Affaire David Hamilton: Attention, un scandale peut en cacher un autre ! (Child pornography: Is Anglo-saxon puritanism finally catching up with France ?)

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thereselolitapenguinlolita-filmart-david-hamilton-exhibitionLe look tendrement romantique des égéries de David Hamilton
paul_gauguin-_manao_tupapau_the_spirit_of_the_dead_keep_watchshieldsmarielmanhattanlolita-1997Merci, mille mercis de m’avoir à nouveau prêté Enid. C’est une enfant des plus adorables. C’est vraiment bon – je veux dire pour la vie spirituelle, au sens où il est bon de lire la Bible – d’être au contact de tant de douceur et d’innocence. Charles Dogson (Lettre à Mme. Stevens, 1892)
I am fond of children (except boys) and have more child-friends than I could possibly count on my fingers, even if I were a centipede… Charles Dogson (letter to Kathleen Eschwege, October 24, 1879)
Dans la photo la plus inoubliable et sans doute la plus révélatrice qu’il ait jamais prise, « La Petite mendiante », Alice, debout contre un mur sale, les jambes et les pieds nus, nous regarde, les yeux pleins d’une énorme tristesse. Sa robe est déchirée et pend en lambeaux, sa chair nue comme si elle venait d’être violée. Brassaï
Had I done to Dolly, perhaps, what Frank Lasalle, a fifty-year-old mechanic, had done to eleven-year-old Sally Horner in 1948? Vladimir Nabokov
Thirteen-year-old Samantha Geimer was underwhelmed with famed film director Roman Polanski when she met him in February of 1977. “Mostly I was thinking: Ew, there’s this guy who’s like my size and sort of looks like a ferret. But he’s super-powerful and he wants to photograph me. Me!”  Her mother, an aspiring actress and model, had agreed to allow the filmmaker to take photos of her young daughter—he said it was for the French edition of Vogue. For the first photo session, which took place several  days later, the young girl was topless. The second session, for which she posed nude in a Jacuzzi at Jack Nicholson’s empty home a few weeks later, became the subject of one of the biggest scandals ever to rock Hollywood. The 43-year-old director, after giving Geimer champagne and a Quaalude, engaged in vaginal, oral and anal sex with her, she says in the book. Polanski initially disputed Geimer’s claim that she had fought his advances, arguing that that the sex was consensual. But he eventually pled guilty to unlawful sexual intercourse with a minor. He then fled to Europe before sentencing, where he has lived ever since. Time
I’ll never read “For Esmé — With Love and Squalor” the same way again, having just found out from a new biography that J.D. Salinger told one of his lovers, Jean Miller, that he could not have written that famous short story had he not met her, which would seem like a sweet, endearing thing to say were it not for the fact that Salinger met Miller when she was 14 years old. Salinger was 30. (…)  After years of elaborate yet chaste seduction, Salinger slept with and then dumped her when it became clear, which it did within 24 hours, that she would interfere with his writing, which was the only thing that was important to him. Modern literature has no shortage of writers who misuse their women for their own artistic gain: F. Scott Fitzgerald, of course, James Joyce (read the biography of his daughter Lucia, which is frightening), Philip Roth — all of whom still garner my respect and readership. (I’ve never cottoned to Norman Mailer.) But for me, taking advantage of underage girls tips the balance between artistic license and morality. What do I make of the revelations about Salinger now, having read and fallen in love with his work when I was not much older than 14 myself? Do I cast my Bantam paperback of Nine Stories with the brown squares on the cover from my shelf, if I can even find it, and throw in Raise High the Roof Beam for good measure? It was easier with Woody Allen. When Mia Farrow discovered in 1992 that he had taken nude photos of her adopted daughter Soon-Yi, with whom he began a sexual relationship and later married, I vowed to never see one of his movies again, although I broke that vow once by watching Vicky Cristina Barcelona on DVD. Yes, Soon-Yi was 19 (although no one knows for sure her age, since South Korean officials randomly picked her birthday for her passport), but she was also his daughter, although not legally speaking. (…) It didn’t help Allen’s case that he cast 16-year-old Mariel Hemingway as his own lover in Manhattan, and Hemingway later revealed that the filmmaker was the first person she ever kissed and that she was “way too young” for that role. And yet I have no such interdiction against Roman Polanski, who was yet again in the news this week after his rape victim, Samantha Geimer, went public with her own memoir, The Girl: A Life in the Shadow of Roman Polanski. (…) In part I blame my inconsistency on a sociology professor whose class I took in college and who gave an entire exam consisted of watching Chinatown four times and dissecting its brilliance. As that professor taught me, in our secular society, we no longer have clear definitions of what is transgressive and what’s not. We make laws, but the age of consent still varies by jurisdiction (not that Geimer, then 13, ever consented; this much is clear from her book). It gets more complicated, however, when even Geimer herself argues that we should separate the work from its creator. When Polanski was nominated for an Academy Award for best director for The Pianist in 2003 and a controversy predictably erupted, Geimer wrote an op-ed for the Los Angeles Times titled “Judge the movie, not the man.” (…) Perhaps, if I had a teenage daughter, I would feel more strongly about banning Polanski. (…) As she had suggested in her op-ed, perhaps I am paying too much attention to the wrong thing altogether. “The one thing that bothers me is that what happened to me in 1977 continues to happen to girls every day, yet people are interested in me because Mr. Polanski is a celebrity. That just never seems right to me. It makes me feel guilty that this attention is directed at me, when there are certainly others out there who could really use it.”
Longtemps, j’ai refusé de voir l’évidence, à savoir que cette addiction avait un rapport avec ce que j’avais vécu enfant. C’est un schéma classique, mais je refusais de réaliser. J’ai conscience que les actes criminels dont j’ai été victime sont certainement aujourd’hui prescrits, mais cette plainte me permet de dénoncer à la justice d’autres actes non prescrits sur d’autres victimes et de signaler qu’un ou plusieurs mineurs sont à l’heure actuelle en grand danger d’abus sexuels si l’irréparable n’a pas déjà été commis. J’ai l’impression qu’il a toujours été là. Quand il est apparu dans la famille, j’avais 3 ans. On est une famille de prolos. Lui est arrivé avec toute une culture musicale, pop, artistique, qui était comme une promesse de culture, et de s’élever. Il a séduit mes parents, surtout ma mère. Lévêque a eu une emprise sur l’ensemble de ma famille, notamment sur ma mère. Pendant longtemps, j’ai pensé que c’était une chance d’avoir rencontré ce type, d’avoir pu changer de classe sociale. (…) Il m’avait précisé au téléphone que je ne devais pas le dire à mes parents. (…) Nous avions discuté et écouté de la musique ce jour-là, raconte-t-il. Et puis nous sommes allés sur le balcon, car Lévêque voulait prendre des photos de moi, des portraits. Ensuite, il m’a demandé de m’asseoir sur ses genoux, il m’a embrassé dans le cou, il m’a caressé les cuisses par-dessus le pantalon et m’a caressé le ventre à même la peau, en mettant sa main sous mon tee-shirt. Il a fait tout ça en discutant et en rigolant. En fin d’après-midi, je suis rentré chez moi en vélo avec un sentiment de malaise pour deux raisons. La première, c’est que j’avais senti qu’il y avait eu une tension sexuelle, quelque chose de sexuel dans son comportement et cela m’avait gêné (…). La seconde raison, c’est parce que j’avais le sentiment de faire un mensonge par omission en ne disant pas à mes parents que j’étais allé voir Lévêque. Je me souviens d’avoir dit à ma mère : “Claude a gâché mon anniversaire”. (…) Je me suis laissé faire car j’étais tétanisé, sans avoir de pouvoir de réaction. Les jours suivants, j’avais un sentiment de honte car j’avais eu des érections, parce que j’avais eu le sentiment que ce n’était pas bien. En même temps je me sentais flatté car j’avais été choisi plutôt que mon frère. J’avais l’impression d’avoir accédé à une élection, comme mes frères l’avaient vécu auparavant. Entre 1983 et Noël 1986, je passais toutes mes vacances chez Lévêque, soit à Paris, soit dans sa maison de campagne à Raveau [Nièvre], soit dans les hôtels que nous avions fréquentés au gré de ses expositions. Dans les hôtels, Lévêque demandait systématiquement une chambre pour nous deux, il n’a jamais réservé une deuxième chambre pour servir d’alibi. C’était une autre époque, je ne sais pas si les hôteliers laisseraient faire ça maintenant. (…) Je n’ai pas exprimé mon refus, je ne me sentais pas autorisé à le faire, je ne pouvais pas dire non à Lévêque. J’aurais eu le sentiment d’être bête, ringard. J’avais peur qu’il ne s’intéresse pas à moi si je ne me laissais pas faire. Car présente ses goûts sexuels, ses rapports avec les jeunes garçons comme liés à la pensée libertaire et au mouvement punk. Il disait que c’était le pied de nez ultime à la société et la forme de liberté la plus grande. Et que les gens n’acceptaient pas ça parce qu’ils ne voulaient pas reconnaître que c’était de l’amour, un amour totalement désintéressé. Que les gens avaient diabolisé cette chose parce qu’ils ne l’acceptaient pas, parce qu’elle était trop belle. (…) J’associais la pédophilie à une sorte de résistance à la société. Pour me convaincre, je lisais des auteurs pédophiles, comme Matzneff par exemple. Lévêque lit ce genre de littérature, j’ai connu ce genre de littérature par son biais. (…) C’était un manipulateur, tout le temps dans la comparaison entre ses victimes, à encenser les uns, à se moquer des autres, pour essayer d’arriver à ses fins. Si je continuais à me taire, je devenais complice. (…) Des gens venaient lui rendre visite dans sa maison de campagne, il me présentait comme étant le fils d’amis. De mon point de vue, j’avais le sentiment d’être sa petite femme et que tout le monde le savait, que ça gênait personne. Les gens avaient l’habitude de voir Lévêque entouré de jeunes garçons, c’est son truc. Lévêque s’entourait de gens qui n’étaient pas surpris par ma présence. Cela reste un mystère, comment ces gens-là n’étaient pas plus surpris que ça ? Laurent Faulon
Je suis un monstre, en fait. Un élément négatif dans une société terrible, machiavélique, de plus en plus invivable. Claude Lévêque
Je m’intéresse à tout ce qu’il peut y avoir de vil, de terrifiant, d’injuste, de cruel. Et plus ça l’est, plus j’ai une boulimie de production. Plus ça va mal et plus je jouis. Je jouis de ça, sinon je me flingue. Je revendique cette vision romantique car elle est liée aux vanités, à la mort. C’est pour cela que je me sens proche de la jeunesse et de l’adolescence, qui sont associées au romantisme. Claude Lévêque
Ça me désole qu’on soit parvenu à ce point de non-retour tant de temps après une aventure forte à une certaine époque, inavouable aujourd’hui. Les plaisirs se sont transformés en douleur et tristesse. Je m’en veux de n’avoir pas su mesurer ta souffrance souterraine révélée lors de tes confidences et accusations récentes. Mon ego, hors réalités, m’a emporté dans une idéalisation hors sol, vers quelqu’un qui m’a aimé dans la fraîcheur de ses sentiments. Ça me mine aujourd’hui. Est-ce un accident de s’être croisé ? D’avoir partagé des moments particuliers et uniques, révélés à ce point haïssables aujourd’hui ? J’aimerai toujours Gros bleu. Claude Lévêque
Aujourd’hui  cet homme est juridiquement hors d’atteinte. Cela n’en fait pas un innocent pour autant. Le bourreau est inattaquable et moi je vivrai avec cela jusqu’à la fin de mes jours. Par son âge et sa notoriété, c’était une domination à double titre. Cet écart social lui donnait une grande force dont il a su user, à tel point qu’il payait ma mère avec un pauvre Polaroïd. Je ne suis pas la seule dans ce cas. Je n’ai pas été la seule à tomber dans ses griffes. A propos de ces jeunes filles, il parlait de ‘faire son marché. Flavie Flament
There’s only three of us in this business. Nabokov penned it, Balthus painted it, and I photographed it. David Hamilton
It’s an Anglo-Saxon problem. I suppose Barnes & Noble are crying all the way to the bank, but I have no idea. There’s not a word about it in the press over here. David Hamilton (1998)
J’ai beau­coup de pres­tige, malheu­reu­se­ment, ça ne paie pas (…) Je n’ai jamais eu de bon agent, ni une bonne gale­rie… Il y a un tel écart entre mon nom et ma cote! (…) J’ai vendu 40 livres, deux millions d’exem­plaires! [les enfants] C’est trop de respon­sa­bi­li­tés. Mais je ne me sens pas seul: j’ai des milliers d’en­fants! [en Suède, en Hollande, en Alle­magne ou tous les pays nordiques]  où je faisais mon marché (…)  Elles reve­naient avec un Pola­roid … (…) J’en ai eu quatre [ Aston Martin] dont la DB5, la première de James Bond.  (…)  Je vis dans mes archives. (…) Je ne suis pas un visage, je suis un nom (…)  Comme tous les Anglais bons à rien, je suis à Saint-Tropez!  (…) Le sourire, c’est bon pour les photos de vacances (…) Les fémi­nistes m’ont toujours laissé tranquille. Et mon travail n’a rien à voir avec la vulga­rité de notre époque actuelle. (…) J’ai eu une vie de rêve. David Hamilton (2015)
David Hamil­ton photo­gra­phiait ses modèles, souvent dénu­dés, dans un flou artis­tique unique. A 82 ans, l’icône des années 70 revient sur le devant de la scène. Rencontre précieuse. (…) Vêtu d’un costume de Savile Row qu’il possède depuis plusieurs décen­nies, de chaus­sures John Lobb impec­cables, le photo­graphe mondia­le­ment connu pour ses photos de jeunes filles nues est un dandy. Mais désar­genté. Sa montre, type Cartier années trente, ne fonc­tionne même pas. « Je n’ai jamais eu de bon agent, ni une bonne gale­rie… Il y a un tel écart entre mon nom et ma cote! « , se désole l’ar­tiste dont les œuvres ont pour­tant inondé les salons des parti­cu­liers dans les années soixante-dix et quatre-vingt.  »J’ai vendu 40 livres, deux millions d’exem­plaires! « , reven­dique-t-il, toujours un sourire aux lèvres. Sans doute songe-t-il à toutes ces femmes qu’il a rencon­trées et photo­gra­phiées. Parmi les centaines de blondes, il ne saurait en citer une plutôt qu’une autre, si ce n’est sa première compagne, Mona, et son unique épouse, Gertrude, les seules avec lesquelles il ait gardé contact. (…) Les autres modèles sont rentrées chez elles, en Suède, en Hollande, en Alle­magne ou tous les pays nordiques  »où je faisais mon marché », soutient le photo­graphe sans rougir. À l’époque, David trouve aussi ses jeunes filles sur les plages nudistes du Cap d’Agde. Avec l’ac­cord de leurs parents, elles partent au bout du monde avec la star des objec­tifs: « Elles reve­naient avec un Pola­roid »… et tout le monde était content. Le photo­graphe couchait-il avec elles? « Ce n’est pas le sujet », balaie-t-il d’un revers de la main en perdant son sourire, « le scan­dale ne m’in­té­resse pas ». Pas de scan­dale, donc, mais de beaux souve­nirs. Le play­boy mondain sort son album de photos person­nelles et montre, entre les nombreuses femmes nues, palma­rès de chas­seur, les grands noms croi­sés au cours de sa vie:Jack Nichol­son, Mick Jagger, Tony Curtis, Helmut Berger, Terence Stamp, Rudolph Noureev, Douglas Fair­banks, Pier Paolo Paso­lini. C’était l’époque folle où, comme le photo­graphe Jean­loup Sieff, il roulait en Aston Martin (« J’en ai eu quatre dont la DB5, la première de James Bond »). Frime ou raffi­ne­ment? Cathe­rine Breillat, la scéna­riste de son premier long-métrage, Bili­tis (avec Bernard Girau­deau), défend Hamil­ton: « Il n’est pas préten­tieux, ni m’as-tu-vu, c’est quelqu’un de très bien. Il travaille comme un peintre, replié sur lui-même. » Pour Macha Méril, qui a joué dans Tendres cousines, son troi­sième film, en 1980, David possé­dait à l’époque « un énorme ego, mais à juste titre. Un artiste doit en avoir un. Et lui, très seul, très isolé, devait déve­lop­per cela pour conti­nuer son travail ». Hamil­ton, il est vrai, s’est voué à son art: « Je vis dans mes archives. » Chez lui, dans le quar­tier de Mont­par­nasse à Paris l’hi­ver, ou à Rama­tuelle l’été, dans sa maison du XIIe siècle située dans les remparts de la ville, l’An­glais prépare encore des publi­ca­tions, à la recherche d’une bonne maison d’édi­tion. Et caresse l’idée d’une fonda­tion pour léguer son œuvre. Des nus, bien sûr, mais aussi des natures mortes, des paysages et des portraits. (…) Les jeunes filles, à peine sorties de l’en­fance, posaient vêtues de fripes ache­tées par David lui-même aux puces. Surtout des culottes en coton. Sans maquillage, sans acces­soire, sans filtre et sans retouche, Hamil­ton captu­rait « l’in­no­cence, avant que les filles ne deviennent sérieuses ». Son secret de fabri­ca­tion ? Il ne nous le donnera pas, réfu­tant simple­ment la légende du bas résille ou de la vase­line sur l’objec­tif. Il dit n’être qu’un amateur, incom­pé­tent en matière tech­nique mais à l’œil aiguisé. Un regard façonné par des études d’ar­chi­tecte (non vali­dées par un diplôme) et des postes de direc­teur artis­tique dans de grands maga­zines, dont Elle. Gala
Les cinéastes et auteurs français, européens, américains et du monde entier, tiennent à affirmer leur consternation. Il leur semble inadmissible qu’une manifestation culturelle internationale, rendant hommage à l’un des plus grands cinéastes contemporains, puisse être transformée en traquenard policier. Forts de leur extraterritorialité, les festivals de cinéma du monde entier ont toujours permis aux œuvres d’être montrées et de circuler et aux cinéastes de les présenter librement et en toute sécurité, même quand certains États voulaient s’y opposer. L’arrestation de Roman Polanski dans un pays neutre où il circulait et croyait pouvoir circuler librement jusqu’à ce jour, est une atteinte à cette tradition: elle ouvre la porte à des dérives dont nul aujourd’hui ne peut prévoir les effets. Pétition pour Romain Polanski (28.09.09)
Si les enfants savaient que la loi interdit les privautés sensuelles entre adultes et enfants, et bien, à partir du moment où un adulte le lui demande, s’il accepte, c’est qu’il est complice, il n’a pas à se plaindre.  (…) Ça dépend de chaque enfant, et je crois que ça dépendra de la relation maturante qu’il va rencontrer avec la famille dans laquelle il sera placé, ou avec l’éducateur avec qui il pourra parler et qui pourra justement lui faire comprendre que l’excitation dans laquelle était son père, peut-être sans l’avoir cherché, l’enfant en était complice.Parce que je crois que ces enfants sont plus ou moins complices de ce qui se passe…Il faudra leur dire très tôt…qu’ils ont un devoir de se dérober à ça pour que leurs parents restent des parents pour eux… (…) Les enfants fabulent beaucoup, oui, c’est vrai. (…) les enfants ne pourraient plus le faire s’ils avaient été informés avant. « Et là pourquoi as-tu laissé faire puisque tu savais que tu ne devais pas, pourquoi l’as-tu laissé faire ? Ton rôle d’enfant, c’était de l’empêcher. » François Dolto
Il m’était arrivé plusieurs fois que certains gosses ouvrent ma braguette et commencent à me chatouiller. Je réagissais de manière différente selon les circonstances, mais leur désir me posait un problème. Je leur demandais : « Pourquoi ne jouez-vous pas ensemble, pourquoi m’avez-vous choisi, moi, et pas d’autres gosses? » Mais s’ils insistaient, je les caressais quand même. Daniel Cohn-Bendit (Grand Bazar, 1975)
La profusion de jeunes garçons très attrayants et immédiatement disponibles me met dans un état de désir que je n’ai plus besoin de réfréner ou d’occulter. (…) Je n’ai pas d’autre compte à régler que d’aligner mes bahts, et je suis libre, absolument libre de jouer avec mon désir et de choisir. La morale occidentale, la culpabilité de toujours, la honte que je traîne volent en éclats ; et que le monde aille à sa perte, comme dirait l’autre. Frédéric Mitterrand (”La mauvaise vie”, 2005)
J’étais chaque fois avec des gens de mon âge ou de cinq ans de moins. (…) Que vienne me jeter la première pierre celui qui n’a pas commis ce genre d’erreur. Parmi tous les gens qui nous regardent ce soir, quel est celui qui n’aurait pas commis ce genre d’erreur au moins une seule fois ? (…) Ce n’est ni un roman, ni des Mémoires. J’ai préféré laissé les choses dans le vague. C’est un récit, mais au fond, pour moi, c’est un tract : une manière de raconter une vie qui ressemble à la mienne, mais aussi à celles de beaucoup d’autres gens. Frédéric Mitterrand
C’est pas vrai. Quand les gens disent les garçons, on imagine alors les petits garçons. Ça fait partie de ce puritanisme général qui nous envahit qui fait que l’on veut toujours noircir le tableau, ça n’a aucun rapport. (…) Evidemment, je cours le risque de ce genre d’amalgame. Je le cours d’autant plus facilement ce risque-là puisqu’il ne me concerne pas. (…) Il faudrait que les gens lisent le livre et ils se rendraient compte qu’en vérité c’est très clair. Frédéric Mitterrand (émission « Culture et dépendances », le 6 avril 2005)

J’aurai raconté des histoires avec des filles, personne n’aurait rien remarqué.
Frédéric Mitterrand
En tant que ministre de la Culture, il s’illustre en prenant la défense d’un cinéaste accusé de viol sur mineure et il écrit un livre où il dit avoir profité du tourisme sexuel, je trouve ça a minima choquant (…) On ne peut pas prendre la défense d’un cinéaste violeur au motif que c’est de l’histoire ancienne et qu’il est un grand artiste et appartenir à un gouvernement impitoyable avec les Français dès lors qu’ils mordent le trait. (…) Au moment où la France s’est engagée avec la Thaïlande pour lutter contre ce fléau qu’est le tourisme sexuel, voilà un ministre du gouvernement qui explique qu’il est lui-même consommateur. Benoît Hamon (porte-parole du Parti socialiste)
On ne peut pas donner le sentiment qu’on protège les plus forts, les connus, les notables, alors qu’il y a les petits qui subissent la justice tous les jours. Ce sentiment qu’il y a deux justices est insupportable. Manuel Valls (député-maire PS)
Qu’est-ce qu’on peut dire aux délinquants sexuels quand Frédéric Mitterrand est encore ministre de la Culture? Marine Le Pen (vice-présidente du FN)
A ce propos d’ailleurs, nous n’avons rien contre les homosexuels à Rue98 mais nous aimerions savoir comment Frédéric Mitterrand a pu adopter trois enfants, alors qu’il est homosexuel et qu’il le revendique, à l’heure où l’on refuse toujours le droit d’adopter aux couples homosexuels ? Pourquoi cette différence de traitement? Rue 98
C’est une affaire très française, ou en tout cas sud-européenne, parce que dans les cultures politiques protestantes du nord, Mitterrand, âgé de 62 ans, n’aurait jamais décroché son travail. Son autobiographie sulfureuse, publiée en 2005, l’aurait rendu impensable. (…) Si un ministre confessait avoir fréquenté des prostituées par le passé, peu de gens en France s’en offusquerait. C’est la suspicion de pédophilie qui fait toute la différence. (…) Sarkozy, qui a lu livre en juin [et] l’avait trouvé  » courageux et talentueux » (…) s’est conformé à une tradition bien française selon laquelle la vie privée des personnes publiques n’est généralement pas matière à discussion. Il aurait dû se douter, compte tenu de la médiatisation de sa vie sentimentale, que cette vieille règle qui protège les élites avait volé en éclats. Charles Bremmer (The Times)
L’enseignante exaltée redécouvre les méandres et la géographie de la carte de Tendre. Après l’affection, l’estime, l’inclination pour finir au bout de deux ans par les appels du désir et tous les désordres de la passion. Yasmine se laisse aimer et désirer. Elle apprend l’algèbre des sentiments, les exigences et les égarements du corps. Ce qui devait arriver arrive: un saphisme sans violence, mais aussi un amour condamné, une relation que les deux amantes savent maudite. L’Obs (Yasmine, 12 ans, et sa prof, 30 ans : récit d’une passion interdite, 25.05. 2013)
C’est une histoire de passion interdite. A Lille, une femme, une prof, est tombée amoureuse, à en perdre toute raison, de Leïla, son élève, une collégienne de 14 ans. Elle a dix-neuf ans de plus que son amante. Elle risque dix ans de prison. Causette l’a rencontrée“ (…) Et, comme une mauvaise raison de plus, Abdellatif Kechiche a obtenu la Palme d’or au Festival de Cannes pour La Vie d’Adèle, l’histoire d’une jeune fille tombant sous le charme d’une lesbienne aux cheveux bleus. Un film tourné à Lille (…) à deux pas du tribunal. Causette
Nous nous sommes plantés. Et pas qu’un peu. Avoir pu laisser penser, ne serait-ce qu’un quart de seconde, que Causette pouvait cautionner, accepter ou, pire, justifier une «  atteinte sexuelle sur mineur  » (qui n’a pas encore été jugée, mais c’est l’incrimination pénale qui a pour l’instant été retenue dans cette affaire), est évidemment grave. Nous sommes navrés d’avoir pu laisser croire cela. L’article a manqué de précautions, d’un appareillage éditorial qui aurait rendu le doute impossible. Nous avons voulu rendre compte d’une histoire qui, si elle est complexe, n’en relève pas moins d’une situation qui ne doit pas voir le jour  : une professeure de collège ayant des relations sexuelles avec l’une de ses élèves, mineure de moins de quinze ans. Voir émerger, sur les réseaux sociaux, des accusations affirmant que Causette trouvait des circonstances atténuantes à un acte «  pédophile  » nous catastrophe, bien sûr, au plus haut point. L’article a donné la parole à tous les protagonistes, et le refus de s’exprimer des avocats de la famille de la victime a probablement renforcé l’impression d’un déséquilibre, voire d’un parti pris. (…) Notre intention consistait à interroger les mécanismes qui ont conduit au passage à l’acte. Cette approche, que nous pensions dénuée d’ambiguïté, et bien que journalistiquement défendable, a au contraire semé le trouble au point d’être traduite comme un permis de violer la loi, d’abuser d’une enfant. Maladresse sans nom pour laquelle nous vous présentons, ainsi qu’à la victime, nos excuses les plus sincères. Causette
Deux femmes qui s’aiment, c’est tellement beau, n’est-ce pas ? Il est bien connu que les femmes ne s’aiment pas comme les hommes. Une femme, c’est doux, c’est tendre, c’est sexy, et peu importe alors de mettre le lecteur en état de salivation malsaine, lui faisant oublier qu’on parle ici d’une infraction pénale, constituée par l’atteinte sexuelle sur mineur et figurant au Code pénal, et que ce qu’il nous décrit se résume tout simplement, eu égard à l’âge de la victime, à une relation sexuelle entre une adulte et une enfant. Gaëlle-Marie Zimmermann
Avec Robert Capa, Helmut Newton, Henri Cartier-Bresson ou Yann Arthus-Bertrand, David Hamilton est considéré comme l’un des dix photographes les plus importants de notre époque. Son style : le romantisme dans sa forme la plus poétique. Son sujet : de tendres jeunes filles à la peau diaphane, aux cheveux flous et au regard naïf, presque mélancolique. Son regard : celui d’un rêveur ému par la beauté féminine dans ce qu’elle a de plus naturel. Des années 1970 aux années 1990, il a photographié des centaines d’exquises naïades juste vêtues d’une tunique vaporeuse, le chignon piqué de fleurs et le rose aux joues, alanguies sur une chaise en osier… Il a eu un temps Emmanuelle Béart pour égérie et a récemment photographié la ravissante Mélanie Thierry. A force de rechercher un idéal féminin dans l’image évanescente d’une nymphe à la fois sensuelle et discrète, David Hamilton a créé un style à part entière. Et si on lui repiquait tout (ou presque) pour se faire un look d’égérie romantique à la mode des années 2010 ? Les esquimaux ont, dit-on, cent mots de vocabulaire pour dire toutes les nuances du blanc. David Hamilton n’a pas moins de façons de voir et de montrer cette non-couleur virginale qui incarne et sublime l’émotion. Tuniques blanches immaculées, caracos vaporeux en mousseline de soie, chemisiers en voile de coton, longs jupons en broderie anglaise… Portons-les à la Hamilton-attitude : boutonnières ouvertes, épaules découvertes, chemises XXL aux manches retroussées, portées en mini-robe d’été… Une des grandes passions d’Hamilton, c’est la danse… Et les danseuses! Mettons donc du tulle dans nos tenues : en jupon apparent ou en robe décalée, en bracelet home-made ou en headband. Et portons la ballerine avec des airs ingénus : en rose poudré, en beige vanille, couleur chair… Pourquoi pas avec de jolis rubans satinés à nouer autour de la cheville comme une ballerine un jour de ballet ? L’univers de David Hamilton, c’est aussi celui d’un érotisme faussement innocent qui joue sur tout ce qui se devine sans se montrer et se dévoile en faisant semblant de se cacher.  Passons au soutien-gorge triangle qui laisse les pointes de seins affleurer sous la toile du chemisier, laissons la bretelle du corsage glisser sur l’épaule et osons la mode dessous-dessus dont je vous ai récemment parlée. Jouons aussi le contraste avec de la lingerie de demoiselle sage et bien élevée : de vraies culottes en coton uni (les petit Bateau sont les plus jolies), des bas de laine qui montent à mi-cuisse, des sous-robes et des jupons semi-transparents… (…) Le look Hamilton, c’est aussi un maquillage anti-bling, tout en transparence et en délicatesse. Le make-up n’est là que pour recréer la coloration naturelle de la peau traversée par les sentiments et les sensations. Le teint est frais et clair comme celui d’une porcelaine. Les joues sont rosées au blush, comme après une balade à l’air pur. Les yeux sont nude, à peine éclairés par une seule couche de mascara recourbant transparent. Quant aux lèvres, elles sont simplement « mordues » avec un rouge à lèvres mat posé en couche extra-fine. Alors, aimez-vous le style tendrement romantique des nymphes baignées de brume de David Hamilton ? Yves Rocher
À ma connaissance, Tony Duvert n’a jamais été poursuivi ni condamné pour des actes de pédophilie. Il s’est contenté d’en écrire, d’en représenter. Et c’est déjà bien trop pour notre époque aux opinions criminalisées à l’envi. Ces derniers jours, j’ai encore pensé à Tony Duvert. À cause de l’information, tombée hier dans mes oreilles, que l’écrivain avait été officiellement privé de tombe et aussi de cette flambée de poudre autour d’un article de « Causette », reprenant des faits précédemment (et maladroitement) exposés dans « Le Nouvel Observateur ». L’histoire de cette prof qui – selon les pôles – aurait eu une relation amoureuse avec une élève ou se serait rendue coupable d’actes abjects et punis comme de juste par la loi. Deux choses m’attristent profondément dans cette énième « pédopolémique ». La première, c’est que je ressens encore un peu plus durement combien l’écoulement de nos pensées, de nos opinions, d’autant plus quand elles s’orientent vers des questions liées de près ou de loin à la sexualité, est désormais endigué par tous un tas de petits barrages. Des obstacles au flux qui sont non seulement moralisateurs (après tout, pourquoi pas), mais parfaitement hermétiques. Aucun contournement n’est possible : il y a les choses qui se pensent, qui se disent, et celles que le commun (dans son sens le plus neutre du « Qui appartient à un grand nombre ou à une majorité de personnes ou de choses ») jugent répugnantes, abjectes, intolérables et qui ne méritent que le silence. La non-existence. Ces espèces de limbes intellectuelles, où, au mieux, vos idées circuleront sous le manteau. Ici, on demandera à des journaux et des magazines de supprimer des articles, de s’excuser – ce qu’ils feront parfois, partiellement ou totalement –, même si, à la base, les articles en question n’étaient là que pour porter des faits à la connaissance d’un public. Les reports de faits présumés immondes, on en fait des idées et des opinions immondes. Le contenant devient le contenu et vice et versa. On a la gerbe, c’est impossible, intenable d’en débattre et si besoin on sortira la batte de base-ball. Le débat est fermé, verrouillé, on plante des petits sens interdits un peu partout et on le fait avec d’autant plus de vigueur, de conviction, de rage, qu’on est persuadé d’avoir le bon sens (le sens commun) avec soi. Et comment ne pas l’avoir quand un pédophile d’écriture subit le même sort post-mortem qu’un dictateur génocidaire ou qu’un chef terroriste responsable d’une des pires atrocités du XXIe siècle ? Une amie ayant vécu le passage entre les années « post-soixante-huitardes » et l’époque contemporaine me disait récemment combien le fonctionnement actuel de la censure la navrait. Que dans les années 1960, les choses étaient claires et les camps tracés : il y avait la censure d’État et les intellectuels (journalistes, artistes, etc.) qui faisaient tout pour la contourner, voire la combattre. Aujourd’hui, l’État ne censure quasiment plus rien, mais tout le monde est devenu le petit gardien de tout le monde. Il y a la peur des procès, la peur des vindictes et résultat: les têtes un tant soit peu remplies différemment évitent de déverser ce qu’elles ont à l’intérieur. Ou prennent d’énormes précautions, comme celles que je tente de prendre en écrivant ces lignes et qui me font, prosaïquement, énormément transpirer. (…) Je ne crois pas connaître de sentiment plus désagréable que celui-là, le catalogue de toutes les idées avortées pour cause de prohibition socialement majoritaire. Pour cause de confusion entre idées et faits, entre faits rapportés et faits recommandés. La seconde cause de mon abattement : pourquoi faudrait-il que la sexualité soit une activité jugée comme immédiatement et absolument nocive quand elle se déroule entre un adulte et un enfant ? que cette vision-là soit tellement généralisable et généralisée qu’elle ne souffre aucune exception, à part celles qui vous valent des volées d’insultes et autres bannissements dans le champ (si rassurant) du pathologique ? La pédophilie est illégale, je ne le remets pas en question. Le fondement de mon argument est assez simple. Il vient de mon passé de petite fille ayant connu bien avant la puberté cette sexualité-là. (…) Contrairement à d’autres, il n’y a aucune volonté de généralisation dans mes propos. Je ne dis pas : « Youpi, que tout le monde couche avec des gosses, ça leur fera le plus grand bien ! » Je dis juste ce que je m’évertue à dire, peu ou prou, depuis que je m’exprime sur ces sujets : la sexualité n’est pas un domaine du général, du commun, de l’obligatoire et de l’absolu. Elle est un terrain de diversité, de complexité et d’individualités. Et que des magazines, des journaux, et a fortiori des écrivains veuillent en rendre compte, c’est tout le mal que je leur souhaite. Peggy Sastre
Le témoignagede Flavie Flament entend lever un voile. L’animatrice de RTL indique « ne pas avoir été la seule victime » d’un photographe de mode « à l’aura mondiale ». Si elle refuse de citer son nom, elle livre dans son récit des indices qui sembleraient le désigner : celui-ci travaillerait au Cap d’Agde, offrirait aux gamines ou aux parents un Polaroid en récompense de leurs pauses. Dès dimanche soir, le nom de David Hamilton, âgé aujourd’hui de 83 ans, circulait sur les réseaux sociaux comme Twitter, puisqu’il a souvent confié lui-même avoir offert des Polaroid à ses modèles et les avoir recrutés sur la plage de cette station balnéaire de l’Hérault, à l’époque où ses albums se vendaient par dizaines, voire centaines de milliers. Comme « l’Age de l’innocence », dans lequel Flavie Flament, 13 ans à l’époque, apparaît en effet, au détour d’une page et d’un cliché, parmi de nombreuses jeunes ados, parfois très dénudées. Aujourd’hui, ce genre d’images ne passerait plus. « On ne peut plus prendre en photo une jeune fille. Il y a toujours la peur d’un scandale », nous confiait David Hamilton lui-même l’an dernier à l’occasion d’une exposition… sur des fleurs. (…) Pour autant, rien ne permet pour l’heure d’accuser un photographe plutôt qu’un autre. A l’époque, certains étaient peu regardants sur l’âge des modèles, voire sur certaines dérives. Les faits dénoncés par l’ancienne star de TF 1 remontent à 1987, mais ils rappellent l’affaire Polanski, le cinéaste et photographe accusé d’avoir violé une jeune fille de 13 ans, elle aussi lors d’une séance de prise de vue, en 1973. Ce dernier, poursuivi aux Etats-Unis d’où il s’est enfui, a fini par s’excuser auprès de sa victime, en 2011. Rattacher ces affaires à une période très permissive, où la nudité s’étalait bien davantage qu’aujourd’hui, tiendrait pourtant du raccourci. Au tout début des années 1980, la joueuse de tennis Isabelle Demongeot, alors âgé de 14 ans, a été victime de viols de la part de son entraîneur Régis de Camaret. Celui-ci a été condamné à dix ans de prison en 2014. A chaque fois, un point commun : un homme beaucoup plus âgé, puissant, connu, face à une très jeune femme. Le Parisien
Le travail de David Hamilton est controversé en Amérique du Nord et au Royaume-Uni, beaucoup moins en Europe continentale. À la fin des années 1990, les conservateurs chrétiens aux États-Unis s’en prirent aux librairies qui avaient en stock des albums de David Hamilton, Sally Mann, et Jock Sturges, dont ils considèrent le travail comme de la “pornographie enfantine”. Hamilton vit dans le sud de la France, à Saint-Tropez où il affirme que son travail n’a jamais suscité une telle réprobation. Wikipedia
If mere nudity in a child is equated with sexual exploitation, every mom or pop who ever snapped their kid in the bathtub or with diapers down is a pornographer. The new laws have already led to a number of arrests of parents who sent film of their children to photo labs. Bruce Taylor, president of the National Law Center for Children and Families, warns parents to  »be careful so that they avoid creating child porn. » If you must take pictures of your naked child, stick to  »the face, arms, legs, buttocks. I would not take a picture of the kid’s genitals. » Federal law makes it a serious felony to sell or possess  »lascivious » images of the genitals of anyone under 18. The ambiguity of this verbot is even more troubling than its sweeping nature. Just what the word lascivious means when it comes to children is all but impossible to say, since most people would deny having any sexual response to immature genitals–yet we’re supposed to know it when we see it. This morass of meaning threatens to criminalize an entire tradition in photography, from the 19th-century studies of bare boys at the swimming hole by Thomas Eakins, to the elegaic portraits of naked wraiths in laurel wreaths by Baron Von Gloden, to the Jazz Age images of frolicking lads by Imogen Cunningham and Edward Weston (who photographed the genitals of his own young son). Collectors of these works are now potentially guilty of possessing child pornography. Lest you think the threat is academic, consider the reaction of police in Oklahoma City who decided that the film The Tin Drum is contraband because it shows the sexual initiation of a 14-year-old boy. Cops knocked on doors to confiscate copies of the film, after obtaining the names of people who had rented it from Blockbuster. What a delicious irony that this issue should come to trial in a state like Tennessee, where the age of consent is only 13. But then, the South is the birthplace of the child pageant, and even in the age of JonBenet, that spectacle remains a rite of passage for many little girls. In this crinoline hothouse, it’s not childhood sexuality that rouses the righteous, but art that forces adults to confront the nature of their own desire. The Village Voice
It is no defence in law to say pictures of naked children are ‘artistic’. Whether Hamilton’s images are widely available or not, they are clearly unlawful. The fact he [Loam] has been convicted demonstrates they are not legal. Anyone who has David Hamilton’s books can be arrested for the possession of indecent photographs. We are liaising with the publishers of his books to explain this. DC Simon Ledger (Surrey Police)
David Hamilton – the photographer whose images hang in the US Library of Congress, Carnegie Hall and the Royal Danish Palace – has had his multi-million-selling images of young, naked women and girls officially branded as indecent in a landmark British ruling. Anyone owning one of his coffee-table books now risks being « arrested for possession of indecent photographs », following a ruling at Guildford Crown Court. The case revolves around Stanley Loam, a 49-year-old auditor from Walton on Thames, Surrey, who was charged with being in possession of 19,000 indecent images of children – the biggest ever haul by the county’s force. Loam claimed he had a genuine interest in artistic material, and that the images in his collection by Hamilton were freely available in books sold by websites run by WHSmith, Tesco, Waterstones and Amazon. Loam said he thought they were not indecent, but lost his defence. Hamilton’s photographs have long been at the forefront of the « is it art or pornography? » debate. Glenn Holland, spokesman for the 71-year-old photographer, who lives in St Tropez, said: « We are deeply saddened and disappointed by this, as David is one of the most successful art photographers the world has ever known. His books have sold millions. « We have known for some time that the law in Britain and the US – our two biggest markets – is becoming tighter each year. But the fact remains that the courts still have to decide on each case. » On Tuesday, WHSmith said it was withdrawing one of Hamilton’s books – The Age of Innocence – from sale on its website, following a discussion with London publishers, Aurum Press. The Guardian (23 June 2005)

Attention: un scandale peut en cacher un autre !

En ces temps étranges où, entre pièces, ballets ou opéras, le premier récit (ou tableau) de pédophilie venu voire de viol de petite fille devient chef d’oeuvre du siècle

Et à l’heure où l’on fustige, pour propos et actes déplacés, le seul candidat républicain

Alors qu’il est de notoriété publique que le principal soutien et conjoint de son adversaire a lui été coupable, entre accusations de viols ou de quasi-viols, de bien plus grave …

Et que la claque médiatique qui vient à point nommé de déterrer une affaire de micro volé de onze ans reconnait elle-même qu’elle efface quotidiennement bien pire à chacune des venues sur ses plateaux de la star du moment …

Pendant qu’en France une ancienne animatrice de télévision se voit contrainte au silence ..

Face au violeur en série supposé qui l’avait violé à l’âge de treize ans …

Et qui comme un certain Polanski et autre pédophile ou plus précisément hébéphile notoire que le Pays des droits de l’homme refuse d’extrader …

Coule dans ledit pays des jours heureux …

Qui rappelle le scandale continu …

Outre ces Rolling Stones, Bowie ou De Niro et Woodie Allen qu’oubliant leurs multiples Lorie Maddox on continue de fêter ou d’enterrer royalement …

Héritiers certes, de Carroll à Gauguin ou Malle et Allen ou Sally Mann, d’une longue tradition

De ces millions d’albums et de photos, sans parler des panoplies, vendus par les plus grands distributeurs de la planète et trônant sur nos tables de salon et dans nos bibliothèques ou s’exposant dans nos galeries …

Alors que, puritanisme anglosaxon oblige, la simple possession des plus problématiques de ses oeuvres peut vous envoyer en prison de l’autre côté de la Manche ?

Hamilton’s naked girl shots ruled ‘indecent’

Chris Warmoll

The Guardian

23 June 2005

In the article below, we say that the books of the photographer, David Hamilton, were declared indecent in a « landmark ruling » at Guildford crown court. This was not a landmark ruling. The defendant had pleaded guilty to specimen charges and this fact was accidentally edited from the original story.

David Hamilton – the photographer whose images hang in the US Library of Congress, Carnegie Hall and the Royal Danish Palace – has had his multi-million-selling images of young, naked women and girls officially branded as indecent in a landmark British ruling.

Anyone owning one of his coffee-table books now risks being « arrested for possession of indecent photographs », following a ruling at Guildford Crown Court.

The case revolves around Stanley Loam, a 49-year-old auditor from Walton on Thames, Surrey, who was charged with being in possession of 19,000 indecent images of children – the biggest ever haul by the county’s force. Loam claimed he had a genuine interest in artistic material, and that the images in his collection by Hamilton were freely available in books sold by websites run by WHSmith, Tesco, Waterstones and Amazon. Loam said he thought they were not indecent, but lost his defence.

Prosecutor Simon Connolly told the court that Loam’s home was raided as part of Operation Ore, after receiving a tip-off from the US Postal Investigation Service.

He argued that the images, including those by Hamilton, « are plainly indecent. The content cannot be described as artistic and is plainly of a sexual nature. » The court heard the images seized were of the lowest indecency rating – category 1.

Speaking after, DC Simon Ledger, of Surrey Police, said: « It is no defence in law to say pictures of naked children are ‘artistic’. » Whether Hamilton’s images are widely available or not, he suggested, they are clearly unlawful.

« The fact he [Loam] has been convicted demonstrates they are not legal. » He added: « Anyone who has David Hamilton’s books can be arrested for the possession of indecent photographs.

« We are liaising with the publishers of his books to explain this. »

Hamilton’s photographs have long been at the forefront of the « is it art or pornography? » debate. Glenn Holland, spokesman for the 71-year-old photographer, who lives in St Tropez, said: « We are deeply saddened and disappointed by this, as David is one of the most successful art photographers the world has ever known. His books have sold millions.

« We have known for some time that the law in Britain and the US – our two biggest markets – is becoming tighter each year. But the fact remains that the courts still have to decide on each case. »

On Tuesday, WHSmith said it was withdrawing one of Hamilton’s books – The Age of Innocence – from sale on its website, following a discussion with London publishers, Aurum Press.

Voir aussi:

Flavie Flament : « J’avais besoin de partager ce secret »

L’animatrice Flavie Flament révèle dans son livre, La Consolation, qu’à 13 ans, elle a été violée par un célèbre photographe dont elle doit pourtant encore taire le nom.

Pourquoi, dans votre récit, ne nommez-vous pas l’homme qui a failli détruire votre vie?
À cause du couperet de la prescription concernant ce type de crime. Aujourd’hui, cet homme est juridiquement hors d’atteinte. Cela n’en fait pas un innocent pour autant. Le bourreau est inattaquable, moi je vivrai avec ça jusqu’à la fin de mes jours. Et je ne suis pas la seule dans ce cas.

Pourquoi avoir attendu si longtemps pour publier cette histoire?
Il y a six ans, j’ai commencé à écrire pour moi. Garder un secret, c’est épuisant. Puis, je me suis rendu compte que j’avais besoin de partager. On écrit en silence, mais c’est la parole qui libère. C’est terrible de ne pas être entendue. À la lecture de ce récit, Grégoire Delacourt m’a écrit : « Merci pour tous ces enfants saccagés. » C’est pour eux que j’ai écrit.

«Je n’ai pas été la seule à tomber dans ses griffes. À propos de ces jeunes filles, il parlait d' »aller faire son marché ». »

Vous venez d’un milieu modeste. Est-ce que cela vous a rendue plus vulnérable, plus exposée auprès de votre prédateur?
Je n’ai pas été la seule à tomber dans ses griffes. À propos de ces jeunes filles, il parlait d' »aller faire son marché ». On savait qu’il avait une aura mondiale ; moi, je venais d’un petit village de Normandie dont le nom est à peine écrit sur les cartes de France. Par son âge (il avait alors une cinquantaine d’années) et sa notoriété, c’était donc une domination à double titre. Cet écart social lui donnait une grande force dont il a su user, à tel point qu’il payait ma mère avec un pauvre Polaroid. C’est pour cela que j’ai écrit : « Un viol = un Pola. » Quel mépris!

« Pendant des années, votre mémoire s’était nichée dans un endroit insoupçonné de votre corps »

Votre mère était donc complice de cette histoire. Sait-elle que vous avez écrit ce livre?
Elle est vivante. Mais je ne l’ai pas vue depuis très longtemps. Disons qu’on n’a plus de liens du tout. J’ai coupé les ponts avec tous ceux qui pouvaient m’empêcher de me consoler.

Pendant trente ans, vous avez vécu avec cette histoire. Pour survivre, vous dites avoir affiché un masque…
Oui, en psychiatrie, on parle de dissociation. Ça a commencé lors du viol. Votre corps s’abandonne mais votre esprit n’est plus là. Horrible. Quand votre mémoire se réveille, ça tient de la sorcellerie. Pendant des années, elle s’était nichée dans un endroit insoupçonné de votre corps. Quand ça remonte, c’est extraordinaire. Les souvenirs sont intacts, ce ne sont pas des galets qui ont été polis par la mer. C’est le propre de la mémoire traumatique. Ils reviennent avec la même violence que lorsque vous les avez vécus, mêmes sensations d’effroi, de sidération, d’abandon. Trente ans après, je me suis tout repris dans la gueule.

« J’ai une relation farouche à l’intimité »

Ce masque, c’est la jeune femme qu’on voyait à la télévision?
Oui, curieusement, cette dissociation m’a aidée à affronter les projecteurs. J’ai souvent dit que j’étais une vraie petite graine d’animatrice d’émissions de variétés sur TF1. Ça me permettait de donner le change. Et puis, j’avais le sentiment que cette popularité me réchauffait, ça me donnait l’illusion d’une consolation alors que je vivais très mal cette surexposition. Il y a six ans, j’ai décidé d’arrêter d’être cette fille parachutée sur des talons de 12 cm devant un écran de télé.

«J’ai coupé les ponts avec tous ceux qui pouvaient m’empêcher de me consoler.»

Vous n’avez cessé d’attaquer la presse people. Est-ce aussi une intrusion dans votre intimité?
Cela n’a bien évidemment rien à voir, ce n’est pas un viol. Mais mon passé a probablement exacerbé ma réaction. Durant dix ans, je n’ai pas passé une seule de mes vacances sans un téléobjectif braqué sur moi. C’est très violent d’avoir constamment dix types qui vous scrutent de la sorte. J’en souffrais à en chialer. C’était une effraction terrible de mon intimité. Ça m’a fait traverser de vrais moments de dépression. J’ai une relation farouche à l’intimité. Je ne suis pas sur les réseaux sociaux, je sors très peu et pendant longtemps je n’ai pas ouvert la porte de chez moi.

« Il n’y a rien de pire que de récupérer en héritage un chagrin non formulé »

Quels ont été les autres dommages collatéraux de ce viol par ce photographe? L’alcool?
Il est arrivé que je boive deux ou trois verres de vin lors d’attaques de panique. Boire, ça me permettait de ne plus souffrir, de ne plus savoir ; c’était comme une béquille mais jamais au point que ça devienne dangereux. Comme je me suis toujours méfiée des drogues, j’ai toujours tenu l’alcool à distance. Ce sont des stratégies d’évitement qui ne font qu’aggraver la situation. Et moi, je voulais m’en sortir.

Vos enfants sont-ils au courant de cette histoire?
Oui, tout comme l’homme qui partage ma vie. Antoine a 20 ans et Enzo 12 ans. C’est aussi pour eux que j’ai fait ce travail. Car il n’y a rien de pire que de récupérer en héritage un chagrin non formulé. Nos souffrances ne doivent pas justifier nos comportements.

D’où vient la photo de couverture de votre livre?
De cette époque. J’ai mis des années à ouvrir les cartons de photos. Déjà fermés, ils me faisaient peur, alors… C’est mon psy, le Docteur G., qui m’a encouragée à le faire. Celle-ci se trouvait entre une photo de première communion et une de rentrée scolaire. Je craignais de découvrir la vérité. Elle est là, sur cette photo, sur le visage de cette jeune fille qui ressemble à une enveloppe vide. Il n’y a personne derrière son regard, pas d’âme, pas de vie. Je n’ai pas de nostalgie pour cette époque, je n’ai pas connu la tendresse. Je me raccroche à un petit souffle qui vient de mon enfance. Il me reste des moments heureux, au fond de moi, que personne n’est parvenu à voler. Ce sont eux qui m’ont donné mes seuls émois amoureux.

La Consolation, Flavie Flament, JC Lattès, 256 p., 19 euros (en librairies mercredi)

Voir également:

Une époque où l’on faisait poser nues des ados

Yves Jaeglé

 Le Parisien
19 octobre 2016
Le témoignage de Flavie Flament entend lever un voile. L’animatrice de RTL indique « ne pas avoir été la seule victime » d’un photographe de mode « à l’aura mondiale ». Si elle refuse de citer son nom, elle livre dans son récit des indices qui sembleraient le désigner : celui-ci travaillerait au Cap d’Agde, offrirait aux gamines ou aux parents un Polaroid en récompense de leurs pauses. Dès dimanche soir, le nom de David Hamilton, âgé aujourd’hui de 83 ans, circulait sur les réseaux sociaux comme Twitter, puisqu’il a souvent confié lui-même avoir offert des Polaroid à ses modèles et les avoir recrutés sur la plage de cette station balnéaire de l’Hérault, à l’époque où ses albums se vendaient par dizaines, voire centaines de milliers.

Comme « l’Age de l’innocence », dans lequel Flavie Flament, 13 ans à l’époque, apparaît en effet, au détour d’une page et d’un cliché, parmi de nombreuses jeunes ados, parfois très dénudées. Aujourd’hui, ce genre d’images ne passerait plus. « On ne peut plus prendre en photo une jeune fille. Il y a toujours la peur d’un scandale », nous confiait David Hamilton lui-même l’an dernier à l’occasion d’une exposition… sur des fleurs. Aujourd’hui, le photographe, que nous avons contacté, déjà alerté que son nom était cité sur les réseaux sociaux, refuse de s’exprimer.

Pour autant, rien ne permet pour l’heure d’accuser un photographe plutôt qu’un autre. A l’époque, certains étaient peu regardants sur l’âge des modèles, voire sur certaines dérives.

Un sentiment de toute puissance

Les faits dénoncés par l’ancienne star de TF 1 remontent à 1987, mais ils rappellent l’affaire Polanski, le cinéaste et photographe accusé d’avoir violé une jeune fille de 13 ans, elle aussi lors d’une séance de prise de vue, en 1973. Ce dernier, poursuivi aux Etats-Unis d’où il s’est enfui, a fini par s’excuser auprès de sa victime, en 2011. Rattacher ces affaires à une période très permissive, où la nudité s’étalait bien davantage qu’aujourd’hui, tiendrait pourtant du raccourci. Au tout début des années 1980, la joueuse de tennis Isabelle Demongeot, alors âgé de 14 ans, a été victime de viols de la part de son entraîneur Régis de Camaret. Celui-ci a été condamné à dix ans de prison en 2014. A chaque fois, un point commun : un homme beaucoup plus âgé, puissant, connu, face à une très jeune femme.

Voir encore:

The Eye of the Beholder

March 10, 1998
 
About a dozen protesters paraded past the New York Stock Exchange last Friday morning urging brokers to  »sell Barnes & Noble stock. » They were following up on indictments against the nation’s largest bookseller handed down last week in Alabama and Tennessee. The charges involve stocking and improperly displaying two explicit photo books: Radiant Identities by Jock Sturges and The Age of Innocence by David Hamilton.
It might be possible to indict the antichrist in Alabama and Tennessee. But here on Wall Street, the protest against Barnes & Noble fell mostly on deaf ears, though several jaded traders asked for copies of the posters the demonstrators were carrying, perhaps for their private use. These collectables featured three  »examples of child pornography » that can be found at your local bookstore. One shot, by Sturges, showed two nude boys on a beach holding hands; another, by Sally Mann, featured a naked little girl cradled by a man; the third, by Hamilton, showed a young couple who looked to be well over the age of consent, the man hovering over the recumbent woman.

Explicit as these images might be, it was hard to think of them as obscene but for the thick black bars covering the boys’ hairless crotches, the girl’s baby breasts and pudendum, and the couple’s quite mature genitals. These dark swaths were meant to direct the imagination toward what it might not otherwise detect: danger and depravity.

Leading this protest was Randall Terry, the antichoice activist who recently agreed–after years of litigation–to stop his minions from blocking the entrances of abortion clinics. Eager to demonstrate that he cares about children even after they are born, Terry now vows to  »obliterate child pornography. » He is targeting Barnes & Noble because, as Terry told The New York Times,  »if Goliath falls, the whole earth trembles. » So far, Goliath refuses to cave. The only problem is keeping the contested books in stock, given the sudden demand.

Still, Terry must be consoled by the fact that bookstores are a more inviting target than abortion clincs. For one thing, they’re much easier to find; for another, you can often cop a latte prior to burning down the place. And now that Terry has a syndicated radio talk show, he can summon his army of God to storm Barnes & Noble branches all across America. In some places, the faithful are so appalled by what they see that they’re tearing the offending pages out of books. But they’ve been unable to get local prosecutors to join their jihad–until last week.

Now Terry is taking his crusade to the temple of the moneychangers. But just as he’s spieling to a Bloomberg reporter, some troublemaker interrupts.  »Do you find these pictures arousing? » the skeptic asks.

 »No, » Terry replies.  »They make me angry. »

 »So what’s the problem? » the cynic snaps.  »If they’re not arousing, how can they be pornography? »

Terry mutters something about his interrogator being  »morally bankrupt » before informing the Bloomberg reporter that his group has  »a little plan involving the board of directors » at Barnes & Noble. But the troublemaker keeps butting in.  »You better ban the Coppertone ad, » he taunts.

By now, the market is open and humming. Barnes & Noble’s stock will rise about a point today.

As for the three photographers accused by Terry of making child pornography, all have profited from the controversy. But only David Hamilton–who depends largely on the European market–seems unperturbed by his notoriety.  »It’s an Anglo-Saxon problem, » Hamilton told the Voice from his home in Paris.  »I suppose Barnes & Noble are crying all the way to the bank, but I have no idea. There’s not a word about it in the press over here. »

Sturges and Mann are far less insulated from the faithful’s wrath, and both chose not to stoke it further by commenting for this piece. Mann, whose portraits of her three children–often involving casual nudity–have been widely praised for their primal power, is working under the kind of inchoate threat few artists in this country have ever experienced. As veteran civil libertarian Edward de Grazia explained to one reporter,  »Any federal prosecutor anywhere in the country could bring a case against her in Virginia [where Mann lives], and not only seize her photos, her equipment, her Rolodexes, but also seize her children for psychiatric and physical examination. »

Sturges, who specializes in photographing the children of his  »naturist » friends, may be the most persecuted artist in America. After the FBI raided his San Francisco studio in 1990, confiscating photographs and equipment, Sturges spent $100,000 defending himself. A grand jury refused to indict him on child porn charges, but not before he had lost 40 pounds and reached the point of contemplating a leap from the Golden Gate Bridge.

To find his work obscene, Sturges told a reporter last week,  »you’d have to find Homo sapiens between one and 17 obscene, and I find that obscene. » Mann, too, maintains that sexuality–in the coital sense adults understand it–is not what her children project in their portraits. But such assurances don’t determine what the eye of beholder sees.

 »Unholy! » the Middle Tennessee Coalition for the Protection of Children and Families calls this work. Of course, the law presumes to operate on a less consecrated plane. Barnes & Noble is charged with violating Tennessee Statute 39-17-1004, otherwise known as  »aggravated sexual exploitation of a minor. » No doubt this would astonish Sturges and Hamilton, who say they are scrupulous about obtaining parental consent. Sturges even asks his subject’s permission whenever he exhibits an image.

Of course, jurors may conclude that these subjects are incapable of giving consent. Yet if mere nudity in a child is equated with sexual exploitation, every mom or pop who ever snapped their kid in the bathtub or with diapers down is a pornographer. The new laws have already led to a number of arrests of parents who sent film of their children to photo labs. Bruce Taylor, president of the National Law Center for Children and Families, warns parents to  »be careful so that they avoid creating child porn. » If you must take pictures of your naked child, stick to  »the face, arms, legs, buttocks. I would not take a picture of the kid’s genitals. »

Federal law makes it a serious felony to sell or possess  »lascivious » images of the genitals of anyone under 18. The ambiguity of this verbot is even more troubling than its sweeping nature. Just what the word lascivious means when it comes to children is all but impossible to say, since most people would deny having any sexual response to immature genitals–yet we’re supposed to know it when we see it.

This morass of meaning threatens to criminalize an entire tradition in photography, from the 19th-century studies of bare boys at the swimming hole by Thomas Eakins, to the elegaic portraits of naked wraiths in laurel wreaths by Baron Von Gloden, to the Jazz Age images of frolicking lads by Imogen Cunningham and Edward Weston (who photographed the genitals of his own young son). Collectors of these works are now potentially guilty of possessing child pornography. Lest you think the threat is academic, consider the reaction of police in Oklahoma City who decided that the film The Tin Drum is contraband because it shows the sexual initiation of a 14-year-old boy. Cops knocked on doors to confiscate copies of the film, after obtaining the names of people who had rented it from Blockbuster.

What a delicious irony that this issue should come to trial in a state like Tennessee, where the age of consent is only 13. But then, the South is the birthplace of the child pageant, and even in the age of JonBenet, that spectacle remains a rite of passage for many little girls. In this crinoline hothouse, it’s not childhood sexuality that rouses the righteous, but art that forces adults to confront the nature of their own desire.

 »It’s erotic, there’s no question about it, » says David Hamilton.  »That’s my job. » His oeuvre includes everything from Venice to flowers, but as he freely admits,  »My theme is young girls. »

Hamilton’s Web site (www.hamilton-archives.com) offers ruminations on the difference between erotica and pornography. It all comes down to  »good taste »–that and a gauzy lens, a penchant for posing models with flowers in their hair, and a Bartlett’s worth of poetic epigrams. His sensitivity to context–or perhaps an instinct for self-preservation–inspired Hamilton to demand that the Voice crop the picture from his book that appears on the cover of this issue.  »It’s obviously erotic, » he explained,  »so let’s not push it. »

Knowing precisely how to push a certain button is the essence of Hamilton’s art. Everything about his work evokes the arcadian world of pre-Playboy stroke books, from the pastel settings to a text that speaks of  »the essence of virginity; the locked door behind which the young girl keeps the very best of herself: her wonderful daydreams and her eternal search for the perfect male. » With such pretensions, no wonder Hamilton has little modesty about his place in nymphet history.  »There’s only three of us in this business, » he proclaims.  »Nabokov penned it, Balthus painted it, and I photographed it. »

To understand how far Hamilton’s aesthetic is from Mann’s, consider what she has written about her children in her book Immediate Family:  »Their strength and confidence, there to be seen in their eyes, are compelling–for nothing is so seductive as a gift casually possessed. » That Terry can tar these utterly different artists with the same black bar suggests that something more fundamental than a desire to protect children is at work.

What these photographs produce is a complex of emotions that well up from below the surface of arousal. Is it empathy, memory, shame, or lust? The closer these images come to the brink of puberty, the more difficult the question becomes, for what they reveal is the distinction between a moral concept like the age of consent and the boundless contours of desire. Art has the power to rip away the veil of denial, baring the full, forbidden face of what we feel.

Not that these photographers share a common strategy. Hamilton soothes as he arouses, marshaling the cliches of innocence to shield the psyche from any guilt, not to mention awareness. Sturges opts for a starker texture and a more intimate regard, skirting what one critic rightly calls a  »vapid prettiness. » As for Mann, the power of her pictures lies in their radical tangibility. Her children are flesh, blood, and will; if that seems sexual, the artist dares you to accept responsibility.

As the novelist Kathryn Harrison, no stranger to child abuse, put it in a review of one Mann collection,  »The viewer’s distress is central to the power of the work. » Indeed, the viewer’s distress is proof that what keeps many adults from molesting children is not repression but morality. Any picture that produces this sort of insight has redeeming social value.

Research: Nita Rao and Sonja Ryst

Voir par ailleurs:

David Hamil­ton: l’homme qui aimait les jeunes filles en fleurs

Gala a rencon­tré le photo­graphe britan­nique

Sarah Merlino
26 mai 2015

David Hamil­ton photo­gra­phiait ses modèles, souvent dénu­dés, dans un flou artis­tique unique. A 82 ans, l’icône des années 70 revient sur le devant de la scène. Rencontre précieuse.

« J’ai beau­coup de pres­tige, malheu­reu­se­ment, ça ne paie pas », recon­naît David Hamil­ton, tout sourires, le lende­main de son quatre-vingt-deuxième anni­ver­saire. Vêtu d’un costume de Savile Row qu’il possède depuis plusieurs décen­nies, de chaus­sures John Lobb impec­cables, le photo­graphe mondia­le­ment connu pour ses photos de jeunes filles nues est un dandy. Mais désar­genté. Sa montre, type Cartier années trente, ne fonc­tionne même pas. « Je n’ai jamais eu de bon agent, ni une bonne gale­rie… Il y a un tel écart entre mon nom et ma cote! « , se désole l’ar­tiste dont les œuvres ont pour­tant inondé les salons des parti­cu­liers dans les années soixante-dix et quatre-vingt.  »J’ai vendu 40 livres, deux millions d’exem­plaires! « , reven­dique-t-il, toujours un sourire aux lèvres. Sans doute songe-t-il à toutes ces femmes qu’il a rencon­trées et photo­gra­phiées.

Parmi les centaines de blondes, il ne saurait en citer une plutôt qu’une autre, si ce n’est sa première compagne, Mona, et son unique épouse, Gertrude, les seules avec lesquelles il ait gardé contact. Son union aura duré seize ans. Pas d’en­fants,  »C’est trop de respon­sa­bi­li­tés. Mais je ne me sens pas seul: j’ai des milliers d’en­fants! « , dit-il en montrant ses clichés. Gertrude, de plus de trente ans sa cadette, a depuis refait sa vie à New York. Les autres modèles sont rentrées chez elles, en Suède, en Hollande, en Alle­magne ou tous les pays nordiques  »où je faisais mon marché », soutient le photo­graphe sans rougir. À l’époque, David trouve aussi ses jeunes filles sur les plages nudistes du Cap d’Agde. Avec l’ac­cord de leurs parents, elles partent au bout du monde avec la star des objec­tifs: « Elles reve­naient avec un Pola­roid »… et tout le monde était content.

Le photo­graphe couchait-il avec elles? « Ce n’est pas le sujet », balaie-t-il d’un revers de la main en perdant son sourire, « le scan­dale ne m’in­té­resse pas ». Pas de scan­dale, donc, mais de beaux souve­nirs. Le play­boy mondain sort son album de photos person­nelles et montre, entre les nombreuses femmes nues, palma­rès de chas­seur, les grands noms croi­sés au cours de sa vie:Jack Nichol­son, Mick Jagger, Tony Curtis, Helmut Berger, Terence Stamp, Rudolph Noureev, Douglas Fair­banks, Pier Paolo Paso­lini. C’était l’époque folle où, comme le photo­graphe Jean­loup Sieff, il roulait en Aston Martin (« J’en ai eu quatre dont la DB5, la première de James Bond »). Frime ou raffi­ne­ment? Cathe­rine Breillat, la scéna­riste de son premier long-métrage, Bili­tis (avec Bernard Girau­deau), défend Hamil­ton: « Il n’est pas préten­tieux, ni m’as-tu-vu, c’est quelqu’un de très bien. Il travaille comme un peintre, replié sur lui-même. » Pour Macha Méril, qui a joué dans Tendres cousines, son troi­sième film, en 1980, David possé­dait à l’époque « un énorme ego, mais à juste titre. Un artiste doit en avoir un. Et lui, très seul, très isolé, devait déve­lop­per cela pour conti­nuer son travail ».

Hamil­ton, il est vrai, s’est voué à son art: « Je vis dans mes archives. » Chez lui, dans le quar­tier de Mont­par­nasse à Paris l’hi­ver, ou à Rama­tuelle l’été, dans sa maison du XIIe siècle située dans les remparts de la ville, l’An­glais prépare encore des publi­ca­tions, à la recherche d’une bonne maison d’édi­tion. Et caresse l’idée d’une fonda­tion pour léguer son œuvre. Des nus, bien sûr, mais aussi des natures mortes, des paysages et des portraits. En fouillant dans les multiples images, seuls deux « très beaux garçons » appa­raissent, notam­ment pour des cata­logues publi­ci­taires. « Le premier, c’était mon mari, François. La photo a fait la une de L’Ex­press à l’époque », raconte Cathe­rine Breillat. Puis, il y a eu Pierre, devenu acteur à Los Angeles: « On faisait de très beaux voyages, avec des filles superbes », se rappelle le mannequin, aujourd’­hui septua­gé­naire.

Les jeunes filles, à peine sorties de l’en­fance, posaient vêtues de fripes ache­tées par David lui-même aux puces. Surtout des culottes en coton. Sans maquillage, sans acces­soire, sans filtre et sans retouche, Hamil­ton captu­rait « l’in­no­cence, avant que les filles ne deviennent sérieuses ». Son secret de fabri­ca­tion ? Il ne nous le donnera pas, réfu­tant simple­ment la légende du bas résille ou de la vase­line sur l’objec­tif. Il dit n’être qu’un amateur, incom­pé­tent en matière tech­nique mais à l’œil aiguisé. Un regard façonné par des études d’ar­chi­tecte (non vali­dées par un diplôme) et des postes de direc­teur artis­tique dans de grands maga­zines, dont Elle.

Aucun héri­tage fami­lial. Fils unique d’une mère au foyer et d’un père qu’il n’a jamais connu, élevé à la campagne par une famille de lords pendant la Seconde Guerre mondiale (‘des années merveilleuses’), trop éloi­gné de ses jeunes demi-sœurs, l’homme ne devine pas d’où lui vient son talent. Si ce n’est de son quar­tier de nais­sance, à Londres, où ont vécu Char­lie Chaplin et Charles Dickens. Son prénom égale­ment, « Léonardo David. Je suis né le même jour que Léonard de Vinci et comme lui, je suis gaucher ». Tout simple­ment. Ce passionné d’his­toire (la Grèce, Rome et la Renais­sance) connaî­tra-t-il le même destin que le génial inven­teur italien? « Je ne suis pas un visage, je suis un nom », aime-t-il décla­rer. Il n’a pour­tant ni été anobli par la reine d’An­gle­terre ni fait cheva­lier des Arts et des Lettres. « Comme tous les Anglais bons à rien, je suis à Saint-Tropez!  », sourit-il, notam­ment au Club 55, sa cantine. Et Bardot, c’est une amie ? « Je ne la connais pas. Elle n’est pas mon genre. » Son genre n’est pas non plus celui de la belle brune dont la photo appa­raît dans le diapo­rama de la gale­rie de l’Hô­tel Scribe, à Paris (jusqu’au 14 juin). « C’est une commande d’une comtesse italien­ne… Vous savez, toutes les femmes me demandent une photo nue à la fin de la séance », soupire l’ar­tiste, préfé­rant ‘l’har­mo­nie’ des nymphes pubères, blondes, les yeux écar­tés, au long cou, au front haut et aux ‘belles propor­tions’. Jamais souriantes (« Le sourire, c’est bon pour les photos de vacances »), belles (très belles) et jeunes. Très jeunes.  »Les fémi­nistes m’ont toujours laissé tranquille. Et mon travail n’a rien à voir avec la vulga­rité de notre époque actuelle », se défend-il. Oui, les temps ont changé. L’époque où Nina Ricci lui deman­dait une photo par an pour illus­trer ses campagnes de publi­cité est défi­ni­ti­ve­ment révo­lue. Hamil­ton, un cigare Parta­gas à la main et une prune dans son verre, n’a pour­tant aucun regret: « J’ai eu une vie de rêve. »

Voir aussi:

Le blanc dans ses mille et une nuances

Les esquimaux ont, dit-on, cent mots de vocabulaire pour dire toutes les nuances du blanc. David Hamilton n’a pas moins de façons de voir et de montrer cette non-couleur virginale qui incarne et sublime l’émotion. Tuniques blanches immaculées, caracos vaporeux en mousseline de soie, chemisiers en voile de coton, longs jupons en broderie anglaise… Portons-les à la Hamilton-attitude : boutonnières ouvertes, épaules découvertes, chemises XXL aux manches retroussées, portées en mini-robe d’été…

Des attributs de danseuse

Une des grandes passions d’Hamilton, c’est la danse… Et les danseuses! Mettons donc du tulle dans nos tenues : en jupon apparent ou en robe décalée, en bracelet home-made ou en headband. Et portons la ballerine avec des airs ingénus : en rose poudré, en beige vanille, couleur chair… Pourquoi pas avec de jolis rubans satinés à nouer autour de la cheville comme une ballerine un jour de ballet ?

Des sous-vêtements (faussement) innocents

L’univers de David Hamilton, c’est aussi celui d’un érotisme faussement innocent qui joue sur tout ce qui se devine sans se montrer et se dévoile en faisant semblant de se cacher.

Passons au soutien-gorge triangle qui laisse les pointes de seins affleurer sous la toile du chemisier, laissons la bretelle du corsage glisser sur l’épaule et osons la mode dessous-dessus dont je vous ai récemment parlée. Jouons aussi le contraste avec de la lingerie de demoiselle sage et bien élevée : de vraies culottes en coton uni (les petit Bateau sont les plus jolies), des bas de laine qui montent à mi-cuisse, des sous-robes et des jupons semi-transparents…

Des chignons flous et des bijoux de cheveux

Pour se faire une coiffure romantique, on commence par flouter sa chevelure. Pour cela, on essore ses cheveux tête en bas, on vaporise les racines de spray coiffant pour les décoller puis on sèche en froissant les longueurs. Pour un chignon vaporeux : on fait une queue de cheval lâche sur la nuque, on crêpe légèrement les longueurs avant de les ramasser en chignon brouillon à l’aide d’une pince ou deux. On finit en piquant des pâquerettes ou des bijoux de cheveux : fleurs en tissus, fin diadème, headband en perles, mini-tresses postiches…

Un maquillage de néréide

Le look Hamilton, c’est aussi un maquillage anti-bling, tout en transparence et en délicatesse. Le make-up n’est là que pour recréer la coloration naturelle de la peau traversée par les sentiments et les sensations. Le teint est frais et clair comme celui d’une porcelaine. Les joues sont rosées au blush, comme après une balade à l’air pur. Les yeux sont nude, à peine éclairés par une seule couche de mascara recourbant transparent. Quant aux lèvres, elles sont simplement « mordues » avec un rouge à lèvres mat posé en couche extra-fine.

Alors, aimez-vous le style tendrement romantique des nymphes baignées de brume de David Hamilton ?

Voir de même:

Stars de la télé, ex-député… l’Angleterre face à ses pédophiles « VIP »

Plusieurs affaires d’abus sexuels sur enfants mettent en cause d’ex-stars de la télévision, d’anciens parlementaires. La police et les plus hautes autorités sont soupçonnées d’avoir longtemps fermé les yeux.

L’Obs

07 septembre 2014

Il n’y a pas si longtemps encore, quand leurs enfants n’étaient pas sages, les parents de Rochdale, morne ville industrielle du nord-ouest de l’Angleterre, les menaçaient d’une visite chez « Big Cyril ». Le Gros, Cyril Smith de son vrai nom, n’était pas un ogre de légende mais le député local, une figure du Parti libéral, un colosse de 185 kilos – qui avait siégé pendant deux décennies sur les bancs de la Chambre des Communes. L’une de ses activités favorites consistait à écumer les foyers d’enfants défavorisés de sa circonscription.

Au fil des années, près de 144 plaintes ont été déposées contre lui, toutes classées sans suite, malgré les photos pédopornographiques retrouvées dans le coffre de sa voiture. Cyril Smith est mort en 2010, sans jamais avoir été inquiété par la justice.

Il a fallu qu’il soit six pieds sous terre pour que la police du Grand Manchester reconnaisse que des preuves « accablantes » existaient bien contre lui, et qu’il aurait dû être arrêté quarante ans plus tôt. Nick Clegg, le chef des libéraux démocrates (successeurs du Parti libéral) qui avait prononcé l’éloge funèbre de « Big Cyril », il y a quatre ans, se dit aujourd’hui « horrifié ». Et pour cause, il ne fait pas bon avoir été l’ami de Cyril Smith. Il est l’un des principaux protagonistes des affaires de pédophilie qui, ces derniers mois, refluent en Grande-Bretagne. Comme si un gigantesque égout était en train de déborder…

Y a-t-il quelque chose de pourri au royaume de Sa Majesté ? La semaine dernière, alors que feu « Big Cyril » était encore dans toutes les têtes, un nouveau scandale a fait la une des journaux : selon l’enquête menée par une inspectrice des Affaires sociales, 1.400 enfants ont été victimes d’exploitation sexuelle entre 1997 et 2013 à Rotherham, dans le comté du Yorkshire…Tous les jours, d’autres histoires, moins tentaculaires mais tout aussi sordides, alimentent ce que « Private Eye » (l’équivalent anglais du « Canard enchaîné ») appelle la « chaîne info pédophile 24h/24 ».

Même le palais de Buckingham – où un ancien aide personnel du duc d’Edimbourg est soupçonné d’avoir commis un attentat à la pudeur sur une fillette de 12 ans – n’est pas épargné. La vague de scandales, qui atteint aujourd’hui la classe politique et les plus hautes autorités de l’Etat, semble vouloir tout renverser sur son passage. Aucune institution n’est à l’abri.

« Le plus grand prédateur sexuel de tous les temps »

C’est d’abord le monde du showbiz qui a été submergé. Les stupéfiantes révélations sur Jimmy Savile, le présentateur vedette de la BBC, mort impuni en 2011, et qualifié depuis de « plus grand prédateur sexuel de tous les temps » (l’âge de ses victimes allait de 5 à 75 ans, et il ne se passe pas une semaine sans que l’on mette à son actif de nouvelles monstruosités) ont tétanisé l’Angleterre.

Elles ont aussi préparé les Britanniques à envisager l’impensable : l’existence d’un influent réseau, au sein même du Parlement de Westminster et du gouvernement, qui, dans les années 1980 et 1990, aurait intrigué dans l’ombre pour couvrir ce que les tabloïds appellent désormais « les VIP pédophiles ». Jimmy Savile, Cyril Smith (les deux se connaissaient) mais aussi d’autres personnalités dont les noms circulent sous le manteau ont-ils bénéficié de protections ? Des ex-ministres des gouvernements Thatcher ont-ils participé à cette omerta ?

Ce n’est pas seulement un mauvais roman destiné à vendre du papier. Les journaux les plus sérieux s’interrogent et enquêtent. Des députés d’opposition ont interpellé le Premier ministre David Cameron à la Chambre des Communes. Même l’un des plus grands barons de l’ère Thatcher, l’ancien président du Parti conservateur Norman Tebbit, a confié son trouble lorsqu’en plein mois de juillet le ministère de l’Intérieur a annoncé qu’une centaine de documents liés à des abus sur enfants – commis, entre autres, par Cyril Smith avaient disparu des archives.

Il pourrait s’agir d’une opération de camouflage, a dit Tebbit. A une époque, la majorité des gens estimaient qu’il était plus important de protéger le système que d’aller fouiller trop loin. »

A ce jour, le Home Office n’a toujours pas expliqué comment ces documents ont pu se perdre dans les méandres de son administration. C’est d’autant plus ennuyeux que ces pièces auraient permis d’arrêter Smith dès le début des années 1980. Du moins si l’on en croit certains témoins qui les ont vues avant qu’elles ne s’évaporent dans la nature.

Impunité

L’auteur de ces documents ? Un certain Geoffrey Dickens, ex-député conservateur aujourd’hui décédé et militant de la protection de l’enfance. En 1983, il aurait consigné noir sur blanc – dans un rapport officiellement transmis au ministre de l’Intérieur, sir Leon Brittan (futur commissaire européen) – les méfaits de Cyril Smith mais aussi ceux de sept autres parlementaires. Tous fréquentaient Elm Guest House, une maison de rendez-vous du sud-ouest de Londres, où des jeunes hommes prostitués étaient livrés par chauffeur pour des parties fines.

Dickens aurait aussi évoqué dans son rapport les agissements du Paedophile Information Exchange (PIE), un lobby qui oeuvrait, dans les années 1970, pour la légalisation des rapports sexuels entre mineurs et adultes. L’un de ses fondateurs, Peter Righton, avait été chargé par le gouvernement d’une étude sur la réorganisation… des foyers pour enfants. Pour mener son audit, Righton visitait très régulièrement ces foyers partout dans le pays. Notamment à Rochdale, sur les terres de Cyril Smith.

Smith et Righton sont morts tranquillement dans leurs lits sans même avoir été interrogés (le deuxième a été cependant verbalisé en 1992, pour possession d’images pédophiles). Pourquoi une telle impunité ? Des enquêtes ont-elles été étouffées pour éviter l’opprobre à certains membres de l’establishment ? Cette idée s’installe évidemment jour après jour dans l’opinion britannique. Thatcher était au courant des abus sur les enfants, affirment les tabloïds, partis à la chasse aux témoignages (« J’ai fourni des garçons prostitués très jeunes à des ministres conservateurs »). Difficile dans cet emballement de faire la part des fantasmes que génère toujours ce type de scandales, surtout quand ils concernent des « notables », et la réalité.

Déni

Il y a un paradoxe de toute cette histoire. Malgré sa presse réputée si pugnace, sinon carrément « trash », l’Angleterre semble avoir vécu, pendant trente ans, dans une forme de déni. Est-ce parce que la maltraitance des enfants reste un sujet tabou outre-Manche ? Parce que – comme l’expliquent certains responsables d’associations – l’élite du pays a été formée dans des pensionnats, où les sévices corporels et sexuels étaient monnaie courante, et que cette élite aurait tendance à reproduire ces abus d’une génération à l’autre ou du moins à les excuser ?

Ce qui s’est passé en Grande-Bretagne est bien plus qu’un complot, affirme l’écrivain et éditorialiste Laurie Penny, du magazine « The New Statesman ». C’est une culture de complicité, qui traverse toutes les grandes institutions de la vie publique, des médias aux organisations caritatives, des écoles aux foyers pour enfants défavorisés… Ce scandale révèle dans toute sa crudité comment la société britannique se définit. Ce qui lie tous ces prédateurs sexuels sur mineurs, qu’ils soient seulement accusés ou condamnés, c’est leur puissance, leur accès facilité aux enfants, et leur certitude que leur réputation les mettrait à l’abri de toute poursuite… Très souvent, les enquêtes lancées par les autorités concernées étaient délibérément détournées. »

Jimmy Savile, rappelle l’éditorialiste, était un ami proche de Margaret Thatcher.

Jimmy Savile. Pour comprendre ce qui se passe aujourd’hui en Grande-Bretagne, c’est encore à lui qu’il faut revenir. Sa chute (posthume) a été le catalyseur et aussi, en partie, le fil rouge de toutes les affaires qui ressortent aujourd’hui. Jimmy Savile était plus qu’une star de la télévision. Pendant des décennies, il fut l’une des figures les plus aimées du Royaume-Uni. La quintessence de l’excentricité so British. Avec son éternel cigare en bouche, son jogging lamé, ses longs cheveux blonds et ses lunettes rouges, il a animé pendant des années « Top of the Pops », l’émission de hit-parades de la BBC. Son look destroy ne l’empêchait pas de réveillonner avec « Maggie », dont il était un intime. Quand il n’était pas sous les sunlights, il collectait des fonds pour des causes humanitaires. Ce qui lui avait valu d’être décoré par la reine. En 1988, le ministère de la Santé l’avait même désigné comme chef d’un groupe de travail sur la prison-hôpital de Broadmoor.

450 victimes identifiées

Quand il est mort en 2011, à l’âge de 84 ans, tout le pays lui a rendu hommage. Un an plus tard pourtant, un documentaire diffusé sur la chaîne privée ITV (rivale de la BBC) déchirait le voile et laissait entrevoir le vrai visage de « Jimmy ». Celui d’un homme qui avait commis des viols et des abus sexuels à répétition. Aussitôt la police fut submergée d’appels et de témoignages. Aujourd’hui, Scotland Yard a identifié 450 victimes (la première agressée en 1955, la dernière en 2009). Des enfants, filles ou garçons, des groupies qui se bousculaient dans les studios de la BBC, des personnes âgées, des malades, des internés dans des asiles psychiatriques.

Savile profitait de ses activités caritatives pour « chasser » dans les maisons de retraite, les hôpitaux, les foyers pour mineurs, et même les morgues. Cet été, les enquêteurs ont découvert sa passion pour les cadavres, qu’il se targuait d’aller régulièrement « honorer ». Last but not least, Jimmy Savile était lié à Cyril Smith, qui était même venu pousser la chansonnette dans l’un de ses shows télévisés.

Le choc pour les Anglais n’a pas été seulement de découvrir la face hideuse de celui qui agrémentait depuis si longtemps leurs soirées télé, mais aussi d’apprendre que, depuis un demi-siècle, près de 250 plaintes avaient été déposées contre lui, auprès d’une trentaine de services de police à travers le pays, et qu’elles étaient toutes restées lettre morte. Comme pour Cyril Smith. Depuis, la police a essayé de se rattraper. La diffusion du documentaire a provoqué l’ouverture d’une enquête baptisée « Operation Yewtree » (« Opération If », comme l’arbre) sur Savile et sur plusieurs célébrités, toutes septuagénaires, voire octogénaires.

Présentateurs télé, ex-chanteur de rock, gourou de la com…

Plusieurs d’entre elles viennent d’être condamnées : Stuart Hall, présentateur des Jeux sans Frontières britanniques, Gary Glitter, ex-chanteur de rock, Max Clifford, agent des stars (Sinatra, Joe Cocker, Mohamed Ali, Marlon Brando), gourou de la com et informateur de tabloïds, Rolf Harris, chansonnier, présentateur d’émissions pour enfants, artiste-peintre (on lui doit l’un des plus célèbres portraits de la reine, pour qui il avait aussi chanté en solo, à Buckingham Palace). En 1985, le même Harris apparaissait sur une vidéo, dans le cadre d’une campagne contre les abus sexuels, au milieu de bambins qui fredonnaient en choeur :

Mon corps m’appartient de la tête aux orteils, laisse-le tranquille si tu m’entends dire non. »

Il vient d’être condamné à cinq ans et neuf mois de prison pour « attentat à la pudeur » sur quatre jeunes filles – dont la meilleure amie de sa fille alors qu’elle n’avait que 13 ans.

Il n’y a pas si longtemps encore, quand leurs enfants n’étaient pas sages, les parents de Rochdale, morne ville industrielle du nord-ouest de l’Angleterre, les menaçaient d’une visite chez « Big Cyril ». Le Gros, Cyril Smith de son vrai nom, n’était pas un ogre de légende mais le député local, une figure du Parti libéral, un colosse de 185 kilos – qui avait siégé pendant deux décennies sur les bancs de la Chambre des Communes. L’une de ses activités favorites consistait à écumer les foyers d’enfants défavorisés de sa circonscription.

Au fil des années, près de 144 plaintes ont été déposées contre lui, toutes classées sans suite, malgré les photos pédopornographiques retrouvées dans le coffre de sa voiture. Cyril Smith est mort en 2010, sans jamais avoir été inquiété par la justice.

Il a fallu qu’il soit six pieds sous terre pour que la police du Grand Manchester reconnaisse que des preuves « accablantes » existaient bien contre lui, et qu’il aurait dû être arrêté quarante ans plus tôt. Nick Clegg, le chef des libéraux démocrates (successeurs du Parti libéral) qui avait prononcé l’éloge funèbre de « Big Cyril », il y a quatre ans, se dit aujourd’hui « horrifié ». Et pour cause, il ne fait pas bon avoir été l’ami de Cyril Smith. Il est l’un des principaux protagonistes des affaires de pédophilie qui, ces derniers mois, refluent en Grande-Bretagne. Comme si un gigantesque égout était en train de déborder…

Y a-t-il quelque chose de pourri au royaume de Sa Majesté ? La semaine dernière, alors que feu « Big Cyril » était encore dans toutes les têtes, un nouveau scandale a fait la une des journaux : selon l’enquête menée par une inspectrice des Affaires sociales, 1.400 enfants ont été victimes d’exploitation sexuelle entre 1997 et 2013 à Rotherham, dans le comté du Yorkshire…Tous les jours, d’autres histoires, moins tentaculaires mais tout aussi sordides, alimentent ce que « Private Eye » (l’équivalent anglais du « Canard enchaîné ») appelle la « chaîne info pédophile 24h/24 ».

Même le palais de Buckingham – où un ancien aide personnel du duc d’Edimbourg est soupçonné d’avoir commis un attentat à la pudeur sur une fillette de 12 ans – n’est pas épargné. La vague de scandales, qui atteint aujourd’hui la classe politique et les plus hautes autorités de l’Etat, semble vouloir tout renverser sur son passage. Aucune institution n’est à l’abri.

« Le plus grand prédateur sexuel de tous les temps »

C’est d’abord le monde du showbiz qui a été submergé. Les stupéfiantes révélations sur Jimmy Savile, le présentateur vedette de la BBC, mort impuni en 2011, et qualifié depuis de « plus grand prédateur sexuel de tous les temps » (l’âge de ses victimes allait de 5 à 75 ans, et il ne se passe pas une semaine sans que l’on mette à son actif de nouvelles monstruosités) ont tétanisé l’Angleterre.

Elles ont aussi préparé les Britanniques à envisager l’impensable : l’existence d’un influent réseau, au sein même du Parlement de Westminster et du gouvernement, qui, dans les années 1980 et 1990, aurait intrigué dans l’ombre pour couvrir ce que les tabloïds appellent désormais « les VIP pédophiles ». Jimmy Savile, Cyril Smith (les deux se connaissaient) mais aussi d’autres personnalités dont les noms circulent sous le manteau ont-ils bénéficié de protections ? Des ex-ministres des gouvernements Thatcher ont-ils participé à cette omerta ?

Ce n’est pas seulement un mauvais roman destiné à vendre du papier. Les journaux les plus sérieux s’interrogent et enquêtent. Des députés d’opposition ont interpellé le Premier ministre David Cameron à la Chambre des Communes. Même l’un des plus grands barons de l’ère Thatcher, l’ancien président du Parti conservateur Norman Tebbit, a confié son trouble lorsqu’en plein mois de juillet le ministère de l’Intérieur a annoncé qu’une centaine de documents liés à des abus sur enfants – commis, entre autres, par Cyril Smith avaient disparu des archives.

Il pourrait s’agir d’une opération de camouflage, a dit Tebbit. A une époque, la majorité des gens estimaient qu’il était plus important de protéger le système que d’aller fouiller trop loin. »

A ce jour, le Home Office n’a toujours pas expliqué comment ces documents ont pu se perdre dans les méandres de son administration. C’est d’autant plus ennuyeux que ces pièces auraient permis d’arrêter Smith dès le début des années 1980. Du moins si l’on en croit certains témoins qui les ont vues avant qu’elles ne s’évaporent dans la nature.

Impunité

L’auteur de ces documents ? Un certain Geoffrey Dickens, ex-député conservateur aujourd’hui décédé et militant de la protection de l’enfance. En 1983, il aurait consigné noir sur blanc – dans un rapport officiellement transmis au ministre de l’Intérieur, sir Leon Brittan (futur commissaire européen) – les méfaits de Cyril Smith mais aussi ceux de sept autres parlementaires. Tous fréquentaient Elm Guest House, une maison de rendez-vous du sud-ouest de Londres, où des jeunes hommes prostitués étaient livrés par chauffeur pour des parties fines.

Dickens aurait aussi évoqué dans son rapport les agissements du Paedophile Information Exchange (PIE), un lobby qui oeuvrait, dans les années 1970, pour la légalisation des rapports sexuels entre mineurs et adultes. L’un de ses fondateurs, Peter Righton, avait été chargé par le gouvernement d’une étude sur la réorganisation… des foyers pour enfants. Pour mener son audit, Righton visitait très régulièrement ces foyers partout dans le pays. Notamment à Rochdale, sur les terres de Cyril Smith.

Smith et Righton sont morts tranquillement dans leurs lits sans même avoir été interrogés (le deuxième a été cependant verbalisé en 1992, pour possession d’images pédophiles). Pourquoi une telle impunité ? Des enquêtes ont-elles été étouffées pour éviter l’opprobre à certains membres de l’establishment ? Cette idée s’installe évidemment jour après jour dans l’opinion britannique. Thatcher était au courant des abus sur les enfants, affirment les tabloïds, partis à la chasse aux témoignages (« J’ai fourni des garçons prostitués très jeunes à des ministres conservateurs »). Difficile dans cet emballement de faire la part des fantasmes que génère toujours ce type de scandales, surtout quand ils concernent des « notables », et la réalité.

Déni

Il y a un paradoxe de toute cette histoire. Malgré sa presse réputée si pugnace, sinon carrément « trash », l’Angleterre semble avoir vécu, pendant trente ans, dans une forme de déni. Est-ce parce que la maltraitance des enfants reste un sujet tabou outre-Manche ? Parce que – comme l’expliquent certains responsables d’associations – l’élite du pays a été formée dans des pensionnats, où les sévices corporels et sexuels étaient monnaie courante, et que cette élite aurait tendance à reproduire ces abus d’une génération à l’autre ou du moins à les excuser ?

Ce qui s’est passé en Grande-Bretagne est bien plus qu’un complot, affirme l’écrivain et éditorialiste Laurie Penny, du magazine « The New Statesman ». C’est une culture de complicité, qui traverse toutes les grandes institutions de la vie publique, des médias aux organisations caritatives, des écoles aux foyers pour enfants défavorisés… Ce scandale révèle dans toute sa crudité comment la société britannique se définit. Ce qui lie tous ces prédateurs sexuels sur mineurs, qu’ils soient seulement accusés ou condamnés, c’est leur puissance, leur accès facilité aux enfants, et leur certitude que leur réputation les mettrait à l’abri de toute poursuite… Très souvent, les enquêtes lancées par les autorités concernées étaient délibérément détournées. »

Jimmy Savile, rappelle l’éditorialiste, était un ami proche de Margaret Thatcher.

Jimmy Savile. Pour comprendre ce qui se passe aujourd’hui en Grande-Bretagne, c’est encore à lui qu’il faut revenir. Sa chute (posthume) a été le catalyseur et aussi, en partie, le fil rouge de toutes les affaires qui ressortent aujourd’hui. Jimmy Savile était plus qu’une star de la télévision. Pendant des décennies, il fut l’une des figures les plus aimées du Royaume-Uni. La quintessence de l’excentricité so British. Avec son éternel cigare en bouche, son jogging lamé, ses longs cheveux blonds et ses lunettes rouges, il a animé pendant des années « Top of the Pops », l’émission de hit-parades de la BBC. Son look destroy ne l’empêchait pas de réveillonner avec « Maggie », dont il était un intime. Quand il n’était pas sous les sunlights, il collectait des fonds pour des causes humanitaires. Ce qui lui avait valu d’être décoré par la reine. En 1988, le ministère de la Santé l’avait même désigné comme chef d’un groupe de travail sur la prison-hôpital de Broadmoor.

450 victimes identifiées

Quand il est mort en 2011, à l’âge de 84 ans, tout le pays lui a rendu hommage. Un an plus tard pourtant, un documentaire diffusé sur la chaîne privée ITV (rivale de la BBC) déchirait le voile et laissait entrevoir le vrai visage de « Jimmy ». Celui d’un homme qui avait commis des viols et des abus sexuels à répétition. Aussitôt la police fut submergée d’appels et de témoignages. Aujourd’hui, Scotland Yard a identifié 450 victimes (la première agressée en 1955, la dernière en 2009). Des enfants, filles ou garçons, des groupies qui se bousculaient dans les studios de la BBC, des personnes âgées, des malades, des internés dans des asiles psychiatriques.

Savile profitait de ses activités caritatives pour « chasser » dans les maisons de retraite, les hôpitaux, les foyers pour mineurs, et même les morgues. Cet été, les enquêteurs ont découvert sa passion pour les cadavres, qu’il se targuait d’aller régulièrement « honorer ». Last but not least, Jimmy Savile était lié à Cyril Smith, qui était même venu pousser la chansonnette dans l’un de ses shows télévisés.

Le choc pour les Anglais n’a pas été seulement de découvrir la face hideuse de celui qui agrémentait depuis si longtemps leurs soirées télé, mais aussi d’apprendre que, depuis un demi-siècle, près de 250 plaintes avaient été déposées contre lui, auprès d’une trentaine de services de police à travers le pays, et qu’elles étaient toutes restées lettre morte. Comme pour Cyril Smith. Depuis, la police a essayé de se rattraper. La diffusion du documentaire a provoqué l’ouverture d’une enquête baptisée « Operation Yewtree » (« Opération If », comme l’arbre) sur Savile et sur plusieurs célébrités, toutes septuagénaires, voire octogénaires.

Présentateurs télé, ex-chanteur de rock, gourou de la com…

Plusieurs d’entre elles viennent d’être condamnées : Stuart Hall, présentateur des Jeux sans Frontières britanniques, Gary Glitter, ex-chanteur de rock, Max Clifford, agent des stars (Sinatra, Joe Cocker, Mohamed Ali, Marlon Brando), gourou de la com et informateur de tabloïds, Rolf Harris, chansonnier, présentateur d’émissions pour enfants, artiste-peintre (on lui doit l’un des plus célèbres portraits de la reine, pour qui il avait aussi chanté en solo, à Buckingham Palace). En 1985, le même Harris apparaissait sur une vidéo, dans le cadre d’une campagne contre les abus sexuels, au milieu de bambins qui fredonnaient en choeur :

Mon corps m’appartient de la tête aux orteils, laisse-le tranquille si tu m’entends dire non. »

Il vient d’être condamné à cinq ans et neuf mois de prison pour « attentat à la pudeur » sur quatre jeunes filles – dont la meilleure amie de sa fille alors qu’elle n’avait que 13 ans.

Le « réseau Savile » était-il lié au « réseau Smith » ?

D’autres interpellations de personnalités de premier plan » vont suivre, assure l’ex-policier Mark Williams-Thomas.

C’est lui qui est à l’origine du documentaire d’ITV sur l’ancien présentateur de la BBC.

Les temps ont changé, se réjouit l’enquêteur qui a fondé sa propre société et qui suit de très près les affaires en cours. Après avoir préféré regarder ailleurs pendant des décennies – par facilité, ou parce qu’elles étaient directement impliquées -, les autorités ouvrent enfin la boîte de Pandore. Cela touche l’administration, les services sociaux, la police… Et le gouvernement. »

Pour Williams Thomas, il y a clairement un avant et un après-Savile.

« Défaillance totale »

La preuve ? Le Premier ministre David Cameron a promis de « faire toute la lumière » sur les derniers rebondissements liés à l’affaire Cyril Smith. La ministre de l’Intérieur, Theresa May, a diligenté deux enquêtes d’envergure (en plus de la vingtaine d’enquêtes criminelles déjà lancées). L’une doit essayer d’élucider le mystère des documents « perdus » (le rapport Dickens). L’autre, de plus longue haleine, doit se pencher sur le dysfonctionnement endémique de la police et de la justice dans la gestion des affaires de pédocriminalité sur les trente dernières années.

Question la plus angoissante : des foyers censés protéger les enfants vulnérables sont-ils devenus, de façon presque systématique, des viviers de proies faciles pour des « hommes puissants » ? La députée travailliste Yvette Cooper n’hésite pas à dénoncer « une faillite institutionnelle, qui a fait que beaucoup de victimes ont été ignorées ou ont dû souffrir en silence ».

Pour Peter Wanless, le directeur de la Société nationale de Protection de l’Enfance (NSPCC), « l’ampleur des abus qui se sont faits jour au cours des deux dernières années met en lumière une défaillance totale ». Un enfant sur vingt subit des abus sexuels en Grande-Bretagne, souligne un rapport. Selon Wanless, il faut renforcer d’urgence tous les dispositifs sociaux, policiers ou judiciaires.

Risque d’hystérie collective

C’est d’autant plus nécessaire que les affaires Savile puis Smith ont déclenché une avalanche de plaintes et de témoignages. Réels ou inventés. Ces derniers mois, plusieurs hommes âgés ont été accusés d’abus sexuels, et crucifiés par la presse tabloïd – puis innocentés devant les juges (notamment Dave Lee Travis, DJ vétéran de la BBC, acquitté en février dernier). En 2000, déjà, l’hebdomadaire « News of the World » avait lancé une « campagne antipédophilie » en publiant les registres officiels de délinquants sexuels. Certains d’entre eux, mais aussi plusieurs innocents, avaient failli se faire lyncher.

Aujourd’hui, ceux qui tirent la sonnette d’alarme sur les risques d’hystérie collective sont à peine écoutés, quand ils ne sont pas conspués comme l’avocate Barbara Hewson. Il est vrai qu’elle y est allée assez fort : elle surnomme l’opération Yewtree la « Savile Inquisition », affirme que le pays est en train de céder à la « panique morale » et s’insurge contre la « persécution de vieillards ».

Du passé, toutes ces affaires de pédophilie ? Le souvenir d’une époque où la « libération des moeurs » justifiait toutes les dérives ? A la mi-juillet, un gigantesque coup de filet de l’Agence nationale contre le Crime a permis d’appréhender 660 personnes soupçonnées de pédophilie à travers tout le pays. Parmi elles, six profs, quatre membres du personnel scolaire et autant travaillant dans la police, sans oublier un médecin et un employé des services sociaux !

L’Omerta de Rotherham
« Il est difficile de décrire la nature effroyable des abus dont ces petites victimes ont souffert. » C’est la conclusion du terrible rapport d’une inspectrice des Affaires sociales, Alexis Jay, rendu public le 26 août. Fillettes de 11 ans violées en réunion, adolescents drogués et prostitués, jeune fille aspergée d’essence par ses bourreaux… Selon l’inspectrice, 1.400 mineurs ont été sexuellement abusés et exploités entre 1997 et 2013 à Rotherham, ville du nord-est de l’Angleterre. Pis, ces faits, signalés à trois reprises entre 2002 et 2006, ont été « ignorés » ou minorés par les autorités. Un procès a bien eu lieu en 2010 (quatre hommes condamnés pour des abus sur trois mineures). Mais l’affaire a été largement sous-estimée. Selon l’inspectrice, les victimes – dont beaucoup étaient connues des services de protection de l’enfance – étaient « envoyées pour être exploitées dans d’autres villes du nord de l’Angleterre, enlevées, battues et intimidées ». Elles ont été « violées par de nombreux hommes » pour la plupart d’origine pakistanaise. Mais « la police n’a pas traité leur abus comme un crime ». Dans deux cas, les policiers ont même rappelé à l’ordre des pères qui essayaient d’extraire leurs filles des griffes de leurs prédateurs. Les services sociaux, quant à eux, ont été « réticents à identifier les origines ethniques des coupables par crainte d’être traités de racistes ». Dans son rapport, Alexis Jay dénonce aussi les échecs collectifs « flagrants » des élus locaux qui n’ont pas voulu se mettre à dos la communauté pakistanaise.

Voir encore:

Yasmine, 12 ans, et sa prof, 30 ans : récit d’une passion interdite

Une enseignante d’un collège de Lille entretenait une relation amoureuse avec une élève de 12 ans. Elle a été suspendue et est convoquée devant la justice.

François Caviglioli
L’Obs
22.05.2013

Devant le collège Louise-Michel, une piazzetta méditerranéenne qui surprend dans ce faubourg de Lille. Quelques élèves potassent leurs cours sous un arbre. Des copains et des copines de Yasmine. Pour le moment, la jeune fille a pris quelques jours de vacances. « Elle a peur des photographes », dit Marie-Christine, qui est en troisième avec elle. Yasmine est entrée dans la rubrique people. Sa liaison de deux ans avec sa professeur d’anglais, Mme Amadéo, a fait d’elle une star.

« Elle était gouine. Je n’aime pas les gouines », dit une fille. Elle se reprend avec cette capacité des adolescents à adopter la versatilité des adultes : « Non, elle était sympa. » Un garçon : « Si elle avait voulu faire la même chose avec moi, j’aurais pas dit non. » Un autre, plus dessalé : « Amadéo est lesbienne, et alors ? Normal pour une prof de langue. »

Personne ne porte de jugement. Au fond, tout le monde s’en fout. On en a vu d’autres à Louise-Michel, un établissement classé en zone d’éducation prioritaire. En juin 2010, un élève a frappé un de ses camarades au visage avec un couteau de cuisine. Beaucoup d’enfants vivent dans des familles monoparentales « où le cadrage éducatif est difficile », comme le souligne l’Observatoire des Evolutions sociales. L’Observatoire est sévère avec le collège. Il évalue l’absentéisme des élèves de troisième à un quart des effectifs.

« Elle aimait les élèves »

Ces affirmations indignent Didier Calonne, le principal : « C’est injuste. Nous avons peut-être connu des problèmes dans le passé, mais nous avons redressé la situation. La preuve, c’est que nous avons 75% de réussite au brevet. Bien sûr, il y aura toujours quelques décrocheurs, parce que l’école n’a jamais été ici synonyme de réussite, mais il faut tenir compte des souffrances sociales au coeur de Lille-Sud. » Alors l’affaire Amadéo… Les collègues évitent d’en parler.

Ils ont le calme des vieilles troupes. Leurs confidences sont rares et prudentes. Mais ils disent le plus grand bien des qualités professionnelles de cette enseignante de 30 ans, aujourd’hui en perdition. « Elle avait une pédagogie innovante », dit l’un. « Elle aimait les élèves », ajoute étourdiment une autre qui se mord aussitôt les lèvres et rougit. Nommée à Lille-Sud, Mme Amadéo se plaît tout de suite à Louise-Michel. Pourtant, Lille-Sud, séparée de la métropole par le sillon d’une autoroute comme si elle était frappée par la peste, est une banlieue aux briques noircies pendant plus d’un siècle par les cheminées d’usine aujourd’hui défuntes.

Le taux de chômage dépasse les 20%. La population est exaspérée par le camp rom installé cité du Broutet, au sud des portes d’Arras et des Postes, un camp d’autant plus turbulent, malgré les barbelés qui tentent en vain de le contenir, qu’il est harcelé par la brigade de sûreté urbaine. Une vingtaine de Roms, dont plusieurs enfants, ont été récemment expulsés sans être relogés. Le camp est devenu un hypermarché de la drogue, protégé par des guetteurs cagoulés de 11 ans, payés 80 euros par jour. Sébastien, le patron d’un bistrot, la Dame blanche, s’est résigné : « Martine Aubry a envoyé un courrier à tout le monde, en disant que la situation allait s’arranger, et que les Roms allaient être bientôt relogés. C’est du vent. » Les fleurs qui ornent le rebord des fenêtres, comme dans toutes les villes flamandes, les boubous que portent certaines mères africaines et le collège Louise-Michel, avec ses briques d’ocre rouge qui rappellent l’Italie, éclairent un peu ce recoin oublié des Flandres.

De la tentation au passage à l’acte et au désastre

Mme Amadéo prend ses fonctions avec enthousiasme, peut-être, qui sait, parce que l’entrée du collège est située rue André-Gide, un parrainage topologique qui n’incite guère à l’orthodoxie sexuelle. Elle arrive avec une idée neuve : « Elle nous apprenait l’anglais par le rythme et la musique », dit une de ses anciennes élèves. Un beau jour, elle décide de perfectionner sa méthode : elle se met à danser. Le but est, bien sûr, de faciliter et de rendre attrayant l’apprentissage de l’anglais. Mais quel était le message caché derrière les sept voiles de cette danse initiatique qui parlait sans doute d’autre chose que de verbes irréguliers, de postpositions et d’accent tonique ?

Peut-être évoquait-elle des batailles perdues, des espoirs envolés, des désirs inassouvis. On ne saura jamais. Ce sont des secrets qui n’intéressent pas un tribunal. A travers les confidences hachées et souvent contradictoires de ses élèves, on peut néanmoins reconstituer l’évolution qui l’a conduite de la tentation au passage à l’acte et au désastre.

Au début, c’est une danse pédagogique. Elle s’adresse à l’ensemble de ses classes. Mais bientôt, Mme Amadéo ne va plus danser que pour l’élève qu’elle a élue entre toutes. C’est une danse nuptiale. Elle est destinée à la jeune Yasmine qui ne le sait pas encore : elle a 12 ans. Mais elle regarde de tous ses yeux cette chorégraphie qui se fait de jour en jour plus sensuelle.

Les appels du désir

Mme Amadéo envoie à Yasmine un premier texto où elle l’assure de son amitié. La jeune élève est d’abord stupéfaite. Elle n’a pas l’habitude de telles attentions. C’est une vraie gamine de Lille-Sud. Elle n’habite pas loin du Broutet et du camp des Roms. Son horizon, ce sont les vieilles bagnoles cabossées, les cabanons de fortune qui tombent en ruine, les poubelles éventrées. Elle appartient à une famille modeste aux traditions patriarcales. Elle doute d’elle-même. Les SMS de Mme Amadéo lui apportent ce qu’elle n’a jamais connu, une confiance en elle, et la métamorphosent peu à peu. Bientôt ils passent de l’amitié à l’affection.

Elles se retrouvent au domicile de l’enseignante, mais leur ardeur et leur impatience sensuelle sont telles qu’elles ne craignent pas de se livrer à l’intérieur du collège à des étreintes furtives pimentées par le risque d’être surprises.

Mise en examen

Leur liaison prend fin brutalement lorsque la mère de Yasmine découvre les textos reçus par sa fille et leur contenu de plus en plus explicite. Elle ne sait pas trop quoi faire. Elle alerte le centre médico-psychologique de son quartier qui prévient à son tour les infirmières du collège. Le principal porte l’affaire devant le procureur de la République. Mme Amadéo est convoquée par les services de police, placée quarante-huit heures en garde à vue. Elle ne cache rien de sa liaison avec sa jeune élève, comme si elle ne pouvait s’empêcher d’en être fière. Yasmine, elle, reste obstinément silencieuse. L’enseignante est mise en examen pour « atteinte sexuelle sur un mineur de moins de 15 ans par une personne ayant autorité ». C’est la formule officielle. La justice applique la loi.

« La justice sera peut-être clémente, dit un magistrat. Cette histoire est différente de la pédophilie masculine, associée à la violence de la pénétration et qui accable les jeunes garçons abusés. » Laissée en liberté sous contrôle judiciaire, avec obligation de soins et interdiction d’entrer en contact avec son collège et son ancienne élève, Mme Amadéo est convoquée devant le tribunal correctionnel le 3 juin.

Pédophilie féminine : des précédents, un peu différents

Les femmes seraient moins sujettes que les hommes à la pédophilie, si on en croit les exemples connus. Mais elles y succombent parfois.

– 1969 : Gabrielle Russier, professeur de lettres à Marseille, se suicide au gaz à la suite d’une liaison amoureuse avec un élève de seconde rencontré en 1968. Sa liaison lui vaut d’être incarcérée cinq semaines à la maison d’arrêt des Baumettes, puis condamnée à un an de prison avec sursis et à 500 francs d’amende. Le parquet avait fait appel.

– 2010 : Une enseignante vendéenne exerçant dans une école catholique est condamnée à six mois de prison ferme par le tribunal de La Roche-sur-Yon pour des relations sexuelles avec un de ses élèves âgé de 12 ans. Son mari était venu la soutenir. Pour lui, le garçonnet n’était pas un rival, mais un jouet de sa femme.

NOTE AUX LECTEURS

Chercher à éclairer ce qui s’est passé entre cette collégienne et cette enseignante, tenter d’expliquer la nature d’une relation, même si la loi la réprime, n’est pas faire l’éloge de la pédophilie. Ceux qui savent encore lire ne me font pas ce reproche.

Dans ce quartier de Lille-Sud dont les habitants se plaignent d’être abandonnés, et dans un collège où il est difficile d’accorder à chaque enfant l’attention qu’il mérite, une jeune élève s’est sentie pour la première fois exister sous le regard d’une enseignante qui ne ressemblait pas aux autres. La suite est l’affaire de la justice, mais je ne suis ni législateur, ni magistrat.

Je laisse la loi à ceux qui ont pour redoutable mission de la dire et de l’appliquer. Ce qui m’intéresse, c’est la singularité irréductible de la personne, cet espace qui existera toujours entre la loi et la vie. Il ne relève d’aucun tribunal, mais seulement de notre conscience et de notre compassion.

Voir de plus:

« Une liaison particulière » : Causette s’explique et s’excuse

10 Responses to Affaire David Hamilton: Attention, un scandale peut en cacher un autre ! (Child pornography: Is Anglo-saxon puritanism finally catching up with France ?)

  1. jcdurbant dit :

    «Plus nous serons nombreuses, plus nous serons fortes» …

    « Woodward says they can take strength from each other, and has already begun to think how best to set up a victim support network in the game. Perhaps in tandem with the FA and the Professional Footballers’ Association. He also hopes further evidence will lead to 62-year-old Bennell being ‘put behind bars for the rest of his life’…

    Oui, c’est triste aussi pour lui mais même la vérité pour sortir emprunte aussi parfois, y compris pour le football, le mécanisme du bouc émissaire …

    Le mode opératoire est toujours le même. Alice, comme Lucie, sont seules avec Hamilton. Elles évoquent les mêmes gestes obscènes: «des caresses qui dérapent, cette tête soudainement entre leurs jambes, des pénétrations…», explique L’Obs. Les deux femmes décrivent leur état de pétrification, l’incapacité de se défendre. «Tu as de la chance, je t’ai choisie, alors que tu n’es pas si belle! Les autres adorent que je leur fasse», aurait dit le photographe à Alice. Les deux victimes sont envahies par un sentiment de «honte» et de «culpabilité». «Comment expliquer que j’avais laissé faire?», s’interroge Lucie.

    Alice retournera plusieurs fois à ces séances photos tandis que Lucie demande rapidement à ses parents d’y mettre fin. En 1997, Alice porte plainte mais l’affaire est classée sans suite. Elle tente alors de se porter partie civile. Le montant des frais judiciaires l’en dissuadera. Elle abandonne. Pour elle, «le combat est perdu d’avance».En 1997, Alice porte plainte mais l’affaire est classée sans suite. Elle tente alors de se porter partie civile. Le montant des frais judiciaires l’en dissuadera. Elle abandonne. Pour elle, «le combat est perdu d’avance».

    Si les deux femmes ont décidé de parler aujourd’hui, c’est parce que leurs histoires font écho à celle de Flavie Flament. Dans son livre, La Consolation, publié récemment, l’animatrice raconte comment elle a été violée à l’âge de treize ans par un photographe célèbre alors qu’elle était en vacances au Cap D’Agde. Les viols sur mineurs étant prescrits après 30 ans, Flavie Flament n’a jamais donné le nom de son agresseur. Pour autant, c’est le nom de David Hamilton, photographe connu internationalement, qui va émerger dans les médias avant que Lucie et Alice ne confirment son identité.

    Les deux victimes anonymes ont pris contact avec Flavie Flament via Facebook. L’animatrice, raconte L’Obs, s’est alors rappelé avoir cotoyé Alice, au moment des faits, au domicile de cette dernière pour se rassurer avant les premières séances photo. De son côté, Lucie a retrouvé des photos sur lesquelles elle pose avec Alice. «Plus nous serons nombreuses, plus nous serons fortes», explique Flavie Flament.

    L’Obs révèle enfin qu’une quatrième femme aurait été victime de faits similaires en 1967, vingt ans avant les faits décrits par Alice et Lucie. Cette fois les viols se déroulent non pas au Cap d’Agde mais à Ramatuelle, dans la maison du photographe. La jeune fille a alors 14 ans. Là encore, le délai de prescription est dépassé. Les quatre victimes espèrent désormais voir arriver d’autres témoignages, cette fois plus récents.

    Âgé aujourd’hui de 83 ans, l’artiste britannique a nié les accusations de l’animatrice dans un communiqué. Celui qui a réussi à imposer dès les années 1970 le «style hamiltonien» basé sur le «flou artistique» se dit «particulièrement indigné par l’absence totale de respect de sa présomption d’innocence». Il affirme par ailleurs qu’il «ne commentera pas plus amplement les comportements criminels qui lui sont imputés par certains et desquels il n’a jamais été l’auteur».

    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/11/17/01016-20161117ARTFIG00131-apres-flavie-flament-trois-nouvelles-accusations-de-viol-contre-le-photographe-david-hamilton.php

    http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2016/11/25/97001-20161125FILWWW00371-le-photographe-david-hamilton-retrouve-mort-a-son-domicile-parisien.php

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  2. jcdurbant dit :

    Affaire Flavie Flament : combien de David Hamilton ?

    L’étau se resserre autour du photographe. Ce dernier nie alors vigoureusement, invoquant, indigné, «la présomption d’innocence» (ce qui est curieux car il n’est pas poursuivi).

    Et puis, vendredi, dans L’Obs, l’animatrice livre le nom. Confirme la rumeur. Accuse et nomme : David Hamilton. C’est une parole qui se libère. Des mots qui affluent. Cela arrive souvent en ce moment. Souvenons-nous de la pluie de témoignages, aux Etats-Unis, des victimes de Bill Cosby ; en France, des récits des accusatrices de Denis Baupin, ou des témoignages des victimes du prêtre pédocriminel Bernard P., à Lyon, réunies en une association, la bien nommée La Parole libérée.

    Nous avons lu le récit de la fille de Woody Allen, ses accusations d’agression sexuelle. Nous avons été abasourdis. Cosby, Hamilton, Allen… Avant cela, DSK… Qui d’autre, ensuite ? Une question surgit dans cette lancinante litanie de noms rich and famous. Pourquoi tant d’affaires «à la David Hamilton»? Mais, surtout : pourquoi ces crimes tardent-ils tant à faire surface ? Il y a, naturellement, des violeurs dans toutes les classes sociales – la chose est d’une triste universalité. Mais pourquoi ces personnalités, souvent célèbres, riches et prestigieuses, sont-elles incriminées si tard ? Exonère-t-on plus facilement les criminels parce qu’ils ont du talent ? Doit-on incriminer l’époque dans laquelle les faits ont survenu, et déplorer un temps où l’on était plus indulgent ? Mais en ce cas, pourquoi, en France, condamne-t-on davantage les criminels sexuels issus des classes populaires ? De quelles complaisances sociales sommes-nous coupables ?

    Pourquoi a-t-il fallu attendre la mort de l’animateur-star britannique Jimmy Savile avant d’apprendre qu’il avait violé, pendant soixante ans, près de 300 enfants ? Et Roman Polanski ? Et Fatty Arbuckle, poursuivi pour le viol et le meurtre de la jeune actrice Virginia Rappe ? Lors du procès dont il fut acquitté, en 1922, on déplora la fin de la carrière, brisée net par le «scandale». Sa victime, elle, était morte.

    Pourquoi doit-on attendre que Tippi Hedren ait 86 ans avant qu’elle écrive avoir été harcelée sexuellement par Hitchcock sur le tournage des Oiseaux ? En France comme ailleurs, la culture du viol reste une réalité. Une chose est sûre : Flavie Flament a parlé. D’autres victimes de crimes sexuels, comme elle, ont des choses à dire. Soyons capables de les écouter – à temps cette fois.

    Johanna Luyssen

    http://www.liberation.fr/france/2016/11/18/affaire-flavie-flament-combien-de-david-hamilton_1529358

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  3. jcdurbant dit :

    NOT A BOLT FROM THE BLUE (From Chaplin to Polanski, Allen and Spacey:The complete creative and economic freedom enjoyed by such moguls may on occasion produce world-class cinema, but it also has fostered a super-elite able to operate in the shadows of the law – widely known about, but ignored)

    The ill treatment of women in Hollywood is nothing new. From Edna Purviance in Chaplin’s World War I-era comedies through to Paulette Goddard in 1940’s The Great Dictator, almost all Chaplin’s leading ladies ended up sleeping with their director. The only major exception, City Lights’ Virginia Cherrill, was still partly cast by Chaplin based on her “shapely form in a blue bathing suit”. In casting sessions for previous films Chaplin’s aides reported his eyes going “up and down” what they called “lithe young” bodies. It can hardly have been a pleasant atmosphere on his sets. Age was a big factor here and, thus, power. Speaking of his love for “young girls” while then a man in his mid thirties, Chaplin noted that there was “something so virginal in their slimness – in their slender arms and legs”. One such example – Lita Grey – he cast in The Kid at the age of 12, got pregnant and had a shotgun Mexican marriage to avoid going to jail for statutory rape at 16, and had filed for divorce by 18. Actress Lita Grey became pregnant by Charlie Chaplin at the age of 16. When Grey’s mother had burst in on the two in one of their early nights together, Chaplin had offered the scant reassurance that “we’ve been together several times when you didn’t know about it”. The important point here was that Chaplin’s proclivities for the young were readily acknowledged as odd at the time. Newspaper reports regularly referred to Chaplin’s “child wife” or “girl wife”. Hollywood gossip was abuzz with the Lita Grey story. Everyone knew, yet never was Chaplin seriously challenged.

    That said, there’s an element of Great Gatsby-esque nostalgia that somewhat gives Chaplin and his ilk a free pass in our modern collective memory too. In this view of the world, everyone was caught up in the 1920s’ throng of hedonistic passion and elaborate cocktails, and who was sleeping with who largely irrelevant. As such, the actress Louise Brooks, who also slept with Chaplin, described his other conquests as Pola Negri wanting “publicity”, Marion Davies “fun”, and Peggy Joyce “whoring for stardom”. This paints a calculating, self-interested group of actresses all seeking to game a system they had significant agency in. But this was just not the reality. By the 1920s Chaplin’s first co-star turned lover, Edna Purviance, had become “so drunk – literally staggering – that he could not use her in a scene”. Much of this emanated from her director/lover’s sometime callousness. Georgia Hale, who performed the same dual role during the Gold Rush, spoke of Chaplin as someone who “expected all from a woman. He criticised, but could not or would not see himself”. This was not a level playing field, either emotionally or economically.

    What Chaplin had, however, was a direct appeal to his audience – a trend explored of late by the New Statesman’s pop culture podcast, Srsly. Instead, it was a completely tangential question – Chaplin’s pro-communist sympathies in an era of state-sanctioned red baiting – that in the end caused his sexual activities to become “a problem” for his public. When the American right wanted to portray Chaplin as a “red” in the 1940s he suddenly also became a “cheap Cockney cad” who was preying on innocent American girls. Yet two decades earlier he had managed to combine cheating on a 16-year-old wife with many controversial political comments, and his career kept going. The icon of the Tramp kept its creator immune. People only cared about his bedroom when they stopped enjoying the films, or thought Chaplin had become too much of a lefty preacher.

    Chaplin’s behaviour may not have been exactly the same as the allegations levelled at Weinstein, but the case of Chaplin – “one of the greatest filmmakers” in Weinstein’s view – remains illustrative of a trend of the misuse of power in Hollywood that one can draw from Chaplin through Roman Polanski and Woody Allen to allegations most recently being made against the actor Kevin Spacey. The complete creative and economic freedom enjoyed by such moguls may on occasion produce world-class cinema, but it also has fostered a super-elite able to operate in the shadows of the law – widely known about, but ignored. The concentration of wealth in the movie industry has only exacerbated this since Chaplin’s day. The problem is systemic and ingrained in Hollywood tradition. For all its scale, rather like the news emanating from Westminster, the Weinstein case is not a bolt from the blue.

    Richard Carr

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  4. jcdurbant dit :

    DON’T STAND SO CLOSE TO ME NOW (Tariq Ramadan victime de son charisme comme de la pandémie du féminisme militant et de lycéennes allumeuses selon son avocat suisse)

    « Ce volet ne connaît aucun développement judiciaire en l’état puisque celles qui se sont découvertes victimes en revisitant leur consentement ont décidé de se taire et de n’initier aucune procédure pénale. »

    Me Marc Bonnant

    « Le propre avocat de Tariq Ramadan ne semble plus contester les faits que plusieurs anciennes élèves, dont je fais partie, ont dénoncés publiquement. Désormais, il questionne le consentement. Pour moi, cela sonne comme un second aveu. Le premier étant qu’il n’y a pas eu de plainte déposée pour diffamation, comme il l’avait annoncé. »

    Ancienne élève de Tariq Ramadan (18 ans à l’époque)

    « Sur le moment, les propos de Me Bonnant m’ont blessée, car c’est outrageant. Maintenant, cela me faire rire, parce qu’il s’emmêle les pinceaux et cumule les trébuchements. »

    Autre élève de Ramadan (18 ans à l’époque)

    «Dans mon cas, mon petit ami avait alerté la doyenne du Collège de Saussure. En m’exprimant publiquement, d’autres ont parlé, comme le directeur, qui a admis avoir été alerté. L’institution savait. »

    Autre ancienne élève

    « Trois mois après que d’anciennes élèves ont eu le courage de parler dans la presse, les propos de Me Bonnant ne sont donc pas anodins. Il ne cherche plus à contester les faits, mais oriente le débat sur l’acte réellement consenti. C’est une fuite en avant. »

    Stéphane Lathion (Groupe de recherche sur l’islam en Suisse)

    « À chaque fois que Me Bonnant prend la parole dans cette affaire, c’est pour humilier et rabaisser des victimes. Ce serait lui faire injure que de penser qu’il ne connaît pas le poids des mots. S’il les a bien prononcés, ils s’apparentent à une reconnaissance explicite des faits rapportés par d’anciennes élèves. »

    Fabienne Bugnon

    « La prochaine étape consistera à faire passer Tariq Ramadan pour la victime d’allumeuses… Mais il a fait un faux pas, car il vient de casser le mythe Tariq Ramadan. Sans doute parce qu’il devient difficile de nier les faits. Ces derniers jours, une personne tout à fait respectable, dans un milieu proche de l’enseignement, m’a encore affirmé que tout le monde le savait à l’époque et que cela ne dérangeait personne! »

    Anne Marie von Arx Vernon

    « On ne parle pas de consentement dans une relation normale entre un professeur et une élève. On emploie ce terme dans le cadre de relations sexuelles, qui, dans ce cas-là, sont pénalement répréhensibles. »

    Francine Betran

    « J’ai l’impression qu’à chaque fois qu’il ouvre la bouche pour parler des anciennes élèves de Tariq Ramadan, c’est pour enfoncer son client… »

    François Lefort

    Sous l’angle administratif, un professeur qui entretient des rapports sexuels avec une élève, quel que soit son âge, commet une faute professionnelle. Sous l’angle pénal, la majorité sexuelle est fixée à 16 ans en Suisse. Celui qui a commis un acte d’ordre sexuel sur un enfant de moins de 16 ans peut être puni d’une peine privative de liberté de cinq ans au plus. Une infraction poursuivie d’office. Celui qui, profitant de rapports d’éducation, aura commis un acte d’ordre sexuel sur un mineur âgé de plus de 16 ans est punissable de trois ans de prison au plus. Après 18 ans, les questions de la protection de l’intégrité sexuelle, concernant notamment la contrainte ou l’abus du lien de dépendance, continuent à se poser. (…) La dernière intervention de l’avocat sur le sujet, dans la Tribune de Genève d’hier, agit comme de l’huile sur le feu. En qualifiant le féminisme militant de pandémie, il suscite le malaise au sein même de sa corporation…

    https://www.tdg.ch/monde/europe/avocat-tariq-ramadan-derape/story/14141665

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  5. math problems dit :

    passing the Nclex rn

    Affaire David Hamilton: Attention, un scandale peut en cacher un autre ! (Child pornography: Is Anglo-saxon puritanism finally catching up with France ?) | jcdurbant

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  6. http://Www.Adventurero.Net

    Affaire David Hamilton: Attention, un scandale peut en cacher un autre ! (Child pornography: Is Anglo-saxon puritanism finally catching up with France ?) | jcdurbant

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  7. jcdurbant dit :

    AND HE BOASTED ABOUT IT IN HIS DIARIES (Champion of pedophilia: Endorsed and supported by France’s most prestigious publishers and literary, media, business and political elite, Mr. Matzneff’s books provided for decades the intellectual cover for many men to target prepubescent children or adolescent girls)

    « In his (…) diaries, Mr. Matzneff writes that Dr. Barzach became the go-to gynecologist to whom he took underage girls for years after he and Ms. Gee parted in 1976. Dr. Barzach, who was also a psychoanalyst, was France’s health minister from 1986 to 1988 under President François Mitterrand. From 2012 to 2015, she was the head in France of UNICEF, the United Nation’s child protection agency. »

    NYT

    In her telling, Francesca Gee was out with a girlfriend, a late autumn day in Paris in 1983, when they spotted a new bookstore. As they lingered before the storefront, her friend suddenly pointed to the bottom of the window. “Look, it’s you!” Ms. Gee’s face was staring back at her from the cover of a novel, “Drunk on Lost Wine,” by Gabriel Matzneff, the writer and champion of pedophilia. A decade earlier, at 15, Ms. Gee, had gotten involved in a traumatic three-year relationship with the much older Mr. Matzneff. Now, he was using her teenage face on his novel’s cover, and her letters in its pages, without having asked her or even informing her, she said. For decades, despite Ms. Gee’s protests, Mr. Matzneff used her letters to justify pedophilia and what he cast as great love affairs with teenage girls, all the while supported by members of France’s literary, media, business and political elite. Mr. Matzneff’s books were endorsed by some of France’s most prestigious publishers, including Gallimard, which printed “Drunk on Lost Wine” (“Ivre du vin perdu”) for nearly four decades with the same cover — in effect using Ms. Gee’s face to promote the kind of relationship that has scarred some of Mr. Matzneff’s victims for life.

    “I’m persecuted by this image of me, which is like a malevolent double,” Ms. Gee said.

    Hers is the story of a woman unable to tell her own story — until now.

    Ms. Gee, now 62, contacted The New York Times after the publication of an article that described how Mr. Matzneff openly wrote about and engaged in sex with teenage girls and prepubescent boys for decades.

    After anguishing over her decision, Ms. Gee — who had a career as a journalist and speaks fluent English, French, Italian and Spanish — broke her silence of 44 years in a series of interviews over two days in southwest France, where she lives.

    That decision was facilitated by a recent cultural shift in France.

    Mr. Matzneff first achieved renown in the 1970s, when some French intellectuals regarded pedophilia as a form of liberation against parental oppression. Though those views fell out of favor in the 1990s, he continued to publish and prosper until late last year.

    But in the past couple of months, he was charged with promoting the sexual abuse of children, stripped of state-conferred honors and dropped by his three publishers.

    Gallimard stopped selling the novel with Ms. Gee’s image on the cover only in January, after the publication of “Le Consentement” (“Consent”), the first account by one of Mr. Matzneff’s underage victims, Vanessa Springora.

    “Consent” turned the widely celebrated Mr. Matzneff into a social pariah overnight. While he went into hiding in Italy, his former supporters, across France’s elite, have studiously distanced themselves or jettisoned him.

    When she first heard of “Consent,” Ms. Gee said, she was “elated” that the “Vanessa” in Mr. Matzneff’s books — someone she had never met but had always considered a little sister — was speaking.

    “She has done the work, I don’t have to worry about it anymore,” Ms. Gee remembers thinking. “But then within a week or two, I realize that I’m very much a part of this story.”

    In fact, nearly two decades before “Consent” shook up France, Ms. Gee tried — unsuccessfully — to tell her story, in 2004. She wrote a manuscript that, in detailing her involvement with Mr. Matzneff, grappled with some of the same themes and used the same vocabulary as “Consent.”

    But no publisher accepted her manuscript.

    At Albin Michel, a major house, an editor appeared receptive — but when he took Ms. Gee’s manuscript to a committee, it was ultimately turned down.

    In a rejection letter, the editor, Thierry Pfister, explained that some committee members had expressed reservations, noting that Mr. Matzneff, was a part of “Saint-Germain-des-Prés” — shorthand for the French publishing industry concentrated in that Paris neighborhood.

    “Back then, Matzneff wasn’t the old, isolated man he is today,” said Mr. Pfister, who is no longer at Albin Michel. “He was still in Paris with his network, his friends.”

    “We made the decision not to go cross swords with that group,” he recalled. “There was more to lose than to gain. I spoke in her favor. They didn’t agree with me.”

    Mr. Matzneff’s network of supporters was surprisingly wide.

    In 1973, when Ms. Gee was 15 and Mr. Matzneff was 37, a friend of the writer introduced them to a gynecologist who agreed to prescribe contraceptive pills to underage girls without their parents’ authorization — an illegal act back then.

    In his diary of the period, “Élie et Phaéton,” Mr. Matzneff writes that the gynecologist, Dr. Michèle Barzach, “at no point felt the need to lecture this man of 37 years and his lover of 15.”

    Ms. Gee said she saw Dr. Barzach a half-dozen times over three years, always accompanied by Mr. Matzneff.

    “He calls her and makes an appointment, and we go,” she recalled. “He’s in the waiting room while I’m with her. And then he comes in, and they talk and he pays her.”

    In his other diaries, Mr. Matzneff writes that Dr. Barzach became the go-to gynecologist to whom he took underage girls for years after he and Ms. Gee parted in 1976.

    Dr. Barzach, who was also a psychoanalyst, was France’s health minister from 1986 to 1988 under President François Mitterrand.

    From 2012 to 2015, she was the head in France of UNICEF, the United Nation’s child protection agency. Citing privacy reasons, UNICEF refused to provide contact details for Dr. Barzach, who is no longer at the agency. Dr. Barzach did not reply to an interview request that UNICEF said had been forwarded to her.

    ‘Love’? Or a ‘Hostage Taking’?

    For decades, Mr. Matzneff claimed that his relations with underage girls had helped them for the rest of their lives. Their initiation into art, literature, love and sex, by an older man, had left them happier and freer, he claimed.

    The claim — repeated by his supporters — went unchallenged until the publication in January of “Consent,” in which Ms. Springora writes that her involvement with Mr. Matzneff, starting at age 14, left her with psychological problems for decades.

    In her unpublished manuscript of 2004, Ms. Gee described her involvement with the writer as a “cataclysm that shattered me when I was 15 years old, and that changed the course of my life” — leaving her “ashamed, bitter and confused.”

    The accounts by Ms. Gee and Ms. Springora are especially significant because Mr. Matzneff has often described them as two of the three great loves of his life. He devoted diaries, novels, poems and essays to each woman — material that, according to anti-pedophilia groups, provided the intellectual cover for many men to target prepubescent children or adolescent girls.

    Ms. Gee recalls running into Mr. Matzneff for the first time in Paris in 1973 with her mother, who had known him years before.

    David Gee, Ms. Gee’s younger brother, said their parents regularly invited the writer over for dinner parties. His presence especially pleased their father, a British journalist long based in Paris who sought his place in French society.

    “It was one of those very important things, socially speaking, to be established in the intelligentsia,” Mr. Gee said. “That was more important than looking at the side effects of pedophilia.”

    With her father’s approval, Ms. Gee saw the writer over three years, unable to break away from him. Ms. Gee’s father died in 2014.

    Using the same methods he later would with Ms. Springora, Mr. Matzneff exercised a hold on the teenage girl. He isolated her, forbidding her to socialize with friends her age.

    He pulled political strings to have Ms. Gee transferred to a high school near his home — and boasted about it in his diaries. Then he got into the habit of waiting for Ms. Gee outside her new high school, Lycée Montaigne, next to the Luxembourg Gardens.

    “He came every day to make sure that everyone understood that no one was supposed to try anything with me,” Ms. Gee recalled. “It was a very specific place where he was just standing there waiting for me.”

    Ms. Gee recently met with one of the detectives who began investigating Mr. Matzneff and his supporters in the aftermath of the publication of “Consent.” After she detailed her involvement with Mr. Matzneff during the five-hour meeting in Paris, she said, the detective described it as a “hostage taking.”

    Trapped in His Stories

    Ms. Gee turned 18 in 1976 and, after several anguished attempts, was finally able to free herself from Mr. Matzneff’s grip, having become more and more critical of him. “It was growing up, basically,” she said.

    Still, she would remain hostage for decades — trapped in his storytelling and his use of her letters.

    Encouraged by Mr. Matzneff, Ms. Gee had written him hundreds of amorous and sexually explicit letters during their three years together.

    Some of them he published in 1974, without her authorization, in his fierce defense of pedophilia, “Les Moins de Seize Ans” (“Under 16 Years Old”). He was offering those letters, he wrote in another book, “Les Passions Schismatiques,” as evidence that “a relationship of love between an adult and a child could be for the latter extremely rich, and the source of a fullness of life.”

    Ms. Gee said the words in the letters were those of a teenager manipulated by a man the age of her parents. Her letters were also used in “Ivre du vin perdu,” the novel whose cover featured an illustration of her.

    “Now I consider they were extorted and used as a weapon against me,” Ms. Gee said.

    In her manuscript, Ms. Gee writes that “he used me to justify the sexual exploitation of children and teenagers.”

    For years, Ms. Gee’s feelings about her experience with Mr. Matzneff were “muddied.” Then in the early 1990s, her understanding became clearer.

    “It was only when I was almost 35 years old that I realized this wasn’t a love story,” Ms. Gee recalled.

    It was in 1992 that she contacted Mr. Matzneff, demanding that he stop using her letters and that he return them to her. Eventually, he sent her a photocopied stack — a carefully selected batch that excluded her negative correspondence.

    A decade later, in 2002, it was Mr. Matzneff who wrote to her, asking, for the first time, her permission to use old photographs of her in a book. In the turquoise blue ink that he always used to pen his letters, Mr. Matzneff offered to identify the teenager as “the young girl who inspired the character of Angiolina in ‘Ivre du vin perdu.’”

    Not only did Ms. Gee refuse, but she also demanded again that his books be purged of her letters and that her face be taken off the cover of “Ivre du vin perdu.” She also demanded that three old photographs of her be taken off a website devoted to Mr. Matzneff and created by an admirer, Frank Laganier. The photos were pulled only seven years later, in 2010, after Ms. Gee’s continued pressure, she said.

    Mr. Laganier, who is now living in Paris, declined interview requests. His lawyer, Emmanuel Pierrat — who is representing Mr. Matzneff in a pedophilia case and is a longtime supporter of the writer — declined to be interviewed.

    In 2004, Ms. Gee began preparing to sue Gallimard, the publisher of “Ivre du vin perdu,” and “La passion Francesca,” Mr. Matzneff’s diary of their relationship, but stopped because of the high legal costs. Gallimard did not respond to interview requests; Antoine Gallimard, the head of the publishing house, did not respond to an interview request sent to his email address.

    Unable to stop Mr. Matzneff, Ms. Gee also could not tell her own story.

    After her manuscript was rejected by Albin Michel, she took it, unsuccessfully, to several other publishing houses.

    Geneviève Jurgensen, who was an editor at Bayard and met with Ms. Gee in 2004, said the manuscript’s focus was not in line with Bayard, which specialized in publishing youth books, as well as works on philosophy and religion.

    Ms. Jurgensen, after recently reading excerpts from the manuscript, described it as “well written” and containing “situations that seem almost word for word those described by Vanessa Springora.”

    “Obviously, it wasn’t the quality of the book that was the issue,” Ms. Jurgensen said of Ms. Gee’s failure to find a publisher in 2004. “Clearly, it was 15 years too early. The world wasn’t ready yet.”

    The final rejection came from Grasset, the very same publisher that broke a taboo by issuing Ms. Springora’s “Consent” in January.

    Martine Boutang, an editor at Grasset, remembers being moved by Ms. Gee’s account, she said, but couldn’t see a way to get it published: the subject was “too sensitive,” and two members of Grasset’s editorial committee were “close to Matzneff.’‘

    “The question wasn’t the quality of the text,” she said.

    Ms. Gee recalls feeling that Ms. Boutang was trying to stall the project by asking her to rework a manuscript that she had no intention of publishing. Ms. Boutang said she did not remember asking for a rewrite.

    By contrast, Mr. Matzneff had no problems continuing to get his writings published — including “Under 16 Years Old,” the book that used Ms. Gee’s letters to justify pedophilia and sex with underage girls.

    In a recent interview in the Italian Riviera, where he has been hiding, Mr. Matzneff said that if Ms. Gee “called me tomorrow, I would be delighted to see her.”

    Ms. Gee would be delighted if she could stop being reminded of him. In a book published last November, more than four decades after she left him, Mr. Matzneff mentioned her no fewer than a dozen times. Ms. Gee herself is now working on a new manuscript on the writer.

    Over the years, unexpected incidents have sometimes reminded her that she remains a prisoner inside Mr. Matzneff’s story.

    A few years ago, she found herself waiting outside the Lycée Montaigne, her old high school, which her niece Lélia was now attending.

    “I wait for her where Matzneff used to wait for me,” Ms. Gee recalled.

    Over lunch, her niece, a literature student, told her that she was “working on a contemporary author called Gabriel Matzneff.”

    That’s how Lélia, who is now 25, learned that the books she had been reading described a “family history,” she says. To this day, she says, she had talked little with her aunt about her days with Mr. Matzneff.

    “Most of what I know about all of this comes from Gabriel Matzneff, and not my aunt,” she said. “And that’s exactly where the problem lies.”

    Daphné Anglès and Constant Méheut contributed reporting.

    Long-Silenced Victim of a Pedophile Writer Gets to Tell Her Story
    For decades, the writer Gabriel Matzneff used Francesca Gee’s image and letters to champion his sexual pursuit of adolescents. But her own account was rejected, until now.
    Norimitsu Onishi
    NYT
    March 31, 2020

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  8. jcdurbant dit :

    QUELLES COUPABLES COMPLAISANCES ? (Douze ans plus tard, Francesca Gee tente de faire paraître un manuscrit pour dénoncer la pédophilie de l’écrivain. Peine perdue : l’auteur est encore trop puissant. Il possède des amis dans bon nombre de maisons d’édition, et son dernier livre a été publié en novembre 2019 aux éditions Gallimard)

    Tout commence en 1973, à Paris. Francesca Gee affirme avoir rencontré l’écrivain par le biais de sa mère, qui l’a connu quelques années plus tôt. L’auteur est, à l’époque, souvent convié aux dîners de famille, se souvient David, le frère cadet de Francesca. Un invité de marque qui aurait rapidement conquis leur père, un journaliste britannique soucieux de se faire une place dans la société française. Durant trois ans, Gabriel Matzneff tente d’isoler l’adolescente. Il organise le transfert de Francesca Gee au Lycée Montaigne, plus proche de son domicile, en usant de son réseau politique, comme il l’indique dans l’un de ses journaux. «Il venait tous les jours (devant l’établissement scolaire, NDLR) pour s’assurer que tout le monde comprenne bien qu’il ne fallait rien tenter à mon égard, se remémore Francesca Gee. Il se postait à un endroit bien précis, et c’est là qu’il m’attendait.» Pendant cette période, l’ex-reporter affirme que Gabriel Matzneff l’emmenait consulter le Dr Michèle Barzach, une gynécologue qui deviendrait ministre de la Santé de 1986 à 1988, sous la présidence de François Mitterrand. Cette dernière, «à aucun moment n’a cru devoir faire la morale à ce monsieur de trente-sept ans et à sa maîtresse de quinze», écrit l’auteur dans son journal de l’époque, Élie et Phaéton.

    À l’âge de 18 ans, Francesca Gee parvient à se libérer de l’influence de l’écrivain, et se montre plus critique envers lui. «C’était le fait de grandir, en fait», estime-t-elle avec le recul. Mais, si elle parvient à mettre un terme à cette relation traumatisante, cessant tout contact avec l’auteur, elle est incapable de s’en défaire totalement. L’écrivain, qui l’avait encouragée à lui écrire «des centaines de lettres à connotation amoureuse ou sexuelle», selon le New York Times, les a en effet reprises dans certains de ses livres sans l’aval de la jeune fille – notamment dans Les Moins de seize ans, paru en 1974.

    «Aujourd’hui, je considère qu’elles m’ont été extorquées et employées comme armes à mon encontre», poursuit Francesca Gee. Cette dernière est également au centre de son journal La Passion Francesca, daté des années 1974 à 1976 et paru en 1998. Sur la couverture d’Ivre de vin perdu, paru en 1981, figure par ailleurs une réplique d’un cliché de la jeune fille à l’âge de 15 ans. «Cette image de moi me poursuit, elle est comme un double malveillant», commente Francesca Gee dans les colonnes du quotidien américain.

    C’est seulement à l’âge de 35 ans qu’elle le réalise : ce qu’elle a vécu n’était pas une histoire d’amour. En 1992, elle contacte Gabriel Matzneff pour qu’il arrête d’utiliser ses lettres et les lui rende. Il s’exécutera. Douze ans plus tard, Francesca Gee tente de faire paraître un manuscrit pour dénoncer la pédophilie de l’écrivain. «Il n’a cessé de se servir de moi pour justifier l’exploitation sexuelle des enfants et des adolescents», y écrit-elle notamment. Peine perdue : l’auteur est encore trop puissant. Il possède des amis dans bon nombre de maisons d’édition, et son dernier livre, L’Amante de l’Arsenal, a été publié en novembre 2019 aux éditions Gallimard. Dans son manuscrit, Francesca Gee décrivait son passé avec l’auteur comme un «cataclysme qui s’était abattu sur moi à 15 ans, et qui devait changer le cours de mon existence».

    https://madame.lefigaro.fr/societe/francesca-gee-denonce-a-son-tour-la-pedophilie-de-gabriel-matzneff-310320-180538

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