Education: Une soi-disant théorie du genre qui n’existe pas (It’s not gender theory, stupid ! – French socialist government caught playing sorcerer’s apprentices with children’s minds after boycott)

Le Soir BFM: Rumeur sur la théorie du genre à l'école - 28/01 1/5 - Vidéo DailymotionIl n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus-Christ. Paul
Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée. Car je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère; et l’homme aura pour ennemis les gens de sa maison. Jésus (Matthieu 10 : 34-36)
Le christianisme est une rébellion contre la loi naturelle, une protestation contre la nature. Poussé à sa logique extrême, le christianisme signifierait la culture systématique de l’échec humain. […]  Le mieux est de laisser le christianisme mourir de mort naturelle. (…) Le dogme du christianisme s’effrite devant les progrès de la science. (…) Quand la connaissance de l’univers se sera largement répandue (…) alors la doctrine chrétienne sera convaincue d’absurdité. Hitler (1941)
Depuis que l’ordre religieux est ébranlé – comme le christianisme le fut sous la Réforme – les vices ne sont pas seuls à se trouver libérés. Certes les vices sont libérés et ils errent à l’aventure et ils font des ravages. Mais les vertus aussi sont libérées et elles errent, plus farouches encore, et elles font des ravages plus terribles encore. Le monde moderne est envahi des veilles vertus chrétiennes devenues folles. Les vertus sont devenues folles pour avoir été isolées les unes des autres, contraintes à errer chacune en sa solitude.  G.K. Chesterton
L’inauguration majestueuse de l’ère « post-chrétienne » est une plaisanterie. Nous sommes dans un ultra-christianisme caricatural qui essaie d’échapper à l’orbite judéo-chrétienne en « radicalisant » le souci des victimes dans un sens antichrétien. René Girard
Le genre est culturellement construit, indépendamment de l’irréductibilité biologique qui semble attachée au sexe. Judith Butler
La laïcité, c’est ce qui protège l’enfant et garantit aux enfants les mêmes droits et l’accès aux mêmes valeurs. Les enfants n’appartiennent pas à leurs parents. Donc la République doit leur offrir… Chaque enfant doit pouvoir accéder à des lieux qui lui permettront lui-même, ensuite, de faire son choix. C’est le cadre de l’école publique. Laurence Rossignol (sénatrice socialiste, France 2, 5 avril 2013)
Eduquer pour changer les mentalités et transformer la société Devenue une obligation légale depuis 2001, l’ éducation à la sexualité à l’école est peu appliquée: les moyens comme la volonté manquent. Come nous le montrent des programmes expérimentés dans nos territoires, elle a pourtant comme conséquence à court terme une baisse des violences, une meilleure attention des élèves, une prévention accrue dans le domaine de la santé et à plus long terme une baisse des violences faites aux femmes, un recul du machisme, une baisse sensible des suicides chez les adolescents et une plus grande facilité d »émancipation des femmes et des hommes des rôles qui leurs ont assignés.  Le poids des rôles sociaux, des préjugés qui, pèse sur la possibilité des individus à exprimer librement et vivre sereinement leur genre et leur sexualité, lorsqu’ils s’écartent des modèles dominants. L’éducation permettra de déconstruire les préjugés de genre, sexistes, et de lutter contre les violences et discriminations qu’ils engendrent. Nous formerons tous les acteurs éducatifs à la question de l’éducation aux rapports entre les sexes, à partir d’un travail sur les stéréotypes et les assignations de genre. Pour tous les élèves de la classe de CP à la terminale, et tous les ans, 6 heures d’éducation à la sexualité, à l’égalité et au respect mutuel, seront assurées. Les  intervenants extérieurs devront nouer des liens avec les acteurs scolaires et extra-scolaires liés à l’établissement afin d’intégrer la question de l’égalité entre les sexes et les sexualités dans un projet global. Convention égalité réelle (page 36, PS, 11 décembre 2010)
La théorie du genre, qui explique «l’identité sexuelle» des individus autant par le contexte socio-culturel que par la biologie, a pour vertu d’aborder la question des inadmissibles inégalités persistantes entre les hommes et les femmes ou encore de l’homosexualité, et de faire œuvre de pédagogie sur ces sujets. (…) Le vrai problème de société que nous devons régler aujourd’hui, c’est l’homophobie, et notamment les agressions homophobes qui se développent en milieu scolaire. L’école doit redevenir un sanctuaire, et la prévention de la délinquance homophobe doit commencer dès le plus jeune âge. Un jeune homosexuel sur cinq a déjà été victime d’une agression physique, et près d’un sur deux a déjà été insulté. Il est essentiel d’enseigner aux enfants le respect des différentes formes d’identité sexuelle, afin de bâtir une société du respect. Najat Vallaud-Belkacem (secrétaire nationale du PS aux questions de société, 31 août 2011)
La révolution française est l’irruption dans le temps de quelque chose qui n’appartient pas au temps, c’est un commencement absolu, c’est la présence et l’incarnation d’un sens, d’une régénération et d’une expiation du peuple français. 1789, l’année sans pareille, est celle de l’engendrement par un brusque saut de l’histoire d’un homme nouveau. La révolution est un événement méta-historique, c’est-à -dire un événement religieux. La révolution implique l’oubli total de ce qui précède la révolution. Et donc l’école a un rôle fondamental, puisque l’école doit dépouiller l’enfant de toutes ses attaches pré-républicaines pour l’élever jusqu’à devenir citoyen. C’est à elle qu’il revient de briser ce cercle, de produire cette auto-institution, d’être la matrice qui engendre en permanence des républicains pour faire la République, République préservée, république pure, république hors du temps au sein de la République réelle, l’école doit opérer ce miracle de l’engendrement par lequel l’enfant, dépouillé de toutes ses attaches pré-républicaines, va s’élever jusqu’à devenir le citoyen, sujet autonome. Et c’est bien une nouvelle naissance, une transsubstantiation qui opère dans l’école et par l’école, cette nouvelle église avec son nouveau clergé, sa nouvelle liturgie, ses nouvelles tables de la Loi. La société républicaine et laïque n’a pas d’autre choix que de «s’enseigner elle-même » (Quinet) d’être un recommencement perpétuel de la République en chaque républicain, un engendrement continu de chaque citoyen en chaque enfant, une révolution pacifique mais permanente. Vincent Peillon (« La Révolution française n’est pas terminée », 2008)
Le gouvernement s’est engagé à « s’appuyer sur la jeunesse pour changer les mentalités », notamment par le biais d’une éducation au respect de la diversité des orientations sexuelles. L’engagement de notre ministère dans l’éducation à l’égalité et au respect de la personne est essentiel et prend aujourd’hui un relief particulier. Il vous appartient en effet de veiller à ce que les débats qui traversent la société française ne se traduisent pas, dans les écoles et les établissements, par des phénomènes de rejet et de stigmatisation homophobes. (…) La lutte contre l’homophobie en milieu scolaire, public comme privé, doit compter au rang de vos priorités. J’attire à ce titre votre attention sur la mise en œuvre du programme d’actions gouvernemental contre les violences et les discriminations commises à raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre. Je souhaite ainsi que vous accompagniez et favorisiez les interventions en milieu scolaire des associations qui luttent contre les préjugés homophobes, dès lors que la qualité et la valeur ajoutée pédagogique de leur action peuvent être établies. Je vous invite également à relayer avec la plus grande énergie, au début de l’année, la campagne de communication relative à la « ligne azur », ligne d’écoute pour les jeunes en questionnement à l’égard de leur orientation ou leur identité sexuelles. Dans l’attente des conclusions du groupe de travail sur l’éducation à la sexualité, vous serez attentif à la mise en œuvre de la circulaire du 17 février 2003 qui prévoit cette éducation dans tous les milieux scolaires et ce, dès le plus jeune âge. La délégation ministérielle de prévention et de lutte contre la violence dirigée par Eric Debarbieux, permettra de mieux connaître la violence spécifique que constitue l’homophobie. Enfin, vous le savez, j’ai confié à Michel Teychenné une mission relative à la lutte contre l’homophobie, qui porte notamment sur la prévention du suicide des jeunes concernés. Je vous remercie de leur apporter tout le concours nécessaire à la réussite de leurs missions. Je souhaite que 2013 soit une année de mobilisation pour l’égalité à l’école. Vincent Peillon (minitre de l’Education nationale, Lettre aux Recteurs d’Académies, 4 janvier 2013)
2.1.1 À l’école primaire, l’éducation à la sexualité suit la progression des contenus fixée par les programmes pour l’école. Les temps qui lui sont consacrés seront identifiés comme tels dans l’organisation de la classe. Ils feront cependant l’objet, en particulier aux cycles 1 et 2, d’une intégration aussi adaptée que possible à l’ensemble des autres contenus et des opportunités apportées par la vie de classe ou d’autres événements. Aussi, à l’école, le nombre de trois séances annuelles fixé par l’article L. 312-16 du code de l’éducation doit-il être compris plutôt comme un ordre de grandeur à respecter globalement dans l’année que comme un nombre rigide de séances qui seraient exclusivement dévolues à l’éducation à la sexualité. L’ensemble des questions relatives à l’éducation à la sexualité est abordé collectivement par l’équipe des maîtres lors de conseils de cycle ou de conseils de maîtres. Les objectifs de cet enseignement intégré aux programmes ainsi que les modalités retenues pour sa mise en œuvre feront en outre l’objet d’une présentation lors du conseil d’école. Ministère de l’Education nationale (Circulaire N°2003-027 DU 17-2-2003 L’éducation à la sexualité dans les écoles, les collèges et les lycées)
La vocation de l’école, c’est d’apprendre. D’apprendre quoi aux enfants? D’apprendre à lire, à compter, à écrire. D’apprendre aussi les valeurs de la République. Que parmi ces valeurs de la République, il y a la liberté, l’égalité, la fraternité.  L’égalité, c’est notamment l’égalité entre les filles et les garçons. C’est cela qu’on apprend aujourd’hui  à l’école aux enfants. Est-ce que ça a quelque chose à voir avec le contenu de ces SMS, avec une soi-disant théorie du genre qui n’existe pas, avec des cours d’éducation sexuelle. (…) On ne parle aucunement de sexualité à des enfants de primaire. On leur parle de ce que les filles et les garçons doivent pouvoir ambitionner d’être à égalité plus tard dans les rêves qu’ils font, dans les ambitions professionnelles qu’ils peuvent avoir’. Najat Vallaud-Belkacem (Europe 1, 29 janvier 2014)
L’Education nationale refuse totalement la « théorie du genre » et les instrumentalisations de ceux, qui, venus de l’extrême droite, négationnistes, sont en train de vouloir répandre l’idée qui fait peur aux parents et qui blessent les enseignants que tel serait notre point de vue. Vincent Peillon
Venant d’apprendre que, selon Vincent Peillon, ministre de l’éducation nationale  »la théorie du genre ne sera pas enseignée à l’école » je pense que ses propos concernent sans doute l’enseignement de la théorie du genre à l’école primaire, car pour ma part, en tant que professeur de science économiques et sociales (SES) dans l’enseignement secondaire, cela fait bientôt 25 ans que je l’enseigne à mes élèves, non par volonté de prosélytisme, mais tout simplement parce que l’analyse des inégalités liées au genre, et donc ce qu’il est convenu d’appeler la « théorie du genre », fait partie des programmes officiels de ma discipline.(…) Pour notre part nous considérons que la théorie du genre est bien l’exemple emblématique d’une théorie émancipatrice puisqu’elle produit des savoirs qui peuvent avoir des effets sur les pratiques et les représentations des individus. Voilà pourquoi la théorie du genre correspond à un moment fort de notre enseignement et nous nous opposerons énergiquement à toute tentative visant à remettre en cause sa place dans nos programmes. Jean-Yves Mas (professeur de SES au lycée de Montreuil, 93)
Du bleu et du rose partout dans le ciel de Paris : les manifestants contre le projet de loi sur le mariage pour tous ont déferlé dans les rues de la capitale en agitant des milliers de fanions, de drapeaux et de banderoles à ces deux couleurs. Ils en ont saturé les écrans télé. Rose et bleu, la « manif » est la croisade des enfants. Bleu ou rose : les deux couleurs qui marquent les bébés à l’instant de leur naissance assignent à chacun, définitivement, sa résidence sexuelle. La médecine, l’état civil et ses premiers vêtements enferment l’enfant à peine né dans l’alternative du genre. « Tu seras un papa bleu, mon fils. » « Tu seras une maman rose, ma fille. » (…) Bleu et rose sont les couleurs d’un marquage permettant de commencer dès la naissance la reproduction sociale du genre. Cette stratégie de communication, qui emprunte sa symbolique aux couleurs des layettes, a été évidemment voulue par les adversaires de la loi Taubira. (…) Le « bleu et rose » est une innovation dans les couleurs de la rhétorique militante. On connaissait le bleu « Marine », le vert des écolos, le rouge de la gauche… Le bleu et rose est plus qu’un signe de ralliement original. C’est un slogan. Le drapeau français brandi dans la manif n’est plus bleu, blanc, rouge, mais bleu ciel, blanc et rose.En 1998, les Français avaient célébré la victoire d’une équipe « black, blanc, beur » lors de la Coupe du monde de football. Le peuple de la diversité renommait ainsi les trois couleurs du drapeau français. Le jeu verbal sur les trois « b » réunissait trois langages, le « black » américain faisait écho aux mouvements noirs pour les droits civiques, le « beur » repris au verlan des quartiers avait la même sonorité émancipatrice, le « blanc » était l’élément neutre de cette série, désignant avec humour les autres. Ce n’étaient pas trois communautés, mais trois façons d’être français qui avaient gagné ensemble. De la même façon, la victoire de l’Afrique du Sud dans la Coupe du monde de rugby 1995 avait marqué la naissance de la « nation arc-en-ciel ». L’arc-en-ciel est plus que la réunion de toutes les couleurs, il symbolise un continuum, le spectre de la lumière blanche décomposée, il offre une diversité potentiellement infinie de nuances. C’est pourquoi le drapeau arc-en-ciel est aussi celui de l’association Lesbiennes, gays, bi et trans (LGBT). Chacun est différent et l’union des différences fait une société apaisée et fusionnelle. Bleu, blanc, rose, le drapeau national, infantilisé, est au contraire l’emblème d’un peuple de « Blancs » que ne distingue entre eux que le genre attribué à la naissance. Un genre qui garde l’innocence de l’enfance – Freud ? connais pas – et sa pureté sexuelle. (…) Ce logo, qui mime la naïveté d’un dessin d’enfant, est clairement sexiste : le père protecteur et fort, le fils volontaire et décidé, la mère qui suit, et la petite fille timide. Le dispositif proclame l’homosocialité de la reproduction. La petite fille a sa mère pour modèle, le petit garçon, son père. (…) A part ces quelques dérapages, blanches sur fond bleu ou rose, roses sur fond blanc, les mêmes quatre silhouettes soudées de la famille exemplaire sont reproduites par milliers, exactement semblables : un cauchemar identitaire. Hommes, femmes : le principe d’identification du genre est emprunté aux pictogrammes des toilettes publiques. Chacun derrière sa porte. Chacun son destin. Chacun sa façon de faire pipi, debout ou assis. Ces manifestants, qui revendiquent « du sexe, pas du genre ! », utilisent des symboles et des logos qui disent au contraire : « Ne troublez pas le genre », « Rallions-nous aux pictogrammes des toilettes, ils sont naturels ». Pour ces prisonniers de leur anatomie puérile, traduite en contraintes sociales du genre, quelle sexualité « naturelle » ? Leur innocence bleu et rose n’autorise que le coït matrimonial pour faire des filles et des fils qui seront les clones de leurs parents et ajouteront un module à la farandole. Aucune place n’est faite aux enfants différents ! Aucune place pour les pères à cheveux longs, les femmes et les filles en pantalon, les mères voilées, les pères en boubou ! Aucune place pour les familles différentes aux parentés multiples – monoparentales, recomposées, adoptives – ! Aucune place pour les familles arc-en-ciel. La famille nucléaire dessinée sur le logo et présentée comme naturelle n’est que le mariage catholique bourgeois du XIXe, adopté au XXe siècle par les classes moyennes et désormais obsolète. C’est une famille étouffante et répressive, la famille où ont souffert Brasse-Bouillon et Poil de carotte, famille haïssable de Gide, noeud de vipères de Mauriac. (…) Papa bleu et maman rose ne sont pas un couple hétérosexuel, mais une paire de reproducteurs « blancs ». Florence Dupont (Ancienne élève de l’Ecole normale supérieure, agrégée de lettres classiques, professeur de latin à Paris-Diderot)
Moi, je suis convaincue qu’à l’époque moderne, la plus grande victoire du diable, c’est d’avoir fait croire qu’il n’existait pas. Et à partir du moment où on croit que le diable n’existe pas, on est évidemment pas du tout en mesure de s’en protéger. Et fondamentalement dans toutes les opérations aujourd’hui de manipulation et d’atteinte à la vie et à l’intégrité humaine, J’y vois l’oeuvre démoniaque et de ses armées. On ricanera peut-être à m’entendre utiliser ces notions … mais il me semble qu’il faut revenir à ces notions qui sont le fondamental de nos fondamentaux. … Le fondamental de nos fondamentaux, c’est l’adversaire que nous avons sur la plan spirituel. (…) Parce moi que je vivais dans un quartier populaire où la délinquence ou la décadence ou la dégénérence ou la présence, je dirais mortifère, des agents démoniaques qu’on trouve au sein du parti socialiste, au sein du parti communiste, dans les organisations droitsdel’hommistes et humanistes qui quadrillent ces quartiers. Il faut bien comprendre cela ici – j’insiste beaucoup – que les quartiers populaires sont quadrillés par les armées de Satan. (…) Il y a aussi bien sûr la franc-maçonnerie, ça c’est clair, c’est le fond …L’UMPS, voire même au-delà, ils sont infiltés partout. Farida Belghoul
Premièrement, Vincent Peillon a tout à fait raison. On n’enseigne pas la théorie du genre à l’école. On l’expérimente et on la met en pratique. Premier mensonge énorme. Monsieur Peillon joue sur les mots. Monsieur Peillon se fout de la gueule du monde. Il n’y a pas de rumeur, il y a une réalité. Le gouvernement a un programme totalitaire. Il veut détruire tout ce qui structure et ce qui identifie les gens: la famille, le sexe, la nation. Eric Zemmour
Dans sa lettre du 4 janvier adressée aux recteurs, Vincent Peillon affirme sa volonté de révolutionner la société en se servant de l’école : « le gouvernement s’est engagé à s’appuyer sur la jeunesse pour changer les mentalités, notamment par le biais d’une éducation au respect de la diversité des orientations sexuelles », affirme-t-il en début de lettre. On remarque les termes : « s’appuyer sur la jeunesse » pour « changer les mentalités ». Qui ? Le gouvernement. En réalité, c’est donc lui qui choisit les orientations politiques et morales qui doivent prévaloir dans la société. Ce n’est plus la famille, l’école et la société adulte qui éduquent la jeunesse. Contrairement à la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948, c’est donc désormais l’État en France qui se pose en seul détenteur de la vérité. On assiste à une dérive théocratique de l’État républicain actuel. Et cette jeunesse, qui, par définition, ne possède pas encore les repères lui permettant de poser des choix par elle-même, il la mobilise dans le sens qu’il juge bon, selon le schéma de la révolution culturelle. La position de Vincent Peillon est vraiment choquante. Lorsqu’il s’appuie sur la jeunesse comme moteur révolutionnaire, renouant avec l’esprit de 1968, le gouvernement sort à l’évidence de son rôle : il instrumentalise la jeunesse à des fins politiques, pour changer les représentations sexuelles et morales dominantes. Ce faisant, il change les règles du jeu au sein de l’École publique en abandonnant ostensiblement l’exigence de neutralité. L’État sort également de son devoir de neutralité et de respect des droits éducatifs familiaux et de l’intimité des enfants lorsque le ministre demande aux recteurs de renforcer les campagnes d’information sur la ligne azur. Ainsi, contrairement à ce qui est affiché, il ne s’agit plus de lutter contre des stigmatisations homophobes en tant que telles, il s’agit bien plutôt d’inciter activement les jeunes en recherche d’identité (comme le sont par construction tous les adolescents) à explorer pour eux-mêmes la voie de l’homosexualité ou de la transsexualité. De même, lorsque le ministre encourage les recteurs à faire intervenir davantage les associations de lutte contre l’homophobie, il encourage en pratique l’ingérence dans l’enceinte de l’école d’associations partisanes engagées dans la banalisation et la promotion des orientations sexuelles minoritaires, si l’on se réfère à la liste des associations agréées par l’Éducation nationale pour intervenir sur ces thématiques dans les établissements. Il favorise donc des prises de paroles unilatérales auprès des jeunes, sur un sujet qui n’a pas encore été tranché par le législateur. (…) Durant la période soviétique, comme durant d’autres périodes totalitaires, il était habituel de se servir des enfants pour démasquer et sanctionner les opinions dissidentes des parents. C’était l’époque de la délation par ses propres enfants. Revenir à de telles pratiques inhumaines et profondément immorales serait une grave régression de l’État de droit. Non content enfin de mettre au pas les écoles publiques, le gouvernement entend aussi museler les écoles privées en bafouant clairement leur caractère propre. Il est évident que les écoles dont le projet éducatif et l’identité sont fondés sur la foi seront opposées à la légalisation du mariage homosexuel. Leur demander d’être neutres sur ce sujet n’a aucun sens, si ce n’est celui de leur faire renier purement et simplement leur vocation spécifique. Anne Coffinier
Son intention et son but sont de démolir les vieilles formes et les règles conventionnelles. Et plus ce cheval de Troie apparaît étrange, non conformiste, inassimilable, plus il lui faut de temps pour être accepté. En fin de compte, il est adopté, et par la suite il fonctionne comme une mine, quelle que soit sa lenteur initiale. Il sape et fait sauter la terre où il a été planté. Les vieilles formes littéraires auxquelles on a été habitué apparaissent à la longue démodées, inefficaces. (…) Pour mener à bien une œuvre littéraire, il faut avant tout être modeste et ne pas ignorer que tout ne se joue pas dans le fait d’être gay ou quoi que ce soit de comparable sociologiquement [par exemple, être incestée]. (…) Plus le point de vue est particulier, plus l’entreprise d’universalisation exige une attention soutenue aux éléments formels qui sont susceptibles d’être ouverts à l’histoire tels que les thèmes, les sujets du récit en même temps que la forme globale du travail. C’est finalement par l’entreprise d’universalisation qu’une œuvre littéraire peut se transformer en machine de guerre.  Monique Wittig (p 98- 102, 2007)
Je pense que le « genre » est une idéologie. Cette haine de la différence est celle des pervers, qui ne la supportent pas. Freud disait que le pervers est celui qu’indisposait l’absence de pénis chez sa mère. On y est. Boris Cyrulnik
Alors que la polémique sur la théorie du genre ne cesse d’enfler, l’expérience tragique menée au milieu des années 1960 par son concepteur, le sexologue et psychologue néo-zélandais John Money, refait surface, comme le rapporte vendredi lepoint.fr. Une expérimentation souvent occultée par les disciples actuels des études du genre, car celle-ci, conduite sur deux jumeaux canadiens nés garçons, mais dont l’un d’eux sera élevé comme une fille, tournera mal. Spécialiste de l’hermaphrodisme à l’université américaine Johns Hopkins, John Money définit dès 1955 le genre comme la conduite sexuelle qu’on choisit d’adopter, en dehors de notre sexe de naissance. (…) En 1966, des parents vont offrir au médecin controversé la possibilité de tester sur leurs propres enfants la théorie du genre. Les époux Reimer sont parents de jumeaux âgés de huit mois. Alors qu’ils souhaitaient les faire circoncire, l’opération a mal tourné sur l’un des deux bébés, Bruce, dont le pénis s’est retrouvé brûlé à la suite d’une cautérisation électrique. Son frère, Brian, a pour sa part échappé à l’opération.Pour John Money, c’est l’occasion de montrer sur un modèle vivant que le sexe biologique n’est qu’un leurre. Il propose donc aux parents désemparés d’élever Bruce comme une fille, sans jamais lui révéler son sexe de naissance. Bruce, qui s’appelle désormais Brenda, reçoit d’abord un traitement hormonal, puis se voit retirer ses testicules quatorze mois plus tard. Désormais fille, «Bruce-Brenda» porte des robes et joue à la poupée. Pendant toute leur enfance, les jumeaux Brian et Brenda suivent un développement harmonieux, faisant de l’expérience du sexologue une réussite. Du moins c’est ce que John Money, qui garde un œil sur leur évolution en les recevant une fois par an, croit. Il publie d’ailleurs de nombreux articles sur le sujet, puis un livre en 1972, Homme-femme, garçon-fille, dans lequel il affirme que c’est l’éducation et non le sexe de naissance qui détermine si l’on est homme ou femme. Mais si Brenda a vécu une enfance sans heurts, les choses se compliquent à l’adolescence. Sa voix devient plus grave et elle se sent attirée par les filles. Petit à petit, elle rejette son traitement au profit d’un autre à la testostérone. Car, au fond, elle se sent davantage garçon que fille. Désemparé, le couple Reimer avoue la vérité à ses enfants. Dès lors, Brenda redevient un homme, David, auquel on crée chirugicalement un pénis et retire les seins. Ce dernier se mariera même à une femme, à l’âge de 24 ans. Mais cette expérience identitaire hors norme a laissé des dégâts irréparables chez les jumeaux. Brian se suicide en 2002, David en mai 2004. Le Figaro
Je précise d’emblée que je ne soutiens en rien les mouvements qui appellent à boycotter l’école et qui manipulent les esprits. Mais il ne faut pas abandonner ce débat à l’extrême droite. Or, dans ce qui est dénoncé aujourd’hui, il y a une part de réalité. Certes, la théorie du genre en tant que telle n’est pas enseignée à l’école primaire mais plusieurs de ses postulats y sont diffusés. (…) Pour les tenants de cette théorie, l’identité sexuelle est, de part en part, construite. Selon eux, il n’y a pas de continuité entre le donné biologique – notre sexe de naissance – et notre devenir d’homme ou de femme. C’est, poussé à l’extrême, la formule de Simone de Beauvoir dans Le Deuxième sexe «On ne naît pas femme, on le devient». Et les théoriciens du genre poursuivent: à partir du moment où tout est «construit», tout peut être déconstruit. (…) Prenons les «ABCD de l’égalité», qui sont des parcours proposés aux élèves et accompagnés de fiches pédagogiques pour les enseignants. Ils sont supposés servir à enseigner l’égalité hommes-femmes. Qu’en est-il? Dans une fiche, intitulée «Dentelles, rubans, velours et broderies», on montre un tableau représentant Louis XIV enfant qui porte une robe richement ornée et des rubans rouges dans les cheveux. L’objectif affiché? Faire prendre conscience aux élèves de l’historicité des codes auxquels ils se soumettent et gagner de la latitude par rapport à ceux que la société leur impose aujourd’hui… (…) l’objectif est (…) d’«émanciper» l’enfant de tous les codes. Ce qui aboutit à l’abandonner à un ensemble de «possibles», comme s’il n’appartenait à aucune histoire, comme si les adultes n’avaient rien à lui transmettre. Or, il est faux de dire qu’on «formate» un enfant, on ne fait que l’introduire dans un monde qui est plus vieux que lui. (…) On n’est plus dans le simple apprentissage de la tolérance. (…) Sans scrupules, l’école est entraînée dans une politique d’ingénierie sociale. Tout en se donnant bonne conscience, le gouvernement encourage un brouillage très inquiétant. Savons-nous bien ce que nous sommes en train de faire? A l’âge de l’école primaire, les enfants ont besoin de s’identifier, et non pas de se désidentifier. A ne plus vouloir d’une éducation sexuée, on abandonne nos enfants aux stéréotypes les plus kitsch des dessins animés. (…) Il faudrait surtout en finir avec cette mise en accusation systématique du passé. Notre civilisation occidentale, et spécialement française, n’est pas réductible à une histoire faite de domination et de misogynie. Sur la différence des sexes, la France a su composer une partition singulière, irréductible à des rapports de forces. L’apparition d’une culture musulmane change-t-elle la donne? Elle nous confronte en tout cas à une culture qui n’a pas le même héritage en matière d’égalité des sexes. Ce qui me paraît dangereux dans cette «chasse aux stéréotypes» est le risque de balayer d’un revers de main tout notre héritage culturel. Dans un tel contexte, quelle œuvre littéraire, artistique ou cinématographique ne tombera pas sous le coup de l’accusation de «sexisme»? (…) Il existe une volonté de transformer la société, de sortir de toute normativité pour aboutir à un relativisme complet. Le gouvernement Ayrault est en pointe sur ce combat. On l’a vu lors du débat sur le Mariage pour tous. Il ne devrait pas être impossible de dire que l’homosexualité est une exception et que l’hétérosexualité est la norme. La théorie de l’interchangeabilité des sexes se diffuse. Or, nous avons un corps sexué qui est significatif par lui-même et qui ne compte pas pour rien dans la construction de soi. (…) Le principe de l’égalité est incontesté aujourd’hui. Certes, il existe encore ce fameux “plafond de verre” empêchant les femmes d’accéder aux plus hauts postes et des inégalités salariales. Mais les progrès sont inouïs. Doit-on, comme l’a fait récemment le gouvernement, imposer aux hommes de prendre un congé parental? On en arrive à punir la famille parce qu’un homme est récalcitrant à s’arrêter de travailler! Et puis, faut-il rappeler qu’il n’y a pas de cordon ombilical à couper entre un père et son enfant? (…) Je n’ai guère le goût des analogies historiques mais, s’il existe une leçon à retenir des totalitarismes nazi et stalinien, c’est que l’homme n’est pas un simple matériau que l’on peut façonner. Avec la théorie du genre, l’enjeu est anthropologique.  Bérénice Levet
On assiste à une alliance objective entre les catholiques traditionalistes et des musulmans rigoristes pour qu’on ne touche pas à l’identité sexuée de leurs enfants dans le cadre de la scolarité. Cela montre que l’image d’une école dans laquelle certains enseignements seraient difficiles à dispenser à cause de la présence de jeunes musulmans est simpliste. Il y a aussi des élèves catholiques qui les refusent! (…) On peut les convaincre en expliquant d’abord ce qu’on veut faire. Et surtout pas en les faisant convoquer individuellement par les directeurs comme j’ai entendu que le ministère le souhaitait. Cela ne fera que les stigmatiser encore plus. Il faut organiser des réunions collectives pour expliquer le but de ces ABCD [modules de sensibilisation contre les stéréotypes sexués]. Il faut aller plus loin. Je pense que l’enseignement de l’égalité tel qu’il est pensé dans ces ABCD n’est pas pertinent. C’est une méthode très morale, culpabilisante pour les enseignants: on leur demande de se surveiller pour ne pas véhiculer des stéréotypes. Mais on ne déconstruit pas comme ça des schémas sexués ! Il faut développer un enseignement long et laisser les instituteurs se l’approprier sans faire appel à des intervenants extérieurs. Nacina Guénif
La question des fondements scientifiques des études de genre se pose. En 2009, un journaliste norvégien, Harald Eia, y consacre un documentaire. Son point de départ : comment est-il possible qu’en Norvège, championne des politiques du  » genre « , les infirmières soient des femmes et les ingénieurs des hommes ? Il interroge quatre sommités : le professeur américain Richard Lippa, responsable d’un sondage mondial sur les choix de métiers selon les sexes (réponse : les femmes préfèrent les professions de contacts et de soins), le Norvégien Trond Diseth, qui explore les jouets vers lesquels des nourrissons tendent les mains (réponse : tout ce qui est doux et tactile pour les filles), puis Simon Baron-Cohen, professeur de psychopathologie du développement au Trinity College de Cambridge, et l’Anglaise Anne Campbell, psychologue de l’évolution. Ces spécialistes répondent que naître homme ou femme implique des différences importantes. Et que leur inspirent les  » études de genre »? Eclats de rire. L’évolution de l’espèce, le bain d’hormones dans lequel se fabrique notre cerveau font du masculin et du féminin des sexes distincts. Tout aussi intelligents, mais pas identiques. Il présente leurs réactions aux amis du « genre ». Qui les accusent d' » être des forcenés du biologisme « . Soit. Eia les prie alors d’exposer leurs preuves que le sexe ne serait qu’une construction culturelle… Silence. Après la diffusion de son film, en 2010, le Nordic Gender Institute fut privé de tout financement public. Le Point
L’éducation va enseigner aux enfants qu’ils ne naissent pas filles ou garçons comme Dieu l’a voulu mais qu’ils le choisissent de le devenir avec des intervenants homos ou lesbiennes qui viendront leur bourrer la tête d’idées monstrueuses. SMS JRE
« Comment on sait qu’on est homo ? Parce que moi je ne ressens rien pour les filles… Rien non plus d’ailleurs pour les garçons… »  Eric, 14 ans Ligne Azur
« Je dors souvent chez une copine depuis la rentrée. La dernière fois, il s’est passé quelque chose. On s’est embrassées et on s’est caressées. J’ai trouvé que c’était bien. Est-ce que ça veut dire que je suis homosexuelle ? Je ne veux pas être gouine, ce serait la honte. Je ne sais pas trop si j’ai envie de recommencer avec ma copine. » Elodie, 16 ans Ligne Azur
Des situations individuelles diverses Le tableau ci-dessous montre la multiplicité des situations individuelles. Même si elle est majoritaire et présentée comme norme, l’hétérosexualité n’est pas la seule voie. Le contexte (lieu, moment, durée, à deux ou à plusieurs…) est aussi un facteur déterminant du vécu de chacun-e. Prenons l’exemple d’un homme (en bleu dans le tableau ci-dessous) qui se situe dans la « norme » hétérosexuelle (…) Au-delà de l’exemple en bleu dans ce tableau, on voit qu’il existe pour chacun-e un éventail de possibilités. De plus, ce que je fais (mes pratiques sexuelles) n’est pas nécessairement connecté à la façon dont je définis mon orientation (Homo, Bi ou hétérosexuelle). Chacun-e doit pouvoir y trouver son équilibre. Et vous, dans le tableau, où vous situez-vous ? Ligne Azur
Ligne Azur, c’est quoi ? Créé en 1997, Ligne Azur est à la fois un service d’écoute et un site Internet qui informent et soutiennent toute personne (jeune ou adulte) qui se pose des questions sur son attirance et/ou ses pratiques sexuelle avec une personne du même sexe Qu’elles se définissent, ou pas, comme homo-, bi- ou hétérosexuelle, certaines personnes n’ont pas la possibilité d’échanger librement et en toute confiance sur les difficultés qu’elles rencontrent ou pourraient rencontrer dans le cadre de leurs relations affectives et sexuelles (santé sexuelle). Cela constitue une inégalité sociale en termes de santé et d’accès aux soins. Ligne Azur propose aussi ce service aux parents, enseignants, éducateurs, etc. qui se trouveraient confrontés à une personne (jeune ou non) en difficulté par rapport à son identité ou son orientation sexuelle. Qui vous répond ? Basée en France, l’équipe de Ligne Azur est constituée de professionnel-le-s formé-e-s au counseling (démarche centrée sur la personne). Le premier soutien qu’ils/elles apportent est de permettre la parole ou l’écrit, sans jugement moral. Ils/elles installent ainsi une reconnaissance de la demande de l’appelant ou de l’internaute et peuvent l’aider à valoriser sa santé sexuelle. L’autre objectif du dispositif est de dédramatiser la situation et de rassurer la personne qui nous sollicite. Ligne Azur est un service de SIS Association Ligne Azur
Sida Info Service a été créée le 23 octobre 1990 par l’Agence française de lutte contre le sida (AFLS) en partenariat avec l’association AIDES. Convaincue par Pierre KNEIP (1944-1995), alors responsable bénévole de la permanence téléphonique de AIDES Ile-de-France, l’AFLS a voulu, à l’instar de ce qui se faisait déjà dans plusieurs pays d’Europe, compléter le dispositif de lutte contre le sida en mettant en place une ligne téléphonique nationale sous la forme d’un numéro vert (gratuit) accessible 24 h sur 24 et 7 jours sur 7. Depuis sa création, Sida Info Service (devenue par la suite SIS-Association) agit comme une association engagée dans le domaine de la lutte contre le VIH/sida. Elle s’appuie sur les principes affirmés dès l’origine : renforcement de l’autonomie et de la dignité des personnes et reconnaissance des besoins et des savoir-faire des communautés quant à leur santé (santé au sens défini par l’OMS dans le préambule de 1946 comme « un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. »). L’objectif initial s’est étendu progressivement aux problématiques connexes liées à l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et à des pathologies inhérentes aux risques sexuels, aux maladies chroniques, à l’exercice des droits des personnes et des malades, à leur soutien et leur accompagnement. Plus largement, SIS-Association agit pour répondre à tout ce qui relève de la lutte contre le VIH/sida, les hépatites, pour la santé sexuelle et contre les exclusions. Le respect de l’anonymat, de la confidentialité des échanges et le principe de non jugement, accompagnent ses activités et son développement et constituent son éthique. SIS Association (Sida info Service)
Pour la troisième année consécutive, le ministère soutient le dispositif Ligne Azur afin de sensibiliser les élèves et de leur procurer des outils d’aide et d’accompagnement efficace contre le rejet de la différence et l’homophobie. Cette campagne s’inscrit dans le cadre de l’action de lutte contre toutes les formes de discrimination en milieu scolaire. Service d’écoute, de parole et de soutien, Ligne Azur s’adresse aux adolescents qui s’interrogent sur leur orientation sexuelle, ainsi qu’aux éducateurs, aux enseignants et aux parents qui sont confrontés aux interrogations des jeunes. Des écoutants professionnels sont joignables: par téléphone au 0810 20 30 40 au prix d’un appel local à partir d’un téléphone fixe du lundi au dimanche de 8h à 23h sur le site internet http://www.ligneazur.org. Il est possible de poser ses questions ou de demander à se faire rappeler En soutenant Ligne Azur, le ministère agit concrètement pour sensibiliser les élèves et leur procurer des outils d’aide et d’accompagnement efficaces, contre le rejet de la différence et l’homophobie. Il diffuse ainsi dans tous les collèges et lycées un kit de communication à destination des adolescents. Ces kits comprennent affiches et cartes mémo pour présenter le dispositif. Education.gouv
De la maternelle au baccalauréat Lutte contre l’homophobie Le ministère est engagé dans la lutte contre toutes les formes de discriminations et dans la promotion de l’égalité des chances. Il agit contre l’homophobie et de l’aide aux élèves qui en sont victimes. Le rôle de l’École L’École doit contribuer à : promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes faire prendre conscience des discriminations apprendre le respect de l’autre et de ses différences faire reculer les stéréotypes (…) Au printemps 2013, pour la quatrième année consécutive le ministère s’associe à une campagne de promotion de la Ligne Azur. Cette campagne rappelle l’existence du dispositif aux collégiens et aux lycéens. Un kit de communication comprenant affiches et cartes mémo est adressé à tous les collèges et lycées. La Ligne Azur est un dispositif téléphonique et internet d’information, d’écoute et de soutien des jeunes. Elle est dédiée à leurs questions sur l’orientation sexuelle. Des écoutants professionnels sont joignables : par téléphone au 0810 20 30 40 au prix d’un appel local à partir d’un téléphone fixe du lundi au dimanche de 8h à 23h sur le site internet http://www.ligneazur.org. Il est possible de poser ses questions ou de demander à se faire rappeler (…) Trois associations, Contact, Estim’ et SOS Homophobie ont reçu un agrément national. Contact Aide des jeunes à communiquer avec leurs parents ou leur entourage, lutte contre les discriminations, etc. http://www.asso-contact.org Estim’ Intervient auprès des élèves pour les aider à mieux vivre et à assumer leur sexualité, leurs différences, et accepter celles des autres. http://www.estim-asso.org SOS Homophobie Sos Homophobie est une association de lutte contre les discriminations et les agressions à caractère homophobe et transphobe. http://www.sos-homophobie.org/ Education.gouv
Le genre est un concept. Ce n’est ni une théorie ni une idéologie, mais un outil qui aide à penser.  Eric Fassin
La « théorie du genre » n’existe que dans la tête des opposants à l’égalité des droits. Cette croyance repose sur le fantasme selon lequel le sexe et la sexualité pourraient être déterminés par un simple discours. Parlez d’homosexualité et vous deviendrez homosexuel. Evoquez les multiples façons dont les rôles masculins et féminins ont été pensés au cours de l’histoire, et vous risquez de susciter toutes sortes de déviance de genre ! Dans la réalité, l’identité est un processus beaucoup plus complexe. Et c’est précisément cette complexité que des chercheuses et des chercheurs interrogent en endocrinologie, en histoire, en droit, en sociologie, etc. Ils nous invitent à réfléchir à la façon dont nous nous pensons, individuellement et collectivement. C’est un travail critique très enrichissant pour une société. Mais, ce travail demande aussi du courage et de la générosité, car il faut admettre de se défaire de ses certitudes et de questionner son propre parcours à la lumière du parcours des autres. Les adversaires de la « théorie du genre » préfèrent imaginer des ennemis, dont le projet serait d’abolir – mais par quels moyens ? – toutes les distinctions sociales – voire anatomiques – entre hommes et femmes. Ils confondent à dessein égalité et identité, différence et hiérarchie. Et pour mieux convaincre, ils adossent leur raisonnement à un discours nationaliste, la  » théorie du genre  » venant nécessairement des Etats-Unis. Bruno Perreau (professeur au MIT et chercheur associé aux universités de Cambridge et Harvard)
Loin d’être une théorie, le genre est un concept. Il s’agit d’un outil d’analyse, qui permet aux chercheurs d’étudier divers phénomènes sociaux, et à tout le monde de mieux comprendre comment s’articulent notamment les identités d’homme et de femme. On pourrait argumenter qu’une théorie spécifique est fausse, en avançant des preuves à son encontre, on ne peut pas dire de même d’un outil analytique. Parler de « théorie du genre » permet de supposer que le genre n’est pas vrai. Or en tant que concept, le genre peut être plus ou moins pertinent ou utile, mais pas vrai ou faux. (…) Si les chercheurs sont d’accord pour utiliser le concept de genre pour étudier les définitions sociales du féminin et du masculin, la nature et l’origine de ces normes ne font pas l’unanimité. C’est la raison pour laquelle il existe non pas une mais des « théories du genre ». Longtemps, une des théories dominantes a été celle de la socialisation du genre. L’idée était que l’on « apprend » son genre, donc le comportement approprié à son sexe biologique, jusqu’à l’âge d’environ cinq ans, à travers l’éducation de ses parents et par mimétisme de son entourage. On devient ainsi socialement fille ou garçon, et le genre ne change plus après cela. A la fin des années 80, les sociologues américains Candace West et Don H. Zimmerman, ont avancé une théorie différente. Selon eux, nous ne sommes pas notre genre, nous le « faisons » en permanence. Un système de sanctions et de récompenses sociales nous incite à agir en conformité avec les normes de genre, et en le faisant nous reproduisons ces mêmes normes. A son tour, cette théorie a été critiquée, et depuis, la discussion continue. Rue 89
Le concept de « gender » est né aux Etats-Unis dans les années 1970 d’une réflexion autour du sexe et des rapports hommes / femmes. Le mouvement féministe, qui a pris de l’ampleur après la révolution sexuelle, cherche à faire entendre sa voix au sein des institutions de recherche. Il s’agit de faire reconnaître un engagement qui se veut de plus en plus une réflexion renouvelée sur le monde. C’est un psychologue, Robert Stoller, qui popularise en 1968 une notion déjà utilisée par ses confrères américains depuis le début des années 1950 pour comprendre la séparation chez certains patients entre corps et identité. De là l’idée qu’il n’existe pas une réelle correspondance entre le genre (masculin/féminin) et le sexe (homme/femme). Dès 1972, en s’appuyant sur l’articulation entre la nature et la culture développée par l’anthropologue français Claude Lévi-Strauss, la sociologue britannique Anne Oakley renvoie le sexe au biologique et le genre au culturel. Les universitaires américaines récusent le rapprochement souvent effectué entre les femmes et la nature (principalement à cause de leurs facultés reproductives) alors que les hommes seraient du côté de la culture. Un retentissant article publié en 1974 par l’anthropologue Sherry Ortner en rend les termes particulièrement explicites : « Femme est-il à homme ce que nature est à culture ? » En anthropologie, c’est à Margaret Mead que revient une première réflexion sur les rôles sexuels dans les années 1930. L’étude des rôles assignés aux individus selon les sexes et des caractères proprement féminins et masculins permet de dégager l’apprentissage de ce qui a été donné par la nature. Une fois le genre distingué du sexe, les chercheurs se concentrent sur les rapports homme/femme. L’historienne américaine Joan W. Scott incite à voir plus loin qu’une simple opposition entre les sexes. Celle-ci doit être considérée comme « problématique » et constituer, en tant que telle, un objet de recherche. Si le masculin et le féminin s’opposent de manière problématique, c’est parce que se jouent entre eux des rapports de pouvoir où l’un domine l’autre. Mais si le genre est d’emblée pensé comme une construction sociale, il n’en est pas de même du sexe, vu comme une donnée naturelle ou plus probablement « impensée ». C’est l’historien Thomas Laqueur qui démontrera le caractère construit historiquement du sexe et de son articulation avec le genre. Dans La Fabrique du sexe (1992), il met en évidence la coexistence (voire la prédominance du premier sur le second) de deux systèmes biologiques. Ainsi, pendant longtemps, le corps était vu comme unisexe et le sexe féminin était un « moindre mâle » tandis que nous serions passés au XIXe siècle à un système fondé sur la différence biologique des sexes. Une fois le sexe devenu tout aussi culturel que le genre, la sexualité devient aux yeux des chercheurs l’objet d’une nouvelle réflexion. L’influence du philosophe français Michel Foucault (particulièrement dans la décennie 1980 durant laquelle ses œuvres ont été traduites aux Etats-Unis) est ici primordiale. Le genre est ainsi articulé au pouvoir et à sa « mise en discours » puis relié à l’analyse de la sexualité et de ses normes. La fin des années 1980 voit un début d’institutionnalisation. Emprunté au vocabulaire psychologique et médical par la sociologie, le terme gagne d’autres disciplines comme l’histoire. Avant que le genre ne devienne un outil d’analyse, l’histoire des femmes s’attachait à faire affleurer des récits jusque-là invisibles, quitte à présenter les femmes de manière essentialiste, c’est-à-dire avec des caractéristiques propres et immuables telles que des qualités émotionnelles par exemple. L’analyse du genre ramène les spécificités prétendument féminines à la lumière d’un moment et d’une société donnés. Ainsi, les études de genre permettront de reconnaître le caractère construit socialement des données historiques sur les femmes ainsi que celles sur les hommes. Si le genre rend visible le sexe féminin, il implique que l’homme ne soit plus neutre et général mais un individu sexué. A partir de ce constat a pu se développer une histoire des hommes et des masculinités, principalement autour de la revue américaine Men and Masculinities dirigée par Michael Kimmel. Les questions autour du genre, de par leur nette déviation dès le milieu des années 1980 vers la sexualité, ont contribué à diviser les féministes en deux clans. Les plus radicales se sont attachées à montrer le caractère oppressif de la hiérarchie des sexes en termes de sexualité avec un avantage systématique attribué à l’homme, considéré dans sa globalité comme un mâle dominant. D’autres, comme les Américaines Gayle Rubin et Judith Butler, montrent que le rapport entre les sexes n’implique pas seulement une hiérarchie entre les genres mais également une injonction normative. (…) Le concept de genre a eu des difficultés à s’implanter en France, principalement à cause d’une méfiance envers le féminisme américain jugé par trop communautariste et radical. Durant les années 1980, l’université française cherchait à se prémunir contre le politique. De par leur nécessaire passage par le militantisme, les études féministes s’éloignèrent donc du cadre de la recherche. Les expressions « rapports de sexe » ou « rapports sociaux de sexe » ont longtemps été préférées à la notion de genre jugée trop floue. Ce vocabulaire est en adéquation avec l’approche féministe matérialiste influencée par l’école marxiste qui caractérise la première génération de chercheuses dans les années 1970, avec les sociologues Christine Delphy, Nicole-Claude Mathieu et Colette Guillaumin. (…) Le concept de genre a réellement commencé à se diffuser en France au milieu des années 1990, lorsque la Communauté européenne s’est penchée sur les questions de genre et de parité dans la recherche d’une égalité effective. A partir de 1993, les débats sur la parité incitent les travaux sur le genre à prendre en compte le champ politique. Dès les années 1970, les travaux de Janine Mossuz-Lavau sur la visibilité des femmes en rapport au vote, aux élections et à l’éligibilité ont permis un premier rapprochement entre les études de genre et le champ politique. La sociologie du travail achèvera de convaincre de la nécessité de prendre en compte le sexe de manière systématique. Dans ce cadre, on assiste, durant les années 1990, à la création de modules de recherche spécifiques comme le Mage (Marché du travail et genre) autour de la sociologue Margaret Maruani qui, après s’être intéressée à la division sexuelle du travail, analyse aujourd’hui la division sexuelle du marché du travail. Que ce soit en histoire, en anthropologie ou aujourd’hui dans la plupart des sciences sociales, en France, le genre est l’objet d’un intérêt grandissant au sein de l’université alors qu’aux Etats-Unis, le concept utilisé à outrance semble avoir perdu sa force de provocation et sa valeur heuristique, c’est-à-dire qu’il ne permet plus de découvrir de nouvelles pistes de recherche ou de poser un regard neuf sur des thèmes classiques. Les jeunes chercheurs français qui s’intéressent à cette thématique sont d’autant plus enthousiastes qu’ils se trouvent dégagés du militantisme qui entravait la reconnaissance de leurs prédécesseurs. En ce sens, leur principal enjeu revient à donner au genre un statut théorique dénué d’idéologie au sein des sciences humaines. Sciences humaines
Pour parler du genre, ses détracteurs utilisent l’expression « théorie du genre » plutôt qu' »étude », un changement de terme qui a pour objectif de semer le doute sur son aspect scientifique. (…) Les chercheurs refusent donc l’utilisation du terme « théorie du genre », préférant parler d' »études sur le genre », puisqu’il s’agit d’un vaste champ interdisciplinaire regroupant tous les pans des sciences humaines et sociales (histoire, sociologie, géographie, anthropologie, économie, sciences politiques…). Leurs travaux analysent donc des objets de recherche traditionnels tels que le travail ou les migrations, en partant d’un postulat nouveau : le sexe biologique ne suffit pas à faire un homme ou une femme, les normes sociales y participent grandement. (…) S’il est vrai que le développement des études de genre est lié au mouvement féministe des années 1970, le concept de gender (« genre ») n’est pas créé par les féministes. Il apparaît dans les années 1950 aux Etats-Unis dans les milieux psychiatriques et médicaux. Le psychologue médical américain John Money parle ainsi pour la première fois des « gender roles » en 1955 afin d’appréhender le cas des personnes dont le sexe chromosomique ne correspond au sexe anatomique. En 1968, le psychiatre et psychanalyste Robert Stoller utilise quant à lui la notion de « gender identity » pour étudier les transsexuels, qui ne se reconnaissent pas dans leur identité sexuelle de naissance. C’est dans les années 1970 que le mouvement féministe se réapproprie les questions de genre pour interroger la domination masculine. Les « gender studies » (« études de genre ») se développent alors dans les milieux féministes et universitaires américains, s’inspirant notamment de penseurs français comme Simone de Beauvoir – et son célèbre « On ne naît pas femme, on le devient » –, Michel Foucault ou Pierre Bourdieu. En France, la sociologue Christine Delphy est l’une des premières introduire le concept en France, sous l’angle d’un « système de genre », où la femme serait la catégorie exploitée et l’homme la catégorie exploitante. Mais la greffe ne s’opère réellement que dans les années 1990, lorsque le débat sur la parité s’installe au niveau européen. La promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes devient l’une des tâches essentielles de la Communauté européenne avec l’entrée en vigueur du traité d’Amsterdam en 1999, notamment dans son article 2. Le concept de genre s’est développé comme une réflexion autour de la notion de sexe et du rapport homme/femme. Loin de nier la différence entre le sexe féminin et le sexe masculin, le genre est utilisé par les chercheurs comme un outil permettant de penser le sexe biologique (homme ou femme) indépendamment de l’identité sexuelle (masculin ou féminin). Il ne s’agit donc pas de dire que l’homme et la femme sont identiques, mais d’interroger la manière dont chacun et chacune peut construire son identité sexuelle, aussi bien à travers son éducation que son orientation sexuelle (hétérosexuelle, homosexuelle, etc.). En dissociant intellectuellement le culturel et le biologique, le concept de genre interroge les clichés liés au sexe. Par exemple, l’idée selon laquelle les femmes sont plus naturellement enclines à s’atteler aux tâches domestiques que les hommes est de l’ordre de la construction sociale et historique, et non pas liée au fait que la femme dispose d’un vagin et d’ovaires. Pour les détracteurs du genre, la construction d’une personne en tant qu’individu se fait dans l’assujettissement à des normes dites « naturelles » et « immuables » : d’un côté les femmes, de l’autre les hommes. Mais certains travaux de biologiste, tels ceux de l’Américaine Anne Fausto-Sterling, montrent que l’opposition entre nature et culture est vaine, les deux étant inextricables et participant d’un même mouvement. Il ne suffit pas de dire que quelque chose est biologique pour dire que c’est immuable. C’est l’exemple du cerveau humain : il évolue avec le temps, et de génération en génération. Quand le ministère de l’éducation a annoncé sa volonté d’introduire le concept de genre dans les manuels scolaires des classes de première, la sphère catholique et conservatrice s’est insurgée contre une « théorie » quelle accusait de nier l’individu au profit de sa sexualité. Dans une lettre envoyée au ministre de l’éducation, Luc Chatel, en août 2011 et signée par 80 députés UMP, on peut lire que, « selon cette théorie [du genre], les personnes ne sont plus définies comme hommes et femmes mais comme pratiquants de certaines formes de sexualité ». Un mot d’ordre relayé par Gérard Leclerc dans un éditorial de France catholique datant de mai 2011, dans lequel il pointe la menace de ce qu’il qualifie d' »arme à déconstruire l’identité sexuelle ». C’est d’ailleurs cet argument qui nourrit l’idée – répandue par la plupart des sites régionaux de La Manif pour tous – selon laquelle « le vrai but du mariage homosexuel est d’imposer la théorie du genre ». Mais les études sur le genre, et a fortiori le texte proposé pour les manuels de SVT par le ministère, insistent au contraire sur la différence entre identité sexuelle et orientation sexuelle. Il s’agit d’étudier comment s’articulent ces deux mouvements entre eux, et non de substituer l’un à l’autre. Par exemple, les personnes transsexuelles interrogent leur genre, et non pas leur sexualité. On peut changer de genre sans changer de préférence sexuelle. Le Monde
Comprendre que ce qui se passait était un bouleversement des liens d’alliance, de filiation, de germanité, et que le mouvement de tout cela n’était pas du tout l’individualisation, au sens de I, me, ego, myself dont on nous a rebattu les oreilles pendant une décennie, mais une modification de ces relations et de tout ce qui se construit avec elles. Et cette métamorphose des relations se produisait parce qu’était en train de se produire une révolution qu’il n’est pas exagéré, je pense, de nommer la deuxième révolution démocratique, qui est la révolution de l’égalité de sexe. Le moteur des changements de la parenté, de la redéfinition des liens d’alliance, de filiation, de germanité, et du rapport entre eux, est le fait d’essayer d’organiser des liens de parenté sous l’égide de l’égalité des sexes. Quelque chose de vraiment nouveau se joue là, puisque non seulement aucune société humaine n’a été organisée sur un principe d’égalité des sexes, mais nos propres sociétés démocratiques modernes, qui valorisaient l’égalité et la liberté comme leurs valeurs ultimes, avaient justement fait une exception: à l’intérieur d’une valeur individu intégrant les valeurs de liberté et d’égalité, justement dans la famille, il était annoncé que les rapports entre les hommes et les femmes, en particulier dans le couple, dans la petite famille conjugale, seraient des rapports hiérarchiques. Hiérarchie du couple, à travers la puissance maritale, et hiérarchie sexuée dans les rapports de filiation, à travers la puissance paternelle. (…)  c’est bien à penser mieux encore les métamorphoses de la parenté que nous sommes arrivés. A partir de là, le problème pour moi concerne en effet la question de l’égalité. Si nous réfléchissons en termes de relations de parenté, la question peut se poser ainsi: quelle est la particularité d’une relation humaine en tant qu’elle est spécifiquement humaine (…) La différence est que les relations proprement humaines ne sont pas simplement calées sur des régularités (elles peuvent l’être, des habitudes, des choses qui se refont à l’identique), mais qu’elles sont référées à des règles, ou encore à des normes, et donc médiées par des règles, des normes… Nous sommes capables d’agir en tant que. C’est cette médiation qui fait que la relation n’est pas seulement intersubjective, mais qu’entre nous la relation en cause est chaque fois définie : quelle est cette relation ? Une relation de locuteur à auditeur ? De conférencier à auditoire ? De prof à élève ? De mère à fille ?… Nous avons à notre disposition tout un répertoire de relations, et chaque fois nous nous comportons en montrant que nous savons quelles sont les attentes de cette relation. C’est la relation introduite par ce qu’on appelle le symbolique, ou l’institutionnel : le fait qu’on accorde sens, valeur, signification à des relations sous la forme de système d’attentes. (…) si je suis dans une relation de parenté, je m’attends à ce que l’autre se cale sur des droits, des devoirs, des interdits. Pas de famille humaine sans la médiation d’un système symbolique de parenté, qui énonce justement pour chaque relation de quelles attentes elle est investie, quels droits, quels devoirs, quels interdits, et comment ces différentes relations ne sont pas une liste mais sont articulées les unes aux autres pour former un système de parenté, qui lui-même n’est pas isolable mais intégré dans un système social plus large, qui est un système religieux, politique, cosmologique, etc. Dans les changements que notre système de parenté a vécu du fait de l’égalité de sexe, le plus important est à mon avis le démariage. Ce que j’ai appelé le démariage n’est pas simplement le fait qu’on se marie moins, ni le divorce, mais le fait que le mariage moderne (pas celui du Moyen-âge, mais le mariage moderne) organisait tout le système de parenté qui a été le nôtre depuis l’entrée dans la modernité jusqu’aux années 60. Le mariage guidait l’ensemble de la question familiale. Une famille n’existait que mariée. En dehors du mariage, on n’était pas censé avoir une famille. Le mariage organisait la notion de couple. En dehors du couple marié, il n’y avait pas vraiment de couple. Il organisait la paternité, c’était l’institution qui donnait des pères aux enfants, et hors du mariage il n’y avait pas vraiment de pères. Et d’une certaine façon il organisait également la filiation, parce qu’en dehors du mariage aucun enfant ne bénéficiait pleinement de la double lignée paternelle et maternelle, de la plénitude de la filiation. Le démariage est la traduction d’un système égalitaire : quand on remet en cause l’idée d’un couple marié par principe hiérarchique entre l’homme et la femme, l’époux et l’épouse, on a une traduction qui est le démariage. Le mariage devient une question privée. Se marier, ne pas se marier, se démarier a été remis aux individus eux-mêmes. Il s’agit donc de l’équivalent, dans le domaine de la parenté, de ce qui s’est produit dans le domaine politique quand la religion, qui était une affaire commune par définition, a été intégrée comme une affaire de conscience personnelle. Il y avait toujours de la religion, mais tout était changé, comme au moment de la Révolution française, par exemple. Parce que c’était à chacun d’avoir à penser la question religieuse, il fallait réorganiser le lien social et politique sur d’autres bases: inventer la laïcité etc. Si le mariage devient une question de conscience personnelle, s’il est possible de le choisir, ne pas le choisir, choisir de le rompre, alors il faut également réorganiser la parenté. Mais le point où l’on retrouve la parentalité, c’est que plus on a organisé le démariage, plus on a abandonné ce modèle du couple marié, plus on a créé des situations où dans la filiation, dans la naissance, dans la trajectoire biographique d’un enfant, dans sa vie quotidienne, il y avait plus d’un homme et une femme. Il est important de comprendre que le modèle un homme une femme, pas un de moins pas un de plus, est un modèle matrimonial, et n’est pas, comme on le dit quelquefois, un modèle biologique. C’est un modèle qui était porté par notre système matrimonial où par définition on était censé être à la fois le géniteur de l’enfant, son père domestique et son père par le droit. Tout était censé se rassembler sur une seule tête masculine, une seule tête féminine. Aujourd’hui, parmi les enjeux sur lesquels nous devons travailler ensemble, c’est le fait que notre société organise des relations dans lesquelles il y a plus d’un homme et une femme, et qu’elle ne sait pas quoi en faire. Premièrement, on peut citer toutes les situations d’engendrement d’enfant avec des tiers donneurs : tiers donneurs d’ovocytes, de sperme, d’embryons, éventuellement de capacité gestatrice, pour les gestations pour autrui. On organise tout cela (pas les GPA chez nous), on le fait, on considère donc qu’il y a des engendrements à plus de deux. Mais une fois qu’on l’a fait, on le cache. On le fait et on l’oublie. Notre système de droit efface ce qu’il a fait, efface le don, les donneurs, les anonymise, les oublie, et on fait comme si le couple qui a reçu l’enfant, reçu le don, était celui qui avait engendré tout seul. Ce problème suscite aujourd’hui beaucoup de débats. N’a-t-on pas tort de ne pas assumer ce qu’on fait ? C’est le problème que posent en particulier ceux qui demandent à connaître leurs origines et qui souhaitent avoir à la fois des parents et des donneurs, pour pouvoir être réintégrés dans la vie commune. Même chose pour l’adoption : l’adoption plénière a pendant longtemps été organisée. Il y a donc plus d’un homme et d’une femme dans la vie d’une enfant (ses parents de naissance et ses parents adoptifs). On l’a fait mais on l’a effacé aussi, en assimilant la filiation adoptive à une filiation par le sang, pourrait-on dire, en effaçant toute l’histoire antérieure de l’enfant, et en prétendant même que l’enfant était “né de” ses parents adoptifs. Donc là encore des pluri-parentalités (au sens où il y a plus d’un homme et une femme en situation parentale, en fonction parentale), mais qu’on efface. Même chose enfin d’une certaine façon pour les familles recomposées, où sont présents des beaux-pères, des belles-mères, auxquels on ne sait pas très bien quelle place donner. C’est un immense champ pour nous tous, et nous devrions le discuter avec une réflexion renouvelée sur la relation, la question des places. Avoir des places oui, mais pas forcément toujours les mêmes. Il peut y avoir aujourd’hui enrichissement par de nouvelles places. (…) Pour expliciter cette conclusion, partons d’une phrase de Wittgenstein, “Tu ne peux pas dire : au tennis, il est interdit de marquer des buts.” On ne peut pas marquer des buts au tennis, bien sûr. Est-ce pour autant interdit ? Non, ce n’est pas interdit. La notion même d’interdit suppose quelque chose que vous pourriez faire, et qu’on vous empêche de faire. Or marquer des buts au tennis n’est pas quelque chose que vous pourriez faire et qu’on vous empêche de faire. C’est quelque chose qu’on ne peut tout simplement pas faire au tennis, sinon on joue à autre chose. Cette remarque familière, qui demande un travail immense, la marque de Wittgenstein, introduit la distinction entre l’interdit et l’impossible. Marquer des buts au tennis n’est pas interdit, mais impossible. Mais quelle est cette forme d’impossible ? La question nous renvoie au monde symbolique des places. Si l’on veut que le mot tennis ait un sens, qu’un jeu soit entièrement constitué sur les règles d’un jeu qui soit le tennis, alors il faut admettre que dans ces règles constitutives, rien n’est prévu qui permet des buts. Quand vous apprenez à l’enfant à parler, quand vous le faites entrer dans l’interlocution, en parlant de lui en troisième personne, en vous adressant à lui en deuxième personne, et que peu à peu il va apprendre à dire “je”, ce qu’il va apprendre est que chez les humains, il y a des choses qui sont impossibles et qui ne sont justement pas interdites. Il y a des choses qu’on ne peut pas faire, bien que personne ne vous empêche de les faire. Mais si on les faisait, alors on ne pourrait pas jouer au jeu du langage ensemble. Dans mon livre, je prends cet exemple: “tu ne peux pas dire la mâle et le femelle.” Ce n’est pas interdit, mais s’il n’y a pas des règles constitutives du langage auxquelles on se tient, on ne peut pas jouer ensemble au jeu du langage. Je pense donc qu’il est très important de comprendre que les systèmes de parenté reposent sur des règles constitutives. Ces règles peuvent changer, elles peuvent évoluer. Mais ce dont on ne peut pas se passer, c’est d’avoir les références à des règles communes, un monde commun finalement. Notre responsabilité aujourd’hui est d’être capables, à notre tour, après les autres, à notre place nouvelle, d’énoncer quelles sont les règles communes du jeu de la parenté auxquelles nous voulons jouer ensemble aujourd’hui. Ces règles ne sont pas exactement les mêmes que celles du passé, mais la naïveté est de croire qu’il serait plus démocratique, comme cela a pu être dit, de s’en passer.(…) L’enjeu est de dire que dans ces relations entre les humains, dont j’ai dit qu’elles sont médiées par des attentes, ces attentes rendent les choses possibles ou impossibles, et pas simplement permises ou interdites. On ne peut pas ramener tous les faits humains à la question de ce qui est permis et interdit. Cela ne permettrait pas de comprendre que des choses doivent d’exister à la règle. L’exemple qui est toujours pris pour le faire comprendre est le rapprochement entre le vivre en société et les jeux de société. Vous ne pouvez pas déplacer un pion, et que ce soit un coup comme on dit au jeu d’échecs, s’il n’y a pas les règles du jeu d’échecs. Vous pouvez toujours prendre un objet qui a telle forme dans votre main, le lever, le poser. Mais ce qui fait que c’est un coup dans le jeu, c’est justement qu’un pur geste physique est transformé en quelque chose qui a du sens, qui s’appelle un coup dans le jeu, par l’existence constitutive d’une règle du jeu. Cet exemple, on peut l’élargir à la vie sociale en général. Nous avons des façons d’agir qui peuvent être comprises comme un coup dans le jeu. Vous allez faire ceci ou cela dans vos rapports avec votre mère, votre père, votre fils, mais vous serez comme quelqu’un qui joue un coup dans le jeu, comme si vous étiez en quelque sorte les personnages d’une dramaturgie sociale, une dramaturgie dont nous empruntons les vêtements, les rôles, mais qui n’a pas de coulisses. Nous sommes des personnages qui jouons un jeu, au sens théâtral ou social, mais sans coulisses : pas besoin d’aller imaginer qu’après les masques sont enlevés, et qu’apparaissent les vraies personnes. Vous ne les trouvez pas, les vraies personnes : ces rôles, c’est nous, notre façon d’être. L’important est de faire comprendre qu’une société doit toujours dire quelle est sa règle du jeu, ou ses règles du jeu. Il est naïf de croire qu’on peut s’en passer, en renvoyant à chacun le soin de dire la règle qu’il veut. Par exemple il y en a qui trouvent ennuyeux de définir une femme : “une femme, un homme, ça fait réac… Que chacun définisse son genre. Moi je me sens femme, ou bien je ne me sens pas etc.” C’est un ressenti. Mais si chacun a son ressenti intérieur, on ne peut jouer à aucun jeu. L’enjeu est d’apprendre qu’on ne met pas en cause la singularité des gens, l’unicité des vies, si on rappelle qu’il faut des institutions justes, un monde commun dans lequel on définit la règle du jeu qui définit le possible et l’impossible. Au contraire, elle ouvre aux gens des possibilités. (…) l’introduction au monde de la règle rend des choses impossibles, mais en rend aussi possibles. L’exemple bête est le jeu d’échecs. Mais ça rend aussi possible la parenté, etc. Un des problèmes dans une société individualiste est qu’on croit que les règles sociales nous briment, ne font que nous brider. Cette conception est une conception de l’authenticité de l’être avant la chute, une conception chrétienne dont on peut remonter l’histoire. Mais la théologie chrétienne elle-même n’est pas si simplette. Cette idée qu’on pourrait tout faire si on n’était pas bridé par les lois, est ridicule d’un point de vue sociologique du langage, puisque c’est ce qui rend possible d’agir à la manière humaine. Effectivement, ça rend par le même mouvement des choses possibles et impossibles. Irène Théry

Attention: un mensonge peut en cacher bien d’autres !

A l’heure où, après le mariage pour tous au forceps, la France découvre la double vie de son président supposément « normal »

Et, à l’occasion de la polémique suscitée par un tout récent et inédit boycott des écoles, l’expérimentation d’ateliers dans plus de 500 écoles primaires ayant pour but de « déconstruire les stéréotypes » filles-garçons dès le plus jeune âge …

Où, contrairement aux dénégations de nos gouvernants et de leurs relais médiatiques, l’éducation sexuelle est non seulement bien au programme

Mais que, sans compter les terribles ratés – commodément passés sous silence – de leur histoire, les termes mêmes d’une prétendument inexistante (mais pourtant déjà polémique sous le précédent gouvernement) théorie du genre font partie du discours et des réflexions tant desdits dirigeants que des chercheurs …

Et surtout que ledit ministère n’hésite pas à faire appel à des intervenants extérieurs dont plusieurs associations fondées par des mouvements gay …

Comment ne pas voir, au-delà des récupérations plus ou moins douteuses voire des délires communautaristes des leaders du boycott tels que Farida Belghoul, la réalité d’une idéologie et d’un pouvoir engagé, dans son obsession de l’égalité, dans la remise en cause de tout un modèle familial et donc de société ?

Théorie du genre: «Il est essentiel d’enseigner aux enfants le respect des différentes formes d’identité sexuelle, afin de bâtir une société du respect»

31 août 2011

Najat Vallaud-Belkacem, secrétaire nationale du PS aux questions de société et porte-parole de Ségolène Royal.

Najat Vallaud-Belkacem, secrétaire nationale du PS aux questions de société et porte-parole de Ségolène Royal. P. FAYOLLE / SIPA

INTERVIEW – Selon Najat Vallaud-Belkacem, secrétaire nationale du PS aux questions de société et porte-parole de Ségolène Royal, les parlementaires n’ont pas à faire d’incursion dans le contenu des manuels scolaires…

Ce mercredi, le secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé, a soutenu sans réserve les 80 députés réclamant le retrait de manuels scolaires qui reprennent la théorie du genre, en estimant qu’ils «posent une vraie question».

A l’inverse, le Parti socialiste a fait savoir mardi que «cette tentative de députés est inacceptable sur la forme comme sur le fond». Najat Vallaud-Belkacem, secrétaire nationale du PS aux questions de société et porte-parole de Ségolène Royal, explique à 20Minutes pourquoi les parlementaires ne doivent pas se mêler du contenu des manuels scolaires.

Pourquoi la lettre des 80 parlementaires UMP vous semble-t-elle problématique?

Parce que les députés n’ont pas à écrire les programmes, sauf s’il s’agit de théories qui touchent aux valeurs de la nation, telles que la condamnation du négationnisme ou a contrario les lois mémorielles. La dernière fois que la droite a voulu écrire un manuel scolaire c’était en 2005, quand le même Christian Vanneste voulait inscrire le rôle positif de la colonisation dans les livres d’histoire.

Le politique n’a pas à écrire l’histoire ou à expliquer la science, il doit changer la société. Sans compter que ce qui fait réagir ces 80 députés, ce qui leur semble plus insupportable que tout, ce n’est pas la précarité dans laquelle on plonge délibérément l’école, mais quelques phrases qui froissent leurs convictions personnelles rétrogrades.

En quoi la «théorie du genre» peut-elle aider à changer la société?

La théorie du genre, qui explique «l’identité sexuelle» des individus autant par le contexte socio-culturel que par la biologie, a pour vertu d’aborder la question des inadmissibles inégalités persistantes entre les hommes et les femmes ou encore de l’homosexualité, et de faire œuvre de pédagogie sur ces sujets.

Les manuels de sciences et vie de la terre (SVT) ne devraient-ils pas enseigner la sexualité humaine en se limitant strictement à sa dimension biologique, et pas à sa dimension sociale?

Le vrai problème de société que nous devons régler aujourd’hui, c’est l’homophobie, et notamment les agressions homophobes qui se développent en milieu scolaire. L’école doit redevenir un sanctuaire, et la prévention de la délinquance homophobe doit commencer dès le plus jeune âge. Un jeune homosexuel sur cinq a déjà été victime d’une agression physique, et près d’un sur deux a déjà été insulté. Il est essentiel d’enseigner aux enfants le respect des différentes formes d’identité sexuelle, afin de bâtir une société du respect.

Voir aussi:

Les sciences économiques et sociales, pionnières de la théorie du genre

Jean-Yves Mas (enseignant)

Le Monde

31.01.2014

Venant d’apprendre que, selon Vincent Peillon, ministre de l’éducation nationale  »la théorie du genre ne sera pas enseignée à l’école » je pense que ses propos concernent sans doute l’enseignement de la théorie du genre à l’école primaire, car pour ma part, en tant que professeur de science économiques et sociales (SES) dans l’enseignement secondaire, cela fait bientôt 25 ans que je l’enseigne à mes élèves, non par volonté de prosélytisme, mais tout simplement parce que l’analyse des inégalités liées au genre, et donc ce qu’il est convenu d’appeler la « théorie du genre », fait partie des programmes officiels de ma discipline.

En effet, en seconde, le programme comporte la question suivante :  »Comment devenons-nous des acteurs sociaux ? », afin de traiter cette problématique les instruction officielles indiquent qu’  »On montrera que la famille et l’école jouent chacune un rôle spécifique dans le processus de socialisation des jeunes. On prendra en compte le caractère différencié de ce processus en fonction du genre et du milieu social ». De même le programme de première, pour traiter la question  »Comment la socialisation de l’enfant s’effectue-t-elle ? » précise qu’  »on étudiera les processus par lesquels l’enfant construit sa personnalité par l’intériorisation/ incorporation de manières de penser et d’agir socialement situées (…). On mettra aussi en évidence les variations des processus de socialisation en fonction des milieux sociaux et du genre, en insistant plus particulièrement sur la construction sociale des rôles associés au sexe ». En terminale , le programme de l’option Sociologie et science Politique (SSP) comporte une question intitulée  »Comment s’organise la compétition politique en démocratie ? », et les instructions rajoutent :  »Centré sur le gouvernement représentatif, ce point permettra d’étudier les enjeux socio-politiques de la compétition électorale contemporaine. (…). On identifiera les biais liés au genre et la difficulté particulière rencontrée pour assurer une représentation équitable des deux sexes en politique. »

SENSIBILISER LES ELEVES

On le voit, les questions abordées par l’enseignement des SES permettent de sensibiliser les élèves aux inégalités hommes/femmes que ce soit dans les sphères domestiques, professionnelles, scolaires ou politiques. Mais l’enseignement des SES permet aussi lors de l’étude de  »la socialisation » d’analyser les pratiques sociales à l’origine de ces inégalités, et notamment la persistance de différences notables dans les attitudes encouragées ou découragées selon le genre de l’enfant par les institutions de socialisation. L’étude des catalogues de jouets à Noël se révèle à ce propos tout à fait instructive et suscite de plus un vif intérêt de la part de nos élèves.

Enfin les programmes de SES permettent de montrer, dans le chapitre consacré aux conflits sociaux et à leur évolution, que face à la domination masculine les femmes ne sont pas restées passives mais qu’elles ont lutté pour leur émancipation notamment par leur mobilisation collective.

Grâce à ces luttes elles ont obtenu certains acquis dont il est important de souligner la fragilité puisque ceux-ci sont souvent menacés. Nous tenons de plus à préciser que sensibiliser les élèves aux inégalités de genre, ce n’est en rien proposer un enseignement moralisateur et  »politiquement correct », mais c’est, en partant du constat factuel des inégalités entre homme et femme, montrer comment les sciences sociales, conformément à leur projet fondateur, expliquent les représentations et les pratiques sociales des individus par le rôle de la socialisation et de l’environnement socio-culturel dans lequel ils évoluent. Précisons que les savoirs transmis lors de l’étude des inégalités de genre sont des savoirs  »stabilisés », établis par de nombreuses études et enquêtes de terrain répondant aux critères élémentaires de la scientificité, comme l’ensemble des savoirs transmis dans le cadre des programmes scolaires.

Notre objectif est d’essayer de déconstruire certains stéréotypes sur le genre afin notamment de  »dé-naturaliser » des comportement ou des pratiques qui sont avant tout de nature sociale. Car les dominants ont toujours intérêt à naturaliser des situations qui sont le produit de rapports de force. En effet les inégalités liées au genre ne doivent rien, ou en tout cas, très peu à la nature, à l’instinct ou à une quelconque tradition, mais beaucoup voire tout, aux rapports sociaux entre hommes et femmes. Elles n’ont donc rien de naturelles ni d’immuables. En montrant que le genre est une construction sociale, les SES, conformément à leur vocation citoyenne, s’inscrivent aussi dans un projet éthique qui vise à lutter contre toutes les formes de discriminations liées au sexisme, de même que dans d’autre parties de notre enseignement nous entendons lutter contre le racisme ou l’homophobie.

Pour notre part nous considérons que la théorie du genre est bien l’exemple emblématique d’une théorie émancipatrice puisqu’elle produit des savoirs qui peuvent avoir des effets sur les pratiques et les représentations des individus. Voilà pourquoi la théorie du genre correspond à un moment fort de notre enseignement et nous nous opposerons énergiquement à toute tentative visant à remettre en cause sa place dans nos programmes.

Jean-Yves Mas, professeur de SES au lycée de Montreuil (93)

Voir également:

« La théorie du genre entraîne l’école dans l’ingénierie sociale »

Pour la philosophe Bérénice Levet, en menant «la chasse aux stéréotypes»,le gouvernement joue aux apprentis sorciers.

Marie-Amélie Lombard

Le Figaro

30/01/2014

Docteur en philosophie, Bérénice Levet travaille à un essai sur La théorie du genre ou le monde rêvé des anges, à paraître chez Grasset en septembre 2014. Elle est l’auteur de Le Musée imaginaire d’Hannah Arendt, Stock, 2012.

LE FIGARO. – L’Éducation nationale est-elle en train d’introduire «la théorie du genre» à l’école?

Bérénice LEVET. – Je précise d’emblée que je ne soutiens en rien les mouvements qui appellent à boycotter l’école et qui manipulent les esprits. Mais il ne faut pas abandonner ce débat à l’extrême droite. Or, dans ce qui est dénoncé aujourd’hui, il y a une part de réalité. Certes, la théorie du genre en tant que telle n’est pas enseignée à l’école primaire mais plusieurs de ses postulats y sont diffusés.

Avant tout, quelle définition donnez-vous de la théorie du genre?

Pour les tenants de cette théorie, l’identité sexuelle est, de part en part, construite. Selon eux, il n’y a pas de continuité entre le donné biologique – notre sexe de naissance – et notre devenir d’homme ou de femme. C’est, poussé à l’extrême, la formule de Simone de Beauvoir dans Le Deuxième sexe «On ne naît pas femme, on le devient». Et les théoriciens du genre poursuivent: à partir du moment où tout est «construit», tout peut être déconstruit.

Quels sont les exemples de l’application de cette théorie à l’école?

Prenons les «ABCD de l’égalité», qui sont des parcours proposés aux élèves et accompagnés de fiches pédagogiques pour les enseignants. Ils sont supposés servir à enseigner l’égalité hommes-femmes. Qu’en est-il? Dans une fiche, intitulée «Dentelles, rubans, velours et broderies», on montre un tableau représentant Louis XIV enfant qui porte une robe richement ornée et des rubans rouges dans les cheveux. L’objectif affiché? Faire prendre conscience aux élèves de l’historicité des codes auxquels ils se soumettent et gagner de la latitude par rapport à ceux que la société leur impose aujourd’hui…

N’est-ce pas une simple façon de montrer que la façon de s’habiller a évolué au fil du temps?

Non, l’objectif est bien d’«émanciper» l’enfant de tous les codes. Ce qui aboutit à l’abandonner à un ensemble de «possibles», comme s’il n’appartenait à aucune histoire, comme si les adultes n’avaient rien à lui transmettre. Or, il est faux de dire qu’on «formate» un enfant, on ne fait que l’introduire dans un monde qui est plus vieux que lui. Kierkegaard parle d’un «désespoir des possibles» qui ne se transforme jamais en nécessité.

Quels autres exemples vous semblent condamnables?

Le film Tomboy – «garçon manqué» en français -, de la réalisatrice Céline Sciamma, a été montré l’an dernier à 12 500 élèves parisiens, de la dernière année de maternelle au CM2. Quel est le propos du film? Une petite fille, Laure, se fait passer pour un garçon auprès des enfants avec qui elle joue et se fait appeler Michaël. Qu’est-il écrit dans le dossier pédagogique? «Laure semble pouvoir aller au bout de la possibilité Michaël»… On n’est plus dans le simple apprentissage de la tolérance.

Le danger n’est-il pas surtout d’imposer à l’école un fatras mal assimilé des études de genre qui sont un champ de la recherche universitaire? Le gouvernement joue-t-il aux apprentis sorciers?

Sans scrupules, l’école est entraînée dans une politique d’ingénierie sociale. Tout en se donnant bonne conscience, le gouvernement encourage un brouillage très inquiétant. Savons-nous bien ce que nous sommes en train de faire? A l’âge de l’école primaire, les enfants ont besoin de s’identifier, et non pas de se désidentifier. A ne plus vouloir d’une éducation sexuée, on abandonne nos enfants aux stéréotypes les plus kitsch des dessins animés.

N’est-ce pas pour autant utile d’affirmer l’égalité des sexes dès le plus jeune âge?

Il faudrait surtout en finir avec cette mise en accusation systématique du passé. Notre civilisation occidentale, et spécialement française, n’est pas réductible à une histoire faite de domination et de misogynie. Sur la différence des sexes, la France a su composer une partition singulière, irréductible à des rapports de forces. L’apparition d’une culture musulmane change-t-elle la donne? Elle nous confronte en tout cas à une culture qui n’a pas le même héritage en matière d’égalité des sexes. Ce qui me paraît dangereux dans cette «chasse aux stéréotypes» est le risque de balayer d’un revers de main tout notre héritage culturel. Dans un tel contexte, quelle œuvre littéraire, artistique ou cinématographique ne tombera pas sous le coup de l’accusation de «sexisme»?

Selon vous, sous couvert de lutter contre les stéréotypes, on peut bouleverser en profondeur la société?

Il existe une volonté de transformer la société, de sortir de toute normativité pour aboutir à un relativisme complet. Le gouvernement Ayrault est en pointe sur ce combat. On l’a vu lors du débat sur le Mariage pour tous. Il ne devrait pas être impossible de dire que l’homosexualité est une exception et que l’hétérosexualité est la norme. La théorie de l’interchangeabilité des sexes se diffuse. Or, nous avons un corps sexué qui est significatif par lui-même et qui ne compte pas pour rien dans la construction de soi.

L’égalité hommes-femmes n’est cependant pas acquise aujourd’hui. Comment s’y prendre pour la renforcer?

Le principe de l’égalité est incontesté aujourd’hui. Certes, il existe encore ce fameux “plafond de verre” empêchant les femmes d’accéder aux plus hauts postes et des inégalités salariales. Mais les progrès sont inouïs. Doit-on, comme l’a fait récemment le gouvernement, imposer aux hommes de prendre un congé parental? On en arrive à punir la famille parce qu’un homme est récalcitrant à s’arrêter de travailler! Et puis, faut-il rappeler qu’il n’y a pas de cordon ombilical à couper entre un père et son enfant?

A vous entendre, les dérives que vous dénoncez risquent de ne pas se limiter à l’école.

Je n’ai guère le goût des analogies historiques mais, s’il existe une leçon à retenir des totalitarismes nazi et stalinien, c’est que l’homme n’est pas un simple matériau que l’on peut façonner. Avec la théorie du genre, l’enjeu est anthropologique. Montesquieu écrivait: «Dans un temps d’ignorance, on n’a aucun doute, même lorsqu’on fait les plus grands maux. Dans un temps de lumière, on tremble encore lorsqu’on fait les plus grands biens».

Voir aussi:

« ABCD de l’égalité » : qu’est-ce que c’est exactement ?

Le dispositif lancé par Vincent Peillon et Najat Vallaud-Belkacem est loin de faire l’unanimité. Même si personne ne sait vraiment de quoi il s’agit.

Le Point

30/01/2014

L’ABCD de l’égalité, dans le viseur des organisateurs de boycott des écoles contre un supposé enseignement de la « théorie du genre », est une expérimentation pour lutter contre les stéréotypes filles-garçons à l’école. Ce dispositif, élaboré par le ministère de l’Éducation nationale et le ministère des Droits des femmes, est expérimenté de la grande section de maternelle au CM2 depuis la Toussaint dans 600 classes de 275 écoles dans 10 académies (Bordeaux, Clermont-Ferrand, Créteil, Corse, Guadeloupe, Lyon, Montpellier, Nancy-Metz, Rouen, Toulouse) pour « faire prendre conscience aux enfants des limites qu’ils se fixent eux-mêmes, des phénomènes d’autocensure trop courants, leur donner confiance en eux, leur apprendre à grandir dans le respect des autres ». Après évaluation, il doit être généralisé à la rentrée 2014.

Les mouvances qui ont appelé à des journées de retrait de l’école accusent le gouvernement de vouloir nier les différences biologiques. « Jamais aucun professeur n’a pu imaginer de nier les différences, alors qu’il enseigne précisément le respect des différences et de cette différence fondamentale filles-garçons », a déclaré Vincent Peillon mardi soir à l’Assemblée nationale.

Stéréotypes

« En reconnaissant la différence biologique, nous voulons tout de même qu’il y ait égalité entre les femmes et les hommes au sein de la société, en particulier dans le choix des métiers », a ajouté le ministre de l’Éducation. « On peut mesurer d’ailleurs le progrès des sociétés à leur capacité de considérer qu’il y a égalité entre les hommes et les femmes : égalité politique, égalité civile, égalité intellectuelle, égalité éducative. »

Des stéréotypes – comme une fille est forcément « coquette », « docile », « soigneuse », et un garçon « courageux », indépendant » ou « énergique » – pèsent sur leurs attentes, leurs ambitions, leur orientation professionnelle et leur place dans la société, selon un rapport de l’Inspection générale de l’Éducation nationale. Les femmes sont ainsi moins représentées dans les métiers scientifiques, perçoivent un salaire moindre à diplôme égal et subissent davantage le temps partiel. Sans oublier la persistance de violences sexistes.

Ces préjugés peuvent conduire les filles au « complexe de Cendrillon : je fais des études, mais j’attends le prince charmant », explique une des présentations du site http://www.cndp.fr/ABCD-de-l-égalité/accueil.html. Celui-ci propose aussi des ressources pédagogiques aux enseignants pour aborder en classe l’égalité garçons-filles, dans les cours d’arts plastiques, d’éducation physique sportive, d’histoire…

Contre l’homophobie

Un tableau d’Auguste Renoir, Mme Charpentier et ses enfants, mettant en scène une femme et ses filles permet ainsi de comparer les représentations des enfants aujourd’hui et il y a un siècle. Les écoliers peuvent dire ce qu’ils en pensent spontanément, parler des couleurs, des vêtements…

L’enseignant peut expliquer que la mère portait, suivant la mode de l’époque, un corset, vêtement qui entravait les mouvements et rendait la position assise inconfortable, c’est pourquoi elle est alanguie. Ou encore que jusqu’à six ans garçons et filles portaient des robes, puis les petits garçons s’habillaient en culottes courtes. Une évolution qu’on peut constater aussi dans les portraits de Louis Napoléon Bonaparte. Les élèves peuvent imaginer comment ces enfants s’habilleraient aujourd’hui.

Les détracteurs d’un supposé enseignement de la théorie du genre dénoncent aussi l’intervention d’associations LGBT (Lesbiennes, gay, bi, trans). Ces associations peuvent intervenir non pas dans les écoles, mais dans des lycées, à la demande du chef d’établissement, sans lien avec l’ABCD de l’égalité, dans le cadre d’une sensibilisation contre l’homophobie.

Voir de même:

Boris Cyrulnik face au suicide des enfants

Le Point

29/09/2011

Entretien. Dans « Quand un enfant se donne ‘la mort' » (Odile Jacob), Boris Cyrulnik tente de comprendre l’inexplicable.

Boris Cyrulnik, neurospychiatre et éthologue. Boris Cyrulnik, neurospychiatre et éthologue. © Khanh Renaud/Square pour « Le Point »

Propos recueillis par Émilie Lanez

En France, entre 40 et 100 enfants de moins de 12 ans se suicident chaque année. Pourquoi un enfant veut-il mourir ? Une question à laquelle Boris Cyrulnik, à la demande de Jeannette Bougrab, secrétaire d’État à la Jeunesse, répond en explorant le monde, méconnu, dans lequel grandissent nos enfants. Le neuropsychiatre appelle à des changements radicaux.

Le Point : Pourquoi un rapport sur les très rares suicides des enfants ?

Boris Cyrulnik : On meurt plus fréquemment par suicide que par accident de la route. Or, si de nombreux chercheurs ont travaillé à comprendre le suicide des adultes et des adolescents, jamais celui des enfants prépubères, dont le monde mental différe totalement de celui de leurs aînés, n’a été étudié. Je prends volontiers la parabole du canari dans la mine de charbon. Les mineurs avaient pour coutume de descendre avec un canari. Lorsque celui-ci suffoquait, ils savaient qu’un coup de grisou arrivait. Le suicide d’enfant, comme le canari dans la mine, est une alerte, l’indicateur de dysfonctions sociales.

Est-on prédiposé au suicide ?

Il y a un facteur génétique, mais il existe mille autres facteurs. Le suicide obéit à une convergence de causes, dont l’isolement sensoriel est le carrefour.

Les gènes ne déterminent-ils rien ?

Le gène existe, toutefois il n’est pas une fatalité. Les gènes impliquent la couleur de nos yeux, notre taille ou certaines maladies, mais il faut tout autant tenir compte du climat de l’école, de l’ambiance en famille. Distinguer l’inné et l’acquis est une absurdité. C’est une erreur qui a longtemps interdit à la science de penser.

Rien n’est jamais joué, donc tout se construit ?

À peine le gène s’exprime-t-il que cette expression est pétrie, sculptée par les pressions du milieu. C’est ce qu’on nomme l’épigenèse, et celle-ci commence dès avant la naissance. Freud l’avait compris. Il parlait d’une forêt dans laquelle on marche la première fois. Nos pas s’y fraient un chemin. Désormais, l’information dans notre cerveau empruntera plus volontiers ce chemin qu’un autre. Prenons l’exemple d’un enfant génétiquement sain, porté par une mère stressée par la guerre. Cet enfant sain sera in utero façonné par le malheur de la mère. À la naissance, il sera 50 % plus petit, plus léger qu’un enfant moyen et il souffrira d’une atrophie fronto-limbique. Il a donc été altéré par l’épigenèse. Attention, le façonnage peut être inverse. Un enfant, faible transporteur de sérotonine, donc hypervulnérable, porté par une mère heureuse, dans un milieu stable, deviendra un adulte équilibré, tout juste plus enclin à l’émotion. Le gène est déterminant de pas grand-chose, tandis que l’épigenèse, elle, est très déterminante, elle sculpte l’expression des gènes et du cerveau.

Si tout va mal autour d’un enfant, peinera-t-il forcément à se construire ?

Non, pas du tout. Un confrère a travaillé sur les enfants d’un village de Belgique durement ébranlé par la fermeture de la mine de charbon. Chômage, pauvreté, choc culturel. Pourtant, les enfants s’y développent harmonieusement. Pourquoi ? Parce que, alors que leurs parents travaillent au loin, ils sont entourés de substituts efficaces. Des enseignants, des moniteurs de foot, des voisines. Il faut tout un village pour élever un enfant. Nos sociétés ont oublié cette sagesse, d’ailleurs faites-en l’expérience, allez gronder le fils de votre voisine ! L’accent est trop porté sur la mère, certes importante, mais qui éduque, entourée d’un père, d’une famille, d’un quartier. On sous-estime grandement l’importance pour l’enfant de ses pairs. S’il vit harmonieusement dans sa classe, s’il y a des camarades, il s’attache et se développe. J’aimerais qu’on vivifie la culture du quartier, la pratique sportive en club, le scoutisme, tout ce qui favorise de multiples attachements.

À quel âge l’épigenèse s’arrête-t-elle ?

Jusqu’à 120 ans, l’épigenèse fonctionne. Même dans les maladies d’Alzheimer, on observe encore quelques bourgeonnements synaptiques, même raréfiés. Chez les enfants, l’épigenèse est puissante. À cet âge, cela synaptise à toute allure dans les lobes préfrontaux.

Alors pourquoi un enfant se suicide-t-il ?

Se suicide-t-il vraiment ? Veut-il vraiment se donner la mort ? Le suicide d’un enfant n’est pas un désir de mort, mais le désir de tuer cette manière de vivre qui le fait souffrir, tuer le conflit de ses parents, son isolement. Le suicide adolescent diffère, car intellectuellement il sait ce qu’est la mort. Ce n’est qu’entre 7 et 9 ans que l’enfant intériorise la conception de l’irrémédiabilité de la mort. Aujourd’hui, d’ailleurs, j’observe que les enfants ont accès de plus en plus tôt à cette notion. Une maturité intellectuelle précoce qui pose problème, car elle s’acquiert au prix de l’angoisse. Cessons de les forcer, de les surstimuler, surtout les filles.

Pourtant, les garçons se suicident plus ?

Les filles font dix fois plus de tentatives, mais les garçons aboutissent plus.

Garçon ou fille, observez-vous des différences ?

L’ontogenèse sexuelle commence au stade embryonnaire. La testostérone des embryons est un puissant déterminant biologique qui crée les organes des filles ou ceux des garçons. Puis la culture, qui commence dès la naissance, entoure différemment un bébé fille et un bébé garçon.

Les partisans de la théorie du genre considèrent qu’on éduque distinctement les filles des garçons pour perpétuer la domination masculine. Les croyez-vous ?

Je ne crois pas du tout à la suprématie des garçons, bien au contraire. Vers 17 mois, les filles disposent de cinquante mots, de règles de grammaire et d’un début de double réarticulation, par exemple être capable de dire « réembarquons », au lieu de « on va encore une fois dans cette barque ». Avec quatre phonèmes, les filles expriment un discours. Les garçons obtiennent cette performance six mois plus tard ! 75 % des garçons commettent de petites transgressions (chiper un biscuit, pincer un bras, etc.), contre 25 % des filles. Alors ces filles, plus dociles, parlant aisément, sont bien mieux entourées. Il est plus aisé d’élever une fille qu’un garçon. D’ailleurs, en consultation de pédopsychiatrie, il n’y a que des petits garçons, dont le développement est bien plus difficile. Certains scientifiques expliquent ce décalage par la biologie. La combinaison de chromosomes XX serait plus stable, parce qu’une altération sur un X pourra être compensée par l’autre X. La combinaison XY serait, elle, en difficulté évolutive. Ajoutons à cela le rôle majeur de la testostérone, l’hormone de la hardiesse et du mouvement, et non de l’agressivité, comme on le croit souvent. À l’école, les garçons ont envie de grimper aux murs, ils bougent, ils souffrent d’être immobilisés. Or notre société ne valorise plus la force et le courage physique, mais l’excellence des résultats scolaires. Elle valorise la docilité des filles.

Pourquoi n’avoir rien dit dans cette querelle autour de la théorie du genre ?

Je pense que le « genre » est une idéologie. Cette haine de la différence est celle des pervers, qui ne la supportent pas. Freud disait que le pervers est celui qu’indisposait l’absence de pénis chez sa mère. On y est.

Pourtant, ces théories font observer que les filles, meilleures à l’école, sont beaucoup moins nombreuses dans les études prestigieuses ?

C’est vrai, mais il n’est pas dit que cela dure. Aux États-Unis et au Canada, les filles ont envahi les grandes écoles. Et on est obligé d’aider les garçons à y parvenir. Notre système scolaire gagnerait à arrêter la culture du sprint. Prenons modèle sur l’Europe du Nord, qui a supprimé les notations jusqu’à l’âge de 12 ans, réduit drastiquement le nombre d’heures de cours, qui caracole en tête des classements, et dont le taux de suicide chez les enfants et les adolescents a diminué de 40 %.

Supprimer les notes ?

Un enfant qui grandit avec papa et maman qui s’aiment, sa petite chambre à lui, des devoirs surveillés, aura forcément de bonnes notes. Les notes ne sont pas un reflet de l’intelligence, mais le miroir de la stabilité affective.

Quand un enfant se donne ‘la mort »‘. Attachement et sociétés, de Boris Cyrulnik (Odile Jacob, 160 p., 21,90 euros).

Voir également:

L’expérience tragique du gourou de « la théorie du genre »

John Money, le père de la « théorie du genre », l’avait testée sur des jumeaux. Récit.

Le Point

31/01/2014

Qu’est-ce que le genre, ce drôle de mot pratiqué des seuls grammairiens ? Il est un complexe outil intellectuel à double face. D’un côté, une grille de lecture pertinente qui questionne les rôles que la société impose à chaque sexe, le plus souvent au détriment des femmes. De l’autre, il abrite une réflexion militante… D’après elle, l’identité sexuelle ne saurait se résumer à notre sexe de naissance ni se restreindre à notre rôle sexuel social. Chacun doit devenir libre de son identité, se choisir, se déterminer, expérimenter… Et basta, l’humanité est arbitrairement divisée en masculin ou féminin.

Les « études de genre », terme traduit de l’anglais gender studies, ne sont pas récentes. Explorées par la fameuse universitaire américaine Judith Butler dans les années 70, elles naissent sous la plume et le bistouri d’un sexologue et psychologue néo-zélandais, John Money. C’est lui qui, en 1955, définit le genre comme la conduite sexuelle qu’on choisira d’habiter, hors de notre réalité corporelle. Or le personnage est controversé. Spécialiste de l’hermaphrodisme à l’université américaine Johns Hopkins, il y étudie les enfants naissant intersexués et s’interroge sur le sexe auquel ils pourraient appartenir. Lequel doit primer ? Celui mal défini que la nature leur a donné ? Celui dans lequel les parents choisiront de les éduquer ? Il est rarement mis en avant par les disciples des études de genre de quel drame humain et de quelle supercherie scientifique le père du genre, John Money, se rendit responsable.

« Lavage de cerveau »

En 1966, le médecin est contacté par un couple effondré, les époux Reimer. Ils sont parents de jumeaux âgés de 8 mois, qu’ils ont voulu faire circoncire. Las, la circoncision de David par cautérisation électrique a échoué, son pénis est brûlé. Brian, son jumeau, n’a, lui, pas été circoncis. Que faire de ce petit David dont la verge est carbonisée ? Money voit dans cette fatale mésaventure l’occasion de démontrer in vivo que le sexe biologique est un leurre, un arbitraire dont l’éducation peut émanciper. Il convainc les parents d’élever David comme une fille, de ne jamais lui dire – ni à son frère – qu’il est né garçon. Le médecin administre à l’enfant, rebaptisé Brenda, un traitement hormonal et, quatorze mois plus tard, lui ôte les testicules. Ses parents la vêtent de robes, lui offrent des poupées, lui parlent au féminin.

A 6 ans, les jumeaux paraissent s’être conformés au rôle sexuel qu’on leur a attribué. Ce serait donc bien l’éducation et la société qui feraient le sexe… Brian est un garçon harmonieux, Brenda une gracieuse fillette. Money les examine une fois par an. Bien qu’ils aient 6 ans, il les interroge sur leurs goûts sexuels, leur demande de se toucher. « C’était comme un lavage de cerveau », confiera Brenda-David plus tard à John Colapinto, qui, en 1998, écrira l’histoire dans Rolling Stones puis dans un livre, « As Nature Made Him : The Boy Who Was Raised As A Girl ».

Combat féministe

Money est convaincu d’avoir prouvé que le sexe biologique s’efface pour peu qu’on lui inculque un autre « genre ». Il publie de nombreux articles consacrés au cas « John-Joan » (c’est ainsi qu’il nomme David-Brenda), puis, en 1972, un livre, « Man – Woman, Boy – Girl ». Il y affirme que seule l’éducation fait des humains des sujets masculins ou féminins. La « théorie du genre » est née.

Seulement, Brenda grandit douloureusement. A l’adolescence, elle sent sa voix devenir grave, confie être attirée par les filles, refuse la vaginoplastie que veut lui imposer Money. Brenda cesse d’avaler son traitement, se fait prescrire de la testostérone, divague, boit trop. Brenda se sent garçon engoncé dans un corps de fille. Effarés, les parents révèlent la vérité aux jumeaux. Brenda redevient David, il se marie à une femme. Mais les divagations identitaires ont ébranlé les garçons. En 2002, Brian se suicide. Le 5 mai 2004, David fait de même. De cette fin tragique Money ne fait point état. En 1997, Milton Diamond, professeur d’anatomie et de biologie reproductive à l’université de Hawaï, dénonce la falsification. Money réplique en évoquant une conspiration fomentée par des personnes « pour qui la masculinité et la féminité seraient d’origine génétique »… Est-ce si faux ?

Ce fait divers est étranger à la délicate, et bien réelle, question des personnes nées avec une identité sexuelle incertaine, dont le ressenti psychique ou physique demeure flou. Et, si cette histoire fut un drame, c’est bien parce qu’un enfant fut forcé à vivre selon une identité qui ne lui convenait pas et qu’à lui comme à son frère fut imposé un mensonge ravageur. Il importe de préciser que cette expérience ne saurait entacher les études de genre, qui d’ailleurs s’éloigneront de ces errements du champ médical pour se nourrir du combat féministe puis des travaux de l’anthropologie, interrogeant l’influence de la culture sur la nature, jusqu’à devenir un sujet transversal mêlant littérature, philosophie, sociologie…

Les doutes de la Norvège, pionnier du  » genre « 

La question des fondements scientifiques des études de genre se pose. En 2009, un journaliste norvégien, Harald Eia, y consacre un documentaire. Son point de départ : comment est-il possible qu’en Norvège, championne des politiques du  » genre « , les infirmières soient des femmes et les ingénieurs des hommes ? Il interroge quatre sommités : le professeur américain Richard Lippa, responsable d’un sondage mondial sur les choix de métiers selon les sexes (réponse : les femmes préfèrent les professions de contacts et de soins), le Norvégien Trond Diseth, qui explore les jouets vers lesquels des nourrissons tendent les mains (réponse : tout ce qui est doux et tactile pour les filles), puis Simon Baron-Cohen, professeur de psychopathologie du développement au Trinity College de Cambridge, et l’Anglaise Anne Campbell, psychologue de l’évolution. Ces spécialistes répondent que naître homme ou femme implique des différences importantes. Et que leur inspirent les  » études de genre »? Eclats de rire. L’évolution de l’espèce, le bain d’hormones dans lequel se fabrique notre cerveau font du masculin et du féminin des sexes distincts. Tout aussi intelligents, mais pas identiques. Il présente leurs réactions aux amis du « genre ». Qui les accusent d' » être des forcenés du biologisme « . Soit. Eia les prie alors d’exposer leurs preuves que le sexe ne serait qu’une construction culturelle… Silence. Après la diffusion de son film, en 2010, le Nordic Gender Institute fut privé de tout financement public

Voir encore:

Masculin-féminin : cinq idées reçues sur les études de genre

Lucie Soullier et Delphine Roucaute

Le Monde

25.05.2013

En protestant contre la loi autorisant le mariage aux personnes de même sexe, les membres de la « Manif pour tous » ont également ravivé la polémique sur le genre. « Le vrai but du mariage homosexuel est d’imposer la théorie du genre », affirment certains détracteurs du mariage pour tous. Qui affirment, dans la foulée, que la société serait menacée par ce qu’ils assurent être une idéologie niant la réalité biologique.

Ces inquiétudes avaient déjà agité les milieux catholiques en 2011, lorsque le ministère de l’éducation avait annoncé l’introduction du concept de genre dans certains manuels scolaires. A l’époque, la polémique avait mobilisé militants conservateurs et députés. Parmi eux, 80 députés UMP avaient purement et simplement réclamé le retrait, dans les manuels de sciences de la vie et de la terre (SVT) des classes de première, de la référence à une identité sexuelle qui ne serait pas uniquement déterminée par la biologie mais également par des constructions socio-culturelles. De son côté, l’Eglise catholique avait réagi avec le texte Gender, la controverse, publié par le Conseil pontifical pour la famille.

Loin d’être une idéologie unifiée, le genre est avant tout un outil conceptuel utilisé par des chercheurs qui travaillent sur les rapports entre hommes et femmes.

Le genre est-il une théorie ?

Pour parler du genre, ses détracteurs utilisent l’expression « théorie du genre » plutôt qu' »étude », un changement de terme qui a pour objectif de semer le doute sur son aspect scientifique. Mgr Tony Anatrella, dans la préface de Gender, la controverse, explique ainsi que la théorie du genre est un « agencement conceptuel qui n’a rien à voir avec la science ».

Les chercheurs refusent donc l’utilisation du terme « théorie du genre », préférant parler d' »études sur le genre », puisqu’il s’agit d’un vaste champ interdisciplinaire regroupant tous les pans des sciences humaines et sociales (histoire, sociologie, géographie, anthropologie, économie, sciences politiques…). Leurs travaux analysent donc des objets de recherche traditionnels tels que le travail ou les migrations, en partant d’un postulat nouveau : le sexe biologique ne suffit pas à faire un homme ou une femme, les normes sociales y participent grandement.

Le genre est-il une idéologie ?

« Le genre est un concept. Ce n’est ni une théorie ni une idéologie, mais un outil qui aide à penser », insiste le sociologue Eric Fassin, spécialiste de ces questions. A l’intérieur même des études de genre, plusieurs écoles existent, comme dans tous les domaines des sciences sociales. Par exemple, les travaux de la sociologue du travail Margaret Maruani analysent l’histoire de l’accès des femmes au travail tandis que le psychiatre Richard Rechtman utilise la notion de genre pour interroger la manière dont un individu construit son d’identité.

Les chercheurs sur le genre sont-ils militants ?

S’il est vrai que le développement des études de genre est lié au mouvement féministe des années 1970, le concept de gender (« genre ») n’est pas créé par les féministes. Il apparaît dans les années 1950 aux Etats-Unis dans les milieux psychiatriques et médicaux. Le psychologue médical américain John Money parle ainsi pour la première fois des « gender roles » en 1955 afin d’appréhender le cas des personnes dont le sexe chromosomique ne correspond au sexe anatomique.

En 1968, le psychiatre et psychanalyste Robert Stoller utilise quant à lui la notion de « gender identity » pour étudier les transsexuels, qui ne se reconnaissent pas dans leur identité sexuelle de naissance.

C’est dans les années 1970 que le mouvement féministe se réapproprie les questions de genre pour interroger la domination masculine. Les « gender studies » (« études de genre ») se développent alors dans les milieux féministes et universitaires américains, s’inspirant notamment de penseurs français comme Simone de Beauvoir – et son célèbre « On ne naît pas femme, on le devient » –, Michel Foucault ou Pierre Bourdieu.

En France, la sociologue Christine Delphy est l’une des premières introduire le concept en France, sous l’angle d’un « système de genre », où la femme serait la catégorie exploitée et l’homme la catégorie exploitante. Mais la greffe ne s’opère réellement que dans les années 1990, lorsque le débat sur la parité s’installe au niveau européen. La promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes devient l’une des tâches essentielles de la Communauté européenne avec l’entrée en vigueur du traité d’Amsterdam en 1999, notamment dans son article 2.

Les études de genre nient-elles la différence entre les sexes ?

Le concept de genre s’est développé comme une réflexion autour de la notion de sexe et du rapport homme/femme. Loin de nier la différence entre le sexe féminin et le sexe masculin, le genre est utilisé par les chercheurs comme un outil permettant de penser le sexe biologique (homme ou femme) indépendamment de l’identité sexuelle (masculin ou féminin). Il ne s’agit donc pas de dire que l’homme et la femme sont identiques, mais d’interroger la manière dont chacun et chacune peut construire son identité sexuelle, aussi bien à travers son éducation que son orientation sexuelle (hétérosexuelle, homosexuelle, etc.).

En dissociant intellectuellement le culturel et le biologique, le concept de genre interroge les clichés liés au sexe. Par exemple, l’idée selon laquelle les femmes sont plus naturellement enclines à s’atteler aux tâches domestiques que les hommes est de l’ordre de la construction sociale et historique, et non pas liée au fait que la femme dispose d’un vagin et d’ovaires.

Pour les détracteurs du genre, la construction d’une personne en tant qu’individu se fait dans l’assujettissement à des normes dites « naturelles » et « immuables » : d’un côté les femmes, de l’autre les hommes. Mais certains travaux de biologiste, tels ceux de l’Américaine Anne Fausto-Sterling, montrent que l’opposition entre nature et culture est vaine, les deux étant inextricables et participant d’un même mouvement. Il ne suffit pas de dire que quelque chose est biologique pour dire que c’est immuable. C’est l’exemple du cerveau humain : il évolue avec le temps, et de génération en génération.

Les études de genre confondent-elles le genre et l’identité sexuelle ?

Quand le ministère de l’éducation a annoncé sa volonté d’introduire le concept de genre dans les manuels scolaires des classes de première, la sphère catholique et conservatrice s’est insurgée contre une « théorie » quelle accusait de nier l’individu au profit de sa sexualité. Dans une lettre envoyée au ministre de l’éducation, Luc Chatel, en août 2011 et signée par 80 députés UMP, on peut lire que, « selon cette théorie [du genre], les personnes ne sont plus définies comme hommes et femmes mais comme pratiquants de certaines formes de sexualité ».

Un mot d’ordre relayé par Gérard Leclerc dans un éditorial de France catholique datant de mai 2011, dans lequel il pointe la menace de ce qu’il qualifie d' »arme à déconstruire l’identité sexuelle ». C’est d’ailleurs cet argument qui nourrit l’idée – répandue par la plupart des sites régionaux de La Manif pour tous – selon laquelle « le vrai but du mariage homosexuel est d’imposer la théorie du genre ».

Mais les études sur le genre, et a fortiori le texte proposé pour les manuels de SVT par le ministère, insistent au contraire sur la différence entre identité sexuelle et orientation sexuelle. Il s’agit d’étudier comment s’articulent ces deux mouvements entre eux, et non de substituer l’un à l’autre. Par exemple, les personnes transsexuelles interrogent leur genre, et non pas leur sexualité. On peut changer de genre sans changer de préférence sexuelle.

Dans une réponse au député UMP Jean-Claude Mignon qui, dans une question à l’Assemblée, demandait que les nouveaux manuels de SVT soient retirés de la vente, le ministre de l’éducation Luc Chatel souligne bien que « la ‘théorie du genre’ n’apparaît pas dans le texte des programmes de SVT ». « La thématique ‘féminin/masculin’, en particulier le chapitre ‘devenir homme ou femme’, permet à chaque élève d’aborder la différence entre identité sexuelle et orientation sexuelle, à partir d’études de phénomènes biologiques incontestables, comme les étapes de la différenciation des organes sexuels depuis la conception jusqu’à la puberté », ajoute le ministère.

Voir encore:

« Théorie du genre », « études sur le genre » : quelle différence ?

Propos recueillis par Mattea Battaglia

Le Monde

22.04.2013

Bruno Perreau est professeur au MIT et chercheur associé aux universités de Cambridge et Harvard. Il est l’auteur de Penser l’adoption (PUF, 2012).

La droite catholique dit redouter la propagation de la « théorie du genre » en France. Un groupe de députés UMP réclame d’ailleurs, depuis décembre, la création d’une « commission d’enquête » pour en estimer la diffusion. Mais qu’entendent-ils exactement par « théorie du genre » ?

La « théorie du genre » n’existe que dans la tête des opposants à l’égalité des droits. Cette croyance repose sur le fantasme selon lequel le sexe et la sexualité pourraient être déterminés par un simple discours. Parlez d’homosexualité et vous deviendrez homosexuel. Evoquez les multiples façons dont les rôles masculins et féminins ont été pensés au cours de l’histoire, et vous risquez de susciter toutes sortes de déviance de genre ! Dans la réalité, l’identité est un processus beaucoup plus complexe. Et c’est précisément cette complexité que des chercheuses et des chercheurs interrogent en endocrinologie, en histoire, en droit, en sociologie, etc. Ils nous invitent à réfléchir à la façon dont nous nous pensons, individuellement et collectivement. C’est un travail critique très enrichissant pour une société. Mais, ce travail demande aussi du courage et de la générosité, car il faut admettre de se défaire de ses certitudes et de questionner son propre parcours à la lumière du parcours des autres.

Les adversaires de la « théorie du genre » préfèrent imaginer des ennemis, dont le projet serait d’abolir – mais par quels moyens ? – toutes les distinctions sociales – voire anatomiques – entre hommes et femmes. Ils confondent à dessein égalité et identité, différence et hiérarchie. Et pour mieux convaincre, ils adossent leur raisonnement à un discours nationaliste, la  » théorie du genre  » venant nécessairement des Etats-Unis.

Ces « études sur le genre », que vous distinguez de la « théorie du genre », se développent-elles en France ?

Il existe effectivement en France un faisceau de chercheuses et de chercheurs qui, dans de nombreuses universités, incorporent le genre dans leurs travaux, voire en font l’objet principal de leurs recherches. Il ne s’agit pas d’un phénomène nouveau : déjà dans les années 1970, même si le terme genre n’était pas lui-même utilisé, des universitaires comme Colette Guillaumin, Nicole-Claude Matthieu, René Schérer ou bien sûr Michel Foucault conduisaient cette réflexion critique au sein du CNRS, à l’EHESS et à l’université Paris-8, pour ne donner que quelques exemples. Parallèlement les mouvements sociaux ont contribué à inscrire à l’agenda politique des questions comme l’égalité hommes-femmes ou la reconnaissance des minorités sexuelles. De nouvelles pratiques sociales, familiales notamment, ont également émergé. Via les nouveaux médias, les jeunes générations sont exposées – mais aussi produisent – un ensemble d’informations et de références culturelles où sexe et sexualité jouent un rôle crucial. Il est donc essentiel de penser ces phénomènes.

Vous dites qu’il y a un réel besoin d’aborder ces questions parmi les plus jeunes…

Ce sont les étudiants eux-mêmes qui souhaitent mieux comprendre ces questions et demandent des cours sur le sujet. Grâce à l’engagement de quelques centaines d’universitaires – qui ont souvent, ce faisant, mis en « danger » leur propre carrière – des programmes sont apparus pour répondre aux besoins des étudiants, parmi lesquels le Master Genre de l’EHESS, le programme PRESAGE à Sciences Po, Paris-7, Paris-8, Toulouse Le Mirail, des formations au sein du nouveau campus Condorcet, etc. Ces programmes questionnent l' »orthodoxie » disciplinaire de l’université française. Mais, beaucoup reste à faire : l « immense majorité des étudiants en France ne seront jamais exposés à ces savoirs critiques, pourtant essentiels pour appréhender la complexité d’un monde qu’ils vont bientôt marquer de leur empreinte.

Voir de même:

Les gender studies pour les nul(-le)s

Sandrine Teixido, Héloïse Lhérété et Martine Fournier

Sciences Humaines

 30/01/2014

Faut-il enseigner les études de genre (rebaptisées « théorie du genre » par leurs adversaires) à l’école ? La polémique suscitée par cette question révèle le rapport ambivalent que la France entretient à l’égard des gender studies, champ d’étude né aux Etats-Unis, toujours soupçonné de s’inscrire dans une démarche militante, féministe, homo et transsexuelle. En réalité, les études de genre constituent un domaine de recherche pluridisciplinaire dont on peut retracer la genèse, les développements, les références et les enjeux. Dont acte.

Le concept de « gender » est né aux Etats-Unis dans les années 1970 d’une réflexion autour du sexe et des rapports hommes / femmes. Le mouvement féministe, qui a pris de l’ampleur après la révolution sexuelle, cherche à faire entendre sa voix au sein des institutions de recherche. Il s’agit de faire reconnaître un engagement qui se veut de plus en plus une réflexion renouvelée sur le monde.

C’est un psychologue, Robert Stoller (1), qui popularise en 1968 une notion déjà utilisée par ses confrères américains depuis le début des années 1950 pour comprendre la séparation chez certains patients entre corps et identité. De là l’idée qu’il n’existe pas une réelle correspondance entre le genre (masculin/féminin) et le sexe (homme/femme). Dès 1972, en s’appuyant sur l’articulation entre la nature et la culture développée par l’anthropologue français Claude Lévi-Strauss, la sociologue britannique Anne Oakley (2) renvoie le sexe au biologique et le genre au culturel.

Les universitaires américaines récusent le rapprochement souvent effectué entre les femmes et la nature (principalement à cause de leurs facultés reproductives) alors que les hommes seraient du côté de la culture. Un retentissant article publié en 1974 par l’anthropologue Sherry Ortner (3) en rend les termes particulièrement explicites : « Femme est-il à homme ce que nature est à culture ? » En anthropologie, c’est à Margaret Mead que revient une première réflexion sur les rôles sexuels dans les années 1930 (4). L’étude des rôles assignés aux individus selon les sexes et des caractères proprement féminins et masculins permet de dégager l’apprentissage de ce qui a été donné par la nature.

Objet et genèse d’un champ de recherche

Une fois le genre distingué du sexe, les chercheurs se concentrent sur les rapports homme/femme. L’historienne américaine Joan W. Scott (5) incite à voir plus loin qu’une simple opposition entre les sexes. Celle-ci doit être considérée comme « problématique » et constituer, en tant que telle, un objet de recherche. Si le masculin et le féminin s’opposent de manière problématique, c’est parce que se jouent entre eux des rapports de pouvoir où l’un domine l’autre.

Mais si le genre est d’emblée pensé comme une construction sociale, il n’en est pas de même du sexe, vu comme une donnée naturelle ou plus probablement « impensée ». C’est l’historien Thomas Laqueur qui démontrera le caractère construit historiquement du sexe et de son articulation avec le genre. Dans La Fabrique du sexe (1992), il met en évidence la coexistence (voire la prédominance du premier sur le second) de deux systèmes biologiques. Ainsi, pendant longtemps, le corps était vu comme unisexe et le sexe féminin était un « moindre mâle » tandis que nous serions passés au XIXe siècle à un système fondé sur la différence biologique des sexes.

Une fois le sexe devenu tout aussi culturel que le genre, la sexualité devient aux yeux des chercheurs l’objet d’une nouvelle réflexion. L’influence du philosophe français Michel Foucault (particulièrement dans la décennie 1980 durant laquelle ses œuvres ont été traduites aux Etats-Unis) est ici primordiale. Le genre est ainsi articulé au pouvoir et à sa « mise en discours » puis relié à l’analyse de la sexualité et de ses normes.

La fin des années 1980 voit un début d’institutionnalisation. Emprunté au vocabulaire psychologique et médical par la sociologie, le terme gagne d’autres disciplines comme l’histoire. Avant que le genre ne devienne un outil d’analyse, l’histoire des femmes s’attachait à faire affleurer des récits jusque-là invisibles, quitte à présenter les femmes de manière essentialiste, c’est-à-dire avec des caractéristiques propres et immuables telles que des qualités émotionnelles par exemple. L’analyse du genre ramène les spécificités prétendument féminines à la lumière d’un moment et d’une société donnés. Ainsi, les études de genre permettront de reconnaître le caractère construit socialement des données historiques sur les femmes ainsi que celles sur les hommes. Si le genre rend visible le sexe féminin, il implique que l’homme ne soit plus neutre et général mais un individu sexué. A partir de ce constat a pu se développer une histoire des hommes et des masculinités, principalement autour de la revue américaine Men and Masculinities dirigée par Michael Kimmel.

Les questions autour du genre, de par leur nette déviation dès le milieu des années 1980 vers la sexualité, ont contribué à diviser les féministes en deux clans. Les plus radicales se sont attachées à montrer le caractère oppressif de la hiérarchie des sexes en termes de sexualité avec un avantage systématique attribué à l’homme, considéré dans sa globalité comme un mâle dominant.

L’élargissement aux minorités sexuelles

D’autres, comme les Américaines Gayle Rubin et Judith Butler, montrent que le rapport entre les sexes n’implique pas seulement une hiérarchie entre les genres mais également une injonction normative. En 1984, G. Rubin (6) élargit la réflexion théorique aux sexualités qui échappent à la norme comme le sadomasochisme ou la pornographie. J. Butler (7), en 1990, tente de poser un regard transversal qui inclut autant les femmes, les gays et les lesbiennes que d’autres minorités qui ne se réduisent à aucune des deux premières catégories. Pour J. Butler, si le sexe est tout autant culturel que le genre, ce dernier s’entend comme un discours performatif sur lequel on pourrait agir et ainsi apporter des modifications aux habitus imposés par la société.

Cette grille d’analyse élargit la recherche aux minorités telles que les homosexuels, les lesbiennes ou les transgenres. Les études de genre peuvent exister à part entière puisque l’oppression ne concerne plus seulement les femmes, la domination n’émanant pas uniquement des hommes mais du système hétérosexuel. Les études gay et lesbiennes, et plus tard la théorie , insisteront sur une analyse de la norme imposée au genre ou non. Ainsi, le cas des lesbiennes peut être analysé sous l’angle du genre, en tant que femmes, comme au regard de la norme, en tant que déviantes. Le mouvement queer se joue de la multiplicité des identités sexuelles établies selon les nécessités et les contingences.

De même, le travail de l’historien américain George Chauncey (8) sur la culture gay new-yorkaise pendant l’entre-deux-guerres croise les paramètres du genre et de la sexualité de manière fructueuse. Il montre comment on est passé d’un système du genre où la relation homosexuelle reposait sur les identités homme/femme (seul celui des deux hommes qui présentait un comportement féminin était stigmatisé) à un système où l’homosexualité est jugée à l’aune de l’hétérosexualité. Dans le second cas (correspondant à la période actuelle), tout homosexuel est stigmatisé en regard de sa sexualité. L’historien a aussi mis au jour une coexistence des deux systèmes dans le New York contemporain où certaines communautés latinos continueraient de fonctionner selon un binarisme de genre.

La greffe française

Le concept de genre a eu des difficultés à s’implanter en France, principalement à cause d’une méfiance envers le féminisme américain jugé par trop communautariste et radical. Durant les années 1980, l’université française cherchait à se prémunir contre le politique. De par leur nécessaire passage par le militantisme, les études féministes s’éloignèrent donc du cadre de la recherche.

Les expressions « rapports de sexe » ou « rapports sociaux de sexe » ont longtemps été préférées à la notion de genre jugée trop floue. Ce vocabulaire est en adéquation avec l’approche féministe matérialiste influencée par l’école marxiste qui caractérise la première génération de chercheuses dans les années 1970, avec les sociologues Christine Delphy, Nicole-Claude Mathieu et Colette Guillaumin.

Elles rejoignent le travail de dénaturalisation initié par les universitaires américaines, principalement à travers la remise en cause du travail domestique comme activité naturelle de la femme.

C. Delphy centre sa réflexion sur l’oppression comme construction sociale. Elle s’oppose à une vision différencialiste et identitaire qui voit les femmes comme un groupe homogène avec des caractéristiques spécifiquement féminines. Elle inverse la problématique initiale : la masculinité et la féminité ne peuvent expliquer la hiérarchie et la domination, non moins que le sexe n’expliquerait le genre.

Les groupes d’hommes et de femmes n’ont été constitués que parce que l’institution sociale de la hiérarchie (et par là s’entend l’organisation sociale) est un principe premier, de même que c’est le genre qui donne sens à la caractéristique physique du sexe (qui ne recélerait en soi aucun sens).

Le concept de genre a réellement commencé à se diffuser en France au milieu des années 1990, lorsque la Communauté européenne s’est penchée sur les questions de genre et de parité dans la recherche d’une égalité effective. A partir de 1993, les débats sur la parité incitent les travaux sur le genre à prendre en compte le champ politique. Dès les années 1970, les travaux de Janine Mossuz-Lavau (9) sur la visibilité des femmes en rapport au vote, aux élections et à l’éligibilité ont permis un premier rapprochement entre les études de genre et le champ politique.

La sociologie du travail achèvera de convaincre de la nécessité de prendre en compte le sexe de manière systématique. Dans ce cadre, on assiste, durant les années 1990, à la création de modules de recherche spécifiques comme le Mage (Marché du travail et genre) autour de la sociologue Margaret Maruani qui, après s’être intéressée à la division sexuelle du travail, analyse aujourd’hui la division sexuelle du marché du travail.

Que ce soit en histoire, en anthropologie ou aujourd’hui dans la plupart des sciences sociales, en France, le genre est l’objet d’un intérêt grandissant au sein de l’université alors qu’aux Etats-Unis, le concept utilisé à outrance semble avoir perdu sa force de provocation et sa valeur heuristique, c’est-à-dire qu’il ne permet plus de découvrir de nouvelles pistes de recherche ou de poser un regard neuf sur des thèmes classiques. Les jeunes chercheurs français qui s’intéressent à cette thématique sont d’autant plus enthousiastes qu’ils se trouvent dégagés du militantisme qui entravait la reconnaissance de leurs prédécesseurs. En ce sens, leur principal enjeu revient à donner au genre un statut théorique dénué d’idéologie au sein des sciences humaines.

REFERENCES

Ce texte est une version actualisée de l’article « Les gender studies » publié dans Sciences Humaines, n° 157, février 2005.

Qu’est-ce que la « théorie du genre » ?

29 Janvier 2014

 Grégoire Lecalot, Alice Serrano

DECRYTAGE | Le ministre de l’Education nationale est monté au créneau mardi pour rassurer des parents au sujet d’une rumeur insinuant que la « théorie du genre » est enseignée à l’école. Pour ceux qui l’ont lancée, on cherche à gommer les différences sexuelles entre hommes et femmes. Depuis quelques années, cette idée se répand en France, et le mariage homosexuel, adopté l’an dernier, lui a donné un coup d’accélérateur. Elle relève pourtant du fantasme. Mais un fantasme bien utile, politiquement, pour certains.

La « théorie du genre » n’existe pas. En elle-même, l’idée tient déjà d’une rumeur, d’une mauvaise compréhension. Elle puise ses racines dans un domaine d’études universitaires qui est né aux Etats-Unis et y a connu un certain succès jusqu’aux années 70 : les « gender studies », littéralement, études sur le genre.

Les chercheurs ont voulu comprendre pourquoi et comment naissent les inégalités sociales entre hommes et femmes. Ils en ont décortiqué les mécanismes dans les champs politiques, sociaux, artistiques, historiques, philosophiques etc. Ces études ont donné lieu à des controverses passionnées entre chercheurs, mais elles n’ont jamais débouché sur aucune théorie politique. Il s’agit d’un domaine d’études universitaires.

Des féministes au Vatican

Toutefois, le féminisme des années 60-70 a commencé à utiliser ces recherches pour contester la domination sociale masculine. Le schéma femmes à la maison-hommes au travail ne reposait sur rien d’autre que des constructions sociales.

Avec les mutations dans la structure de la vie familiale, comme la hausse continue du nombre de familles recomposées ou la progression du travail féminin, la crainte d’une disparition du schéma familial traditionnel a commencé à se diffuser sourdement. Des réformes comme le mariage homosexuel l’ont accéléré. Et la prétendue « théorie du genre », qui viserait à gommer les différences entre hommes et femmes, a donné un visage à ces craintes. C’est sur elle, mais sans la nommer, que le pape Benoît XVI fait tomber les foudres vaticanes.

Epouvantail politique

Dès lors, la « théorie du genre » devient un épouvantail politique pour lutter contre des réformes sociales. Dernier exemple en date, l’appel au boycott des classes un jour par mois, lancé par une ancienne militante de la cause « beur » des les années 80, aujourd’hui proche de l’extrême droite. Elle utilise la « théorie du genre » contre un programme scolaire visant à lutter dès le plus jeune âge contre les clichés garçons-filles, qui servent de fondations, à l’âge adulte, aux inégalités sociales hommes-femmes.

Voir également:

Papa bleu, maman rose

Le Monde

13.04.2013

Florence Dupont (Ancienne élève de l’Ecole normale supérieure, agrégée de lettres classiques, elle est professeur de latin à Paris-Diderot.)

Du bleu et du rose partout dans le ciel de Paris : les manifestants contre le projet de loi sur le mariage pour tous ont déferlé dans les rues de la capitale en agitant des milliers de fanions, de drapeaux et de banderoles à ces deux couleurs. Ils en ont saturé les écrans télé. Rose et bleu, la « manif » est la croisade des enfants.

Bleu ou rose : les deux couleurs qui marquent les bébés à l’instant de leur naissance assignent à chacun, définitivement, sa résidence sexuelle. La médecine, l’état civil et ses premiers vêtements enferment l’enfant à peine né dans l’alternative du genre. « Tu seras un papa bleu, mon fils. » « Tu seras une maman rose, ma fille. »

D’un coup d’oeil, le médecin ou la sage-femme a repéré les organes génitaux qui vont officiellement déterminer l’un ou l’autre sexe du bébé – tant pis s’il y a un doute… Il faut choisir tout de suite. L’acte de naissance devra dans les trois jours dire si c’est une fille ou garçon.

L’éducation commence immédiatement, pas de pipi-caca incontrôlé. Le bébé bien propre dans sa couche est asexué. La puéricultrice lui met un ruban rose ou bleu au poignet. Chacun va s’évertuer à lui inculquer son genre. Caroline doit savoir tout de suite qu’elle est une adorable petite créature dans sa layette rose, et Thibaut en bleu ciel entendre qu’il est un petit mec « qui sait déjà ce qu’il veut ». Chacun doit s’extasier, à un premier sourire séducteur, « c’est bien une fille », à la première colère, « c’est bien un garçon ».

Quelques parents rebelles habillent de jaune ou de vert pomme leur nouveau-né sous l’oeil courroucé du personnel des maternités. Si en plus l’enfant s’appelle Claude ou Dominique, ces parents-là ne leur facilitent pas le travail. Comment s’y retrouver ? Car il faut s’y retrouver ! Bleu et rose sont les couleurs d’un marquage permettant de commencer dès la naissance la reproduction sociale du genre.

Cette stratégie de communication, qui emprunte sa symbolique aux couleurs des layettes, a été évidemment voulue par les adversaires de la loi Taubira. Ils ont fait de leur mieux pour brouiller leur image de droite. Sur le modèle du « mariage pour tous », ils ont inventé la « manif pour tous », pour faire oublier qu’ils manifestent contre l’égalité. En parlant de « manif », ils empruntent au peuple de gauche son vocabulaire. La manif ! On s’encanaille pour la bonne cause. Mais ont-ils assez réfléchi à la mythologie des couleurs choisies pour leur campagne ?

Le « bleu et rose » est une innovation dans les couleurs de la rhétorique militante. On connaissait le bleu « Marine », le vert des écolos, le rouge de la gauche… Le bleu et rose est plus qu’un signe de ralliement original. C’est un slogan. Le drapeau français brandi dans la manif n’est plus bleu, blanc, rouge, mais bleu ciel, blanc et rose.

En 1998, les Français avaient célébré la victoire d’une équipe « black, blanc, beur » lors de la Coupe du monde de football. Le peuple de la diversité renommait ainsi les trois couleurs du drapeau français. Le jeu verbal sur les trois « b » réunissait trois langages, le « black » américain faisait écho aux mouvements noirs pour les droits civiques, le « beur » repris au verlan des quartiers avait la même sonorité émancipatrice, le « blanc » était l’élément neutre de cette série, désignant avec humour les autres. Ce n’étaient pas trois communautés, mais trois façons d’être français qui avaient gagné ensemble.

De la même façon, la victoire de l’Afrique du Sud dans la Coupe du monde de rugby 1995 avait marqué la naissance de la « nation arc-en-ciel ». L’arc-en-ciel est plus que la réunion de toutes les couleurs, il symbolise un continuum, le spectre de la lumière blanche décomposée, il offre une diversité potentiellement infinie de nuances. C’est pourquoi le drapeau arc-en-ciel est aussi celui de l’association Lesbiennes, gays, bi et trans (LGBT). Chacun est différent et l’union des différences fait une société apaisée et fusionnelle.

Bleu, blanc, rose, le drapeau national, infantilisé, est au contraire l’emblème d’un peuple de « Blancs » que ne distingue entre eux que le genre attribué à la naissance. Un genre qui garde l’innocence de l’enfance – Freud ? connais pas – et sa pureté sexuelle.

Le logo dessiné sur ces fanions rose et bleu répète à l’infini l’image de la famille « naturelle ». Quatre silhouettes blanches – un père, une mère et un fils, une fille – sont accrochées l’une à l’autre comme dans les guirlandes de papier découpé que les enfants font à la petite école. Le papier est plié en accordéon ; le modèle est dessiné sur le premier pli, on découpe, et en dépliant, on obtient une ribambelle de figures toutes semblables qui se tiennent par la main et forment une farandole. Chaque logo est ainsi un morceau de la guirlande. Toutes les familles sont identiques. Ce sont des clones.

Que nous dit cette famille exemplaire ? Au centre, un homme et une femme se donnent la main, chacun d’eux tenant de l’autre main un enfant du même sexe qu’eux, un garçon ou une fille. Les adultes sont grands, les enfants sont leurs doubles en petit. Ils sont identifiables par les signes extérieurs de leur genre, distribués en marqueurs binaires. L’homme a, comme le jeune garçon, les cheveux courts et des pantalons. La femme a les cheveux mi-longs, la petite fille a des couettes ; toutes les deux ont une jupe qui entrave leur marche, au point que la fillette a les deux jambes soudées.

Les deux enfants tendent leur bras libre pour entraîner leurs parents « à la manif ». Le petit garçon tire son père avec force. La petite fille ne fait qu’esquisser le geste de son frère. L’homme est légèrement plus grand que la femme, il se tient fermement sur ses deux pieds, c’est lui qui conduit sa femme qu’il tient de sa main droite. Elle est légèrement en arrière.

Ce logo, qui mime la naïveté d’un dessin d’enfant, est clairement sexiste : le père protecteur et fort, le fils volontaire et décidé, la mère qui suit, et la petite fille timide. Le dispositif proclame l’homosocialité de la reproduction. La petite fille a sa mère pour modèle, le petit garçon, son père.

Les organisateurs ont enjoint à leurs troupes de n’utiliser que le matériel de campagne, créé et fourni par eux. Ils veulent garder la maîtrise de la communication. On comprend pourquoi en voyant quelques initiatives locales qui ont échappé à leur contrôle politique et révèlent les non-dits du logo.

L’affiche d’un collectif de Bordeaux, publié sur Internet, reprend les quatre figures, mais sans la fiction puérile du papier découpé. Le cadre énonciatif a changé, ce sont les adultes qui s’expriment dans l’image. L’homme, beaucoup plus grand que sa femme, se tourne vers elle pour l’entourer d’un bras protecteur. Celle-ci a les cheveux très longs et une minijupe. Maman est sexy. La fillette, carrément derrière, a au contraire une longue robe. Les enfants n’entraînent plus les parents à la manif, ce sont eux qui les y mènent. Garçon et fille se tournent vers eux apeurés. Et le père est si grand qu’il arrache presque le bras de son fils.

A part ces quelques dérapages, blanches sur fond bleu ou rose, roses sur fond blanc, les mêmes quatre silhouettes soudées de la famille exemplaire sont reproduites par milliers, exactement semblables : un cauchemar identitaire.

Hommes, femmes : le principe d’identification du genre est emprunté aux pictogrammes des toilettes publiques. Chacun derrière sa porte. Chacun son destin. Chacun sa façon de faire pipi, debout ou assis. Ces manifestants, qui revendiquent « du sexe, pas du genre ! », utilisent des symboles et des logos qui disent au contraire : « Ne troublez pas le genre », « Rallions-nous aux pictogrammes des toilettes, ils sont naturels ». Pour ces prisonniers de leur anatomie puérile, traduite en contraintes sociales du genre, quelle sexualité « naturelle » ? Leur innocence bleu et rose n’autorise que le coït matrimonial pour faire des filles et des fils qui seront les clones de leurs parents et ajouteront un module à la farandole.

Aucune place n’est faite aux enfants différents ! Aucune place pour les pères à cheveux longs, les femmes et les filles en pantalon, les mères voilées, les pères en boubou ! Aucune place pour les familles différentes aux parentés multiples – monoparentales, recomposées, adoptives – ! Aucune place pour les familles arc-en-ciel.

La famille nucléaire dessinée sur le logo et présentée comme naturelle n’est que le mariage catholique bourgeois du XIXe, adopté au XXe siècle par les classes moyennes et désormais obsolète. C’est une famille étouffante et répressive, la famille où ont souffert Brasse-Bouillon et Poil de carotte, famille haïssable de Gide, noeud de vipères de Mauriac.

Sur les logos bleu et rose des adversaires du mariage pour tous, la famille est filtrée par le regard des enfants, les adultes n’existent que pour être leur papa et leur maman naturels. Papa bleu et maman rose ne sont pas un couple hétérosexuel, mais une paire de reproducteurs « blancs ».

Florence Dupont (Ancienne élève de l’Ecole normale supérieure, agrégée de lettres classiques, elle est professeur de latin à Paris-Diderot.)

Voir enfin:

Les Lobbies en action

Vigie des familles
25 novembre 2013

Le concept de genre se diffuse à partir de trois leviers : égalité, stéréotype, homophobie.
En changeant le sens des mots, les programmes d’action du gouvernement, qui entendent lutter pour l’égalité, contre les stéréotypes et contre l’homophobie, mettent en place une nouvelle vision de la société pour « réformer notre civilisation ». Ce phénomène n’est pas réservé à la France. Il est mondial et sa promotion se fait aussi par les instances internationales (ONU, Conseil de L’Europe, Parlement européen…).
Le but poursuivi est de détruire, sous les oripeaux d’une notion d’égalité dévoyée, le modèle de référence basé sur l’altérité homme-femme et sur la différenciation sexuelle. Corps et culture sont découplés, dissociés dans une schizophrénie intellectuelle : toute différence est niée, le corps refusé. Dérive marxiste dont le but est de faire voler en éclat la famille, taxée de « traditionnelle », et de la remplacer par l’Etat-Mère égalitariste qui s’occupe de tout, nivelle tout…
Qui promeut cette idéologie ?

A l’ONU

Sommet mondial de Pékin sur la femme (1995)

C’est l’ONU qui a utilisé le concept de genre pour la première fois dans des textes officiels lors du Sommet mondial sur la Femme à Pékin en 1995. Depuis, le Conseil de l’Europe, le Parlement européen, l’UNESCO… ont suivi. Ainsi le mot genre a remplacé progressivement le mot sexe dans les textes officiels, les conventions, les résolutions et les directives européennes.

Au cœur de cette évolution, le Sommet Mondial de la Femme de 1995 avait suscité une espérance sans précédent sur l’engagement des femmes dans la société. On sait qu’elle a été aussi le lieu d’affrontements idéologiques et de diffusion d’un nouveau vocabulaire, signe d’une remise en cause de l’anthropologie humaine, par exemple les droits sexuels et génésiques.

A Pékin, le comité directeur de la conférence a proposé la définition suivante : « Le genre se réfère aux relations entre hommes et femmes basées sur des rôles socialement définis que l’on assigne à l’un ou l’autre sexe ».

CONSEIL DE L’EUROPE

 Résolution 1728 sur la discrimination sur la base de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre. Avril 2010.

En 2010, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe précisait que « l’identité de genre désigne l’expérience intime et personnelle de son genre telle que vécue par chacun. »

CNCDH (COMMISSION NATIONALE CONSULTATIVE DES DROITS DE L’HOMME)

la CNCDH estime nécessaire une refonte de la législation française concernant l’identité de genre, comme le préconisent les institutions internationales européennes. La CNCDH, qui ne se prononce pas ici sur le plan anthropologique mais au nom de la lutte contre toutes les formes de discrimination, demande la rectification des termes « identité sexuelle » présents dans la loi, jugeant qu’ils entraînent une confusion entre genre et détermination sexuelle et biologique. Elle propose de les remplacer par les termes d’ »identité de genre ».

 

EN FRANCE

  • Projet de loi pour l’égalité  entre les hommes et les femmes :

Réforme du congé parental

Le projet de loi engage la réforme du complément de libre choix d’activité (CLCA) pour favoriser le retour des femmes vers l’emploi et rééquilibrer la répartition des responsabilités parentales au sein du couple. Aujourd’hui, 96% des bénéficiaires du CLCA sont des femmes.

Seuls 18 000 pères y ont recours.

Objectif : 100 000 hommes en congé parental d’ici 2017. Comment ? Une période de six mois du complément de libre choix d’activité sera réservée au second parent, s’ajoutant aux droits existants pour les familles ayant un enfant. Les parents de 2 enfants continueront à bénéficier de 3 ans de congé à condition que le deuxième parent en utilise au moins 6 mois.

Cette réforme est indissociable de l’effort très important pour renforcer l’offre d’accueil de la petite enfance. Elle sera applicable pour les enfants nés ou adoptés à partir du 1er juillet 2014.

• Programme d’actions gouvernemental contre les violences et les discriminations commises à raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre. 31 octobre 2012.
• Etudes de genre

Site l’université Paris 8  ICI

Objectif : Le Master « Genre(s), pensées des différences, rapports de sexe » de Paris 8 est une formation pluridisciplinaire. Il vise à interroger la construction, la représentation et l’inscription des identités et des différences de sexe dans les sociétés, les cultures, les institutions, les discours et les textes. La question des rapports « de sexe » affecte toutes les pratiques sociales et traverse tous les champs de pensée. Le Master « Genre(s), pensées des différences, rapports de sexe » cherche donc à favoriser les démarches transversales et transdisciplinaires, à la mesure de son objet.

• Sciences-Po – Paris

Depuis septembre 2011 des cours obligatoires sont consacrés à l’enseignement du Gender, intitulé : Programme Présage.

À l’origine du projet, deux femmes économistes de l’OFCE, soutenues par Jean‐Paul Fitoussi, président de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) et par

Emmanuelle Latour de l’Observatoire de la parité créé en 1995. Celles‐ci déclarent qu’il faut en finir avec l’inégalité entre les hommes et les femmes dans l’entreprise. Pour les promoteurs de l’opération, le but est éminemment politique : « On veut faire progresser le combat contre les inégalités entre homme et femmes. »

En regardant d’un peu plus près, on comprend mieux l’intention. En particulier, grâce à l’évènement initiatique baptisée Queerqueek(La semaine queer) de Sciences Po, lancée du 3 au 6 mai 2010, comme une avant‐première des Gender studies. Car bien que les créatrices s’en défendent, il s’agit bien d’une étude centrée sur une réflexion identitaire.

Le programme de cette Semaine queer — « semaine du genre et des sexualités » — est explicite. L’individu postmoderne ne se reconnaît plus dans la société « hétérosexiste » : la différence des sexes est une dictature puisqu’elle est imposée par la nature. Pour être libre, l’individu doit pouvoir se choisir. Son droit le plus fondamental est « le droit d’être moi », de se choisir en permanence alors que la nature impose d’être un homme ou une femme.

• Queer week 2012
ICI

http://queerweek.com

  • • Prix de la Ville de Paris pour les Etudes de Genre

4 juillet 2012 ICI

  • • Congrès Institut du genre 3-5 septembre 2014

Les études de genre sont depuis plusieurs décennies en plein développement à l’échelle internationale. Créé en janvier 2012 à l’initiative de l’InSHS‐CNRS, l’Institut du Genreorganise son premier congrès international des « Études de genre en France » les 3, 4 et 5septembre 2014 à l’Ecole normale supérieure de Lyon.

  • • Petite enfance

 Rapport sur l’égalité entre les filles et des garçons dans les modes d’accueil de la petite enfance

Rapport de l’IGAS : ICI (Décembre 2012)

Le rapport souligne la nécessité de s’engager dans une éducation à l’égalité entre filles et garçons dès le plus jeune âge (0‐3 ans) par le biais d’une démarche partenariale nommée « PASS‐ÂGE ». Cette démarche repose sur cinq axes et quinze mesures parmi lesquelles la sensibilisation et la formation des personnels de crèches, la construction d’un pacte éducatif pour l’enfance, ou encore le développement de la mixité des professionnel‐les de la petite enfance. Le rapport propose également de mener une vaste politique de sensibilisation de la société et de responsabilisation des acteurs, notamment avec le monde du jouet, des vêtements, des livres et des médias. Comme le rappelle la ministre, nous avons besoin d’« un changement des mentalités, pour un changement de réalité. »

 • Une crèche gender en France

La crèche Bourdarias, visitée en septembre par Najat Vallaud-Belkacem et Dominique

Bertinotti, applique la méthode suédoise de non-différenciation des sexes. Le personnel encadrant de cette crèche veille spécifiquement à prodiguer une éducation neutre. Un mode de fonctionnement inspiré de la Suède. Plus de petits garçons ou de petites filles, mais rien que des «amis».

  • • Education Nationale

Lettre du ministre aux Recteurs d’Académies

Madame la Rectrice, Monsieur le Recteur,

Le gouvernement s’est engagé à « s’appuyer sur la jeunesse pour changer les mentalités », notamment par le biais d’une éducation au respect de la diversité des orientations sexuelles. L’engagement de notre ministère dans l’éducation à l’égalité et au respect de la personne est essentiel et prend aujourd’hui un relief particulier. Il vous appartient en effet de veiller à ce que les débats qui traversent la société française ne se traduisent pas, dans les écoles et les établissements, par des phénomènes de rejet et de stigmatisation homophobes.

….

La lutte contre l’homophobie en milieu scolaire, public comme privé, doit compter au rang de vos priorités. J’attire à ce titre votre attention sur la mise en œuvre du programme d’actions gouvernemental contre les violences et les discriminations commises à raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre. Je souhaite ainsi que vous accompagniez et favorisiez les interventions en milieu scolaire des associations qui luttent contre les préjugés homophobes, dès lors que la qualité et la valeur ajoutée pédagogique de leur action peuvent être établies. Je vous invite également à relayer avec la plus grande énergie, au début de l’année, la campagne de communication relative à la « ligne azur », ligne d’écoute pour les jeunes en questionnement à l’égard de leur orientation ou leur identité sexuelles.

Dans l’attente des conclusions du groupe de travail sur l’éducation à la sexualité, vous serez attentif à la mise en œuvre de la circulaire du 17 février 2003 qui prévoit cette éducation dans tous les milieux scolaires et ce, dès le plus jeune âge.

La délégation ministérielle de prévention et de lutte contre la violence dirigée par Eric Debarbieux, permettra de mieux connaître la violence spécifique que constitue l’homophobie. Enfin, vous le savez, j’ai confié à Michel Teychenné une mission relative à la lutte contre l’homophobie, qui porte notamment sur la prévention du suicide des jeunes concernés. Je vous remercie de leur apporter tout le concours nécessaire à la réussite de leurs missions.

Je souhaite que 2013 soit une année de mobilisation pour l’égalité à l’école.

Je vous prie de croire, Madame la Rectrice, Monsieur le Recteur, en l’assurance de ma considération distinguée.

Vincent PEILLON

(Extraits de la lettre du ministre)

• Ligne Azur  ICI

Ligne Azur est un service anonyme et confidentiel d’aide à distance pour toute personne s’interrogeant sur sa santé sexuelle (orientation / attirance, identité et pratiques …). Ce dispositif s’adresse également à leurs proches. La brochure « tombe la culotte » a été retirée suite aux protestations d’associations de parents.

  • • SOS homophobie retrouve son agrément national auprès des collèges et lycées.

Petite victoire pour l’association SOS homophobie: elle bénéficie de nouveau de l’agrément du ministère de l’Éducation nationale pour intervenir en milieu scolaire le tribunal administratif de Paris le lui avait retiré après une plainte de laConfédération nationale des associations familiales catholiques. Même privée d’agrément, SOS homophobie avait été félicitée pourson travail par le ministère de l’Éducation nationale qui n’a pas hésité à braver une décision judiciaire.

• Colloque « Eduquer contre l’homophobie dès l’école primaire », par le SNUipp-FSU

À l’occasion de cet événement organisé le 16 mai, jour de lutte contre l’homophobie, le syndicat a «mis à disposition» des professeurs des «outils théoriques et pratiques pour avancer» ICI

Le rapport de 192 pages déroule de nombreux chapitres, comme «Le genre, ennemi principal de l’égalité» ou «Déconstruire la complémentarité des sexes», et propose une vingtaine de «préparations pédagogiques» et ouvrages «de référence».

  • • Homophobie et harcèlement à l’école: rapport de Michel Teychenné

Discriminations lgbt – phobes à l’école état des lieux et recommandations ICI

Rapport de Michel Teychenné à Monsieur le Ministre de l’éducation nationale (Juin 2013)

  • • Programmes du Ministère de l’Education nationale pour l’égalité

 2013, l’année de mobilisation pour « l’égalité entre les filles et les garçons à l’école »  ICI

2013 constituera une année de mobilisation pour « l’égalité à l’école » associant l’ensemble des acteurs éducatifs et associatifs.

  • • L’apprentissage de l’égalité de la maternelle au lycée
  • • Une culture de l’égalité : la lutte contre les stéréotypes de l’école maternelle au lycée
  • • Le service public de l’orientation au service de la mixité
  • • Pour un respect mutuel : mieux éduquer à la sexualité
  • • Projet de loi sur la refondation de l’école

Il s’agit : « de substituer à des catégories comme le sexe ou les différences sexuelles, quirenvoient à la biologie, le concept de genre qui lui, au contraire, montre que lesdifférences entre les hommes et les femmes ne sont pas fondées sur la nature, maissont historiquement construites et socialement reproduites. »

  • • ABCD de l’Egalité

Décryptage XX-XY. Pour en finir avec les stéréotypes, l’Education nationale lance un dispositif expérimental. ICI

Dès cette rentrée, le ministère de Vincent Peillon, en collaboration avec celui de sa collègue aux Droits des femmes, Najat VallaudBelkacem, lance un dispositif baptisé «les ABCD de l’égalité» dans dix académies

«La formation des enseignants est au centre du dispositif, souligne Patrick Bacry, de la Mission égalité filles‐garçons de l’académie de Créteil, l’une des dix pionnières qui vont expérimenter les ABCD de l’égalité. « Il ne s’agit surtout pas d’en faire des boucs émissaires. Mais c’est un problème sociétal qui les touche aussi. Même s’ils font de leur mieux, de façon tout à fait inconsciente, ils peuvent avoir des comportements nourrissant des stéréotypes ou les laissant s’exprimer. A tous les niveaux, des inspecteurs jusqu’aux élèves euxmêmes, il faut encourager une prise de conscience.»

L’expérience va être évaluée au printemps 2014. Si elle se révèle concluante, elle sera étendue à la rentrée suivante à d’autres académies et progressivement généralisée.

Ce panorama n’est pas exhaustif, mais nous donne une idée de la technique tentaculaire (gender meanstreaming) des tenants de l’idéologie.

Quelques figures militantes et systématiquement présentes sur le terrain :

Didier Eribon (1953) est « un intellectuel, sociologue et philosophe français. ». Il est professeur à la Faculté de philosophie, sciences humaines et sociales de l’université d’Amiens et chercheur au CURAPP‐ESS (Centre de recherches sur l’action publique et le politique ‐ Épistémologie et sciences sociales). Biographe et ami du philosophe contemporain Michel Foucault (1926‐1984), l’un des penseurs de la « French theory » et source principale d’inspiration de Judith Butler, Eribon contribue à différents contenus de Ligne Azur, et a dirigé pour Larousse la rédaction du « dictionnaire des cultures gay et lesbienne ». Ce philosophe qui prétend repenser la famille révèle dans son livre autobiographique « Retour à Reims » la haine immense vouée à son père, qu’il refuse de revoir jusqu’à son décès, le mépris que lui vouent toujours ses frères et sœurs et son grand‐père dont il a ouvertement honte…« Nous devons travailler (…) à l’élargissement jamais terminé des possibilités des droits auxquels peuvent aspirer les individus et les modes de vie qui sont les leurs. Ce qui implique de continuer à défaire la norme hétérosexuelle partout où elle était, partout où elle revient, et à combattre la brutalité des discours qui à nouveau, encore et encore, ont essayé de l’imposer et de la ré‐imposer ! »

Daniel Borillo (1961) anime deux séminaires de recherche, l’un sur le droit de la sexualité dans le cadre de Paris X ‐Nanterre1 et l’autre sur les politiques publiques de l’égalité des chances et la lutte contre les discriminations dans un laboratoire du CNRS à Paris2. Il enseigne également le droit privé, le droit pénal et le droit civil espagnol.Il a été à l’origine en 2004, avec Didier Eribon, du «Manifeste pour l’égalité des droits» qui a conduit au premier mariage entre personnes du même sexe en France, célébré illégalement à Bègles par le député‐maire Noël Mamère. Le 5 décembre 2012, Daniel Borillo participe à une conférence à Sciences Po Paris organisée par le MJS, Amnesty International, le Front de Gauche et des associations de gauche et d’extrêmegauche. Au cours de la conférence, ses propos comparant les opposants au mariage homosexuel à des Nazis font polémique. Il fait partie de ces « juristes de référence » que le Comité National Consultatif d’Ethique a audités pour élaborer le projet de loi du « mariage pour tous. « La loi n’a pas pour mission de signifier la nature sexuée du parent, mais simplement sa fonction parentale. (…) Si les hommes et les femmes ont les mêmes droits et les mêmes obligations, et si ces fonctions sont interchangeables, pourquoi donc maintenir la distinction terminologique [père/mère] dans la loi ? Comment estil réactualisé, ce discours d’évidence, qui fonde l’imaginaire de la filiation sur la biologie ? (…) »

Eric Fassin (1959) : Ancien élève de l’École normale supérieure et agrégé d’anglais, il est chercheur à l’Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (sciences sociales, politique, santé), unité mixte de recherche associant le CNRS, l’Inserm, l’EHESS et l’université de Paris XIII2. Sociologue engagé dans le débat public, il travaille sur la politisation des questions sexuelles et raciales, en France et aux États‐Unis.

Irène Théry (1952) : (sociologue, directrice d’étude à l’EHESS, nommée présidente d’un groupe de travail par Dominique Bertinotti dans le cadre de la Loi Famille) «Dans la culture occidentale moderne, il y a une certaine mythologie de la famille conjugale » et les manifestations contre la Loi Taubira auraient révélé « un attachement absolument i-maitrisé, incontrôlé, à cette mythologie » de la famille père-mère-enfant. « Pour moi c’est clair, le grand moteur du changement, c’est l’égalité des sexes ». Elle dit aussi que «[…] la grande révolution qu’on vit aujourd’hui, c’est essayer de vivre dans une société fondée sur la valeur cardinale de l’égalité de sexe, et ça bouleverse la famille, le couple, la filiation […] ça bouleverse aussi l’idée que seule la relation de sexes opposés serait fondée dans la nature des choses et donc ça introduit des relations de mêmes sexes […] »

Anne Verjus (docteur en études politiques, membre du laboratoire Triangle CNRS-ENS Lyon).  Elle affirme nécessaire de «Disjoindre la parentalité et la conjugalité». Elle propose «dès la naissance des enfants juste après le sevrage une (…) résidence alternée». Elle propose également de penser «à faire des enfants avec son meilleur ami plutôt qu’avec son amant». « Aujourd’hui, je pense qu’on est dans un troisième changement qui est la remise en cause du sexualisme et de la bi-catégorisation […] On était dans le conjugalisme, après on était dans le sexualisme, et là, on serait dans quelque chose qui pourrait être de l’ordre de l’inter-sexualisme »

Caroline Mecary (1963)(Avocate au barreau de Paris, membre de Europe Ecologie les Verts, conseillère régionale en Île-de-France, militante en faveur du mariage de personnes de même sexe et des personnes LGBT, notamment dans le cadre de son activité professionnelle).  « Pour pouvoir abolir le mariage, il faut d’abord que tout le monde puisse en bénéficier. […] [l’abolition] est l’étape suivante ».

19 Responses to Education: Une soi-disant théorie du genre qui n’existe pas (It’s not gender theory, stupid ! – French socialist government caught playing sorcerer’s apprentices with children’s minds after boycott)

  1. […] plus ou moins douteuses voire des délires d’une Farida Belghoul, la réalité d’une idéologie et d’un pouvoir engagé, dans son obsession de l’égalité, dans la remise en cause de tout un […]

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  2. Béréenne attitude dit :

    Bonjour,
    Je pense beaucoup que pendant que les français SONT OCCUPES à discuter sur la théorie du genre, ils ne se préoccupent pas de l’enseignement scolaire global.

    Actuellement, en grammaire, pour 10000000000000000000000 femmes et un homme, le masculin l’emporte.

    Si le féminin l’emportait à cause du nombre, cela ne changera pas grand chose aux élèves dans 20 ans.

    Mais dans 20 ans, si l’approche globale scolaire continue sur cette voix, les profs avec toujours moins de pouvoir d’achat, et donc avec toujours plus de soucis financiers, les classes toujours plus grande, l’impossibilité de suffisamment punir les élèves, les cours toujours plus dispersés dans un nombre impressionnant de matière et sujet diverses et variés … et les bases du français toujours moins apprises avec rigueurs, les distractions ‘abrutissantes’ toujours plus nombreuses … les dépendances à la portée d’enfants toujours plus jeunes (pornographie sur Internet, alcool, etc) … les nouvelles générations sauront-elles encore comprendre un texte ? Sauront-elles encore analyser un texte au point d’en réaliser son ‘orientation’ pro-théorie-du-genre par exemple ou le contraire ? … car savoir ‘réciter’ (énoncer, lire) un texte et savoir comprendre un texte sont deux choses bien différentes.

    Beaucoup de français se préoccupent de cette partie de l’enseignement scolaire, même si elle a son importance, il semble qu’elle prend une telle place sur le devant de la scène politique française, qu’elle n’en laisse plus pour l’ensemble du sujet. Des questions sur l’ensemble du programme scolaire, sur la façon d’apprendre la grammaire de façon générale, sur l’épuisement des profs dont une partie des élèves dont les parents attendent d’eux bien plus de discipline et dont l’autre partie redoutent des traumatismes pour leur progéniture, si le prof se permettait même d’imposer le silence …

    Etc, etc, etc …………….

    En espérant que tous les élèves français sauront encore dans 10 ans, dans 20 ans, faire la différence entre un passé-simple et un conditionnel, un adjectif et un nom … et déjà comprendre le journal télévisé !

    Cordialement

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  3. jcdurbant dit :

    Oui, le genre, ça existe ! Et oui, nous allons l’enseigner dans les écoles et c’est tant mieux !

    Laura Slimani (présidente des jeunes socialistes, 1er février 2014)

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  4. jcdurbant dit :

    Voir aussi l’entretien de Farida Belgoul

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  5. jcdurbant dit :

    Voir encore:

    Depuis un an, la ligne Azur, parrainée par le ministère de l’Éducation nationale et financée intégralement par l’INPES (l’institut national de prévention et d’éducation pour la santé) est la cible des opposants à la «théorie du genre». Ces derniers l’accusent ainsi de poser des questions sur leur identité sexuelle à des enfants de 11 ans, via un «questionnaire» disponible sur le site.

    De fait, sous l’un des onglets du site, «prendre soin de soi», on tombe sur un tableau intitulé «des situations individuelles diverses». Il est composé de huit colonnes: sexe biologique (mâle, femelle, intersexe), état civil (féminin, masculin), identité de genre (homme, femme, transsexuelle), sexe social (masculin, féminin, androgyne), partenaires sexuels (hommes, femmes, les deux, aucun), pratiques sexuelles (masturbation, pénétration buccale, pénétration anale, vaginale, autre, aucune, etc). Puis «je me définis» (homme, femme, homo, bi, hétéro, trans, par des injures, je ne me définis pas). L’idée est de montrer que «même si elle est majoritaire et présentée comme norme, l’hétérosexualité n’est pas la seule voie», indique le site. «Et vous, dans le tableau, où vous situez-vous?» est-il écrit.

    Alain Miguet affirme qu’il ne «s’agit pas d’un questionnaire mais d’un schéma sous forme de tableau visant à «lutter contre l’homophobie» et cherchant à expliquer «que l’on peut par exemple naître homme et être néanmoins attiré par des hommes». «En aucun cas, il ne s’agit de demander à des enfants de onze ans de déterminer leur identité sexuelle. Nous ne visons d’ailleurs pas les enfants mais les adolescents et les adultes». Le site reçoit plusieurs milliers d’appels par an émanants de personnes «âgées en moyenne de 16 à 50 ans», affirme-t-il. Pourtant la promotion du site ligne Azur recommandée par le ministère de l’Éducation nationale se fait à partir du collège. «Dans les faits, c’est évoqué à partir de la classe de troisième, classe où l’éducation sexuelle fait partie du programme de biologie», affirme un proviseur contacté par le Figaro.

    Le Figaro

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  6. jcdurbant dit :

    Voir encore:

    La dernière manifestation du déni de la réalité dérangeante par la gauche et ses relais médiatiques concerne la fameuse théorie du genre. Il s’agit en réalité d’un double déni: la théorie du genre n’existerait que dans l’imagination débridée de la droite et de l’extrême droite. En tout état de cause, et contrairement à ce que suggérerait notamment le Figaro, le ministère de l’éducation nationale ne l’aurait en aucun cas instrumentalisée. Double effronterie. Il suffit de consulter le dictionnaire Larousse de la psychanalyse pour se convaincre qu’il existe tout un corpus théorique développé à partir notamment d’un concept «introduit par Stoller en 1968 qui vise à établir une distinction entre les données biologiques, qui font objectivement d’un individu un mâle ou une femelle, et celles, psychologiques et sociales, qui l’installent dans la conviction d’être un homme ou une femme». À partir de ces analyses au demeurant respectables s’est agrégée outre-Atlantique une idéologie hétéroclite, anti freudienne, de plus en plus féministe et radicale, dont l’égérie la plus fantasque est sans doute Mme Butler. L’effronterie tourne au loufoque lorsque l’on relit l’excellente définition donnée par Mme Vallaud-Belkacem le 31 août 2011 au journal «20 minutes» d’une théorie dont elle conteste aujourd’hui jusqu’à l’existence: «la théorie du genre, (qui) explique «l’identité sexuelle» des individus autant par le contexte socioculturel que par la biologie…» Idem pour Le Monde dont les journalistes se cantonnent dans une molle et complexe dénégation tandis qu’est publiée le 31 janvier sous la plume d’un professeur, M. Jean-Yves Mas, une opinion «les sciences économiques et sociales, pionnière de la théorie du genre» qui la reconnaît expressément: «pour notre part nous considérons que la théorie du genre est bien l’exemple emblématique d’une théorie émancipatrice» que l’auteur reconnaît expressément appliquer à l’école…. Car le déni dans le déni est tout aussi cocasse. Ainsi le ministre de l’éducation nationale, la main sur le cœur et le verbe haut conteste-t-il fermement toute instrumentalisation de cette théorie qui n’existe pas sur les fameux sites de l’ABCD de l’égalité. Et vendredi matin, dans une émission de France Inter dénuée de toute aménité particulière envers le Figaro, on affirmait péremptoirement l’avoir effectivement vérifié. Sans doute. Mais assez mal. Il suffit en effet au lecteur thomiste de bien vouloir se rendre sur le site des ABCD de l’égalité portant le logo du ministère de l’éducation nationale, pour se convaincre de ce qu’une fois encore les dénégations sont mensongères, et le mépris récurrent pour ceux qui les dénoncent assez malvenu. (…) Une fois les vilaines cachotteries éventées, reste à constater, qu’à nouveau, les socialistes français -dont le chef placide est paraît-il social-démocrate- demeurent sous l’irrigation idéologique de ses courants les plus radicaux. Beaucoup de choses ont été écrites sur la question. Certains à droite, l’expliquent par un cynisme qui voudrait que la gauche française, désormais convertie au réalisme économique, n’aurait plus que la terra nova sociétale pour marquer sa différence et subjuguer l’ensemble des minorités ethniques et sexuelles. Cette explication florentine, sans être fausse, est superfétatoire. La réalité est sans doute plus mécanique et inquiétante. Son examen montre que la gauche française, depuis 1968, est sourdement menée par la dilection de l’altérité. Avec son pendant autrement plus détestable: la détestation pathologique de la norme majoritaire. Pour illustrer mon propos dans le domaine du genre, difficile de trouver mieux que cet article du Monde daté du 13 avril dernier, signé par Mme Florence Dupont, professeur de latin à Paris Diderot et intitulé «papa bleu, maman rose». Soyons reconnaissants à Mme Dupont, qui a entendu décrypter par son logo l’aspect réactionnaire de la Manif pour tous, car son propre décryptage est l’illustration caricaturale du caractère anti hétéro et anti blanc d’une partie de la gauche intellectuelle française: «le drapeau français brandi dans la manif n’est plus bleu, blanc, rouge mais bleu ciel, blanc et rose» (…) Bleu, blanc, rose, le drapeau national infantilisé est l’emblème d’un peuple de «Blancs» que ne distingue entre eux que le genre attribué à la naissance. (…) Homme, femme: le principe d’identification du genre est emprunté au programme des toilettes publiques. Chacun sa façon de faire pipi, debout ou assis. La famille nucléaire dessinée sur le logo et présentée comme naturelle n’est que le mariage catholique bourgeois du XIXe siècle, adopté au XXe siècle par la classe moyenne et désormais obsolète. C’est une famille étouffante et répressive, la famille haïssable de Gide, de Brasse Bouillon et de poil de carotte, nœud de vipères de Mauriac. (…) Papa bleu et maman rose ne sont pas un couple d’hétérosexuels, mais une paire de reproducteurs blancs.». Une paire de reproducteurs blancs… Il ne s’est évidemment pas trouvé un seul intellectuel de gauche pour dire un seul mot sur cette animalisation qui, si elle avait été coloriée en noir ou brun aurait inspiré une pétition indignée ou le procès d’une association «antiraciste». À ce stade de dégénérescence intellectuelle, il est à peine nécessaire de questionner le propre langage inconscient de nos Trissotin des sciences humaines qui entendent effectivement «déconstruire» le genre humain après avoir successivement déstructuré l’État, la nation et son peuple.

    Gilles William Goldnadel

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  7. […] les apprentis-sorciers de ce côté-ci de l’Atlantique nous assurent à présent que la théorie du genre n’existe tout simplement pas et que  la procréation médicalement assistée n’avait […]

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  8. […] les apprentis-sorciers de ce côté-ci de l’Atlantique nous assurent à présent que la théorie du genre n’existe tout simplement pas et que  la procréation médicalement assistée n’avait […]

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  9. […] ces nouvelles byzantineries sur le sexe des anges et ce nouvel iconoclasme contre les "images stéréotypées" […]

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  10. […] ces nouvelles byzantineries sur le sexe des anges et ce nouvel iconoclasme contre les "images stéréotypées" […]

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  11. […] ces nouvelles byzantineries sur le sexe des anges et ce nouvel iconoclasme contre les "images stéréotypées" […]

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  12. […] catastrophiques (où, avec l’aberration du "mariage homosexuel" ou de la théorie du genre, la gauche a même perdu  l’électorat immigré qui l’avait amené au pouvoir il y a […]

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  13. […] probablement celle de la génération à coup d’adoption homosexuelle, gestation assistée et théorie du genre à l’école de nos enfants, en est à présent en pleine crise ukrainienne à réarmer Hitler […]

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  14. […] salué de partout mais qui, après avoir plongé en seulement deux ans et sans compter ses délires sociétaux et ses frasques personnelles, son économie dans la plus grave des crises, pourrait réussir […]

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  15. […] où entre deux scandales ou dérives sociétales devant la même désaffection de la classe ouvrière, son homologue français semble enfin lui […]

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  16. jcdurbant dit :

    Une étude d’un ministère montre que le latin agit comme un accélérateur de réussite pour les élèves défavorisés.

    Si, dès l’entrée au collège, les latinistes sont globalement meilleurs que les non-latinistes, ce constat se vérifie en fait tout au long de la scolarité. En fin de troisième, au diplôme national du brevet (DNB) à la session de juin 2011, 96,3 % des élèves ayant étudié le latin en cinquième réussissent cet examen contre 80,1 % pour les non-latinistes. Cet écart de 16 points entre latinistes et non-latinistes varie en fonction du milieu social. Il est de 5,6 points pour les élèves issus de milieu très favorisé et de 21,4 points pour les élèves issus de milieu défavorisé.

    Au baccalauréat général et technologique, 68 % des latinistes de 2008 obtiennent leur diplôme cinq ans plus tard, contre seulement 43 % des non-latinistes. Cet écart de 25 points diffère selon les caractéristiques des élèves : 18 points séparent les latinistes des non-latinistes chez les enfants de cadres, l’écart est de 23 points chez les enfants d’ouvriers. Ces derniers, lorsqu’ils ne sont pas latinistes, obtiennent leur baccalauréat avec un taux de réussite de 38 % contre 61 % quand ils sont latinistes. Pour les enfants latinistes de cadres ou d’enseignants, ce taux atteint environ 80 % …

    http://www.education.gouv.fr/cid94667/le-latin-au-college-un-choix-lie-a-l-origine-sociale-et-au-niveau-scolaire-des-eleves-en-fin-de-sixieme.html

    Réalisée par la très sérieuse direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP), cette note d’information s’intitule : « Le latin au collège : un choix lié à l’origine sociale et au niveau scolaire des élèves en fin de sixième ». Un titre trompeur, car elle dément en vérité tous les préjugés de la ministre de l’Éducation nationale sur le latin comme discipline réservée à l’élite. Que nous apprend cette étude ? Qu’il y a certes plus d’enfants d’enseignants que d’ouvriers qui choisissent cette option. Mais elle démontre surtout que le latin agit comme un accélérateur d’égalité, puisque son apprentissage aide davantage les élèves issus de milieux défavorisés. En observant le destin de 35 000 jeunes entrés en sixième en 2007, ses deux auteurs ont découvert que le succès aux examens des élèves latinistes vivant dans une famille modeste est supérieur de 21,5 % au brevet, et de 23 % au bac à celui de leurs congénères non latinistes. Pour les enfants de cadres ou d’enseignants, cet écart est moins important : 5,6 % pour le brevet, 18 % pour le bac.

    Plus surprenant, l’enseignement du latin joue un rôle pour préserver la mixité sociale dans les collèges les plus problématiques : « À milieu social et niveau scolaire identiques […], les élèves choisissent plus souvent le latin lorsqu’ils sont scolarisés en éducation prioritaire, écrivent les auteurs de l’étude. » L’enseignement du latin est donc une manière de « retenir » les enfants de familles privilégiées dans les réseaux d’éducation prioritaire. Les professeurs de lettres classiques sont enchantés de ces résultats au moment où le latin et le grec sont menacés par la réforme du collège. Enchantés, mais pas étonnés. L’un d’entre eux, qui enseigne dans un collège de l’académie de Créteil, raconte ainsi comment le latin a permis à un de ses élèves, qui ne maîtrisait pas le français au début de la cinquième, de rejoindre après le bac une classe préparatoire parisienne. Un parcours exemplaire que la transformation du latin et du grec en « enseignement pratique interdisciplinaire » risque de rendre impossible demain.

    Sophie Coignard

    http://www.lepoint.fr/editos-du-point/sophie-coignard/coignard-latin-le-silence-coupable-de-najat-vallaud-belkacem-03-12-2015-1986774_2134.php#xtor=CS2-238

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