Bac 2016: Comment l’antisionisme est enseigné à nos enfants (Anti-zionism 101: How French students are disinformed about Israel)

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Ottoman
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L’antisionisme est à cet égard une introuvable aubaine car il nous donne la permission, et même le droit, et même le devoir d’être antisémites au nom de la démocratie. L’antisionisme est l’antisémitisme justifié, mis enfin à la portée de tous. Il est la permission d’être démocratiquement antisémite. Et si les juifs étaient eux-mêmes des nazis ? Ce serait merveilleux. II ne serait plus nécessaire de les plaindre ; ils auraient mérité leur sort. Vladimir Jankelevitch (1971)
Le terrorisme est l’arme des faibles, qui dans l’incapacité d’attaquer frontalement une grande puissance, cherchent à la déstabiliser en s’en prenant à des cibles symboliques. Manuel d’histoire-géographie Magnard
Ce n’est pas une politique de tuer des enfants. Chirac (accueillant Barak à Paris, 2000)
La situation est tragique mais les forces en présence au Moyen-Orient font qu’au long terme, Israël, comme autrefois les Royaumes francs, finira par disparaître. Cette région a toujours rejeté les corps étrangers. Villepin (Paris, 2001)
Pourquoi accepterions-nous une troisième guerre mondiale à cause de ces gens là? Daniel Bernard (ambassadeur de France, après avoir qualifié Israël de « petit pays de merde », Londres, décembre 2001)
Les Israéliens se sont surarmés et en faisant cela, ils font la même faute que les Américains, celle de ne pas avoir compris les leçons de la deuxième guerre mondiale, car il n’y a jamais rien de bon à attendre d’une guerre. Et la force peut détruire, elle ne peut jamais rien construire, surtout pas la paix. Le fait d’être ivre de puissance et d’être seul à l’avoir, si vous n’êtes pas très cultivé, enfant d’une longue histoire et grande pratique, vous allez toujours croire que vous pouvez imposer votre vision. Israël vit encore cette illusion, les Israéliens sont probablement dans la période où ils sont en train de comprendre leurs limites. C’était Sharon le premier général qui s’est retiré de la bande de Gaza car il ne pouvait plus la tenir. Nous défendons absolument le droit à l’existence d’Israël et à sa sécurité, mais nous ne défendons pas son droit à se conduire en puissance occupante, cynique et brutale … Michel Rocard (2006)
Cette confusion [entre antisémitisme, antisionisme et critique du gouvernement israélien] est entretenue par les institutions communautaires et certains intellectuels juifs. L’antisémitisme, c’est la haine des juifs, l’antisionisme, c’est l’opposition à l’existence de l’État d’Israël. Mais cela n’a rien à voir avec la critique de l’action du gouvernement israélien ou alors des O.N.G. israéliennes, des personnalités comme Abraham Burg, des journalistes comme Gideon Lévy sont antisémites. Lorsque l’on critique la politique de Poutine on n’est pas accusé de faire du racisme anti-russes. Brandir l’accusation infamante d’antisémitisme dès que l’on émet une critique à l’égard du gouvernement israélien a pour fonction de protéger ce dernier. L’immense majorité de ceux qui se déclarent solidaires des Palestiniens combattent l’antisémitisme et toutes les formes de racisme, et se prononcent pour la solution des deux États, donc en faveur de l’existence d’Israël. Pascal Boniface
L’antisémitisme traditionnel en France est originellement marqué par l’Eglise, l’extrême droite et le nationalisme: c’est l’antisémitisme de l’affaire Dreyfus qui connaît son acmé sous Vichy. L’antisémitisme nouveau est un antisémitisme d’importation. Il est lié à la fois à la culture traditionnelle des pays magrébins, à l’islam et au contexte colonial. En Algérie, le décret Crémieux qui permit aux juifs de devenir français dès 1870 attise la jalousie des musulmans. En Tunisie et au Maroc, les juifs n’étaient pas français mais leur émancipation par le biais de l’école leur a donné une large avance sur le plan scolaire et social sur la majorité musulmane. Cela s’est terminé par le départ de la minorité juive. Cet antisémitisme-là s’est transposé sur notre territoire par le truchement de l’immigration familiale (c’est cela qui a été importé et pas le conflit israélo-palestinien comme le répètent les médias). Un antisémitisme qui préexistait toutefois auparavant (mais en mode mineur) comme le rappellent les affrontements survenus à Belleville en juin 1967 ou le Mouvement des Travailleurs arabes au début des années 1970. Paradoxalement, cet antisémitisme ne s’est pas dilué, mais enkysté. C’est dans les familles qu’il se transmet et s’apprend. Arrivé à l’école, l’affaire est déjà jouée. Nouveau par les formes et l’origine, il épouse parfois le vocabulaire de l’antisémitisme traditionnel. Par exemple, le mot «youpin», qui avait tendance à disparaître en France, est réutilisé dans des milieux de banlieues qui ne le connaissaient pas. Bref, les différentes branches de l’antisémitisme sont en train de se conjuguer. L’extrême droite traditionnelle qui connait un renouveau, une certaine ultra gauche qui par le biais de l’antisionisme a parfois du mal à maquiller son antisémitisme (l’enquête Fondapol d’octobre 2014 menée par Dominique Reynié était édifiante à cet égard). On a oublié que l’antisémitisme plongeait de longues racines à gauche, depuis Proudhon jusqu’aux propos de Benoît Frachon en juin 1967, secrétaire général de la CGT. Mais la branche la plus massive, et de loin, est la branche arabo-islamiste. Celle-là seule passe aux actes, elle insulte, frappe et tue. Elle n’est d’ailleurs pas seulement arabo-islamiste car elle déborde aujourd’hui dans les banlieues. Nombre de jeunes qui ne sont pas issus de l’immigration arabo-musulmane adoptent pourtant le code culturel de l’antisémitisme, lequel est devenu un code d’intégration dans les cités. Ainsi, ici, l’intégration à la France se fait-elle à rebours, en chassant la part juive de la société française. Adopter ces clichés et ce langage c’est se donner plus de chances d’être intégré dans l’économie sociale des banlieues. Et pour parler comme la banlieue, il faut parler «anti-feuj». (…) En tant qu’historien, je suis frappé par la stupidité d’une telle comparaison [sort des musulmans aujourd’hui à celui des juifs hier]. Je n’ai pas souvenir dans l’histoire des années 30 d’avoir entendu parler de l’équivalent juif de Mohammed Merah, de Mehdi Nemmouche ou des frères Kouachi se mettant à attaquer des écoles françaises, des boutiques ou des Eglises. Assistait-on dans les années 1930 à un repli communautaire des juifs? Tout au contraire, s’agissait-il d’une course éperdue vers l’intégration et l’assimilation. Les juifs cherchaient à se faire le plus petit possible. Ils étaient 330 000, dont 150 000 juifs étrangers qui vivaient dans la crainte d’être expulsés. Beaucoup étaient des réfugiés de la misère, d’autres fuyaient le nazisme et les violences antisémites d’Europe orientale. Aujourd’hui, place Beauvau, on estime la minorité musulmane entre six et dix millions de personnes. Ils n’ont pas été chassés par un régime qui veut les exterminer mais sont venus ici, dans l’immense majorité des cas, pour trouver des conditions de vie meilleures. Les situations sont incomparables, ne serait-ce qu’au regard des effectifs concernés: en Europe, aujourd’hui, un musulman sur quatre vit en France. Cette question est toutefois intéressante à un autre titre: pourquoi une partie de la population française d’origine maghrébine est-elle habitée par un mimétisme juif, une obsession juive, voire une jalousie sociale comme si l’histoire du Maghreb colonial se perpétuait ici? L’histoire de la Shoah est-elle en cause? Elle n’a pas été surestimée, il s’agit bien de la plus profonde coupure anthropologique du siècle passé, et elle dépasse de loin la seule question antisémite. En réalité, c’est la trivialisation de cette tragédie historique qui a produit des effets pervers. Car la Shoah, elle, au-delà de toutes les instrumentalisations, reste une question d’histoire cardinale qui interroge politiquement toutes les sociétés. Qu’est-ce qu’un génocide? Comment en est-on arrivé-là? Pourquoi l’Allemagne? Pourquoi l’Europe? Pourquoi les juifs? Comment une idéologie meurtrière se met-elle en place? Comment des hommes ordinaires, bons pères de famille, deviennent-ils parfois des assassins en groupe? Cette césure historique, matrice d’un questionnement sans fin, a été rabaissée à un catéchisme moralisateur («Plus jamais ça!») et à une avalanche assez niaiseuse de bons sentiments qui, pédagogiquement, ne sont d’aucune utilité. Et qui fait que nous passons parfois à côté des mécanismes politiques qui régulent des sociétés de masse d’autant plus dangereuses qu’anomiées. Le discours de la repentance a pu stériliser la pensée et frapper de silence des questions jugées iconoclastes. Comme les questions d’histoire culturelle évoquées tout à l’heure. Comme si invoquer le facteur culturel à propos de minorités dont l’intégration est en panne serait emprunter le «chemin d’Auschwitz». Cet affadissement a paralysé la réflexion politique, enté sur la conviction erronée que les situations se reproduisent à l’identique. Or, si les mécanismes sont les mêmes, les situations ne le sont jamais. Le travail de l’historien illustre sans fin le mot d’Héraclite: «On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve…» (…) Mais ces lois [mémorielles] ont des effets pervers. Dans des sociétés de masse animées par la passion de l’égalité, toute différence, est perçue comme une injustice. La Shoah étant perçue comme le summum de la souffrance, le peuple juif aux yeux de certains est devenu le «peuple élu de la souffrance». De là une concurrence des mémoires alimentée plus encore par un cadre de références où la victime prend le pas sur le citoyen. Comme s’il fallait avoir été victime d’une tragédie historique pour être reconnu. Second élément de la dérive, la transgression qui permet d’échapper à l’anonymat. Et dans une société qui a fait de la Shoah (contre les historiens) une «religion civile», la meilleure façon de transgresser est de s’en prendre à cette mémoire soit dans le franc négationnisme hier, soit dans la bêtise de masse (qui se veut dérision) type Dieudonné aujourd’hui. Sur ce plan, tous les éléments sont réunis pour favoriser la transgression qui canalise les frustrations innombrables d’un temps marqué au sceau du «désenchantement du monde». C’est d’ailleurs pourquoi on a tort de réagir à chacune des provocations relatives à la Shoah. C’est précisément ce qu’attend le provocateur, notre indignation est sa jouissance. (…) Pour une journée de jumelage avec Tel-Aviv, il a fallu déployer 500 CRS. L’ampleur de la polémique me parait disproportionnée. Israël n’est pas un Etat fasciste et le conflit avec les Palestiniens est de basse intensité. Il y a pratiquement tous les jours entre cinquante et cent morts par attentats dans le monde arabo-musulman dans l’indifférence générale. La guerre civile en Syrie a fait à ce jour, et en quatre ans, 240 000 morts. Le conflit israélo-palestinien en aurait fait 90 000 depuis 1948. La disproportion est frappante. Peu importe que des Arabes tuent d’autres Arabes. Tout le monde s’en moque. Les juifs seuls donnent du prix à ces morts. Dès qu’ils sont de la partie, on descend dans la rue. Cette passion débordante, disproportionnée, n’interroge pas le conflit. Elle interroge ce que devient la société française. Les menaces sur Tel Aviv sur scène sont venues des mêmes milieux qui ont laissé faire les violences de Barbès en juillet 2014, la tentative d’assaut contre la la synagogue de la rue de la Roquette à Paris et une semaine plus tard contre celle de Sarcelles. Bref, je le redis, ce n’est pas le conflit qui a été importé, c’est l’antisémitisme du Maghreb. Les cris de haine d’aujourd’hui sont l’habillage nouveau d’une animosité ancienne. (…) A la lecture de Christophe Guilluy, on comprend d’ailleurs qu’il n’y a pas deux France, mais trois. La France périphérique méprisée par les élites, qui souffre et est tenue de se taire. Elle constitue le gros du vivier FN. La France des biens nés, intégrée socialement, plus aisée et qui regarde avec condescendance la France populaire qui «pense mal». Enfin, une troisième France, tout aussi en souffrance que la première, en voie de désintégration sous l’effet de la relégation géographique, sociale, scolaire, et dont une frange se radicalise. Mais l’erreur, ici, serait de lier la poussée islamiste à la seule déshérence sociale: dès lors que des jeunes intégrés, et diplômés basculent vers la radicalité islamiste, on comprend que le facteur culturel a été longtemps sous-estimé. (…) A force de nier le réel, on a fait le lit du FN. Les millions de Français qui sont aujourd’hui sympathisants du Front national n’ont pas le profil de fascistes. Beaucoup d’entre eux votaient jadis à gauche, et le FN authentiquement parti d’extrême droite, est aussi aujourd’hui le premier parti ouvrier de France. Comment en est-on arrivé-là? Quelle responsabilité ont les classes dominantes dans ce naufrage et, notamment la classe intellectuelle? Voilà les questions qui importent vraiment. En revanche, la question rhétorique du «plus grand danger», FN ou islamisme, vise à nous faire taire. Avec à la clé ce chantage: «A dénoncer la poussée de l’islamisme, du communautarisme, la désintégration d’une partie de l’immigration de masse, vous faites le jeu du Front national!». Tenter de répondre à la question ainsi formulée, c’est tomber dans ce piège rhétorique. Il faudrait, au contraire, retourner cette question à ceux qui la posent: n’avez-vous pas fait le jeu du FN en invalidant la parole d’une partie du peuple français, en le qualifiant de «franchouillard», de raciste, de fasciste? Et en sous estimant le sentiment d’abandon et de mépris vécu par ces dominés de toujours? Georges Bensoussan
La France comprend trois foyers d’expression de l’antisémitisme très forts. Le premier, ce sont les proches du Front National et les électeurs de Marine Le Pen […] Le deuxième groupe, c’est parmi les Français musulmans […] Et puis le troisième groupe ce sont les proches du Front de gauche et les électeurs de Jean-Luc Mélenchon 2012, où là aussi on trouve, à un dégré moindre, et sur des ajustements ou, je dirais des agencements différents, l’expression d’un antisémitisme fort. (…) On a [dans ce groupe] une adhésion beaucoup plus forte que la moyenne à des préjugés qui relèvent de cet antisémitisme anticapitaliste et antiglobalisation. Cette idée que les juifs contrôlent l’économie. Qu’il y a un capitalisme cosmopolite, que le monde de la finance est un monde cosmopolite. Dominique Reynié
En octobre 2004, dans son rapport intitulé Chantier sur la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, Jean-Christophe Rufin notait une diminution du rôle de l’extrême droite dans la responsabilité des violences antisémites et, en revanche, une augmentation de celui d’une frange de la jeunesse issue de l’immigration. (…) L’intérêt de la seconde enquête est de vérifier l’hypothèse d’un nouvel antisémitisme, avancée il y a presque quinze ans par Pierre-André Taguieff et reprise par Jean-Christophe Rufin dans son rapport de 2004. Il s’agit donc de savoir si les musulmans vivant en France sont plus ou moins susceptibles que la moyenne de la population nationale à partager des préjugés contre les Juifs, voire à développer une vision antisémite. (…) Enfin, pour comprendre ce regain des mauvaises pensées, il faut compter avec l’influence majeure d’un nouvel acteur, le Web, dont le rôle est rapidement devenu déterminant dans le domaine de l’information mais aussi de l’engagement politique, de la mobilisation militante et de la prise de parole en général et de type protestataire en particulier. La force du Web est décuplée par ses vertus apparentes et pour partie réelles: égalitarisme, spontanéisme, authenticité, immédiateté, universalité… Mais ce nouvel espace public est fortement porté par la possibilité singulière d’émettre des messages, des opinions, de les recevoir, de les partager, sans avoir nécessairement à décliner son identité, c’est-à-dire sans devoir engager sa responsabilité. Dans toute l’histoire de la liberté de la presse et de la liberté d’opinion, c’est une situation inédite. Ces outils offrent aux antisémites et aux racistes un statut d’extraterritorialité et, finalement, une impunité de fait, qui ne permet plus aux États de droit ni d’assurer la défense des valeurs humanistes ni de punir ceux qui se rendent coupables de les transgresser. (…) Il y a les opinions et il y a les agressions. En France, jamais nous n’avons réussi à descendre au-dessous de la barre de 400 actes antisémites par an depuis le début des années 2000, et l’année 2014 connaît une augmentation impressionnante (+ 91 %). Ainsi, de janvier à juillet 2014, comparativement à la même période en 2013, on a relevé 527 actes antisémites contre 276. La moitié des actes racistes sont des actes contre les Juifs, qui représentent probablement moins de 1 % de la population. Sur le Web, on note l’installation d’un antisémitisme déchaîné. Au cours de l’été 2014, lors des manifestations contre l’intervention israélienne dans la bande de Gaza, des slogans «Mort aux Juifs !» ont été entendus à Paris, place de la République; à Sarcelles, ces cris ont débouché sur la mise à sac de commerces au motif qu’ils appartenaient à des Juifs. Une synagogue a été attaquée. Il en va de même pour les actes atroces commis récemment: l’assassinat, en 2006, d’Ilan Halimi par le gang de Youssouf Fofana; celui, en 2012, de Jonathan Sandler et des enfants Gabriel Sandler, Arieh Sandler et Myriam Monsonego par Mohammed Merah, également meurtrier des malheureux Imad Ibn Ziaten, Mohamed Legouad et Abel Chennouf; puis, en 2014, la tuerie de Bruxelles perpétrée par Mehdi Nemmouche. Ne confondons pas ces drames avec des faits sans cause. Ils sont de notre époque et nous disent donc nécessairement de quoi elle est faite. (…) Parmi les informations que nous apporte cette enquête, l’un des points à retenir est certainement le fait que 16 % seulement des personnes interrogées se disent d’accord avec l’affirmation selon laquelle, en France, «il y a plus de problèmes d’antisémitisme que de problèmes de racisme». Autrement dit, 59 % des personnes estiment le contraire, ce qui s’oppose à l’évidence des données sur les agressions antisémites. En France, les actes antisémites constituent 50 % de tous les actes racistes, tandis que la communauté juive représente moins de 1 % de la population nationale. Il faut donc noter que, du point de vue du public, les agressions antisémites ne suscitent pas l’écho et la mémorisation auxquelles on pourrait s’attendre compte tenu de la nature des faits et de leur gravité (…) Selon notre enquête, de tous les partis politiques et des publics qu’ils fédèrent autour d’eux, les sympathisants du Front national et les électeurs de Marine Le Pen constituent l’univers politique et partisan où l’on trouve, et de très loin, le plus d’opinions antisémites et xénophobes. Les sympathisants du FN et ses électeurs ressemblent davantage au discours du fondateur du parti qu’au discours plus policé que sa nouvelle présidente s’efforce de mettre en scène. (…) Les musulmans répondants sont deux à trois fois plus nombreux que la moyenne à partager des préjugés contre les Juifs. La proportion est d’autant plus grande que la personne interrogée déclare un engagement plus grand dans la religion. Ainsi, lorsque 19 % de l’ensemble des personnes interrogées indiquent adhérer à l’idée selon laquelle «les Juifs ont trop de pouvoir dans le domaine de la politique», le taux grimpe à 51 % pour l’ensemble des musulmans. Cette question permet d’illustrer les effets de la pratique religieuse sur l’adhésion aux items antisémites: en effet, l’adhésion à cet item est de 37 % chez les personnes qui déclarent une «origine musulmane», de 49 % chez les musulmans croyants» et de 63 % chez les «musulmans croyants et pratiquants». (…) l’idée selon laquelle le sionisme « est une organisation internationale qui vise à influencer le monde», si typique de la vision antisémite, suscite un niveau d’approbation très élevé parmi les musulmans interrogés (44 %), contre 16 % en moyenne de la population âgée de 16 ans et plus. On voit encore ici que la proportion croît avec le degré d’implication religieuse. L’existence d’un complot sioniste est de 30 % chez ceux qui déclarent une «origine musulmane», de 42 % chez les « musulmans croyants » et de 56% chez les «musulmans croyants et pratiquants ». (…) Les préjugés contre les Juifs sont plus répandus au sein de la mouvance du Front de gauche que dans l’ensemble de la société française, mais ils sont moins répandus que dans la mouvance du Front national. Dominique Reynié
Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif, et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte ni aux droits civiques et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, ni aux droits et au statut politique dont les juifs jouissent dans tout autre pays. Déclaration Balfour (2 novembre 1917)
X. Aux peuples d’Autriche-Hongrie, dont nous désirons voir sauvegarder et assurer la place parmi les nations, devra être accordée au plus tôt la possibilité d’un développement autonome.
XI. La Roumanie, la Serbie et le Monténégro devraient être évacués ; les territoires occupés devraient être restitués ; à la Serbie devrait être assuré un accès à la mer libre et sûr; les relations des états Balkans entre eux devraient être déterminés par une entente amicale le long de lignes historiquement établies d’allégeance et de nationalité; des garanties internationales quant à l’indépendance politique et économique, et l’intégrité territoriale des États des Balkans devrait également être introduites.
XII. Aux régions turques de l’Empire ottoman actuel devraient être assurées la souveraineté et la sécurité ; mais aux autres nations qui sont maintenant sous la domination turque on devrait garantir une sécurité absolue de vie et la pleine possibilité de se développer d’une façon autonome ; quant aux Dardanelles, elles devraient rester ouvertes en permanence, afin de permettre le libre passage aux vaisseaux et au commerce de toutes les nations, sous garantie internationale.
XIII. Un État polonais indépendant devrait être créé, qui inclurait les territoires habités par des populations indiscutablement polonaises, auxquelles on devrait assurer un libre accès à la mer, et dont l’indépendance politique et économique ainsi que l’intégrité territoriale devraient être garanties par un accord international.
XIV. Une association générale des nations doit être constituée sous des alliances spécifiques ayant pour objet d’offrir des garanties mutuelles d’indépendance politique et d’intégrité territoriale aux petits comme aux grands États. 
Woodrow Wilson (14 propostions, 8 janvier 1918)
Le Conseil de la Société des nations … Considérant que les Principales Puissances Alliées ont convenu que le Mandat est chargé d’appliquer la déclaration annoncée le 8 novembre 1917 par le Gouvernement Britannique et adoptée par les autres puissances alliées, en faveur de l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif ; étant clairement entendu qu’aucune démarche ne devrait être entreprise pouvant porter préjudice aux droits civils et religieux des communautés non juives en Palestine, ni aux droits et au statut politique dont bénéficiaient les Juifs dans d’autres pays. Résolution de San Remo (24  avril 1920, confirmée par le Conseil de la Société des nations le 24 juillet 1922, mise en application en septembre 1923)
3. Reconnaît que la dissolution de la Société des Nations mettra fin à ses fonctions en ce qui concerne les territoires sous mandat, mais note que des principes correspondant à ceux que déclare l’article 22 du Pacte sont incorporés dans les chapitres XI, XII et XIII de la Charte des Nations Unies; 4. Note que les Membres de la Société administrant actuellement des territoires sous mandat ont exprimé leur intention de continuer à les administrer, en vue du bien-être et du développement des peuples intéressés, conformément aux obligations contenues dans les divers mandats, jusqu’à ce que de nouveaux arrangements soient pris entre les Nations Unies et les diverses Puissances mandataires. Résolution de l’assemblée de la Société des nations (18 avril 1946)
À l’exception de ce qui peut être convenu dans les accords particuliers de tutelle conclus conformément aux Articles 77, 79 et 81 et plaçant chaque territoire sous le régime de tutelle, et jusqu’à ce que ces accords aient été conclus, aucune disposition du présent Chapitre ne sera interprétée comme modifiant directement ou indirectement en aucune manière les droits quelconques d’aucun État ou d’aucun peuple ou les dispositions d’actes internationaux en vigueur auxquels des Membres de l’Organisation peuvent être parties. Chapitre XII : Régime international de tutelle (article 80, San Francisco, 26 juin 1945)
Ayant en vue spécifiquement la mise en œuvre de la résolution du Conseil de sécurité du 16 Novembre 1948, les objectifs et principes suivants sont confirmés:
1. Est reconnu le principe selon lequel aucun avantage militaire ou politique ne devrait être acquis pendant la trêve ordonnée par le Conseil de sécurité;
2. Il est également reconnu, les dispositions du présent accord étant dictées exclusivement par des considérations militaires, qu’aucune disposition du présent Accord ne porte en rien atteinte aux droits, revendications et positions de l’une ni de l’autre Partie dans le règlement pacifique et final de la question palestinienne. Accord Jordano-israélien d’armistice général du 3 Avril 1949 (article II)
La ligne de démarcation de l’armistice ne doit être interprétée d’aucune façon comme une frontière politique ou territoriale. Accord Israélo-égyptien d’armistice général du 24 Février 1949 (Article V)
À la fin du XIXe siècle, se structure un nationalisme juif, le sionisme, qui soutient la création d’un État-nation juif en Palestine qu’il définit comme « Terre d’Israël ». En 1917, les Britanniques, par l’intermédiaire de la Déclaration Balfour, se déclarent en faveur de l’établissement d’un foyer national pour le peuple juif. En 1919, est signé l’Accord Fayçal-Weizmann en tant qu’élément de la Conférence de paix de Paris. Cet accord prévoit l’établissement d’une coopération judéo-arabe pour le développement d’une patrie juive et d’une nation arabe en Palestine. La même année se tient à Jérusalem le Congrès de la Palestine arabe qui exige l’annulation de la déclaration de Balfour et l’inclusion de la Palestine comme partie intégrante du gouvernement arabe indépendant de la Syrie et rejette le sionisme tout en acceptant l’aide britannique sous condition de ne pas empiéter sur la souveraineté arabe en Palestine envisagée en tant qu’élément d’un État syrien indépendant. La population arabe du pays s’oppose au projet. Des émeutes sont régulièrement organisées dans toute la Palestine dès 1919. En avril 1920, des émeutes à Jérusalem font une dizaine de morts et près de 250 blessés à la veille de la Conférence de San Remo qui doit étudier la question du futur de la Palestine. La Société des Nations s’y déclare favorable au projet d’établissement d’un foyer national juif et en 1922, elle officialise le mandat britannique sur la Palestine. Dès 1920, Mohammed Amin al-Husseini devient l’un des principaux leaders du nationalisme palestinien ayant pour but la création d’un État arabe palestinien indépendant; il s’oppose activement au sionisme et est considéré comme l’instigateur de 1921 à 1937 des émeutes violentes en réaction au projet de l’établissement d’un « Foyer juif » en Palestine. Il est réputé antisémite. En 1937, alors qu’il est recherché par la police britannique pour son rôle dans ces émeutes il s’enfuit en Syrie. En 1941, il se réfugie en Allemagne nazie et demande à Hitler de lui apporter son soutien contre la création d’un Foyer juif. En 1925, Izz al-Din al-Qassam, né en Syrie, prône la lutte armée comme action politique, en 1930 il fonde une organisation paramilitaire, La main noire qui se lance dans des attaques contre les juifs et les britanniques, prêchant la violence politique d’inspiration religieuse, le Jihad et l’anti-sionisme. En 1935 est fondé le Parti arabe palestinien créé par la famille Al-Husseini. L’opposition arabe palestinienne culmine avec la Grande Révolte de 1936-1939. Menée par les nationalistes palestiniens, elle s’oppose à la fois à la présence juive et britannique en Palestine et aux hommes politiques palestiniens se revendiquant d’un nationalisme panarabe. Le 18 février 1947, les Britanniques annoncent l’abandon de leur mandat sur la région et transfèrent la responsabilité sur la Palestine mandataire à l’ONU. Wikipedia
L’argument fondamental que les Arabes utilisent contre Israël est que la seule raison de sa création aurait été d’apaiser la mauvaise conscience des Européens après la Shoah. Selon leurs dires, les Juifs n’auraient aucun droit sur la Terre d’Israël du point de vue légal, historique et moral. Or, cet argument est complètement faux. La communauté internationale a reconnu les droits légaux, historiques et moraux du peuple juif sur la Terre d’Israël bien avant que quiconque ait jamais entendu parler d’Adolf Hitler. En 1922, la Société des Nations avait mandaté la « reconstitution » – et non la création – du foyer national juif sur la Terre d’Israël dans ses frontières historiques sur les deux rives du Jourdain. Caroline Glick
L’Etat d’Israël a vu le jour par le même processus légitime qui a créé les autres nouveaux états de la région, conséquence du démantèlement de l’Empire ottoman après la Première Guerre mondiale. Conformément à la pratique traditionnelle des états victorieux, les puissances alliées,  France et Angleterre, ont créé le Liban, la Syrie, l’Irak et la Jordanie et bien sûr Israël, pour consolider et protéger leurs intérêts nationaux. Ce droit légitime de réécriture de la carte peut avoir été mal fait et à courte vue – des régions contenant autant de sectes et de groupes ethniques différents étaient de mauvais candidats pour devenir des Etats-nation, comme le prouve l’histoire de l’Irak et du Liban, alors que les meilleurs candidats au statut de nation comme les Kurdes étaient laissés de côté. Mais ce droit est le fruit de la victoire des Alliés et de la défaite des Empires centraux, le prix séculaire à payer pour avoir lancé et perdu une guerre. De même, en Europe, l’Empire austro-hongrois était démantelé et les nouveaux états autrichien, hongrois, yougoslave et tchécoslovaque étaient créés. Et l’agresseur principal allemand se voyait puni par une importante perte de territoire, abandonnant quelque 10 millions d’Allemands en dehors de la patrie. Le droit des Israéliens à leur propre pays est aussi légitime que celui des Jordaniens, Syriens et Libanais. Bruce Thornton
Pour le lecteur distrait, une attaque de civils en goguette en tout point identique à celles du 13 novembre à Paris est devenue un nouvel épisode de l’interminable et incompréhensible conflit israélo-palestinien, des arabes et des juifs se mitraillant les uns les autres comme ils aiment bien le faire, chacun sait ça. D’ailleurs, de l’attentat, voire de l’incident, Mediapart n’en a même pas parlé du tout, se contentant de publier une dépêche Reuters insistant sur la réaction manifestement disproportionnée des autorités de l’État hébreu. Quant au Monde, c’est de la « punition collective » des Palestiniens privés de sauf-conduits en Israël qu’il commence par s’indigner… Je ne ferai pas, à nouveau, le vœu pieux que nos journaux se mettent à considérer la victime israélienne d’une attaque terroriste de la même manière que la victime française d’une attaque terroriste – sans doute parce que je ne suis pas pieux moi-même et surtout parce que c’est un combat perdu d’avance – mais je me dis qu’il serait bon de se souvenir qu’un terroriste est un terroriste n’importe où ; quel que soit le contexte ou le discours qu’il tient pour légitimer sa barbarie. Et qu’un civil prenant l’apéro à la fraîche, à Paris, à Tel Aviv, à Bruxelles, à San Bernardino, à Sousse ou à Ankara, est juste un civil prenant l’apéro à la fraîche. Le type qui lui tire dessus ne sait ni qui il est, ni ce qu’il pense, ni ce que sont ses choix politiques ou religieux. Il est juste venu le descendre à l’aveugle. C’est le principe même du terrorisme. Hughes Serraf
« Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale »Sujet du bac histoire 2016
1945 La fin de la Seconde Guerre mondiale permet de finaliser la création d’États arabes indépendants. Se pose alors la question de la création d’un État juif. Anabac (2011)
D’abord, c’est l’intitulé de la question de cours: le Proche et Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Bien sûr, il existe des risques de dérapage dans les copies, mais je suis totalement favorable à ce type de sujet, car il a une résonance avec l’actualité et qu’il s’agit de notre coeur de métier de professeur d’histoire. Nous tentons tous les jours d’intéresser nos élèves à cette discipline en leur rendant le monde intelligible. Et par définition, cela a du sens d’évoquer la montée de l’islam politique à partir de 1967 et la guerre des Six Jours ou encore d’expliquer l’origine du fondamentalisme islamique par la création des frères musulmans. Bien sûr, nous ne prenons pas parti. Et à l’inverse, quand je corrigerai, je sanctionnerai la prise de position des élèves. Bruno Modica (professeur d’histoire-géographie, lycée Henri IV de Béziers)

Après l’anti-américanisme et le floutage des manuels

A l’heure où entre fusillades de terrasses de café, attaques de discothèque ou salle de concert voire intifada des couteaux

Un Occident qui, sans parler du reste du monde, semble prendre de plus en plus les couleurs du « petit pays de merde »
 .
N’arrive toujours pas, à commencer par le prétendu chef du monde libre, à même nommer ses propres ennemis
 .
Pendant que dans nos rues et sur nos écrans nos jeunes apprennent, entre saccages de devantures de banque et vandalisation d’hôpital d’enfants, à jouer à la révolution …
 .
Comment encore s’étonner …
 .
A la lecture du dernier sujet d’histoire du bac 2016 (section S) et des corrigés qu’en propose la presse …

De la profonde ignorance où l’on plonge nos enfants…

Quant il leur est demandé d’expliquer « depuis la fin de la deuxième guerre mondiale », rien de moins que l’apparemment éternel « foyer de conflits » du Proche et du Moyen-Orient …

Les privant du coup de l’évènement crucial …

A savoir le démembrement de l’Empire ottoman suite à la Première guerre mondiale …

Comme, bien avant le génocide nazi et au nom du droit à l’autodétermination des peuples, le plan de partage …

Qui le prolonge avec notamment la résolution de San Remo

Sans lesquels n’auraient jamais existé ni nationalisme juif, ni nationalisme arabe …

Et encore moins, entre Syrie, Liban, Jordanie, Irak ou Israël, aucune des nations correspondantes …

Tout le contraire en somme de la conclusion que l’on imagine, logique, de la part des élèves…

Où, implicite, des corrigés qu’on leur propose:

Conflit insoluble parce que suite au génocide, les Arabes se voient imposer un foyer juif qui leur prend toutes leurs terres. CQFD ?

 

Il y a terrasse et terrasse

Attentat en Israël : « Je suis Tel Aviv ? » Dans tes rêves !
Un type qui se fait mitrailler en prenant l’apéro à la fraîche à Tel Aviv est-il d’abord une victime ? Mahmoud Abbas lui-même en est convaincu, nos médias beaucoup moins…

Hughes Serraf

Atlantico

10 juin 2016

Il n’y a guère eu que le PIR, le fameux « mouvement décolonial anti-mixité », pour se réjouir carrément du mitraillage de quatre personnes à la terrasse d’un bistrot de Tel Aviv, mais on peut dire que la presse française a été longue à la détente (hum…) sur ce coup.

Parce que le bistrot en question était situé à un jet de pierre (re-hum) du ministère de la Défense, et sur la foi d’une dépêche AFP bâclée, l’info a d’abord été que des coups de feu avaient été tirés contre le QG de l’armée israélienne. Le Figaro a modifié son titre par la suite et requalifié en attentat ce qu’il présentait comme un « incident » dans le corps du texte, mais d’autres ne sont pas donnés autant de peine

Et pour le lecteur distrait, une attaque de civils en goguette en tout point identique à celles du 13 novembre à Paris est devenue un nouvel épisode de l’interminable et incompréhensible conflit israélo-palestinien, des arabes et des juifs se mitraillant les uns les autres comme ils aiment bien le faire, chacun sait ça.

D’ailleurs, de l’attentat, voire de l’incident, Mediapart n’en a même pas parlé du tout, se contentant de publier une dépêche Reuters insistant sur la réaction manifestement disproportionnée des autorités de l’État hébreu. Quant au Monde, c’est de la « punition collective » des Palestiniens privés de sauf-conduits en Israël qu’il commence par s’indigner…

Je ne ferai pas, à nouveau, le vœu pieux que nos journaux se mettent à considérer la victime israélienne d’une attaque terroriste de la même manière que la victime française d’une attaque terroriste – sans doute parce que je ne suis pas pieux moi-même et surtout parce que c’est un combat perdu d’avance – mais je me dis qu’il serait bon de se souvenir qu’un terroriste est un terroriste n’importe où ; quel que soit le contexte ou le discours qu’il tient pour légitimer sa barbarie.

Et qu’un civil prenant l’apéro à la fraîche, à Paris, à Tel Aviv, à Bruxelles, à San Bernardino, à Sousse ou à Ankara, est juste un civil prenant l’apéro à la fraîche. Le type qui lui tire dessus ne sait ni qui il est, ni ce qu’il pense, ni ce que sont ses choix politiques ou religieux. Il est juste venu le descendre à l’aveugle. C’est le principe même du terrorisme.

Vraisemblablement, de nouvelles avancées dans le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens amélioreraient la situation et limiteraient l’éclosion de nouvelles vocations chez les pratiquants de kalachnikov urbaine. Même le maire de Tel Aviv en est convaincu. Mais s’il faut désormais aller chercher chez Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, une condamnation plus ferme et plus spontanée de ces actions que chez nos médias, on a le droit de se dire découragé.

 Voir aussi:
Difficulté du sujet. Tout sujet sur ce thème semble risqué pour un candidat soucieux de rester neutre, ce qui n’est pas toujours évident. L’intitulé du sujet reprenant l’intitulé du chapitre, nombre de candidats se seront sans doute appuyés plus que d’ordinaire sur le cours reçu et sur son organisation. Il est impossible, en 2 heures/2 h 15, de répéter intégralement le cours. Il faut donc faire des choix, et les expliquer. Autre risque : se focaliser exagérément sur les conflits israélo-arabes, qui ne sont qu’une partie des conflits régionaux.
Introduction. Il s’agit d’expliquer les termes du sujet. Distinguer le Proche-Orient (littoraux méditerranéens) du Moyen-Orient (jusqu’à l’Iran et au Yémen). Définir les types de conflits (militaires, politiques, culturels et religieux, économiques, d’influence). Surtout expliquer la notion de foyer (creuset d’idées, de légitimation de conflits rendus difficiles à résoudre par les conditions idéologiques de construction de la propagande, influence d’États extérieurs dans les conflits régionaux comme les États-Unis, dont il ne faut pas surestimer la place dans la région, l’URSS/Russie, les Européens, la Chine). On pouvait par exemple en accroche mentionner la rencontre en 1945 entre le roi d’Arabie Saoudite et le président Roosevelt, qui fait des États-Unis un acteur majeur de la région mais garantit aux pays industrialisés la sécurité de leur approvisionnement en hydrocarbures donc les conditions de leur développement.
Problématique. Quelles conditions font du Proche et du Moyen-Orient un foyer de conflits qui depuis 1945 ne semblent pas trouver de fin.
Proposition de plan. Plusieurs plans sont possibles, en deux ou en trois parties.
1. Un foyer dans la guerre froide
2. Un nœud de conflits aux justifications différentes
3. Depuis 1991, une instabilité régionale constante
Notions attendues. Hydrocarbures – Guerre froide –Containment – Panarabisme – Sionisme – Islamisme – Multilatéralisme – Gouvernance mondiale.
Voir également:
Annales corrigées
Classe(s) : Tle ES – Tle L | Thème(s) : Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Première Guerre mondiale
Type : Composition | Année : 2014 | Académie : Amérique du Sud

Analyser le sujet

Les termes du sujet

Terme Définition
Proche et Moyen-Orient Régions situées entre Turquie, Égypte et Afghanistan et englobant notamment l’Iran, l’Irak et la péninsule Arabique.
Foyer de conflits Au-delà des lieux de tensions (guerres, soulèvements, etc.), la notion renvoie à des espaces susceptibles d’être déstabilisés.
1945 La fin de la Seconde Guerre mondiale permet de finaliser la création d’États arabes indépendants. Se pose alors la question de la création d’un État juif.

La problématique

Depuis 1945, les conflits se perpétuent au Proche et au Moyen-Orient. Analyser cet espace et les troubles qui l’agitent revient ainsi à s’interroger sur les erreurs et intérêts qui ont maintenu la région en état de crise, au risque de répercussions mondiales.

Utilisez les mots justes

Le sujet exige de faire des distinctions précises.

  • Concernant le conflit en Palestine, faites la différence entre les États arabes qui mènent des guerres conventionnelles contre Israël, et le peuple palestinien qui n’a pas d’État ni d’armée et organise des « intifadas » (révoltes faites de jets de pierre ou d’actions de désobéissance civile) ou des attentats.
  • De nombreux conflits sont de nature confessionnelle. Sur ce plan, distinguez « musulman » (croyant de l’islam) et « islamiste » (partisan d’une interprétation rigoriste de l’islam). Ne confondez pas « juif » (en référence à une croyance) et « Israélien » (en référence à une citoyenneté). Autre confusion à éviter : celle consistant à voir dans tout Palestinien un musulman ; certains sont chrétiens.
  • La notion de terrorisme est à manier avec précaution. Pour ceux qui les soutiennent, les « terroristes » sont des « résistants » !
  • Distinguez les notions d’antisémitisme (hostilité à l’encontre des juifs en tant que communauté confessionnelle) et d’antisionisme (opposition à la création d’un État juif en Palestine). Tous les juifs ne sont pas sionistes.

Évitez les pièges

  • Faites attention à ne pas laisser apparaître votre sympathie pour l’une ou l’autre des causes. Les correcteurs attendent des candidats qu’ils sachent prendre du recul.
  • Ne centrez pas toute votre copie sur le seul conflit israélo-palestinien. Il entretient des ramifications avec tous les autres ; mais il n’a pas l’exclusivité du sujet.
  • Le sujet implique des changements d’échelles pour distinguer les conflits locaux (internes à un État), régionaux (opposants des États entre eux) ou mondiaux (impliquant les grandes puissances). Faire apparaître ces différences de niveaux valorisera votre copie.
  • Le choix du plan est difficile. Thématique et chronologique sont tous deux possibles, mais veillez à ne pas passer de l’un à l’autre. Nous optons ci-dessous pour le plan chronologique parce qu’il est plus facile.
  • Corrigé

    Ce corrigé est rédigé sous la forme d’un plan détaillé. Les titres en couleurs servent à guider la lecture et ne doivent en aucun cas figurer sur la copie.

    Introduction

    [Contexte] En 1945, à la faveur de la paix retrouvée, Proche et Moyen-Orient forment une région politiquement réorganisée ; mais les accords ne satisfont pas tous les partis en présence.

    [Problématique] Quels foyers de conflits apparaissent ? En quoi déstabilisent-ils la région pour longtemps ?

    [Annonce du plan] Après avoir évalué les enjeux propres à la région (1945-1947), nous évoquerons les guerres israélo-arabes (1948-1979) auxquels font suite les guerres du pétrole (1980-2015).

    I. 1945-1947 : une région riche en atouts, politiquement redessinée

    1. Le carrefour de trois continents, réservoir mondial de pétrole

    • La région est au carrefour de l’Afrique, de l’Asie et de l’Europe. Des routes maritimes importantes y sont rattachées (Bosphore, canal de Suez, détroit d’Ormuz).
    • Elle détient les plus importantes réserves d’hydrocarbures mondiales. Les plus gros pays producteurs de pétrole s’y concentrent (Arabie Saoudite, Irak, Iran, Émirats arabes unis).

    2. Des États pauvres confiés à des alliés jugés fiables

    • Suite aux promesses faites pendant la Seconde Guerre mondiale, des États y voient le jour : le Liban en 1943, la Jordanie et la Syrie en 1946. En Irak et en Iran, le pouvoir est confié à des personnalités amies des vainqueurs.
    • Les États de la région ont tout à construire. Pour la plupart se pose aussi la question de l’eau, ressource rare.
    • Des minorités ethniques (druzes, kurdes) ou religieuses sont marginalisées ou ignorées.

    3. La création de l’État d’Israël dans un espace à haute identité sacrée

    • Berceau des religions monothéistes, la région est riche en lieux saints disputés (Jérusalem, La Mecque, Nadjaf, etc.).

    Info

    La déclaration Balfour de 1917 promettait de créer un État juif en échange d’un soutien aux Britanniques contre l’Allemagne.

    • Les juifs revendiquent la création d’un État promis en 1917 par les Britanniques.
    • En 1947, l’Organisation des Nations unies (ONU) propose un plan de partage de la Palestine en trois entités : un État juif, un État palestinien et Jérusalem sous statut international. Validé par les grandes puissances, il est rejeté par la Ligue arabe.

    [Transition] Espace à forte identité confessionnelle, Proche et Moyen-Orient constituent une région où se croisent de nombreux intérêts. La victoire de 1945 a permis aux Grands d’imposer leur ordre ; mais celui-ci résistera-t-il à ceux qui le désapprouvent ?

    II. 1948-1979 : des guerres israélo-arabes entretenues par les grandes puissances

    1. La guerre de 1948 et la question palestinienne

    • La création de l’État d’Israël en 1948 est remise en cause par les pays arabes qui déclenchent un conflit militaire contre lui.
    • La victoire des Israéliens leur permet d’agrandir leur territoire. Elle provoque aussi l’exode de 800 000 Palestiniens.
    • Les Israéliens revendiquent leur droit à disposer du territoire qui leur a été accordé par la communauté internationale. Les Palestiniens réclament le même droit, mais l’État prévu pour eux n’a pas vu le jour.

    2. 1956 : Un conflit israélo-arabe instrumentalisé par les Européens

    • Soucieux de se développer, les États arabes cherchent des capitaux. Pour financer la construction du barrage d’Assouan sur le Nil, le président égyptien Gamal Abdel Nasser décide de nationaliser le canal de Suez.
    • Français et Britanniques, qui en avaient alors la gestion, incitent les Israéliens à déclencher une guerre préventive contre l’Égypte. Ils prévoient de proposer ensuite leur arbitrage. Si l’opération est un échec pour eux, elle est un succès pour Israël qui désarme ainsi son grand voisin.
    • Nasser se tourne vers l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). Dans le cadre de la guerre froide, Proche et Moyen-Orient constituent un enjeu pour les deux Grands.

    3. 1967-1977 : des guerres soutenues par les grandes puissances

    • Les États-Unis aident Israël, l’URSS soutient les États arabes. Les guerres des Six Jours en 1967 et du Kippour en 1973 n’apportent aucune solution.
    • En 1967, Israël s’est emparé de vastes territoires (Sinaï, Gaza, Cisjordanie et plateau du Golan) qu’il promet de rendre en échange de la paix. L’ONU condamne l’occupation israélienne ; mais, bloquée par le veto américain au Conseil de sécurité, elle ne peut agir.

    Info

    L’attentat le plus retentissant fut commis lors des Jeux olympiques de Munich en 1972.

    • Après l’échec de la guerre du Kippour, l’Égypte traite avec Israël qui lui rend le Sinaï en 1979. Livrés à eux-mêmes, les Palestiniens multiplient les attentats.

    [Transition] L’équilibre entre les deux Grands, les intérêts nationaux des États arabes et la résistance des Israéliens figent la situation. Mais en 1979 l’Iran fait une révolution islamique. Comment s’en ressent l’ensemble de la région ?

    III. De 1980 à nos jours : une région en feu sur fond de radicalisation islamique

    1. Batailles pour la domination régionale

    • Depuis 1945, Turquie, Arabie Saoudite, Irak et Iran cherchent à asseoir leur domination régionale. Mais, au début des années 1980, l’échec des nationalismes et l’espoir suscité par la révolution iranienne déstabilisent la région.
    • Pendant huit ans (1980-1988), l’Iran et l’Irak se déchirent dans une guerre qui a de fortes répercussions internationales : second choc pétrolier en 1979, contre-choc en 1986.
    • Les ambitions nucléaires de l’Irak et de l’Iran inquiètent les Occidentaux.

    2. Les guerres du pétrole

    • En 1991, Saddam Hussein tente d’annexer le Koweït pour faire de l’Irak la première puissance pétrolière mondiale. Les États-Unis obtiennent mandat de l’ONU pour l’en chasser. C’est la première guerre du Golfe.
    • En 2001, Al-Qaïda revendique les attentats contre le World Trade Center de New York : c’est une véritable déclaration de guerre à l’Occident.
    • Les États-Unis interviennent alors en Afghanistan (2001) puis en Irak (2003) dans le cadre de la lutte contre le « terrorisme ». Ils cherchent aussi à garder le contrôle du pétrole.

    3. Le conflit israélo-palestinien

    • En 1986, une nouvelle forme de guerre oppose l’État d’Israël aux Palestiniens des territoires occupés qui se battent à mains nues : c’est la première Intifada (« guerre des pierres »).

    Info

    À partir de 1969, Yasser Arafat dirige l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).

    • La disparition de l’URSS en 1991 change la donne géopolitique : Yasser Arafat se rapproche des États-Unis et accepte les accords d’Oslo en 1993. La paix semble possible.
    • Mais un front du refus bloque le processus : l’intransigeance israélienne qui colonise les territoires occupés d’une part, l’émergence de nouveaux mouvements palestiniens se réclamant de l’islamisme (Hamas, Hezbollah) d’autre part, perpétuent l’état de guerre.

    Conclusion

    Depuis 1945, l’ingérence des grandes puissances, les ambitions régionales des États et la radicalisation des peuples attisent les foyers de conflits et maintiennent Proche et Moyen-Orient dans le chaos.

    Voir enfin:

     Term L, histoire-géographie LMA, 2012-2013 Thème 3 – Puissances et tensions dans le monde de la fin de la Pre – mière Guerre mon diale à nos jours Question 2 – Un foyer de conflits

    Cours

    Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Première Guerre mondiale

    Note : références des documents, Nathan, TLES, 2012, Coll. Le Quintrec.

    I    Introduction

    Le Moyen-Orient désigne pour les Britanniques une région allant de l’Égypte à l’Afghanistan et du Sud du Caucase à la Péninsule arabique, en englobant le Proche-Orient – cette dernière expression est française et désigne les États bordiers de l’Est méditerranéen. Situé au cœur de « l’arc des crises », c’est l’un des principaux foyers de conflits dans le monde, c’est-à-dire de rapports de forces, de rivalités entre États ou forces politiques, à l’échelle locale comme à l’échelle internationale. Ces conflits sont liés à plusieurs facteurs – politiques, religieux, ethniques, rivalités pour les ressources naturelles, etc., qui se superposent parfois, ce qui rend cet espace particulièrement difficile à analyser. De nombreux conflits qui caractérisent cet espace trouvent leur origine dans l’histoire, c’est pourquoi on choisira une organisation chronologique pour le développement, sans pour autant oublier la permanence, la résurgences ou l’apparition de certains enjeux.

    II    1918-1948 : une région sous influence étrangère

    1.  L’influence des grandes puissances depuis 1918 (Carte p. 2 63) • Au lendemain de la Première Guerre mondiale, le Moyen-Orient qui était en grande partie sous le contrôle de l’Empire ottoman est divisé en plusieurs États indépendants par le traité de Sèvres (1920) qui offi cialise le démembrement de l’Empire. Français et Britanniques se partagent la région en établissant des mandats, lors de la conférence de San Remo (1920 également), c’est-à-dire une tutelle accordée par la SDN à une grande puissance, dont l’objectif est théoriquement de guider le territoire concerné vers l’indépendance. Le Royaume-Uni n’a donc pas respecté sa promesse de créer un grand royaume arabe dans la région, ce qui constitue un premier échec pour le « panarabisme » et crée une première cause de rancœur à l’égard des Occidentaux.

    • Les deux puissances européennes ne tiennent donc pas compte des aspirations nationales et les frontières qu’elles tracent sont artificielles . Ainsi, la France reçoit un mandat sur  la  Syrie,  dont  elle  détache  le  Liban  pour  satisfaire  aux  revendications  des  chrétiens maronites, légèrement majoritaire dans la région et protégés par la France pendant la période ottomane. Les Britanniques obtiennent un mandat sur la Palestine et sur la Mésopotamie (l’Irak et la Transjordanie) et continuent d ’exercer leur influence sur l’Égypte et les émirats du Golfe persique – Koweït, Qatar, Oman, Yémen. En effet, les premiers gisements de pétrole, découverts en Iran et en Irak avant la Première Guerre mondiale, représentent déjà un enjeu pour les Britanniques.

    • Les premiers États indépendants voient le jour dans la région, sur les décombres de l’Empire ottoman. En 1924, la Turquie devient une république laïque dirigée par Mustapha Kemal Atatürk. La même année, l’émir wahhabite Abd al- Aziz Ibn Saoud s’empare de la Mecque et fonde le royaume d’Arabie saoudite en 1932. Les Britanniques accordent l’indépendance à l’Irak en 1932 et à l’Égypte en 1936. En Perse, les militaires renversent l’Empire des Qajar et le pays, qui devient l’Iran en 1935, accède à l’indépendance en 1925. On voit donc apparaître dans la région des États laïques et largement tournés vers l’Occident – Turquie, Iran – mais également des États ultra-conservateurs sunnites, comme l’Arabie saoudite. De même, on assiste à un essor de mouvements islamistes dans l’entre-deux-guerres, comme les Frères musu lmans en Égypte. Il faut dire que le Moyen-Orient est une mosaïque de religions : les musulmans sont très majoritaires, mais divisés entre sunnites et chiites ainsi que d’autres groupes très minoritaires, comme les druzes ou les kharidjites. Les chrétiens sont dispersés en onze communau-tés différentes, certaines catholiques – les maronites au Liban, d’ autres orthodoxes – les coptes en Égypte. Il faut également compter avec la diaspora juive, dispersée dans l’ensemble de la région.

    2.  La montée des tensions entre les deux guerres

    • Dans les diff érents États de la région, des nationalismes autonomes se dé veloppent. Ainsi,  la Transjordanie « ( » d’un côté  » du Jourdain) devient la patrie des Jordaniens, tandis qu’en Cisjordanie ( » de l’autre côté  » du Jourdain), un nationalisme palestinien se développe.  Le  seul  point  commun  de  ces  nationalistes  arabes  est  de  réclamer  le départ des Occidentaux. À côté du débat sur l’identité  arabe , du panarabisme et du panislamisme, émergent donc des nationalismes locaux en Égypte, au Liban, en Syrie, etc. Mais jusqu’aux années 1950 le nationalisme arabe demeure une notion floue et ne s’affi rme pas réellement comme une force politique. D’autres peuples de la région n’ont pas d’État comme les Kurdes qui son partagés entre quatre pays : la Turquie, l’Irak, l’Iran et la Syrie. Minoritaires au sein de ces États, ils sont régulièrement victimes de persécutions. Les puissances européennes se heurtent à des insurrections, comme la France face aux druzes – musulmans hétérodoxes – du sud-Liban entre 1925 et 1927 et les Britanniques qui répriment la révolte des populations arabes en Palestine, opposées à l’immigration juive (1936).

    • Les tensions commencent également à porter sur le partage de s ressources pétrolières de l’Irak et opposent cette fois les puissances occidentale s. En 1928, les Accords dits « de la Ligne rouge » redistribuent les parts d’exploitation au sein de l’Irak Petroleum Company (IPC), fondée en 1927 à la place de la Turkish Petroleum Company (TPC) et dont les capitaux sont partagés entre Britanniques, Français et Américains. De fait, ces accords partagent le Moyen-Orient – y compris la péninsule arabique – entre les majors partenaires de la TPC. À cette occasion, les Américains prennent pied dans l’exploitation pétrolière au Moyen-Orient pour la première fois. (Texte 4 p. 269, « L’accord d’Achnacarry. . . « )

    • Un autre point de tension est lié au développement de l’immigration juive en Palestine. Conformément à leurs promesses de la Déclaration de Balfour de novembre 1917 (Texte 3 p. 265, « La déclaration de Balfour ») , les Britanniques y ont favorisé l’entrée de nombreux juifs, implantés dans le Yishouv. À la fin des années 1930, les juifs sont plus  de  400  000  et  représentent  un  peu  moins  du  tiers  des  habitants  de  la  Palestine. Ils sont animés par le sionisme, qui est à la fois une idéologie et une action concrète, né à l’initiative de Theodor Herzl à la fin du XIX e siècle pour coordonner et rationaliser les flux migratoires des juifs en les orientant vers le Proche-Orient pour y construire, à terme, un État pour les juifs. En Palestine, ces derniers se sont dotés d’institutions politiques, de structures économiques et syndicales, mais aussi d’une organisation d’autodéfense, la Haganah. Mais les Palestiniens refusent toute immigration juive. En 1936, la « Grande Grève » des Arabes oblige les Britanniques à envisager un partage de la Palestine (Texte 2 p. 265, « La révolte des Arabes de Palestine. . . « ) . Une résistance palestinienne se développe, sévèrement réprimée par les Britanniques ; mais, à l’approche de la guerre en Europe, ces derniers acceptent finalement de restreindre l’immigration juive sans toutefois satisfaire les nationalistes palestiniens.

    3.  La Seconde Guerre mondiale et ses conséquences

    • Le Moyen-Orient joue un rôle fondamental dans la Seconde Gue rre mondiale, en raison de l’importance stratégique du canal de Suez et des champs pétrolifères. Les nationalismes  arabes  doivent  s’e ff acer  devant  les  impératifs  de  la  guerre  :  les  Britanniques prennent le contrôle de la Syrie au détriment des Français, e t soumettent l’Iran en com- mun avec les Soviétiques – avec un accord prévoyant l’évacua tion de l’Iran dans les six mois suivant la fin de la guerre – et doivent rétablir par la for ce leur autorité en Irak, devenu le centre de ralliement des nationalistes arabes ant ibritanniques. • Les lendemains de la Seconde Guerre mondiale sont marqués pa r la fin des mandats européens sur le Moyen-Orient : les Français doivent abando nner leurs mandats sur le Liban et la Syrie en 1946. Pour autant, l’indépendance des Etats arabes signifie un second échec du panarabisme, qui devient dès lors plus un rêv e qu’une réalité. Dans le même temps, les États-Unis, sortis de leur isolationnisme, a ffi rment leur présence dans la région. Dès 1945, le Pacte de Quincy est conclu entre le pré sident Roosevelt et le roi saoudien afin de permettre l’accès des Etats-Unis au pétrole saoudien en échange d’une protection militaire et d’une aide en matériel militaire am éricaine. Au total, la guerre a entraîné la fin de la prépondérance européenne au Moyen-Orie nt. • De plus, la Palestine en tant qu’État disparaît de la carte du Moyen-Orient. Les Bri- tanniques évacuent la région et, en novembre 1947, le plan de partage voté par l’ONU entraîne la création de l’État d’Israël, proclamé par David Ben Gourion le 14 mai 1948, et la première guerre entre les Israéliens et leurs voisins (carte 1 p. 265, « La créa- tion de l’État d’Israël ») . Tsahal (Forces de défense d’Israël, FDI) remporte le conflit contre une coalition comprenant l’Egypte, l’Irak, la Syrie , la Transjordanie et le Liban. Des centaines de milliers de Palestiniens – 800 000 – se réfug ient dans Gaza, la Cisjor- danie et le Liban, chassés ou partis de leur plein gré dans l’e spoir de revenir une fois Israël vaincu et détruit. Les Palestiniens deviennent un pe uple sans terre.

    III    1948-1991 : le Moyen-Orient pendant la guerre froide

    1.  Le Moyen-Orient, un enjeu Est-Ouest • Comme d’autres régions du monde, le Moyen-Orient devient l’e njeu de la rivalité entre les États-Unis et l’URSS. Dans le cadre de la politique d’endi guement, les États-Unis soutiennent l’Arabie saoudite et la Turquie, qui devient me mbre de l’OTAN en 1952, l’Irak et l’Iran – jusqu’en 1979 (Texte 5 p. 269, « Les Etats-Unis et le pétrole ira- nien ») . Israël devient également l’allié privilégié des Américai ns à partir des années 1960. L’URSS soutient l’Égypte du colonel Nasser, l’Irak, la Syrie, le Sud Yémen et défend o ffi ciellement la cause des Palestiniens qui réclament la créat ion d’un État in- dépendant. Les passages stratégiques font l’objet d’une su rveillance maritime particu- lièrement vigilante. Toutefois, certaines alliances ne re stent pas figées et les équilibres régionaux se modifient : ainsi, l’Iran devient ouvertement h ostile aux États-Unis et à Israël après la révolution islamique de 1979. À l’inverse, l ’Égypte et l’Irak deviennent les alliés des Américains à partir de 1980. • Les puissances européennes perdent leur influence dans la ré gion. En 1956, le colonel Nasser décide de nationaliser le canal de Suez, jusqu’alors exploité par une compa- gnie franco-britannique. Cette décision entraîne immédiat ement une intervention mi- litaire conjointe des Français, des Britanniques et des Isra éliens, qui occupent militai- rement les sites stratégiques en Égypte. Mais l’interventi on est condamnée par l’ONU et l’URSS menace de soutenir son allié égyptien. Les Etats-Un is font pression sur la France et le Royaume-Uni, qui sont contraints de retirer leur s troupes. Défaite des an- ciennes puissances européennes, la crise de Suez fait renaî tre pour un temps le rêve de l’unité arabe et du non-alignement. • À partir des années 1960, les États de la région profitent de la dépendance occiden- tale à l’égard du pétrole pour se réapproprier leurs ressour ces. En 1960, l’Iran, l’Irak, l’Arabie saoudite et le Koweït fondent l’Organisation des p ays exportateurs de pétrole (OPEP), à l’origine de deux  » chocs pétroliers  » en 1973 et 197 9. Face aux États in- dustrialisés impliqués dans la guerre froide, cette organi sation, qui s’ouvre à d’autres États comme le Venezuela et l’Indonésie, apparaît comme l’u ne des rares organisations internationales à échapper à la logique de la guerre froide.

    2.  Les guerres israélo-arabes et le conflit israélo-palestin ien • Israël subit des attaques depuis la frontière égyptienne et le Sinaï. Pour les faire cesser, elle s’allie en 1956 avec la France et le Royaume-Uni lors de la crise de Suez qui a pour origine la nationalisation du canal de Suez par le colonel Na sser. L’o ff ensive franco- britannique se double donc d’une o ff ensive israélienne en Egypte. Les alliés doivent retirer leurs troupes sous la pression des grandes puissanc es et des casques bleus sont déployés à Gaza et le long de la frontière Egyptienne. Mais ce tte victoire montre que l’indépendance de l’Etat israélien est bien établie. • Dans le contexte de guerre froide, Israël devient l’allié pr ivilégié des Etats-Unis tan- dis que les Etats arabes sont soutenus par l’URSS. L’a ff rontement israélo-arabe de- vient donc un conflit de la guerre froide. En 1967, les Etats ar abes voisins massent des troupes à la frontière israélienne. Les israéliens déclenc hent une guerre préventive : ils détruisent l’aviation arabe et écrasent l’armée égyptienn e dans le désert du Sinaï qu’ils occupent (Texte 2, « Résolution 242 » et carte 3 p. 267) . La « guerre des six jours » est une nouvelle victoire pour les israéliens, comme la « guerre d u Kippour » en 1973, dé- clenchée par une o ff ensive égyptienne. La paix est finalement signée avec l’Egyp te en 1979 – les accords de Camp David (Photo 4 p. 267) -, mais Israël doit continuer de faire face à l’opposition de l’Organisation de la Palestine (OLP) de Yasser Arafat et à la révolte des Palestiniens dans les territoires occupés (les Intifadas se succèdent). (Texte 3 p. 276, « La Charte de l’OLP, 1968″) • Israël intervient également à plusieurs reprises au Liban : en 1978, l’armée israélienne entre au Sud Liban afin de créer une zone tampon protégeant son territoire des raids de combattants palestiniens de l’OLP. Tsahal se retire rapide ment mais laisse L’Armée du Liban Sud, son alliée, combattre les Palestiniens de l’OLP. En 1982, pour faire cesser les  attaques  des  Palestiniens  contre  son  territoire,  Israë l  lance  l’opération   »  Paix  en Galilée « . Tsahal fait le siège de Beyrouth et l’occupation isr aélienne dure trois ans, ce qui ne met pas fin à la guerre civile. Des accords de paix israél o-libanais sont signés, mais ils ne sont pas reconnus par la Syrie ni par l’OLP. Le confl it se complique encore avec la formation du Hezbollah, mouvement armé chiite liban ais, soutenu par l’Iran et la Syrie, lequel devient l’adversaire principal d’Israël. J ean -C hristophe D elmas 4 III    1948-1991 : le M oyen -O rient pendant la guerre froide

    3.  Des conflits périphériques permanents

    • Ces conflits échappent de plus en plus à la logique de la guerre f roide et trouvent leur origine dans des causes régionales multiples. C’est le cas pa r exemple de la longue guerre entre l’Iran et l’Irak (1980-1988). En 1979, Saddam H ussein accède au pouvoir en Irak à la tête du parti Baas et s’appuie sur la minorité sunni te du pays. La même année, le retour de l’ayatollah Khomeini en Iran entraîne la création d’une République islamique chiite. (Texte de Khomeiny p. 286) À ces causes religieuses (sunnites contre chiites), ethniques (Arabes contre Perses) et géopolitiqu es s’ajoute un ancien conflit frontalier entre l’Irak et l’Iran, concernant le fleuve Chatt -el-Arab, situé dans la pro- vince du Khuzestan qui délimite la frontière entre les deux E tats et se jette dans le Golfe persique. Côté irakien, les villes de Bassorah et de Fao sont ac cessibles aux pétroliers grâce au fleuve. Côté iranien, on trouve la ville portuaire de K horramshar et les ra ffi – neries d’Abadan. L’enjeu du pétrole et de l’accès au Golfe pe rsique représente donc un autre facteur auquel il faut ajouter l’ambition personnell e de Saddam Hussein. Il lance ses troupes sur l’Iran, persuadé que la guerre sera courte. L a région du Chatt-el-Arab est occupée ainsi que plusieurs villes au centre et au nord de l’Iran. Mais l’agression de l’Irak et l’intense propagande du régime de Téhéran galvani sent les Iraniens qui s’en- rôlent en masse dans l’armée. La guerre dure huit ans et condu it à un quasi statu quo dans la région. • En revanche, la guerre d’Afghanistan (1979-1989) s’inscri t bien dans une logique de guerre  froide.  En  1979,  les  Soviétiques  interviennent  mili tairement  pour  secourir  le gouvernement  communiste  menacé  par  les  milices  tribales.  L es  troupes  de  l’Armée rouge  contrôlent  les  principales  villes,  mais  s’enlisent  d ans  les  combats  contre  les moudjahidines soutenus par les États-Unis. La guerre dure d ix ans et laisse un pays politiquement éclaté aux mains des chefs de milices tribale s. De 1992 à 1996, un nou- veau conflit éclate entre les forces gouvernementales du com mandant Massoud et les talibans qui veulent créer un État fondé sur la charia. Ces der niers l’emportent et l’Af- ghanistan devient la base arrière du terrorisme islamiste e t en particulier d’Al-Qaïda. • À ces conflits, il faut ajouter la guerre civile quasi-perman ente qui déchire le Liban des années 1970 à 1990 (Carte p. 280, « La mosaïque libanaise ») . À partir de 1975, une guerre civile éclate entre les Phalanges armées maronit es (chrétiennes) et les Pa- lestiniens au Liban et leurs alliés arabes sunnites. Les cam ps de réfugiés palestiniens sont pris pour cible par les phalanges chrétiennes et, de leu r côté, les Palestiniens mas- sacrent des civils chrétiens et mènent une guérilla urbaine . Le conflit s’étend et en- traîne une première intervention militaire de la Syrie, inq uiète du basculement possible de l’équilibre des forces dans un Etat qu’elle considère com me appartenant à sa zone d’influence. Israël intervient à son tour. Au début des année s 1980, le conflit se com- plique encore avec la formation du Hezbollah, mouvement arm é chiite libanais, soutenu par l’Iran et la Syrie, lequel devient l’adversaire princip al d’Israël. (Texte 5 p. 281,  » La Charte du Hezbollah) Les attentats-suicides qu’il organise contre les Occident aux à Beyrouth entraînent le départ des forces internationales q ui quittent la capitale. En 1988, le pays se divise à nouveau lorsque le maronite Michel A oun est nommé Pre- mier ministre : la majorité des arabes sunnites soutiennent un second gouvernement pro-syrien  dirigé  par  le sunnite  Selim Hoss.  Aoun entrepren d  alors  une   » guerre  de libération  » contre la Syrie. En 1989, les accords de Taëf (Ar abie Saoudite) sont si- gnés : ils prévoient une répartition équilibrée des pouvoir s au Liban. Toutefois, le pays reste en partie occupé par la Syrie et le Hezbollah continue d e mener depuis le Sud des attaques contre Israël, qui bombarde ses positions à plusie urs reprises.

    IV De nouvelles conflictualités depuis la fin de la guerre froide (Cartes p. 258-259)

    1.  Des tensions persistantes dans les années 1990

    • L’Iran  cherche  à  devenir  une  puissance  régionale,  soutenan t  la  Syrie  mais  aussi  les groupes chiites du Moyen-Orient. Les Etats-Unis sont alors poussés à se rapprocher de l’Arabie saoudite, d’autant plus que l’Irak de Saddam Hus sein mène une politique agressive à l’égard de ses voisins. En envahissant le Koweït en 1990 (accusé de pomper dans les nappes pétrolifères irakiennes), l’Irak suscite c ontre lui une coalition interna- tionale menée par les États-Unis, avec, depuis la fin de la gue rre froide, la neutralité de l’URSS. En janvier 1991, l’opération  » Tempête du désert  » per met d’écraser l’Irak et de libérer le Koweït. • La fin de la guerre du Golfe, qui coïncide avec la fin de la guerre froide, laisse penser au président américain George Bush que le temps de la paix entre l es Israël et les Arabes est venu. Les Accords d’Oslo d’août 1993 admettent le princi pe d’une autonomie des territoires palestiniens, concrétisée par les Accords de W ashington en septembre sui- vant, en même temps qu’Israël et Jordanie signent la paix. Cep endant, le Proche-Orient est profondément divisé, entre les pays alliés des États-Un is d’un côté (Israël, Turquie, Arabie saoudite, monarchies du Golfe, Égypte) et ses advers aires de l’autre (Iran, Syrie, Palestiniens). • Mais le processus de paix entamé au lendemain de la première G uerre du Golfe est éphémère. Les Israéliens bloquent toute négociation autou r de la construction d’un État palestinien, allant jusqu’à faire édifier un mur de séparati on pour isoler la Cisjordanie, encourager la colonisation et jouer la division des Palesti niens pour empêcher l’appa- rition d’un interlocuteur unique. Le Hamas, mouvement isla miste né en 1987 dans le cadre de l’ Intifada , prend ainsi le contrôle de la bande de Gaza alors que la Cisjor danie reste sous contrôle de l’Autorité palestinienne. (Texte 4 p. 275, « La feuille de route », texte 2 p. 278, « Pourquoi les accords d’Oslo ont-il échoué ? » et texte 3 p. 279, « Le point de vue du gouvernement israélien »)

    2.  Les conséquences du 11 septembre 2001

    • Au lendemain des attentats du 11 septembre, le Moyen-Orient apparaît comme le foyer du terrorisme islamiste, qui s’est développé depuis les ann ées 1970-1980 dans l’en- semble de la région. Le régime des Talibans est renversé en Af ghanistan en 2001, mais les solutions militaires trouvent leurs limites. L’interv ention des États-Unis en Irak en 2003, dans la deuxième Guerre du Golfe, pour renverser Sadda m Hussein et assurer la sécurité des approvisionnements pétroliers, est déclen chée sous des prétextes qui di- visent la communauté internationale – lutter contre le terr orisme et supprimer les armes de destruction massive supposément détenues par le régime i rakien – et sans l’accord de l’ONU (Texte 2 p. 271, « La guerre en Irak », discours de G. W. Bush) . • Mais les Américains s’avèrent incapables d’empêcher le cha os politique et économique – multiplication des attentats et a ff rontements entre communautés religieuses (Texte 3  p.  273,  « L’appel  d’Al-Qaida  au  Jihad  en  Irak ») .  L’Irak  demeure  en  proie  à  la violence entre sunnites et chiites et son a ff aiblissement profite par contrecoup à l’Iran qui se pose en puissance régionale et cherche à se doter de l’a rme nucléaire, depuis l’élection de Mahmoud Ahmadinejad en 2005. (Texte 3 p. 271, « La menace nucléaire iranienne ») J ean -C hristophe D elmas 6 IV    D e nouvelles conflictualit  ́ es depuis la fin de la guerre froide • Les interventions militaires occidentales n’ont pas éradi qué l’islamisme radical de la région. L’Afghanistan demeure largement influencée par les talibans et le retrait des oc- cidentaux, programmé en 2011, s’avère plein d’incertitude pour l’Afghanistan comme pour le Pakistan voisin. Des guérillas islamistes se dévelo ppent en Irak, au sud de la péninsule arabique, au sud-Liban et dans la bande de Gaza. Al -Qaïda a développé une  » nébuleuse  » s’étendant de l’Afghanistan et du Pakistan au Ma ghreb (AQMI) en passant par le péninsule arabique (AQPA).

    3.  Les révolutions du « printemps arabe »

    • Le Proche-Orient peine enfin à se démocratiser. Dans la régio n, seule Israël et la Tur- quie peuvent être considérés comme des démocraties. Dans la plupart des pays, la cen- sure touche les opposants de toutes sortes. Les manifestati ons sont sévèrement répri- mées à Bahreïn et au Yémen en 2011, avec l’appui de troupes venu es d’Arabie saoudite. Et le mouvement qui a conduit à la destitution du président ég yptien Hosni Moubarak en 2011 ne présume pas pour autant d’une démocratisation du p ays sur le long terme et les élections montrent une forte progression des islamiste s. De même, l’avenir politique de la Libye, après la chute du colonel Kadhafi, facilitée par l es Occidentaux, demeure incertain. • Israël craint que la  » paix froide  » instaurée avec l’Égypte d epuis 1979, ne soit remise en cause par l’instabilité qui pourrait s’installer chez so n voisin. Une partie de l’opi- nion publique égyptienne exprime un antisémitisme virulen t et les Frères musulmans ne cachent pas leur hostilité au traité de paix. En 2012, l’am bassade israélienne est at- taquée au Caire et des a ff rontements opposent les forces israéliennes et des terrori stes palestiniens dans le Sinaï. De plus, le nouveau régime égypt ien a ouvert le point de passage de Rafah, dans la bande de Gaza. • Dans ce contexte, la recrudescence de la violence en Syrie po se un second problème à Israël. Si Tel-Aviv s’est longtemps accommodé de la stabili té assurée par la dictature des Assad, elle a récemment rejoint les Etats-Unis et l’Unio n européenne, demandant le départ de Bachar el-Assad. En e ff et, la chute du régime syrien pourrait briser l’axe Hezbollah-Syrie-Iran, principale menace pesant contre Is raël dans la région. Téhéran serait a ff aiblie dans la région et l’Iran pourrait être contrainte de r evenir à la table des négociations sur son programme nucléaire. Mais les observa teurs remarquent que de nombreux combattants djihadistes ont franchi la frontière de la Syrie pour combattre aux côtés des insurgés. Là encore, la guerre civile porte en e lle la possibilité d’une instabilité croissante dans la région.

    Conclusion

    Le Moyen-Orient demeure donc au cœur de « l’arc des crises » et p lusieurs conflits engagés ou potentiels fragilisent la région. Cette situation est lié e à une multiplicité de facteurs : l’instabilité des frontières, la fragilité des États, la di versité ethnique et religieuse, mon- tée de l’islamisme radical, la rivalité pour les ressources naturelles, fractures sociales et démographiques, etc. Les Occidentaux ont soutenu les révol utions du « printemps arabe » dans l’espoir qu’une démocratisation de la région permette nt l’instauration d’une paix durable. Mais il n’est pas certain que cet objectif soit réal isable à court terme.

8 Responses to Bac 2016: Comment l’antisionisme est enseigné à nos enfants (Anti-zionism 101: How French students are disinformed about Israel)

  1. Tamara dit :

    Dire que mes petits enfants et cette jeunesse française qu’on manipule, vont avaler ces couleuvres, y croire, puisque innocents, y disserter sans pouvoir donner son vrai avis, cela me donne froid dans le dos. Non nous sommes au pays bisounours et rien ne permet de justifier les déclarations cyniques et horribles, de personnalités comme Villepin ou autre et ce, pour plaire à qui? Vous vous le demandez? cherchez : vous n’y trouverez aucune ombre d’humanisme chez les ennemis d’Israël dont sa capitale toute Jérusalem, souverain, légitime et qui apporte tant au Monde, mais çà, les médias et les dirigeants ne vous le diront pas!!!!!!!!!!!!!!!!!

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  2. Tamara dit :

    Dire qu’il faudra attendre la fin l’ère du chantage de l’année 1973 pour sortir de ces mensonges et ces allégeances à des pays qui n’apportent rien au Monde qu’à interdire l’humanisme et les progrès du Monde !!!!!!!!!!!!

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  3. jcdurbant dit :

    « sans pouvoir donner son avis » …

    Confirmation:

    Silence dans les rangs !

    Non seulement, on leur donne pas les moyens de juger mais en plus que personne ne s’avise de prendre position !

    « D’abord, c’est l’intitulé de la question de cours: le Proche et Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Bien sûr, il existe des risques de dérapage dans les copies, mais je suis totalement favorable à ce type de sujet, car il a une résonance avec l’actualité et qu’il s’agit de notre coeur de métier de professeur d’histoire. Nous tentons tous les jours d’intéresser nos élèves à cette discipline en leur rendant le monde intelligible. Et par définition, cela a du sens d’évoquer la montée de l’islam politique à partir de 1967 et la guerre des Six Jours ou encore d’expliquer l’origine du fondamentalisme islamique par la création des frères musulmans. Bien sûr, nous ne prenons pas parti. Et à l’inverse, quand je corrigerai, je sanctionnerai la prise de position des élèves. »

    Bruno Modica (professeur d’histoire-géographie, lycée Henri IV de Béziers)

    http://www.lexpress.fr/education/bac/decryptage-du-bac-d-histoire-geo-2016_1803059.html

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  4. Quel souffle ! Merci pour vos articles et bravo pour cette recension. Gageons cependant que l’enseignement de l’histoire ne sera pas boulversé…

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  5. jcdurbant dit :

    Bien sûr ! Merci d’avance !

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  6. jcdurbant dit :

    CHERCHEZ L’ERREUR ! (Comment l’Education nationale désinforme nos enfants sur les Palestiniens qui, expulsés ou livrés à eux-mêmes, se battent à mains nues contre le véto américain et l’intransigeance israélienne qui colonise les territoires occupés avec le soutien de Trump)

    Les juifs revendiquent la création d’un Etat promis en 1917 par les Britanniques. … La victoire des Israéliens leur permet d’agrandir leur territoire. Elle provoque aussi l’exode de 800 000 Palestiniens. Les Israéliens revendiquent leur droit à disposer du territoire qui leur a été accordé par la communauté internationale. Les Palestiniens réclament le même droit, mais l’Etat prévu pour eux n’a pas vu le jour. En 1967, Israël s’est emparé de vastes territoires (Sinaï, Gaza, Cisjordanie et plateau du Golan) qu’il promet de rendre en échange de la paix. L’ONU condamne l’occupation israélienne ; mais, bloquée par le veto américain au Conseil de sécurité, elle ne peut agir. Livrés à eux-mêmes, les Palestiniens multiplient les attentats. [Transition] L’équilibre entre les deux Grands, les intérêts nationaux des Etats arabes et la résistance des Israéliens figent la situation. … En 1986, une nouvelle forme de guerre oppose l’Etat d’Israël aux Palestiniens des territoires occupés qui se battent à mains nues : c’est la première Intifada (« guerre des pierres »). … Yasser Arafat se rapproche des États-Unis et accepte les accords d’Oslo en 1993. La paix semble possible. Mais un front du refus bloque le processus : l’intransigeance israélienne qui colonise les territoires occupés d’une part, l’émergence de nouveaux mouvements palestiniens se réclamant de l’islamisme (Hamas, Hezbollah) d’autre part, perpétuent l’état de guerre. L’élection de Donald Trump qui installe l’ambassade américaine à Jérusalem et soutient la politique de colonisation israélienne, y contribue également…

    Sujet 1 CORRIGÉ – Le Proche et Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

    Analyse du sujet

    • Le sujet est vaste. Il ne faut pas se perdre dans les détails. Le plan chronologique s’impose.

    • Le sujet implique des changements d’échelles. Il faut distinguer par la construction du devoir les enjeux locaux et ceux qui sont plus mondiaux.

    • Ne pas limiter le sujet au conflit israélo-palestinien même s’il mérite qu’une place importante lui soit attribuée. Définir (en introduction ?) la distinction entre Proche et Moyen Orient est un plus.

    Plan détaillé

    Introduction

    [Contexte] En 1945, à la faveur de la paix retrouvée, Proche et Moyen-Orient forment une région politiquement réorganisée ; mais les accords ne satisfont pas tous les partis en présence. [Problématique] Quels foyers de conflits apparaissent ? En quoi déstabilisent-ils la région pour longtemps ? [Annonce du plan] Après avoir évalué les enjeux propres à la région (1945-1947), nous évoquerons les guerres israélo-arabes (1948-1979) auxquelles font suite les guerres du pétrole (depuis 1980).

    I. 1945-1947 : une région riche en atouts, politiquement redessinée

    1. LE CARREFOUR DE TROIS CONTINENTS, RÉSERVOIR MONDIAL DE PÉTROLE

    • La région est au carrefour de l’Afrique, de l’Asie et de l’Europe. Des routes maritimes importantes y sont rattachées (Bosphore, canal de Suez, détroit d’Ormuz).

    • Elle détient les plus importantes réserves d’hydrocarbures mondiales. Les plus gros pays producteurs de pétrole s’y concentrent (Arabie Saoudite, Irak, Iran, Emirats arabes unis).

    2. DES ETATS PAUVRES CONFIÉS À DES ALLIÉS JUGÉS FIABLES

    • Suite aux promesses faites pendant la seconde guerre mondiale, des Etats y voient le jour : le Liban en 1943, la Jordanie et la Syrie en 1946. En Irak et en Iran, le pouvoir est confié à des personnalités amies des vainqueurs.

    • Les Etats de la région ont tout à construire. Pour la plupart se pose aussi la question de l’eau, ressource rare.

    • Des minorités ethniques (druzes, kurdes) ou religieuses (yézidis, maronites) sont marginalisées ou ignorées.

    3. LA CRÉATION DE L’ÉTAT D’ISRAËL DANS UN ESPACE À HAUTE IDENTITÉ SACRÉE

    • Berceau des religions monothéistes, la région est riche en lieux saints disputés (Jérusalem, La Mecque, Nadjaf, etc.).

    • Les juifs revendiquent la création d’un Etat promis en 1917 par les Britanniques.

    • En 1947, l’Organisation des nations unies (ONU) propose un plan de partage de la Palestine en trois entités : un Etat juif, un Etat palestinien et Jérusalem sous statut international. Validé par les grandes puissances, il est rejeté par la Ligue arabe. [Transition] Espace à forte identité confessionnelle, Proche et Moyen-Orient constituent une région où se croisent de nombreux intérêts. La victoire de 1945 a permis aux Grands d’imposer leur ordre ; mais celui-ci résistera-t-il à ceux qui le désapprouvent ?

    II. 1948-1979 : des guerres israélo-arabes entretenues par les grandes puissances

    1. LA GUERRE DE 1948 ET LA QUESTION PALESTINIENNE

    • La création de l’Etat d’Israël en 1948 est remise en cause par les pays arabes qui déclenchent un conflit militaire contre lui.

    • La victoire des Israéliens leur permet d’agrandir leur territoire. Elle provoque aussi l’exode de 800 000 Palestiniens.

    • Les Israéliens revendiquent leur droit à disposer du territoire qui leur a été accordé par la communauté internationale. Les Palestiniens réclament le même droit, mais l’Etat prévu pour eux n’a pas vu le jour.

    2. 1956 : UN CONFLIT ISRAÉLO-ARABE INSTRUMENTALISÉ PAR LES EUROPÉENS

    • Soucieux de se développer, les Etats arabes cherchent des capitaux. Pour financer la construction du barrage d’Assouan sur le Nil, le président égyptien Gamal Abdel Nasser décide de nationaliser le canal de Suez.

    • Français et Britanniques, qui en avaient alors la gestion, incitent les Israéliens à déclencher une guerre préventive contre l’Égypte. Ils prévoient de proposer ensuite leur arbitrage. Si l’opération est un échec pour eux, elle est un succès pour Israël qui désarme ainsi son grand voisin.

    • Nasser se tourne vers l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). Dans le cadre de la guerre froide, Proche et Moyen-Orient constituent un enjeu pour les deux Grands.

    3. 1967-1977 : DES GUERRES SOUTENUES PAR LES GRANDES PUISSANCES

    • Les Etats-Unis aident Israël, l’URSS soutient les Etats arabes. Les guerres des Six Jours en 1967 et du Kippour en 1973 n’apportent aucune solution.

    • En 1967, Israël s’est emparé de vastes territoires (Sinaï, Gaza, Cisjordanie et plateau du Golan) qu’il promet de rendre en échange de la paix. L’ONU condamne l’occupation israélienne ; mais, bloquée par le veto américain au Conseil de sécurité, elle ne peut agir.

    • Après l’échec de la guerre du Kippour, l’Egypte traite avec Israël qui lui rend le Sinaï en 1979. Livrés à eux-mêmes, les Palestiniens multiplient les attentats. [Transition] L’équilibre entre les deux Grands, les intérêts nationaux des Etats arabes et la résistance des Israéliens figent la situation. Mais en 1979 l’Iran fait une révolution islamique. Comment s’en ressent l’ensemble de la région ?

    III. De 1980 à nos jours : une région en feu sur fond de radicalisation islamique

    1. BATAILLES POUR LA DOMINATION RÉGIONALE

    • Depuis 1945, Turquie, Arabie Saoudite, Irak et Iran cherchent à asseoir leur domination régionale. Mais, au début des années 1980, l’échec des nationalismes et l’espoir suscité par la révolution iranienne déstabilisent la région.

    • Pendant huit ans (1980-1988), l’Iran et l’Irak se déchirent dans une guerre qui a de fortes répercussions internationales : second choc pétrolier en 1979, contre-choc en 1986.

    • Les ambitions nucléaires de l’Irak et de l’Iran inquiètent les Occidentaux.

    2. LES GUERRES DU PÉTROLE

    • En 1991, Saddam Hussein tente d’annexer le Koweït pour faire de l’Irak la première puissance pétrolière mondiale. Les Etats-Unis obtiennent mandat de l’ONU pour l’en chasser. C’est la première guerre du Golfe.

    • En 2001, Al-Qaïda revendique les attentats contre le World Trade Center de New York : c’est une véritable déclaration de guerre à l’Occident.

    • Les Etats-Unis interviennent alors en Afghanistan (2001) puis en Irak (2003) dans le cadre de la lutte contre le « terrorisme ». Ils cherchent aussi à garder le contrôle du pétrole. Contre l’Iran, ils soutiennent l’Arabie saoudite et Israël. Les attaques contre des pétroliers dans le détroit d’Ormuz (2019) témoignent des fortes tensions maintenues dans la région.

    3. LE CONFLIT ISRAÉLO-PALESTINIEN

    • En 1986, une nouvelle forme de guerre oppose l’Etat d’Israël aux Palestiniens des territoires occupés qui se battent à mains nues : c’est la première Intifada (« guerre des pierres »).

    • La disparition de l’URSS en 1991 change la donne géopolitique : Yasser Arafat se rapproche des États-Unis et accepte les accords d’Oslo en 1993. La paix semble possible.

    • Mais un front du refus bloque le processus : l’intransigeance israélienne qui colonise les territoires occupés d’une part, l’émergence de nouveaux mouvements palestiniens se réclamant de l’islamisme (Hamas, Hezbollah) d’autre part, perpétuent l’état de guerre. L’élection de Donald Trump qui installe l’ambassade américaine à Jérusalem et soutient la politique de colonisation israélienne, y contribue également.

    Conclusion

    Depuis 1945, l’ingérence des grandes puissances, les ambitions régionales des Etats et la radicalisation des peuples attisent les foyers de conflits et maintiennent Proche et Moyen-Orient dans le chaos. Les tensions au Yémen ou celles qui opposent l’Iran aux Etats-Unis vont-elles déclencher un nouveau conflit ?

    https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/06/18/bac-2019-histoire-geo-le-corrige-des-series-l-et-es_5477928_4401467.html

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  7. jcdurbant dit :

    L’ANTISEMITISME POUR LES NULS (Scandale des scandales: Devinez quel unique Etat l’Europe s’obstine à ne pas menacer de sanctions militaires, financières ou économiques ?)

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