Baptême princier: Attention, un rituel peut en cacher un autre ! (Brits christen their prince while former genocidal Europe seeks to criminalize circumcision)

https://i0.wp.com/upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/76/CirconcisionRothenburg.jpghttps://jcdurbant.wordpress.com/wp-content/uploads/2013/10/6ff16-1752b-2bthe2bbaptism2bof2bjesus.gifhttps://i0.wp.com/static.guim.co.uk/sys-images/Guardian/Pix/pictures/2013/10/23/1382539023487/William-Kate-and-Prince-G-009.jpghttps://i0.wp.com/upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/8e/Botticelli_Scenes_from_the_Life_of_Moses.jpg
http://www.aubergemontsegur.com/Nouvelles/2011/Noel/Tentaciones_de_Cristo_(Botticelli)web.jpgC’est ici mon alliance, que vous garderez entre moi et vous, et ta postérité après toi: tout mâle parmi vous sera circoncis.Vous vous circoncirez; et ce sera un signe d’alliance entre moi et vous. A l’âge de huit jours, tout mâle parmi vous sera circoncis, selon vos générations, qu’il soit né dans la maison, ou qu’il soit acquis à prix d’argent de tout fils d’étranger, sans appartenir à ta race. Genèse 10: 12-17
Pendant le voyage, en un lieu où Moïse passa la nuit, l’Éternel l’attaqua et voulut le faire mourir. Séphora prit une pierre aiguë, coupa le prépuce de son fils, et le jeta aux pieds (euphémisme pour les organes génitaux) de Moïse, en disant: Tu es pour moi un époux de sang! Et l’Éternel le laissa. Exode 4: 24-26
Vous circoncirez donc votre coeur … Deutéronome 10: 16
L’Éternel, ton Dieu, circoncira ton coeur et le coeur de ta postérité, et tu aimeras l’Éternel, ton Dieu, de tout ton coeur et de toute ton âme, afin que tu vives. Deutéronome 30: 6
Il ne faut donc point que les Juifs s’imaginent aujourd’hui avoir eu quelque avantage sur le reste des nations. Quant à leur longue dispersion, il n’est point surprenant qu’ils aient subsisté si longtemps depuis la ruine de leur empire, puisqu’ils se sont séquestrés des autres peuples et se sont attiré leur haine, non-seulement par des coutumes entièrement contraires, mais par le signe de la circoncision qu’ils observent très-religieusement. Or, que la haine des nations soit pour les juifs un principe de conservation, c’est ce que nous avons vu par expérience. Un roi d’Espagne les ayant autrefois contraints ou de quitter son royaume ou d’en embrasser la religion, il y en eut une infinité qui prirent ce dernier parti. Et comme en se faisant chrétiens ils devenaient capables de tous les privilèges des autres citoyens et dignes de tous les honneurs, ils se mêlèrent si étroitement aux Espagnols qu’il ne reste plus d’eux aucune trace ni aucun souvenir. En Portugal il en a été tout autrement : car étant forcés d’embrasser le christianisme sans être admis aux privilèges et aux dignités de l’État, ils ont toujours vécu, quoique convertis, dans un état d’isolement par rapport aux autres Portugais. Le signe de la circoncision me paraît ici d’une telle conséquence que je le crois capable d’être à lui tout seul le principe de la conservation du peuple juif. Je dirai plus : si l’esprit de leur religion n’efféminait leurs âmes, je suis convaincu qu’une occasion favorable venant à se présenter, les Juifs pourraient (tant les choses humaines sont variables) reconstituer leur empire et devenir ainsi l’objet d’une seconde élection de Dieu. (…)  Au reste, si quelqu’un persiste à soutenir pour telle ou telle raison que l’élection des Juifs est une élection éternelle, je n’y veux pas contredire, pourvu qu’il demeure d’accord que cette élection, de quelque durée qu’elle soit, en tant qu’elle est particulière aux Juifs, ne regarde que les avantages temporels et l’établissement de leur empire (puisqu’il n’y a que ce seul point par où les nations se distinguent les unes des autres), mais qu’à l’égard de l’intelligence et de la vertu véritable, toutes les nations sont égales, Dieu n’ayant sur ce point aucune sorte de préférence ni d’élection pour personne. Baruch Spinoza
Dieu est mort! (…) Et c’est nous qui l’avons tué ! (…) Quelles solennités expiatoires, quels jeux sacrés nous faudra-t-il inventer? Nietzsche
A l’époque de la peste noire, on tua des étrangers, on massacra des Juifs et, deux siècles plus tard, on fit brûler des sorcières, et cela pour des raisons parfaitement identiques à celles qu’on a rencontrées dans nos mythes. Tous ces malheureux se retrouvèrent indirectement victimes des tensions internes engendrées par les épidémies de peste et autres catastrophes collectives dont ils étaient tenus responsables par leurs persécuteurs. Les crimes imaginaires et les châtiments réels de ces victimes ne sont autres que les crimes et châtiments qu’on trouve dans la mythologie. Pourquoi donc, dans le cas de la seule mythologie, faudrait-il croire que, si les crimes sont imaginaires, les punitions et les victimes ne sauraient elles-mêmes être réelles ? Tout indique que le contraire est vrai. Les textes qui témoignent d’atrocités historiques, les archives judiciaires relatives à la chasse aux sorcières, par exemple, comportent les mêmes accusations extravagantes que les mythes, la même indifférence aux preuves matérielles et le même sentiment massif et irréfléchi que tout est exact, sentiment souvent exprimé, même s’il n’est pas effectivement partagé, par les boucs émissaires eux-mêmes. Tous les indices trahissant la victimisation d’individus imparfaitement assimilés – étrangers, handicapés physiques ou mentaux – sont présents dans ces documents, tout comme ils le sont dans la mythologie, pour autant qu’on puisse le vérifier ; à nous, observateurs d’aujourd’hui, ils livrent la vraie nature de ce qui s’est passé. (…) Je suis convaincu que la plupart des données d’ordre culturel sont pertinentes pour l’étude du sacrifice, y compris dans une société comme la nôtre qui ne pratique pas d’immolations sacrificielles. Le premier exemple qui me vient à l’esprit est notre propre interrogation du sacrifice ici même. Il y a forcément un rapport entre cette interrogation et le fait que les sacrifices sanglants sont de nos jours perçus comme odieux, non seulement par une petite élite, mais par l’ensemble de notre société, laquelle est désormais en voie de mondialisation rapide. Malgré ce sentiment d’horreur, une grande part de nos coutumes et pratiques et une bonne part de notre pensée peuvent encore être reliées au sacrifice d’une façon que nous ne soupçonnons pas. J’estime que notre histoire fourmille de phénomènes si clairs de ce point de vue qu’on ne saurait les exclure d’une enquête sur le sujet. C’est le cas, par exemple, de notre attitude envers certaines formes de persécution collective, de la façon dont nous comprenons et condamnons les préjugés collectifs et toutes les pratiques d’exclusion. Je crois également à la pertinence de nombreux textes littéraires, comme la tragédie grecque ou le théâtre de Shakespeare. Je pense aussi que la Bible et surtout le Nouveau Testament ont joué un rôle important dans tous les progrès que nous avons déjà faits, et que nous ferons demain, dans la recherche d’une meilleure compréhension du sacrifice. René Girard
La même force culturelle et spirituelle qui a joué un rôle si décisif dans la disparition du sacrifice humain est aujourd’hui en train de provoquer la disparition des rituels de sacrifice humain qui l’ont jadis remplacé. Tout cela semble être une bonne nouvelle, mais à condition que ceux qui comptaient sur ces ressources rituelles soient en mesure de les remplacer par des ressources religieuses durables d’un autre genre. Priver une société des ressources sacrificielles rudimentaires dont elle dépend sans lui proposer d’alternatives, c’est la plonger dans une crise qui la conduira presque certainement à la violence. Gil Bailie
Mais pourquoi donc le christianisme est-il devenu une religion non-juive ?  Gilles Bernheim
Si la loi du sabbat appartient au cérémoniel et n’est plus obligatoire, pourquoi remplacer le sabbat par un autre jour? (…) Si la grâce chrétienne a mis fin à la loi juive, si le dimanche chrétien a abrogé le sabbat juif, si la notion d’un Dieu invisible indéfiniment suspendu à une croix a remplacé la notion du Tout-puissant invisible, si le salut et son emphase sur le spirituel l’a emporté sur la création, sur a nature et sur le corps, si le Nouveau Testament a supprimé l’Ancien, si les païens ont remplacé Israël; alors les juifs ont eu théologiquement raison, et ont encore raison aujourd’hui, de rejeter la religion chrétienne. Jacques Doukhan
All babies are unbelievably special, not only royal babies. But Prince George’s christening does carry an extra significance. As a nation we are celebrating the birth of someone who in due course will be the head of state. That’s extraordinary. It gives you this sense of forward looking, of the forwardness of history as well as the backwardness of history, and what a gift to have this new life and to look forward. Rev. Justin Welby (Archbishop of Canterbury)
As with any other infant’s baptism, Welby marked the Prince with the sign of the cross on his forehead and splash water on his head. The silver font used for George’s baptism has been used for every royal christening since 1841 and will be filled with water from the River Jordan. CNN
The Anti-Defamation League (ADL) and B’nai B’rith International condemned a resolution and report of the Parliamentary Assembly of the Council of Europe (PACE) in Strsbourg, which calls the Jewish ritual circumcision a “violation of children’s physical integrity,” undermining the religious freedom to perform circumcision on newborn boys. … Circumcision is not discretionary, but rather central, in Jewish life and practice throughout history,” added B’nai B’rith International Executive Vice President Daniel S. Mariaschin. “It must be made clear what those who support the criminalizing of circumcision in Europe are proposing: Discrimination against the Jewish community in Europe. EPL

Attention: un rituel peut en cacher un autre !

En ce lendemain du baptême du petit prince George qui, à travers l’Archévêque de Canterbury, nous rappelle nos indissolubles liens à notre passé judéochrétien …

Au moment même où, après la  dimanchisation du sabbat, l’Europe du génocide juif envisage de criminaliser la circoncision

Et où, retour à la fureur primitive sur les plages malgaches, on lynche et immole des hommes par le feu …

Pendant que les meutes de nos cours de recréation ou de nos réseaux sociaux peuvent pousser nos enfants au suicide …

Comment ne pas repenser à ce passé commun de l’humanité …

Dont demeurent les traces transfigurées …

Tant la circoncision (cette mutilation protectrice de la partie pour le tout, comme semble le rappeler le mystérieux épisode de Séphora préservant de la violence divine son époux comme son fils) …

Que le baptême (dont l’immersion primitive rejouait à la fois, via la noyade simulée, la mise à  mort et la résurrection du Christ)  …

A savoir le sacrifice humain en général et le sacrifice d’enfants en particulier?

LE SACRIFICE HUMAIN

Anne Stamm

Pourquoi ai-je choisi de vous entretenir du sacrifice humain, un sujet en quelque sorte tabou ? Tout simplement parce que j’ai lu l’été dernier l’ouvrage d’un universitaire américain: « L’autel le plus haut  » (Patrick Tierney), qui m’ a incité à réfléchir, à entreprendre des recherches bibliographiques, à interroger de s collègues ethnologues.

En 1954, un groupe d’archéologues andin se constitue après la découverte du Mt Plomo (5 400 m) par 2 mineurs à la recherche d’un trésor inca du corps d’un jeune enfant en parures d e cérémonies inca. Il n e s’agit pas d’une momie, mais d’un petit garçon placé dans un caveau vivant et que les conditions climatologiques ont conservé dans un état de souplesse , de flexibilité tout à fait étonnant .

Transféré à Santiago, au Muséum national le corps a été soumis à de nombreuses analyses et conservé en congélateur.

Le costume de l’enfant montrait de toute évidence qu’il appartenait à une famille princière et que son sacrifice remontait à 1470-1480 .

Depuis lors ce groupe d’archéologues a découvert de très nombreux corps d’enfants enterrés ou inhumés dan s des fosses ou dans des tours à des altitudes pouvant atteindre 6 500 m . Il s’agissait toujours d e jeunes et beaux enfants dont le visage était parfaitement calme . Bien entendu ces  trouvailles posèrent d’innombrables questions :

On connaissait les sacrifices humains des Aztèques immolant des prisonniers de guerre dont le sang et la chair devaient nourrir le soleil et lui permettre de revenir éclairer la terre.

Ceux qu’au Bénin, on accomplissait à la mort d’un souverain, on savait moins que lors d e son intronisation le nouveau roi devait tuer un esclave .

On savait qu’aux Indes les veuves devaient se jeter dans le bûcher consumant le corps de leur mari, mais aussi que les victimes humaines procuraient la richesse et l’immortalité , accomplissaient des vœux, étaient indispensables à l’érection de certains bâtiments, et ce jusqu’ à l’interdiction par les Britanniques vers le milieu du XIX e siècle. O n avai t dans l’esprit le meurtre d’Iphigènie par son père Agamemnon et celui que faillit accomplir Abraham sur son fils Isaac .

On n’avait pas assimilé l’exécution de Remus par Romulus à un sacrifice humain et les corps retrouvés dans les marais danois posaient de nombreuses questions.

Les historiens avaient tendance à penser que ces pratiques étaient le fait de peuplades arriérées et quand ils en avaient connaissance en Grèce, c’était, croyaient-ils, dans l’antiquité la plus lointaine. Pausanias (l’historien grec du 2 e siècle après J.C. ) refusa lui-même de divulguer les détails du sacrifice accompli a u sommet du Mt Lycée e n Arcadie et qui comportait la mort et le dépeçage d’un enfant mangé collectivement chaque année : « Je ne voyais aucun plaisir à étudier ces sacrifices, disait Pausanias, laissons les tels qu’ils sont et tels qu’ils ont été depuis les origines » .

Quant aux ethnologues et aux ethnographes, ils ont la plupart du temps été très discrets sur des pratiques qui les gênaient beaucoup : o u bien ils avaient très peu de renseignements, car bien entendu on se cachait des blancs, sauf dans les débuts de la pénétration européenne (mais alors ils n’étaient guère en état de faire des observations correctes), o u bien on leur disait que la chose n’avait plus cours : un dogon interrogé par Griaule racontait qu’autrefois on immolait un albinos pour emporter un message à Dieu mais que cela ne se faisait plus : « ils sont comptés maintenant  » affirmait-i l ou bien ils avaient peur que l’évocation de ces sacrifices ne nuise à l a réputation de la population, objet de leurs études et à laquelle ils s’étaient le plus souvent sentimentalement attachés .

Et puis il y avait les professionnels de la mauvaise conscience et qui mélangeaient tout :

– les vaincus passés au fil de l’épée par le vainqueur afin de manifester sa puissance, afin d’intimider les agresseurs éventuels et dissuader des attaques toujours possibles,

– les condamnés à mort dont l’exécution était tout à la fois châtiment de leur crime et élimination d’un danger futur, danger qui d’ailleurs peut-être moral, qu’on songe à Socrate ( + 399 avant J.C.) considéré com e opposant à la cité et corrupteur de la jeunesse,

– les victimes des innombrables vendettas qui se déroulaient ou se déroulent encore dans le monde, ainsi la guerre du chien chez les Mongo dans le s années 1920 fit des milliers de victimes;

– les serviteurs ou les femmes tués ou enterrés vivants dans ou à côté de la tombe de leur maître afin d’aller le servir dans l’autre monde ;

– l’immolation de martyrs qu’ils soient religieux ou politiques et le plus souvent politico-religieux par exemple :

– Husay , petit-fils de Mahomet massacré à Karbala e n Irak , en 680 , car il ne voulait pas reconnaître Yazid comme iman. Cette mort est commémorée par les Chiites lors des fêtes de l’Achura (les Chiite s sont le s partisans de l a succession du prophète par les Alides (descendants de Fatima) ;

– les martyrs chrétiens de l’empire romain qui représentaient plus un danger politique que religieux, par leur refus de rendre un culte aux empereurs; – toutes le s victimes de toutes les guerres « saintes » ;

– le meurtre d’empoisonneurs supposés avoir tué réellement ou par magie: dans de nombreuses populations, en effet , i l n’ y a pa s d e « mort naturelle » , il y a toujours un ou des responsables qu’on découvre le plus souvent par divination;

– la mort programmée des rois sacrés africains à qui l’on présentait le poison ou bien que l’on étouffait (car il ne fallait pas répandre le sang), aux premiers signes de faiblesse ou de vieillissement.

Tous ces morts, tous ces exécutés ne sont pas victimes de sacrifices humains bien que dans certaines sociétés il n’est pas de situation critique à laquelle on ne réponde par le sacrifice, et où dans le cas où le groupe est menacé on n’envisage l’immolation d’un humain, immolation qui clôt le cycle des vengeances…

Nous avions oublié les dangers des désirs de vengeance, nous les voyons ressurgir autour de nous aussitôt que s’affaiblit le système judiciaire : ainsi en est-i l aujourd’hui en Yougoslavie. Il nous faut donc examiner la notion même de sacrifice : sacrifier quelque chose ou quelqu’un c’est rendre la chose ou la personne sacrée , c’est-à-dire la séparer de soi, la séparer du monde profan , la donner à Dieu, aux dieux ou aux déesses.

Le bien offert devenant propriété du ou des dieux devient inaliénable, il peut être détruit, mais il peut aussi devenir seulement intouchable – qu’on songe aux vierges consacrées dans tant de religions .

Sacrifier c’est être dans la logique d’un échange : l’homme donne ce qu’il a, et au maximum quelqu’un de son espèce, voire de sa famille – pour obtenir de la divinité des biens que seule la puissance créatrice peut distribuer : la santé, l a purification, la fertilité de la terre, la fécondité du bétail ou des épouses…

Toute la vertu du sacrifice réside dans l’idée que l’on peut agi r sur les forces spirituelles par l’offrande de biens matériels, offrande, bien entendu assortie de prières, d’incantations, de suppliques. Le sacrifice passe même pour être un meilleur moyen que la prière souvent ignorée…

Il faut que le Transcendant soit puissant pour qu’on lui offre le bien suprême qui est si souvent un enfant c’est-à-dire l’espoir et l’avenir du groupe, l’objet des soins et de l’amour de ses parents. Il est vrai que nous avons de la peine à comprendre les formes que peut prendre cet amour. C’es t l’anthropologue Johan Reinhard qui explique : « Les Incas faisaient une faveur à ces enfants puisqu’il s devenaient des dieux après leur mort » . « Il s étaient même célébrés comme des demi-dieux pendant les dix jours de fête précédant leur mise à mort « :

Deux fois par an, aux solstices d’été et d’hiver, les meilleures récoltes, les plus beaux animaux, les plus fins vêtements, les plus précieuses œuvres d’art et les plus joli s enfants étaient rassemblés (de l’Equateur jusqu’au Chili) et amenés à Cuzco , la capitale inca perchée à 3 650 m d’altitude en 4 grandes processions convergentes, chacune venant d’une province… Cuzco n’était pas seulement une capitale politique, c’était le mandala qui maintenait la cohésion de l’empire.

Après une purification rituelle les enfants écoutaient le grand prêtre leur expliquer les bienfaits que leur sacrifice apporterait à l’Empire et à eux-mêmes. Accompagnés de leur mère ils processionnaient autour des statues des principaux dieux : Viracocha , l e Dieu d u Soleil , l e Die u de s Eclairs , ou celui de la Lune. L’inca ordonnait alors aux prêtres d’emporter leur part des offrande s et de s sacrifiés à immoler aux plus grands autels de leur région.

De nouveaux grands défilés se dirigeaient vers les provinces et finalement montaient à ces autels situés très haut dans les montagnes .

Avan t d e procéde r a u sacrific e le s prêtre s disaien t un e prière , pa r exempl e à Viracoch a l e créateu r : « Dispensateu r d e vie , to i qu i décide s d u jou r e t d e l a nuit , to i qu i engendre s l’auror e e t l a lumièr e di s à to n fil s l e solei l d e brille r e n pai x e t e n sérénité , d e brille r a u dessu s d e ceu x qu i l’attendent , d e le s protége r contr e le s maladie s etc.. « 

A e n croir e l a légend e d e Tant a Carhua , un e fillett e sacrifié e à 1 0 ans , le s festivité s inca s préparaien t parfaitemen t le s victime s à leu r sor t : « vou s pouve z e n fini r ave c moi , maintenant , aurait-ell e dit , j e n e pourrai s pa s êtr e plu s honoré e qu e pa r le s fête s qu’o n a célébrée s pou r mo i à Cuzco » .

Le s victime s étaien t de s ambassadeur s auprè s de s dieux . Elle s devaien t mouri r heureuse s ca r u n représentan t e n colèr e e t rempl i d e mauvais e volont é n’aurai t pa s ét é u n bo n défenseu r de s intérêt s d e se s mandants .

L e sacrific e humai n engendr e auss i 3 sorte s d e demi-dieu x : l a victi – m e qu i dispens e dorénavan t santé , travail , fertilit é etc. . s a tomb e étan t centr e d’u n pouvoi r magique , deuxièm e demi-die u l e commanditair e qu i profit e a u mieu x d u sacrific e consent i o u payé.. . qu i es t considér é comm e invincibl e à caus e de s pouvoir s conféré s pa r le s pacte s scellé s pa r leur s sacrifices . Enfi n l e sacrificateu r lu i même , ca r observan t de s pacte s ave c le s puissance s surnaturelles , i l n e peu t qu’e n recevoi r succès , richess e e t considération .

Pou r profite r de s bienfait s d u sacrific e i l convien t d e s’associe r à l a victim e : soi t e n mangean t s a chair , soi t e n procuran t l e sacrifié , e n l e parant , l e nourrissan t etc. .

Mai s peu t s’établi r un e relatio n contradictoir e entr e l e sacrifi é e t se s sacrificateurs . S i l a victim e n’es t pa s consentante , o n pense , a u Pérou , qu e so n âm e devien t l’esclav e de s « tius  » (esprit s d e l a montagne ) e t peu t tue r à leu r place . Ains i a-t-o n peu r qu e l e mor t n e s e libèr e e t n e vienn e s e venger . Auss i o n tach e d e s e concilie r so n espri t pa r de s prière s e t de s culte s o ù s e marquen t le s influence s chrétienne s : o n le s appell e d’ailleur s de s « misses » . I l sembl e bie n qu e le s sacrifice s humain s s e pratiquen t aujourd’hui , encore , dan s le s Audes , Patric k Tierne y a recueill i d e nombreu x témoi – gnage s e t fai t éta t d’article s d e journau x d e l a Pa z o u d e Santiago .

E n 196 0 u n orpheli n aurai t ét é sacrifi é a u Lag o Bud i (a u su d d e Santiago ) pou r fair e cesse r u n ra z d e marée , e n 198 6 u n paysa n aurai t ét é sacrifi é pou r calme r l a colèr e d e l a natur e qu i faisai t monte r le s eau x d u La c Titicaca , e n 198 3 u n homm e aurai t ét é pend u dan s l a mêm e régio n (côt é Pérou ) pou r lutte r contr a l a sécheresse . O n accus e d e ce s crime s le s chamane s qu i « parlen t a u diable » , le s narcotrafiquant s o u le s commer – çant s qu i veulen t réussir .

Dan s notr e sphèr e culturell e Eschyl e narr e l e sacrific e d’Iphigéni e :

Le s Dieux , e t e n particulie r Artémi s (don t l e cult e comprenai t parfoi s de s sacrifice s humains ) avaien t immobilis é le s vaisseau x d’Agamenno n – Artémi s avai t pri s parti e pou r Troi e – dan s l e Golf e d’Argos . Le s Dieu x avaien t avert i Agamenno n qu’il s lu i accorderaien t u n ven t favorabl e seulemen t s’i l leu r immolai t s a fill e Iphigénie . Longtemp s Agamenno n hésit a pui s i l immol a Iphigénie . A u mêm e instan t le s vent s s e levèren t mai s l e desti n tomb a su r l a nuqu e d’Agamenno n : i l ser a tu é pa r l’aman t d e s a femm e Chytemnestre , leque l ser a tu é pa r Orest e qu i poignarder a auss i s a mèr e pou r l a puni r ains i qu e so n aman t d’avoi r tu é so n père.

Pou r comprendr e c e geste , c e sacrific e innommabl e – c e qu i n e veu t pa s dir e l’approuve r – nou s allon s fair e un e sort e d’inventair e de s mobile s qu i l e provoquen t : Fondation s d e ville s Nou s avon s déj à évoqu é l e meurtr e d e Remu s pa r Romulus , pou r n e pa s multiplie r le s exemple s j e m e born e à cite r l a fondatio n d e l’un e de s cité s Kotok o (su r le s cour s inférieur s d u Char i e t d u Logone ) : Logon e Birn i exige a l e sacrific e d e l a fill e d e l’u n de s groupe s e t d u garço n d e l’autr e muré s vivant s dan s l’épaisseu r d u mu r d’enceinte , Madam e Lebeu f qu i étudi a ce s principauté s expliqu e : « l e sacrific e d’u n de s fondateur s o u d e s a progénitur e es t u n act e essentiel . I l scell e l’unio n d e l’homm e ave c l e so l d e l’espac e réserv é mai s l’unio n de s groupe s étranger s entr e eux » . Intronisatio n d e Roi s L a traditio n Yoroub a voulai t qu e l e jou r d e l’intronisatio n d e l’on i d’If é (If é es t l’antiqu e capital e d’o ù son t parti s le s yoroub a don t l a tradi – tion , no n écrite , a ét é évoqué e pa r d e nombreu x informateur s don t l’u n de s dernier s es t mor t e n 1930) , qu e l e jou r d e cett e intronisation , u n esclav e étai t amen é a u palai s richemen t habill é e t coiff é d’un e couronn e d e cauris . Ce t esclav e (ro i d’u n jour ) recevai t le s dignitaire s d e l a cour , dan s diffé – rente s partie s d u palai s assi s su r u n trône , pui s i l quittai t l e palai s e t l a vill e d’If é pou r toujours . Comm e o n n e doi t jamai s dir e qu e l e ro i es t mor t mai s qu’i l es t parti , o n peu t suppose r qu e c e ro i d’u n jou r étai t exécuté .

Mort des Roi s

A l a fi n d u XVIII e siècl e (1778-1786 ) J.-F . Landolph e décri t le s funéraille s d e l’Ob a (ro i d u Bénin) .

O n creus e un e tomb e dan s l’un e de s cour s d u palais . C’es t u n tro u larg e d e 4 pied s carré s e t profon d d e 30 . O n y descen d l e cadavr e roya l ains i qu e se s premier s ministre s vivants . L’ouvertur e es t fermé e pa r un e grand e trapp e d e bois . Tou s le s jour s o n apport e de s vivre s e t o n demand e s i l e ro i es t mort . Le s survivant s réponden t qu’i l es t bie n malade . O n agi t ains i jusqu’ à c e qu e l’o n n’obtienn e plu s d e réponses . Pendan t c e temp s l’anarchi e es t instauré e dan s l a ville , de s homme s masqué s parcouren t le s rue s d e l a vill e e t fon t vole r l a têt e d e ceu x qu’il s rencontren t d’u n cou p d e coupe-coupe . L e san g es t recueill i dan s de s bassine s e t i l es t vers é su r l e tombea u de s rois .

Plu s tar d le s corp s son t sorti s d e l a foss e e t ceu x de s ministre s rendu s à leu r famill e tandi s qu e l e ro i es t inhum é dan s un e vast e cou r sou s l e portiqu e don t le s pilier s son t sculptés . C e lieu , di t l’auteur , étai t couver t d e san g humai n e t u n énorm e serpen t sculpt é dan s de s dent s d’éléphan t emboîtée s l’un e dan s l’autr e semblai t descendr e d u toi t e t pénétre r dan s l a tombe . N’oublion s pa s qu e l e serpen t es t symbol e d’éternit é e t plu s encor e d’éterne l retour .

Mai s le s sacrifice s n’e n étaien t pa s terminé s pou r autant .Deu x foi s pa r a n avaien t lie u d’important s rituel s qu i comportaien t de s offrandes , notammen t celle s d e 1 2 victime s humaine s ains i qu e 1 2 chiens , vaches , moutons , boucs , poulet s e t u n poisson . Ce s rituel s d e commémoratio n étaien t organisé s pa r l e ro i régnan t e n l’honneu r d e so n pèr e décédé , l’Ob a allai t voi r le s victime s humaine s ligotée s e t assise s e t le s chargeait , à voi x haut e d e message s pou r so n père . Alor s avai t lie u l’exécutio n : l a victim e s’avançai t bâillonné e ell e étai t assommé e pa r devan t e t pa r derrière . Allongé e alor s à terr e ell e étai t égorgé e e t so n san g recueill i arrosai t le s tombeau x de s rois .

Un e autr e grand e fêt e honorai t l e ro i régnan t lui-mêm e e t comportai t égalemen t de s sacrifices .

E n pay s Kotok o (Tchad , frontièr e Nigeria ) à Makari , l a traditio n assur e qu’ à chaqu e intronisatio n l e cora n étai t recouver t d e l a pea u d e l a mèr e d u M e (prince ) e t d e cell e d’u n bœu f immol é e n mêm e temp s qu’elle , qu’i l étai t ensuit e plac é dan s u n étu i d e cui r multicolor e e t soustrai t au x regards .

Obtentio n d e faveur s importante s

L’immolatio n d e victime s humaine s n e s’impos e qu e lorsqu e le s faveur s sollicitée s d e l’au-del à son t importantes . Nou s avon s évoqu é l e sacrific e d’Iphigéni e pa r so n père , sacrific e auque l devai t consenti r l a victim e elle-mêm e : Racin e me t dan s l a bouch e d e so n héroïn e : « i l fau t de s Dieu x apaise r l a colère  » avan t qu’ell e n e s e voi t substitue r un e jeun e captiv e Eriphèle , fill e caché e d’Hélèn e e t d e Thésée , don c ell e auss i d u san g d’Hélène .

A u Pérou , d e même , l a victim e devai t êtr e consentante . Alor s ell e devenai t Die u e t sourc e d e félicit é e t d e pouvoi r pou r celu i qu i e n faisai t l’offrande . L a fillett e don t nou s avon s parl é e t qu i es t révéré e sou s l’appellatio n d e « Tant a Carhua » , valu t à so n pèr e nommé e che f d e l a communaut é dan s le s jour s qu i suiviren t l’emmuremen t d e s a fill e consa – cré e a u soleil .

Su r l’îl e mélanésienn e d e Malekul a u n homm e qu i sacrifi e u n jeun e garçon , e n mêm e temp s qu’u n sanglie r particulier , devien t seigneu r de s enfer s e t possèd e u n pouvoi r su r l’ensembl e d e l a tribu .

O n gagn e pourrait-o n dir e u n pouvoi r magiqu e à l a mesur e d u sacri – fic e consenti .

C’es t c e pouvoi r qu’o n recherchait , e n Afrique , e n entran t dan s le s société s secrète s dite s de s hommes-lions , de s hommes-léopard s o u croco – diles . Pou r y entre r i l fallai t « offrir  » quelqu e membr e d e s a famille , don t un e parti e (o u l a totalité ) d u corp s étein t partagé e e t mangé e pa r le s membre s d e l a confrérie . Le s faveur s demandée s peuven t êtr e moin s importante s à no s yeu x :

Che z le s Peu l d u Foulado u (Ht e Casamance ) o n célèbr e encor e aujourd’hu i u n importan t ritue l e n l’honneu r de s vaches . Le s vache s c’es t l a vi e mêm e pou r ce s pasteurs.. . auss i pou r e n obteni r n’hésitait – (n’hésite ) o n pa s à passe r u n pact e ave c Gaari-Jinn e (l e génie-taureau) ? Celu i qu i veu t avoi r u n troupea u peu t offri r secrètemen t s a femme , so n enfan t – autrefoi s san s dout e de s esclave s – . Alor s l a victim e tomb e devan t l e troupea u d e vache s d e l a communaut é qu i arriv e e n galopan t pou r partici – pe r a u rituel . Ell e tomb e e t meur t – parfoi s piétinée , parfoi s d e maladi e dan s le s jour s suivant s – . Implore r l e pardo n C’es t u n autr e moti f pou r sacrifie r u n humai n e t e n particulie r u n enfant . Lor s d e terrible s ra z d e maré e : E n 196 0 eu t lie u l’exécutio n d’u n peti t garço n orpheli n (enviro n 6 ans) , prè s d u lag o Bud i a u Chili . O n lu i arrach a l e cœu r e t le s intestin s qu’o n jet a à l’eau . C’es t pou r montre r so n obéissanc e à Die u qu’Abraha m failli t bie n immole r so n fil s Isaa c (XIX e siècl e avan t J.-C) . Mai s c’étai t e n l’honneu r d e Moloch , Dieu x de s cananéen s e t de s phénicien s qu’étaien t immolé s d e nombreu x enfant s qu’o n brûlai t dan s de s « Tophets » . Manassé , fil s d’Ezéchias , « fi t passe r so n fil s pa r l e feu , pratiqu a l’astrologi e e t l a magie , institu a nécromanci e e t devins  » ( 2 roi s 2/16) . Acha z 12 e ro i d e Juda , ro i d e Jérusalem , e n avai t fai t autan t « i l fi t fume r l’encen s dan s l a vill e d e Be n Hinno m e t brûl a se s fil s pa r l e feu » , selo n le s abomination s de s nation s qu’avaien t dépossédée s Yahw e devan t le s fil s d’Israë l ( 2 chronique s 28/3) . L a rein e Dido n d e Ty r ayan t emport é à Carthag e – qu’ell e aurai t fond é a u IX e siècl e avan t J.-C . – le s Dieu x d e Phénicie , o n trouvait , e n Tunisi e u n « tophet  » ave c de s stèle s sacrificielle s e n l’honneu r d e Baal – Hammo n e t d e Tarit-Astart é (déess e d e l a fécondité) . Renouvellemen t d u mond e L e mond e vieillissant , le s organisation s s e dégradan t i l convien t d e l e renouvele r comm e d e refair e le s force s d’u n souverain . E n Crète , l e roi-prêtr e qu i portai t l e no m d e Mino s régnai t pendan t un e périod e d e 9 ans , A u bou t d e c e temp s l a puissanc e divin e qu i lu i avai t ét é insufflé e étai t considéré e comm e épuisée . I l s e rendai t alor s dan s l’antr e d e l a Montagn e Id a (o ù Zeu s enfan t avai t ét é élev é pa r 3 nymphes) . I l y apprenai t toute s le s faute s qu’i l avai t commises . Pendan t so n séjou r tout e l’îl e vivai t dan s l’angoiss e e t sacrifiai t jusqu’ à de s hommes . Te l étai t l e sor t de s 7 jeune s gen s e t 7 jeune s filles , tribu t qu e tou s le s neu f an s le s peuple s devaien t offri r a u Minotaure , hôt e d e l a grott e labyrinthiqu e d e l’Ida . Rappelon s qu e l e « monstre  » fu t vainc u pa r Thésé e qu i deviendr a ro i à so n tour . Tou s le s 9 an s égalemen t le s tribu s venan t d u pay s entie r s e réunis – saien t à Uppsal a pou r renouvele r le s pouvoir s d u roi . Chacu n devai t apporte r 9 offrande s : chevaux , chien s e t hommes . Le s victime s étaien t pendue s mai s auss i atteinte s d’u n cou p d e lance . De s exécution s d u mêm e genr e s e pratiquaien t a u Danemar k e t e n Norvège .

A l a fi n d u 1 e r siècl e d e notr e èr e Tacit e décri t l e sanctuair e d’u n peupl e germaniqu e : le s Semnome s qu i occupaien t u n vast e territoir e entr e Elbe , Odes , Varth a e t Vistule . I l assur e qu’ à de s époque s déterminée s de s députation s de s peuple s se retrouvaien t pou r pratique r de s « rite s barbares  » e t immolaien t u n homm e (a u moins) . L’affair e de s 9 an s es t extrêmemen t intéressant e ca r c e cycl e est , dan s l’antiquité , ressent i comm e à pe u prè s capabl e d e mettr e e n accor d l e cour s d u solei l ave c celu i d e l a lune , c’es t à dir e l a vi e social e d u ro i ( = soleil ) ave c l a natur e ( = lune) . Assure r l’ordr e d u Mond e Enfi n l e principa l mobil e d e l’exécutio n d e victime s humaine s es t d’assure r l’ordr e d u monde . E n méso-amérique , avan t l a dominatio n de s Aztèques , l e débu t d e l’anné e étai t marqué e pa r de s sacrifice s d’enfant s su r l e somme t de s montagne s ; lor s d e l a fêt e de s Dieu x e t Déesses , de s homm e o u de s femme s ayan t jou é pendan t quelque s jour s o u quelque s heure s l e rôl e d e leu r « patron » , étaien t immolé s a u somme t d e pyramide s pa r u n prêtr e portan t parfoi s lu i auss i l e costum e e t l e masqu e d u Die u o u d e l a Déesse . O n l e voi t bie n i l y a l à symbolism e d e l a Mor t e t d e l a résurrectio n d u Dieu . Parfoi s u n homme , prêtr e o u non , revêtai t l a pea u d u o u d e l a suppli – ciée , imag e d u Dieu , av e l e mêm e symbolisme . Le s Aztèque s ayan t développ é u n nouvea u myticism e e t décri t l e solei l comm e devan t recevoi r d e grande s quantité s d e san g pou r survivre , i l leu r fallu t s’empare r d e nombreu x prisonnier s d e guerr e afi n d e pouvoi r e n immole r chaqu e mati n : o n arrachai t leu r cœu r encor e palpitan t a u moye n d’u n coutea u d’obsidienn e e t o n l’élevai t pou r l’offri r a u soleil . Avan t le s Incas , le s indien s de s Ande s rendaien t de s culte s au x eau x e t au x montagnes , e t san s dout e à u n coupl e formé e de s une s e t de s autre s (la c d e haut e montagn e coupl é ave c u n hau t sommet , pa r exemple ) le s Inca s on t assum é ce s ancien s culte s e n le s réorientan t ver s l e soleil , seu l capabl e d e surpasse r le s Dieu x de s montagnes . Elue s d u solei l le s victime s humaine s auraien t jou é u n autr e rôle . O n aurait , dan s le s Andes , pratiqu é de s sacrifice s pou r apaise r de s conflit s internes , pou r renforce r l’harmoni e entr e classe s sociale s e n cimentan t le s relation s ave c l’Inca . Telle s es t l a thès e d e Abbo t Cristoba l d e Molin a (XVIe ) qui , e n bo n observateur , avai t not é qu e l a redistributio n de s victime s à parti r d e l a capital e aurai t apais é le s rancœur s qu e l’inégalit é de s peuple s pouvai t développer .

O n retrouv e dan s c e réci t d u jésuit e c e qu’assur e Ren é Girar d : l e sacrific e qu i es t un e violenc e es t un e manièr e d’arrête r l e cycl e intermi – nabl e de s vendetta s individuelle s o u d e groupe . L a violenc e sacrificiell e s’opposerai t à l a violenc e « naturelle  » Le s humain s sacrifié s étaient , dan s tou s le s ca s de s messager s choisi s e t chargé s d’u n rôl e d e médiatio n entr e le s homme s e t le s Dieux . Cett e théologi e d e l a médiatio n perme t d e comprendr e (no n d’approuver ) l e cannibalism e ritue l qu i associ e à l a victim e l’ensembl e de s participants . C e n’es t pa s pa r goû t n i pa r instinc t qu e l’homm e es t cannibale , mai s à l a suit e d’un e théologi e e t d’un e mythologie . L’homm e sai t qu’i l doi t tue r de s animau x pou r vivre.. . i l extrapol e e t pens e qu’i l doi t tue r de s homme s pou r fair e vivr e l’au-delà , répétan t rituellemen t u n premie r meurtr e qu i eu t lie u dan s l e mond e de s Dieu x o u dan s celu i de s ancêtres . L e démembremen t d’u n Die u serai t l e modèl e d u sacrific e humain . L’Egypt e a fai t d’Osiri s l e Die u mor t e t ressuscit é : épou x d e s a sœu r Isis , fil s d u die u terr e Ge b e t d e l a déess e cie l Nout , frèr e d e Seth , Osiri s étai t – selo n le s récit s mythologique s – u n Dieu-ro i for t aimé . So n frèr e Seth , jaloux , fi t fair e u n coffr e superbemen t décor é et , a u cour s d’u n banquet , promi t d e l’offri r à celu i qu i pourrai t l e rempli r exactement . Comm e i l avai t ét é fai t au x mesure s d’Osiris , seu l celui-c i pu t s’ y couche r exactement . Aussitô t l e couvercl e rabatt u e t scellé , l e coffr e es t jet é a u Nil . Isi s l e recherch e e t l e retrouv e à Byblos . Ell e ramèn e l e corp s d’Osiri s e n Egypt e mai s Set h réussi t à s’e n empare r à nouvea u e t à démembre r l e corps . I l e n répan d le s morceau x à traver s l’Egypte . Isi s recherch e ce s morceaux , le s recoll e à l’exceptio n d u péni s qu i rest e introuvable . Selo n un e autr e versio n ell e inhum e chaqu e morcea u à l’endroi t o ù i l a ét é retrouv é e t à qu i es t ains i apporté e l a fertilit é e t l a résurrectio n es t antérieure . Quoiqu’i l e n soi t Isi s a u n enfan t posthum e d’u n épou x mor t e t ressuscité . C’es t enfan t c’es t Horu s – die u Fauco n – . E n Mésopotamie , selo n l e myth e babylonie n d e créatio n d e l’Univer s qu i étai t déclam é lor s de s fête s d u nouve l a n : a u commencemen t i l n’ y avai t qu e le s eau x douce s (Apsû ) e t le s eau x salée s Tiamat) . D e c e coupl e naissen t de s génération s d e Dieux , don t l’u n tu e Aps û e t l e remplac e comm e roi . I l engendr e Mardu k qu i attaqu e l a terribl e Tiamat . A lie u u n terribl e comba t don t Mardu k sor t vainqueur . I l fen d e n 2 l e cadavr e d e Tiama t e t d’un e moiti é form e l e cie l e t le s étoile s (e t auss i l a lune ) don t l’autr e form e l a Terr e o ù coulen t l e Tigr e e t l’Euphrat e issue s de s yeu x d e Tiamat.. . L’épou x d e Tiama t : King u es t alor s sacrifi é pou r qu e naiss e l’homm e ( à l’aid e don c d u san g d’u n Dieu ) o n compren d dè s lor s qu e l e servic e de s Dieu x ser a l e lo t d e l’humanité . I l fau t don c le s nourri r pa r de s offrande s : pains , viandes , mai s auss i légume s e t fruits . I l n e sembl e pa s y avoi r e u d e sacrific e humain , cependan t dan s le s tombe s royale s d’U r o n a trouv é le s squelette s d e nombreuse s personne s venue s (volontairemen t o u non ) prendr e plac e auprè s d e leu r maîtr e o u maîtresse . C’es t a u sacrific e d’u n Die u o u à so n auto-sacrific e qu’es t du e l a naissanc e d u mond e e n Grèc e comm e che z le s May a e t le s Dogon . Dionyso s es t u n die u énigmatiqu e don t l e no m signifi e  » 2 foi s né » , u n die u qu i meur t e t qu i renaît . I l es t san s dout e un e divinit é trè s archaïque , peut-êtr e originair e d’Anatolie , e n tou s ca s attesté e e n Crèt e o ù avai t lie u u n cult e d e Dionyso s enfan t s e confondan t ave c l e Zagreu s d e Mt-Ida . Zagreus-Dionyso s es t fil s d e Perséphon e déess e infernal e e t d e Zeu s (sou s form e d e serpent) . I l es t don c li é au x puissance s chtonniennes , i l évoqu e l e cycl e hive r (mort ) / printemp s (retou r de s force s d e vie) . Zagreu s a ét é déchir é e t dévor é enfant , sou s form e d e taureau , pa r de s Titans . A l’imitatio n d u sacrific e d e Zagreu s – Dionyso s qu i es t réput é favorise r l a renaissanc e e t l a croissanc e d e l a végétation , u n jeun e garço n étai t immol é e n Crète . Cett e victim e humain e avai t régn é pendan t un e journée . I l avai t alor s exécut é un e dans e illustran t le s 5 saisons , miman t l e lion , l a chèvre , l e cheval , l e serpen t e t l e veau . Aprè s quo i i l étai t sacrifi é e t mangé . Marsya s étai t am i d e l a déess e Cybèle , i l jouai t d e l a flût e pou r l a charmer . C’étai t dit-o n u n « satyre  » (o u silène ) d e Phrygie , Marsya s os a provoque r Apollo n e n comparan t s a flût e à l a lyr e d e celui-ci . Apollo n vainqui t Marsyas , pa r ruse , e n défian t so n adversair e d e fair e c e qu’i l faisai t c’est-à-dir e joue r à l’envers , c e qu’o n pouvai t ave c l a lyr e e t no n à l a flûte . Apollon , pou r s e venger , écorch a vi f Marsya s e t clou a s a pea u à u n pin , arbr e d e Cybèle , so n corp s démembr é fu t répand u dan s le s champ s pou r le s fertilisés . Ce s exemple s montren t bie n qu e l e sacrific e d’u n Die u cré e o u entre – tien t l e monde , lu i procur e l a fécondité .

Dan s l e Popo l Vuh , l e gran d text e May a écri t ver s 155 0 pa r u n lettr é quiche , le s Dieu x son t présenté s comm e de s humain s géant s comm e d e trè s grand s magicien s don t le s acte s e t le s création s furen t l e résulta t d e parole s magiques . Un e guerr e inexpiabl e éclat a entr e de s Dieu x lumineu x e t bienfaisant s e t le s Dieu x ténébreu x e t malfaisants . Cett e bataill e pri t figur e d e parti e d e je u d e paum e e t le s Dieu x lumineu x duren t feindr e d e s e laisse r tue r : rit e obligatoir e pou r passe r d u pay s d e l a Xibalb a (mort ) a u pay s d e l a vie . Ayan t remport é l a victoir e le s 2 magicien s montèren t a u cie l e t y devinren t solei l e t lune . A l’imag e d e l a lutt e de s Dieux , le s ancêtre s entamèren t un e lutt e a u je u d e paume . U n héro s ancestra l fu t décapit é e t s a têt e abandonné e su r l a plac e d u je u d e balle . Ell e y donn a naissanc e à de s fruit s e t engendr a un e descendance . O n voi t don c o ù s’ancr e l’idé e d u sacrific e humai n fécondateur . O n voi t auss i naîtr e l a nécessit é d u sacrific e pou r qu e viv e l e monde : le s Dieu x on t fai t coule r leu r san g pou r l e créer , le s homme s doiven t fair e coule r l e leu r pou r l e maintenir . Lor s don c le s cité s may a entrèren t e n guerr e no n afi n d e s’asservi r mai s d e fair e de s prisonnier s qu e l’o n puiss e immole r a u somme t de s pyramide s o u plu s souven t encor e a u cour s d’u n je u d e balle . L e ro i étai t guerrie r e t i l sacrifiai t le s prisonnier s mai s i l étai t auss i demi-Die u e t lor s de s cérémonie s rituelle s i l faisai t coule r so n propr e san g e n s e lacéran t notammen t l e lob e d e l’oreille , l a langu e e t l e péni s (l a rein e faisai t d e mêm e e n tiran t un e cord e à épine s à traver s s a langu e perforée) . C e faisan t le s souverain s répétaien t l e myth e créateu r e t l e reproduisan t assuraien t l a continuit é d e l a vie . L e san g étai t recueill i su r de s bande s d e papie r qu e de s acolyte s brûlaien t : l a fumé e l’emportai t a u ciel . Su r terr e le s souverain s étaien t alor s san s dout e e n proi e à de s phéno – mène s hallucinatoire s qu i leu r donnaien t un e versio n d e l’autr e monde . Le s Aztèque s venu s d u nor d d u Mexiqu e poussèren t jusqu’au x extrême s cett e nécessit é d u san g pou r qu e viv e leu r Die u l e solei l e t l’Univers , s a création . Che z le s Dogon , l e die u suprêm e Amm a ayan t cré é l e mond e pui s le s végétau x voulu t forme r 4 paire s d e jumeaux . I l procéd a pa r dédouble – ment s successif s créan t d’abor d le s mâle s pui s élaboran t dan s l e placent a le s jumelles . L e 4 e mâl e Og o s’impatientan t vol a l e morcea u d e placent a d’o ù devai t naîtr e s a jumelle . S e révoltan t contr e Amma , i l vol a auss i l a premièr e grain e créée.

Og o es t bie n évidemmen t l e perturbateur , l e désordonnateu r d u monde . Le s Dogo n l e décriven t comm e l e renar d pâl e (chacal) . Pou r remettr e d e l’ordr e dan s l e monde , Amm a transform a l e morcea u d e placent a e n terre . Pui s i l sacrifi a l e Nomm o (jumea u mâl e d’Og o e t don c participan t à l a responsabilit é d’Ogo , d u fai t mêm e d e cett e gémellité) . Ains i Nomm o fut-i l démembr é e t le s morceau x e n furent-il s lancé s au x 4 angle s cardinau x d e l’espace . D u sex e d e Nomm o naqui t l’étoil e Sirius , l a trac e d u san g créan t Vénus . C e sacrific e scell a l’éche c d u 1 e r mond e voul u pa r Amma , i l l e réorganis a don c pa r l a souffrance . Amm a rassembl a ensuit e l e corp s d e Nomm o e t l e ressuscit a sou s form e d e jumeau x mixte s humains . U n sacrific e commémorati f à lie u a u momen t d e l a fêt e de s semailles . Nou s penson s qu’autrefoi s avai t lie u u n sacrific e humain , aujourd’hu i remplac é pa r un e victim e animal e qu i es t mangé e pa r l a communaut é totémique . Mirce a Eliade , l e gran d ethnologu e roumai n qu i enseign a au x USA , soulignai t qu e cett e conceptio n d u sacrific e donnan t naissanc e o u régéné – ran t l e monde , proclam e qu e l a vi e es t assuré e pa r u n meurtre . Comm e l e di t Do n Eduardo , l’u n de s spécialiste s d u chamanism e andi n : l e sacrific e d’u n homm e c’es t l e sacrific e d u microcosm e a u macrocosm e qu’es t l’Univers . C’es t u n pon t e t s i l’âm e d u sacrific e es t consentant e c e peu t êtr e u n pon t cosmique . O n peu t alor s se pose r l a questio n : l a crucifixio n d e Jésus-Chris t est – ell e u n sacrific e ? J e n e veu x pa s examine r l a questio n e n théologie n – c e qu e j e n e sui s pa s – mai s e n anthropologue , sacrific e ? Certainemen t pa s ca r le s autorité s pensèren t sanctionne r un e conduit e susceptibl e d’amene r de s trouble s politiques , ca r l e peuple , qu i suivai t Jésu s quelque s jour s aupara – vant , l’abandonnèren t pa r peu r : peu r de s prêtre s qu i détestaien t l e Nazaréen , peu r d e l’occupan t qu i pourrai t sévi r contr e le s ami s d’u n rebelle . I l n’ y a pa s d e sacrific e offer t pou r l’un e de s raison s qu e nou s avon s signalée s : purification , envo i d’u n messager , etc. . S’agit-i l d’u n auto-sacrific e ? L’évangil e di t pa r exempl e : « l e fil s d e l’homm e n’es t pa s ven u pou r êtr e serv i mai s pou r servi r e t donne r s a vie , e n rançon , pou r beaucoup  » Mathie u 2 0 (28 ) e t Mar c 1 0 (32-34) . Dan s l’épîtr e au x Hébreu x 9 (26 )

Paul dit de Jésus : « Il s’est manifesté une seule fois à la fin des âges pour abolir le péché par son sacrifice. Je crois qu’il ne faut pas oublier la mentalité sacrificielle qui régnait dans le monde – rappelons-nous les taureaux immolés en l’honneur de Mithra – et qui n’est sans doute, pas abolie si l’on songe aux jeunes garçons iraniens se lançant dans les champs de mines irakiens, la clef du Paradis au cou. Mais il me semble que pour les Chrétiens il y a l à quelque chose d’unique puisque Dieu est à l a fois objet du sacrifice et destinataire du sacrifice car il est Dieu et non un Dieu, qu’ll est à la fois message, messager et récepteur du message. D’autres dieux, par exemple Odin, chez les Germains, se sacrifièrent , acceptèrent une mort rituelle, initiatique pour acquérir la connaissance suprême : de dieu des guerriers, Odin devint ainsi maître de la connaissance occulte. Mais n’oublions pas qu’il périt, englouti par le loup Fenrir et que la plupart des dieux disparurent avec lui, dans le crépuscule des dieu . Dans les auto-sacrifices que j’ai rencontrés dans les mythologies, les victimes ne se confondent pas avec le destinataire. Alors d’autres sacrifices devaient et pouvaient avoir lieu.  Je ne crois pas que l’Eucharistie chrétienn e soit un sacrifice renouvelé, le sacrifice de la croix demeurant unique mais étant présent et présenté dans le sacrement.

Je voudrais terminer cette causerie en posant une question: les archétypes sacrificiels nous quittent-ils ? En 1969, marchant sur la lune et contemplant l a sphère bleue de la terre, l’astronaute Armstrong se demandait comment une tribu primitive aurait réagi à ce magnifique spectacle: « combien de vierges lui aurait-on immolé ? » . L e psychologue Steven Kull signale que l’archétype d e l’Armageddon [montagne de rassemblement (Ap o 16,6) ] séduit des groupes religieux qui voient dans l’anéantissement du monde un ultime sacrifice purificateur : le rite de la destruction du monde.

Pétition – Non à l’interdiction de la circoncision !

CRIF

Le mardi 1er octobre 2013, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe a adopté une résolution invitant les 47 États membres à prendre des mesures contre les « violations de l’intégrité physique des enfants » ; l’une de ces violations serait la circoncision, au même titre que la mutilation génitale féminine des enfants. Nous vous appelons à une grande mobilisation citoyenne contre ce projet injuste qui bafoue notre identité et nos libertés individuelles. Signez cette pétition initiée par le CRIF et faites-la circuler autour de vous !

Cette décision est une remise en cause inacceptable de la liberté religieuse garantie par l’article 9 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme. Elle porte atteinte à l’essence même du judaïsme et des traditions qui ont accompagné l’histoire du peuple juif de par le monde. Elle agresse les communautés juives d’Europe déjà exposées à une résurgence sans précédent de l’antisémitisme. Elle est insultante quand elle met sur un pied d’égalité la circoncision et à l’excision. Elle est dangereuse car elle stigmatise les Juifs et ouvre de nouveau la porte à toutes les formes de caricatures. Elle est inconcevable pour tous ceux qui ont vécu la Shoah. Nous vous appelons à résister pour que cette décision ne soit jamais mise en application en France comme ailleurs en Europe.

Ces baptêmes royaux qui sont restés dans les mémoires

Constance Jamet

Le Figaro

20/10/2013

La famille royale lors du baptème d’Elizabeth II en 1926. Depuis 1841, soixante-dix bébés se sont fait baptiser dans la robe de dentelle et de satin portée par la fille aînée de Victoria. Depuis 2008, on utilise une reproduction. Les fonts baptismaux, en forme de lys, remontent aussi à Victoria tandis que l’eau bénite vient du Jourdain.

Lions, cérémonie secrète, bannissement, certains baptêmes à la Cour d’Angleterre ont fait des vagues. Alors que le prince William et Kate prévoient une cérémonie intime mercredi, retour sur les coups d’éclat de leurs prédécesseurs.

Après sa présentation à la presse le lendemain de sa naissance en juillet, le prince George va connaitre mercredi sa deuxième «cérémonie officielle». Le prince William et Kate baptisent mercredi leur fils dans l’intimité au Palais Saint-James. Des fuites supposées sur l’absence de certains membres de la famille royale comme la princesse Anne et Sophie de Wessex ont attisé les spéculations. Mais ceci est peu de chose comparé aux destins extraordinaires de certains baptêmes. Voyage dans le temps commenté par l’historienne canadienne Carolyn Harris, spécialiste des monarchies européennes.

• Le baptême mauvais présage. La palme revient au bien nommé mais oublié souverain Æthelred II le malavisé (968-1016). Le bébé s’oublie dans les fonts baptismaux. Furieux l’archevêque de Canterburry prédit «Par dieu et sa mère, ce sera un individu bien déplorable». Æthelred II fut détrôné par le roi du Danemark Sweyn Forkbeard. Il est resté dans l’Histoire comme un des rois les plus inefficaces de l’Angleterre saxonne.

Elizabeth I.

• Le baptême le plus rabat-joie. Elizabeth Ière (1533-1603) vient au monde dans un contexte politique tendu. Elle est le premier monarque à être baptisée dans la toute nouvelle Eglise anglicane. Pour épouser sa mère Anne Boleyn, Henry VIII a divorcé de Catherine d’Aragon, et rompu avec le Pape. Pour la frange de la population restée catholique et fidèle à Rome, il n’y a donc aucune raison de célébrer. «Ce baptême a été, comme le couronnement d’Anne Boleyn, froid et désagréable. Personne à la cour ou à Londres n’a songé à allumer les traditionnels feux de joie», se gausse un chroniqueur de l’époque, pro-Catherine d’Aragon.

• La marraine la plus généreuse. Pour la naissance en 1566 du fils de la reine d’Ecosse Mary Stuart, le futur Jacques Ier d’Angleterre, Elizabeth Ière envoie des fonts baptismaux en or. Cette bienveillance ne durera pas, la reine fera exécuter sa cousine 11 ans plus tard.

• Le baptême qui rugit. Le roi d’Ecosse Jacques VI, futur roi d’Angleterre sous le nom de Jacques Ier, veut pour son fils Henry Frederick né en 1594 une cérémonie qui surpasse toutes les précédentes. Le souverain demande comme clou de son banquet un carrosse tiré par un lion. Mais au dernier moment, le plan est abandonné, de peur que la bête ne salisse le sol. Les invités sont conviés à contempler de loin les fauves qui demeurent dans leur enclos.

Mary de Modène avec son fils.

• Le baptême clandestin. Dans une Angleterre protestante, le choix du futur Jacques II et de sa seconde femme Mary de Modène, catholiques convaincus, de baptiser clandestinement en 1675 leur aînée Catherine selon leur religion, ne peut qu’outrager la cour et le frère de Jacques, le roi Charles II chef de l’Eglise anglicane. Quand Charles II l’apprend, il arrange aussitôt un baptême anglican pour la fillette. La petite princesse meurt à neuf mois de convulsions. Aucun des enfants catholiques de Jacques II ne montera sur le trône, la lignée des Stuart s’éteint à la mort des deux filles du premier mariage de Jacques II, les reines Marie et Anne, élevées dans la foi protestante.

• Le baptême qui vire à l’affaire d’Etat. Premier monarque issue de la dynastie des Hanovre, George Ier entretient des relations détestables avec son fils, le prince de Galles bien plus populaire que lui. Celles-ci arrivent à leur point de rupture lors du baptême du cadet du prince en 1717. Tout est matière à désaccord et George Ier impose ses choix. Ulcéré que le roi ait nommé le duc de Newcastle, Lord Chambellan, parrain, le prince lance au noble honni «vous êtes un vaurien et je vous démasquerai». Sauf que le prince parlant avec un fort accent allemand, le duc comprend qu’on le provoque en duel. Scandale, George Ier bannit son fils et sa belle-fille de la cour et leur confisque la garde de leurs enfants. Le petit George William meurt à trois mois, le prince de Galles ne pardonnera jamais à son père cette séparation.

Victoria enfant.

• Le baptême suspense. En 1819, l’atmosphère est encore à la querelle familiale lorsqu’il faut prénommer la future reine Victoria. Le prince Régent et futur George IV , refuse toutes les suggestions de son frère et père de la petite fille, le duc de Kent. Vient le jour de la cérémonie, l’archevêque de Canterburry tient le nourrisson et attend la décision du prince. Celui-ci tergiverse avant de proposer Alexandrina en l’honneur du Tsar, un des parrains de l’enfant. Le duc de Kent demande le droit de donner comme deuxième prénom, Elizabeth. Le prince Régent s’y oppose mais accepte Victoria, comme la mère de l’enfant, «du moment que son nom ne précède pas celui du Tsar». Peine perdue, en montant sur le trône en 1837, la jeune femme se fera appeler Victoria.

La famille royale lors du baptème d’Elizabeth II en 1926. Depuis 1841, soixante-dix bébés se sont fait baptiser dans la robe de dentelle et de satin portée par la fille aînée de Victoria. Depuis 2008, on utilise une reproduction. Les fonts baptismaux, en forme de lys, remontent aussi à Victoria tandis que l’eau bénite vient du Jourdain.

• Une génération de baptêmes insolites. «Grand-mère» des familles royales européennes, la reine Victoria a eu des dizaines de petits-enfants. Certains ont eu droit à des baptêmes atypiques. Victoria-Melita fut une des rares membres de la famille royale à être baptisée hors du Royaume-Uni, à Malte, où son père officier de la Navy était affecté en 1877. Sa sœur cadette Batrice fut baptisée 7 ans plus tard dans la bibliothèque familiale du Kent.

• Le recordman des bonnes fées. Si les bébés royaux ont de nos jours cinq ou six parrains, Edward VIII né en 1894 en avait douze: la reine Victoria (son arrière-grand-mère), ses autres arrières grands-parents le roi et la reine de Danemark, le roi de Württemberg (un lointain cousin de sa mère), sa grand-tante la reine de Grèce, son grand-oncle le duc de Saxe-Coburg et Gotha, ses grands-parents le prince et la princesse de Galles, le cousin de son père le Tsarévitch, le duc de Cambridge (le cousin de Victoria), et ses grands-parents maternels le duc et la duchesse de Teck.

2 Responses to Baptême princier: Attention, un rituel peut en cacher un autre ! (Brits christen their prince while former genocidal Europe seeks to criminalize circumcision)

  1. […] multiculturelles du Prince Charles, les jeunes parents du prince George retrouvent la tradition du baptême chrétien […]

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