Daoud Boughezala. Votre diagnostic des « fractures françaises » et de l’abandon de la France périphérique (rurale et péri-urbaine) infuse le débat public ces dernières années. Avez-vous l’impression d’influencer les discours des candidats à l’élection présidentielle ?

Christophe Guilluy. Les candidats ont compris que la France périphérique existait, c’est pourquoi leurs diagnostics sont assez proches. Mais ils ont la plus grande difficulté à remettre en cause leur modèle économique, aussi ne dépassent-ils pas le stade du constat. Un parti et un discours politiques s’adressent d’abord à un électorat. Or, l’électorat de la France périphérique se trouve ailleurs que dans les grands partis de gouvernement, ce qui complique un peu les choses. François Fillon a compris que son socle électoral libéral-conservateur ne suffisait pas et qu’il devait aussi parler à cette France populaire périphérique. Au PS, certains cadres m’ont contacté pendant la primaire car ils ont compris que quelque chose se jouait dans ces territoires. Mais ces élus lucides sont enfermés dans leur électorat, ce qui n’aide pas ces thématiques à émerger. En réalité, aucune thématique n’a émergé dans la campagne présidentielle. Une fois l’affaire Fillon retombée, le débat portera sur un autre sujet monothématique :  quel niveau le Front national atteindra. Cela permet de ne pas parler de l’essentiel.

Justement, quel est l’essentiel à vos yeux ?

Le Front national n’est que la fin d’une longue histoire de mise à l’écart de ce qu’on appelait hier la classe moyenne et aujourd’hui les classes populaires. Ces dernières soulèvent des problèmes aussi essentiels que le choix du modèle économique mondialisé, le multiculturalisme, les flux migratoires. Passer son temps à se demander si Marine Le Pen peut atteindre 30%, 35%, 45% voire être élue permet de faire l’impasse sur le fond. Si rien n’est fait, Marine Le Pen ou un autre candidat contestant le modèle dominant sous une autre étiquette gagnera en 2022, si ce n’est en 2017. On est à un moment de basculement. Il suffit de prolonger les courbes et les dynamiques en cours pour comprendre que si cela ne se fait pas maintenant, cela arrivera plus tard. De deux choses l’une : soit on décide de se rendre sur ces territoires délaissés et de prendre au sérieux le diagnostic des habitants, soit on reste dans une logique de citadelle qui consiste à serrer les fesses pour préserver l’essentiel et essayer de passer encore un tour.

N’est-il pas légitime de s’inquiéter de la montée des « populismes » ?

Rien ne sert de s’alarmer sans comprendre les causes des phénomènes qu’on combat. Le FN n’est qu’un indicateur. De la même manière, après le Brexit et l’élection de Trump, le monde d’en haut a exprimé son angoisse. Mais les racines du Brexit sont à chercher dans le thatchérisme qui a désindustrialisé le Royaume-Uni. Et les racines de la victoire de Trump se trouvent dans les années 1980 et 1990, époque de dérégulation et de financiarisation de l’économie sous Reagan et Clinton. Sur le temps long, l’émergence du Front national correspond bien sûr à l’installation d’une immigration de masse mais aussi à la désindustrialisation de la France engagée à la fin des années 1970.

En cas de second tour entre Marine Le Pen d’un côté et François Fillon ou Emmanuel Macron de l’autre,  les sondages annoncent la victoire des gagnants de la mondialisation, pourtant minoritaires dans le pays…

C’est systémique. Jusqu’à une certaine mesure, la diabolisation du FN marche. Car si on prend une à une les grandes thématiques qui structurent l’électorat, comme le rapport à la mondialisation, le capitalisme mondialisé, la financiarisation, l’immigration (70% des Français considèrent qu’il faut arrêter les flux migratoires !), on obtient des majorités écrasantes en faveur du discours du FN. Et pourtant le Front national ne rassemble qu’une minorité d’électeurs. Cela veut bien dire que la diabolisation fonctionne, quoique de plus en plus mal. Si le système en place parvient à faire élire un Macron, il préservera l’essentiel mais en sortira fragilisé : certains sondages donnent Marine Le Pen à 40% voire 45% au second tour, ce qui est considérable par rapport aux 18% de Jean-Marie Le Pen en 2002. La dynamique est de ce côté-là. De ce point de vue, la grande différence entre Marine Le Pen et Donald Trump c’est que celui-ci avait la puissance du Parti républicain derrière lui, ce dont ne dispose pas la présidente du FN.

Pour l’instant, Marine Le Pen se fait systématiquement battre dans les sondages par le champion libéral-libertaire Emmanuel Macron…

N’oublions pas que la France d’en haut agglomère beaucoup de monde, toutes les catégories qui veulent sauver le statu quo ou l’accentuer, autant dire les privilégiés et les bénéficiaires du système économique en place. Ce qui est intéressant chez Macron, c’est qu’il se définit comme un candidat ni de gauche ni de droite. Il arrive d’en haut et en cas de duel avec Marine Le Pen au second tour, on verra un clivage chimiquement pur : le haut contre le bas, les métropoles mondialisées contre la France périphérique, etc. Même si ces sujets-là ne seront à mon avis pas abordés si on a droit à une quinzaine antifasciste entre les deux tours. On voit bien que le clivage droite-gauche est cassé. Mais l’amusant, c’est qu’au moment où ce clivage ne marche plus, on organise des primaires de gauche et de droite dont les vainqueurs (Hamon et Fillon) sont d’ailleurs aujourd’hui dans l’impasse !

Macron serait-il plus lucide ?

J’avais rencontré Emmanuel Macron et lui avais montré mes cartes. Dans son livre Révolution, il cite d’ailleurs La France périphérique plusieurs fois. C’est quelqu’un d’intelligent qui valide mon diagnostic sans bouger de son système idéologique. Selon la bonne vieille logique des systèmes, quand le communisme ne marche plus, il faut plus de communisme, quand le modèle mondialisé ne fait pas société, quand la métropolisation ne marche pas, il faut encore plus de mondialisation et de métropolisation ! Le bateau ne change pas de direction mais tangue sérieusement.

Au-delà du diagnostic et des grandes incantations autour du besoin de frontières et du patriotisme économique, le FN propose-t-il une alternative crédible  pour remédier aux inégalités socio-territoriales ?

Pour le moment, personne n’offre de véritable modèle alternatif. C’est toute la difficulté. Quand je me balade en France, j’entends des élus qui ont des projets de développement locaux mais tout cela est très dispersé et ne fait pas un projet à l’échelle du pays. D’autant que ces élus et ces territoires détiennent de moins en moins de pouvoir politique. A l’image de la Clause Molière contre le travail détaché, c’est par petites touches que le système sera grignoté. Mais n’oublions pas que les élus locaux ne pèsent absolument rien ! Les départements n’ont par exemple plus aucune compétence économique, ce qui fait que la France périphérique a perdu non seulement sa visibilité culturelle mais aussi son pouvoir politique. Changer les choses exige une certaine mobilité intellectuelle car il ne s’agira pas de gommer du jour au lendemain le modèle économique tel qu’il est. On ne va pas supprimer les métropoles et se priver des deux tiers du PIB français ! Dans l’état actuel des choses, l’économie française se passe de la France périphérique, crée suffisamment de richesses et fait un peu de redistribution. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si l’idée du revenu universel arrive aujourd’hui sur le devant de la scène avec Benoît Hamon.

Que voulez-vous dire ?

La question centrale demeure : comment donner du travail à ces millions de Français ? Comment faire société avec cette France rurale et péri-urbaine ? Le revenu universel valide la mise à l’écart de la classe moyenne paupérisée dans les pays développés. A partir de là, reste à gérer politiquement la question pour éviter les révoltes et autres basculements politiques violents. Dans l’esprit des gagnants de la mondialisation, cela risque de se faire à l’ancienne, avec beaucoup de redistribution, des cotations, voire un revenu universel. Mais ils oublient un petit détail : ce gros bloc constitue potentiellement une majorité de Français !  En réalité, les tenants du système n’ont aucun projet pour le développement économique de ces territoires, si ce n’est de prétendre que la prospérité des métropoles arrivera par ruissellement jusqu’aux zones rurales et que le numérique nous fera nous en sortir. Ils ne perçoivent absolument pas la dynamique de désaffiliation politique et culturelle qui s’approfondit dans ces territoires. Ce n’est pas socialement  ni politiquement durable. Si la France d’en haut ne fixe pas comme priorité le sauvetage des classes populaires, le système est condamné. Les métropoles sont devenues les citadelles intellectuelles du monde d’en haut.

… et le FN, le porte-voix de la France d’en bas ?

Le FN, qui est le parti de la sortie de la classe moyenne, a capté les catégories délaissées les unes après les autres. D’abord les ouvriers, premiers touchés par la mondialisation, puis les employés, les paysans et maintenant la petite fonction publique. En face, le monde hyper-intégré se réduit comme peau de chagrin.

Voir enfin:

« Les métropoles sont des citadelles imprenables » – Christophe Guilluy

 Jean-Baptiste Forray 

La Gazette des communes

08/11/2016

Dans son ouvrage « Le Crépuscule de la France d’en haut », Christophe Guilluy, géographe, revient, plus remonté que jamais, contre les fractures qui gangrènent la société française.

Dans « Le Crépuscule de la France d’en haut » (Flammarion, 2016), Christophe Guilluy vilipende  « l’aimable bourgeoisie des centres urbains qui opère une  prédation sans équivalent dans l’histoire ».

S’appuyant sur une enquête consacrée au « prestigieux Institut national des études territoriales », il relève que « la féminisation y est très importante, de même que la diversité géographique ». Cependant ajoute-t-il, les administrateurs « proviennent des mêmes milieux sociaux : près de 60 % des élèves ont des pères cadres ou cadres retraités. De futurs cadres territoriaux qui porteront donc la bonne parole dans toutes les régions de France, celles des classes dominantes, et un modèle territorial unique, celui de la métropolisation», en conclut-il.

Et Christophe Guilluy de faire siennes les analyses de son collègue Gérard-François Dumont. Pour lui aussi, les métropoles bénéficient d’une surreprésentation des équipements et des emplois publics. Mais au moment de répondre à « La Gazette », Christophe Guilluy calme le jeu. Il s’attache à répondre point par point à ses détracteurs qui l’accusent de ranimer un « néopétainisme » antiurbain inspiré de la fameuse thèse de Jean-François Gravier sur « Paris et le désert français » (1).

Les métropoles sont-elles le bras armé du capitalisme mondialisé ?

Il n’y a aucun complot. Les métropoles ne sont pas un bras armé, mais simplement l’application aux territoires du modèle économique mondialisé et de la loi du marché. Et la loi du marché bénéficie, comme cela a toujours été le cas, à la bourgeoisie. La seule courbe des prix de l’immobilier suffit à le démontrer. Un ouvrier qui économiserait chaque mois 100 euros pour acheter un logement mettrait une vie entière pour acquérir 10 m2 à Paris.

Les métropoles  se présentent, pourtant, comme les vitrines de « la société ouverte »…

C’est l’autre nom de loi du marché. Les métropoles sont des citadelles imprenables. Elles érigent, grâce à l’argent,  des murs d’enceintes bien plus solides que ceux du moyen âge. Un discret entre soi et un grégarisme social fonctionnent aussi à plein. Cette tendance est renforcée par un mode de vie respectueux de l’environnement qui, in fine, renforce la gentrification. La fermeture des grands axes et la piétonnisation renchérissent le foncier. Déguisés en hipsters, les nouveaux Rougon-Macquart se fondent dans le décorum ouvrier des bars et restaurants des anciens quartiers populaires et se constituent des patrimoines immobiliers considérables. Mais les masques finissent par tomber…

Qu’entendez-vous par là ?

Après le Brexit, dont la géographie recouvre celle de « l’Angleterre et la Grande-Bretagne périphérique » et populaire, les classes dominantes ont expliqué que ce vote devait être invalidé car porté par des gens  « peu éduqués » selon Alain Minc ou des « crétins » d’après Bernard-Henri Lévy. Anne Hidalgo et son collègue de Londres Sadiq Khan ont fait par la suite l’apologie des villes-mondes qui doivent damer le pion aux Etats-Nations, en prônant en filigrane une forme d’abandon  des périphéries populaires. Leur projet de « cités-Etats » rappelle paradoxalement les discours séparatistes de partis populistes comme celui de la Ligue du Nord italienne.

Cependant, « la mixité sociale » est une priorité affichée de la ville de Paris…

Les métropoles ont besoin de catégories populaires pour occuper les emplois peu qualifiés (dans les services, le BTP, la restauration). Il leur faut aussi des catégories intermédiaires, des « keys workers » qui assurent la continuité du service public. Le logement social permet de maintenir ces travailleurs dans les métropoles gentrifiées. Bertrand Delanoë, tout comme Anne Hidalgo, ont construit beaucoup de logements sociaux pour répondre à ce besoin. Tout cela est rationnel.  Mais si le taux de logements sociaux est passé de 13,4 % en 2001 à 17,6 % aujourd’hui, il ne compense en rien la disparition d’un parc privé, « social de fait », qui accueillait hier les classes populaires. Or, sur le marché de l’emploi métropolitain, on a essentiellement besoin de catégories très qualifiées et, à la marge, de catégories populaires. La majorité des catégories modestes, c’est à dire de la population, n’a donc plus sa place dans ces espaces.

Que devient, dans le même temps, ce que vous appelez « la France périphérique » ?

S’il reste encore des classes populaires, des ménages pauvres et des chômeurs dans les quartiers de logements sociaux des grandes métropoles, la majorité de ces catégories  vit désormais à l’écart des métropoles dans une « France périphérique », celle des petites villes, des villes moyennes et des zones rurales. Ces territoires sont, en moyenne, marqués par une plus faible création d’emplois et de richesses et sont fragiles socialement. Ce modèle n’est pas spécifique à la France, il constitue l’une des conséquences de l’application d’un modèle économique mondialisé qui repose notamment sur la division internationale du travail. Ce système marche très bien, il crée de la richesse et de l’emploi. Mais il ne fait pas société.

En quoi cela affecte-t-il « la France périphérique » ?

En réalité, la « boutique » tourne aujourd’hui sans les catégories populaires. Les territoires de la France périphérique, en particulier ceux de la désindustrialisation du Nord et de l’Est, sont marqués par une grande fragilité économique et sociale. Ils ont bénéficié à ce titre d’une forte redistribution. La péréquation, la création d’emplois publics ont joué le rôle d’amortisseur. La commune et l’hôpital étaient les premiers et les seuls véritables employeurs de ces communes. Mais dans un contexte de raréfaction de l’argent public et des dotations de l’Etat et de désertification de l’emploi, les champs du possible se restreignent.

Les métropoles sont aussi visées par ces baisses de dotations…

Bien sûr, mais le contexte économique est complètement différent puisque nous sommes là sur des territoires économiquement très dynamiques. Le géographe Gérard-François Dumont parle d’une « idéologie de la métropolisation », une idéologie portée par l’ensemble de la classe dominante qui in fine  renforce le poids des métropoles et celui des classes supérieures. Cette idéologie interdit l’évocation d’une France populaire majoritaire comme s’il fallait laisser dans l’invisibilité les perdants de la mondialisation. Dans cette lutte des classes, on assimile sciemment cette France populaire à celle du repli, des ignares. Derrière cette fausse polémique et cette vraie guerre des représentations, il y a tout simplement une lutte des classes non dites qui révèle  la « prolophobie » selon l’expression du politologue Gaël Brustier. La représentation de la « France périphérique » ne vise pas à proposer un modèle alternatif à celui des métropoles, mais à révéler l’importance de ce continuum socio-culturel qui doit nous pousser à penser un modèle complémentaire, un modèle qui fasse société.

N’est-ce pas précisément l’objet de la réforme territoriale ?

Non. La réforme territoriale vient conforter un développement inégalitaire dans lequel les 15 plus grandes aires urbaines concentrent l’essentiel de l’emploi et de la croissance. Un rouleau-compresseur qui risque de faire disparaître la dernière institution visible de la France des invisibles : le département. Que restera t-il entre les intercommunalités et les mégas-régions ? Je partage les inquiétudes de l’Association des maires ruraux de France et de l’Assemblée des départements de France.

La réforme territoriale est rouleau-compresseur qui risque de faire disparaître la dernière institution visible de la France des invisibles : le département.

Les intercommunalités qui souhaitent bénéficier du statut de métropole, le sont-elles sur le plan économique ?

Saint-Etienne et Clermont-Ferrand ne font, par exemple, pas partie de la France des métropoles. Les dynamiques sociales et économiques les inscrivent dans la France périphérique.

Vos thèses ne minimisent-elles pas les inégalités au sein des métropoles elles-mêmes ?

Absolument pas ! Le modèle inégalitaire est celui des métropoles ! J’y consacre un chapitre entier dans mon dernier ouvrage. Il est même particulièrement explosif puisque dans ces territoires le clivage social recouvre un clivage ethno-culturel. Quand je parle d’une France périphérique qui représente 60 % des habitants et les métropoles 40 %, je ne dis pas 60 % des pauvres sont d’un coté et 40 % des riches de l’autre ! Il existe des zones fragiles dans les deux France, mais elles sont majoritaires dans la France périphérique, là où vit la majorité des classes populaires. Par ailleurs, il existe évidemment une concentration de de précarité en banlieue, mais aussi à Paris intra-muros, avec des poches de très grande pauvreté comme dans certaines cités du XIXème arrondissement.

Mais, selon vous, ces inégalités ne disent pas tout…

Le portrait social, très dégradé, de ces quartiers et de la banlieue, ne prend pas en compte le fort turn-over au sein des territoires de la politique de la ville. La politique de rénovation urbaine est utile. Mais c’est le dynamisme du marché de l’emploi métropolitain, et non pas une forme de discrimination positive, qui a permis une phase d’ascension sociale rapide d’une part minoritaire de ces catégories populaires, notamment issus de l’immigration récente.

Que deviennent ces populations ?

Cette petite bourgeoisie, notamment issu de l’immigration maghrébine, évite banalement les quartiers de logements sociaux où se concentre l’immigration récente, notamment issue de l’immigration subsaharienne, exactement de la même façon que les « petits blancs » il y a vingt ans. Des dynamiques qui participent d’ailleurs à la poursuite de l’étalement urbain …

Pourquoi écrivez-vous que la France est devenue « une société américaine comme les autres » ?

On a longtemps cru que l’on pourrait adopter le modèle économique mondialisé sans ses conséquences sociétales, le multiculturalisme et une forme de communautarisme. C’était une erreur. Le modèle assimilationniste républicain n’a pas résisté, nous vivons banalement dans une société américaine comme les autres, sous tension. Les tensions et paranoïas identitaires  se multiplient et concernent tous les individus quelles que soient leurs origines ou religions.

Comment cela peut-il se traduire chez les élus ?

Le marketing ethno-culturel est entré dans les stratégies électorales. On se souvient du propos de Claude Bartolone pendant la campagne des régionales sur Valérie Pécresse qui incarnerait la défense de « la race blanche ». C’était évidemment un appel du pied à l’électorat des minorités.

Certains agitent le spectre de la guerre civile…

Je ne partage pas ce point de vue. La France n’est pas entrée en guerre, elle gère les tensions par une forme de séparatisme. Or, se séparer, c’est refuser le conflit. Cela concerne tous les individus quels que soient leur discours. Les promoteurs de la société ouverte érigent par exemple des frontières invisibles en pratiquant un discret évitement résidentiel et scolaire…