Bigorexie: Les garçons ont trouvé leur anorexie à eux (Bigorexia: a new lost generation of angry young men ready to die for the perfect beach body)

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6pak zyzz1 Zyzz leanbulk differentaseveryoneelsePlus les femmes deviennent fortes, plus les hommes aiment le football. Mariah Burton Nelson (1994)
Certes, il était sûr qu’on s’intéressait un jour à nouveau à l’art de la faim, mais cela ne pouvait consoler ceux qui étaient en vie. Franz Kafka
Don’t be afraid of different. Be afraid of being different as everybody else. D’après un slogan publicitaire
Pourquoi l’anorexie frappe-t-elle certaines femmes plus que d’autres ? Les individus sont plus ou moins rivalitaires, il n’en va pas autrement dans le cas de la minceur que dans d’autres domaines. Les femmes anorexiques veulent être championnes de leur catégorie. C’est pareil dans le monde de la finance. La différence, c’est que le désir d’être plus riche que les autres n’apparaît pas comme pathologique. Par contre, le désir d’être plus mince, s’il est poussé à l’extrême, a des effets funestes visibles sur le plan physique.(…) Le résultat final est tragique dans les cas extrêmes, mais cela ne doit pas nous faire perdre de vue le fait que l’obsession de la minceur caractérise toute notre culture, ce n’est nullement quelque chose qui distingue ces jeunes filles. L’impératif qui pousse ces femmes à se laisser mourir de faim vient de toute la société. C’est un impératif unanime. De ce point de vue, donc, c’est organisé comme un sacrifice. (…) L’étape critique est atteinte quand la compétition se nourrit exclusivement d’elle-même, oubliant ses objectifs initiaux. Les femmes anorexiques ne s’intéressent pas du tout aux hommes; tout comme ces hommes, elles concourent entre elles, simplement pour la compétition elle-même. (…) Nous vivons dans un monde où manger trop et ne pas manger assez sont deux moyens opposés mais inséparables de faire face à l’impératif de minceur qui domine l’imaginaire collectif. La plupart d’entre nous oscillent, la vie durant, entre des formes atténuées de ces deux pathologies. (…° Nous vivons à une époque où les actions les plus saines comme les plus malsaines peuvent avoir la même motivation. La véritable raison pour laquelle beaucoup de jeunes gens, et particulièrement de jeunes femmes, rejoignent de nos jours le banc des fumeurs, ou n’arrêtent pas de fumer, malgré les recommandations des pouvoirs publics, c’est la crainte de prendre du poids, une crainte que ces mêmes pouvoirs publics, curieusement, s’évertuent à encourager et à renforcer.(…) Nos péchés sont inscrits dans notre chair et nous devons les expier jusqu’à la dernière calorie, à travers une privation plus sévère qu’aucune religion n’en a jamais imposé à ses adeptes.(…) Il y a une grande ironie dans le fait que le processus moderne d’éradication de la religion en produit d’innombrables caricatures. On nous dit souvent que nos problèmes sont dus à notre incapacité à nous débarrasser de notre tradition religieuse mais ce n’est pas vrai. Ils sont enracinés dans la débâcle de cette tradition, qui est nécessairement suivie par la réapparition, dans des habits modernes, de divinités plus anciennes et plus féroces nées du processus mimétique. (…) Quand les riches s’habituent à leur richesse, la simple consommation ostentatoire perd de son attrait et les nouveaux riches se métamorphosent en anciens riches. Ils considèrent ce changement comme le summum du raffinement culturel et font de leur mieux pour le rendre aussi visible que la consommation qu’ils pratiquaient auparavant. C’est à ce moment-là qu’ils inventent la non-consommation ostentatoire, qui paraît, en surface, rompre avec l’attitude qu’elle supplante mais qui n’est, au fond, qu’une surenchère mimétique du même processus. (…) Dans notre société la non-consommation ostentatoire est présente dans bien des domaines, dans l’habillement par exemple. Les jeans déchirés, le blouson trop large, le pantalon baggy, le refus de s’apprêter sont des formes de non-consommation ostentatoire. La lecture politiquement correcte de ce phénomène est que les jeunes gens riches se sentent coupables en raison de leur pouvoir d’achat supérieur ; ils désirent, si ce n’est être pauvres, du moins le paraitre. Cette interprétation est trop idéaliste. Le vrai but est une indifférence calculée à l’égard des vêtements, un rejet ostentatoire de l’ostentation. Plus nous sommes riches en fait, moins nous pouvons nous permettre de nous montrer grossièrement matérialistes car nous entrons dans une hiérarchie de jeux compétitifs qui deviennent toujours plus subtils à mesure que l’escalade progresse. A la fin, ce processus peut aboutir à un rejet total de la compétition, ce qui peut être, même si ce n’est pas toujours le cas, la plus intense des compétitions. (…) La rivalité s’intensifie à mesure que le nombre d’imitateurs augmente.(…) Mais il est peu probable qu’un de nos contemporains égale jamais L’Artiste de la faim de Franz Kafka. Pour comprendre cette nouvelle, il faut savoir qu’au XIXe et au début du XXe siècle, on exhibait dans les foires et les cirques ce qu’on appelait des « squelettes vivants » et des « artistes du jeûne ». Sortes d’hybrides entre monstres et champions sportifs qui se vantaient tous d’avoir battu les records précédents d’émaciation. René Girard
In the 1930s, men’s nipples were just as provocative, shameful, and taboo as women’s are now, and men were protesting in much the same way. In 1930, four men went topless to Coney Island and were arrested. In 1935, a flash mob of topless men descended upon Atlantic City, 42 of whom were arrested. Men fought and they were heard, changing not only laws but social consciousness. And by 1936, men’s bare chests were accepted as the norm. So why is it that 80 years later women can’t seem to achieve the same for their chests? Scout Willis
By the early 1900s men’s bathing suits had become more streamlined but still covered much of the body. In 1916 beaches on Chicago’s Lake Michigan required men’s bathing costumes to be cut no lower on the chest than the armpits. Bathing suit bottoms had to have a « skirt effect » or a long shirt had to be worn over the suit. The bottoms themselves could be no more than four inches above the knee. A possible alternative was flannel knee pants with a belt and fly front worn with a vest. Failure to obey these rules could result in arrest for indecent exposure. Such modest styles began to change during the 1930s. The invention of a rubberized thread called lycra made a new type of snug-fitting bathing suit possible, and a « nude look » came into fashion on beaches everywhere, with tight, one-piece suits that looked glamorous and made swimming easier. However, men still wanted to swim and relax on beaches bare-chested. In 1933 a men’s suit called « the topper » was introduced with a removable tank top that allowed daring men to expose their chests when they wished. That same year the BVD company, which made men’s underwear, introduced a line of men’s swimwear designed by Olympic swimming champion Johnny Weismuller (1904–1984). The new BVD suit was a tight-fitting one piece with a top made of a series of thin straps that exposed much of the chest, while still remaining within the law. In the summer of 1936 a male « no shirt movement » led many men to protest the chest-covering requirements. Although topless men were banned from beaches from Atlantic City, New Jersey, to Galveston, Texas, the men eventually swayed the legislature, and by 1937 it was legal for men to appear in public wearing only swim trunks. Since that time men’s swimwear styles have changed little. Into the twenty-first century swim trunks have been either loose-fitting shorts in a « boxer » style or the tighter fitting « brief » style. Fashion encyclopedia
Baring your beer belly is off the menu in Southend this summer, as visitors to the Adventure Island funfair are being told to please keep their clothes on. The park’s new ‘Wear Your Shirt’ rule will be enforced no matter how high the temperatures rise, and has been inspired by similiar dress codes used in U.S. theme parks which urge men to stay covered up in a bid to maintain family-friendly standards. A spokesman for the park said: ‘We don’t have a strict dress code as such, but would like our male customers to show some decorum. Not welcome: Funfair Adventure Island in Southend is banning bare chests this summer. In recent years, we’ve seen increasing numbers of lads and men whipping their tops off, eager to make the most of the sun – which is understandable, of course, as Southend is the warmest and driest part of the UK. ‘That’s absolutely fine in the right environment, but we try very hard to be a family-focused business and not everybody is a fan of bare chests. ‘We simply want to make sure that Adventure Island maintains its status as the best place to bring the whole family for a fun, safe, reasonably-priced great day out.’ Have some decorum: Marc Miller, managing director, has instructed signs to be posted around the park Signs are now being put up around the park and security staff will politely challenge individuals who have removed their tops and ask them to put them back on again. Those who refuse will be asked to leave. Mr Miller added: ‘Of course, we don’t want people to think we’re introducing a nightclub-style policy of no jeans or trainers. There definitely won’t be Adventure Island fashion police criticising people for wearing double denim combinations, spots with stripes or inappropriate shades of purple.  ‘We’ll simply point out that if you want to pose semi-naked, then Southend has miles of glorious beaches on which to do that.’ Daily Mail
Les savants américains ont fait une découverte surprenante. Pour se sentir heureux il faut être sûr que votre vie intime est meilleure et plus régulière que celle de vos voisins. (…) Les spécialistes ont analysé les données d’une grande recherche, menée depuis 1972. On a étudié l’information de la recherche reçue en 1993-2006 où 15 386 personnes ont pris part. Les personnes interrogées devaient apprécier l’état de leur âme (très heureux, assez heureux, malheureux). Les savants ont pris en considération les facteurs du bonheur : l’âge, la santé et la situation familiale. Les plus heureuses étaient les personnes qui avaient le sexe au moins 2-3 fois par mois. Leur état du bonheur était de 33% plus haut que chez ceux qui n’avaient pas le sexe depuis un an. Plus régulières étaient les relations intimes chez les personnes interrogées, plus heureuses elles étaient dans leur vie. Avoir des relations sexuelles 3 fois par semaine, une personne augmente le niveau de son bonheur de 55%. Les experts assurent que le sexe peut nous rendre plus heureux, mais la pensée que nous avons plus de relations sexuelles que nos amis, nos collègues et nos voisins nous réjouit d’avantage. Top rencontres
Here’s a little trick I use in my training, it may be of use to you. Pretend there is a crowd of thousands watching you, and if you pull out as many reps or pull the weight that you hope (say 200kg deadlift 3 reps) you win a million dollars, and actually believe in your mind that it is true. Watch yourself push harder for reasons that I cannot explain. Try it in your sets tonight. When you think you can’t even push a single more rep out, picture this in your mind and you will push out. Or even up the stakes, pretend a gunman is pointing a gun at someone you love and you MUST complete the reps or push the weight to let them live. That’s seriously the lengths I go to in my workouts, sets, and reps, to push myself as hard as possible. It’s as much of a mind game as a physical one. Zyzz Shreddedshian
À l’occasion de la Semaine nationale de sensibilisation aux troubles alimentaires, Mme Noël remarque que depuis deux ans, le phénomène de l’anorexie, qui affecte surtout les femmes, a maintenant son pendant masculin avec le développement de la bigorexie. Ce comportement incite les hommes à vouloir développer démesurément leur musculature afin de diminuer l’apport graisseux de leur corps. La consommation de diurétiques, laxatifs et autres produits présents dans les cas d’anorexie se traduit par la consommation de protéines, produits anabolisants circulant dans les gymnases. «C’est un phénomène nouveau, une mode dont on parle peu parce que les jeunes hommes parlent peu», explique Mme Noël. Pourtant, selon Mme Noël, les conséquences de la bigorexie sont aussi nocives ou sinon pires puisque l’abus de consommation de protéines disponibles sur l’internet peut avoir des impacts permanents sur les systèmes immunitaire et reproductif des jeunes hommes. La Presse
‘I am increasingly seeing a new breed of extremely narcissistic, under-fathered adolescent male, » says the psychologist Michael Carr-Gregg.  »He is beset with rigid, inflexible thinking, has no respect for authority, little exposure to tradition or ritual and has few, if any, skills in anger management. » For teenage boys, violence has become a  »sport », says Father Chris Riley, the founder of Youth Off the Streets. The latest  »game », he says, is for groups of men to board trains and see how severely they can bash a lone commuter before he can escape at the next stop. Experts say this culture of anger and casual violence is the result of a toxic confluence of factors, among them increasing alcohol intake, the breakdown of the family unit, the normalisation of violence in popular culture and a show-off culture fostered by social networking. There is a typical profile of a violent teenager, says Professor Paul Mazerolle, the director of the Violence Research and Prevention Program at Griffith University. He often has an absent father or a violent one. He mimics those traits or adopts his idea of masculinity from Hollywood and from his peers. He is often disengaged from school or work. He feels he has little to contribute to society. He is disconnected from the structures that might lead him away from violence.  »They’re connected differently now, » Mazerolle says.  »They might not be as connected to their neighbours but they are connected to 600 people on Facebook. If you don’t know your neighbours, you’re less likely to care if you blast your music loudly until 2am. » Two other factors have become part of the mix. One is black-market guns.  »The difference between a serious assault and a homicide is often access to a weapon, » Mazerolle says. The other is a growing emphasis on fitness and working out, influenced by the subculture of amateur bodybuilding dubbed  »aesthetics » by its poster boy, the late Eastwood entrepreneur Aziz  »Zyzz » Shavershian. Zyzz, with 300,000 Facebook  »fans », died last year after an apparent heart attack in a Bangkok sauna. Seizures of steroids and hormones increased 106 per cent in 2010-11 on the previous year, the Australian Crime Commission’s data show. Anecdotal evidence suggests the burgeoning industry has fostered  »roid rage », as scores of pumped-up, amped-up men roam night-time hotspots. Carr-Gregg says the frontal cortex, which controls impulsiveness, develops fully in males only in their late 20s.  »His body and physical strength have outgrown his brain.  »He has feasted from an early age on a diet of violence as entertainment … he has an armoury of communication aids, which enable him to maintain 24/7 contact with similarly disaffected peers who are bonded by a fondness for, and access to, disinhibiting drugs and the money to pay for them. » On top of this swirling mix is alcohol consumption. More than half of boys aged 15 to 17 drink alcohol and the proportion of 12- to 15-year-olds drinking at risky levels has doubled since 1990. A recent study by the Australian Institute of Criminology found the median number of standard drinks consumed by young men arrested for assault on a Friday or Saturday night was 22. Alcohol increases bravado and distorts perceptions. The tiniest thing, such as a spilt drink or a purposeful glance, can set a man off. Sydney Morning Herald
The recent death of a 22-year-old amateur Sydney bodybuilder has put the spotlight on a sub-culture that places emphasis on getting bigger at all costs – and experts warn the problem is affecting more young men than previously thought. Facebook sensation Aziz ‘Zyzz’ Sergeyevich Shavershian suffered a fatal heart attack in a Thai sauna last week. He gained a Facebook following of more than 80,000 fans, gaining popularity through workout videos posted on YouTube. Sydney University researcher and psychologist Stuart Murray said he believed instances of muscle dysmorphia, or “bigorexia,” are increasing and that the use of image-enhancing drugs is becoming the norm. “Steroid use is definitely on the rise but there isn’t enough research being done into this growing problem. I’m one of only two or three researchers in Australia working on this,” he said. Surry Hills Police Crime Prevention Officer Constable Craig Parkinson said that steroid use and dealing often flew under the radar and it wasn’t as easily detected as drugs like cocaine or ecstasy. “Recent reports in the media have highlighted the dangers of steroid use,” Constable Parkinson said. “The death of an otherwise fit, young Australian in Thailand has been related to steroid use and illustrates the negative effects of these supposed ‘performance enhancing’ drugs.” “Although customs have reported an increase in seizures of the drug, its use is somewhat understated. The dangers are real and potentially lethal.” Last month a man jumped four floors out of a Bondi apartment window when police knocked on his door. He was found in possession of steroids, illegal drugs and weapons. Mr Murray described bigorexia as “the pathological pursuit of muscularity”. “The thing with bigorexia is that people who suffer from it see it as a good thing. They will get anxiety if they can’t make it to the gym on a particular day, and they see that as a positive, the fact that they’re so committed,” he said. Mr Murray was particularly concerned with a rise in popularity of clenbuterol. The drug is used to treat asthma in horses, but gym junkies and even women looking to slim down are using it to shed fat and build muscle. “We don’t know too much about it because its popularity has only grown in the last five to ten years,” he said. And the quest for the perfect beach body isn’t just restricted to drugs that enhance the muscles. An unregulated tanning drug named Melanotan is increasing in popularity. It is injected into the skin, but the NSW Health Department has warned that it is a largely unknown substance and unlicensed for use in Australia. ABC
Back in the day when men’s chests were considered « erotically neutral » (to quote the English writer Mark Simpson), blokes could be casual or even blase about their torsos, no matter what shape they were in. Shirtlessness can still be casual or blase, or – for want of a better word – ‘innocent’. But shirtlessness can also be a form of showcasing. And it seems that the more a guy has to showcase, the more likely he’ll be to wander about topless, and the further he’ll stray from the beach. But how far is too far? If the respondents to the vox pop on page 25 are any indication, everyone has their own view on that, showing that male toplessness runs its own jagged faultline through our community norms. The issue would seem almost entirely inconsequential, but the level of interest shown in steroid use and the Zyzz story suggests that the shirtless dudes on our streets are the visible tip of an iceberg; an iceberg that is probably bigger, and more destructive, than many of us realise. David Mills

 Attention: une anorexie peut en cacher une autre !

Anorexie, boulimie, bigorexie, anorexie athlétique, orthorexie, hyperphagie boulimique, prégorexie, dysmorphophobie  …

Au lendemain d’un mois de Coupe du monde de football et au début d’un nouveau Tour de France cycliste où l’on a pu et peut encore admirer, grâce on ne sait plus à quelles potions miracle et jusqu’aux morsures, les prouesses proprement surhumaines de nos nouveaux gladiateurs …

Mais aussi où, avec l’horrible lynchage à mort, sous prétexte de vengeance pour l’enlèvement et assassinat de trois jeunes Israéliens, d’un jeune Palestinien par une bande de supporters d’un club de football israélien, l’on a pu voir jusqu’où pouvait mener parmi nos jeunes l’addiction à la violence gratuite …

Pendant que, dernière marotte en date de nos stars désoeuvrées, c’est aux seins nus en plein centre-ville que se vouent nos nouvelles féministes …

Alors que se confirment la dimension addictive de l’exposition au soleil ou la part mimétique de la satisfaction sexuelle

Et qu’à coup de néologismes, nos spécialistes de la médecine ou de la psychiatrie multiplient les fausses explications …

Comment ne pas voir, dans cette sorte d’anorexie inversée qu’est la bigorexie, autre chose qu’une énième variation principalement masculine de ces conduites mimétiques bien mises au jour par René Girard dont l’anorexie était jusqu’à présent la forme plutôt féminine ?

Surtout, comme en témoigne le véritable culte dont, jusqu’à son décès récent en Thaïlande (suite à la prise d’anabolisants ?), était l’objet sur les réseaux sociaux cet Australien d’origine kurde Zyzz Shreddedshian

Quand ces conduites se greffent non seulement sur l’évidente dimension compétitive de la musculation et du sport …

Mais s’accompagnent souvent, comme on l’a vu récemment en Australie, d’une fascination pour les armes à feu et la violence gratuite ?

Sydney’s newest sport – beat someone senseless or kill them for the heck of it
Violent, disconnected young men have become part of the city’s culture.
Rachel Olding
Sunday Morning Herald
July 28, 2012

IT TOOK a single punch to spur a city into action, but the blow to Thomas Kelly was far from a one-off.

The man accused of murdering Kelly, 18-year-old Kieran Loveridge, allegedly assaulted three other strangers in Kings Cross on the night of July 7. When he appeared in court last week, a 17-year-old friend shoulder-charged a cameraman, knocking him unconscious.

On Monday, it emerged that Loveridge’s cousin stands accused of a 2010 rampage that began with the bashing of a grandmother and ended with the stabbing death of a teenager. At a committal hearing it was alleged Corrie Loveridge told his friends he  »wanted to stab and kill someone tonight ».

Across Sydney, it is an increasingly familiar story.

This week’s police media alerts included a 19-year-old and a 20-year-old arrested for stabbing a man in Campbelltown, a 20-year-old man arrested for assaulting a police officer in Cronulla, a teenager stabbed at a Parramatta bus stop and a 22-year-old man arrested for assaulting a 19-year-old man and headbutting a 21-year-old woman outside a pub in Windsor.

Why are some young men so angry? Psychologists speak of a lost generation of teenage boys with little engagement or purpose in life and a worryingly blase attitude to violence and authority.

Police took legal action against one in 10 18-year-old men last year, a slight increase on previous years. Crime rates have declined in almost every category over the past decade, but assaults remain stable or rising slightly. It is estimated two-thirds of assaults go unreported.

 »I am increasingly seeing a new breed of extremely narcissistic, under-fathered adolescent male, » says the psychologist Michael Carr-Gregg.  »He is beset with rigid, inflexible thinking, has no respect for authority, little exposure to tradition or ritual and has few, if any, skills in anger management. »

For teenage boys, violence has become a  »sport », says Father Chris Riley, the founder of Youth Off the Streets. The latest  »game », he says, is for groups of men to board trains and see how severely they can bash a lone commuter before he can escape at the next stop.

Experts say this culture of anger and casual violence is the result of a toxic confluence of factors, among them increasing alcohol intake, the breakdown of the family unit, the normalisation of violence in popular culture and a show-off culture fostered by social networking.

There is a typical profile of a violent teenager, says Professor Paul Mazerolle, the director of the Violence Research and Prevention Program at Griffith University.

He often has an absent father or a violent one. He mimics those traits or adopts his idea of masculinity from Hollywood and from his peers. He is often disengaged from school or work. He feels he has little to contribute to society. He is disconnected from the structures that might lead him away from violence.

 »They’re connected differently now, » Mazerolle says.  »They might not be as connected to their neighbours but they are connected to 600 people on Facebook. If you don’t know your neighbours, you’re less likely to care if you blast your music loudly until 2am. »

Two other factors have become part of the mix. One is black-market guns.  »The difference between a serious assault and a homicide is often access to a weapon, » Mazerolle says.

The other is a growing emphasis on fitness and working out, influenced by the subculture of amateur bodybuilding dubbed  »aesthetics » by its poster boy, the late Eastwood entrepreneur Aziz  »Zyzz » Shavershian. Zyzz, with 300,000 Facebook  »fans », died last year after an apparent heart attack in a Bangkok sauna.

Seizures of steroids and hormones increased 106 per cent in 2010-11 on the previous year, the Australian Crime Commission’s data show. Anecdotal evidence suggests the burgeoning industry has fostered  »roid rage », as scores of pumped-up, amped-up men roam night-time hotspots.

Carr-Gregg says the frontal cortex, which controls impulsiveness, develops fully in males only in their late 20s.  »His body and physical strength have outgrown his brain.

 »He has feasted from an early age on a diet of violence as entertainment … he has an armoury of communication aids, which enable him to maintain 24/7 contact with similarly disaffected peers who are bonded by a fondness for, and access to, disinhibiting drugs and the money to pay for them. »

On top of this swirling mix is alcohol consumption. More than half of boys aged 15 to 17 drink alcohol and the proportion of 12- to 15-year-olds drinking at risky levels has doubled since 1990.

A recent study by the Australian Institute of Criminology found the median number of standard drinks consumed by young men arrested for assault on a Friday or Saturday night was 22.

Alcohol increases bravado and distorts perceptions. The tiniest thing, such as a spilt drink or a purposeful glance, can set a man off.

For one 19-year-old who spoke to the Herald, it was being refused entry on a bus because he was drunk. He turned around and put his fist through a glass shopfront in Ryde.

 »It was just a f–k you to the driver, » he said.  »It was complete drunk idiocy. »

A criminal lawyer, William Vahl, says alcohol is involved in 98 per cent of his young clients’ assault cases.  »The link is blatant, » he says.  »Without alcohol, a lot of criminal lawyers would be out of a job. »

Writing on The Conversation website this week, a University of Western Sydney criminologist, Stephen Tomsen, said the crackdown on licensed venues in Kings Cross in the wake of Mr Kelly’s death would do little to curb  »the monoculture of aggressive heavy drinking in a night-time economy ».

Father Riley believes a mix of early intervention and service provision can work. He says when Youth Off the Streets built a $7.4 million drop-in centre in Macquarie Fields, the crime rate fell by 40 per cent.  »I wish I’d gotten to this kid [Loveridge] sooner. All kids want is a connection. When you connect a kid you can turn them around. »

It will come as cold comfort for the parents of Thomas Kelly, who continue to turn on the bedside lamp in their son’s empty bedroom every night.

Voir aussi:

Young men dying for the perfect beach body
Alex Cauchi
Wentworth Courier
18 Aug 2011

The recent death of a 22-year-old amateur Sydney bodybuilder has put the spotlight on a sub-culture that places emphasis on getting bigger at all costs – and experts warn the problem is affecting more young men than previously thought.

Facebook sensation Aziz ‘Zyzz’ Sergeyevich Shavershian suffered a fatal heart attack in a Thai sauna last week. He gained a Facebook following of more than 80,000 fans, gaining popularity through workout videos posted on YouTube.

Sydney University researcher and psychologist Stuart Murray said he believed instances of muscle dysmorphia, or “bigorexia,” are increasing and that the use of image-enhancing drugs is becoming the norm.

“Steroid use is definitely on the rise but there isn’t enough research being done into this growing problem. I’m one of only two or three researchers in Australia working on this,” he said.

Surry Hills Police Crime Prevention Officer Constable Craig Parkinson said that steroid use and dealing often flew under the radar and it wasn’t as easily detected as drugs like cocaine or ecstasy.

“Recent reports in the media have highlighted the dangers of steroid use,” Constable Parkinson said.

“The death of an otherwise fit, young Australian in Thailand has been related to steroid use and illustrates the negative effects of these supposed ‘performance enhancing’ drugs.”

“Although customs have reported an increase in seizures of the drug, its use is somewhat understated. The dangers are real and potentially lethal.”

Last month a man jumped four floors out of a Bondi apartment window when police knocked on his door. He was found in possession of steroids, illegal drugs and weapons.

Mr Murray described bigorexia as “the pathological pursuit of muscularity”.

“The thing with bigorexia is that people who suffer from it see it as a good thing. They will get anxiety if they can’t make it to the gym on a particular day, and they see that as a positive, the fact that they’re so committed,” he said.

Mr Murray was particularly concerned with a rise in popularity of clenbuterol.

The drug is used to treat asthma in horses, but gym junkies and even women looking to slim down are using it to shed fat and build muscle.

“We don’t know too much about it because its popularity has only grown in the last five to ten years,” he said.

And the quest for the perfect beach body isn’t just restricted to drugs that enhance the muscles.

An unregulated tanning drug named Melanotan is increasing in popularity. It is injected into the skin, but the NSW Health Department has warned that it is a largely unknown substance and unlicensed for use in Australia.

CLENBUTEROL
Known as “clen”, it’s unique in that it has both anabolic and catabolic properties. Used to treat asthma in horses, it builds muscle but also burns body fat. It’s a stimulant that has a similar effect on the body as amphetamines. It places increased strain on the heart and can leave users with tachycardia, or heart palpations and prevent them from sleeping. Increasingly being used by women to shed weight. Available in liquid or gel form. Can cost between $150-$250 for 100ml.

ANABOLIC STEROIDS
Increases protein synthesis within the body’s cells. Primary dangers are cardiac related. Can cause the heart muscle to grow too big, leading to congestive heart failure, heart attacks, and sudden cardiac death. Users can also develop gynecomastia or “man boobs”. Sold in injectable liquid or tablet form. Can cost between $150-$250 for 10ml in various forms such as Sustagen 250, Deca-Durabolin or Trenabol.

HUMAN GROWTH HORMONE (HGH)
A substance that can be attained by prescription, HGH increases testosterone production but can provoke growth in a wide range of body tissue, not just muscles. Is more difficult to obtain than steroids and is more expensive. Users pay around $400 for 10ml.

MELANOTAN
An unregulated tanning product that is injected into the skin. Is available from drug dealers and online. Side effects include increased number of dark moles on the skin, suppressed appetite and nausea. Costs $20 for 0.1ml.

Voir encore:

Generation V buff, but not so pretty after dark
Jordan Baker
The Sydney Morning Herald
September 2, 2011

If plastic Six Million Dollar Man met plastic Wolverine in a dark alley, there’s no doubt who’d come off best. While they both have super-human powers, Wolverine has the distinct advantage of rolling off the production line almost 40 years later than Steve Austin.

By today’s standards, the Six Million Dollar Man action figure is a weed. His stomach is flat, his muscle definition non-existent and there’s no inverted pyramid to speak of. The Wolverine figure, however, has arms bigger than his legs, trapeziuses like wings and shoulders three times wider than his waist. If it came down to size, plastic Wolverine wouldn’t even need his famous claws to tear plastic Six Million Dollar Man apart.

Action figures show just how much the ideal male body has changed in the past 40 years. In the 1970s, it was athletic and lean; now, it’s all about size and definition. A figure like plastic Wolverine’s figure is almost impossible to achieve naturally, but with easier and cheaper access to steroids and growth hormones, it’s possible for even the skinniest man to become  »big » and  »ripped », if he’s willing to risk his health.

The problem for the rest of us is that the risks he takes with his health have underrated flow-on effects in the community.

The most obvious is aggression. We’ve all read the stories about violence in Sydney on Saturday nights, which is usually blamed on alcohol, illegal drugs, and, this week, cage fighting. But there’s another factor at play, and that’s steroids. Illegal steroid and growth hormone use is booming in Sydney, and if you take a pack of young men who are not only drunk, but irritable from the steroids and puffed up with the bravado of newly minted muscles, you put a flame to a tinderbox.

Customs seized more than twice as many steroids and growth hormones in the year to July 10 than they did in 2004-05. They are cheaper and more accessible than ever before, so their use is more widespread and therefore more acceptable. Buying steroids used to involve a visit to a creepy bikie dealer, but they’re now available from a guy at the gym, over the internet or from a mate. Internet forums offer tips on how best to use different cycles of steroids to get the right look, and users share tips and admire each other’s bodies. It’s the male equivalent of pro-anorexia websites.

This isn’t news to anyone who trains regularly at a gym in Sydney, or knows young men dedicated to the body beautiful. « At the place I train, every day I hear someone talking about what cycle of steroids they’re on, » says one male gym-goer. « No one is trying to hide it. It used to be very hush-hush, but now no one cares who knows. »

It’s easy to spot them. They’re the ones parading in shirtless packs at music festivals or down George Street on Saturday nights, often mixing their cocktail of steroids with booze, illegal drugs and Viagra. Or they’re the guys on the doors at nightclubs telling these packs of men that they can’t come in. When these two clash, it’s explosive.

Most guys taking steroids go through two stages. The first is the bulking phase, where they pile on as much muscle as possible by using human growth hormone and testosterone. If they train hard, they can put on 15 to 20 kilograms of muscle. Then, they start a  »cutting cycle », taking drugs like Anavar and Stanozolol to lose body fat without losing muscles, thereby getting that  »ripped », or defined, look. A course of testosterone costs $500-$600. Unfortunately, steroids and growth hormones do much more than create muscle or cut fat. According to the Australian Institute of Criminology, they can increase aggression and irritability, and prompt mood swings, paranoia and depression. They cause hair loss, acne, liver problems, insomnia and high cholesterol. The possession, use and supply of steroids, other than by prescription, is illegal throughout Australia.

Guys are putting themselves through this physical torture for the same reason that young women starve themselves. They’re insecure about the way they look; they think girls find muscles attractive; and they compare their bodies with their friends’. But a Chesty Bonds-style bulge is as impossible an ideal for most young men as Kate Moss’s figure is for most young women, so they can only achieve it through artificial means.

A poignant example of how steroids can improve a young man’s confidence is a chap known as Zyzz, a 22-year-old bodybuilder who died of a heart attack during a holiday in Thailand recently. Zyzz was an inspiration to young Australian bodybuilders, having transformed himself from a skinny kid to a  »ripped » Adonis. Zyzz emphatically denied his physique was due to steroids after his older brother, Said, 25, a trainer at a Fitness First gym, was found in possession of an anabolic steroid during a police raid (he pleaded guilty and was fined $479). Zyzz’s mother said his heart attack was due to an undiagnosed heart condition. But a spokesman for Sydney Hotshots, which employed him as a stripper, told the Herald Zyzz was a lovely guy, « aside from the steroids ».

The lingo on Zyzz’s fan sites gives an insight into why young men want enormous muscles. They  »aquire [sic] aesthetics ». They  »mire » (admire) each other. They feel  »jelly » (jealous) of each other’s physiques. After Zyzz died, one fan wrote: « Zyzz changed by life, I’ve never met him. But, when my life was hard and I felt like there was nowhere left to go, Zyzz showed me a new world, showed me that we are what we put into life, and that you can change yourself into whatever you wish to be. »

Only a small percentage of the young men out in Sydney on Saturday night will be on steroids. But only a small percentage get involved in fights, too, and I’d wager there’s a fair crossover. I don’t have a solution; tackling steroid abuse is no easier than tackling the causes of dangerous dieting among young women, or stopping illegal drug use (although random drug tests for security guards by external testers would be a good start).

But it’s an under-acknowledged factor in debates about social violence in Sydney. It’s worth being mindful that the reasons are complex, and that it’s a good idea to avoid packs of muscled men on a Saturday night out.

Voir encore:

Un petit (t)rail ?
Bigorexie : le sport crée des junkies presque comme les autres
Sébastien Billard | Journaliste
Rue 89
10/11/2011

Alain est suivi depuis sept mois par un psychiatre pour soigner sa dépendance. Il a commencé à courir il y a une quinzaine d’années et a fini par ne plus pouvoir s’arrêter.

Que ressentait-il ? Un irrépressible besoin de course quotidien et une véritable sensation de manque lorsqu’il n’était pas assouvi.

« J’enchaînais près de 25 heures de footing par semaine. Et cela me procurait un bien fou. Mais il m’en fallait toujours plus. »

Ce cadre dans une société de télécommunication, âgé de 44 ans, raconte son agenda à l’époque de son addiction.

« J’organisais mon emploi du temps professionnel et familial de façon à me dégager des moments libres pour courir. Le sport dominait mon quotidien. »

Alain n’est pas un cas isolé. Si aucune donnée sur le nombre de personnes « addict » au sport n’existe, de l’avis de nombreux spécialistes, cette dépendance a fait une forte irruption dans les centres d’addictologie depuis le début des années 2000, au même titre que d’autres addictions dites « sans substance », comme les jeux d’argent ou les jeux vidéo.
Une dépendance psychologique

Selon la définition donnée par le Centre d’études et de recherche en psychopathologie de Toulouse (CERPP), l’addiction au sport est :

« Un besoin irrépressible et compulsif de pratiquer régulièrement et intensivement une ou plusieurs activités physiques et sportives en vue d’obtenir des gratifications immédiates et ce malgré des conséquences négatives à long terme sur la santé physique, psychologique et sociale. »

Addiction dite « sans substance », la dépendance au sport est loin de pouvoir s’expliquer par la seule libération par le cerveau d’endorphines, sources de bien-être pour l’athlète, comme l’explique le psychiatre Dan Véléa :

« La dimension psychologique de cette dépendance est essentielle. Bien plus importante que sa dimension biochimique. On ne peut pas définir un individu comme “ addict ” en fonction du nombre d’heures qu’il consacre à son sport.

C’est davantage le rapport à l’activité physique en question qui pose problème. Quand faire du sport devient une obsession, il y a dépendance. »

Une pathologie longtemps jugée « positive »

Méconnue, la dépendance au sport a même longtemps été considérée comme une pathologie « positive » par le corps médical. Introduite par le psychiatre américain William Glasser dans les années 70, cette dénomination avait pour objectif de la distinguer des addictions classiques comme la toxicomanie. Dan Véléa :

« C’est une addiction silencieuse, plus difficile à faire reconnaître car davantage acceptée par la société. Pratiquer un sport est valorisé et valorisant.

Or, on sait aujourd’hui que cette dépendance occasionne chez l’individu des souffrances aussi désastreuses qu’une addiction “ classique ”. »

Etat dépressif en cas de sevrage, comportement « jusqu’au-boutiste » occasionnant des blessures graves voire irréversibles, délaissement de la vie familiale et professionnelle conduisant parfois à des divorces et à des pertes d’emploi, les souffrances physiques et psychologiques sont souvent extrêmes, comme le confirme Alain :

« C’est une sorte de tunnel. Vous vous isolez de vos proches sans vraiment vous en rendre compte. Mes heures de courses augmentaient et dans le même temps, j’en consacrais de moins en moins à mes proches, à mon travail.

Le plus difficile, c’était quand je me blessais. J’éprouvais une vraie sensation de manque, je devenais irritable. Lorsque que cette indisponibilité se prolongeait, j’étais en détresse, proche d’un état dépressif. »

Toujours plus fort malgré la douleur

L’addiction conduit surtout ces athlètes à aller toujours plus loin, toujours plus fort malgré la douleur et les blessures, souligne Isabelle Müller, psychiatre au centre d’accompagnement et de prévention pour les sportifs de Bordeaux (CREPS) :

« A force de repousser leurs limites, ils arrivent à une phase d’épuisement total. Une de mes patientes continuait à faire du vélo malgré une fracture au pied…

Ce besoin d’aller encore plus loin en pousse même certains à prendre des risques importants pour leur santé en ayant parfois recours à des produits dopants pour tenir le coup. »

Chez les sportifs professionnels, la prise de conscience survient souvent au moment de la retraite sportive. L’arrêt du jour au lendemain d’une activité physique intense laisse apparaître une véritable dépendance. Pour les sportifs amateurs, ce sont souvent les proches qui donnent le signal d’alarme.

Particulièrement touchés, les sportifs pratiquant une activité d’endurance ou obéissant à des séances d’entraînement très stéréotypées comme le vélo, la course à pied ou le culturisme. Mais la dépendance à l’activité physique touche des profils très hétérogènes : hommes, femmes, sportifs amateurs, sportifs professionnels, de tous les âges, de toutes les classes sociales.
« Ca touche souvent des personnes rigides »

Seule constante, tous cherchent à valoriser leur image à travers le sport. Pratiquer une activité physique avec excès est un moyen pour eux d’augmenter leur estime d’eux-mêmes, de combler un vide affectif et/ou de modifier leur apparence corporelle. Isabelle Müller :

« Cette addiction touche souvent des personnes rigides, perfectionnistes. Elles se surinvestissent dans cette activité, le plus souvent pour faire face à un stress, à une image d’elles-mêmes qui ne les satisfait pas »

L’addiction est ainsi le produit d’une composante sociale très forte. Une réponse, souvent, à la culture de la performance, aux sollicitations compétitives ou aux insatisfactions récurrentes de la vie sociale.

L’athlète recherche sans cesse un idéal de perfection et d’harmonie dans l’espoir d’en tirer une reconnaissance individuelle et sociale. Le sport apparaît dès lors comme une réponse aux différentes anxiétés rencontrées.

Les troubles de l’image jouent un rôle essentiel dans le développement de cette pathologie, dans une société où le poids de l’esthétique est grandissant. Ces troubles les conduisent le plus souvent à éprouver un fort besoin à prendre toujours plus de masse corporelle afin de se façonner une silhouette parfaite. C’est ce que l’on nomme la bigorexie (par opposition à l’anorexie), qui n’est qu’une facette de l’addiction.
Les cas de rechute sont courants

Pour sortir de l’addiction, le travail est souvent long et nécessite des mois, voire parfois même des années, comme le rappelle Isabelle Müller :

« Il est très difficile d’en sortir et les cas de rechute sont courants. Il faut mener un long travail psychologique pour faire prendre conscience aux patients des dommages que cette pathologie occasionne, les rassurer sur leur image, les aider à gérer leur stress autrement. »

Suivi depuis de longs mois par un psychiatre, Alain lui ne court plus ou presque plus, le temps de retrouver un équilibre dans sa vie familiale et professionnelle.

« Les premiers mois ont été très compliqués. Pénibles. Après avoir arrêté, j’ai connu la dépression. Il est difficile de prendre conscience que l’on est bel et bien malade. C’est quelque chose de très dur à accepter. »

Si beaucoup de personnes se voient dans l’obligation d’abandonner à jamais toute pratique sportive afin d’éviter une rechute, Alain espère, quant à lui, parvenir à recourir régulièrement un jour. Mais de façon beaucoup plus mesurée.

Voir par ailleurs:

Le BRONZAGE peut-il devenir une addiction?

24-06-2014

Prendre un bain de soleil procure un certain bien-être. Au-delà de la sensation de chaleur et de détente, ces chercheurs de Harvard soutenus par les US National Institutes of Health montrent que le bronzage aurait aussi une dimension addictive. Leur étude tente d’expliquer pourquoi, malgré tous ses risques avérés, l’exposition de son corps aux U.V. artificiels ou solaires pour bronzer reste un objectif rituel pour des millions de personnes. Est-ce à des fins purement esthétiques, dans un curieux esprit autodestructeur ou encore une véritable addiction ? Réponse, sur l’animal, dans la revue Cell.

Les chercheurs de la Harvard Medical School avec des scientifiques de la Melanoma Research Alliance, de la US-Israel Binational Science Foundation ont exposé des souris rasées à la lumière UV, 5 jours par semaine pendant 6 semaines. Ce modèle d’exposition était équivalent à 20 à 30 minutes d’exposition pour une personne à la peau claire, au soleil de Floride, durant l’été.

Préférence esthétique ou dépendance biologique ? Les chercheurs constatent ici sur la souris, à la suite de cette exposition, l’animal présente des niveaux augmentés de certaines substances chimiques dans le corps. Or ces substances sont déjà connues pour déclencher un sentiment d’euphorie, comparable, écrivent les auteurs, à celui ressenti avec la prise d’un opiacé. Mais ce n’est pas tout, l’animal montre également une plus forte tolérance à la douleur.

En cause des endorphines bêta ou hormones du bien-être : Lorsque les chercheurs transforment ces souris modèles pour supprimer toute production d’endomorphines bêta, ces effets disparaissent. Des résultats qui suggèrent que ces endorphines naturelles, « dynamisées » par l’exposition aux UV sont à l’origine des effets d’euphorie. Ainsi, lorsque la peau est exposée aux U.V., une protéine, la pro-opiomélanocortine (ou POMC) est décomposée en petits peptides. L’un de ces peptides est une hormone qui stimule les mélanocytes, un autre est une endorphine bêta, un opioïde naturel de l’organisme. Comme tout opioïde, il se lie à des récepteurs opioïdes, entraînant un soulagement de la douleur mais va renforcer un circuit de récompense qui sous-tend la dépendance. Ainsi, ici, les chercheurs constatent que les souris exposées montrent une augmentation de la tolérance aux opiacés, nécessitant des doses beaucoup plus élevées de morphine.

Cette étude chez l’animal montre donc comment une exposition régulière aux U.V. entraîne une augmentation de la production d’opioïdes naturels, induisant une augmentation des seuils de douleur et des signes de la dépendance et de tolérance aux opiacés. Cependant les auteurs notent aussi que les souris, contrairement aux humains sont des animaux nocturnes. Ces effets de l’exposition aux UV pourraient donc tout à fait avoir un tout autre effet sur l’Homme.

Voir aussi:

De quoi dépend la satisfaction sexuelle ?

Top rencontres

10/062013

Les savants américains ont fait une découverte surprenante. Pour se sentir heureux il faut être sûr que votre vie intime est meilleure et plus régulière que celle de vos voisins.

Il existe une opinion que le manque d’argent, l’absence d’immobilier ou de vêtements de marque, la solitude rendent la personne malheureuse. Néanmoins, les savants américains affirment que le sexe est le facteur principal du bonheur. Il suffit d’apprendre que votre vie intime est plus régulière que celle des voisins et le niveau du bonheur augmente.

Les spécialistes ont analysé les données d’une grande recherche, menée depuis 1972. On a étudié l’information de la recherche reçue en 1993-2006 où 15 386 personnes ont pris part. Les personnes interrogées devaient apprécier l’état de leur âme (très heureux, assez heureux, malheureux). Les savants ont pris en considération les facteurs du bonheur : l’âge, la santé et la situation familiale. Les plus heureuses étaient les personnes qui avaient le sexe au moins 2-3 fois par mois. Leur état du bonheur était de 33% plus haut que chez ceux qui n’avaient pas le sexe depuis un an. Plus régulières étaient les relations intimes chez les personnes interrogées, plus heureuses elles étaient dans leur vie. Avoir des relations sexuelles 3 fois par semaine, une personne augmente le niveau de son bonheur de 55%. Les experts assurent que le sexe peut nous rendre plus heureux, mais la pensée que nous avons plus de relations sexuelles que nos amis, nos collègues et nos voisins nous réjouit d’avantage.

Voir enfin:

Dossier : corps, sport et dépendance
Le sport aide à se forger son identité, car il peut apporter à un individu les certitudes qui lui manquent. Toutefois, quand la pratique sportive est excessive et l’image du corps obsessionnelle, le sport plaisir risque de devenir addiction sportive.

Stéphane Abadie

L’auteur
Stéphane ABADIE est doctorant à l’ufr-staps de Nancy et fait partie de l’équipe accorps – lhsp – umr7117 – Archives Poincaré – cnrs.

Mens sana in corpore sano. Un esprit sain dans un corps sain. Cette citation extraite des Satires de Juvénal (vers 60 à 128) prône la complémentarité du corps et de l’esprit, et souligne le rôle du sport dans la santé. Les activités physiques s’adressent au corps dans toutes ses dimensions : physiques, physiologiques, psychologiques. Mode de défoulement, moyen de se ressourcer, outil de bien-être, de satisfaction ou au contraire de mise en danger (potentiel ou réel) et de souffrance, ces pratiques émergent d’une volonté de répondre à un besoin ou de satisfaire un désir. Quel est ce besoin ? D’où vient-il ? Pourquoi un individu accepte-t-il des entraînements toujours plus longs, toujours plus fréquents, toujours plus intenses, où l’épuisement et la douleur finissent par avoir raison de son acharnement ?

Après avoir examiné comment se forge l’image du corps e d’où vient le besoin de pratique sportive, nous verrons comment le sport plaisir se transforme parfois en sport passion, comment l’investissement peut alors devenir surinvestissement. Et quand le sportif surinvestit sa pratique, c’est que bien souvent il en est devenu dépendant : le sport est sa drogue. Tel un drogué, il a besoin de pratiquer sans cesse. Il pense, mange, dort pour son sport. Et lorsqu’il est dans l’impossibilité de pratiquer, certains symptômes de manque risquent d’apparaître.

Quel est le rapport des sportifs à leur corps ? Le corps, l’image du corps et les représentations que l’on s’en fait ont connu de nombreux bouleversements au cours de l’histoire de l’humanité. Durant la Grèce antique, le corps était considéré comme objet de toute puissance. Cette belle forme, ce cadre esthétique impitoyable trouve toute son essence dans ce qu’on nomme l’idéal platonicien. Puis la morphologie des individus s’est imposée comme une carte indiquant au reste de la société l’appartenance de l’individu à tel ou tel groupe social. La représentation du corps a évolué au cours de l’histoire, mais elle évolue aussi chez chaque individu au fil de sa construction et de sa maturation. Entre la vie prénatale et la vie adulte, l’idée que l’on se fait de son corps connaît de réelles révolutions : nous apprenons peu à peu à l’identifier et à l’habiter.

Le corps a trois fonctions : le corps des besoins, le corps des désirs, le corps des symboles. Le corps des besoins, c’est le corps matériel, avec ses exigences élémentaires automatiques : respirer, manger, boire, uriner, etc. Le corps du désir, érogène ou libidinal, organise les fantasmes. Le corps du symbole participe aux échanges avec le monde extérieur, agit sur la scène sociale, s’engage dans un langage. Il condense les exigences du corps des besoins et du corps des désirs, les soumet à la censure, à la raison. Il est l’expression de l’individu avec ses caractéristiques propres, mais aussi de l’espèce avec ses traits universels.

Les compétitions et les entraînements sont souvent considérés comme des rites initiatiques. Ils permettraient aux athlètes d’intégrer progressivement le monde des sportifs. La transformation lente du corps en machine à performance, le passage d’une division à une autre, les différentes formes d’investissement de la pratique sont autant d’étapes qui classent, hiérarchisent et intègrent les individus dans cette microsociété. Pourquoi le jeune sportif cherche-t-il à s’intégrer dans ce nouveau groupe de référence ? Pourquoi a-t-il la sensation de faire lui-même partie de ces « êtres d’exception » que sont les sportifs…
Selon la psychiatre et psychanalyste Annie Birraux, le jeune a besoin de consolider son narcissisme – l’amour qu’un individu a pour lui-même – dans un groupe : cela l’aide à renforcer sonidentité précaire et à traverser cette phase de transition qu’est l’adolescence. Les idéaux du groupe remplacent les idéaux familiaux, constituant une prothèse substitutive. C’est une des raisons pour lesquelles les images du corps véhiculées par les médias ont toujours un impact sur les idéaux du corps que le jeune se construit. Cet impact est variable, mais inévitable.

Au cours de l’adolescence, le jeune est tiraillé entre la peur de perdre son corps infantile (souvent source de satisfactions narcissiques) et l’acceptation de sa sexualité. Face à cette perte du corps infantile, et, afin d’intégrer une image de soi sur le plan psychique et corporel, l’adolescent doit répondre à un besoin de contrôle et de réappropriation de son corps. L’investissement de la pratique sportive est pour certains une réponse aux questions liées à la puberté et aux modifications corporelles qui l’accompagnent : l’armure musculaire – le néocorps – que se forge l’adolescent est utilisée comme une arme pour combattre les angoisses des changements pubertaires. En tentant d’abandonner rapidement son corps infantile, l’adolescent cherche à fuir l’ensemble des questions et des angoisses qui s’en raccrochent.

La pratique sportive donne une justification objective à l’étrangeté de ce nouveau corps : l’évolution de l’enveloppe corporelle n’est plus vécue comme monstrueuse, mais au contraire comme quelque chose de désiré et de contrôlé. La sensation d’une toute puissance retrouvée permet de renforcer le narcissisme de l’individu, indispensable à son équilibre identitaire. Quand le sport plaisir devient sport passion Dès lors, le pas est vite franchi entre une pratique sportive limitée – dont le but est le défoulement et une hygiène de santé – et une pratique sportive excessive, pour laquelle l’enjeu principal serait l’équilibre somato-psychique, et qui pourrait ouvrir la porte à une dépendance vis-à-vis du sport. Les études scientifiques américaines faites à la fin des années 1970 et au début des années 1980 furent les premières à évoquer l’existence de dépendances physiologiques et de dépendances comportementales, quel que soit l’objet de l’addiction. Qu’en est-il des dépendances à la pratique sportive ? Sont-elles physiologiques ? Psychologiques ? Ont- elles une double appartenance ?
Plusieurs études montrent que les comportements de dépendance à la pratique physique sontà la fois physiologiques et psychiques. L’exercice physique serait accompagné de la libération d’une hormone, la bêta-endorphine. Cette hormone, sécrétée spontanément par l’organisme, a des effets analgésiques et aurait aussi des effets euphorisants, qui seraient la cause de la dépendance. La dépendance à l’exercice physique serait un processus contraignant un individu à pratiquer son sport malgré les obstacles ; des symptômes physiques et psychologiques surviendraient à l’arrêt de l’exercice.

Ainsi, la dépendance sportive s’appuie, d’une part, sur l’impérieuse nécessité (la compulsion) de pratiquer son sport et la mise en place de symptômes somatiques lors de l’arrêt de la pratique (le manque). Cette addiction n’est pas différente des autres. Prenons un exemple : un individu plutôt sédentaire s’engage dans un premier temps dans un programme de course à pied. À la suite des premières séances, cette pratique est souvent vécue
comme une expérience désagréable avec, par exemple, un essoufflement marqué, des nausées, des douleurs musculaires (crampes, courbatures). Progressivement, la distance de course s’accroît pour passer de un à quatre kilomètres par jour. Puis la perception de l’effort change progressivement jusqu’à devenir positive, en s’accompagnant notamment d’une baisse du sentiment d’anxiété et d’une hausse de l’estime de soi. L’individu parcourt différentes étapes qui conduisent à l’investissement, voire au surinvestissement de la pratique sportive.

Mais la dépendance sportive fait aussi partie des addictions comportementales. Comme pour d’autres comportements addictifs, elle commence par des excès, par la recherche de sensations de plaisir et de désinhibition qui aboutit à l’installation d’un besoin irrépressible et, dans certains cas, des signes de sevrage. Pour certains sportifs, la répétition des entraînements, l’accoutumance du corps au mouvement, la ritualisation et la répétition obsessionnelle des gestes peuvent prendre une dimension d’addiction au geste. Ces sportifs ressentent la nécessité de remplir un vide de la pensée ou un vide affectif. En résulte ce besoin compulsif qui se manifeste souvent par la nécessité de pratiquer sans relâche son sport, de contrôler sans cesse son image dans la glace et dans le regard des autres. Cette conduite addictive est nommée bigorexie.

Cette conduite comportementale repose, d’une part, sur une perte de la maîtrise de soi et, d’autre part, sur le besoin de répétitions compulsives. La notion de répétition est inhérente à la pratique sportive intensive. L’athlète multiplie sans relâche ses entraînements : c’est le prix à payer pour augmenter ses performances. Au cours de ces nombreux entraînements, l’athlète doit s’accoutumer à un autre visage de la répétition, celui de la douleur, car le corps en travail est aussi souvent un corps en souffrance. En effet les modalités de l’entraînement et de la performance de haut niveau reposent sur le dépassement de soi, révélé par l’apparition de la douleur. La répétition fait partie des incontournables de la pratique physique intensive, que ce soit au niveau de la douleur ou du mouvement. Cette répétition autorise l’individu à s’extraire dans un état second, « hors conscience », caractérisé par une hyperconcentration sur le geste efficace, d’où est bannie toute subjectivité. L’entraînement est avant tout la recherche de gestes automatisés qui réduisent les temps de réaction de l’athlète.

Aujourd’hui, le comportement de dépendance à la pratique sportive n’est pas inhérent à un niveau de pratique, à un âge ou à un sexe, mais elle est bien l’apanage d’une qualité singulière d’investissement. En d’autres termes, la dépendance à la pratique sportive toucherait aussi bien les sportifs de haut niveau que les pratiquants de loisir, puisqu’elle dépend avant tout de la place de cette pratique dans la vie du sujet.

Perturbation du sentiment esthétique de soi

Outre les difficultés de la construction identitaire, la fragilité à la dépendance, un vide affectif qu’il faut combler, il existerait une autre cause possible d’addiction à la pratique sportive : la dysmorphophobie, c’est-à-dire la peur obsessionnelle d’être ou de devenir laid. Les sujets atteints de ce type de psychopathologie souffrent de troubles obsessionnels de l’image du corps. Ils ont une image déformée et déformante de leur propre corps. Cette vision imaginaire de ce « mauvais corps » s’accompagne d’une peur illégitime de se voir rejeter socialement. Les sujets développent des pratiques rituelles compulsives pour couvrir leur(s) défaut(s). Ils peuvent rester un temps considérable en face d’un miroir pour tenter de se rassurer, mais l’effet est souvent inverse. Pour faire face à l’émergence de telles angoisses, ces personnes n’hésitent pas à recourir à des conduites à risque, où le respect du corps et de son intégrité est régulièrement mis en jeu : conduites addictives, chirurgie plastique par exemple.

Outre la dysmorphophobie, il existe aussi la dysmorphesthésie. D’après la classification internationale des troubles mentaux de l’Organisation mondiale de la santé, les dysmorphesthésies sont des troubles hypocondriaques : « C’est une préoccupation durable concernant l’apparence physique. » La dysmorphesthésie enrichit la définition de la dysmorphophobie en incluant la notion d’esthétique corporelle ; elle nous renvoie le regard de l’autre. C’est dans cette trilogie – image du corps, idéal du moi et construction de l’identité – que viendrait se nourrir la peur du rejet social. Aussi nommée obsession de l’image corporelle, la dysmorphophobie regroupe plusieurs états psychologiques dont le corps est l’objet. Les malades atteints de dysmorphophobie sont persuadés qu’une partie de leur corps est déformée et ont peur d’impressionner défavorablement leur entourage. La disgrâce du corps (tout ou partie) est généralement légère, voire imaginaire, mais elle a pourtant des conséquences notables : elle est source d’angoisse, perturbe la vie personnelle, sociale et professionnelle. Cette psychopathologie peut être causée par une mauvaise perception de son image corporelle, l’écart entre cette image et son idéal du moi étant trop important. La dysmorphophobie commence souvent après les remaniements psychologiques de l’adolescence.

Au lieu de disparaître comme c’est généralement le cas, les interrogations sur le corps se renforcent et envahissent de façon plus ou moins obsédante les pensées du sujet. Il en garde longtemps le secret avec un sentiment de honte. D’un point de vue psychopathologique, il s’agit d’une perturbation du sentiment esthétique de l’image de soi qui oblige le sujet à s’interroger sur son identité esthétique et, par conséquent, sur son narcissisme. La perturbation du sentiment esthétique de l’image de soi est souvent précoce. Une distorsion, une carence lors des différentes étapes de l’élaboration de ce sentiment esthétique qui participe à l’élaboration et au maintien du narcissisme, et par voie de conséquence à l’élaboration de l’identité, peuvent altérer durablement la perception et la représentation de sa propre apparence. La crainte d’une dysmorphie corporelle va des préoccupations normales pour son apparence physique jusqu’aux idées délirantes. L’une des principales caractéristiques de la pratique sportive réside dans le travail du corps à partir d’un corps au travail. La période dite d’affûtage est un condensé de ce type d’approche. Au cours de ce temps particulier, le sportif se trouve être en hypervigilance vis-à-vis de son corps. Il y supprime les quelques masses grasses restantes, contrôle et rééquilibre les forces. Il réoriente ses mobilisations corporelles dans l’espace et dans le temps en fonction des perceptions ressenties lors des derniers entraînements. En résumé, telle une formule 1, le sportif écoute, contrôle et paramètre son corps afin d’optimiser ses performances. L’ensemble des séances de travail, qui se succèdent tout au long de la saison, permettent à l’athlète de mieux comprendre ses modalités de fonctionnement face à l’exercice, de jauger de façon relativement précise la qualité et la quantité de temps de récupération dont il a besoin en fonction de l’intensité des entraînements. L’entraînement sportif offre à l’individu une voie particulière vers la découverte de ses
limites, physiques et/ou psychologiques, ce qui permet une meilleure appropriation de son corps.

La pratique sportive entraîne une modification de la morphologie de l’athlète. Même si elle n’est pas toujours spectaculaire, elle n’en reste pas moins une réalité. L’image du corps sculpté a une conno- tation positive dans nos sociétés où le paraître est, pour beaucoup, d’une importance capitale. Selon Maurice Corcos, qui dirige le Département de psychiatrie de l’Institut mutualiste Montsouris, à Paris, « Nous pouvons nous demander comment s’organise aujourd’hui un sujet en regard d’une société qui attribue une importance croissante à la valorisation narcissique au détriment de la relation à l’autre, qui cultive la performance et la réussite au détriment de la recherche intérieure ? Il nous semble en effet que s’est développée, en grande partie, une société donnant priorité aux images, au détriment de la mise en mots et en récits, où l’apparence et l’acquisition des choses sont volontiers promues ».

Avoir un corps parfait ou ne plus exister

Comme nous l’avons évoqué, l’adolescence est une période de bouleversement des assises identitaires et structurantes de l’individu. Les changements pubertaires s’accompagnent d’une réémergence de tout un ensemble de pulsions, venant ébranler l’équilibre du corps et de l’esprit. Suivant les individus, cette fragilisation peut être source d’angoisse, d’état dépressif, de fragilisation narcissique, etc. La pratique sportive peut proposer une réponse satisfaisante à ces attentes. Pour surmonter les difficultés et pouvoir se construire une identité, les athlètes s’investissent totalement dans leur pratique. Malheureusement cette construction identitaire fonctionne tant que les performances sportives et les capacités physiques, réelles ou symboliques, restent satisfaisantes. Les athlètes se contraignent à l’excellence sportive, et les moindres signes de défaillance ou de faiblesse, la prise de
poids, par exemple, sont souvent vécus comme annonciateurs d’une fin imminente. Grâce à son rôle particulier dans la construction identitaire de certains sportifs, l’exercice physique leur apparaît souvent comme une source de satisfaction. Ce statut les pousse à un investissement total. Pour certains de ces athlètes, force est de constater que leur identité propre se résume au seul objet sportif. Comme pour toutes les addictions, le sevrage est difficile, et près d’un tiers des sportifs de haut niveau est contraint de subir une cure de désintoxication après l’arrêt de leur pratique sportive.

Ainsi, le geste sportif performant permet à l’athlète de se construire l’image du corps à laquelle il aspire. Les sensations de force et de puissance, gage de performance se transforment, pour certains, en sensation d’existence : ils n’existent que par leur performance sportive. Face à cette construction identitaire particulière, les sportifs se trouvent dans l’obligation de continuer toujours et encore leur pratique, sans laquelle le spectre d’une perte identitaire et, par conséquent, celui d’une mort symbolique ressurgissent. Leur corps étant le baromètre de leur niveau d’expertise, l’image du corps devient une obsession.

Entre l’enfance et la fin de l’adolescence, le narcissisme – l’amour qu’un individu a pour lui-même – évolue. La pédiatre et psychanalyste Françoise Dolto identifiait trois stades : le narcissisme primordial, le narcissisme primaire et le narcissisme secondaire. Le narcissisme primordial est lié à la rupture du cordon ombilical, au moment où le nouveau-né acquiert son autonomie respiratoire, olfactive, fonctionnelle. Le narcissisme primaire résulte de l’expérience du miroir qui révèle à l’enfant son visage. Cette expérience du miroir coïncide avec la découverte du corps sexué. C’est le moment où l’enfant investit toute sa libido sur lui-même. L’interdit de l’inceste, source d’un narcissisme secondaire, impose la maîtrise des pulsions sexuelles. À ce stade, l’enfant doit maîtriser ses désirs et faire la différence entre penser et agir. Le besoin que ressent l’adolescent d’appartenir à un groupe résulte aussi d’une nécessité d’ancrage affectif face à un complexe œdipien qui ressurgit. L’intégration dans un groupe de référence lui permet de retrouver les sentiments de sécurité et d’amour qu’il a connus quand il était enfant.

L’adolescence est-elle un moment spécifique du développement de l’enfant, inscrit dans la continuité du développement ? S’agit-il davantage d’un processus de maturation en rupture avec les étapes antérieures, qui remettrait en cause l’ensemble des assises antérieures ? Avant d’être à l’âge de la rébellion, l’adolescence est surtout une phase dans la vie de tout individu. L’adolescence se juxtapose généralement à un autre temps fort du passage de l’enfance à l’âge adulte : la puberté. Durant cette phase, le corps « enfantin » connaît des bouleversements physiques et physiologiques. Tous ces changements, souvent vécus comme brutaux, soulèvent chez les adolescents des questions d’identité. Les remaniements qui vont devoir être opérés seront centrés sur la relation à autrui et sur la relation à son propre corps. Les changements pubertaires rendent l’inceste théoriquement
réalisable, de sorte que l’adolescent, afin de se protéger de ses pulsions, rompt avec les points d’identification antérieurs, avec les assises narcissiques de l’enfance. L’adolescent doit donc réinvestir ses pulsions, notamment sexuelles, sur d’autres objets, lesquels acquièrent une place particulière dans le travail de construction identitaire de l’adolescent.

Que ce soient les objets culturels ou un groupe de copains, tous ces objets médiateurs constituent des sources importantes d’identification en miroir, d’identification narcissique. Au cours de cette période de doute et d’interrogations, les adolescents se dirigent naturellement vers des personnes qui répondent aux exigences de leur propre idéal. La rencontre avec un autre soi-même, hétérosexuel et non incestueux, permet de réduire momentanément au silence les résurgences pulsionnelles. Les modifications morphologiques qui surviennent à la puberté bouleversent profondément la relation aux autres et l’image que l’adolescent a de lui-même. L’évolution de son corps et les nouvelles potentialités sexuelles qui en découlent engendrent souvent peurs ou angoisses. Elles entraînent parfois les adolescents vers des troubles du comportement et/ou des troubles psychologiques, tels que l’anorexie, la boulimie ou certaines formes de dysmorphophobies (le sujet est persuadé que son corps présente des difformités).

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