Caricatures danoises: C’est la démocratie, imbécile ! (Flemming Rose: The cartoons are including, rather than excluding, Muslims)

RD0657139: February 2008

03.02.06: Steve Bell on Muslim outrage at Mohammed cartoonshttps://i0.wp.com/zombietime.com/mohammed_image_archive/extreme_mohammed/Crybaby_Muhammad.jpg

Soyez fils de votre Père qui est dans les cieux (qui) fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et (…) pleuvoir sur les justes et sur les injustes. Jésus (Matthieu 5: 45)
Il n’y a que l’Occident chrétien qui ait jamais trouvé la perspective et ce réalisme photographique dont on dit tant de mal: c’est également lui qui a inventé les caméras. Jamais les autres univers n’ont découvert ça. Un chercheur qui travaille dans ce domaine me faisait remarquer que, dans le trompe l’oeil occidental, tous les objets sont déformés d’après les mêmes principes par rapport à la lumière et à l’espace: c’est l’équivalent pictural du Dieu qui fait briller son soleil et tomber sa pluie sur les justes comme sur les injustes. On cesse de représenter en grand les gens importants socialement et en petit les autres. C’est l’égalité absolue dans la perception. René Girard 
On a le sentiment qu’il y a un risque majeur, c’est de voir la France se mettre à dos 1,4 milliard de musulmans, de voir les Instituts Français, les lycées français attaqués. Ce n’est pas le moment de mettre de l’huile sur le feu, mais plutôt de mettre de l’huile dans les rouages. Sur le plan extérieur, on n’a pas vraiment compris à quel point les musulmans étaient choqués. Le pape François a d’ailleurs dit qu’il fallait respecter toutes les religions, ça vaut pour le christianisme, comme pour l’islam, comme pour le judaïsme. (…) Il y a des crises économiques terribles. Pensez au prix du pétrole qui baisse de moitié et qui va amputer de 90% les exportations nigérianes et de 37,5% le budget du Nigéria, qui ne pourra pas améliorer la vie scolaire. Moi si j’avais 18 ans dans le nord du Nigéria, peut-être que je serais à Boko Haram. Odon Vallet
En France, on peut être choqué, agressé, blessé par l’opinion ou les mœurs des autres: c’est ce qu’Alain Finkielkraut appelle la douleur de la liberté. Il faut vous y faire, vos concitoyens ont le droit de caricaturer votre prophète. Sinon, il existe des tas de pays où on ne court aucun risque de tomber sur Charlie Hebdo… (…) les quelques semaines de lucidité qui ont suivi les attentats nous ont révélé que l’antisémitisme, le complotisme et le rejet de la France étaient bien plus répandus que ce que je croyais moi-même. (…) L’origine de notre interminable crise identitaire, ce n’est pas l’islam mais notre incapacité collective à définir ce qui nous rassemble et à le défendre. Ainsi refuse-t-on avec constance qu’un pays puisse avoir une politique migratoire conforme à ses intérêts. Nous aimons l’Autre, se récrie-t-on. Qui oserait dire le contraire? Seulement, quand il arrive que l’Autre, lui, nous aime moins que ce qu’on voudrait, on fait mieux que le comprendre, on l’approuve. On l’applaudit. Pourquoi aimerait-on un pays qui, non content d’avoir commis des crimes effroyables dans le passé, s’acharne à les répéter? Quelques semaines après des attentats islamistes, de quoi débat la France? Du mal qu’elle a fait à ses enfants d’immigrés. De ses promesses non tenues. De ses idées rances. Et bien sûr, de son «islamophobie», au point qu’on finit par penser que l’islamophobie a tué à Paris. Le président nous a appelés à être «fiers d’être français». Avec un mot Manuel Valls a clos la séquence: «apartheid», le mot a été répété avec gourmandise par des journalistes ravis de tant d’audace. Et le plus consternant est que le Premier ministre l’ait prononcé pour câliner son aile gauche et faire plaisir aux intéressés. Que certains membres d’un parti de gouvernement exigent, comme prix de leur loyauté, que leur chef se livre au dénigrement public de leur pays, ne semble surprendre personne. Pas plus que le fait que l’on caresse une communauté dans le sens du poil en lui expliquant qu’elle est faite de sous-citoyens. Oh oui, je t’ai fait mal…, c’est bon, non? La France a fabriqué Merah, Nemouche et les autres. La faute à l’apartheid. Vous verrez, certains exigeront bientôt qu’on organise «Vérité et Réconciliation» pour leur demander pardon d’avoir si mal accueillis leurs parents. (…) ce n’est pas en leur apprenant l’arabe qu’on va régler le problème. Le jour où l’école sera capable de transmettre à tous ce cadeau qu’est la culture française – ce qui suppose d’enseigner un tout petit peu «à la dure», en arrêtant de se demander si Balzac n’est pas discriminatoire pour nos enfants d’immigrés – on aura pas mal avancé. Mais le plus important, c’est d’arrêter d’entretenir la jeunesse, notamment musulmane, dans l’illusion qu’on lui devait quelque chose qu’on ne lui a pas donné. Rien n’est plus délétère que ce ressentiment, encouragé et légitimé par le discours public. Est-il si insupportable d’envisager que les intéressés aient une part de responsabilité dans ce qui leur arrive? Si beaucoup ont du mal à trouver leur place dans la société française, est-ce exclusivement à cause du racisme congénital des Français? Oui, c’est difficile de trouver du boulot et c’est plus difficile pour la jeunesse immigrée. Comment peut-on oublier les milliards investis dans la politique de la ville, l’arsenal juridique qui sanctionne le racisme et les discriminations, les repentances diverses et variées? Personne n’est colonisé en France. En réalité, les pleureuses professionnelles et les donneurs de leçons qui adorent se battre la coulpe sur la poitrine des autres méprisent nos concitoyens musulmans en les supposant incapables d’intégrer le monde des Lumières. Pour ces humiliés, disent-ils, l’islam est la dernière source de dignité. C’est aimable pour tous ceux dont la dignité réside dans leur contribution au bien commun. Cette condescendance parée de générosité me révolte. (…) Très vite, il est devenu clair que cette unanimité ne faisait que masquer de profonds malentendus. La gauche et les médias sont revenus à leur ritournelle habituelle: le FN, voilà l’ennemi! Que l’on combatte le FN, fort bien, mais quand j’entends les mêmes dénoncer les «intentions funestes de ce parti pour la démocratie» et traiter de racistes tous ceux qui demandent à l’islam de France fasse son aggiornamento, je me demande qui est dingue. Oui, la France pourrait être une chance pour l’islam comme elle a été une chance pour les juifs. Dire cela, ce n’est pas insulter les musulmans, mais simplement les inviter à réaliser la synthèse entre le public et le privé, le laïque et le religieux, l’individu et le groupe, que beaucoup d’autres ont faite avant eux. C’est en leur mentant qu’on les insulte. (…)  Voilà des années que certains débats sont interdits: en apparence ils ont lieu, mais tout point de vue contraire à la doxa est d’emblée criminalisé. On vous laisse parler en agitant la clochette «Attention, salaud!» Du coup, les mots n’ont plus de sens: par exemple, il est communément admis que la proposition «être contre l’immigration» (ou pour une réduction drastique des flux migratoires) est synonyme de «être raciste». C’est totalement stupide d’un point de vue logique, mais peu importe, le journaliste standard le répètera comme il a répété que si on était contre le mariage homo on était contre l’égalité. Cette fois, le journaliste standard a décidé, enchanté de sa trouvaille, que l’existence d’un apartheid en France était une vérité scientifique et que les attentats islamistes n’avaient rien à voir avec l’islam. On est en train de monter d’un cran dans la censure: on n’interdit pas seulement des opinions mais des réalités déplaisantes. Ainsi Arno Klarsfeld est-il mis en examen pour avoir dit: «Une partie des jeunes de banlieue est antisémite». Cela aurait dû au moins nous faire hurler de rire, et j’attends l’audience avec impatience au cas où la Justice se donnerait le ridicule de statuer sur le droit d’affirmer que la pluie mouille. Cependant, le plus rigolo, c’est Plenel: d’après lui, rien ne serait arrivé si on n’avait pas laissé Finkielkraut dire qu’il y a un problème avec l’islam. En somme, il aurait suffi de ne jamais nommer le problème pour qu’il n’existe pas. Et on continue à lui parler comme s’il était raisonnable… (…) je suis atterrée par les condamnations à des peines fermes pour «apologie du terrorisme». En France, on ne va pas en prison pour ses idées, même si elles sont atroces. Et je préfèrerais qu’on arrête les aspirants-terroristes plutôt que les grandes gueules. Que Dieudonné soit condamné quand il va trop loin (c’est-à-dire souvent…) et surtout qu’on l’oblige à payer ses amendes). Mais je ne veux pas qu’on l’empêche de parler. Je veux vivre dans un monde où je peux être heurtée par les propos des autres. La loi qui pénalise les délits d’opinion doit être appliquée avec sagesse. Or, je le répète, aujourd’hui, certains nous somment de ne pas voir ce que nous voyons. Eh bien moi, je ne renoncerai jamais au droit de voir – ni d’ailleurs à celui de parler et de penser. Elisabeth Lévy
Culpabilisés par leur niveau de vie (…) taraudés par la mauvaise conscience d’être des nantis, [les Scandinaves] ont ouvert les vannes de l’immigration. (..) Le problème est de sauvegarder la laïcité face à une religion turbulente. Dès lors, l’intégration ne fonctionne plus si les flux d’arrivants sont trop massifs et si la propagande victimaire domine. Emeutes au Danemark en 2008, quasi-émeutes en Norvège en 2009, aux cris de «mort aux Juifs» ; émeutes en Suède en 2013. Les pays scandinaves ont déjoué plusieurs tentatives d’attentats. (…) Le royaume danois fut donc pionnier des structures d’accueil de dé-radicalisation, avec psychologues aux petits soins et réinsertion par l’emploi de type discrimination positive à la clé. En prime, les autorités politiques et les élites prenaient avec des pincettes les caricaturistes «droitisés» de 2005, et des manifestants avaient brandi des pancartes «Sorry» pour amadouer le monde musulman. Ce profil bas n’a pas payé, car il brosse de l’Occident un tableau dont la noirceur et la pusillanimité justifient révolte et violence. Les frères Kouachi étaient d’anciens combattants des émeutes des banlieues de 2005 et l’un des deux auteurs des attentats de Boston, du printemps 2013, avait écrit sur son Facebook: «Je ne discute pas avec les idiots qui disent que l’islam c’est du terrorisme». Cette phrase, exacte au pied de la lettre, est discutable dans son esprit, puisqu’elle vise à rabaisser ceux qui doutent que l’on puisse découpler complètement le djihadisme de l’islam. (…) L’intégration existe (…) ce n’est pas forcément une question de modèle. C’est une question d’affirmation de soi. Le Royaume-Uni s’est repris en main. En Allemagne, Espagne et Italie, l’immigration choisie freine les processus de sécession agressive. Le djihadisme offre à de jeunes adultes le mythe du guérillero à cartouchière dans une variante proche de celle qui poussait les jeunes de 20 ans des années 30 vers le communisme ou le catholicisme politique: la défense d’un grand récit savant injustement calomnié et mal-aimé. C’est parce que des sociologues nous font sans arrêt la leçon sur l’islam, «religion de paix mal interprétée», que des jeunes hommes croient devoir se porter à son secours les armes à la main. Alexandre Devecchio
It was a project for the art world I noticed that you can’t criticize the Muslim world.  You can make jokes about religion, especially if you don’t have any unpleasant motives. Lars Vilks
In every art exhibition, you’ll see that you have a political statement against Bush and against Israel, but you never have any sort questioning about Islam. Which actually then were more interesting subject after the caricatures. So I wanted to add something to that discussion. Why are you so one sided again, in the art world. Lars Vilks
Combien de politiques qui n’ont aujourd’hui que la liberté d’expression à la bouche, ont, lors de la publication des caricatures danoises, soutenu la liberté d’expression sans restriction, sans invoquer l’esprit de responsabilité, de mesure, de respect, le caractère inopportun ou provocateur des dessins? Beaucoup ont joué la stratégie de l’apaisement. La dénonciation aujourd’hui de l’atteinte à la liberté par la mosquée de Paris et l’UOIF, qui appellent à manifester demain, aurait plus poids si elles n’avaient pas poursuivi Charlie Hebdo en justice alors qu’il exerçait précisément sa liberté. N’oublions pas non plus qu’il s’est trouvé une association musulmane de Seine-Saint-Denis, l’UAM-93, pour demander un vote sur une loi condamnant le blasphème, demande relayée et soutenue par Eric Raoult. Ce que cherche à obtenir sans relâche l’Organisation de la coopération islamique (OCI) aux Nations unies. Et que dire de l’Union européenne qui a abandonné le Danemark en rase campagne quand celui-ci devait faire face à la rage orchestrée contre lui en 2005-2006? Flemming Rose (qui a eu été à l’origine de la publication des caricatures dans le Jyllands-Posten) raconte, dans son livre Tyranny of Silence, que l’UE avait, au contraire, dépêché Javier Solana au Moyen-Orient pour tenter de calmer la colère. Ce dernier s’apprêtait à signer un accord avec l’OCI le 26 janvier 2006 visant à bannir la diffamation des religions. Finalement l’UE ne fut pas représentée lors de la réunion au Qatar. Mais l’Espagne, la Turquie et Koffi Anan signèrent cet accord avec l’OCI alors que cette dernière avait contribué à allumer la mèche. Le gouvernement français appelle à manifester demain en hommage aux victimes des attentats meurtriers. Cet appel est incongru en ce qu’il se substitue à la société civile et, d’une certaine manière, la court-circuite. L’État n’a pas à manifester dans la rue, il doit réfléchir à ce qui arrive et prendre des mesures. Et pas seulement des mesures de sécurité. Au lieu d’arpenter le pavé parisien, on aimerait que ces politiciens français et européens s’engagent à protéger la liberté d’expression, par exemple en introduisant l’équivalent d’un 1er amendement à l’américaine, et à cesser les politiques d’apaisement conduites jusque-là vis-à-vis de l’islamisme. Cette protection de la liberté d’expression est d’autant plus nécessaire que les attentats récents vont avoir un effet de sidération sur tous ceux qui sont amenés à s’exprimer sur l’islam que ce soit sérieusement ou non. Les exemples d’autocensure sont déjà légion. Ils sont appelés à se multiplier. On pourrait même soutenir que l’idée de subversion artistique, littéraire ou autre est morte avec les dessinateurs et journalistes de Charlie Hebdo à partir du moment où il existe un périmètre interdit sous peine de mort. On peut juste espérer, avec Flemming Rose, que les Occidentaux cesseront de camoufler leur peur derrière des justifications morales ou humanitaires. Michèle Tribalat
La liberté de publier ne signifie pas la liberté de publier n’importe quoi. Jyllands-Posten ne publierait jamais d’images pornographiques ou des images montrant en détail des cadavres; des jurons trouvent rarement leur place dans nos pages. Nous ne sommes donc pas des fondamentalistes dans notre support de la liberté d’expression. Mais l’histoire des caricatures est différente. Les exemples précédents sont liés à l’exercice d’une retenue pour des raisons éthiques et de bon goût; appelons cela la mise en page. Par contraste, j’ai lancé l’histoire des caricatures pour répondre à plusieurs incidents d’autocensure en Europe, incidents causés par les peurs croissantes et les sentiments d’intimidation ressentis en adressant des problèmes liés à l’Islam. Et je suis plus que toujours persuadé que c’est un thème que nous, Européens, devons confronter, afin de pousser les Musulmans modérés à s’exprimer. L’idée n’était pas de provoquer gratuitement – et certainement, notre intention n’était pas de provoquer des manifestations violentes dans le monde musulman. Notre but était simplement de faire reculer des limites que nous nous imposons nous-mêmes et qui semblaient devenir de plus en plus étroites. Fin septembre, un humoriste danois a dit dans une interview avec Jyllands-Posten qu’il n’avait aucun problème à uriner sur une Bible devant une caméra, mais qu’il n’oserait pas faire la même chose avec le Coran. Cet aveu a été le point culminant d’une série d’instances troublantes d’autocensure. En septembre dernier, un écrivain pour enfants danois avait de la peine à trouver un illustrateur pour publier un livre sur la vie de Mahomet. Trois personnes ont refusé le travail par peur des conséquences. La personne qui a finalement accepté a insisté pour garder son anonymat, ce qui, selon moi, est une forme d’autocensure. Des traducteurs européens d’un livre critique de l’Islam ne voulaient pas que leur nom apparaisse à côté du nom de l’auteur, une politicienne néerlandaise née en Somalie qui, elle-même, vit cachée. Environ à la même époque, la galerie d’art Tate à Londres a retiré une oeuvre par l’artiste d’avant- garde John Latham montrant le Coran, la Bible et le Talmud déchirés en morceaux. Le musée a expliqué qu’ils ne voulaient pas envenimer la situation après les attentats de Londres. (Quelques mois plus tôt, un musée de Göteborg en Suède, a enlevé une peinture contenant un motif sexuel et des citations du Coran afin de ne pas offenser les Musulmans.) Finalement, fin septembre, le premier ministre danois, Anders Fogh Rasmussen a rencontré un groupe d’imams dont l’un d’entre eux a demandé au premier ministre d’intervenir auprès de la presse afin de produire une présentation plus positive de l’Islam. Ainsi, au cours de deux semaines, nous avons observé une demi-douzaine de cas d’autocensure, opposant la liberté d’expression à la peur de confronter des questions concernant l’Islam. Tout celà constituait une information légitime à publier, et Jyllands-Posten a décidé de le faire en adoptant le principe journalistique bien connu: montrer mais ne rien dire. J’ai écrit à des membres de l’association danoise des caricaturistes, leur demandant de “dessiner Mahomet comme ils le voyaient”. Nous ne leur avons certainement pas demandé de se moquer du prophète. Douze des 25 membres actifs ont répondu. Nous avons une tradition satirique lorsque nous parlons de la famille royale et d’autres personnes publiques et ceci est visible dans les caricatures. Les caricaturistes ont traité l’Islam comme ils traitent le christianisme, le bouddhisme, l’hindouisme et d’autres religions. Et en traitant les Musulmans au Danemark comme des égaux, ils ont démontré un point: nous vous intégrons dans la tradition danoise de la satire parce que vous faites partie de notre société, et vous n’êtes pas des étrangers. Les caricatures incluent, plutôt qu’excluent les Musulmans. (…) Une caricature – montrant le prophète avec une bombe dans son turban – a attiré les critiques les plus sévères. Des voix furieuses prétendent que la caricature dit que le prophète est un terroriste ou que tous les musulmans sont des terroristes. Je lis cette caricature différemment: certains individus ont pris la religion musulmane en otage en commettant des actes terroristes au nom du prophète. Ce sont ceux-ci qui ont donné une mauvaise image à cette religion. (…) Je reconnais que certaines personnes ont été offensées par la publication des caricatures, et Jyllands-Posten s’en est excusé. Mais nous ne pouvons pas nous excuser pour notre droit à publier certains sujets, même des sujets offensifs. On ne peut pas publier un journal si on est paralysé par la crainte d’une insulte. Je suis offensé par des sujets dans le journal chaque jour: traductions des discours de Osama bin Laden, photos de Abu Ghraib, de personnes qui insistent pour qu’Israël soit effacé de la surface de la terre, de gens qui prétendent que l’Holocauste n’a pas existé. Mais cela ne signifie pas que j’hésiterai à publier ces sujets, pour autant qu’ils respectent la loi et le code éthique du journal. Le fait que d’autres rédacteurs feraient d’autres choix fait partie de l’essence même du pluralisme. En tant qu’ancien correspondant en Union Soviétique, je suis très sensible à des demandes de censure basées sur la notion d’insulte. C’est un truc populaire des mouvements totalitaires: taxer chaque critique ou appel au débat d’insulte et punir les offenseurs. C’est ce qui est arrivé aux activistes des droits de l’homme et a des écrivains comme Andrei Sakharov, Vladimir Bukovsky, Alexander Soljenitsyne, Natan Sharansky, Boris Pasternak. Le régime les a accusés de propagande anti-Soviétique, de la même manière que certains Musulmans décrivent 12 caricatures parues dans un journal danois comme anti-Islamiques. La leçon de la guerre froide est la suivante: si vous cédez a des impulsions totalitaires une seule fois, de nouvelles demandes suivront. L’Occident a prévalu dans la guerre froide, parce que nous avons défendu nos valeurs fondamentales et n’avons pas apaisé des tyrans totalitaires. Flemming Rose
The tragic events also expose our own hypocrisies, the delusions and evasion we take to keep peace in the short term, along with the destructive culture of grievance that politicians have been eager to exploit. (…) The crisis began innocently enough. A children’s writer could not find an illustrator for a book about the Prophet Mohammed. Several illustrators declined to do it due to fear; then the one who agreed insisted on anonymity. We observed several more examples of self-censorship or calls for censorship when it came to the treatment of Islam in the public domain. Theatres, comedians, translators and museums were censoring themselves. My point was not to provoke or mock anyone, but simply to start a debate about self-censorship in our treatment of Islam compared with other religions. By proposing a practical demonstration – Show, Don’t Tell, a time-honoured journalistic principle – we wanted to let readers form their own opinion. As we soon found out, fears of violence for ridiculing a religious symbol were far from fantasy. I could never have imagined being condemned as a racist and finding myself on an Al Qaeda hit list. I was constantly asked to apologise for subsequent events, finding myself blamed for the lethal over-reaction of others. Following the French tragedy, I have been asked again and again my reaction. And the harsh truth is that mass murder in Paris has exposed hypocrisy, even as all those good people declare ‘Je Suis Charlie’. I find it strange that people who welcome diversity when it comes to culture, religion and ethnicity fail to welcome the same diversity when it comes to expressing ourselves. These people are basically saying that the more multicultural society becomes, the less freedom of expression we need. This seems a twisted stance. It should be the other way round – the more different we are, it seems to me, the more we need an open and free exchange of opinions. Unfortunately, governments defend restrictions on free speech on the grounds of keeping the peace and avoiding clashes between different groups. So they ban hate speech and blasphemy. In 2004, Theo van Gogh was killed in Amsterdam after making a controversial film about Islamic culture. The Dutch minister of justice responded by saying his life could have been saved if Holland had tougher laws on hate speech. But it is not only governments that advocate this blinkered approach. The human rights industry also defends limitations on speech, referring to the protection of human dignity and vulnerable identities. I was once asked to join a panel discussion organised by Amnesty International and the Danish Institute of Human Rights under the banner Victims of Free Speech. I suggested there were only victims of crime in a society based on the rule of law and the idea that people exerting long-held statutory rights were ‘victims’ was nonsense. There was anger at my comments. Westergaard’s cartoon of the Prophet has been criticised for being racist or stigmatising Muslims. I strongly disagree. He depicted Mohammed as representative of Islam in the same way images of Jesus refer to Christianity, Karl Marx to Marxism, and Uncle Sam to the US. Portraying Marx with blood on his hands, the crucified Christ holding a beer, or the Christian God armed with a bomb does not mean you think that all Marxists are bloodthirsty murderers or that Christians are drunkards or terrorists. Westergaard’s cartoon attacks a hardline religious doctrine, not a particular group within society. I would make a similar point about cartoons lampooning the Prophet Mohammed in Charlie Hebdo. Philippe Val, former editor-in-chief of Charlie Hebdo, was once asked if they hadn’t crossed a line with cartoons mocking the Prophet. ‘What kind of civilisation are we if we cannot ridicule those who bomb trains and airplanes and commit mass murder against innocent civilians?’ he responded. Yes indeed, what kind of civilisation are we? This is the key question for the coming days, weeks and months of hot debate. Do we want to live in a tyranny of silence – or do we defend the right to offend? These cartoons can be offensive to some; they are designed to stir debate. But labelling such images racist – an opinion aired in the US and UK – is misleading and dangerous. If you characterise race and religion as similar, you risk supporting those sinister forces who claim that apostasy is impossible and abandonment of religion a capital offence. Many Muslims believe they are born into their faith and it would be a serious crime to quit Islam. They treat religion as if it is a race. We should not accept that logic. Flemming Rose

Nous étions danois et nous ne le savions pas !

Au lendemain d’une nouvelle démonstration

Dans l’un des pays à la politique d’immigration la plus généreuse mais aussi, par habitant, aux djihadistes les plus nombreux …

Que sans compter les discours de l’excuse de nos universitaires, les mêmes haines et les mêmes textes finissent immanquablement par produire les mêmes effets

Qui se souvient un mois à peine après le prétendu sursaut parisien du mois dernier …

De l’insidieuse chape d’autocensure et la véritable « tyrannie du silence » qui étaient alors en train de s’installer au Danemark et en Europe ?

Et qui ne voit derrière leur dénonciation de l’instrumentalisation criminelle de la religion …

Comme de la véritable assignation à résidence religieuse et identitaire dans laquelle on enfermait ainsi les immigrés …

Que, comme le rappellent tant Flemming Rose que Lars Vilks, les premières caricatures ne revendiquaient pas autre chose …

Que la base et l’essence de toute démocratie …

A savoir, à l’instar de cet équivalent pictural du Dieu qui fait briller son soleil et tomber sa pluie sur les justes comme sur les injustes dont parlait René Girard à propos de la découverte occidentale de la perspective …

L’égalité absolue de traitement et la pleine intégration des musulmans dans la tradition danoise et occidentale ?

‘Jihadis want to assassinate me. But I refuse to be condemned to a tyranny of deathly silence’: Cry of defiance from Danish editor who printed first controversial cartoons Flemming Rose is the Foreign Editor of Jyllands-Posten in Denmark He was put on a jihadi hit-list after publishing anti-Islam cartoons in 2005 His cartoonist colleague survived an assassination attempt in his home Here, he reflects on the Charlie Hebdo massacre in Paris Flemming Rose, Foreign Editor Of Jyllands-posten

The Mail On Sunday

11 January 2015

It was late on a Tuesday afternoon six years ago when the phone rang. A voice that had become familiar from Denmark’s Security and Intelligence Service said two men planning to assassinate me had been arrested in Chicago.

The FBI had foiled another planned attack on my paper Jyllands-Posten, which specifically targeted myself and the cartoonist Kurt Westergaard.

The terrorists turned out to be an American and a Canadian, both of Pakistani origin.

One was linked to atrocities the previous year in Mumbai; he had already visited Denmark twice on planning missions and had purchased his ticket back to Copenhagen.

A year later, Westergaard was fortunate to escape the next attempt on his life.

The 73-year-old artist was watching a film with his young granddaughter when a Somali man with an axe broke in to his home to kill him.

They dived into a safe room he had been forced to put in his house. His assailant was shot and captured by police.

For a decade we have had to live in the shadow of such threats after I commissioned a dozen cartoons depicting the Prophet Mohammed.

This was a decision that provoked a storm around the world, with republication of the cartoons in scores of other papers. Yet in spite of the assassination attempts, it was all too easy to be lulled into thinking the threat was abstract, as life continued.

All that changed last week. People were killed in Paris because of cartoons mocking Islam. Our worst nightmare has come true.

These murders challenge democracies in the most sickening style. They present a terrible threat to the free speech that is the foundation of true democracy.

But the tragic events also expose our own hypocrisies, the delusions and evasion we take to keep peace in the short term, along with the destructive culture of grievance that politicians have been eager to exploit.

I knew two of the killed cartoonists at Charlie Hebdo. I had appeared on a panel about threats to free speech with Stephane Charbonnier (aka Charb) and worked on a comic project with Georges Wolinski. I liked them a lot. They were funny and easy-going. Now they are dead.

I also appeared as a witness in a 2007 court case after two Muslim organisations in France accused Charlie Hebdo of inciting religious hatred by publishing cartoons of the Prophet Mohammed.

Among them was the one by Westergaard that became the most infamous of our cartoons – a simple image of the Prophet with a bomb tucked in his turban.

Yet I stumbled almost accidentally into sparking what came to be known as the cartoon crisis, leading to riots, protests and dozens of deaths around the world.

I had taken a post as cultural editor of my paper after years on the road as a foreign correspondent. Among my postings was Moscow, where I was struck by dissidents who stood apart from Soviet society on the strength of their belief in freedom.

The crisis began innocently enough. A children’s writer could not find an illustrator for a book about the Prophet Mohammed. Several illustrators declined to do it due to fear; then the one who agreed insisted on anonymity.

We observed several more examples of self-censorship or calls for censorship when it came to the treatment of Islam in the public domain. Theatres, comedians, translators and museums were censoring themselves.

My point was not to provoke or mock anyone, but simply to start a debate about self-censorship in our treatment of Islam compared with other religions.

These murders…present a terrible threat to the free speech that is the foundation of true democracy. By proposing a practical demonstration – Show, Don’t Tell, a time-honoured journalistic principle – we wanted to let readers form their own opinion. As we soon found out, fears of violence for ridiculing a religious symbol were far from fantasy.

I could never have imagined being condemned as a racist and finding myself on an Al Qaeda hit list. I was constantly asked to apologise for subsequent events, finding myself blamed for the lethal over-reaction of others.

Following the French tragedy, I have been asked again and again my reaction. And the harsh truth is that mass murder in Paris has exposed hypocrisy, even as all those good people declare ‘Je Suis Charlie’. I find it strange that people who welcome diversity when it comes to culture, religion and ethnicity fail to welcome the same diversity when it comes to expressing ourselves.

These people are basically saying that the more multicultural society becomes, the less freedom of expression we need. This seems a twisted stance. It should be the other way round – the more different we are, it seems to me, the more we need an open and free exchange of opinions.

Unfortunately, governments defend restrictions on free speech on the grounds of keeping the peace and avoiding clashes between different groups. So they ban hate speech and blasphemy.

In 2004, Theo van Gogh was killed in Amsterdam after making a controversial film about Islamic culture.

The Dutch minister of justice responded by saying his life could have been saved if Holland had tougher laws on hate speech.

The harsh truth is that the mass murder in Paris has exposed hypocrisy, even as all those good people declare ‘Je Suis Charlie’ But it is not only governments that advocate this blinkered approach. The human rights industry also defends limitations on speech, referring to the protection of human dignity and vulnerable identities.

I was once asked to join a panel discussion organised by Amnesty International and the Danish Institute of Human Rights under the banner Victims of Free Speech.

I suggested there were only victims of crime in a society based on the rule of law and the idea that people exerting long-held statutory rights were ‘victims’ was nonsense. There was anger at my comments.

We need to grow thicker skins if freedom of speech is to survive in a multicultural world. Westergaard’s cartoon of the Prophet has been criticised for being racist or stigmatising Muslims. I strongly disagree. He depicted Mohammed as representative of Islam in the same way images of Jesus refer to Christianity, Karl Marx to Marxism, and Uncle Sam to the US.

Portraying Marx with blood on his hands, the crucified Christ holding a beer, or the Christian God armed with a bomb does not mean you think that all Marxists are bloodthirsty murderers or that Christians are drunkards or terrorists.

Westergaard’s cartoon attacks a hardline religious doctrine, not a particular group within society. I would make a similar point about cartoons lampooning the Prophet Mohammed in Charlie Hebdo.

Philippe Val, former editor-in-chief of Charlie Hebdo, was once asked if they hadn’t crossed a line with cartoons mocking the Prophet. ‘What kind of civilisation are we if we cannot ridicule those who bomb trains and airplanes and commit mass murder against innocent civilians?’ he responded.

Yes indeed, what kind of civilisation are we? This is the key question for the coming days, weeks and months of hot debate.

Do we want to live in a tyranny of silence – or do we defend the right to offend? These cartoons can be offensive to some; they are designed to stir debate.

But labelling such images racist – an opinion aired in the US and UK – is misleading and dangerous.

If you characterise race and religion as similar, you risk supporting those sinister forces who claim that apostasy is impossible and abandonment of religion a capital offence.

‘These murders challenge democracies in the most sickening style. They present a terrible threat to the free speech that is the foundation of true democracy’: Above, tributes to victims of the Paris terror attacks Many Muslims believe they are born into their faith and it would be a serious crime to quit Islam. They treat religion as if it is a race. We should not accept that logic.

Identity is a key issue in the modern world. It is no longer easy to answer questions such as: Who am I? Who are we as a community? How do we protect our identity?

But identity politics has become a growing challenge to free speech. We seem more concerned with protecting the sensibilities of groups rather than defending the historic democratic rights that we are entitled to as human beings.

The killers in Paris sincerely believed that human beings at Charlie Hebdo deserved to die because of their offensive cartoons. They felt this was justified by their militant interpretation of Islam.

But the killings were also taking place within a grievance culture that incites people to take offence every time somebody says something they do not like.

The assumption is that there isn’t any REAL difference between words and deeds, between a verbal insult and physical violence.

Yet I believe those who support this point of view are playing into the hands of both Islamists and the growing swathe of xenophobic political parties across Europe.

Instead of sending people to sensitivity training when they say something offensive, perhaps we should all be sent to insensitivity training.

We need to grow thicker skins if freedom of speech is to survive in a multicultural world.

Flemming Rose is author of The Tyranny Of Silence: How One Cartoon Ignited A Global Debate On The Future Of Free Speech.

Voir aussi:

Cartoonist: Art World One-Sided Against Israel, Bush, Avoids Islam Lars Vilks Breitbart Pam Key 15 Feb 201528 Sunday on CNN, artist Lars Vilks discussed the Copenhagen terror attack that killed two and injured three others. In a free speech debate held by the cartoonist who has been under death threats since his 2007 caricatures of Muhammad, he said the art world is one sided.

Vilks said, “In every art exhibition, you’ll see that you have a political statement against Bush and against Israel, but you never have any sort questioning about Islam. Which actually then were more interesting subject after the caricatures. So I wanted to add something to that discussion. Why are you so one sided again, in the art world.”

When Vilks was asked if he feels he “contributed to this sentiment that has inspired some people to resort to violence to express their anger,” he replied, “Well, when you pose a question on the political responsibility, I mean, the religious symbols they are carrying, at least in this case, they’re carrying political decisions, certain dogmas, so if you question the basic symbols of this, it’s part of a political conversation. If you have people that want to go out and have guns and start murdering people, the thing is, you should put these people in prison. Because you cannot accept people murdering and trying in that way to stop the discussion you have concerning our questions about what you do with the freedom of speech in a democracy.”

Artist says Prophet picture meant to stir debate Reuters

Sep 18, 2007 (Reuters) – A Swedish artist threatened with death over his drawing of a dog with the head of Islam’s Prophet Mohammad said on Tuesday he drew the picture to spark debate about freedom of expression in the art world.

Showing the original picture at a debate in the Swedish capital, Lars Vilks said he had wanted to test the boundaries of freedom in art.

« It was a project for the art world, » Vilks said.

« I noticed that you can’t criticize the Muslim world. »

Muslim countries including Iran and Pakistan have expressed anger over the drawing, and Sweden’s prime minister has met ambassadors from 22 Muslim countries to defuse the row.

Abu Omar al-Baghdadi, leader of the self-styled Islamic State in Iraq, offered up to $150,000 on Saturday for the murder of Vilks.

In an audiotape posted on the Internet, Baghdadi offered a lower bounty for the death of the editor of daily Nerikes Allehanda, which published the drawing last month.

Vilks, who has been told by police he is no longer safe living at home, said the response to his drawing had been much bigger than he had anticipated.

He said the drawing was humorous and that he did not see it as negative.

« You can make jokes about religion, especially if you don’t have any unpleasant motives, » he said.

Top Swedish firms such as truck maker Volvo, mobile network builder Ericsson and retailer Ikea were also threatened unless an apology was forthcoming for the drawing.

The controversy follows violent protests in the Muslim world last year over the publication by a Danish newspaper of cartoons some Muslims felt insulted the Prophet Mohammad. More than 50 people died across Asia, Africa and the Middle East.

Pourquoi j’ai publié ces caricatures Flemming Rose The Washington Post 19 février 2006

Puéril. Irresponsable. Expression haineuse. Une provocation juste pour le plaisir de provoquer. Un gag de pub. Les critiques des douze caricatures du prophète Mahomet que j’ai décidé de publier dans le journal Jyllands-Posten n’ont pas mâché leurs mots.

Ils disent que la liberté d’expression n’implique pas la permission d’insulter les sentiments religieux de personnes et, de plus, ils ajoutent que les médias s’autocensurent constamment. En conséquence de quoi, “nous vous prions de ne pas nous donner de leçons en ce qui concerne la liberté d’expression sans limites”. Je suis d’accord pour dire que la liberté de publier ne signifie pas la liberté de publier n’importe quoi. Jyllands-Posten ne publierait jamais d’images pornographiques ou des images montrant en détail des cadavres; des jurons trouvent rarement leur place dans nos pages. Nous ne sommes donc pas des fondamentalistes dans notre support de la liberté d’expression.

Mais l’histoire des caricatures est différente.

Les exemples précédents sont liés à l’exercice d’une retenue pour des raisons éthiques et de bon goût; appelons cela la mise en page. Par contraste, j’ai lancé l’histoire des caricatures pour répondre à plusieurs incidents d’autocensure en Europe, incidents causés par les peurs croissantes et les sentiments d’intimidation ressentis en adressant des problèmes liés à l’Islam. Et je suis plus que toujours persuadé que c’est un thème que nous, Européens, devons confronter, afin de pousser les Musulmans modérés à s’exprimer. L’idée n’était pas de provoquer gratuitement – et certainement, notre intention n’était pas de provoquer des manifestations violentes dans le monde musulman.

Notre but était simplement de faire reculer des limites que nous nous imposons nous-mêmes et qui semblaient devenir de plus en plus étroites. Fin septembre, un humoriste danois a dit dans une interview avec Jyllands-Posten qu’il n’avait aucun problème à uriner sur une Bible devant une caméra, mais qu’il n’oserait pas faire la même chose avec le Coran. Cet aveu a été le point culminant d’une série d’instances troublantes d’autocensure. En septembre dernier, un écrivain pour enfants danois avait de la peine à trouver un illustrateur pour publier un livre sur la vie de Mahomet. Trois personnes ont refusé le travail par peur des conséquences. La personne qui a finalement accepté a insisté pour garder son anonymat, ce qui, selon moi, est une forme d’autocensure. Des traducteurs européens d’un livre critique de l’Islam ne voulaient pas que leur nom apparaisse à côté du nom de l’auteur, une politicienne néerlandaise née en Somalie qui, elle-même, vit cachée.

Environ à la même époque, la galerie d’art Tate à Londres a retiré une oeuvre par l’artiste d’avant- garde John Latham montrant le Coran, la Bible et le Talmud déchirés en morceaux. Le musée a expliqué qu’ils ne voulaient pas envenimer la situation après les attentats de Londres. (Quelques mois plus tôt, un musée de Göteborg en Suède, a enlevé une peinture contenant un motif sexuel et des citations du Coran afin de ne pas offenser les Musulmans.)

Finalement, fin septembre, le premier ministre danois, Anders Fogh Rasmussen a rencontré un groupe d’imams dont l’un d’entre eux a demandé au premier ministre d’intervenir auprès de la presse afin de produire une présentation plus positive de l’Islam. Ainsi, au cours de deux semaines, nous avons observé une demi-douzaine de cas d’autocensure, opposant la liberté d’expression à la peur de confronter des questions concernant l’Islam. Tout celà constituait une information légitime à publier, et Jyllands-Posten a décidé de le faire en adoptant le principe journalistique bien connu: montrer mais ne rien dire. J’ai écrit à des membres de l’association danoise des caricaturistes, leur demandant de “dessiner Mahomet comme ils le voyaient”. Nous ne leur avons certainement pas demandé de se moquer du prophète. Douze des 25 membres actifs ont répondu. Nous avons une tradition satirique lorsque nous parlons de la famille royale et d’autres personnes publiques et ceci est visible dans les caricatures. Les caricaturistes ont traité l’Islam comme ils traitent le christianisme, le bouddhisme, l’hindouisme et d’autres religions. Et en traitant les Musulmans au Danemark comme des égaux, ils ont démontré un point: nous vous intégrons dans la tradition danoise de la satire parce que vous faites partie de notre société, et vous n’êtes pas des étrangers. Les caricatures incluent, plutôt qu’excluent les Musulmans.

Les caricatures en aucun cas ne démonisent les Musulmans, et ne veulent pas créer de stéréotype. En fait, elles diffèrent l’une de l’autre tant dans la manière dont elles représentent le prophète que dans leur but. Une caricature se moque de Jyllands-Posten, représentant ses rédacteurs culturels comme une bande de provocateurs réactionnaires. Une autre suggère que l’auteur du livre pour enfants, ne pouvant pas trouver d’illustrateur, a rendu ce problème public juste pour se faire de la publicité à bon marché. Une troisième a mis la tête de la présidente du parti “Danish People’s Party “, parti au programme anti-immigratoire, dans une rangée de personnages, comme si elle était suspectée d’activités criminelles.Une caricature – montrant le prophète avec une bombe dans son turban – a attiré les critiques les plus sévères. Des voix furieuses prétendent que la caricature dit que le prophète est un terroriste ou que tous les musulmans sont des terroristes. Je lis cette caricature différemment: certains individus ont pris la religion musulmane en otage en commettant des actes terroristes au nom du prophète. Ce sont ceux-ci qui ont donné une mauvaise image à cette religion. La caricature évoque aussi le conte d’Aladin et l’orange qui est tombée dans son turban, lui assurant ainsi la fortune. Cela suggère que la bombe vient du monde extérieur et n’est donc pas une caractéristique inhérente au prophète. Parfois, Jyllands-Posten a refusé de publier des caricatures satiriques de Jésus, mais pas parce que nous appliquons des règles différentes. En fait, le même caricaturiste qui a dessiné Mahomet avec une bombe dans son turban a dessiné une caricature de Jésus sur la croix avec des billets de dollars dans ses yeux et une autre avec l’étoile de David attachée à la mèche d’une bombe. Cependant, lors de leur publication, nous n’avons pas vu d’ambassades incendiées ni reçu de menaces de mort.

Jyllands-Posten a-t-il insulté l’Islam ou manqué de respect? Ce n’était certainement pas son intention. Mais que signifie “respect”? Lorsque je visite une mosquée, je montre mon respect en enlevant mes chaussures. Je suis les coutumes de la même manière que je le ferais dans une église, une synagogue ou tout autre lieu saint. Mais lorsqu’un croyant demande que moi, non croyant, je respecte ses tabous sur le domaine public, il ne demande pas mon respect, mais ma soumission. Et ceci est incompatible avec une démocratie laïque. C’est exactement à cause de cela que Karl Popper dans son ouvrage « La Société ouverte et ses ennemis » insiste sur le fait qu’il ne faut pas être tolérant avec l’intolérant. Nulle part d’autre que dans une démocratie, où la liberté d’expression est un droit fondamental, ne coexistent autant de religions de manière pacifique. En Arabie Saoudite, vous pouvez être arrêté pour avoir porté une croix ou pour avoir une Bible dans votre valise, alors qu’au Danemark, pays laïque, les Musulmans peuvent avoir leurs propres mosquées, cimetières, écoles, stations de télévision et de radio.

Je reconnais que certaines personnes ont été offensées par la publication des caricatures, et Jyllands-Posten s’en est excusé. Mais nous ne pouvons pas nous excuser pour notre droit à publier certains sujets, même des sujets offensifs. On ne peut pas publier un journal si on est paralysé par la crainte d’une insulte. Je suis offensé par des sujets dans le journal chaque jour: traductions des discours de Osama bin Laden, photos de Abu Ghraib, de personnes qui insistent pour qu’Israël soit effacé de la surface de la terre, de gens qui prétendent que l’Holocauste n’a pas existé. Mais cela ne signifie pas que j’hésiterai à publier ces sujets, pour autant qu’ils respectent la loi et le code éthique du journal. Le fait que d’autres rédacteurs feraient d’autres choix fait partie de l’essence même du pluralisme. En tant qu’ancien correspondant en Union Soviétique, je suis très sensible à des demandes de censure basées sur la notion d’insulte. C’est un truc populaire des mouvements totalitaires: taxer chaque critique ou appel au débat d’insulte et punir les offenseurs. C’est ce qui est arrivé aux activistes des droits de l’homme et a des écrivains comme Andrei Sakharov, Vladimir Bukovsky, Alexander Soljenitsyne, Natan Sharansky, Boris Pasternak. Le régime les a accusés de propagande anti-Soviétique, de la même manière que certains Musulmans décrivent 12 caricatures parues dans un journal danois comme anti-Islamiques. La leçon de la guerre froide est la suivante: si vous cédez a des impulsions totalitaires une seule fois, de nouvelles demandes suivront. L’Occident a prévalu dans la guerre froide, parce que nous avons défendu nos valeurs fondamentales et n’avons pas apaisé des tyrans totalitaires.

Depuis la publication des caricatures, le 30 septembre, un débat constructif concernant la liberté d’expression, la liberté de religion, ainsi que le respect pour les immigrants et les croyances individuelles s’est instauré au Danemark et en Europe. Jamais auparavant, autant de Musulmans danois ont participé à un dialogue public – dans des rencontres communales, lettres aux rédacteurs, opinions de lecteurs et débats à la radio et à la télévision. Nous n’avons pas eu d’émeutes anti-musulmanes, de Musulmans fuyant le pays et nous n’avons pas vu de Musulmans commettant des actes violents. Les imams radicaux qui ont informé leurs collègues au Moyen-Orient de manière erronnée concernant la situation des Musulmans au Danemark ont été marginalisés. Ils ne sont plus les porte-paroles de la communauté Musulmane au Danemark, parce que des Musulmans modérés ont eu le courage de s’exprimer contre eux. En janvier, Jyllands-Posten a publié trois pages complètes d’interviews et de photos de Musulmans modérés, disant ne pas être représentés par les imams. Ils insistent sur le fait que leur foi est compatible avec une démocratie laïque moderne. Un réseau de Musulmans modérés, respectant pleinement la constitution, a été établi, et le parti anti-immigration “People’s Party” a appelé ses membres à faire la différence entre les Musulmans radicaux et modérés, c’est à dire entre les Musulmans propageant la charia et les musulmans acceptant la tradition de la loi laïque. La face du Danemark musulman a changé, et il devient clair que ce n’est pas un débat entre “eux” et “nous”, mais entre ceux qui sont attachés à la démocratie au Danemark et ceux qui ne le sont pas.

Ceci est le genre de débat que Jyllands-Posten a espéré produire, lorsqu’il a choisi d’explorer les limites de l’autocensure en appelant des caricaturistes à remettre en question un tabou musulman. Avons nous réussi? Oui et non. Certaines défenses de notre liberté d’expression faites avec esprit, nous ont inspirés. Mais les tragiques manifestations à travers le Moyen-Orient et l’Asie ne sont pas ce que nous avions attendu et encore moins désiré. De plus, le journal a reçu 104 menaces, 10 personnes ont été arrêtées, des caricaturistes ont été forcés de se cacher à cause de menaces pesant sur leur vie et les bureaux de Jyllands-Posten ont été évacués plusieurs fois à cause d’alertes à la bombe. Ceci est un climat qui encourage peu à modérer l’autocensure.

Je pense cependant que les caricatures ont leur place dans deux histoires différentes, l’une en Europe et l’autre au Moyen-Orient. La politicienne néerlendaise d’origine somalienne, Ayaan Hirsi Ali, dit que l’intégration des Musulmans dans les sociétés européennes a été accélérée de 300 ans par la parution des caricatures; peut-être ne devrons nous pas rééditer la bataille du Siècle des Lumières en Europe. L’histoire du Moyen-Orient est plus complexe, mais a en fait très peu à voir avec les caricatures.

Flemming Rose est le rédacteur culturel du journal danois Jyllands-Posten

Elisabeth Lévy : « la France peut être une chance pour l’islam comme elle l’ a été pour les juifs » Alexandre Devecchio Le Figaro

13/02/2015

FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN – Charlie Hebdo, marche du 11 janvier, liberté d’expression : à l’occasion de la sortie du dernier numéro de Causeur intitulé , Islam de France est-il trop tard ?, Elisabeth Lévy répond aux questions de FigaroVox.

Elisabeth Lévy est journaliste et directrice de la rédaction du magazine «Causeur». Dans son numéro de Février, le magazine revient sur les attentats qui ont frappé la France et s’interroge sur le rapport entre Islam et République. PROPOS RECUEILLIS PAR: ALEXANDRE DEVECCHIO

FigaroVox: Le nouveau numéro de Causeur s’intitule Islam de France est-il trop tard?. Selon vous, tout est foutu?

Elisabeth Lévy: Si je pensais que c’est foutu je serais en train de préparer ma valise, pas le prochain Causeur!

Ah bon, vous aussi vous allez faire votre alyah?

Oui, à Melbourne ou en Patagonie. Blague à part, j’ai le sentiment, comme beaucoup de Français, y compris beaucoup de Français de souche récente, qu’il est minuit moins le quart et que, si nous ne changeons pas de discours et de politique très vite, il sera effectivement trop tard: le pays, c’est-à-dire la culture que nous habitons disparaîtra et cèdera la place à un territoire morcelé dont les habitants ne sauront plus imaginer un avenir commun, faute d’une histoire volontairement partagée.

Vous y allez fort, chère Elisabeth! Si on vous comprend, et en paraphrasant Manuel Valls, la France avec les musulmans ne serait plus la France!

Pardon, mais c’est vous qui charriez grave! Je n’ai rien dit de tel! Je crois au contraire que même les Français les plus à cran sur les questions identitaires seraient atterrés s’ils se réveillaient demain dans la France blanche et catholique dont ils sont soupçonnés de rêver. La pluralité des origines et des croyances de nos concitoyens atteste de la capacité du génie national à fabriquer des Français avec n’importe qui. Encore faut-il être d’accord sur les modalités de la coexistence des cultures dont seuls les ravis de la crèche sans-frontiéristes croient qu’elle est un conte de fées. Que la France soit une nation «multiethnique», ce n’est pas une question, qu’elle soit un pays multiculturel, c’est une autre affaire: l’égalité entre les individus, ne suppose nullement l’égalité des pratiques et des modes de vie sur notre sol. Autrement dit, n’importe quelle citoyenne française jouit des mêmes droits que moi, mais ma minijupe a plus de droits que ta burqa. En conséquence, ce n’est pas «l’islam», et encore moins «les» musulmans, qui menacent l’identité française, mais notre incapacité à énoncer fermement et clairement la règle du jeu: qui s’adapte à qui, quels sont les principes et les règles sur lesquels nous ne transigerons pas, quelles sont les différences qui nous enrichissent et celles que nous refusons…

je connais pas mal de juifs religieux qui préfèreraient ne pas voir sur nos murs des dames en petite tenue mais qui ne demandent pas qu’on interdise la publicité pour la lingerie. En France, on peut être choqué, agressé, blessé par l’opinion ou les mœurs des autres : c’est ce qu’Alain Finkielkraut appelle la douleur de la liberté. Rien que ça! Vous ne croyez pas qu’on en a soupé des séminaires, des débats et des discussions?

D’abord, si vous êtes satisfait par le débat public, vous n’êtes pas difficile – j’y reviendrai. Cela dit, je ne parle pas de débat, je parle de loi et de règles, et aussi de modes de vie. La laïcité, qui impose à tous les citoyens, croyants en premier lieu, une gymnastique mentale permanente. Il faut vivre sur deux pieds, accepter que ce que l’on tient pour une vérité sacrée à la maison soit à l’extérieur un objet de libre examen, donc de critique, voire de moquerie: je connais pas mal de juifs religieux qui préfèreraient ne pas voir sur nos murs des dames en petite tenue mais qui ne réclament pas qu’on interdise la publicité pour la lingerie. En France, on peut être choqué, agressé, blessé par l’opinion ou les mœurs des autres: c’est ce qu’Alain Finkielkraut appelle la douleur de la liberté. Il faut vous y faire, vos concitoyens ont le droit de caricaturer votre prophète. Sinon, il existe des tas de pays où on ne court aucun risque de tomber sur Charlie Hebdo… Je ne m’attarde pas sur l’égalité hommes-femmes qui impose de tolérer, même si c’est douloureux, que sa fille ou sa sœur mène la vie qui lui plaît. De même, on n’impose pas ses croyances et son mode de vie, même aux membres de son groupe: on a le droit d’être musulman ou d’origine musulmane et de manger pendant le ramadan. Enfin, il faut évoquer l’antisémitisme, non pas parce qu’il concerne les juifs, mais parce qu’il révèle la difficulté de nombreux musulmans (qui trouvent au minimum qu’ «on en fait trop sur la Shoah») à «changer de généalogie» pour reprendre l’expression de Malika Sorel. On en fait peut-être trop et surtout on fait certainement mal: il reste que l’extermination des juifs est un événement central de l’histoire européenne. Vous voulez entrer dans la famille, soyez les bienvenus. Mais alors, cet héritage est aussi le vôtre, ce qui n’a rien à voir avec la culpabilité.

Mais sur tous ces points, la majorité des musulmans de France est d’accord avec vous!

La majorité, j’aimerais en être sûre, un très grand nombre c’est indéniable: ce sont ceux-là que nous devons aider. En attendant, les quelques semaines de lucidité qui ont suivi les attentats nous ont révélé que l’antisémitisme, le complotisme et le rejet de la France étaient bien plus répandus que ce que je croyais moi-même. Certes, l’entre-soi et la progression de la pratique religieuse – qui se traduit par un certain séparatisme de fait – ne sont pas l’apanage des musulmans. Cela me désole que beaucoup de jeunes juifs vivent dans un milieu exclusivement juif. Mais le mélange culturel ne se décrète pas ; le respect de la loi et de la règle commune, si. Or, une certaine interprétation de l’islam, intolérante et teintée de ressentiment, devenue la norme dans nos banlieues, a tendance à transformer le séparatisme en sécession. On n’est pas obligé d’aimer nos valeurs libérales. Mais l’Etat doit garantir à tous ses citoyens le bénéfice de ces valeurs. Un très grand nombre de nos concitoyens musulmans savent ce qu’ils y ont gagné, il nous faut convaincre les autres – ou les obliger à respecter les formes républicaines, au besoin en adoptant l’excellente idée de Malek Boutih, qui propose de mettre «les quartiers» sous tutelle de l’Etat afin d’en finir avec les accommodements déraisonnables concédés par des élus locaux dépassés.

Le jour où l’école sera capable de transmettre à tous ce cadeau qu’est la culture française ce qui suppose d’enseigner un tout petit peu « à la dure », en arrêtant de se demander si Balzac n’est pas discriminatoire pour nos enfants d’immigrés on aura pas mal avancé. Une partie des élites françaises et des musulmans eux-mêmes n’ont-ils pas été trop longtemps trop soumis face au communautarisme et à l’islamisme? Dans ce contexte, le scénario du livre de Houellebecq vous paraît-il crédible?

Je dirais que Houellebecq est au moins plausible et vous renvoie à un excellent texte de Causeur consacré au duo Plenel/Ramadan. Ce qui est sûr c’est que, comme Zemmour, il frappe là où ça fait mal: sur notre ventre mou. L’origine de notre interminable crise identitaire, ce n’est pas l’islam mais notre incapacité collective à définir ce qui nous rassemble et à le défendre. Ainsi refuse-t-on avec constance qu’un pays puisse avoir une politique migratoire conforme à ses intérêts. Nous aimons l’Autre, se récrie-t-on. Qui oserait dire le contraire? Seulement, quand il arrive que l’Autre, lui, nous aime moins que ce qu’on voudrait, on fait mieux que le comprendre, on l’approuve. On l’applaudit. Pourquoi aimerait-on un pays qui, non content d’avoir commis des crimes effroyables dans le passé, s’acharne à les répéter? Quelques semaines après des attentats islamistes, de quoi débat la France? Du mal qu’elle a fait à ses enfants d’immigrés. De ses promesses non tenues. De ses idées rances. Et bien sûr, de son «islamophobie», au point qu’on finit par penser que l’islamophobie a tué à Paris. Le président nous a appelés à être «fiers d’être français». Avec un mot Manuel Valls a clos la séquence: «apartheid», le mot a été répété avec gourmandise par des journalistes ravis de tant d’audace. Et le plus consternant est que le Premier ministre l’ait prononcé pour câliner son aile gauche et faire plaisir aux intéressés. Que certains membres d’un parti de gouvernement exigent, comme prix de leur loyauté, que leur chef se livre au dénigrement public de leur pays, ne semble surprendre personne. Pas plus que le fait que l’on caresse une communauté dans le sens du poil en lui expliquant qu’elle est faite de sous-citoyens. Oh oui, je t’ai fait mal…, c’est bon, non? La France a fabriqué Merah, Nemouche et les autres. La faute à l’apartheid. Vous verrez, certains exigeront bientôt qu’on organise «Vérité et Réconciliation» pour leur demander pardon d’avoir si mal accueillis leurs parents.

Dans ce dossier, vous vous insurgez contre «le lamento de la relégation». Sans tomber dans l’idéologie victimaire, ces attentats doivent-il néanmoins nous conduire à nous interroger sur notre propre modèle de civilisation? Le fait que l’islam soit si attractif pour une partie de la jeunesse, y compris pour ceux qui ne sont pas de culture musulmane, ne vous interpelle-t-il pas?

Bien sûr, mais ce n’est pas en leur apprenant l’arabe qu’on va régler le problème. Le jour où l’école sera capable de transmettre à tous ce cadeau qu’est la culture française – ce qui suppose d’enseigner un tout petit peu «à la dure», en arrêtant de se demander si Balzac n’est pas discriminatoire pour nos enfants d’immigrés – on aura pas mal avancé. Mais le plus important, c’est d’arrêter d’entretenir la jeunesse, notamment musulmane, dans l’illusion qu’on lui devait quelque chose qu’on ne lui a pas donné. Rien n’est plus délétère que ce ressentiment, encouragé et légitimé par le discours public. Est-il si insupportable d’envisager que les intéressés aient une part de responsabilité dans ce qui leur arrive? Si beaucoup ont du mal à trouver leur place dans la société française, est-ce exclusivement à cause du racisme congénital des Français? Oui, c’est difficile de trouver du boulot et c’est plus difficile pour la jeunesse immigrée. Comment peut-on oublier les milliards investis dans la politique de la ville, l’arsenal juridique qui sanctionne le racisme et les discriminations, les repentances diverses et variées? Personne n’est colonisé en France. En réalité, les pleureuses professionnelles et les donneurs de leçons qui adorent se battre la coulpe sur la poitrine des autres méprisent nos concitoyens musulmans en les supposant incapables d’intégrer le monde des Lumières. Pour ces humiliés, disent-ils, l’islam est la dernière source de dignité. C’est aimable pour tous ceux dont la dignité réside dans leur contribution au bien commun. Cette condescendance parée de générosité me révolte.

Que l’on combatte le FN, fort bien, mais quand j’entends les mêmes dénoncer les « intentions funestes de ce parti pour la démocratie » et traiter de racistes tous ceux qui demandent à l’islam de France fasse son aggiornamento, je me demande qui est dingue. Vous affirmez que la France peut être une chance pour l’islam. Mais le pays des Lumières a-t-il aujourd’hui autre chose à proposer qu’un suicide collectif? La grande manifestation du 11 janvier qui aurait pu devenir dans l’imaginaire collectif l’équivalent du sacre de Reims ou de la Fête de la Fédération a été réduite à un slogan: «Je suis Charlie». Vous-êtes-vous sentie Charlie?

Tant qu’ «être Charlie» signifiait qu’on était prêt à se battre pour défendre la possibilité du monde commun et des libertés qui vont avec, sans aucun doute. Et puis je l’avoue, je me fais facilement avoir par ces moments de fusion collective sur fond de drapeau tricolore et de Marseillaise. Très vite, il est devenu clair que cette unanimité ne faisait que masquer de profonds malentendus. La gauche et les médias sont revenus à leur ritournelle habituelle: le FN, voilà l’ennemi! Que l’on combatte le FN, fort bien, mais quand j’entends les mêmes dénoncer les «intentions funestes de ce parti pour la démocratie» et traiter de racistes tous ceux qui demandent à l’islam de France fasse son aggiornamento, je me demande qui est dingue. Oui, la France pourrait être une chance pour l’islam comme elle a été une chance pour les juifs. Dire cela, ce n’est pas insulter les musulmans, mais simplement les inviter à réaliser la synthèse entre le public et le privé, le laïque et le religieux, l’individu et le groupe, que beaucoup d’autres ont faite avant eux. C’est en leur mentant qu’on les insulte.

Cependant, le plus rigolo, c’est Plenel : d’après lui, rien ne serait arrivé si on n’avait pas laissé Finkielkraut dire qu’il y a un problème avec l’islam. En somme, il aurait suffi de ne jamais nommer le problème pour qu’il n’existe pas. Et on continue à lui parler comme s’il était raisonnable… On pouvait penser que le choc des attentats allait déciller certains regards, que le réel ne pouvait plus être reporté à une date ultérieure, pour reprendre la formule de Philippe Muray. Un mois plus tard qu’en est-il?

Eh bien justement, il est de nouveau reporté sine die. Et c’est la seule chose qui pourrait finir par me décourager. Voilà des années que certains débats sont interdits: en apparence ils ont lieu, mais tout point de vue contraire à la doxa est d’emblée criminalisé. On vous laisse parler en agitant la clochette «Attention, salaud!» Du coup, les mots n’ont plus de sens: par exemple, il est communément admis que la proposition «être contre l’immigration» (ou pour une réduction drastique des flux migratoires) est synonyme de «être raciste». C’est totalement stupide d’un point de vue logique, mais peu importe, le journaliste standard le répètera comme il a répété que si on était contre le mariage homo on était contre l’égalité. Cette fois, le journaliste standard a décidé, enchanté de sa trouvaille, que l’existence d’un apartheid en France était une vérité scientifique et que les attentats islamistes n’avaient rien à voir avec l’islam. On est en train de monter d’un cran dans la censure: on n’interdit pas seulement des opinions mais des réalités déplaisantes. Ainsi Arno Klarsfeld est-il mis en examen pour avoir dit: «Une partie des jeunes de banlieue est antisémite». Cela aurait dû au moins nous faire hurler de rire, et j’attends l’audience avec impatience au cas où la Justice se donnerait le ridicule de statuer sur le droit d’affirmer que la pluie mouille. Cependant, le plus rigolo, c’est Plenel: d’après lui, rien ne serait arrivé si on n’avait pas laissé Finkielkraut dire qu’il y a un problème avec l’islam. En somme, il aurait suffi de ne jamais nommer le problème pour qu’il n’existe pas. Et on continue à lui parler comme s’il était raisonnable…

Mais vous ne voudriez pas qu’on autorise l’expression du racisme ou de l’antisémitisme?

Certes, mais pour autant, je suis atterrée par les condamnations à des peines fermes pour «apologie du terrorisme». En France, on ne va pas en prison pour ses idées, même si elles sont atroces. Et je préfèrerais qu’on arrête les aspirants-terroristes plutôt que les grandes gueules. Que Dieudonné soit condamné quand il va trop loin (c’est-à-dire souvent…) et surtout qu’on l’oblige à payer ses amendes). Mais je ne veux pas qu’on l’empêche de parler. Je veux vivre dans un monde où je peux être heurtée par les propos des autres. La loi qui pénalise les délits d’opinion doit être appliquée avec sagesse. Or, je le répète, aujourd’hui, certains nous somment de ne pas voir ce que nous voyons. Eh bien moi, je ne renoncerai jamais au droit de voir – ni d’ailleurs à celui de parler et de penser.

Voir enfin:

Attentats de Copenhague : pourquoi le modèle d’intégration danois a lui aussi échoué Le Figaro 16/02/2015

FIGAROVOX/ANALYSE – Marc Crapez explique pourquoi le modèle multiculturel danois n’a pas suffit à préserver le pay scandinave du terrorisme.

Marc Crapez est chercheur en science politique associé à Sophiapol (Paris-X). Son dernier ouvrage, Un besoin de certitude a été publié chez Michalon. Vous pouvez également retrouver ses chroniques sur son site. Après la France, c’est le Danemark qui est touché par le terrorisme islamiste. A première vue, ce «petit» pays peut apparaître comme une cible inattendue. Pourquoi a-t-il été visé selon vous?

Marc Crapez: Les islamistes ne font pas plus de différence entre petit et grand pays qu’entre petit et grand Satan. C’est d’abord un individu en particulier, un dessinateur suédois, qui était visé. Et ce n’était pas la première fois. Les caricaturistes rendent fous de rage les fondamentalistes, la représentation de leur prophète étant prohibée.

Ensuite, n’oublions pas que des attentats ont récemment été déjoués en Belgique et au Canada. Il existe toutefois une spécificité danoise, ou plutôt scandinave, voire au-delà si l’on inclut le Canada dans la liste des pays culpabilisés par leur brutalité passée envers les peuples Lapons ou Esquimaux (le Danemark possédait le Groënland). Conjoncturellement, la Scandinavie est aussi culpabilisée par le fou nazi Breivik. Et le Danemark par son fort parti populiste (voir le portrait au vitriol d’un politicien de cette obédience dans la série télévisée Borgen). Enfin, il suffit de regarder les télévisions scandinaves pour constater que ces pays sont culpabilisés par leur niveau de vie. Taraudés par la mauvaise conscience d’être des nantis, ils ont ouvert les vannes de l’immigration.

Néanmoins, la police paraît efficace: cible ratée et assassins (ou une partie d’entre eux) rapidement mis hors d’état de nuire. Aux Etats-Unis, c’est une femme, officier de police américaine qui, malgré une blessure, avait neutralisé le terroriste Nidal Malik Hasan en 2009…

L’intégration ne fonctionne plus si les flux d’arrivants sont trop massifs et si la propagande victimaire domine. Après les attentats qui ont frappé Paris, certains ont mis en cause le modèle d’intégration français, allant parfois jusqu’à suggérer que celui-ci était fondé sur une forme de discrimination institutionnelle . Le Danemark, pourtant réputé pour son modèle multiculturel et son ouverture à l’immigration, est lui aussi victime de l’islamisme. Les Français et plus largement les Européens ont-ils vraiment fait le bon diagnostic face à l’islam radical? L’intégration est-elle réellement le problème?

L’intégration républicaine peut mieux convenir à un pays, et le multiculturalisme à un autre. Le problème est de sauvegarder la laïcité face à une religion turbulente. Dès lors, l’intégration ne fonctionne plus si les flux d’arrivants sont trop massifs et si la propagande victimaire domine. Emeutes au Danemark en 2008, quasi-émeutes en Norvège en 2009, aux cris de «mort aux Juifs» ; émeutes en Suède en 2013.

Les pays scandinaves ont déjoué plusieurs tentatives d’attentats. Au Danemark, ce fut notamment le cas en 2010 et 2012, avec l’arrestation de Somaliens, dont un djihadiste formé chez les Shebab. Le royaume danois fut donc pionnier des structures d’accueil de dé-radicalisation, avec psychologues aux petits soins et réinsertion par l’emploi de type discrimination positive à la clé. En prime, les autorités politiques et les élites prenaient avec des pincettes les caricaturistes «droitisés» de 2005, et des manifestants avaient brandi des pancartes «Sorry» pour amadouer le monde musulman.

Ce profil bas n’a pas payé, car il brosse de l’Occident un tableau dont la noirceur et la pusillanimité justifient révolte et violence. Les frères Kouachi étaient d’anciens combattants des émeutes des banlieues de 2005 et l’un des deux auteurs des attentats de Boston, du printemps 2013, avait écrit sur son Facebook: «Je ne discute pas avec les idiots qui disent que l’islam c’est du terrorisme». Cette phrase, exacte au pied de la lettre, est discutable dans son esprit, puisqu’elle vise à rabaisser ceux qui doutent que l’on puisse découpler complètement le djihadisme de l’islam.

C’est parce que des sociologues nous font sans arrêt la leçon sur l’islam, « religion de paix mal interprétée », que des jeunes hommes croient devoir se porter à son secours les armes à la main Peut-on néanmoins totalement nier que l’extrémisme prospère sur l’échec de l’Intégration? Dans ces conditions, quel modèle, faut-il défendre?

L’intégration existe. En Suède, une présentatrice vedette est d’origine somalienne ; au Danemark, d’origine palestinienne (et voilée) ; en Norvège une femme d’origine pakistanaise est devenue ministre de la Culture. Ce n’est pas forcément une question de modèle. C’est une question d’affirmation de soi. Le Royaume-Uni s’est repris en main. En Allemagne, Espagne et Italie, l’immigration choisie freine les processus de sécession agressive.

Le djihadisme offre à de jeunes adultes le mythe du guérillero à cartouchière dans une variante proche de celle qui poussait les jeunes de 20 ans des années 30 vers le communisme ou le catholicisme politique: la défense d’un grand récit savant injustement calomnié et mal-aimé. C’est parce que des sociologues nous font sans arrêt la leçon sur l’islam, «religion de paix mal interprétée», que des jeunes hommes croient devoir se porter à son secours les armes à la main.

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DANEMARK Sur les 28 allocataires, 15 auraient été enjoints de rembourser… Le Danemark a payé des allocations chômage à des combattants de Daesh 20 Minutes avec AFP 28.11.2014

Le Danemark a payé des allocations chômage à 28 personnes parties combattre en Syrie pour le groupe Daesh, ont affirmé jeudi les services de renseignements danois (PET).

Ces services ont indiqué au quotidien BT que sur ces 28 allocataires, 15 ont été enjoints de rembourser, huit font encore l’objet d’une enquête, et cinq ont échappé à cette injonction faute de preuves suffisantes. «C’est incroyablement important que nous ne soyons pas naïfs», a déclaré au journal la ministre de la Justice Mette Frederiksen, interrogée sur des données provenant du recoupement de fichiers de plusieurs administrations.

L’une des plus grosses proportions de djihadistes dans la population Le Danemark est l’un des pays les plus généreux au monde dans l’indemnisation du chômage, qui peut atteindre 801 couronnes (108 euros) par jour pendant deux ans. Il n’a pas été précisé si les bénéficiaires en question touchaient autant, ni s’ils étaient tous Danois ou si certains étaient étrangers.

Parmi les pays occidentaux comportant le plus grand nombre de djihadistes par rapport à leur population totale, le Danemark se situe en deuxième place, derrière la Belgique. Selon le PET, «plus de 100» habitants du pays l’ont quitté dans le but de combattre en Syrie, mais un spécialiste danois du Moyen-Orient, Naser Khader, a appelé à revoir à la hausse cette estimation qui date de juin.

«Le nombre augmente dans beaucoup de pays, donc pourquoi ce ne serait-il pas le cas au Danemark?», a-t-il déclaré au quotidien Berlingske. La Belgique estime à 300 le nombre de ses ressortissants dans les rangs de Daesh, et la France, à un millier.

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Attentats de Copenhague et Paris : deux attaques, des similitudes frappantes

Nouvel Obs

15-02-2015

Entre les attentats de Copenhague et de Paris, les similitudes sont frappantes. Même s’il faudra attendre d’en savoir plus sur le profil du tireur de la capitale danoise pour évoquer un éventuel mimétisme, la police soupçonne le tueur, dont elle n’a pas encore révélé l’identité, d’avoir voulu imiter les attentats parisiens.

François Hollande estime ce dimanche 15 février que « les mêmes cibles » ont été frappées au Danemark et lors des attentats de Paris en janvier, événements entre lesquels il y a, selon lui, « un lien qui n’établit pas un réseau mais une même détermination des terroristes à frapper les valeurs de la liberté, du droit, de la protection que chaque citoyen, quelle que soit sa religion, doit pouvoir trouver ».

Je suis frappé par le mimétisme de la séquence, d’abord une attaque contre le symbole de la liberté d’expression, ensuite une attaque contre des Juifs, et puis l’affrontement par rapport aux policiers », relève, lui aussi, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius. Deux attaques, des cibles identiques Première similitude : cibler la liberté d’expression Comme les frères Kouachi qui ont tué à la kalachnikov le 7 janvier à Paris 12 personnes au siège de « Charlie Hebdo », l’hebdomadaire satirique qui avait publié des caricatures de Mahomet, un assaillant a mitraillé samedi à Copenhague un centre culturel où se tenait un débat intitulé « Art, blasphème et liberté », tuant un homme. Parmi les invités, un artiste suédois qui a, lui aussi, caricaturé le prophète de l’islam.

C’était la même intention que ‘Charlie Hebdo’, sauf qu’ils n’ont pas réussi à entrer », résume l’ambassadeur de France au Danemark, François Zimeray, présent lors du débat. Deuxième similitude : cibler la communauté juive Comme Amedy Coulibaly qui a tué quatre Juifs le 9 janvier dans un supermarché casher parisien, l’assaillant du Danemark s’en est pris ensuite à une synagogue. Il y a mortellement blessé un Juif, avant d’être abattu quelques heures plus tard par la police, comme les forces de l’ordre françaises ont tué les trois tireurs parisiens, au terme d’une traque plus longue.

Troisième similitude : mourir en martyr Enfin, comme Amedy Coulibaly et les frères Kouachi qui s’étaient préparés à mourir en martyr en tirant sur la police avant d’être abattus, l’auteur présumé des attentats de Copenhague a été tué, après avoir ouvert le feu sur les forces de l’ordre dans le quartier populaire de Nørrebro.

« Des cibles à haute valeur symbolique » Le mode opératoire semble similaire, les cibles aussi, on peut penser qu’il s’agit du même genre de djihad individuel », explique une source proche des forces d’élite françaises. « Il y a des similitudes », acquiesce Jean-Charles Brisard, expert des questions liées au terrorisme, « mais elles relèvent de tendances lourdes qu’on observe depuis plusieurs années ». Parmi elles, « des cibles à haute valeur symbolique » qui remplacent les « attentats aveugles », des « armements de moins en moins sophistiqués » au lieu d’explosifs « dont les terroristes se méfient car ils sont davantage surveillés par les services de renseignement ».

Pour ce spécialiste, ce type d’attaques « nécessite beaucoup moins de préparatifs que les attentats » commis par le passé, ce qui les rend plus difficiles à détecter. Pour autant, « il faut faire attention aux raccourcis » car « on ne sait pas grand-chose du tireur de Copenhague », prévient la source proche des forces d’élite.

L’imitation, un phénomène redouté Les tueurs français se réclamaient de mouvements djihadistes, Al-Qaïda ou le groupe Etat islamique (EI). Les enquêteurs n’excluent pas qu’ils se soient rendus en Syrie, et au moins un des Kouachi est allé en 2011 au Yémen, autre bastion du djihadisme international.

Quant à l’assaillant du Danemark, lui aussi déjà connu des services de renseignement, les enquêteurs ignorent s’il a été en Syrie ou en Irak mais pensent qu’il « peut avoir été inspiré par la propagande militante islamiste diffusée par l’Etat islamique ou d’autres organisations terroristes ». Le Danemark est un des pays les plus concernés par les départs pour le jihad en Syrie en proportion de sa population.

Selon la source proche des forces d’élite, le risque « d’imitation » est une crainte réelle des services antiterroristes.

C’est d’ailleurs l’intention des organisations djihadistes : par leur vidéos de propagande et leurs recrutements sur internet ils veulent que des personnes se reconnaissent dans les actions comme les attentats de Paris, qu’elles les reproduisent. » Avant même les attaques parisiennes, plusieurs hommes convertis aux thèses djihadistes étaient passés à l’acte, comme le Français Mehdi Nemmouche qui a tué quatre personnes au Musée juif de Bruxelles en mai, le Canadien Michael Zehaf-Bibeau qui a tué un militaire à Ottawa en octobre, ou encore Man Haron Monis, auteur en décembre d’une prise d’otages à Sydney qui s’est soldée par la mort de deux personnes et de l’attaquant.

Qu’ils aient agi seuls ou qu’ils se revendiquent d’un groupe, ces hommes semblent avoir mis en pratique les consignes diffusées par Al-Qaïda ou l’EI : passez à l’action là où vous vivez, en faisant le plus de bruit possible.

G.S. avec AFP

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Attentats de Paris et Copenhague : les mêmes racines de la terreur Céline Lussato Nouvel Obs 16-02-2015

« Je suis frappé par le mimétisme de la séquence, d’abord une attaque contre le symbole de la liberté d’expression, ensuite une attaque contre des Juifs, et puis l’affrontement par rapport aux policiers ». A l’instar du ministre Français des Affaires étrangères Laurent Fabius, la plupart des commentateurs auront dressé ces deux derniers jours un parallèle entre les attaques qui ont frappé, à Paris puis Copenhague, des défenseurs de la liberté d’expression puis des membres ou des symboles de la communauté juive.

Mais au-delà des cibles elles-mêmes, et dans la limite de ce que l’enquête de police a pour le moment dévoilé, de nombreuses similitudes rapprochent les deux pays, faisant d’eux des cibles pour le terrorisme.

#La défense de la liberté d’expression, le droit au blasphème Le caricaturiste Lars Vilks qui, un an après les dessins qui ont enflammé le monde lors de leur publication en 2005 dans le « Jyllands-Posten » avait lui-même caricaturé le prophète Mahomet, était, semble-t-il, la cible de l’attentat de samedi à Copenhague.

« La France comme le Danemark ont une conception assez solide de la liberté d’expression », souligne Xavier Landes, chercheur en philosophie politique et économique au Centre for the Study of Equality and Multiculturalism (CESEM) de l’Université de Copenhague.

Le Danemark comporte encore dans son corpus une loi sur le blasphème. Mais celle-ci n’a plus donné lieu à condamnation depuis 1938. La France et le Danemark sont deux pays qui, dans les dernières années, se sont moins retenus que d’autres en matière de liberté d’expression : le Danemark en 2005 au travers les caricatures de Mahomet publiées dans le ‘Jyllands Posten’, la France via « Charlie Hebdo » depuis des années. Et c’est cette liberté d’expression poussée à l’extrême qui est, semble-t-il, l’étincelle qui a déclenché les deux fusillades. » Ce, même si, depuis 2005 et les réactions très violentes dans le monde contre le Danemark, beaucoup de Danois considéraient avoir fait la preuve de la liberté d’expression et, conscients aussi de la volonté de provocation du quotidien conservateur de droite, n’avaient pas spécialement poussé à renouveler ce genre de caricatures.

Lire Copenhague : à Paris, des centaines de « Je suis Danois » #La cible affichée de mouvements islamistes Un certains nombres de caricaturistes avaient déjà été la cible d’attaques dans le pays. En 2010, Kurt Westergaard, un dessinateur du « Jyllands Posten », avait été agressé par un homme armé d’une hache qui s’était introduit chez lui avant d’être arrêté à temps par la police danoise. Et Lars Vilks était sur la liste des « Most Wanted » du magazine d’Aqpa (al-Qaïda dans la Péninsule arabique) à la gauche de Charb de « Charlie Hebdo ».

« Les caricaturistes danois ont été exposés depuis des années. Mais, le pays lui-même l’est aussi en raison de sa participation à beaucoup de coalitions internationales qui sont intervenues au Moyen-Orient », ajoute Xavier Landes. « Le Danemark », explique le chercheur, « est un paradoxe : il apparaît comme un pays à la limite du pacifisme mais qui, au regard de sa taille, intervient beaucoup à l’étranger ». Et la presse se fait d’ailleurs régulièrement écho d’attentats déjoués sur le sol danois :

Le plus connu est celui, évité à quelques heures près, contre la plus grande station de métro de la ville, il y a quelques années ». Lire Copenhague : ne pas « répondre à la haine par la haine » #L’échec de la lutte contre les discriminations S’il on veut s’attarder sur les causes socio-économiques des passages à l’acte, on peut, là aussi, établir un parallèle entre la France et le Danemark. « Les facteurs de discriminations, d’inégalité socio-économique, d’inégalité d’opportunité présents en France et dont on a parlé au lendemain des attentats jouent aussi au Danemark. Les populations récemment arrivées dans le pays ont toutes les peines du monde à s’intégrer dans la société », affirme Xavier Landes. « Le Danemark est resté en effet un pays très homogène ethniquement jusque dans les années 1960 et l’est devenu moins en 40 ans. Or la communauté danoise est très soudée, ce qui a créé une barrière de verre qui a rendue plus difficile l’intégration des derniers arrivés ». Un parallèle avec la France limité par le fait que l’hexagone n’a pas une vision ethnique de l’intégration. « Mais le problème d’intégration est pourtant bien réel également en France, même si ses ressorts ne sont pas les mêmes ».

#Le départ de djihadistes au combat « Le Danemark est, en proportion de sa population, le pays d’Europe qui envoie le plus de djihadistes en Syrie », affirme Xavier Landes. Un point à malheureusement porter également à l’actif de la France d’où partent de nombreux jeunes vers la Syrie ou l’Irak pour combattre. « Ces départs en masse doivent nous pousser à nous questionner : pour avoir la démarche de partir d’un pays riche ou la santé et l’éducation sont gratuites pour aller se battre dans une guerre d’un tel sommet de barbarie, il faut qu’il y ait eu un puissant ressort qui ait conduit ces hommes et ces femmes ». Un ressort, semble-t-il, présent dans les deux pays.

LA LIMITE DU PARALLELE #La manifestation d’un violent antisémitisme Le parallèle entre les deux pays est là beaucoup plus compliqué. Si l’antisémitisme est ancien en France, avec une manifestation à droite comme à gauche avant la seconde guerre mondiale et une résurgence ces dernières années, il n’est historiquement pour ainsi dire pas présent au Danemark. « S’il y a eu de l’antisémitisme dans les têtes au Danemark, cela n’a jamais empêché les Danois de considérer les juifs comme leurs concitoyens », explique Xavier Landes, soulignant que « durant la seconde guerre mondiale, quoi que le Danemark soit sous protectorat allemand, presqu’aucun juif n’a été déporté, la population les ayant aidé à s’échapper en masse ». Aujourd’hui encore, et alors que la communauté juive comporte moins de 10.000 personnes dans tout le pays, les manifestations d’antisémitisme sont rarissimes en dehors de quelques incidents liés à l’actualité proche-orientale. Même le parti d’extrême droite ne tient guère de propos antisémites. « S’en prendre à une synagogue au Danemark est du mimétisme. Ce n’est pas comme s’il y avait des tensions inter-communautaires très fortes : il n’y en a pas ! », appuie le chercheur.

#Un sécularisme à deux vitesses Tandis que la France revendique et applique son modèle laïc, le Danemark présente lui un modèle plus séculier tout en ayant une préférence pour la religion historique du peuple danois : « l’Eglise luthérienne nationale danoise ».

« Une situation qui peut attiser de l’incompréhension ou des crispations. Il y a eu notamment des tensions autour de la construction d’une grande mosquée à Copenhague : comment se fait-il qu’un Etat qui se dit séculier mais finance une Eglise en particulier au travers du système de taxation, traine les pieds – sans parler de financer – pour autoriser la construction de cette mosquée ? », raconte Xavier Landes. De quoi développer des rancœurs.

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« Les manifestations ont eu lieu contre le Président du Niger autant que contre Charlie Hebdo »

« C’est très bizarre, parce que les évènements de Paris ont été très suivis en Afrique. A la paroisse Saint-François-Xavier de Porto Novo, au Bénin, la feuille paroissiale avait même l’intitulé ‘Je suis Charlie’ « , explique Odon Vallet. « En même temps, on sentait bien qu’il y avait des interrogations sur les risques d’amalgame. C’est ce qu’on voit aujourd’hui avec les manifestations au Niger. Parce que le président du Niger avait défilé juste à côté du président Hollande, c’était évidemment très voyant. Et les manifestations ont eu lieu contre le président du Niger autant que contre Charlie Hebdo. Même chose pour le Mali, le Sénégal, etc « .

« Ne pas mettre d’huile sur le feu »

Les manifestations anti-Charlie Hebdo de ces derniers jours ont bien souvent tourné aux rassemblements anti-Français. Plusieurs drapeaux français et effigies de François Hollande y ont été brûlés. Des faits qui ne sont  « pas très rassurants pour nos compatriotes expatriés « , d’après Odon Vallet. « On a le sentiment qu’il y a un risque majeur, c’est de voir la France se mettre à dos 1,4 milliard de musulmans, de voir les Instituts Français, les lycées français attaqués  » ajoute Odon Vallet, qui appelle à l’apaisement. « Ce n’est pas le moment de mettre de l’huile sur le feu, mais plutôt de mettre de l’huile dans les rouages « , selon l’historien des religions.

« Sur le plan extérieur, on n’a pas vraiment compris à quel point les musulmans étaient choqués. Le pape François a d’ailleurs dit qu’il fallait respecter toutes les religions, ça vaut pour le christianisme, comme pour l’islam, comme pour le judaïsme « .

« Moi si j’avais 18 ans dans le nord du Nigéria, peut-être que je serais à Boko Haram »

Chercher l’accalmie mais aussi comprendre cette violence, un « exutoire  » pour les problèmes intérieurs de beaucoup de ces manifestants, en particulier les jeunes. « Il y a des crises économiques terribles. Pensez au prix du pétrole qui baisse de moitié et qui va amputer de 90% les exportations nigérianes et de 37,5% le budget du Nigéria, qui ne pourra pas améliorer la vie scolaire. Moi si j’avais 18 ans dans le nord du Nigéria, peut-être que je serais à Boko Haram « .

Renouer le dialogue sur la scène internationale…

Que faire alors de ce courroux sur fond de chômage et de crises politiques intérieures ? Ne pas oublier ce qui se passe ailleurs et « qui provoque un nombre de victimes très élevé sans qu’on n’en parle jamais en France « … Mais aussi ne pas sous-estimer le risque international. « A l’avenir, il faudra non seulement un effort militaire mais aussi un effort civil pour essayer de renouer les liens, notamment par le biais du développement, entre la France et certains pays « .

Mais aussi à l’Ecole…

Privilégier le dialogue aussi à l’Ecole : un enjeu crucial, pour Odon Vallet, alors que de nombreux enseignants ont témoigné ces derniers jours de leurs difficultés pour répondre aux remarques de certains élèves. « Les enseignants et les élèves n’ont pas toujours les moyens de s’informer « , d’où la nécessité absolue de leur donner « les ressources et les compétences nécessaires pour fournir réflexion, documentation et information  » sur le « fait religieux « .

9 Responses to Caricatures danoises: C’est la démocratie, imbécile ! (Flemming Rose: The cartoons are including, rather than excluding, Muslims)

  1. […] lendemain, suite aux diffamations que l’on sait de l’image du Prophète et de la religion d’amour et de paix, […]

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  2. jcdurbant dit :

    Voir aussi:

    « Lorsqu’on se réunit à 4 millions pour dire que caricaturer la religion des autres est un droit absolu – et même un devoir ! -, et lorsque ces autres sont les gens les plus faibles de la société, on est parfaitement libre de penser qu’on est dans le bien, dans le droit, qu’on est un grand pays formidable. Mais ce n’est pas le cas. (…) Un simple coup d’œil à de tels niveaux de mobilisation évoque une pure et simple imposture.»

    «Ce qui m’inquiète n’est pas tant la poignée de déséquilibrés mentaux qui se réclament de l’Islam pour commettre des crimes, que les raisons pour lesquelles, en janvier dernier, une société est devenue totalement hystérique jusqu’à aller convoquer des gamins de 8 ans dans des commissariats de police.»

    «Je ne fais pas dans l’angélisme : l’antisémitisme des banlieues doit être accepté comme un fait nouveau et indiscutable. Ce que je ne peux pas accepter cependant, c’est l’idée qui est en train de s’installer selon laquelle l’islam, par nature, serait particulièrement dangereux pour les juifs. Il n’existe qu’un continent où les juifs aient été massacrés en masse : c’est l’Europe.»

    «Qu’on les laisse tranquilles, les musulmans de France. Qu’on ne leur fasse pas le coup qu’on a fait aux juifs dans les années 30 en les mettant tous dans le même sac, quel que soit leur degré d’assimilation, quel que soit ce qu’ils étaient vraiment en tant qu’êtres humains. Qu’on arrête de forcer les musulmans à se penser musulmans.»

    Olivier Todd

    « En 1931, existait-il un terrorisme international qui se réclamait du judaïsme orthodoxe ? Des djihadistes juifs menaçaient-ils d’instaurer l’équivalent de la charia en Libye, en Tunisie, en Syrie, en Irak ? Un rabbin Ben Laden avait-il envoyé un biplan s’écraser contre l’Empire State Building ? (…) Non, l’islamophobie n’est pas le nouvel antisémitisme. Il n’y a pas de nouvel antisémitisme, il y a ce vieux, hideux et immortel racisme. Un racisme dont sont victimes des populations d’origine musulmane. »

    Charb

    « Ceux qui accusent les dessinateurs de Charlie Hebdo d’islamophobie chaque fois qu’un personnage porte une barbe ne sont pas seulement malhonnêtes ou de mauvaise foi gratuitement, ils montrent leur soutien à l’islam radical. Lorsqu’on dessine un vieux qui commet un acte pédophile, on ne jette pas l’opprobre sur tous les vieux, on ne laisse pas entendre que tous les vieux sont pédophiles ».

    Charb

    « pour Todd, les quelque 4 millions de citoyens descendus dans la rue se seraient réunis « pour dire que caricaturer la religion des autres est un droit absolu » surtout « lorsque ces autres sont les gens les plus faibles de la société ». Bref, l’accusation d’une France majoritairement islamophobe n’est pas loin… Et pour l’essayiste d’appeler par conséquent à ce « qu’on laisse tranquilles les musulmans de France. Qu’on ne leur fasse pas le coup qu’on a fait aux juifs dans les années 30 en les mettant tous dans le même sac » et qu’on « en finisse avec cette nouvelle religion démente (…) le laïcisme radical (sic), qui est pour moi la vraie menace » !

    Marianne

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  3. jcdurbant dit :

    We have to warn Matt and Trey that what they are doing is stupid and they will probably wind up like Theo Van Gogh for airing this show. This is not a threat, but a warning of the reality of what will likely happen to them. »

    Abu Talhah al Amrikee

    http://www.foxnews.com/entertainment/2010/04/20/comedy-central-censors-south-park-episode-muslim-threats/

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  4. jcdurbant dit :

    WHAT MUSLIM SPEECH POLICE ?

    « Nobody would have the balls today to write ‘The Satanic Verses’, let alone publish it. Writing is now timid because writers are now terrified ».
    said the writer

    Hanif Kureishi

    « What we are talking about here is not a system of formal censorship, under which the state bans works deemed offensive. Rather, what has developed is a culture of self-censorship in which the giving of offence has come to be seen as morally unacceptable. In the 20 years since the publication of The Satanic Verses the fatwa has effectively become internalised ».

    Kenan Malik (2008)

    It was after Rushdie’s The Satanic Verses that many Western publishing houses began bowing to Islamist intimidation. Christian Bourgois, a French publishing house that had bought the rights, refused to publish The Satanic Verses. It was the first time that, in the name of Islam, a writer was condemned to disappear from the face of the earth — to be murdered for a bounty. Rushdie is still with us, but the murder in 2004 of Theo van Gogh for producing and directing a film, « Submission », about Islamic violence toward women; the death of so many Arab-Islamic intellectuals guilty of writing freely, the Danish cartoon riots and the many trials (for instance, here and here) and attempted murders (such as here and here), the slaughter at the French satirical magazine Charlie Hebdo, the attacks after Pope’s Benedict speech in Regensburg, the books and scripts cancelled, the depictions of Muhammad closeted in the warehouses of museums, and the increasing threats and punishments, including flogging, to countless journalists and writers such as Saudi Arabia’s Raif Badawi, should alarm us — not bring us to our knees. As the Saatchi Gallery’s capitulation shows, freedom of speech in Europe is now exhausted and weak. So far, we have caved in to Islamic extremists and Western appeasers. It is the tragic lesson of the Rushdie case 30 years later: no author would dare to write The Satanic Verses today; no large publishing house such as Penguin would print it; media attacks against « Islamophobes » would be even stronger, as would the bottomless betrayal of Western diplomats. Also today, thanks to social media as a weapon of censorship and implicit mass threats, any author would probably be less fortunate than Rushdie was 30 years ago. Since that time, we have made no progress. Instead, we have been seeing the jihad against The Satanic Verses over and over again.

    The Rushdie affair also seems to have deeply shaped British society. The Saatchi Gallery’s surrender in London is not unique. The Tate Britain gallery shelved a sculpture, « God is Great », by John Latham, of the Koran, Bible and Talmud embedded in glass. Christopher Marlowe’s « Tamburlaine the Great » was censored at the Barbican Centre. The play included a reference to the Prophet of Islam being « not worthy to be worshipped » as well as a scene in which the Koran is burned. The Whitechapel Art Gallery in London purged an exhibit containing nude dolls which could possibly have upset the Muslim population. At the Mall Galleries in London, a painting, « ISIS Threaten Sylvania », by the artist Mimsy, was censored for showing toy stuffed-animal terrorists about to massacre toy stuffed-animals having a picnic. At the Royal Court Theatre in London, Richard Bean was forced to censor himself for an adaptation of « Lysistrata », the Greek comedy in which the women go on a sex strike to stop the men who wanted to go to war. In Bean’s version, Islamic virgins go on strike to stop terrorist suicide bombers.

    Unfortunately, in the name of fighting « Islamophobia », the British establishment now appears to be submitting to creeping sharia: and purging and censoring speech on its own. Recently, some major conservative intellectuals have been sacked in the UK. One is the peerless philosopher Roger Scruton, who was fired from a governmental committee for saying that the word « Islamophobia » has been invented by the Muslim Brotherhood « to stop discussion of a major issue ». Then it was the turn of the great Canadian psychologist Jordan Peterson, whose visiting fellowship at Cambridge University was rescinded for posing with a man wearing an « I’m a proud Islamophobe » T-shirt. Professor Peterson later said that the word « Islamophobia » has been « partly constructed by people engaging in Islamic extremism, to ensure that Islam isn’t criticised as a structure ». The instances of Scruton and Peterson only confirm the real meaning of « Islamophobia », a word invented to silence any criticism of Islam by anyone, or as Salman Rushdie commented, a word « created to help the blind remain blind ». Where is the long-overdue push-back?

    Writing in 2008, The Telegraph’s Tim Walker quoted the famous playwright Simon Gray saying that Nicholas Hytner, director of London’s National Theatre from 2003-2015, « has been happy to offend Christians, » but « is wary of putting on anything which could upset Muslims. » The last people who did so were the journalists of the French satirical magazine Charlie Hebdo. They paid with their lives. By refusing to confront the speech police, or to support freedom of expression for Salman Rushdie, Roger Scruton, Jordan Peterson, Charlie Hebdo and Jyllands-Posten — just the tip of a huge iceberg — we have started down the road of submission to sharia law and to tyranny. We all have been covering up our supposedly « blasphemous » culture with burqas to avoid offending people who do not seem to mind offending us.

    Giulio Meotti (Il Foglio)

    https://www.gatestoneinstitute.org/14363/covering-up-culture

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  5. jcdurbant dit :

    SHARIA LAW COMING SOON TO A THEATER NEAR YOU

    The other time Bean was compelled to censor himself concerned an adaptation of Aristophanes’ comedy Lysistrata, in which the women of Greece go on sex strike to stop their men going to war. A play that is constantly updated to various contemporary settings could, said Bean, only be set in one place at the time he was asked to adapt it – Muslim heaven. Here the virgins went on strike to stop suicide bombers. The director who commissioned it thought it was great. But artistic directors became nervous. Bean was told that one artistic director said the adaptation could not be defended politically. “So presumably,” laughs Bean, “they are pro-terrorism.” In a remarkable echo of the private “theatre clubs” that were used to get around the Lord Chamberlain’s censorship of public plays, one major theatre considered staging Bean’s play in front of an invited-only audience. Then Bean was asked how he’d feel if a member of the box office was stabbed. “I said, how do you think I’d feel? F—ing awful.” And that, he says, was the end of that.

    https://www.telegraph.co.uk/culture/theatre/theatre-features/7572604/Censorship-in-the-theatre.html

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  6. jcdurbant dit :

    QUELLE NOUVELLE TRAHISON DES CLERCS ET QUEL RACISME DE L’ANTIRACISME ? (Au commencement, il y a toujours le verbe: une partie de la gauche mais aussi de la communauté universitaire, intellectuelle et médiatique en est venue à dire que pour les catholiques, ils étaient d’accord, mais que pour l’islam il fallait faire attention parce que c’est une minorité)

    « Où les purges ont-elles lieu ? Pas chez Fox News mais au New York Times. Où démissionne-t-on, où se fait-on congédier parce qu’on n’a pas l’opinion qu’il faut ? Dans des universités américaines marquées très à gauche, parce qu’il y a toujours plus radical. »

    Me Richard Malka

    Après l’attentat, nous avons décidé que l’avocat de la personne morale « Charlie Hebdo » ne pouvait représenter, en même temps, les victimes et leurs proches. Ce sont des défenses et des approches différentes. Cela fait trente ans que je défends ce journal, ce qu’il symbolise et ce qui constitue précisément ce que les frères Kouachi ont voulu éradiquer. Ma malheureuse cliente sera donc la liberté, et je crains qu’à moyen terme ce ne soit une cause perdue. (…) Toujours (sous protection policière) Cela a commencé le 8 janvier 2015 et ça ne s’est jamais arrêté. J’aggrave régulièrement mon cas en défendant Mila ou une jeune femme qu’on ne laisse pas monter dans un bus RATP parce qu’on la suppose maghrébine et qu’elle porte une jupe au-dessus du genou… Si on regarde ça froidement, c’est invraisemblable. Que de paisibles dessinateurs de presse, d’inoffensifs caricaturistes fassent, eux aussi, l’objet d’une garde rapprochée, ça l’est encore plus, mais tout le monde s’y est habitué. C’était d’ailleurs l’objet recherché : instaurer une nouvelle normalité, la peur et le silence par l’effroi des conséquences de l’irrévérence. (…) Ce sera un procès historique, raison pour laquelle il sera filmé. Les faits jugés ont marqué la France et le monde, mais, effectivement, dans le box des accusés vont se retrouver ce que vous appelez des « seconds couteaux » puisque les principaux responsables sont morts. Pour être franc, ils ne m’intéressent pas beaucoup. D’ailleurs, les Kouachi seraient dans le box qu’ils ne m’intéresseraient guère davantage. Ils ne sont que des armes. Ils présentent autant d’intérêt qu’une kalachnikov, même s’il peut être nécessaire de comprendre par quel processus des hommes peuvent se transformer en outil de mort. Qui a armé intellectuellement les Kouachi, Coulibaly ou un Merah, avide de tuer des enfants de 5 ans ? Ce qui m’intéresse, c’est le lavage de cerveau préalable. Et, au commencement, il y a toujours le verbe. (…) Les complices intellectuels ne sont pas poursuivis. Et je ne le demande pas, précisément au nom de la liberté d’expression, celle de mes adversaires en l’occurrence. C’est sur le terrain politique et idéologique qu’il faut les combattre. Pour autant, il faudra bien traiter du mobile du crime, qui ne peut être le fantôme dont on ne parle pas. Pourquoi cet attentat ? Parce que des caricatures ont été publiées près de dix ans auparavant. Le mobile du crime, c’est la volonté d’interdire la critique de Dieu, donc la liberté d’expression, donc la liberté tout court. Mirabeau présentait la liberté d’expression comme « le bien le plus précieux de l’homme », formule reprise dans la Déclaration de 1789. Elle est précieuse car toutes les autres en découlent. (…) C’est l’histoire d’une grande trahison. Je suis devenu l’avocat de Charlie Hebdo en 1992, j’avais 23 ans. J’ai passé une première décennie à défendre ce journal contre des catholiques intégristes. On a gagné nos procès, et une jurisprudence a consacré la liberté de caricature religieuse. La gauche unanime nous applaudissait, on était fêtés, nous étions des héros et j’étais heureux. En réalité, il n’y avait rien d’héroïque. À ce moment-là, nos combats étaient utiles et légitimes mais nous étions portés par l’air du temps. Les choses ont commencé à changer au début des années 2000. On a subi les mêmes attaques, reposant sur les mêmes fondements juridiques, pour des dessins strictement identiques, voire moins virulents, mais de la part d’associations se revendiquant cette fois de l’islam. Sauf que le climat a changé. Le bloc de gauche, historiquement attaché à la liberté d’expression issue de la Révolution française, puis portée par les républicains, spécialement l’Union républicaine, le parti de Victor Hugo, qui donna naissance à la loi de 1881 [sur la liberté d’imprimer, NDLR], a commencé à se fissurer. Certains de nos amis se sont détournés et, peu à peu, nous ont condamnés. Une partie de la gauche mais aussi de la communauté universitaire, intellectuelle et médiatique en est venue à dire à peu près ceci : pour les catholiques, on était d’accord, mais pour l’islam il faut faire attention, c’est une minorité. On nous expliquait qu’il s’agissait de personnes qui n’avaient pas suffisamment d’éducation pour comprendre l’humour, qui n’avaient pas assez de distance à l’égard de leur religion pour accepter la caricature et qu’il fallait le respecter… (….) C’est d’une condescendance infinie et ne fait qu’exprimer un sentiment de supériorité. Cela revient à essentialiser les gens. L’enfant d’immigrés que je suis n’acceptera jamais ce renoncement à voir l’autre comme un égal. Renoncer à exiger d’un musulman qu’il accepte la critique de sa religion, au même titre qu’un juif ou qu’un protestant, c’est cela le racisme. (…) De mémoire, les premières menaces de mort remontent à 2002. Cabu avait légendé ainsi l’un de ses dessins : « Élection de miss sac à patates organisée par Mahomet. » On y voyait le prophète rigolard présenter une dizaine de femmes en burka… Ce dessin était une réaction à une aberration : le Nigeria avait organisé un concours de Miss Monde, considéré comme une insulte à l’islam par certains. Une manifestation hostile s’est conclue par 200 morts. Deux cents vies fauchées pour une telle futilité ! (…) Et (avec la publication des caricatures de Mahomet, en 2006) la gauche se fracture plus durement. Mais pas seulement elle. Les condamnations pleuvent de toutes parts : de Jacques Chirac, qui dénonce « les provocations susceptibles d’attiser les passions », à Dominique de Villepin, son Premier ministre, qui appelle « au respect et à éviter tout ce qui blesse inutilement les convictions religieuses ». Puis Jean-Marc Ayrault manifeste sa « désapprobation face à tout excès » et en appelle « à l’esprit de responsabilité de chacun ». Élisabeth Guiguou dénonce « un amalgame absolument inadmissible car l’islam est une religion de paix »… (…) En quoi est-ce « irresponsable » de critiquer Dieu ? C’est ce que la France a apporté au monde : la liberté de choisir de diriger nos vies par la raison plutôt que par des commandements divins ! La laïcité. C’est l’article 1 de notre Constitution. Et pour parvenir à apprivoiser les passions religieuses, la liberté d’expression doit être la plus large possible, y compris pour « ce qui blesse, heurte et choque », comme le rappelle la Cour européenne des droits de l’homme. Ce que les fanatiques rejettent à travers la liberté d’expression, c’est le doute, la remise en cause de dogmes insensés et souvent liberticides : habillez-vous comme ci, mangez comme ça, interdisez-vous d’aimer et de jouir comme vous le souhaitez… Pourtant, si Dieu nous a dotés d’un esprit critique, c’est pour que nous puissions l’exercer. Ou alors, il est con ! Et c’est cette liberté de critique, y compris à travers le rire, qui nous protège du fanatisme. Au XVIIIe siècle, les encyclopédistes ont pensé un monde débarrassé de Dieu pour appréhender les sciences, les arts, la liberté, la vie politique… Notre civilisation s’est bâtie sur cette idée pour s’éloigner de l’obscurantisme. (…) Douste-Blazy, 3 février 2006 [il lit] : « Il n’est pas normal de caricaturer l’ensemble d’une religion. » Donnedieu de Vabres : « Il est du devoir de ce journal de respecter les convictions d’une partie de nos concitoyens. » J’en ai dix pages comme ça ! Vous me demandez ce qu’on a raté ? Voilà, ça a commencé là ! Aujourd’hui, dans les collèges, il y a unanimité pour considérer qu’il faut « respecter les religions et ne pas blesser les croyants ». Mais c’est l’inverse que l’on devrait enseigner ! Cet argument de la blessure et de la sensibilité, du respect des religions et des croyances, c’est l’Étoile noire, une arme de destruction massive de la liberté d’expression. On respecte les hommes, pas les mille et une croyances qui sont les leurs, sinon il faut renoncer au débat, à la critique, à l’altérité, c’est-à-dire entendre celui qui est différent de vous. » (…) À chaque crise, on était toujours plus seuls. Après l’incendie du 2 novembre 2011, 19 intellectuels, portés notamment par Rokhaya Diallo, publient une pétition d’une violence incroyable contre le soutien à Charlie Hebdo : « Il n’y a pas lieu de s’apitoyer sur les journalistes de Charlie, les dégâts matériels seront pris en charge par les assurances », osent-ils écrire. Les pétitionnaires y manifestent encore « pour ceux qui n’ont, depuis des années, aucun espace dans les grands médias » et disent leur « écœurement face à la nouvelle marque de fabrique de cet hebdomadaire, l’islamophobie ». En gros, ils l’ont bien cherché ! On en revient à votre question initiale. Voilà ce qui arme les terroristes : la thématique de l’humiliation. C’est la source de tant de violences et de tous les génocides. Comment parvient-on, dans les années 1930, à faire de l’un des peuples les plus raffinés de la planète une nation sanguinaire ? En répétant sans cesse : vous avez été humiliés par le traité de Versailles, vous êtes des victimes, je vais vous redonner votre fierté. Comment fabrique-t-on un Mohamed Merah ? En lui répétant depuis la petite enfance qu’il est une victime de la société, des médias, du racisme français et, bien sûr, des juifs. Couplez ça avec un aveuglement religieux et vous créez une machine de guerre. (…) On peut les respecter… ou pas. C’est un libre choix, mais après la publication des caricatures, la confusion a gagné. En 2006, Marielle de Sarnez affirme que « la laïcité, c’est aussi éviter de blesser des sensibilités ». Près de quinze ans plus tard, dans l’affaire Mila (la jeune lycéenne qui, en début d’année, a critiqué l’islam sur Instagram avant d’être menacée de mort, de viol et de lapidation), Nicole Belloubet, ministre de la Justice, agrégée de droit, déclare exactement la même chose : « L’insulte à la religion, c’est évidemment une atteinte à la liberté de conscience. » Elle a, certes, reconnu son erreur, mais cela traduit une profonde perte de repères sur ce qui fait l’idée même de république. (…) (les politiques) ne sont pas les seuls ! Le clergé de cette nouvelle pensée ténébreuse est constitué d’une partie des classes politique, universitaire et médiatique. Si après la publication des caricatures de Charlie et les menaces de mort qui ont suivi, celles-ci avaient été reprises par tous les médias, nous ne nous serions pas retrouvés avec une cible dans le dos. (…) Une détermination absolue, mais aussi la peur de ce que cela va remuer comme souffrance ; de ne pas être à la hauteur de ma cause et de ceux qui ne sont plus là ; de ne pas parvenir à dominer la rage et la colère… (…) Celles que j’éprouve à l’égard de ceux qui ont trahi la cause de la liberté, par lâcheté, aveuglement, posture, calcul… La colère contre cette gauche souvent radicale qui nous a poignardés en devenant bigote. Cette gauche devenue identitaire par le biais des minorités : son nouveau culte. Où est passée la gauche libertaire, universaliste et laïque ? Pourquoi cette gêne ? On peut être férocement antiraciste, comme l’a toujours été Charlie, et radicalement blasphémateur. C’est même recommandé.(…) Je vais aller plus loin : il faut être islamophobe, christianophobe, judéophobe, bouddhaphobe… Il faut avoir peur de ces religions dont l’apport à l’humanité est immense, mais qui ont aussi produit des océans de sang et de malheur. Toute religion est privative de liberté. Il faut aider les hommes qui le veulent à s’affranchir de ce carcan et c’est dans cette tradition que Charlie s’inscrit. (…) (le 11 janvier 2015, 4 millions de personnes, dont 35 chefs d’État, dans la rue) C’était un moment très fort. Et, contrairement à ce qu’a dit Emmanuel Todd, je ne crois pas que ce soient des « catholiques zombies » qui, ce dimanche, ont manifesté. Mais je n’ai jamais eu la moindre illusion sur le fait que le 11 janvier pourrait changer le cours des choses. (…) Les frères Kouachi et ceux qui les ont armés ont gagné, oui… Qui, aujourd’hui, publierait les caricatures de Mahomet ? Quel journal ? Dans quelle pièce, quel film, quel livre ose-t-on critiquer l’islam ? Qui depuis cinq ans ? (…) ‘Soumission’ est sorti le jour de l’attentat. Avant, donc. Bien sûr qu’ils ont gagné… Mais je fais le pari pascalien que l’aspiration des hommes à vivre libres finit toujours par l’emporter. (…) Aux côtés de qui est-ce que je bataille ? Essentiellement des hommes et des femmes de culture musulmane : Mohamed Sifaoui, Fatiha Boudjahlat, Zineb el-Rhazoui, Mohamed Louizi et bien d’autres. Ils mènent, aujourd’hui, le combat des valeurs républicaines. Avec Mila, aussi. Une adolescente qui exerce son droit à la critique religieuse. Qui, à la fin, a été contrainte de quitter son lycée ? Pas les agresseurs, pas les harceleurs. C’est elle qu’on a exfiltrée ! (…) Voilà où nous en sommes, cinq ans après l’attentat de Charlie ! Au passage, on aimerait bien que le prétendu Observatoire de la laïcité de M Bianco ne passe pas son temps à voir de l’islamophobie partout et des atteintes à la laïcité nulle part. Les présidents et Premiers ministres se succèdent mais rien ne change. (…) J’essaie d’éviter les références à la Seconde Guerre mondiale, car après il devient difficile de dialoguer. Cela dit, il est parfois difficile de ne pas y avoir recours. Ainsi pour Virginie Despentes qui déclare aux Inrocks, dix jours après l’attentat : « J’ai été aussi les gars qui entrent avec leurs armes. Ceux qui venaient de s’acheter une kalachnikov et avaient décidé, à leur façon, la seule qui leur soit accessible, de mourir debout plutôt que de vivre à genoux. J’ai aimé ceux-là qui ont fait lever leurs victimes en leur demandant de décliner leur identité avant de viser au visage. J’ai aimé aussi leur désespoir.  » Ce texte fait froid dans le dos ! Despentes ne cherche pas à comprendre. Elle excuse. Elle justifie. Elle légitime. Elle les aime ! En prenant la pose d’une grande humaniste radicale, elle n’exprime, au fond, que sa fascination pour le mal, son attirance pour la noirceur du monde. Pour elle, les assassins vivent courageusement debout et sont en réalité des victimes qui tuent parce qu’ils n’ont pas eu assez de sous quand ils étaient petits. Alors oui, pour moi, ce courant intellectuel a du sang sur les mains et sur les lèvres. C’est lui qui arme les terroristes. (…) et il y a pire, quand Plenel dit que Charlie fait « la guerre aux musulmans »… C’est une rhétorique qui aboutit à dire : tuez-les ! Parce que si Charlie est en guerre contre les musulmans, ça veut dire que les musulmans sont en guerre contre Charlie. Or, dans une guerre, on tue.L’univers médiatique n’a pas vraiment soutenu « Charlie » à ce moment-là… « Le Monde », par exemple, a semblé renvoyer Riss et Plenel dos à dos. À nouveau ce malaise. On pense qu’on ne peut pas critiquer une religion sans porter atteinte à celui qui la pratique. Mais ça vient d’où, ça ? Cela va vous paraître étrange, mais il n’y a pas une journée où je ne suis abordé par une personne de culture musulmane pour me dire : continuez, on compte sur vous ! Car qui sont les principales victimes de l’islamisme et, on va le dire, de l’islam tout court ? Les musulmans. Combien ont été assassinés, privés de liberté, empêchés d’être eux-mêmes ? Dans ma vie judiciaire, je défends des musulmans qui ont osé critiquer leur religion, ce qui ne les empêche pas de conserver leur foi. Cette gauche dont nous parlons ne veut pas le comprendre. Des intellectuels du monde entier s’en alertent à présent chaque jour : la demande de censure a migré vers la gauche, au désespoir, d’ailleurs, de ses électeurs. La gauche libertaire n’ose plus s’exprimer. Où les purges ont-elles lieu ? Pas chez Fox News mais au New York Times. Où démissionne-t-on, où se fait-on congédier parce qu’on n’a pas l’opinion qu’il faut ? Dans des universités américaines marquées très à gauche, parce qu’il y a toujours plus radical. Si « l’identitairement correct » poursuit sa pénétration en France, ça ne sera pas au Figaro mais au Monde que les purges auront lieu. Il y a des mouvements de fond contraires à la liberté d’expression, et la gauche n’a pas encore trouvé le logiciel pour y résister. Elle en meurt, car c’est son ADN. (…) La tendance actuelle consiste à dire : je suis blessé par celui qui pense différemment de moi. Donc je ne veux jamais y être confronté. Il faut, dès lors, organiser des ateliers pour ma communauté, entre « racisés ». C’est tragique et fascinant : le combat contre le racisme, qui est une intense nécessité, est en train de créer un néoracisme, de réinventer les races. Que font ceux qui, comme moi, refusent de se définir par une appartenance communautaire réductrice ? On a le droit de parler de quoi ? Avec qui ? Je n’ai pas envie que les Blancs soient interdits de parler d’esclavage. Que les Noirs ne puissent parler de la Shoah. Que les hétérosexuels ne puissent parler d’homosexualité. Que les hommes ne puissent s’exprimer sur le féminisme. Si c’est cela le nouveau monde, alors ce n’est qu’une nouvelle appellation du Moyen Âge ! (…) Cet esprit (de la marche du 11 janvier 2015) n’existe plus depuis longtemps. Oui, la situation est bien pire qu’il y a cinq ans. Pas un mois sans qu’on empêche, dans les universités françaises, quelqu’un d’intervenir : François Hollande, Sylviane Agacinski, Mohamed Sifaoui, Alain Finkielkraut, les représentations de pièces antiques ou celle de Charb… Des apprentis talibans de l’Unef ou d’obscures associations s’opposent à ce qu’ils s’expriment ainsi qu’à la liberté de création. (…) J’ai la conviction que l’immense majorité de nos concitoyens soutient ces combats ; qu’ils ne soient pas entendus finira par poser un problème démocratique. Le sujet n’est d’ailleurs pas que français. On ne peut plus publier, aux États-Unis, patrie de la liberté d’expression, les Mémoires de Woody Allen. Des artistes qui avaient dénoncé l’esclavage voient leurs œuvres censurées et se font exclure des musées, car Blancs. En Pologne, des catholiques brûlent Harry Potter. Timothée de Fombelle, auteur de littérature pour enfants, se voit refuser son livre par son éditeur anglais parce qu’il est blanc et met en scène une petite fille noire… Si l’on ne place pas la liberté à l’article 1 de toute idéologie et de tout système politique, les plus beaux principes dégénèrent en totalitarisme par l’effet de la nature humaine. Ce n’est pas un hasard si le premier terme de notre devise est la liberté. Cette prédominance doit s’appliquer à tout système d’organisation collective. » (…) Dire qu’il faut interdire le port du voile dans la rue, c’est totalitaire ! J’aimerais convaincre de ne pas le porter, mais en aucun cas l’interdire. C’est vrai pour tous les sujets. Comme vous, j’imagine, les menaces sur le climat et la biodiversité m’inquiètent. Mais que propose la Convention citoyenne sur le climat ? Modifier la Constitution, rien de moins, pour affirmer que la « conciliation des droits, libertés et principes » ne « saurait compromettre la préservation de l’environnement, patrimoine commun de l’humanité ». En rétrogradant ainsi la liberté, en en faisant une question subsidiaire, on crée la base juridique d’un nouveau totalitarisme. Avec une telle mesure, on pourrait ensuite légiférer sur la nécessaire limitation des naissances ou l’interdiction de se déplacer. À quoi bon sauver la planète si c’est pour vivre en dictature ? C’est applicable à tous les sujets : la religion, l’écologie, le féminisme. Je suis en totale adhésion avec le mouvement #Metoo dès lors qu’il ne désigne pas à la vindicte telle ou telle personne avant tout procès. On ne peut plus tolérer que la quasi-totalité des femmes soient confrontées aux agressions sexuelles, au harcèlement et, dans les pires cas, au viol. Mais là encore, si l’objectif est l’harmonie des sexes, la raison doit l’emporter sur les passions vengeresses ; la liberté de ne pas être condamné et emprisonné du seul fait d’être accusé doit être observée par tous comme un apport de la civilisation sur l’époque des lynchages. (…) Les dictateurs avancent toujours masqués sous l’étendard du bien, jamais sous celui du diable. Au nom de l’égalité, on a inventé le goulag. Au nom de la fierté est né le nazisme. Les nouveaux totalitarismes avanceront au nom de valeurs généreuses et légitimes. Je me méfie toujours des gens qui disent vouloir me faire du bien ! (…) (le 7 janvier 2015) J’arrivais à mon cabinet, un journaliste m’a appelé pour me dire qu’une fusillade était en cours à Charlie. J’ai foncé à la rédaction. Pendant un mois, j’ai vécu déconnecté du monde. Toute personne ayant connu un traumatisme connaît cela : on ne peut plus parler aux gens, on n’est plus dans la même réalité. Et ce n’est évidemment rien comparé à ce qu’ont vécu les vraies victimes : les blessés, les familles des disparus. Je suis allé sur place. Il a fallu annoncer aux familles la mort de leur proche. Il fallait aussi parler à l’opinion, le plus calmement possible, en étant ferme sur les principes. En fait, il y avait un million de choses à organiser et aucun de nous ne savait comment faire ; mais ce dont j’étais convaincu, c’est que le numéro suivant du journal devait sortir. Nous nous sommes battus pour cela. J’ai « coupé » mes émotions, ce n’était pas gérable autrement. Je ne suis absolument pas une victime, juste un proche et un acteur parmi d’autres de cette longue histoire, mais plus rien n’a jamais été pareil. (…) Et il faut aller jusque-là (le procès) . Les cicatrices vont se rouvrir et, en même temps, on ne peut pas y échapper, parce que c’est notre histoire. J’espère qu’au moins certaines des victimes parviendront à laisser un peu du poids de leur souffrance dans la salle de la cour d’assises. J’espère aussi que nous saurons, collectivement, nous montrer plus constants et plus courageux dans la défense de nos libertés.

    Me Richard Malka

    « Charlie Hebdo », un journal dans la ligne de mire

    Mobile. Le 8 février 2006 « Charlie Hebdo » publie douze caricatures du prophète Mahomet. Des organisations mulsulmanes poursuivent le journal pour « injure envers un groupe de personnes en raison de sa religion ».

    Cocktail Molotov. Le 2 novembre 2011, les locaux de la rédaction sont incendiés alors que « Charlie Hebdo » s’apprête à sortir un numéro rebaptisé « Charia Hebdo ». En une, le prophète Mahomet dessiné par Luz (photo).

    Attaque. Le 7 janvier 2015, les frères Kouachi font irruption dans les locaux de « Charlie Hebdo » et assassinent 11 personnes. Dans leur fuite, ils tuent un gardien de la paix, Ahmed Merabet.

    Choc. Le 7 janvier 2015, évacuation des blessés après l’attentat perpétré par les frères Kouachi.

    https://www.lepoint.fr/societe/me-richard-malka-la-situation-est-bien-pire-qu-il-y-a-cinq-ans-12-08-2020-2387585_23.php

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