Notre attention était ailleurs. Ces dernières semaines, nous avons eu les larmes aux yeux, puis la peur au ventre. Ensuite, nous avons douté. Normal. Et, dimanche soir, comme une gifle, nous avons reçu les dernières nouvelles de cette France ébranlée, abîmée, qui s’est largement laissé séduire par un sourire carnassier. Nous n’avons pas vu grandir le monstre. Cette fois, il ne s’agissait pas de Daesh, que des mains alliées sinon amies avaient tranquillement nourri dans le désert irakien, cependant que l’Europe faisait de l’introspection en scrutant les dernières convulsions du Printemps arabe. C’est une autre menace, d’une autre nature. Mais elle est bien réelle et immense. Donald Trump a été plus loin que jamais, et plus bas que le caniveau, lundi soir, en suggérant que les Etats-Unis ferment leurs frontières aux musulmans, « jusqu’à ce que nous soyons capables de déterminer et de comprendre ce problème ». (…) Donald Trump bénéficie d’une exposition médiatique exceptionnelle. Il est – ou était jusqu’aux derniers sondages, de lundi – le candidat à l’investiture le plus populaire parmi les républicains. C’est peut-être le futur président des Etats-Unis ! Le monde entier a les yeux rivés sur lui. Voilà pourquoi son message de rejet a déjà fait des ravages, de Brooklyn à Jakarta, en passant par Molenbeek, Le Caire et Islamabad. Nous, Européens, ne participerons pas à l’élection du prochain président américain. Nous sommes pourtant tellement concernés… Vladimir Poutine au Kremlin et Donald Trump à la Maison-Blanche ? Au secours, Jean-Claude Juncker ! Le Soir