.

Contrairement aux scandales sexuels de l’âge d’or de Hollywood, les studios ne ferment plus les yeux. Craignant pour leurs recettes et leur image, ils affichent une tolérance zéro et prennent leur distance avec les mis en cause, enterrant ou suspendant des franchises emblématiques. « La rapidité et la sévérité de leur réponse sont d’une ampleur inédite » , confirme Jordan Mintzer. Vingt-quatre heures après les déclarations d’Anthony Rapp, l’acteur de Star Trek Discovery , qui accusait Kevin Spacey d’avoir tenté de le violer alors qu’il n’avait que 14 ans, Netflix, le diffuseur, et la société de production MRC interrompent le tournage de la saison 6 de House of Cards. Les témoignages des techniciens et assistants s’accumulant, la plateforme SVOD annonce, trois jours plus tard, limoger sa star et geler la production afin de permettre aux scé- naristes de réécrire leurs intrigues et trouver un moyen de tuer le personnage incarné par Spacey, le président américain sans scrupules Frank Underwood. Une solution d’autant plus complexe que deux épisodes étaient déjà en boîte. Netflix abandonne aussi le film co-produit par et avec Spacey, Gore, sur la relation entre un jeune homme et célèbre écrivain américain Gore Vidal, qui devait sortir l’an prochain. La postproduction était presque terminée. De son côté, Sony maintient la sortie en salle fin décembre de Tout l’argent du monde , projet phare de Ridley Scott avec Spacey dans un second rôle, par égard pour « les 800 comédiens et techniciens ayant contribué au long-métrage » . Mais, sans attendre l’aval de Sony, le réalisateur remplace, à moins de cinq semaines de la sortie, Kevin Spacey par Christopher Plummer. Un geste jamais vu qui a sidéré les observateurs. Le film était terminé ; les bandes-annonces en ligne sur YouTube. Les huit à dix jours de tournage additionnels, l’insertion dans le montage terminé de Plummer – qui nécessitera de nombreux effets spéciaux – se chiffreront en millions de dollars ! Mais cette audace pourrait valoir à Ridley Scott, qui s’était vu imposer Spacey par le studio, la nomination aux Oscars qui lui manque tant. Même bannissement pour l’humoriste Louis C. K.. Ayant bâti sa carrière sur son personnage quasi autobiographique d’artiste déprimé ayant le sexe triste, la vedette de stand-up a reconnu des comportements exhibitionnistes. Aussitôt, Netflix, la chaîne FX Networks, filiale de la Fox, et ses agents ont cessé toute collaboration. Sa comédie noire qui devait sortir le lendemain a été reportée sine die. ARP, le distributeur français qui a acheté I Love You Daddy ! au Festival de Toronto en septembre dernier, prévoyait une sortie le 27 décembre. Louis C. K. a annulé sa venue en France et ARP est tributaire de la décision des Américains. « C’est un film formidable, regrette Michèle Halberstadt, chez ARP. Malheureusement, il n’est plus montrable dans le contexte actuel. Le film ne peut plus être vu pour ce qu’il est. » Matthew Weiner, le showrunner de la série Mad Men , est quant à lui accusé de harcèlement sexuel par l’une des anciennes scénaristes du show, Kater Gordon. En pleine promotion de son premier roman, Heather, par dessus tout , il conteste les faits. Son éditeur français, Gallimard, confirme sa venue à Paris les 29 et 30 novembre prochain. Mais gare aux studios qui seraient trop lents à prendre la mesure du problème ! Partenaire majeur de Warner Bros via sa société RatPac, le producteur Brett Ratner a maltraité plusieurs femmes, dont les actrices Olivia Munn et Ellen Page. Warner Bros a annoncé rompre avec le réalisateur de block busters (Rush Hour , X-Men : L’Affrontement final ), chassé de ses bureaux. Le contrat de 450 millions de dollars liant RatPac et Warner court néanmoins jusqu’en 2018. Une ambiguïté insupportable pour Gal Gadot. La star de Wonder Woman, produit par Ra- tner, aurait exigé pour reprendre son rôle que la Warner rachète les parts du cinéaste, le privant ainsi de tout bénéfice. Même les rescapés de précédents scandales ne sont plus intouchables. Woody Allen, qui a survécu dans l’industrie en dépit d’accusations d’attouchements sur ses enfants adoptifs vieilles de vingt ans, vacille. Produit par Amazon, son prochain long-métrage, Wonder Wheel, a vu sa première supprimée in extremis mi-octobre. Le cinéaste, dont le fils Ronan Farrow est l’auteur de l’enquête dévastatrice du New Yorker, s’inquiétait du moral de Harvey Weinstein et d’une éventuelle chasse aux sorcières (avant de faire machine arrière). De quoi plomber son film et son interprète Kate Wins- let, qui pouvait espérer briller dans cette saison des prix mise complètement sens dessus dessous. Jadis silencieuse, car dépendante de la manne publicitaire des studios, la presse spécialisée a joint ses forces d’investigation au grand déballage. Variety et The Hollywood Reporter ont, ce week-end, révélé des témoignages à charge contre George Takei, l’icône de Star Trek , et Andrew Kreisberg, producteur exécutif de Supergirl , Flash et Arrow , les séries de super-héros de la CW, propriété de la Warner. « La mentalité machiste de Hollywood qu’incarnait à merveille Weinstein où une actrice, scénariste ou réalisatrice devait supporter gestes et paroles salaces pour être acceptée est désormais contestée » , veut croire Jordan Mintzer. Cependant, le journaliste du Hollywood Reporter reconnaît que l’affaire Weinstein est à double tranchant : « Les femmes devant et derrière la caméra seront sans doute mieux traitées. Mais, côté business, pour s’éviter des risques de procès, les agences et les studios pourraient freiner les embauches. »

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