Apocalypse: Et si le christianisme était bien la source de tous nos maux ? (Think not that I am come to send peace on earth)

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Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée. Car je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère; et l’homme aura pour ennemis les gens de sa maison. Jésus (Matthieu 10 : 34-36)
Vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres: gardez-vous d’être troublés, car il faut que ces choses arrivent. Mais ce ne sera pas encore la fin. Une nation s’élèvera contre une nation, et un royaume contre un royaume, et il y aura, en divers lieux, des famines et des tremblements de terre. Tout cela ne sera que le commencement des douleurs. Alors on vous livrera aux tourments, et l’on vous fera mourir; et vous serez haïs de toutes les nations, à cause de mon nom. Jésus (Matt. 24: 6-9)
Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants. Jésus (Matthieu 11: 25)
Nous prêchons la sagesse de Dieu, mystérieuse et cachée, que Dieu, avant les siècles, avait destinée pour notre gloire, sagesse qu’aucun des chefs de ce siècle n’a connue, car, s’ils l’eussent connue, ils n’auraient pas crucifié le Seigneur de gloire. Paul (1 Corinthiens 2, 6-8)
Et maintenant vous savez ce qui le retient, afin qu’il ne paraisse qu’en son temps. Paul (2 Thessaloniciens 2: 6)
Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus Christ. Paul (Galates 3: 28)
Par exemple, ils disent que les femmes sont les égales des hommes dans tous les domaines, sauf dans les cas qui contredisent la loi islamique. Mais alors la loi islamique permet aux hommes de discipliner leurs épouses. C’est scandaleux : je ne peux pas battre et presque tuer ma femme et ensuite vous dire qu’il s’agit de discipline. Ce n’est pas de la discipline : c’est de l’abus et de la folie. Ali Ahmed (écolier de 12 ans, Le Caire, 19 octobre 2012)
La nature d’une civilisation, c’est ce qui s’agrège autour d’une religion. Notre civilisation est incapable de construire un temple ou un tombeau. Elle sera contrainte de trouver sa valeur fondamentale, ou elle se décomposera. C’est le grand phénomène de notre époque que la violence de la poussée islamique. Sous-estimée par la plupart de nos contemporains, cette montée de l’islam est analogiquement comparable aux débuts du communisme du temps de Lénine. Les conséquences de ce phénomène sont encore imprévisibles. A l’origine de la révolution marxiste, on croyait pouvoir endiguer le courant par des solutions partielles. Ni le christianisme, ni les organisations patronales ou ouvrières n’ont trouvé la réponse. De même aujourd’hui, le monde occidental ne semble guère préparé à affronter le problème de l’islam. En théorie, la solution paraît d’ailleurs extrêmement difficile. Peut-être serait-elle possible en pratique si, pour nous borner à l’aspect français de la question, celle-ci était pensée et appliquée par un véritable homme d’Etat. Les données actuelles du problème portent à croire que des formes variées de dictature musulmane vont s’établir successivement à travers le monde arabe. Quand je dis «musulmane» je pense moins aux structures religieuses qu’aux structures temporelles découlant de la doctrine de Mahomet. Dès maintenant, le sultan du Maroc est dépassé et Bourguiba ne conservera le pouvoir qu’en devenant une sorte de dictateur. Peut-être des solutions partielles auraient-elles suffi à endiguer le courant de l’islam, si elles avaient été appliquées à temps. Actuellement, il est trop tard ! Les «misérables» ont d’ailleurs peu à perdre. Ils préféreront conserver leur misère à l’intérieur d’une communauté musulmane. Leur sort sans doute restera inchangé. Nous avons d’eux une conception trop occidentale. Aux bienfaits que nous prétendons pouvoir leur apporter, ils préféreront l’avenir de leur race. L’Afrique noire ne restera pas longtemps insensible à ce processus. Tout ce que nous pouvons faire, c’est prendre conscience de la gravité du phénomène et tenter d’en retarder l’évolution. André Malraux (1956)
Nous sommes encore proches de cette période des grandes expositions internationales qui regardait de façon utopique la mondialisation comme l’Exposition de Londres – la « Fameuse » dont parle Dostoievski, les expositions de Paris… Plus on s’approche de la vraie mondialisation plus on s’aperçoit que la non-différence ce n’est pas du tout la paix parmi les hommes mais ce peut être la rivalité mimétique la plus extravagante. On était encore dans cette idée selon laquelle on vivait dans le même monde: on n’est plus séparé par rien de ce qui séparait les hommes auparavant donc c’est forcément le paradis. Ce que voulait la Révolution française. Après la nuit du 4 août, plus de problème ! René Girard
L’inauguration majestueuse de l’ère « post-chrétienne » est une plaisanterie. Nous sommes dans un ultra-christianisme caricatural qui essaie d’échapper à l’orbite judéo-chrétienne en « radicalisant » le souci des victimes dans un sens antichrétien. (…) Jusqu’au nazisme, le judaïsme était la victime préférentielle de ce système de bouc émissaire. Le christianisme ne venait qu’en second lieu. Depuis l’Holocauste, en revanche, on n’ose plus s’en prendre au judaïsme, et le christianisme est promu au rang de bouc émissaire numéro un. René Girard
Ceux qui considèrent l’hébraïsme et le christianisme comme des religions du bouc émissaire parce qu’elles le rendent visible font comme s’ils punissaient l’ambassadeur en raison du message qu’il apporte. René Girard
Il y a deux grandes attitudes à mon avis dans l’histoire humaine, il y a celle de la mythologie qui s’efforce de dissimuler la violence, car, en dernière analyse, c’est sur la violence injuste que les communautés humaines reposent. (…) Cette attitude est trop universelle pour être condamnée. C’est l’attitude d’ailleurs des plus grands philosophes grecs et en particulier de Platon, qui condamne Homère et tous les poètes parce qu’ils se permettent de décrire dans leurs oeuvres les violences attribuées par les mythes aux dieux de la cité. Le grand philosophe voit dans cette audacieuse révélation une source de désordre, un péril majeur pour toute la société. Cette attitude est certainement l’attitude religieuse la plus répandue, la plus normale, la plus naturelle à l’homme et, de nos jours, elle est plus universelle que jamais, car les croyants modernisés, aussi bien les chrétiens que les juifs, l’ont au moins partiellement adoptée. L’autre attitude est beaucoup plus rare et elle est même unique au monde. Elle est réservée tout entière aux grands moments de l’inspiration biblique et chrétienne. Elle consiste non pas à pudiquement dissimuler mais, au contraire, à révéler la violence dans toute son injustice et son mensonge, partout où il est possible de la repérer. C’est l’attitude du Livre de Job et c’est l’attitude des Evangiles. C’est la plus audacieuse des deux et, à mon avis, c’est la plus grande. C’est l’attitude qui nous a permis de découvrir l’innocence de la plupart des victimes que même les hommes les plus religieux, au cours de leur histoire, n’ont jamais cessé de massacrer et de persécuter. C’est là qu’est l’inspiration commune au judaïsme et au christianisme, et c’est la clef, il faut l’espérer, de leur réconciliation future. C’est la tendance héroïque à mettre la vérité au-dessus même de l’ordre social. René Girard
Et immédiatement, le centre sacrificiel se mit à générer des réactions habituelles : un sentiment d’unanimité et de deuil. […] Des phrases ont commencé à se dire comme « Nous sommes tous Américains » – un sentiment purement fictif pour la plupart d’entre nous. Ce fut étonnant de voir l’unité se former autour du centre sacré, rapidement nommé Ground Zero, une unité qui se concrétisera ensuite par un drapeau, une grande participation aux cérémonies religieuses, les chefs religieux soudainement pris au sérieux, des bougies, des lieux saints, des prières, tous les signes de la religion de la mort. […] Et puis il y avait le deuil. Comme nous aimons le deuil ! Cela nous donne bonne conscience, nous rend innocents. Voilà ce qu’Aristote voulait dire par katharsis, et qui a des échos profonds dans les racines sacrificielles de la tragédie dramatique. Autour du centre sacrificiel, les personnes présentes se sentent justifiées et moralement bonnes. Une fausse bonté qui soudainement les sort de leurs petites trahisons, leurs lâchetés, leur mauvaise conscience. James Alison
Un des grands problèmes de la Russie – et plus encore de la Chine – est que, contrairement aux camps de concentration hitlériens, les leurs n’ont jamais été libérés et qu’il n’y a eu aucun tribunal de Nuremberg pour juger les crimes commis. Thérèse Delpech
Je crois aux principes affirmés à Nuremberg en 1945 : ’Les individus ont des devoirs internationaux qui transcendent les obligations nationales d’obéissance. Par conséquent, les citoyens ont à titre privé le devoir de violer les lois domestiques pour empêcher des crimes contre la paix et l’humanité d’avoir lieu.’ Edward Snowden
S’il veut rester ici, la condition, c’est qu’il cesse ses activités visant à faire du tort à nos partenaires américains, peu importe que cela puisse paraître étrange venant de ma part. Vladimir Poutine
Selon l’anthropologue René Girard, les sociétés humaines seraient, depuis la nuit des temps, fondées sur un mécanisme sacrificiel qui aurait permis d’assurer la cohésion du groupe en canalisant sa violence contre une victime, accusée de tous les maux, et dont l’immolation rituelle ramènerait la paix dans le groupe, pour autant que le mécanisme en question reste méconnu et que personne ne reconnaisse un « bouc émissaire ». Nous sommes les dignes héritiers de ces sociétés sacrificielles au sens où nous sommes tout autant portés à ces consensus accusateurs. La seule différence, mais elle est de taille, c’est que nous avons progressivement acquis la capacité à reconnaître l’existence de boucs émissaires, c’est-à-dire de victimes chargées d’une culpabilité qui n’est pas la leur dans le but de réconcilier le groupe. Cette capacité est précisément ce qui fait dérailler le processus sacrificiel car, en reconnaissant l’accusé comme victime, en n’acceptant pas l’accusation dont il fait l’objet et, en étant, en quelque sorte, témoins de son innocence, nous empêchons le consensus de se former. Lorsque l’accusation n’est pas unanime, lorsque certains se solidarisent avec la victime, la violence ne peut plus être expulsée par la mise à mort, elle reste dans le groupe. Le mécanisme sacrificiel ne peut s’accomplir et les accusés nous apparaissent alors pour ce qu’ils sont, des victimes, des boucs émissaires destinés à rassembler ou à mobiliser une communauté en détournant son attention des véritables coupables. Par exemple, l’historien Tacite raconte qu’en l’an 64 de notre ère, pour se défendre de la rumeur qui le rendait responsable de l’incendie de Rome, l’empereur Néron aurait accusé les chrétiens qui ont alors été suppliciés par la population. À l’heure actuelle, nous reconnaissons aisément ces chrétiens comme les boucs émissaires de Néron et des Romains parce que nous n’adhérons pas aux accusations portées contre ce qui était alors une secte détestée « pour ses abominations… [et sa] … haine pour le genre humain. » Par contre, lorsque notre capacité de reconnaissance des boucs émissaires est prise en défaut, nous participons à une accusation qui nous semble légitime, parce que unanime. Dans ce cas, le mécanisme sacrificiel fonctionne comme il l’a toujours fait. Luc-Laurent Salvador
C’est le système protecteur des boucs émissaires que les récits de la Crucifixion finiront par détruire en révélant l’innocence de Jésus, et, de proche en proche, de toutes les victimes analogues. Le processus d’éducation hors des sacrifices violents est donc en train de s’accomplir, mais très lentement, de façon presque toujours inconsciente. René Girard
(Le 11 septembre,) je le vois comme un événement déterminant, et c’est très grave de le minimiser aujourd’hui. Le désir habituel d’être optimiste, de ne pas voir l’unicité de notre temps du point de vue de la violence, correspond à un désir futile et désespéré de penser notre temps comme la simple continuation de la violence du XXe siècle. . Je pense, personnellement, que nous avons affaire à une nouvelle dimension qui est mondiale. Ce que le communisme avait tenté de faire, une guerre vraiment mondiale, est maintenant réalisé, c’est l’actualité. Minimiser le 11 Septembre, c’est ne pas vouloir voir l’importance de cette nouvelle dimension. (…) Mais la menace actuelle va au-delà de la politique, puisqu’elle comporte un aspect religieux. Ainsi, l’idée qu’il puisse y avoir un conflit plus total que celui conçu par les peuples totalitaires, comme l’Allemagne nazie, et qui puisse devenir en quelque sorte la propriété de l’islam, est tout simplement stupéfiante, tellement contraire à ce que tout le monde croyait sur la politique. (…) Le problème religieux est plus radical dans la mesure où il dépasse les divisions idéologiques – que bien sûr, la plupart des intellectuels aujourd’hui ne sont pas prêts d’abandonner.(…) Il s’agit de notre incompréhension du rôle de la religion, et de notre propre monde ; c’est ne pas comprendre que ce qui nous unit est très fragile. Lorsque nous évoquons nos principes démocratiques, parlons-nous de l’égalité et des élections, ou bien parlons-nous de capitalisme, de consommation, de libre échange, etc. ? Je pense que dans les années à venir, l’Occident sera mis à l’épreuve. Comment réagira-t-il : avec force ou faiblesse ? Se dissoudra-t-il ? Les occidentaux devraient se poser la question de savoir s’ils ont de vrais principes, et si ceux-ci sont chrétiens ou bien purement consuméristes. Le consumérisme n’a pas d’emprise sur ceux qui se livrent aux attentats suicides. (…) Allah est contre le consumérisme, etc. En réalité, le musulman pense que les rituels de prohibition religieuse sont une force qui maintient l’unité de la communauté, ce qui a totalement disparu ou qui est en déclin en Occident. Les gens en Occident ne sont motivés que par le consumérisme, les bons salaires, etc. Les musulmans disent : « leurs armes sont terriblement dangereuses, mais comme peuple, ils sont tellement faibles que leur civilisation peut être facilement détruite ».
L’avenir apocalyptique n’est pas quelque chose d’historique. C’est quelque chose de religieux sans lequel on ne peut pas vivre. C’est ce que les chrétiens actuels ne comprennent pas. Parce que, dans l’avenir apocalyptique, le bien et le mal sont mélangés de telle manière que d’un point de vue chrétien, on ne peut pas parler de pessimisme. Cela est tout simplement contenu dans le christianisme. Pour le comprendre, lisons la Première Lettre aux Corinthiens : si les puissants, c’est-à-dire les puissants de ce monde, avaient su ce qui arriverait, ils n’auraient jamais crucifié le Seigneur de la Gloire – car cela aurait signifié leur destruction (cf. 1 Co 2, 8). Car lorsque l’on crucifie le Seigneur de la Gloire, la magie des pouvoirs, qui est le mécanisme du bouc émissaire, est révélée. Montrer la crucifixion comme l’assassinat d’une victime innocente, c’est montrer le meurtre collectif et révéler ce phénomène mimétique. C’est finalement cette vérité qui entraîne les puissants à leur perte. Et toute l’histoire est simplement la réalisation de cette prophétie. Ceux qui prétendent que le christianisme est anarchiste ont un peu raison. Les chrétiens détruisent les pouvoirs de ce monde, car ils détruisent la légitimité de toute violence. Pour l’État, le christianisme est une force anarchique, surtout lorsqu’il retrouve sa puissance spirituelle d’autrefois. Ainsi, le conflit avec les musulmans est bien plus considérable que ce que croient les fondamentalistes. Les fondamentalistes pensent que l’apocalypse est la violence de Dieu. Alors qu’en lisant les chapitres apocalyptiques, on voit que l’apocalypse est la violence de l’homme déchaînée par la destruction des puissants, c’est-à-dire des États, comme nous le voyons en ce moment. Lorsque les puissances seront vaincues, la violence deviendra telle que la fin arrivera. Si l’on suit les chapitres apocalyptiques, c’est bien cela qu’ils annoncent. Il y aura des révolutions et des guerres. Les États s’élèveront contre les États, les nations contre les nations. Cela reflète la violence. Voilà le pouvoir anarchique que nous avons maintenant, avec des forces capables de détruire le monde entier. On peut donc voir l’apparition de l’apocalypse d’une manière qui n’était pas possible auparavant. Au début du christianisme, l’apocalypse semblait magique : le monde va finir ; nous irons tous au paradis, et tout sera sauvé ! L’erreur des premiers chrétiens était de croire que l’apocalypse était toute proche. Les premiers textes chronologiques chrétiens sont les Lettres aux Thessaloniciens qui répondent à la question : pourquoi le monde continue-t-il alors qu’on en a annoncé la fin ? Paul dit qu’il y a quelque chose qui retient les pouvoirs, le katochos (quelque chose qui retient). L’interprétation la plus commune est qu’il s’agit de l’Empire romain. La crucifixion n’a pas encore dissout tout l’ordre. Si l’on consulte les chapitres du christianisme, ils décrivent quelque chose comme le chaos actuel, qui n’était pas présent au début de l’Empire romain. (..) le monde actuel (…) confirme vraiment toutes les prédictions. On voit l’apocalypse s’étendre tous les jours : le pouvoir de détruire le monde, les armes de plus en plus fatales, et autres menaces qui se multiplient sous nos yeux. Nous croyons toujours que tous ces problèmes sont gérables par l’homme mais, dans une vision d’ensemble, c’est impossible. Ils ont une valeur quasi surnaturelle. Comme les fondamentalistes, beaucoup de lecteurs de l’Évangile reconnaissent la situation mondiale dans ces chapitres apocalyptiques. Mais les fondamentalistes croient que la violence ultime vient de Dieu, alors ils ne voient pas vraiment le rapport avec la situation actuelle – le rapport religieux. Cela montre combien ils sont peu chrétiens. La violence humaine, qui menace aujourd’hui le monde, est plus conforme au thème apocalyptique de l’Évangile qu’ils ne le pensent.
(la Guerre Froide est) complètement dépassée. (…) Et la rapidité avec laquelle elle a été dépassée est incroyable. L’Union Soviétique a montré qu’elle devenait plus humaine lorsqu’elle n’a pas tenté de forcer le blocus de Kennedy, et à partir de cet instant, elle n’a plus fait peur. Après Khrouchtchev on a eu rapidement besoin de Gorbatchev. Quand Gorbatchev est arrivé au pouvoir, les oppositions ne se trouvaient plus à l’intérieur de l’humanisme. (…) Cela dit, de plus en plus de gens en Occident verront la faiblesse de notre humanisme ; nous n’allons pas redevenir chrétiens, mais on fera plus attention au fait que la lutte se trouve entre le christianisme et l’islam, plus qu’entre l’islam et l’humanisme. Avec l’islam je pense que l’opposition est totale. Dans l’islam, si l’on est violent, on est inévitablement l’instrument de Dieu. Cela veut donc dire que la violence apocalyptique vient de Dieu. Aux États-Unis, les fondamentalistes disent cela, mais les grandes églises ne le disent pas. Néanmoins, ils ne poussent pas suffisamment leur pensée pour dire que si la violence ne vient pas de Dieu, elle vient de l’homme, et que nous en sommes responsables. Nous acceptons de vivre sous la protection d’armes nucléaires. Cela a probablement été la plus grande erreur de l’Occident. Imaginez-vous les implications. (…) Nous croyons que la violence est garante de la paix. Mais cette hypothèse ne me paraît pas valable. Nous ne voulons pas aujourd’hui réfléchir à ce que signifie cette confiance dans la violence. (Avec un autre événement tel que le 11 Septembre) Je pense que les gens deviendraient plus conscients. Mais cela serait probablement comme la première attaque. Il y aurait une période de grande tension spirituelle et intellectuelle, suivie d’un lent relâchement. Quand les gens ne veulent pas voir, ils y arrivent. Je pense qu’il y aura des révolutions spirituelles et intellectuelles dans un avenir proche. Ce que je dis aujourd’hui semble complètement invraisemblable, et pourtant je pense que le 11 Septembre va devenir de plus en plus significatif.  René Girard

Et si le christianisme était bien la source de tous nos maux ?

En ces temps étranges où, en une sorte de guerre froide à l’envers et à fronts renversés, l’ex-agent du KGB et maitre ès chaises musicales nous la joue dorénavant défenseur des libertés fondamentales …

Et où au centre du débat et sur fond d’une guerre plus féroce que jamais avec le terrorisme islamique, le nouveau Sakharov venu cette fois des Etats-Unis en appelle au principe de Nuremberg dont ni ses actuels hôtes russes ni leurs prédécésseurs chinois n’ont probablement jamais entendu parler …

Pendant que dans le Pays autoproclamé des droits de l’homme on accorde l’asile politique et un nouveau timbre à une tronçonneuse de croix aux seins nus et que ne reconnaissant plus leurs enfants, nombre de pays à majorité musulmane le font payer à leurs chrétiens

Retour, avec un entretien de 2007 de René Girard …

Sur la nouveauté proprement apocalyptique, post-11 septembre, de la situation actuelle …

Pourtant étrangement non repérée par athées autant que croyants …

Victimes convergentes, dans la logique du châtiment de l’ambassadeur pour le  message qu’il apporte, de la même illusion d’optique …

Les uns percevant bien les effets effectivement déstabilisateurs et source de violence du christianisme mais pour en faire le nouveau bouc émissaire mondial …

Alors que pointant les apports indéniablement libérateurs du christianisme mais aveugles à l’évidence d’une violence purement humaine et pour la première fois de portée proprement planétaire, les autres s’en remettent à l’annonce apocalyptique d’une violence divine …

La pensée apocalyptique après le 11 Septembre : entretien avec René Girard

Robert DORAN

Revue des Bernardins

28 janvier 2013

Cet entretien a eu lieu, en anglais, le 10 février 2007 au domicile américain de R. Girard à Stanford, en Californie. Complété par un bref entretien le 8 août 2007, au même endroit. Il a déjà été publié en anglais : « Apocalyptic Thinking after 9/11 : An Interview with René Girard », SubStance vol. 37, n° 1, Cultural Theory After 9/11 : Terror, Religion, Media (2008), p. 20-32.

Robert Doran : Peu de temps après les attentats du 11 septembre 2001, vous avez accordé une interview au Monde, où vous avez déclaré : « ce qui se joue aujourd’hui est une rivalité mimétique à l’échelle planétaire [1] ». Cette observation paraît encore plus vraisemblable aujourd’hui. Les faits semblent démontrer une continuité et une intensification du conflit mimétique : les guerres en Irak et en Afghanistan ; les bombes dans les transports publics à Madrid et à Londres ; les voitures incendiées dans les banlieues parisiennes ne semblent pas sans rapport. Rétrospectivement, comment percevez-vous les événements du 11 Septembre ?

René Girard : Je pense que votre remarque est juste. Mais je voudrais commencer par faire quelques commentaires. J’ai l’impression que beaucoup de gens ont oublié le 11 Septembre – pas complètement, mais ils l’ont réduit à une espèce de norme tacite. Quand j’ai donné cet entretien au Monde, l’opinion générale pensait qu’il s’agissait d’un événement inhabituel, nouveau, et incomparable. Aujourd’hui, je pense que beaucoup de gens seraient en désaccord avec cette remarque. Malheureusement, l’attitude des Américains face au 11 Septembre a été influencée par l’idéologie politique, à cause de la guerre en Irak. Le fait d’insister sur le 11 Septembre est devenu « conservateur » et « alarmiste ». Ceux qui aimeraient mettre une fin immédiate à la guerre en Irak tendent donc à le minimiser. Cela dit, je ne veux pas dire qu’ils ont tort de vouloir terminer la guerre en Irak, mais avant de minimiser le 11 Septembre, ils devraient faire très attention et considérer la situation dans sa globalité. Aujourd’hui, cette tendance est très répandue, car les événements dont vous parlez – qui ont eu lieu après le 11 Septembre et qui en sont, en quelque sorte, de vagues réminiscences – sont incomparablement moins puissants et ont beaucoup moins de visibilité. Par conséquent, il y a tout le problème de l’interprétation : qu’est-ce que le 11 Septembre ?

RD : Vous voyez vous-même le 11 Septembre comme une sorte de rupture, un événement déterminant ?

RG : Oui, je le vois comme un événement déterminant, et c’est très grave de le minimiser aujourd’hui. Le désir habituel d’être optimiste, de ne pas voir l’unicité de notre temps du point de vue de la violence, correspond à un désir futile et désespéré de penser notre temps comme la simple continuation de la violence du XXe siècle. Je pense, personnellement, que nous avons affaire à une nouvelle dimension qui est mondiale. Ce que le communisme avait tenté de faire, une guerre vraiment mondiale, est maintenant réalisé, c’est l’actualité. Minimiser le 11 Septembre, c’est ne pas vouloir voir l’importance de cette nouvelle dimension.

RD : Vous venez de faire référence à la guerre froide. Comment comparez-vous les deux menaces envers l’Occident ?

RG : Les deux sont similaires dans la mesure où elles représentent une menace révolutionnaire, une menace globale. Mais la menace actuelle va au-delà de la politique, puisqu’elle comporte un aspect religieux. Ainsi, l’idée qu’il puisse y avoir un conflit plus total que celui conçu par les peuples totalitaires, comme l’Allemagne nazie, et qui puisse devenir en quelque sorte la propriété de l’islam, est tout simplement stupéfiante, tellement contraire à ce que tout le monde croyait sur la politique. Il faudrait beaucoup y travailler, car il n’y a pas de vraie réflexion sur la coexistence des autres religions, et en particulier du christianisme avec l’islam. Le problème religieux est plus radical dans la mesure où il dépasse les divisions idéologiques – que bien sûr, la plupart des intellectuels aujourd’hui ne sont pas prêts d’abandonner. En deçà de ces visions idéologiques, nos réflexions sur le 11 Septembre resteront superficielles. Nous devons réfléchir dans le contexte plus large de la dimension apocalyptique du christianisme. Celle-ci est une menace, car la survie même de la planète est en jeu. Notre planète est menacée par trois choses qui émanent de l’homme : la menace nucléaire, la menace écologique et la manipulation biologique de l’espèce humaine. L’idée que l’homme ne puisse pas maîtriser ses propres pouvoirs est aussi vraie dans le domaine biologique que dans le domaine militaire. C’est cette triple menace mondiale qui domine aujourd’hui.

RD : Je reviendrai à la dimension apocalyptique dans un instant. Dans un livre récent, Zbigniew Brzezinski (conseiller personnel du Président Carter pour la sécurité nationale) écrit que « derrière pratiquement chaque acte terroriste se cache un problème politique. […] Pour paraphraser Clausewitz, le terrorisme est la continuation de la politique par d’autres moyens [2] ». Le terrorisme n’est-il pas toujours en partie politique puisque, quelle qu’en soit la cible, il est finalement toujours orienté contre les gouvernements ?

RG : Le terrorisme est une forme de guerre, et la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens. En ce sens, le terrorisme est politique. Mais le terrorisme est la seule forme possible de guerre face à la technologie. Les événements actuels en Irak le confirment. La supériorité de l’Occident, c’est sa technologie, et elle s’est révélée inutile en Irak. L’Occident s’est mis dans la pire des situations en déclarant qu’il transformerait l’Irak en une démocratie jeffersonienne ! C’est précisément ce qu’il ne peut pas faire. Il est impuissant face à l’islam car la division entre les sunnites et les chiites est infiniment plus importante. Alors même qu’ils combattent l’Occident, ils parviennent encore à lutter l’un contre l’autre. Pourquoi l’Occident devraitil s’investir dans ce conflit interne à l’islam alors que nous ne parvenons même pas à en concevoir l’immense puissance au sein du monde islamique lui-même ?

RD : S’agirait-il de notre incompréhension face au rôle de la religion ?

RG : Il s’agit de notre incompréhension du rôle de la religion, et de notre propre monde ; c’est ne pas comprendre que ce qui nous unit est très fragile. Lorsque nous évoquons nos principes démocratiques, parlons-nous de l’égalité et des élections, ou bien parlons-nous de capitalisme, de consommation, de libre échange, etc. ? Je pense que dans les années à venir, l’Occident sera mis à l’épreuve. Comment réagira-t-il : avec force ou faiblesse ? Se dissoudra-t-il ? Les occidentaux devraient se poser la question de savoir s’ils ont de vrais principes, et si ceux-ci sont chrétiens ou bien purement consuméristes. Le consumérisme n’a pas d’emprise sur ceux qui se livrent aux attentats suicides. L’Amérique devrait y réfléchir, car elle offre au monde ce que l’on considère de plus attrayant. Pourquoi cela ne fonctionne- t-il pas vraiment chez les musulmans ? Est-ce par ressentiment ou ont-ils, contre cela, un système de défense bien organisé ? Ou bien, leur perspective religieuse est-elle plus authentique et plus puissante ? Le vrai problème est là.

RD : Votre interprétation d’origine était que le 11 Septembre était dû au ressentiment.

RG : Je suis bien moins affirmatif que je ne l’étais au moment du 11 Septembre sur l’idée d’un ressentiment total. Je me souviens m’être emporté lors d’une rencontre à l’École Polytechnique lorsque je me suis mis d’accord avec Jean-Pierre Dupuy sur l’interprétation du ressentiment du monde musulman. Maintenant, je ne pense pas que cela suffise. Le ressentiment seul peut-il motiver cette capacité de mourir ainsi ? Le monde musulman pourrait-il vraiment être indifférent à la culture de consommation de masse ? Peut-être qu’il l’est. Je ne sais pas. Il serait sans doute excessif de leur attribuer une telle envie. Si les islamistes ont vraiment pour objectif la domination du monde, alors ils l’ont déjà dépassée. Nous ne savons pas si l’industrialisation rapide apparaîtra dans le monde musulman, ou s’ils tenteront de gagner sur la croissance démographique et la fascination qu’ils exercent. Il y a de plus en plus de conversions en Occident. La fascination de la violence y joue certainement un rôle.

RD : Mais, selon votre pensée, l’interprétation sur le ressentiment semblait logique.

RG : Il y a là du ressentiment, évidemment. Et c’est ce qui a dû émouvoir ceux qui ont applaudi les terroristes, comme s’ils étaient dans un stade. C’est cela le ressentiment. C’est évident et indéniable. Mais est-ce qu’il représente l’unique force ? La force majeure ? Peut-il être l’unique cause des attentats suicides ? Je n’en suis pas sûr. La richesse accumulée en Occident, comparée au reste du monde, est un scandale, et le 11 Septembre n’est pas sans rapport avec ce fait. Si je ne veux donc pas complètement supprimer l’idée du ressentiment, il ne peut pas être l’unique explication.

RD : Et l’autre force ?

RG : L’autre force serait religieuse. Allah est contre le consumérisme, etc. En réalité, le musulman pense que les rituels de prohibition religieuse sont une force qui maintient l’unité de la communauté, ce qui a totalement disparu ou qui est en déclin en Occident. Les gens en Occident ne sont motivés que par le consumérisme, les bons salaires, etc. Les musulmans disent : « leurs armes sont terriblement dangereuses, mais comme peuple, ils sont tellement faibles que leur civilisation peut être facilement détruite ». C’est ce qu’ils pensent et ils n’ont peut-être pas complètement tort. Il me semble qu’il y a quelque chose de juste dans ce propos. Finalement, je crois que la perspective chrétienne sur la violence surmontera tout, mais ce sera une épreuve importante.

RD : Jean-Pierre Dupuy considère le 11 Septembre comme « un vrai sacrifice dans le sens anthropologique du terme [3] ». Le 11 Septembre peut-il être pensé selon une logique du sacrifice ?

RG : La réponse à cette question doit être prudente. Il faut faire attention à ne pas justifier le 11 Septembre en le qualifiant de sacrificiel. Je pense que Jean-Pierre Dupuy ne le dit pas. Il maintient une sorte de neutralité. Mais ce qu’il dit sur la nature sacrée de Ground Zero au World Trade Center est, je pense, parfaitement justifié. Je me permets de citer un essai pertinent de James Alison, qui a écrit :

Et immédiatement, le centre sacrificiel se mit à générer des réactions habituelles : un sentiment d’unanimité et de deuil. […] Des phrases ont commencé à se dire comme « Nous sommes tous Américains » – un sentiment purement fictif pour la plupart d’entre nous. Ce fut étonnant de voir l’unité se former autour du centre sacré, rapidement nommé Ground Zero, une unité qui se concrétisera ensuite par un drapeau, une grande participation aux cérémonies religieuses, les chefs religieux soudainement pris au sérieux, des bougies, des lieux saints, des prières, tous les signes de la religion de la mort. […] Et puis il y avait le deuil. Comme nous aimons le deuil ! Cela nous donne bonne conscience, nous rend innocents. Voilà ce qu’Aristote voulait dire par katharsis, et qui a des échos profonds dans les racines sacrificielles de la tragédie dramatique. Autour du centre sacrificiel, les personnes présentes se sentent justifiées et moralement bonnes. Une fausse bonté qui soudainement les sort de leurs petites trahisons, leurs lâchetés, leur mauvaise conscience [4].

Je pense que James Alison a raison de parler de la katharsis dans le contexte du 11 Septembre. La notion de katharsis est extrêmement importante. C’est un mot religieux. En réalité, cela veut dire « la purge » au sens de purification. Dans l’Église orthodoxe, par exemple, katharos veut dire purification. C’est le mot qui exprime l’effet positif de la religion. La purge est ce qui nous rend purs. C’est ce que la religion est censée faire, et ce qu’elle fait avec le sacrifice. Je considère l’utilisation du mot katharsis par Aristote comme parfaitement juste. Quand les gens condamnent la théorie mimétique, ils ne voient pas l’apport d’Aristote. Il ne semble parler que de tragédie, mais pourtant, le théâtre tragique traite du sacrifice comme un drame. On l’appelle d’ailleurs « l’ode de la chèvre [5] ». Aristote est toujours conventionnel dans ses explications – conventionnel au sens positif. Un Grec très intelligent cherchant à justifier sa religion, utiliserait, je pense, le mot katharsis. Ainsi, ma réponse mettrait l’accent sur la katharsis au sens aristotélicien du terme.

RD : La dimension spectaculaire du 11 Septembre fait certainement penser au théâtre. Mais le 11 Septembre, nous avons tous été témoins d’un événement réel.

RG : Oui, pour le 11 Septembre, il y avait la télévision qui nous rendait présents à l’événement, et intensifiait ainsi l’expérience. L’événement était en direct, comme nous le disons en français. On ne savait pas ce qui allait advenir par la suite. Moi-même, j’ai vu le deuxième avion frapper le gratte-ciel, en direct. C’était comme un spectacle tragique, mais réel en même temps. Si nous ne l’avions pas vécu dans le sens le plus littéral, il n’aurait pas eu le même impact. Je pense que si j’avais écrit La Violence et le Sacré après le 11 Septembre, j’y aurais très probablement inclus cet événement [6]. C’est l’événement qui rend possible une compréhension des événements contemporains, car il rend l’archaïque plus intelligible. Le 11 Septembre représente un étrange retour à l’archaïque à l’intérieur du sécularisme de notre temps. Il n’y a pas si longtemps, les gens auraient eu une réaction chrétienne vis-à-vis du 11 Septembre. Aujourd’hui, ils ont une réaction archaïque, qui augure mal de l’avenir.

RD : Revenons-en à la dimension apocalyptique. Votre pensée est généralement considérée comme pessimiste. Considérezvous le 11 Septembre comme une étape vers un avenir apocalyptique  ?

RG : L’avenir apocalyptique n’est pas quelque chose d’historique. C’est quelque chose de religieux sans lequel on ne peut pas vivre. C’est ce que les chrétiens actuels ne comprennent pas. Parce que, dans l’avenir apocalyptique, le bien et le mal sont mélangés de telle manière que d’un point de vue chrétien, on ne peut pas parler de pessimisme. Cela est tout simplement contenu dans le christianisme. Pour le comprendre, lisons la Première Lettre aux Corinthiens : si les puissants, c’est-à-dire les puissants de ce monde, avaient su ce qui arriverait, ils n’auraient jamais crucifié le Seigneur de la Gloire – car cela aurait signifié leur destruction (cf. 1 Co 2, 8). Car lorsque l’on crucifie le Seigneur de la Gloire, la magie des pouvoirs, qui est le mécanisme du bouc émissaire, est révélée. Montrer la crucifixion comme l’assassinat d’une victime innocente, c’est montrer le meurtre collectif et révéler ce phénomène mimétique. C’est finalement cette vérité qui entraîne les puissants à leur perte. Et toute l’histoire est simplement la réalisation de cette prophétie. Ceux qui prétendent que le christianisme est anarchiste ont un peu raison. Les chrétiens détruisent les pouvoirs de ce monde, car ils détruisent la légitimité de toute violence. Pour l’État, le christianisme est une force anarchique, surtout lorsqu’il retrouve sa puissance spirituelle d’autrefois. Ainsi, le conflit avec les musulmans est bien plus considérable que ce que croient les fondamentalistes. Les fondamentalistes pensent que l’apocalypse est la violence de Dieu. Alors qu’en lisant les chapitres apocalyptiques, on voit que l’apocalypse est la violence de l’homme déchaînée par la destruction des puissants, c’est-à-dire des États, comme nous le voyons en ce moment.

RD : Mais cette interprétation permet à la violence de continuer à un autre niveau.

RG : Oui, mais pas en tant que force religieuse. À la fin, la force religieuse est du côté du Christ. Cependant, il semblerait que la vraie force religieuse soit du côté de la violence.

RD : À quoi ressembleront les choses lorsque les puissances seront vaincues ?

RG : Lorsque les puissances seront vaincues, la violence deviendra telle que la fin arrivera. Si l’on suit les chapitres apocalyptiques, c’est bien cela qu’ils annoncent. Il y aura des révolutions et des guerres. Les États s’élèveront contre les États, les nations contre les nations. Cela reflète la violence. Voilà le pouvoir anarchique que nous avons maintenant, avec des forces capables de détruire le monde entier. On peut donc voir l’apparition de l’apocalypse d’une manière qui n’était pas possible auparavant. Au début du christianisme, l’apocalypse semblait magique : le monde va finir ; nous irons tous au paradis, et tout sera sauvé ! L’erreur des premiers chrétiens était de croire que l’apocalypse était toute proche. Les premiers textes chronologiques chrétiens sont les Lettres aux Thessaloniciens qui répondent à la question : pourquoi le monde continue-t-il alors qu’on en a annoncé la fin ? Paul dit qu’il y a quelque chose qui retient les pouvoirs, le katochos (quelque chose qui retient). L’interprétation la plus commune est qu’il s’agit de l’Empire romain. La crucifixion n’a pas encore dissout tout l’ordre. Si l’on consulte les chapitres du christianisme, ils décrivent quelque chose comme le chaos actuel, qui n’était pas présent au début de l’Empire romain. Comment le monde peut-il finir alors qu’il est tenu si fortement par les forces de l’ordre ?

RD : La révélation chrétienne serait-elle ambivalente dans la mesure où elle a des conséquences positives et négatives ?

RG : Pourquoi négatives ? Fondamentalement, c’est la religion qui annonce le monde à venir ; il n’est pas question de se battre pour ce monde. C’est le christianisme moderne qui oublie ses origines et sa vraie direction. L’apocalypse au début du christianisme était une promesse, pas une menace, car ils croyaient vraiment en un monde prochain.

RD : Peut-on dire que vous êtes a priori pessimiste ?

RG : Je suis pessimiste au sens actuel du terme. Mais en fait, je suis optimiste si l’on regarde le monde actuel qui confirme vraiment toutes les prédictions. On voit l’apocalypse s’étendre tous les jours : le pouvoir de détruire le monde, les armes de plus en plus fatales, et autres menaces qui se multiplient sous nos yeux. Nous croyons toujours que tous ces problèmes sont gérables par l’homme mais, dans une vision d’ensemble, c’est impossible. Ils ont une valeur quasi surnaturelle. Comme les fondamentalistes, beaucoup de lecteurs de l’Évangile reconnaissent la situation mondiale dans ces chapitres apocalyptiques. Mais les fondamentalistes croient que la violence ultime vient de Dieu, alors ils ne voient pas vraiment le rapport avec la situation actuelle – le rapport religieux. Cela montre combien ils sont peu chrétiens. La violence humaine, qui menace aujourd’hui le monde, est plus conforme au thème apocalyptique de l’Évangile qu’ils ne le pensent.

RD : Ne pouvons-nous pas dire que nous avons fait un progrès moral ?

RG : Les deux sont possibles. Par exemple, nous avons moins de violence privée. Comparé à aujourd’hui, si vous regardez les statistiques du XVIIIe siècle, c’est impressionnant de voir la violence qu’il y avait.

RD : Je pensais plutôt à quelque chose comme le mouvement pacifiste, qui aurait été inconcevable ne serait-ce qu’il y a cent ans.

RG : Oui, le mouvement pacifiste est totalement chrétien, qu’il l’avoue ou non. Mais en même temps, il y a un déferlement d’inventions technologiques qui ne sont plus retenues par aucune force culturelle. Jacques Maritain disait qu’il y a à la fois plus de bien et plus de mal dans le monde. Je suis d’accord avec lui. Au fond, le monde est en permanence plus chrétien et moins chrétien. Mais le monde est fondamentalement désorganisé par le christianisme.

RD : Ce que vous dites est en opposition avec la perspective humaniste d’un Marcel Gauchet, qui dit que le christianisme est la religion de la sortie de la religion [7].

RG : Oui, la pensée de Marcel Gauchet résulte de toute l’interprétation moderne du christianisme. Nous disons que nous sommes les héritiers du christianisme, et que l’héritage du christianisme est l’humanisme. Cela est en partie vrai. Mais en même temps, Marcel Gauchet ne considère pas le monde dans sa globalité. On peut tout expliquer avec la théorie mimétique. Dans un monde qui paraît plus menaçant, il est certain que la religion reviendra. Le 11 Septembre est le début de cela, car lors de cette attaque, la technologie n’était pas utilisée à des fins humanistes mais à des fins radicales, métaphysico-religieuses non chrétiennes. Je trouve cela incroyable, car j’ai l’habitude d’observer les forces religieuses et humanistes ensemble, et non pas en opposition. Mais suite au 11 Septembre, j’ai eu l’impression que la religion archaïque revenait, avec l’islam, d’une manière extrêmement rigoureuse. L’islam a beaucoup d’aspects propres aux religions bibliques à l’exception de la compréhension de la violence comme un mal non pas divin mais humain. Il considère la violence comme totalement divine. C’est pour cela que l’opposition est plus significative qu’avec le communisme, qui est un humanisme même s’il est factice et erroné, et qu’il tourne à la terreur. Mais c’est toujours un humanisme. Et tout à coup, on revient à la religion, la religion archaïque – mais avec des armes modernes. Ce que le monde attend est le moment où les musulmans radicaux pourront d’une certaine manière se servir d’armes nucléaires. Il faut regarder le Pakistan, qui est une nation musulmane possédant des armes nucléaires et l’Iran qui tente de les développer.

RD : Ainsi, vous considérez la Guerre Froide comme étant dépassée à la fois en portée et en importance par le radicalisme islamique ?

RG : Complètement dépassée, oui. Et la rapidité avec laquelle elle a été dépassée est incroyable. L’Union Soviétique a montré qu’elle devenait plus humaine lorsqu’elle n’a pas tenté de forcer le blocus de Kennedy, et à partir de cet instant, elle n’a plus fait peur. Après Khrouchtchev on a eu rapidement besoin de Gorbatchev. Quand Gorbatchev est arrivé au pouvoir, les oppositions ne se trouvaient plus à l’intérieur de l’humanisme. Les communistes voulaient organiser le monde pour qu’il n’y ait plus de pauvres. Les capitalistes ont constaté que les pauvres n’avaient pas de poids. Les capitalistes l’ont emporté.

RD : Et ce conflit sera plus dangereux parce qu’il ne s’agit plus d’une lutte au sein de l’humanisme ?

RG : Oui, bien qu’ils n’aient pas les mêmes armes que l’Union Soviétique – du moins pas encore. Le monde change si rapidement. Cela dit, de plus en plus de gens en Occident verront la faiblesse de notre humanisme ; nous n’allons pas redevenir chrétiens, mais on fera plus attention au fait que la lutte se trouve entre le christianisme et l’islam, plus qu’entre l’islam et l’humanisme.

RD : Vous voulez dire un conflit entre une conscience de la violence comme étant humaine et une conscience de la violence comme divine ?

RG : Oui. Avec l’islam je pense que l’opposition est totale. Dans l’islam, si l’on est violent, on est inévitablement l’instrument de Dieu. Cela veut donc dire que la violence apocalyptique vient de Dieu. Aux États-Unis, les fondamentalistes disent cela, mais les grandes églises ne le disent pas. Néanmoins, ils ne poussent pas suffisamment leur pensée pour dire que si la violence ne vient pas de Dieu, elle vient de l’homme, et que nous en sommes responsables. Nous acceptons de vivre sous la protection d’armes nucléaires. Cela a probablement été la plus grande erreur de l’Occident. Imaginez-vous les implications.

RD : Vous faites référence ici à la logique du suicide mutuel (MAD : Mutual Assured Destruction).

RG : Oui, la dissuasion nucléaire. Mais il s’agit de faibles excuses. Nous croyons que la violence est garante de la paix. Mais cette hypothèse ne me paraît pas valable. Nous ne voulons pas aujourd’hui réfléchir à ce que signifie cette confiance dans la violence.

RD : Comment concevez-vous l’effet d’un autre événement tel que le 11 Septembre ?

RG : Je pense que les personnes deviendraient plus conscientes. Mais cela serait probablement comme la première attaque. Il y aurait une période de grande tension spirituelle et intellectuelle, suivie d’un lent relâchement. Quand les gens ne veulent pas voir, ils y arrivent. Je pense qu’il y aura des révolutions spirituelles et intellectuelles dans un avenir proche. Ce que je dis aujourd’hui semble complètement invraisemblable, et pourtant je pense que le 11 Septembre va devenir de plus en plus significatif.

RD : Votre vision du rôle de la violence dans le christianisme at- elle changé ?

RG : Il y a des erreurs dans Des Choses cachées depuis la fondation du monde [8]. le refus d’utiliser le mot sacrificiel dans un sens positif, par exemple. Il y a trop d’opposition entre le sacrificiel et le non-sacrificiel. Dans le christianisme, tous les actes sacrificiels sont censés éloigner la violence, pour que l’homme en finisse avec sa propre violence. Je pense que le christianisme authentique sépare complètement Dieu de la violence ; cependant, le rôle de la violence dans le christianisme est une question complexe.

RD : Lors de la parution des Choses cachées vous disiez que le christianisme était une religion non-sacrificielle.

RG : Le christianisme a toujours été sacrificiel. Il est vrai que j’ai donné trop d’importance à l’interprétation non sacrificielle, pour rester sur mes positions avant-gardistes. Je devais être contre l’Église d’une certaine manière. Cette attitude était naturelle, puisque toute ma formation pédagogique s’appuyait sur le surréalisme, l’existentialisme, qui sont tous des courants anti – chrétiens. C’était probablement une bonne chose, car le livre n’aurait sans doute pas eu le même succès.

RD : Et si vous aviez paru plus orthodoxe ?

RG : Si j’avais paru plus orthodoxe, on m’aurait immédiatement fait taire, par le silence des médias.

RD : Quel est votre point de vue actuel sur le sacrifice dans le christianisme ?

RG : Il faut distinguer entre le sacrifice des autres et le sacrifice de soi. Le Christ dit au Père : « Vous ne vouliez ni holocauste, ni sacrifice ; moi je dis : “Me voici” » (cf. He 10, 6-7). Autrement dit, je préfère me sacrifier plutôt que de sacrifier l’autre. Mais cela doit toujours être nommé sacrifice. Lorsque nous utilisons le mot « sacrifice » dans nos langues modernes, c’est dans le sens chrétien. Dieu dit : « Si personne d’autre n’est assez bon pour se sacrifier lui plutôt que son frère, je le ferai. » Ainsi, je satisfais à la demande de Dieu envers l’homme. Je préfère mourir plutôt que tuer. Mais tous les autres hommes préfèrent tuer plutôt que mourir.

RD : Qu’en est-il de l’idée du martyr ?

RG : Dans le christianisme, on ne se martyrise pas soi-même. On n’est pas volontaire pour se faire tuer. On se met dans une situation où le respect des préceptes de Dieu (tendre l’autre joue, etc.) peut nous faire tuer. Cela dit, on se fera tuer parce que les hommes veulent nous tuer, non pas parce qu’on s’est porté volontaire. Ce n’est pas comme la notion japonaise de kamikaze. La notion chrétienne signifie que l’on est prêt à mourir plutôt qu’à tuer. C’est bien l’attitude de la bonne prostituée face au jugement de Salomon. Elle dit : « Donnez l’enfant à mon ennemi plutôt que de le tuer. » Sacrifier son enfant serait comme se sacrifier elle-même, car en acceptant une sorte de mort, elle se sacrifie elle-même. Et lorsque Salomon dit qu’elle est la vraie mère, cela ne signifie pas qu’elle est la mère biologique, mais la mère selon l’esprit. Cette histoire se trouve dans le Premier Livre des Rois (3, 16-28), qui est, à certains égards, un livre assez violent. Mais il me semble qu’il n’y a pas de meilleur symbole préchrétien du sacrifice de soi par le Christ.

RD : Concevez-vous ceci en contraste avec le concept du martyr en Islam ?

RG : Je vois en cela le contraste du christianisme avec toutes les religions archaïques du sacrifice. Cela dit, la religion musulmane a beaucoup copié le christianisme et elle n’est donc pas ouvertement sacrificielle. Mais la religion musulmane n’a pas détruit le sacrifice de la religion archaïque comme l’a fait le christianisme. Bien des parties du monde musulman ont conservé le sacrifice prémusulman.

RD : Cependant le lynchage spontané dans le Sud des États-Unis n’était-il pas un exemple de sacrifice archaïque ?

RG : Oui, bien entendu. Il faut lire les romans de William Faulkner. Bien des gens croient que le sud des États-Unis est une incarnation du christianisme. Je dirais que le sud est sans doute la partie la moins chrétienne des États-Unis en termes d’esprit, bien qu’il en soit la plus chrétienne en termes de rituel. Il n’y a pas de doute que le christianisme médiéval était beaucoup plus proche du fondamentalisme actuel. Mais il y a beaucoup de manières de trahir une religion. En ce qui concerne le sud, cela est évident, car il y a un grand retour aux formes les plus archaïques de la religion. Il faut interpréter ces lynchages comme une forme d’acte religieux archaïque.

RD : Que pensez-vous de la façon dont les gens emploient le terme de « violence religieuse » ?

RG : Le terme de « violence religieuse » est souvent employé d’une manière qui ne m’aide pas à résoudre les problèmes que je me pose, à savoir ceux d’un rapport à la violence en mouvement constant et également historique.

RD : Serait-il juste de dire que selon votre pensée, toute violence religieuse est nécessairement archaïque ?

RG : Je dirais que toute violence religieuse implique un degré d’archaïsme. Mais certains points sont très compliqués. Par exemple, lors de la première guerre mondiale, est-ce que les soldats qui acceptaient d’être mobilisés pour mourir pour leur pays, et beaucoup au nom du christianisme, avaient une attitude vraiment chrétienne ? Il y a là quelque chose qui est contraire au christianisme. Mais il y a aussi quelque chose de vrai. Cela ne supprime pas, à mon avis, le fait qu’il y a une histoire de la violence religieuse, et que les religions, surtout le christianisme, au fond, sont continuellement influencées par cette histoire, bien que son influence soit, le plus souvent, pervertie.

Robert DORAN Traduit de l’anglais par Caroline VIAL, révisé par Sabine de BEAUGRENIER

[1] Entretien avec Henri Tincq, Le Monde, le 6 novembre 2001.

[2] Zbigniew BRZEZINSKI, The Choice : Global Domination or Global Leadership, New York, Basic Books, 2004, p. 28.

[3] Jean-Pierre DUPUY, « Anatomy of 9/11 : Evil, Rationalism, and the Sacred », SubStance vol. 37, n° 1, Cultural Theory After 9/11 : Terror, Religion, Media (2008), p. 33-51.

[4] James ALISON, « Contemplation in a World of Violence : Girard, Merton, Tolle » http://www.thecentering.org/Alison_… %world%20of%20violence.html, dernier accès le 8 août 2007.

[5] Le mot grec tragoidia vient de tragos (chèvre) et ode (chanson) : « chanson de chèvre » ou « la chanson livrée au sacrifice de la chèvre ».

[6] René GIRARD, La Violence et le Sacré, Paris, Grasset, 1971.

[7] Cf. Marcel GAUCHET, Le Désenchantement du monde. Une histoire politique de la religion, Paris, Gallimard, 1985.

[8] René GIRARD, Des Choses cachées depuis la fondation du monde, Paris, Grasset, 1978.

Voir encore:

Apocalyptic Thinking after 9/11: An Interview with René Girard1

Robert Doran

SubStance #115, Vol. 37, no. 1

2008

Robert Doran: Shortly after the attacks of September 11, 2001 you participated in an interview with the French news daily Le Monde, in which you stated that “what is occurring today is a mimetic rivalry on a planetary scale.”2 This observation now appears truer than ever. All evidence points to a continuation and intensification of mimetic conflict: wars in Afghanistan and Iraq; transit bombings in Madrid and London; even the car burnings in the Paris suburbs are not unrelated. How do you see the events of 9/11 in retrospect?

René Girard: I think that your statement is right. And I would like to begin by making a few comments on that very point. It seemed impossible at the time, but I think that many people have forgotten 9/11—not completely forgotten, but they have reduced it to some kind of unspoken norm. When I did that interview with Le Monde, everyone agreed that it was a most unusual, new, and incomparable event. And now I think that many people wouldn’t agree with that statement. Unfortunately, in the United States, because of the war in Iraq, the attitude towards 9/11 has been affected by ideology. It has become “conservative” and “alarmist” to emphasize 9/11. Those who want to put an immediate end to the war in Iraq tend to minimize it. Now, I don’t want to say that they are wrong in wanting to end the war in Iraq, but they should be very careful and consider the situation in its entirety before they deemphasize 9/11. Today this tendency is very general, because the events that you are talking about—which have taken place after 9/11 and which are in some way vaguely reminiscent of this event—have been incomparably less powerful, striking, and so forth. And therefore there is a whole problem of interpretation: what is 9/11?

RD: You yourself see 9/11 as a kind of rupture, a seminal event?

RG: Yes, I see it as a seminal event, and it is fundamentally wrong to minimize it today. The normal desire to be optimistic, to not see the uniqueness of our time from the point of view of violence, is the desire to grab any straw to make our time appear as the mere continuation of the violence of the twentieth century. I personally think that it represents a new dimension, a new world dimension. What communism was trying to do, to have a truly global war, has happened, and it is real now. To minimize 9/11 is to try to avoid thinking the way I do about the importance of this new dimension.

RD: You just made reference to the Cold War. How would you compare the two threats to the West?

RG: The two are similar in that they represent a revolutionary threat, a global threat. But the current threat goes beyond even politics, since there is a religious aspect. Therefore the idea that there could be a more total conflict than the one conceived by the totalitarian peoples, like Nazi Germany, that it would become in some way the property of Islam, is just such an amazing thing, so contrary to what everybody believed about politics. This demands an immense amount of thought, for there is no corresponding reflection about the coexistence of other religions with Islam and in particular Christianity. The religious problem is the most radical one in that it goes beyond the ideological divides—which of course most intellectuals today are not willing to let go of. And if this is the case, then our reflections will remain superficial with respect to 9/11. We must be willing to think in a wider context, and in my view this wider context is the apocalyptic dimension of Christianity. The apocalyptic dimension of Christianity is a threat because the very survival of the planet is at stake. Our planet is threatened by three things, all of which are the creation of man: the nuclear threat, the ecological threat, and the biological manipulation of the human species. The idea that man cannot be trusted with his powers is as true in the biological field as it is in the military field. So it is a triple threat of global proportions that has taken shape over the last century.

RD: I will return to the apocalyptic dimension in a moment. In a recent book, Zbigniew Brzezinski (National Security Advisor to President Carter) writes that “behind almost every terrorist act lurks a political problem. […] To paraphrase Clausewitz, terrorism is politics by other means.”3 Though it may have other motivations, is terrorism not always in part political, to the extent that, no matter the actual target, it is always ultimately directed toward governments?

RG: Well I think that it is not even by other means. Terrorism is a form of war, and war is politics by other means. In that sense, terrorism is political. But terrorism is the only possible form of war in the face of technology. The greatest mystery of what is going on now in Iraq is the confirmation of this immensely important fact. The superiority of the West is its technology, and it proves to be nothing in Iraq. Of course they put themselves in the worst possible situation by saying that we were going to turn Iraq into a Jeffersonian democracy, which was the stupidest thing to say! This is precisely what they cannot do; they are powerless before Islam. The divide between the Sunni and the Shia is infinitely more important. They manage to fight each other at the very moment when they are fighting against the West, which is truly amazing. Why should the West involve itself in this conflict within Islam? We don’t even understand it. It appears to us like a reemergence of the quarrel between the Jansenists and the Jesuits. We don’t see how enormously powerful it is in the Islamic world.

RD: Is it our incomprehension of the role of religion?

RG: It is incomprehension of the role of religion, and the incomprehension of our own world, of the weakness of the things that bind us together; for when we invoke our democratic principles, are we talking about things like equality and elections, or are we talking about capitalism, consumption, free trade and so on? One can say that in the coming years the West is going to be tried. The question is how the West will react: strongly or weakly? Will it dissolve itself? The West should start thinking about whether it really has principles, whether they are Christian or purely consumerist. Consumerism has no hold on those who engage in these suicide attacks. This is what America should be thinking about, because America has been expanding in the world, giving everyone what we consider more seductive than anything else. Does it really not work on the Muslim people? In other words, do they pretend that it doesn’t work; is it resentment? Do they have a well-organized defense mechanism against it? Or is their religious view in some way more authentic and powerful? This is the real problem.

RD: Your original interpretation was that 9/11 was due to resentment.

RG: I’m much less affirmative than I was at the time of 9/11 that the reason was total resentment. I remember that I got carried away at a meeting held at the Ecole Polytechnique when I agreed one hundred percent with Jean-Pierre Dupuy about the resentment interpretation of the Muslim world. But now I do not think it is sufficient. Can resentment motivate this ability to die like that? Could the Muslim world really be indifferent to the culture of mass consumption? Perhaps they are. I don’t know. It is thus perhaps too excessive to attribute to them an envy of that. If the Islamists are really on a world domination kick, then they are beyond that. We don’t know if there will appear something like rapid industrialization in the Muslim world, or if they will try to win on the basis of population growth and the fascination they exert. There are more and more conversions in the West. The fascination of violence certainly plays a role.

RD: But the resentment interpretation seemed logical in view of your thought.

RG: There is resentment there, of course. And this is what must have moved those who applauded the terrorists, as if they were in a stadium. That is resentment. This is obvious and undeniable. But is that the only force? Is that the main force? Can it by itself lead to the suicide attacks we see? I’m not sure. It is also true that the accumulated wealth in the West as compared with the rest of the world is a huge scandal, and that 9/11 in not unrelated to this fact. Thus I do not want to completely suppress the idea of resentment. There is certainly a strong element of resentment, but it cannot be the entire explanation.

RD: And the other force?

RG: The other force would be religious. Allah is against consumerism and so forth. What the Muslim really sees is that religious prohibition rituals are a force that keeps the community together, which has totally disappeared or is on the way out in the West. People in the West are united only by consumerism, good salaries, etc. The Muslims say: “their weapons are terribly dangerous but as a people they are so weak that their civilization can easily be destroyed.” This is the way they think, and they may not be totally wrong. I think there is something right about it. Ultimately, I believe that the Christian view of violence will overcome everything, but we might consider this a great test.

RD: In his contribution to this volume, Jean-Pierre Dupuy calls 9/11 “a true sacrifice in the anthropological sense of the term.”4 Can 9/11 be thought according to a logic of sacrifice?

RG: I want to be very prudent in answering this question. One must be careful not to justify 9/11 by calling it sacrificial. I think that Jean-Pierre Dupuy doesn’t do that. He maintains a kind of neutrality. What he says about the sacred nature of Ground Zero is, I think, perfectly justified. I would, however, like to quote from an insightful essay by James Alison, who has written on this very subject:

And immediately the sacrificial centre began to generate the sort of reactions that sacrificial centres are supposed to generate: a feeling of unanimity and grief. […] Phrases began to appear to the effect that “We’re all Americans now”—a purely fictitious feeling for most of us. It was staggering to watch the togetherness build up around the sacred centre, quickly consecrated as Ground Zero, a togetherness that would harden over the coming hours into flag waving, a huge upsurge in religious services and observance, religious leaders suddenly taken seriously, candles, shrines, prayers, all the accoutrements of the religion of death. […] And there was the grief. How we enjoy grief! It makes us feel good, and innocent. This is what Aristotle meant by catharsis, and it has deeply sinister echoes of dramatic tragedy’s roots in sacrifice. One of the effects of the violent sacred around the sacrificial centre is to make those present feel justified, feel morally good. A counterfactual goodness which suddenly takes us out of our little betrayals, acts of cowardice, uneasy consciences.5

I think that James Alison is right to speak about katharsis in the context of 9/11. The notion of katharsis is tremendously important. People think that it is an Aristotelian word. This is not true. It’s a religious word. It really means “the purge” as purification. In the Orthodox Church, for instance, katharos means purification. It’s the word that expresses the positive effect of religion. The purge makes you pure. This is what religion is supposed to do, and it does it with sacrifice. I consider Aristotle’s use of the word katharsis to be pure genius. When people condemn the mimetic theory, they don’t see what formidable support it has in Aristotle. Aristotle seems to be only speaking about tragedy, but tragic theater is nothing but sacrifice reenacted as drama. This is why it is called “the ode of the goat.”6 Aristotle is always conventional in his explanations— conventional in the best sense. A very intelligent Greek seeking to justify his religion would, I think, use the word katharsis. Thus my answer to this question would place a great emphasis on katharsis and on Aristotle’s understanding of the term.

RD: Certainly the spectacular aspect of 9/11 suggests an analogous relation to theater. But with 9/11 we could all be witnesses to a real event as it happened.

RG: Yes, with 9/11 there was television. Television makes you present at the scene, and thus it intensifies the experience. The event was en direct, as we say in French. You didn’t know what was going to happen next. I saw the second plane hit the building not as a replay but as a live event. It was like a tragic spectacle, but real at the same time. If we hadn’t lived it in the most literal sense, it would not have had the same impact. I think that if I had written Violence and the Sacred after 9/11, I would have most probably included 9/11 in this book.7 This is the event that makes possible an understanding of the modern event, for it renders the archaic more intelligible. 9/11 represents a strange return of the archaic within the secularism of our time. Not too long ago people would have had a Christian reaction to 9/11. Now they have an archaic reaction, which does not bode well for the future.

RD: Let us return to the apocalyptic dimension. Your thought is generally considered pessimistic. Do you see 9/11 as a signpost on the way toward an apocalyptic future?

RG: The apocalyptic future is not something historical. It is something religious, and as such it is something that you cannot do without. This is what modern Christians don’t understand. Because in the apocalyptic future, the good and the bad are mixed in such as way that from a Christian point of view, you cannot talk about pessimism. It is just being Christian. It is saying that all of the texts are part of the same totality. In order to understand this, you only have to quote the First Letter to the Corinthians: if the powers, meaning the powers of this world, had known what would happen, they would have never crucified the Lord of Glory— because it meant their destruction. Because when you crucify the Lord of Glory, the trick of the powers, which is the scapegoat mechanism, is revealed. To show the crucifixion as the killing of an innocent victim is to show the collective murder and to make it possible for people to understand that it is a mimetic phenomenon. Therefore the powers are ultimately going to perish from this truth. And all of history is simply the realization of this prophecy. Those who say that Christianity is anarchistic are somewhat right. The Christians are destroying the powers of this world, in the sense that they are destroying the legitimacy of all violence. From the point of view of the State, Christianity is a force of anarchy. Anytime it recaptures its old spiritual strength, this reappears in a way. Thus the conflict with the Muslims is really much more significant than even the fundamentalists believe. The fundamentalists think that the apocalypse is the violence of God. But if you read the apocalyptic chapters, you’ll see that the apocalypse is the violence of man unleashed by the destruction of the powers, that is, of the states, which is what we’re seeing now.

RD: But this understanding makes it possible for violence to continue on another level.

RG: Yes, but not as a religious force. The religious force is on the side of Christ, ultimately. However, it appears as though the real religious force were on the side of violence.

RD: What will it look like when the powers are defeated?

RG: Well, when the powers are defeated, violence will become such that the end will come. If you take the apocalyptic chapters, this is what they announce to you. There will be revolution and wars. State will rise against state, nation against nation. These are the doubles. This is the power of anarchy we have now, with forces capable of destroying the whole world. So you can see the coming of the apocalypse in a way that wasn’t previously possible. In the early days of Christianity, there was something magical about the apocalypse. The world is going to end; we’ll all be in paradise, and everything will be alright. The “mistake” of the first Christians was to believe that the apocalypse was going to be an instant affair. The first Christian texts, chronologically speaking, are the Letters to the Thessalonians, and they are an answer to the question: why is the world continuing when you announced its end? Paul says that there is something holding back the powers, the katochos (something that holds back). The most common interpretation is that it is the Roman Empire. The crucifixion has not yet dissolved all order. If you look at the apocalyptic chapters of Christianity, they describe something like the present chaos, which wasn’t there in the beginning of the Roman Empire. How can the world end when it is held so tightly by the forces of order?

RD: Then Christian revelation is ambivalent in that it has both positive and negative consequences?

RG: Why negative? Fundamentally it is religion that announces the world to come; it is not about fighting for this world. It is modern Christianity that forgets its origins and its real direction. The apocalypse at the

beginning of Christianity was a promise, not a threat, because they really believed in the next world.

RD: Then could one say that you are pessimistic in an a priori sense?

RG: I am pessimistic in the sense that everybody understands the word pessimism. But I’m optimistic in the sense that if one looks at the present world, it already verifies all the predictions. You can see the shape of the apocalypse increasing every day: the power capable of destroying the world, ever more lethal weapons, and the other threats that are multiplying under our eyes. We still believe that all of these problems are manageable by man, but if you take them all together you can see that this is not the case. They acquire a kind of supernatural value. Like the fundamentalists, many readers of the Gospels are reminded of the world situation when they read these apocalyptic chapters. But the fundamentalists believe that the ultimate violence comes from God, so they don’t really see the relevance of what is going on now—the religious relevance. That shows how unchristian they are on a certain level. It is human violence that is threatening the world today; and this is in greater conformity to the apocalyptic theme in the Gospels than they realize.

RD: Can’t we say that we have made moral progress?

RG: But the two are possible together. For example, we have less private violence. If you look at statistics from the eighteenth century, it was amazing how much violence there was compared with today.

RD: I was thinking about something like the peace movement, which would have been inconceivable just a hundred years ago.

RG: Yes, the peace movement is totally Christian, whether it knows it or not. But at the same time there is an unleashing of technological inventions that are no longer restrained by any cultural force. Jacques Maritain said that there is more good and more bad in the world all the time. I think this is an excellent formula. In other words, the world is both more Christian and less Christian, constantly. But it is fundamentally disorganized by Christianity.

RD: What you’re saying, then, is in opposition to the humanist perspective of someone like a Marcel Gauchet, who says that Christianity is the religion of the end of religion.8

RG: Yes, Marcel Gauchet is the result of the whole modern interpretation of Christianity. We say that we are the heirs of Christianity, and that the legacy of Christianity is humanism. This is partly true. But at the same time, Marcel Gauchet does not look at the world at large. You can keep everything together with the mimetic theory. As the world looks more threatening, religion is sure to return. And in a way, 9/11 is the beginning of this, for in this attack technology was used not for humanistic ends but for radical, metaphysico-religious ends, which are not Christian. That is why it is such an amazing thing for me, because I’m used to considering religious forces and humanistic forces together, not as if one were true and the other false; and then suddenly archaic religion is coming back in an incredibly forceful way with Islam. Islam has many aspects of the Biblical religions minus the revelation of violence as bad, as not divine but human; it makes violence totally divine. This is why the opposition is more significant than with communism, which is a humanism. It is a bogus humanism, the last and most incredibly foolish form, which results in terror. But it is still humanism. And suddenly we’re back in religion, in archaic religion—but with modern weapons. What the world is waiting for is the moment when the Muslim radicals will somehow be able to use nuclear weapons. And the point you have to look at on the map is Pakistan, which is a Muslim nation that has nuclear weapons. And Iran is trying to develop them.

RD: Thus you see the Cold War as being superseded both in scope and importance by the conflict with Islamic radicalism?

RG: Totally superseded, yes. And the speed with which it was superseded was just something unbelievable. The moment the Soviet Union revealed that they were human is when they didn’t try to force Kennedy’s blockade, and from that time on they didn’t scare anybody anymore. After Khrushchev you had to get to Gorbachev fairly quickly. The moment when Gorbachev came to power was the moment when the oppositions were no longer inside humanism. The communists had wanted to organize the world so that there wouldn’t be any more poor people, and the capitalists had said that the poor were insignificant. The capitalists have prevailed.

RD: And this conflict will be more dangerous because it is no longer a struggle within humanism?

RG: Yes, though they do not have the same weapons as the Soviet Union— at least not yet. Things change so fast. However, more and more people in the West are going to see the weakness of our humanism; we are not going to become Christian again, but there will be more attention to the fact that the fight is really between Christianity and Islam, more than between Islam and humanism.

RD: You mean a conflict between the consciousness that violence is human and the consciousness that violence is divine?

RG: Yes, with Islam I think the opposition is total. In Islam, if you are violent you are inevitably an instrument of God. Thus it is really saying that the apocalyptic violence comes from God. In the United States the fundamentalists say that, but the big churches do not. However, they are not coherent enough thinkers to say that if violence does not come from God then it comes from man, and therefore we are responsible for it. We accept to live under the protection of nuclear weapons. This has probably been the West’s greatest sin. Think of its implications.

RD: You’re referring to the logic of mutual assured destruction.

RG: Yes, nuclear deterrence. But these are lame excuses. We are putting our faith in violence; we believe that violence will keep the peace. But this assumption is inevitably false. We are trying not to think radically today about what this confidence in violence means.

RD: What do you think the effect of another 9/11-like event would be?

RG: I think that more people would become more aware. But it would probably be like the first attack. There would be a period of great spiritual and intellectual tension followed by a slow relaxation. When people don’t want to see something, they are pretty good at not seeing it. I think that there are going to be spiritual and intellectual revolutions in the not too distant future. What I’m talking about now seems totally mad, and yet I think that 9/11 is going to become more meaningful all the time.

RD: Has your view of the role of violence in Christianity changed?
RG: There are mistakes in Things Hidden Since the Foundation of the World:9

the refusal to use the word sacrificial in a good way, for example. There was too much opposition between the sacrificial and the non-sacrificial. In Christianity, all sacrificial acts are intended to render violence more distant, to make it possible for man to do away with his own violence. I think that authentic Christianity completely separates God from violence; however, the role of violence in Christianity is a complex thing.

RD: At the time of Things Hidden you said that Christianity was a non- sacrificial religion.

RG: Christianity has always been sacrificial. It’s true I gave the non- sacrificial interpretation too much importance—in order to be heretical. That is what was left of the avant-gardist attitude in me. I had to be against the Church in some way. The attitude was instinctive, since my whole intellectual training came out of surrealism, existentialism and so forth, which were all anti-Christian. It was probably a good thing, for the book might not otherwise have been successful.

RD: If you had appeared more orthodox?
RG: If I had appeared orthodox, I would have been silenced immediately, by the silence of the media.

RD: What is your current view of sacrifice in Christianity?

RG: One has to make a distinction between the sacrifice of others and self-sacrifice. Christ says to the Father: “you wanted neither holocaust nor sacrifice; then I said: ‘Here I am.’ ” In other words: I prefer to sacrifice myself than to sacrifice the other. But this still has to be called sacrifice. When we say “sacrifice” in our modern languages it has only the Christian sense. Therefore the passion is entirely justified. God says: If nobody else is good enough to sacrifice himself rather than his brother, I will do it. Therefore I fulfill God’s requirement for man. I prefer to die than to kill. But all other men prefer to kill than to die.

RD: But what about the idea of martyrdom?

RG: In Christianity you are not martyring yourself. You’re not volunteering to be killed. You place yourself in a situation in which the observance of God’s precepts (turn the other cheek, etc.) will get you killed. But you will be killed because men want to kill you, not because you volunteered. This is not like the Japanese notion of the kamikaze. The Christian notion means you’re ready to die rather than to kill. This is the attitude of the good prostitute in the judgment of Solomon. She says: Give the child to my enemy rather than kill him. Sacrificing her child is like sacrificing herself, for in accepting the equivalent of death, she sacrifices herself. And when Solomon says that she is the real mother, this does not even mean that she is the mother according to biology, but according to the spirit. This story is from the Book of Kings, which in some ways is quite a savage book. But I would say that there is no pre- Christian symbol of Christ’s self-sacrifice that is superior to this one.

RD: Do you see this in contrast to the concept of martyrdom in Islam?

RG: I see it as contrasting Christianity with all archaic religions of sacrifice. Now, since the Muslim religion has copied Christianity more than anything, it is not openly sacrificial. But the Muslim religion has not destroyed the sacrifice of archaic religion the way Christianity has. No part of the Christian world has retained pre-Christian sacrifice. Many parts of the Muslim world have retained pre-Muslim sacrifice.

RD: Wouldn’t spontaneous lynchings in the South be examples of archaic sacrifice?

RG: Yes, of course. You have to go to Faulkner to find the truth about this—to a novelist. Many people believe that Christianity is embodied by the South. I would say that the South is perhaps the least Christian part of the United States in terms of spirit, although it is the most Christian in terms of ritual. There is no doubt that Medieval Christianity was much closer to what fundamentalism has remained. But there are many ways to betray a religion. In the case of the South, it is very obvious, because there is such a return to the most archaic forms of religion. You must define these lynchings as a kind of archaic religious act.

RD: What do you think about the way in which people use the term “religious violence”?

RG: People use the term “religious violence” in ways that do not clear up the problems that my thinking is trying to clear up—that of a constantly moving relationship to violence, which is also historical.

RD: Would it be fair to say that according to your thinking any religious violence is necessarily archaic?

RG: Well, I would say that any religious violence includes a degree of archaism. But some aspects are so complicated. For example, in the First World War, what was Christian in the soldiers who accepted to be drafted in order to die for their country, many of them in the name of Christianity? There is something in this that is untrue to Christianity. But there is also something that is true. This does not, in my view, invalidate the fact that there is a history of religious violence, and that deep down, religions, especially Christianity, are continually influenced by this history, though its influence is perverted most of the time.

Notes

1. This interview took place, in English, on February 10, 2007 at Professor Girard’s home in Stanford, California. A brief follow-up interview was conducted on August 8, 2007, also at Girard’s home.

Interview with Henri Tincq, Le Monde, November 6, 2001.
Zbigniew Brezezinski, The Choice: Global Domination or Global Leadership, (New York:

Basic Books, 2004), 28.
4. Jean-Pierre Dupuy, “Anatomy of 9/11: Evil, Rationalism, and the Sacred,” included in

this volume.
5. James Alison, “Contemplation in a World of Violence: Girard, Merton, Tolle,”

[http://www.thecentering.org/Alison_Contemplation%20in%20a%20world%20 of%20violence.html], accessed August 8, 2007.
6. The Greek word tragoidia is a combination of tragos (goat) and ode (song): “goat

song” or “the song delivered at the sacrifice of a goat.”
7. René Girard, Violence and the Sacred (Baltimore: Johns Hopkins Univ. Press, 1977). 8. See Marcel Gauchet, The Disenchantment of the World: A Political History of Religion,

trans. Oscar Burge, fwd. Charles Taylor (Princeton, NJ: Princeton Univ. Press, 1997),

101.
9. René Girard, Things Hidden since the Foundation of the World. Trans. S. Bann and M.

Metteer. (Stanford: Stanford Univ. Press, 1987).

Enfin:

Talk prepared for a day retreat with Sebastian Moore on
Contemplation in a world of violence: Girard, Merton, Tolle
Organised by the Thomas Merton Society
Held at Downside Abbey, Bath 3.xi.01James Alison

I take it that contemplation is a certain sort of seeing. I take it from Girard that we always learn to see through the eyes of another. The desire of another directs our seeing and makes available to us what is to be seen. In other words, there is no reality « out there » to be seen. What is « out there » is already, inescapably a construct made real by human desire. When, as in most of our cases, most of the time, the other through whose eyes we are learning to see is the rivalistic other, competitors, the crowd, what we see is what is given value by them, and the one seeing it is moved by that desire, and knows and loves with that desire: the « self » becomes the incarnation of that desire, jostling for security, reputation, goodness, success. Merton refers to this in a number of places as a sort of collective hypnosis. In this, as in many areas, he is onto the same thing as Girard.

I also take it that when we talk about contemplation in a Christian context we are talking about quite a specific sort of seeing. We are talking about learning how to be given our desire through the eyes of another. The other is Jesus, the Word of God. So, we are being taught to look at what is through the eyes of the One who reveals the mind of God, that is to be possessed by the mind of God ourselves. By being taught to receive ourselves and all that is around us through the eye and desire of God our « self » becomes an incarnation of that desire and we start to speak words formed by the un-hypnosis, the awakening desire of the Creator. In other words: we are being taught to be loving lookers at what is by the One who is calling into being and loving what is. We are being taught to see and delight in what is by the One whose delighting is what gives it, and us, to be.

Let me emphasize this point, taken from Girard, since it is the key to everything I will try to say today, and is I suspect much more important than my fragile ability to practice it, and thus than my fragile ability to be able to yield for you any fruit from it. We desire according to the desire of another. That is to say, the eyes of another teach us who we are by teaching us what we want. I take it that this is a simple anthropological fact of no great difficulty. The only question is: which other? The sometimes peaceful, sometimes rivalistic, always ambivalent desire known in John’s Gospel as « the world, » or the entirely gratuitous, peaceful non-rivalistic desire, given us as an entirely sentient, conscious human life history by the Word who reveals God’s heart. Christian contemplation is, I take it, the learning of the second regard, the regard of the peaceful other.

Rather than give you a précis of Girard’s thought — and there are many available — I would like to try and work through something with you in the light of that thought. David Broad, Sebastian and I had planned this day some months ago. There was no thought in our minds that there would be such examples of violence and the sacred around us that we would have to conduct our day in their shadow. But we do, and this is both frightening and helpful: frightening since talk has to be much more responsible when we are being tested to look and speak well in the midst of something, a test it is easier to avoid under apparently more peaceful circumstances; and helpful since it makes much easier the fraternity between Girard’s thought and Merton’s when we are able to make parallels between the world of tension and crisis from within which Merton was speaking in the mid to late 1960’s and our own situation. I am thinking particularly of Merton’s paper « Events and Pseudo-Events: Letter to a Southern Churchman. »

So, I am going to risk opening a discussion with you in the light of the events of the last two months, aware that what I say is partial, liable to offend sensibilities of which I am ignorant and so on. I ask you to accept that this is a risky form of discourse, and that if it sparks off strong emotions I may not be able to defend what I say, and those disagreeing may well be right. Certainly, I am an authority neither on contemplation, nor on violence, and these are tentative views, tentatively shared.

First of all, I would like to take us all back in our memories to the afternoon of September 11th — the afternoon, that is, for those of us who were on this side of the Atlantic. What I want to suggest to you is that we were all summoned to participate in something satanic. Now, by « satanic » I don’t mean an over-the-top figure of speech, but something very specific, with very specific anthropological content, something whose very ability to be decoded by us is a sign of its failing transcendence. This is what I mean: some brothers of ours committed simple acts of suicide with significant collateral murder, meaning nothing at all. There is no meaning to the act of destruction caused by hijacking planes full of people and crashing them into buildings. It is not an act creative of anything at all, any more than any other suicide is a creative act.

But immediately we began to respond, and our response is to create meaning. It is our response that I am seeking to examine. Our response was sparked by two particular forces: the locations chosen for the suicide with collateral murder — places symbolic of power, wealth and success (never mind that many of those killed were neither powerful, wealthy or successful); and the omnipresence in the cities in question, and particularly New York, of rolling cameras and a hugely powerful media network which enabled a significant proportion of the planet to be sucked in to spectating from a safe distance. An already mimetic center, drawing more attention than ever towards itself, on that day became virtually inescapable.

As we were sucked in, so we were fascinated. The « tremendum et fascinosum, » as Otto described the old sacred, took hold of us. Furthermore, we did not come to the spectacle with fresh eyes, as to something entirely new. We came with a script given us by a thousand movies and conspiracy novels of the Robert Ludlum / Tom Clancy genre. It is not original to have noticed that the second plane actually crashing into the tower looked less convincing than it would have done in a film. A film would certainly have made it look much better, produced tension, given it an air of deliberation, rather than that almost whimsical video-game appearance from off the side of our screens. It is not that what we saw was « like a film. » We have been taught by films and books, themselves borrowing from and playing to ritualistic constructions of meaning, to see what we saw, and to react as we reacted. Like the novelists and the film directors, we know the ritual.

And immediately the old sacred worked its magic: we found ourselves being sucked in to a sacred center, one where a meaningless act had created a vacuum of meaning, and we found ourselves giving meaning to it. All over London I found that friends had stopped work, offices were closing down, everyone was glued to the screen. In short, there had appeared, suddenly, a holy day. Not what we mean by a holiday, a day of rest, but an older form of holiday, a being sucked out of our ordinary lives in order to participate in a sacred and sacrificial centre so kindly set up for us by the meaningless suicides.

And immediately the sacrificial center began to generate the sort of reactions that sacrificial centers are supposed to generate: a feeling of unanimity and grief. Let me make a parenthesis here. I am not referring to the immediate reactions of those actually involved — rescue services, relatives, friends, whose form of being drawn in was as a response to an emergency and a family tragedy. I am referring to the rest of us. There took hold of an enormous number of us a feeling of being pulled in, being somehow involved, as though it was part of our lives. Phrases began to appear to the effect that « We’re all Americans now » — a purely fictitious feeling for most of us. It was staggering to watch the togetherness build up around the sacred center, quickly consecrated as Ground Zero, a togetherness that would harden over the coming hours into flag waving, a huge upsurge in religious services and observance, religious leaders suddenly taken seriously, candles, shrines, prayers, all the accoutrements of the religion of death. The de facto President fumbling at first, a moment of genuinely humble, banal, humanity, then getting his High Priestly act together by preaching revenge at an Episcopal Eucharist. The Queen « getting right » what she « got wrong » last time there was a similar outbreak of sacred contagion around an iconic cadaver, by having the American National Anthem played at Buckingham Palace.

And there was the grief. How we enjoy grief. It makes us feel good, and innocent. This is what Aristotle meant by catharsis, and it has deeply sinister echoes of dramatic tragedy’s roots in sacrifice. One of the effects of the violent sacred around the sacrificial center is to make those present feel justified, feel morally good. A counterfactual goodness which suddenly takes us out of our little betrayals, acts of cowardice, uneasy consciences. And very quickly of course the unanimity and the grief harden into the militant goodness of those who have a transcendent object to their lives. And then there are those who are with us and those who are against us, the beginnings of the suppression of dissent. Quickly people were saying things like « to think that we used to spend our lives engaged in gossip about celebrities’ and politicians’ sexual peccadillos. Now we have been summoned into thinking about the things that really matter. » And beneath the militant goodness, suddenly permission to sack people, to leak out bad news and so on, things which could take advantage of the unanimity to avoid reasoned negotiation.

And there was fear. Fear of more to come. Fear that it could be me next time. Fear of flying, fear of anthrax, fear of certain public buildings and spaces. Fear that the world had changed, that nothing would ever be the same again. Fear and disorientation in a new world order. Not an entirely uncomfortable fear, the fear that goes with a satanic show. Part of the glue which binds us into it. A fear not unrelated to excitement.

What I want to suggest is that most of us fell for it, at some level. We were tempted to be secretly glad of a chance for a huge outbreak of meaning to transform our humdrum lives, to feel we belonged to something bigger, more important, with hints of nobility and solidarity. What I want to suggest is that this, this delight in being given meaning, is satanic. When we are baptized, we, or our Godparents on our behalf, renounce Satan and all his vain pomps and empty works. And here we were, sorely tempted at least to find ourselves being sucked up into believing in just such an empty work and pomp. A huge and splendid show giving the impression of something creative of meaning, but in fact, a snare and an illusion, meaning nothing at all, but leaving us prey to revenge and violence, our judgments clouded by satanic righteousness.

When I say satanic, I mean this in two senses, for we can only accurately describe the satanic in two senses. The first sense is the sense I have just described: the fantastic pomp and work of sacrificial violence leading to an impression of unanimity, the same lie from the one who was a murderer and liar from the beginning, the same lie behind all human sacrifices, all attempts to create social order and meaning out of a sacred space of victimization. But the second sense is more important: the satanic is a lie that has been undone. It has been undone by Jesus’s going to death exploding from within the whole world of sacrifice, of religion and culture based on death, and showing it has no transcendence at all. Jesus says in Luke’s Gospel (and it is the title of Girard’s recent book) « I saw Satan fall like lightning from heaven. » This is the solemn declaration of the definitive loss of transcendence of the satanic show: we no longer have to believe it, we no longer have to act driven by its compulsions. It has no power other than the power we give it. The pomp has nothing to do with heaven. It has nothing to do with God.

And this of course was apparent to us as well even, and perhaps especially, in our secularity. There was the sort of sacred grief I described, but there were also, mixed up with it, genuine outbursts of compassion: wonder at the two who jumped out of the building holding hands; a warmth of heart as the news came out of the messages of simple love bereft of any huge religious significance left on answering machines. At the same time as the sacred violence extended its lure, we also made little breakthroughs of our own into simply liking humans. I don’t know how it was for you, and I may be particularly personally insensitive, but I was unable to see anything of the humanity involved while watching the moving images on film, because I am so used to the moving images telling a story in which the people killed are simply stage extras, whose thoughts and emotions and broken families we aren’t expected to consider. It was only when reading about the incident in the next day’s papers that the human dimension managed to start to break through for me.

And this is the vital thing to understand in any use of the language of the satanic. It is a failed transcendence. It fails to grip us completely. The unanimity does not last. Even in as strongly religious a society as the United States. Reasoned discussion starts to break out. Penitent questions start being asked. A group of Jews and Catholics went together on the Friday after the 11th to a mosque south of Chicago, and circled it, holding hands, to protect those within it throughout their Friday prayers from any potential violence or abuse. The lie does not command absolute respect. There are already in our midst outbreaks of truth, of non-possessed humanity.

It is this that I would like to look at with you, as we attempt to grapple with contemplation and violence. We were pulled in to a certain sort of contemplation through the eyes of others on 11th September. We were pulled in to a powerful show which taught us to look at the world, ourselves, and others, in a certain way, one leading to ersatz virtue, fake communion, violence and fear. But we have in our midst, and have had for nigh on two thousand years, One who is teaching us to look away, so I would like to try with you to see what it means to learn to look at these things through his eyes to see if we can’t discover the deeper meaning which those apparently fragmentary outbursts of being human can have.

I have chosen two passages which seem to be particularly appropriate. One a Gospel from the last few days, and another one for Advent. Here is the first:

Luke 13:1 There were some present at that very time who told him of the Galileans whose blood Pilate had mingled with their sacrifices. 2 And he answered them, « Do you think that these Galileans were worse sinners than all the other Galileans, because they suffered thus? 3 I tell you, No; but unless you repent you will all likewise perish. 4 Or those eighteen upon whom the tower in Siloam fell and killed them, do you think that they were worse offenders than all the others who dwelt in Jerusalem? 5 I tell you, No; but unless you repent you will all likewise perish. »
There is something apparently callous about this. We react to bad news as to a form of emotional blackmail, obliging us to « feel » for the victims, and be outraged by someone who doesn’t appear to feel. But not Jesus. His attention is entirely concentrated on his interlocutors. It is not the events themselves which concern him, but their reaction to the events, and what that reaction says about whose power they are in. We can imagine the excitement of those telling him, wanting a pronouncement of appropriately apocalyptic tenor: the Galileans were not sacrificing at Jerusalem, probably at Gerizim. Maybe this was their punishment from God. But they are disappointed. Jesus completely de-sacralizes the event, removing any link between God and what has happened. Any link between morality and what has happened. If we are caught up in thinking like that, then we too are likely to act in ways moved by the apocalyptic other, the god of blood and sacrifice and murder, of morality linked to worldly outcome, and we will perish like them. To ram home his point, he chooses an example where there was no obvious moral agency, no wicked Pilate, no sacrifices of dubious validity: the collapse of a tower — maybe an architectural flaw, maybe a small earth tremor, the shifting of an underground stream, who knows. Once again, Jesus completely de-sacralizes the incident. It has nothing to do with God. But if we are caught up in the world of giving sacred meanings, then we will be caught up in the world of reciprocal violence, of good and bad measured over against other people, and we will likewise perish. Once again I stress: Jesus will not be drawn into adding to meaning. He merely asks those who come to him themselves to move out of the world of sacred-seeming meaning. What does it mean for us to learn to look at the world through those eyes?The second passage I want to give you is even more explicit, for it is the passage called the Markan Apocalypse. Wrongly, in my view, for it is specifically concerned with undoing the apocalyptic worldview.

Jesus starts by publicly de-sacralizing the Temple. He takes seriously neither its sacred splendor when standing, nor the apocalyptic meaning to be derived from its being razed to the ground.

Mark 13:1 And as he came out of the temple, one of his disciples said to him, « Look, Teacher, what wonderful stones and what wonderful buildings! » 2 And Jesus said to him, « Do you see these great buildings? There will not be left here one stone upon another, that will not be thrown down. »
Peter, James and John come to him to ask him when these things will be, and what are the signs — they show, in other words, that they are caught up in the apocalyptic imagination. And, as in the passage from Luke which we have just seen, Jesus commands them to look with different eyes. »Take heed that no one leads you astray. 6 Many will come in my name, saying, ‘I am he!’ and they will lead many astray. 7 And when you hear of wars and rumors of wars, do not be alarmed; this must take place, but the end is not yet. 8 For nation will rise against nation, and kingdom against kingdom; there will be earthquakes in various places, there will be famines; this is but the beginning of the birth-pangs.
The first instruction is not to allow themselves to be lured or seduced into the apparently sacred world of apocalyptic meaning, not to allow themselves to be pulled by their desire into the world which others will want to create. Any other messianism is false. Wars and rumors of wars have no sacred meaning at all, and the one who is looking at what happens through Jesus’ eyes will not be frightened of these things, not driven by them in any way. For they are merely the signs of the collapsing world maintained and reinforced by sacralized violence, and that collapse is itself a sign that something very different is coming to birth. Then Jesus commands them to concentrate on what will happen to them:9 « But take heed to yourselves; for they will deliver you up to councils; and you will be beaten in synagogues; and you will stand before governors and kings for my sake, to bear testimony before them. 10 And the gospel must first be preached to all nations. 11 And when they bring you to trial and deliver you up, do not be anxious beforehand what you are to say; but say whatever is given you in that hour, for it is not you who speak, but the Holy Spirit. 12 And brother will deliver up brother to death, and the father his child, and children will rise against parents and have them put to death; 13 and you will be hated by all for my name’s sake. But he who endures to the end will be saved.

I am still simply staggered by this passage. For in it Our Lord sets out the consequences of not believing in the sacred lie. Those who don’t believe in the sacred lie, and say so, who believe in the good news that God has nothing to do with these ever-failing apocalypses, nothing to do with any order based on sacrifice, these people will break the unanimity which is demanded by the sacrificial order, and will therefore be subject to persecution and victimization by an order that only knows that way of reacting to people, especially people who don’t believe in it. This message, divinely guaranteed disbelief in the violent sacred, breaking every unanimity, will be carried to every culture on earth which is founded on the same principles, unstoppable. For it is Gospel. What is even more staggering is what Jesus clearly understands about our paranoia. If we are anxious about what we are to say, if we are concerned to justify ourselves before this apocalyptic order, then we are still too much part of it, our imagination is still too shaded by the « they who are out to get me » which is part of the apocalyptic view. We are not able to look at those scandalized by us with the clean, limpid, non-accusing, non-persecuted eyes of those whose minds are formed by a different order, whose selves are formed through the regard of an entirely non-judging, non-persecuting Other. If our minds are the mind of Christ, then we will not need to defend ourselves, because the spirit of truth which undoes the sacred lie, the Holy Spirit which makes available to us a wholly benign secular createdness, will be speaking through us. The Holy Spirit is there to empower us to put up with the hatred which is how the collapsing sacred is held together, and it is by our standing up that the new creation will be brought into being through us.In the next section of the Markan apocalypse, Jesus de-sacralizes the forthcoming sacking of Jerusalem, again removing from it anything to do with God. All these are things to which one must not pay attention. The final section of Mark 13 is concerned with the reverse of what went before: of what does give meaning. And what does give meaning is something very odd indeed. Jesus uses texts from the Hebrew Scriptures to give a taste of the whole established order of everything being shaken, that is to say: he is happy to use apocalyptic language to reverse the sense of the apocalyptic. For the apocalyptic language, about the heavens being shaken and so forth, refers entirely to worldly happenings, bereft of divine significance. But it is in the midst of them that the Lord will come. And he will come, but in a way that will not be recognized except by those who are being trained to look for him where divine meaning is really given, and that divine meaning appears to be given in the parable at the end:

34 It is like a man going on a journey, when he leaves home and puts his servants in charge, each with his work, and commands the doorkeeper to be on the watch. 35 Watch therefore — for you do not know when the master of the house will come, in the evening, or at midnight, or at cockcrow, or in the morning — 36 lest he come suddenly and find you asleep. 37 And what I say to you I say to all: Watch.
Famously, this parable appears to refer to the events which will follow on a few days later: it appears that the Lord comes in the acts of being handed over which follow. He hands himself over at the Last Supper in the evening; he is handed over by Judas at midnight, by Peter at cockcrow and to the Romans in the morning. The real coming is the very reverse of an apocalyptic appearance: it is the subversion from within of the apocalyptic, and will only be detected by those who have been disciplined to watch, those who have not been hypnotized, sent to sleep by meaning given by the spurious and fictitious sacrificial order of the world. The real meaning, the creative meaning, is the undoing of that from within by one who lets himself be sacrificed by it.So much for the first part of our learning contemplation in the midst of violence. We are given a very specific and very commanding example of the divine regard: it teaches us to look away, not to be ensnared, to de-sacralize. It is the very reverse of apocalyptic. But I want to say more. After all, a critical regard is just another regard. I want to say that our contemplation means something more. For the regard I am bringing to your attention, one which we are asked to learn, is not simply an intellectual feat based on a correct theoretical analysis of a situation. My question is this: what on earth is the heart behind the eyes we are being taught to look through? What the deep desire and motivation? What was it that enabled the human being, Jesus of Nazareth, with his human heart, intellect, and eyes, to regard things in this way and so to teach us? The person who says « God » is describing the question, not answering it. Because the real question is what does this human regard of Jesus’ reveal God to be.

I am going to stammer around here, and try to begin to put into words some of my sense of the heart behind the eyes. The heart which I take it we are being given in the degree in which we learn to desire according to those eyes. And I suppose that the word I want to discuss is power, and power desiring something. For what Jesus’ words reveal, in Luke, and in the Markan Apocalypse, and what I take them to reveal now, is what real power looks like. We can only begin to learn to see that power in the collapse of ersatz power. We are tempted to imagine that suicide planes, collapsing buildings, increased security, the unanimity of the rich and powerful, and of course, bombs and more bombs and more bombs, are signs of power. Are creative of a new world order. Shift the tectonic plates of history, and so on. And I am not going to deny for one moment that we are living, and going to continue to live, going to have to learn courage and humility and service, in a world shaped by all those forces. But what Jesus suggests is that all that power is a dangerous illusion. His talk is of a quite different power coming, scarcely noticeably, in the midst of all those things, weaning us off our addiction to the sort of crowd desire which makes that power possible and apparently all englobing. The power of disbelief in the gods made available by the continuing giving and shaping of creation by one to whom all these apparently powerful things are merely an epiphenomenon, something like a firework display happening in the lea of an erupting volcano, a distraction, dangerous to us, but of no consequence to God, a distraction from the real coming into being of an entirely gratuitous, peaceful, creative meaning, and one in which we are invited to be involved.

Here is my point. Jesus not only taught us to look away, not to allow ourselves to be seduced by the satanic. He also acted out what the undoing of the satanic meant: he was so powerful that he was able to lose to its need to sacrifice so as to show that it was entirely unnecessary. We are so used to describing Jesus cross and resurrection as a victory — a description taken from the military hardware store of satanic meaning — that we easily forget that what that victory looked like was a failure. So great is the power behind Jesus teaching and self-giving that he was able to fail, thus showing once and for all that « having to win, » the grasping on to meaning, success, reputation, life and so on is of no consequence at all. Death could not hold him in, because he was held in being by one for whom death does not exist, is not even the sort of rival who might be challenged to a duel which someone might win. But if death can only get meaning by having victory, if the order of sacred violence can only have meaning if it matters to us to survive, to be, to feel good, at the expense of someone, then someone for whom it doesn’t matter to lose is someone who is playing its game on totally different terms, and its potential for giving meaning collapses.

Here is where I am heading: We can imagine in the abstract something of the power which has nothing to do with death. What is much more difficult is imagining that power incarnated in a human heart and eyes looking at this world. Yet that is what we are talking about. A human heart and eyes so utterly held by the Creator that they speak the Creator’s heart about this world. And not just in word, but by a creative acting out and living so-as-to-lose to the sacrificial game in order to undo it, thus enabling creation to be unsnarled from our truncation of it into a violent perversion and trap.

Now this is what I find difficult. The heart, the desire, that wants to do something like that. What does it want? Why should it do it? Why not leave us to get on with it, stuck in our charades, thinking the world of our meaning and our death? In other words, the very fact of distracting us, by word and deed from being involved in what Merton rightly called « pseudo events » suggests a desire for us to be something else. The eye that is teaching us to look away from the lure of the sacred is powered by a heart that wants us to be something else. And we learn our desire through the eye of another. Our learning to see through Jesus’ eyes will eventually result in us desiring with Jesus’ heart — which is to say, our receiving the mind of Christ, which is, as Sebastian has recently pointed out, and will do so again this afternoon, is how we discover the mind of God.

Jesus not only teaches us to look away, but models what living from utterly non-rivalistic creative power for which death is not, looks like. There is a desire in this. A desire for us not to be trapped in death. And this is where I think I’m going — something apparently terribly banal, but I think, of earth shattering significance. The person who teaches us to look away and models for us another way of desiring actually likes us. It is only possible to imagine doing something like that for someone you actually like. And Jesus is doing it for all of us who are caught up in the sacred lie — which is to say, all of us.

The staggering thing that this means, for me, is that the most extraordinary fruit of contemplation in the shadow of the violence which we are experiencing is this: God likes us. All of us. God likes me and I like being liked. It has nothing to do with whether we are bad or good, indeed, he takes it for granted that we are all more or less strongly tied up in the sacred lie. In teaching after teaching he makes the same point: all are invited, bad and good. Those are our categories, part of the problem not part of the solution, not God’s category. God’s « category » for us is « created » and « created » means « liked spaciously, delighted in, wanted to give extension, fulfilment, fruition to, to share in just being. » We are missing out on something huge and powerful and serene and enjoyable and safe and meaningful by being caught up in something less than that, an ersatz perversion of each of those things. And because God likes us he wants us to get out of our addiction to the ersatz so as to become free and happy.

I want to say something more: behind the word « like » there is an astonishing gentleness. The word « love » which we have vastly overused can have for us the meaning of a forceful intervention to rescue us, and we can forget that behind a forceful intervention to rescue us, which may indeed be how love is shown in a particular circumstance, there is something much stronger, gentler and more continuous, not dependent at all on needing to rescue us. This is liking us. What I want to suggest is that the word like in all its gentleness is the word appropriate for the extraordinarily unbothered, non-emergency power we mean by creation. It is that gentle liking that is the sign of a power which could not be in greater contrast with the power of the satanic. A power so gentle and so huge that we are able not to be afraid. In the midst of the false manufacturing of meaning and frightening power displayed by the satanic, we are being taught that our being liked and held in being is at the hands of something infinitely more powerful, infinitely restful and we can live without fear. What is being revealed is the power of the Creator.

« Fear not, little flock, for it is your Father’s good pleasure to give you the kingdom. »
Can I say this? It seems to me that the fruit of contemplation in the midst of the violence which is going on about us, and of which we received a splendid example of a failing attempt at satanic transcendence, is this: as we learn to desire through the eyes of another, so we are given the heart of another, and what we learn is the extraordinarily benign, peaceful power of one holding everything in being, liking and delighting in us, without distinction. So strong, so safe that I am not frightened of a clash of civilisations. Personally, the strongest feeling I have had over the last few weeks is the quite unexpected discovery that I am no longer frightened of Muslims, and that I like them, and that this is only the beginning of discovering what it will mean to rejoice in them and see them as part of an us. Is this not the deepest act of treachery against the satanic order which was turned on in a part of all our minds and hearts by the events of September 11th. And where on earth will it end?

London, November 2001

Voir par ailleurs:

Pour pouvoir articuler ces arguments de mon point de vue, il faut adopter une perspective anthropologique, historique et évolutive. Le christia­nisme représente une rupture dans l’histoire culturelle de l’homme — en particulier dans son histoire reli­gieuse —, car pendant des dizaines de milliers d’années, les religions ont été ce qui a permis aux communautés primitives de ne pas s’autodétruire. Souvent, en effet, les êtres humains, plus encore que les animaux, font preuve de violence. Mais attention : par ce terme, je désigne non pas un comportement agressif, mais un phénomène inhérent à certaines dynamiques sociales — représailles, vengeances, volonté de rendre oeil pour oeil et dent pour dent. Tout cela parce que l’être humain est fondamentalement compétitif, parce que les hommes désirent toujours les mêmes choses que les autres hommes, car ils sont, selon mon expression, « mimétiques » ; et aussi parce qu’ils se livrent à des guerres intestines et entretiennent des conflits sans fin, qui instaurent des cercles vicieux de violence dont aucun système « judiciaire » ne permet de sortir. Voilà pourquoi la mythologie, et surtout les mythes sur les origines, commencent toujours par le récit d’une crise, une crise dans les rapports humains, souvent interpré­tée comme une « plaie » ou une « peste ». Cette crise se conclut d’ordinaire par une altération soudaine de l’unanimité mimétique, en vertu de laquelle la violence de la communauté se polarise sur une victime choisie pour des raisons arbitraires : avec sa mise à mort, l’ordre social est rétabli. Telles sont les grandes lignes du schéma de structuration mythique des cultures et des religions primitives, qui reposent sur un lynchage fondateur, une expulsion d’abord réelle, puis symbo­lique, de victimes innocentes.

Le christianisme qui, contrairement à ce que les anthropologues ont souvent soutenu, n’est pas un mythe parmi tant d’autres, renverse complètement cette perspective. Dans le mythe, le point de vue est toujours celui de la communauté qui décharge sa vio­lence sur une victime qu’elle considère coupable, et à travers l’expulsion de laquelle elle rétablit l’ordre social, à ce point précieux que la victime est divinisée, investie d’un pouvoir sacré par la communauté qui l’a expulsée. « Sacrifer » signifie en effet « rendre sacré ». Dans le récit mythique, cependant, la victime est toujours cou­pable et représentée comme telle. Il suffit de penser à OEdipe, qui commet un parricide et un inceste et qui est donc banni. Freud prend ce mythe à la lettre, tandis que le christianisme nous aide à comprendre que la vérité cachée et refoulée est autre. Le mythe des reli­gions primitives met en scène une farce, à laquelle les foules, en proie au paroxysme mimétique, croient, restant ainsi « ignorantes », précisément parce que, comme l’expliquent les Évangiles, ces hommes « ne savent ce qu’ils font ». Le christianisme, du point de vue sociologique et anthropologique, nie cet ordre et cette lecture mythiques, car il raconte la même scène, mais du point de vue de la victime, qui est toujours innocente. Il détruit par conséquent les religions qui unissent et coalisent les gens contre des victimes arbi­trairement choisies, comme toutes les religions natu­relles l’ont toujours fait, à l’exception des religions bibliques.

Le christianisme renverse donc cette situation en démontrant que la victime n’est pas coupable et que la foule unanime ne sait pas ce qu’elle fait lorsqu’elle l’accuse injustement. On en trouve déjà des exemples dans l’Ancien Testament — avant même la Passion, qui représente pour moi le sommet de la révélation de l’innocence de la victime sacrifiée par une commu­nauté injuste et violente. Prenons le cas d’Isaïe, 52-53 : l’innocence de la victime est mise en évidence, mais celle-ci est quand même condamnée par la foule en proie au délire mimétique, unanimement convaincue d’avoir trouvé un coupable pour toutes ses crises internes. Dans de telles circonstances, nous n’avons plus des comportements ou des consciences indivi­duels, mais nous rejoignons la logique unanime de la foule. Au cours de la Passion, même Pierre, lorsqu’il se retrouve parmi la masse qui accuse le Christ, cède à la tentation et le renie. Les Évangiles et la Passion de Jésus révèlent et déploient dans sa totalité cette vérité anthropologique : tout au long de notre histoire d’ani­maux culturels, nous n’avons cessé de chercher des boucs émissaires pour résoudre nos crises et nous les avons tués, pour ensuite les diviniser, sans savoir cepen­dant ce que nous faisions. La Passion du Christ nous l’apprend et nous le dit en toute clarté : Jésus est une victime innocente, sacrifiée par une foule unanime à se révolter contre lui, après l’avoir ovationné à peine quelques jours plus tôt. Et cela sans aucune raison par­ticulière. Une telle prise de conscience conduit à la rupture du mécanisme de méconnaissance, de couver­ture cognitive, qui fondait le schéma mythique : doré­navant, nous ne pouvons plus feindre d’ignorer que l’ordre social se construit en sacrifiant des victimes innocentes. Le christianisme nous prive de ce méca­nisme, à la base de l’ordre social et religieux archaïque, et nous introduit dans une phase nouvelle de l’histoire de l’homme, que nous pouvons légitimement appeler « moderne ». Pour moi, toutes les conquêtes de la modernité partent de là, de cette prise de conscience interne au christianisme.

Je ne prétends pas que le christianisme ait transformé le monde autant qu’il aurait dû ou pu le faire. Il a lutté contre les reli­gions archaïques et lutte encore contre des formes plus ou moins explicites de sacré. Le christianisme histo­rique a conservé des éléments de religion archaïque, de religion historique ; la société, la politique, la culture et l’ensemble du monde où nous vivons sont histo­riques, et cela vaut aussi pour les religions. On a tenté et on tente encore de s’adapter, de s’ajuster, mais il est évident que cela demande beaucoup de temps. Car l’idée chrétienne s’est insérée dans un monde où la ter­ritorialité, où le concept de vengeance étaient forts, où les actions des êtres humains étaient strictement assujetties à des actions de groupe, à des mécanismes unanimes que nous pourrions qualifier de tribaux. Le christianisme qui s’efforce d’entrer dans ce monde dan­gereux n’a pas la vie facile ; il est clair qu’il a besoin de milliers d’années pour parvenir à déstructurer quelque chose.

Nous vivons dans un monde où les possibilités d’action de l’homme sont en augmentation constante, avec des répercussions de plus en plus vastes. Très sou­vent, les hommes primitifs n’osaient même pas cultiver un lopin de terre à cause du respect et de la crainte que leur inspiraient les esprits occupant ce territoire (toutes ces divinités qui imprégnaient la nature et qui, à mon avis, ont été à l’origine des victimes émissaires transformées en dieux). Nous n’éprouvons plus ce genre de craintes.

Je reconnais que la philosophie des Lumières a repré­senté un moment historique où la partie chrétienne, occidentale, de l’humanité s’est rendu compte que le monde changeait, que les gens étaient plus libres et que la désacralisation du monde, comparée à l’époque préchrétienne ou même seulement au Moyen Âge, offrait à l’homme une plus grande possibilité d’action. Mais on a alors vu s’instaurer la croyance erronée selon laquelle ce phénomène était le produit exclusif de l’action des hommes, de leur génie individuel, ou du génie de l’être humain en général. Dans le même temps cependant, la conscience de la responsabilité humaine envers le monde n’a pas augmenté. Nous disposons d’armes de plus en plus puissantes, mais nous avons un sens très faible de nos responsabilités. Si notre évo­lution culturelle nous a conduits à remplacer Dieu, alors nous devrions nous rendre compte que nous nous sommes chargés d’une responsabilité énorme et qu’il faudrait nous interroger sur l’importance de la religion tout autrement que ne le font aujourd’hui les mass media. Ces derniers perçoivent en effet la religion comme une pensée étrangère à la nature humaine, quelque chose qui se présente sous la forme d’une contrainte, d’un lien, qui peut être nuisible à la santé. La religion nuirait à l’homme, comme le tabac. Mais ce discours néglige le fait qu’il est dans la nature humaine d’avoir des croyances religieuses, et que celles-ci doivent avoir un but anthropologique et social. Nous devons aujourd’hui nous demander ce que signifie vivre dans un monde où l’on prétend se passer de la religion. N’y a-t-il pas là un danger, en particulier celui d’un déchaînement de la violence ? Alors qu’il n’est pas impossible, nous le savons, que nous provoquions un jour la fin du monde tel que nous le connaissons, la disparition de la religion ne nous expose-t-elle pas au risque du déchaînement d’une dimension « apoca­lyptique » ? Ce que je dis n’est évidemment pas compatible avec la modalité apocalyptique du fonda­mentalisme protestant, qui imagine le monde détruit par la violence de Dieu, car cela est par essence anti­chrétien. À mon sens, les vrais textes apocalyptiques, qu’on ne lit hélas jamais, sont le chapitre 13 de l’Évan­gile selon saint Marc et le chapitre 24 de l’Évangile selon saint Matthieu ; pour moi, du point de vue d’un christianisme fondamental, ils comptent encore plus que l’Apocalypse de saint Jean lui-même.

Dans le même temps, tout en sachant cela, nous tournons en dérision des textes bibliques comme l’Apocalypse, alors que nous devrions les prendre très au sérieux, puisque la fin du monde y est précisément mise en relation avec le christianisme. Car le judaïsme et le christianisme sont conscients que si nous nous efforçons de nous passer de toutes les prohibitions, des limites que les religions archaïques imposaient, non seulement nous nous mettons en péril nous-mêmes, mais nous faisons aussi peser une menace sur l’exis­tence du monde. Les religions archaïques naissent en effet d’une telle prise de conscience. Nous agissons au contraire aujourd’hui comme si nous étions les maîtres du monde, les seigneurs de la nature, sans aucune médiation ou arbitrage, comme si tout ce que nous faisons ne pouvait pas avoir de répercussions négatives. Mais nous savons tous très bien que ces tabous archa­ïques possédaient une valeur et une signification. Les êtres humains, de même que les nations, ne peuvent pas vivre sans éthique. C’est bien beau d’imaginer que tout est possible, mais en réalité, chacun de nous sait parfaitement qu’il existe des limites. Si les êtres humains et les nations continuent à éluder leurs res­ponsabilités, les risques deviennent énormes. Vattimo voudrait nous faire croire que nous pourrions habiter une sorte d’Éden : il suffirait de nous rendre compte que nous y sommes déjà, que les dangers n’existent pas ; malheureusement, le monde qui nous entoure ne l’écoute pas.

Nous avons besoin d’une bonne théorie de la sécula­risation, car celle-ci correspond aussi à la fin du sacri­fice, ce qui nous prive de nos moyens culturels habituels d’affronter la violence. Il y a une temporalité du sacrifice, et la violence est sujette à l’érosion et à l’entropie, mais (…) Lorsqu’on se débarrasse du sacré grâce au christianisme, il se produit certes une ouverture salutaire vers l’agapè, la charité, mais on prend aussi le risque de générer une violence supérieure. Le monde dans lequel nous vivons est, de l’avis général, moins violent que par le passé, et nous prenons soin des victimes comme aucune autre civilisation ne l’a jamais fait, mais ce monde est aussi le plus persécuteur et le plus meurtrier de l’Histoire. Le bien comme le mal semblent y aug­menter également. Aussi, pour défendre une théorie de la culture, il faut rendre compte des aspects extra­ordinaires de cette culture. Dans Credere di credere, Vattimo utilise l’idée de Max Weber sur la sécularisa­tion comme cause du désenchantement du monde. Tu dis que « le désenchantement du monde a aussi produit un radical désenchantement de l’idée même de désenchantement 1 ». Je suis d’accord. Malgré toute son intelligence, Weber n’avait découvert qu’à moitié le paradoxe que représente la présence simultanée, dans le monde contemporain, d’un haut degré de dévelop­pement et d’une bonne dose de désagrégation, mais il existe bien d’autres paradoxes, qui s’intensifient avec le temps et deviennent de plus en plus fascinants.

ce mouvement, passé de Heidegger au structuralisme puis au déconstruction­nisme, (…) se caractérise par une attitude d’extrême optimisme envers l’Histoire — notion qui n’a d’ailleurs pas beaucoup de sens pour les représentants de cette école, dont le maître mot pourrait être le mot « jeu ». Tout est ludique, tout se réduit à un jeu linguistique. Disons que, d’un point de vue sociologique, ils peuvent se le permettre : la plupart d’entre eux proviennent du monde académique et sont convaincus qu’il y aura toujours une université pour les soutenir, grâce aux financements constants du système capitaliste, et que rien ne saurait leur arriver. Ils ne perçoivent sans doute pas les mêmes salaires que les ingénieurs de la Silicon Valley, mais leur vie n’en est pas moins aisée et bien réglée.

Cette école s’est proposé de rompre avec l’idéalisme allemand, mais pas de déconstruire notre civilisation ou notre monde. Vattimo a réagi à ce type d’attitude de très belle manière. D’ailleurs, nous apprenons chaque jour un peu plus que la religion l’emporte sur la philosophie et la dépasse. Les philosophies sont en effet à peu près mortes ; les idéologies, presque défuntes ; les théories politiques, presque entièrement laminées ; la croyance selon laquelle la science pourrait remplacer la religion, désormais dépassée. Le monde laisse en revanche apparaître un besoin nouveau de reli­gion, sous une forme ou sous une autre. Vattimo en a pris conscience. Toutefois, sa pensée demeure encore un peu trop imprégnée, du moins à mon goût, de cette atmosphère ludique de l’école où il a fait ses débuts et dont il s’est ensuite détaché.

Je crois que la tragédie réapparaît, dans tous les domaines : la politique, l’écologie, la société. Il nous est facile de vivre dans un monde aussi bien organisé que le monde occidental. Mais nous faisons partie des 25 % de privilégiés de la population du globe. Certains problèmes ne sont pas limités à l’intérieur d’une société, mais concernent toute la planète, surtout si nous avons conscience que seul un tiers ou un quart de la population mondiale peut s’approcher des privi­lèges dont nous bénéficions. Si la tragédie est de retour, et que nous commençons à la percevoir comme une tragédie religieuse, alors il reste de l’espoir ; si, au contraire, nous la considérons comme une tragédie grecque, alors c’en est fini.

même d’un point de vue esthétique, j’ai du mal à accepter sa volonté de ne poser aucune limite, qui, selon moi, va en réalité dans le sens d’un refus de l’éthique, en particulier face à la modernité et à ce dont nos lendemains seront faits. Le refus de l’éthique est un des grands clichés de la modernité et remonte au XVIe siècle, ou même avant, mais à mon avis, il est aujourd’hui à bout de forces, même dans le domaine esthétique.

Je ne veux contraindre personne à devenir apocalyp­tique et à se couvrir la tête de cendres, mais j’ai des enfants et des petits-enfants et je dois admettre que j’ai peur. J’éprouve la sensation qu’il se passe dans notre monde quelque chose de toujours plus épouvantable.

J’ai commencé à réfléchir au destin du monde en 1945, à l’époque où l’on inventa et où l’on utilisa la bombe atomique. Jusqu’à aujourd’hui, elle n’a pas été aussi destructrice qu’on pouvait le craindre, car elle a joué un rôle de dissuasion. Vers le milieu des années 1950, nous nous sommes rendu compte que les Russes avaient sans doute de nombreux défauts, mais qu’ils ne voulaient pas mourir. Dans le monde actuel, nous voyons au contraire des gens, de plus en plus nom­breux, prêts à mourir pour tuer des innocents qu’ils n’ont jamais vus. Face à ce terrorisme qui a su vaincre même les technologies les plus sophistiquées et les plus efficaces, nous devons prendre conscience que nous vivons dans un monde ouvert à de nouveaux risques, à des possibles effrayants, surtout pour nous, qui appartenons à la partie privilégiée du monde. Tout cela, selon moi, requiert une réflexion de fond, qui me semble absente du débat politique contemporain.

Je voudrais aussi ajouter quelque chose sur la ques­tion de la vérité … Je suis religieux, mais pourquoi ? Selon moi, tout se rattache au « dévoi­lement du mécanisme victimaire ». Pour moi, ce « dévoilement » correspond à la Passion. Pourquoi le christianisme insiste-t-il tant sur elle ? Il la décrit comme la mort de notre Sauveur, ce qui est important non seulement du point de vue religieux, mais aussi du point de vue anthropologique, car cela nous ouvre une perspective sur l’autre aspect de la culture humaine. Chaque mythe est en effet une Passion ayant échoué. Non pas en ce sens que la victime n’aurait pas été tuée, mais en ce que la vérité anthropologique de cette mort innocente n’a pas été révélée. La question que pose la Passion est : de quel côté nous situons-nous ? Avec la foule qui accuse Jésus d’être coupable, ou bien de l’autre côté ?

Selon moi, la supériorité de la puissance révélatrice de la Passion par rapport à l’Ancien Testament vient de son plus grand pragmatisme didactique. Non seule­ment elle nous révèle la vérité propre à tous les mythes antérieurs, mais elle nous montre aussi les deux posi­tions en même temps, l’une à côté de l’autre. Et je pense qu’il y a là quelque chose d’extraordinaire. La Passion devient la clef pour comprendre la mythologie. Le mythe adopte toujours le point de vue de la foule, qui désigne la victime et la juge coupable, tandis que dans l’histoire de la Passion, nous percevons aussi l’autre point de vue, celui de la victime innocente. La question est alors (…): tout cela est-il vrai ou faux ? Si cela est vrai, il s’agit d’une vérité évidente, manifeste. C’est surtout en ces termes que je parle de « vérité ».

Certains disent que je mêle la religion à la science. Ce n’est pas vrai. Je dis que tout tient dans le raisonne­ment suivant. Le christianisme est-il vraiment l’autre face de la mythologie ? Le christianisme est-il la vérité de toute mythologie ? Toute ma réflexion tourne autour de la question de savoir si le christianisme ne serait pas ce qui nous révèle l’autre aspect, l’aspect caché des mythes. Et je ne veux pas dire par là qu’il nous livrerait la vérité sur Dieu du point de vue scienti­fique, mais qu’il nous dit une vérité sur les mythes et sur toute la culture humaine. Il s’agit de ce que les logiciens appellent le common knowledge, le sens com­mun. Et je crois que nous allons vers un futur où ce common knowledge sera de mieux en mieux accepté comme une partie de notre connaissance commune, et que nous vivrons dans un monde qui sera et apparaîtra aussi chrétien qu’il nous semble aujourd’hui scienti­fique. Je crois que nous sommes à la veille d’une révo­lution de notre culture qui dépassera tout ce que l’on peut imaginer, et que le monde se dirige vers un chan­gement en comparaison duquel la Renaissance nous semblera insignifiante. Et il s’agit naturellement, du moins à mon avis, d’une perspective fascinante.

Personnellement, je suis d’accord avec Vat­timo lorsqu’il dit que le christianisme est une révéla­tion de l’amour, mais je n’exclus pas qu’il soit aussi une révélation de vérité. Car dans le christianisme, vérité et amour coïncident et sont la même chose. Je pense que nous devons prendre très au sérieux ce concept de l’amour, qui, dans le christianisme, est la réhabilitation de la victime accusée à tort, la vérité même, la vérité anthropologique et la vérité chrétienne. Et je pense que cette vérité anthropologique peut donner au christia­nisme l’anthropologie qu’il mérite. Car traditionnelle­ment, la théologie chrétienne, juste en elle-même, s’est fondée sur une anthropologie « erronée » : l’anthropo­logie grecque, une anthropologie païenne, qui ne voit pas la responsabilité de l’homme en tant qu’être violent. Je crois, au contraire, qu’il convient de donner enfin à la théologie chrétienne l’anthropologie dont elle est digne.

René Girard (Christianisme et modernité, 2009)

29 Responses to Apocalypse: Et si le christianisme était bien la source de tous nos maux ? (Think not that I am come to send peace on earth)

  1. […] des anciens cadres sociétaux qu’il permet/provoque, au niveau même du déclenchement de la crise généralisée que connaissent actuellement nos sociétés occidentales et par […]

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  2. […] L’inauguration majestueuse de l’ère "post-chrétienne" est une plaisanterie. Nous sommes dans un ultra-christianisme caricatural qui essaie d’échapper à l’orbite judéo-chrétienne en "radicalisant" le souci des victimes dans un sens antichrétien. René Girard […]

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  17. […] L’inauguration majestueuse de l’ère "post-chrétienne" est une plaisanterie. Nous sommes dans un ultra-christianisme caricatural qui essaie d’échapper à l’orbite judéo-chrétienne en "radicalisant" le souci des victimes dans un sens antichrétien. René Girard […]

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  18. […] L’inauguration majestueuse de l’ère "post-chrétienne" est une plaisanterie. Nous sommes dans un ultra-christianisme caricatural qui essaie d’échapper à l’orbite judéo-chrétienne en "radicalisant" le souci des victimes dans un sens antichrétien. René Girard […]

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  19. […] L’inauguration majestueuse de l’ère "post-chrétienne" est une plaisanterie. Nous sommes dans un ultra-christianisme caricatural qui essaie d’échapper à l’orbite judéo-chrétienne en "radicalisant" le souci des victimes dans un sens antichrétien. René Girard […]

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  20. […] L’inauguration majestueuse de l’ère "post-chrétienne" est une plaisanterie. Nous sommes dans un ultra-christianisme caricatural qui essaie d’échapper à l’orbite judéo-chrétienne en "radicalisant" le souci des victimes dans un sens antichrétien. René Girard […]

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  21. […] Le conflit avec les musulmans est bien plus considérable que ce que croient les fondamentalistes. Les fondamentalistes pensent que l’apocalypse est la violence de Dieu. Alors qu’en lisant les chapitres apocalyptiques, on voit que l’apocalypse est la violence de l’homme déchaînée par la destruction des puissants, c’est-à-dire des États, comme nous le voyons en ce moment. Lorsque les puissances seront vaincues, la violence deviendra telle que la fin arrivera. Si l’on suit les chapitres apocalyptiques, c’est bien cela qu’ils annoncent. Il y aura des révolutions et des guerres. Les États s’élèveront contre les États, les nations contre les nations. Cela reflète la violence. Voilà le pouvoir anarchique que nous avons maintenant, avec des forces capables de détruire le monde entier. On peut donc voir l’apparition de l’apocalypse d’une manière qui n’était pas possible auparavant. Au début du christianisme, l’apocalypse semblait magique : le monde va finir ; nous irons tous au paradis, et tout sera sauvé ! L’erreur des premiers chrétiens était de croire que l’apocalypse était toute proche. Les premiers textes chronologiques chrétiens sont les Lettres aux Thessaloniciens qui répondent à la question : pourquoi le monde continue-t-il alors qu’on en a annoncé la fin ? Paul dit qu’il y a quelque chose qui retient les pouvoirs, le katochos (quelque chose qui retient). L’interprétation la plus commune est qu’il s’agit de l’Empire romain. La crucifixion n’a pas encore dissout tout l’ordre. Si l’on consulte les chapitres du christianisme, ils décrivent quelque chose comme le chaos actuel, qui n’était pas présent au début de l’Empire romain. (..) le monde actuel (…) confirme vraiment toutes les prédictions. On voit l’apocalypse s’étendre tous les jours : le pouvoir de détruire le monde, les armes de plus en plus fatales, et autres menaces qui se multiplient sous nos yeux. Nous croyons toujours que tous ces problèmes sont gérables par l’homme mais, dans une vision d’ensemble, c’est impossible. Ils ont une valeur quasi surnaturelle. Comme les fondamentalistes, beaucoup de lecteurs de l’Évangile reconnaissent la situation mondiale dans ces chapitres apocalyptiques. Mais les fondamentalistes croient que la violence ultime vient de Dieu, alors ils ne voient pas vraiment le rapport avec la situation actuelle – le rapport religieux. Cela montre combien ils sont peu chrétiens. La violence humaine, qui menace aujourd’hui le monde, est plus conforme au thème apocalyptique de l’Évangile qu’ils ne le pensent. (…) La lutte se trouve entre le christianisme et l’islam, plus qu’entre l’islam et l’humanisme. Avec l’islam je pense que l’opposition est totale. Dans l’islam, si l’on est violent, on est inévitablement l’instrument de Dieu. Cela veut donc dire que la violence apocalyptique vient de Dieu. Aux États-Unis, les fondamentalistes disent cela, mais les grandes églises ne le disent pas. Néanmoins, ils ne poussent pas suffisamment leur pensée pour dire que si la violence ne vient pas de Dieu, elle vient de l’homme, et que nous en sommes responsables. René Girard […]

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  22. […] Le conflit avec les musulmans est bien plus considérable que ce que croient les fondamentalistes. Les fondamentalistes pensent que l’apocalypse est la violence de Dieu. Alors qu’en lisant les chapitres apocalyptiques, on voit que l’apocalypse est la violence de l’homme déchaînée par la destruction des puissants, c’est-à-dire des États, comme nous le voyons en ce moment. Lorsque les puissances seront vaincues, la violence deviendra telle que la fin arrivera. Si l’on suit les chapitres apocalyptiques, c’est bien cela qu’ils annoncent. Il y aura des révolutions et des guerres. Les États s’élèveront contre les États, les nations contre les nations. Cela reflète la violence. Voilà le pouvoir anarchique que nous avons maintenant, avec des forces capables de détruire le monde entier. On peut donc voir l’apparition de l’apocalypse d’une manière qui n’était pas possible auparavant. Au début du christianisme, l’apocalypse semblait magique : le monde va finir ; nous irons tous au paradis, et tout sera sauvé ! L’erreur des premiers chrétiens était de croire que l’apocalypse était toute proche. Les premiers textes chronologiques chrétiens sont les Lettres aux Thessaloniciens qui répondent à la question : pourquoi le monde continue-t-il alors qu’on en a annoncé la fin ? Paul dit qu’il y a quelque chose qui retient les pouvoirs, le katochos (quelque chose qui retient). L’interprétation la plus commune est qu’il s’agit de l’Empire romain. La crucifixion n’a pas encore dissout tout l’ordre. Si l’on consulte les chapitres du christianisme, ils décrivent quelque chose comme le chaos actuel, qui n’était pas présent au début de l’Empire romain. (..) le monde actuel (…) confirme vraiment toutes les prédictions. On voit l’apocalypse s’étendre tous les jours : le pouvoir de détruire le monde, les armes de plus en plus fatales, et autres menaces qui se multiplient sous nos yeux. Nous croyons toujours que tous ces problèmes sont gérables par l’homme mais, dans une vision d’ensemble, c’est impossible. Ils ont une valeur quasi surnaturelle. Comme les fondamentalistes, beaucoup de lecteurs de l’Évangile reconnaissent la situation mondiale dans ces chapitres apocalyptiques. Mais les fondamentalistes croient que la violence ultime vient de Dieu, alors ils ne voient pas vraiment le rapport avec la situation actuelle – le rapport religieux. Cela montre combien ils sont peu chrétiens. La violence humaine, qui menace aujourd’hui le monde, est plus conforme au thème apocalyptique de l’Évangile qu’ils ne le pensent. (…) La lutte se trouve entre le christianisme et l’islam, plus qu’entre l’islam et l’humanisme. Avec l’islam je pense que l’opposition est totale. Dans l’islam, si l’on est violent, on est inévitablement l’instrument de Dieu. Cela veut donc dire que la violence apocalyptique vient de Dieu. Aux États-Unis, les fondamentalistes disent cela, mais les grandes églises ne le disent pas. Néanmoins, ils ne poussent pas suffisamment leur pensée pour dire que si la violence ne vient pas de Dieu, elle vient de l’homme, et que nous en sommes responsables. René Girard […]

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  23. […] Ce que le communisme avait tenté de faire, une guerre vraiment mondiale, est maintenant réalisé, c’est l’actualité. Minimiser le 11 Septembre, c’est ne pas vouloir voir l’importance de cette nouvelle dimension. (…) Mais la menace actuelle va au-delà de la politique, puisqu’elle comporte un aspect religieux. Ainsi, l’idée qu’il puisse y avoir un conflit plus total que celui conçu par les peuples totalitaires, comme l’Allemagne nazie, et qui puisse devenir en quelque sorte la propriété de l’islam, est tout simplement stupéfiante, tellement contraire à ce que tout le monde croyait sur la politique. (…) Le problème religieux est plus radical dans la mesure où il dépasse les divisions idéologiques – que bien sûr, la plupart des intellectuels aujourd’hui ne sont pas prêts d’abandonner.(…) Il s’agit de notre incompréhension du rôle de la religion, et de notre propre monde ; c’est ne pas comprendre que ce qui nous unit est très fragile. Lorsque nous évoquons nos principes démocratiques, parlons-nous de l’égalité et des élections, ou bien parlons-nous de capitalisme, de consommation, de libre échange, etc. ? Je pense que dans les années à venir, l’Occident sera mis à l’épreuve. Comment réagira-t-il : avec force ou faiblesse ? Se dissoudra-t-il ? Les occidentaux devraient se poser la question de savoir s’ils ont de vrais principes, et si ceux-ci sont chrétiens ou bien purement consuméristes. Le consumérisme n’a pas d’emprise sur ceux qui se livrent aux attentats suicides. (…) Allah est contre le consumérisme, etc. En réalité, le musulman pense que les rituels de prohibition religieuse sont une force qui maintient l’unité de la communauté, ce qui a totalement disparu ou qui est en déclin en Occident. Les gens en Occident ne sont motivés que par le consumérisme, les bons salaires, etc. Les musulmans disent : « leurs armes sont terriblement dangereuses, mais comme peuple, ils sont tellement faibles que leur civilisation peut être facilement détruite ».(…) Cela dit, de plus en plus de gens en Occident verront la faiblesse de notre humanisme ; nous n’allons pas redevenir chrétiens, mais on fera plus attention au fait que la lutte se trouve entre le christianisme et l’islam, plus qu’entre l’islam et l’humanisme. Avec l’islam je pense que l’opposition est totale. Dans l’islam, si l’on est violent, on est inévitablement l’instrument de Dieu. René Girard […]

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  24. […] Ce que le communisme avait tenté de faire, une guerre vraiment mondiale, est maintenant réalisé, c’est l’actualité. Minimiser le 11 Septembre, c’est ne pas vouloir voir l’importance de cette nouvelle dimension. (…) Mais la menace actuelle va au-delà de la politique, puisqu’elle comporte un aspect religieux. Ainsi, l’idée qu’il puisse y avoir un conflit plus total que celui conçu par les peuples totalitaires, comme l’Allemagne nazie, et qui puisse devenir en quelque sorte la propriété de l’islam, est tout simplement stupéfiante, tellement contraire à ce que tout le monde croyait sur la politique. (…) Le problème religieux est plus radical dans la mesure où il dépasse les divisions idéologiques – que bien sûr, la plupart des intellectuels aujourd’hui ne sont pas prêts d’abandonner.(…) Il s’agit de notre incompréhension du rôle de la religion, et de notre propre monde ; c’est ne pas comprendre que ce qui nous unit est très fragile. Lorsque nous évoquons nos principes démocratiques, parlons-nous de l’égalité et des élections, ou bien parlons-nous de capitalisme, de consommation, de libre échange, etc. ? Je pense que dans les années à venir, l’Occident sera mis à l’épreuve. Comment réagira-t-il : avec force ou faiblesse ? Se dissoudra-t-il ? Les occidentaux devraient se poser la question de savoir s’ils ont de vrais principes, et si ceux-ci sont chrétiens ou bien purement consuméristes. Le consumérisme n’a pas d’emprise sur ceux qui se livrent aux attentats suicides. (…) Allah est contre le consumérisme, etc. En réalité, le musulman pense que les rituels de prohibition religieuse sont une force qui maintient l’unité de la communauté, ce qui a totalement disparu ou qui est en déclin en Occident. Les gens en Occident ne sont motivés que par le consumérisme, les bons salaires, etc. Les musulmans disent : « leurs armes sont terriblement dangereuses, mais comme peuple, ils sont tellement faibles que leur civilisation peut être facilement détruite ».(…) Cela dit, de plus en plus de gens en Occident verront la faiblesse de notre humanisme ; nous n’allons pas redevenir chrétiens, mais on fera plus attention au fait que la lutte se trouve entre le christianisme et l’islam, plus qu’entre l’islam et l’humanisme. Avec l’islam je pense que l’opposition est totale. Dans l’islam, si l’on est violent, on est inévitablement l’instrument de Dieu. René Girard […]

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  25. jcdurbant dit :

    Voir aussi par rapport à l’hominisation:

    Here, we describe newly discovered stone tool-use behaviour and stone accumulation sites in wild chimpanzees reminiscent of human cairns. In addition to data from 17 mid- to long-term chimpanzee research sites, we sampled a further 34 Pan troglodytes communities. We found four populations in West Africa where chimpanzees habitually bang and throw rocks against trees, or toss them into tree cavities, resulting in conspicuous stone accumulations at these sites. This represents the first record of repeated observations of individual chimpanzees exhibiting stone tool use for a purpose other than extractive foraging at what appear to be targeted trees. The ritualized behavioural display and collection of artefacts at particular locations observed in chimpanzee accumulative stone throwing may have implications for the inferences that can be drawn from archaeological stone assemblages and the origins of ritual sites.
    Introduction

    In both contemporary and ancient human societies, stone piles are often used to mark natural cavities in the landscape for caching food, as well as paths and important places1, and can hold a more symbolic meaning for burials2, ceremonial counting3, and the establishment of shrines4. Through archaeology, analyses of stone assemblages have provided us with insight into the technological and cognitive abilities of ancestral hominins5. It is therefore notable that the use of stone tools has also been observed in wild populations of nonhuman primates, including chimpanzees, one of our closest living relatives6,7. Primate archaeology has therefore emerged as a new field of research where archaeological evidence from nonhuman primates can be compared to our own8,9. Any similarities may not only challenge, but may also illuminate the interpretations of stone accumulations in human prehistory.

    Thirty-one TRSs located within the Pan troglodytes range were sampled between 2011 and 2015 for a period of 14–17 months. An additional three TRSs were on-going and studied for less than 14 months, for a total of 34 (see Supplementary Table 1). At four TRSs: (Boé, Guinea-Bissau; Sangaredi, Guinea; Mt. Nimba, Liberia and Comoé GEPRENAF, Côte d’Ivoire; Fig. 1) we found multiple hollow and/or buttressed trees exhibiting clear signs of wear with an accumulation of rocks at their base or inside the tree (Fig. 2). Using remote video camera traps, we subsequently filmed chimpanzees at each of these four TRSs approaching focal trees with a stone in their hand, or grabbing a stone from the base or from inside the tree’s hollow cavities, and then proceeding to throw it (N = 64 total stone throwing events; Table 1). We observed three particular variants of the behaviour: the rock was thrown at the tree using one or both hands (‘hurl’); hit repeatedly against the tree while the chimpanzee held it (‘bang’); or thrown into the hollow tree or a hollow groove formed by large buttress roots (‘toss’; Table 1; Supplementary Movies 1–7). The individuals observed in the camera trap footage were mainly adult males, but we also observed an adult female and a juvenile exhibiting the behaviour (Supplementary Movies 1 and 6). Common to all accumulative stone throwing observations exhibited by adults (N = 63) was the pant hoot vocalization, in particular the introduction and/or build-up phase25, which occurred after or while the individual picked up and handled the rock (Fig. 3). The pant hoot is a characteristic feature of the ritualized agonistic displays of adult male chimpanzees, which typically also involves piloerection, bipedal stance, hand and feet drumming on buttress roots of trees and, in some populations, is preceded by leaf-clipping25,26,27. Unfortunately, audio was recorded for only 50 of the 64 events captured on camera traps, so we may underestimate the variation in vocal behaviour accompanying accumulative chimpanzee stone throwing. We further observed that rock handling and throwing was sometimes accompanied by the individual swaying back and forth while bipedal and piloerect, and even leaf-clipping (Supplementary Movie 4; Fig. 3), all behaviours associated with a typical chimpanzee display27. When the rock was thrown, this was often, but not always, accompanied by the climax phase of the pant hoot consisting of scream elements and drumming with the hands or feet on the tree25,26. In some cases we do not have footage of the full series of behaviours since camera trap videos are limited in length (60 seconds), and cameras were triggered at varying times for each accumulative stone throwing event captured …

    http://www.nature.com/articles/srep22219

    http://arstechnica.com/science/2016/03/ritualized-behavior-chimps-all-throw-rocks-at-the-same-tree/

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  26. jcdurbant dit :

    Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus Christ.

    Paul (Galates 3: 28)

    L’initiative ministérielle [campagne ministérielle contre le sexisme] est un indice supplémentaire, s’il en fallait, de ce que la Présidence Hollande se sera exténuée jusqu’au bout dans des batailles soit vaines soit destructrices – comme dans le cas de l’école où, sous couvert de refondation, il ne s’agit rien de moins que de parachever sa transformation en centre d’animation, ou du mariage, institution qui a été vidée de toute signification: consacrer l’amour entre deux êtres n’était pas sa fonction. Or, le pays réclame des actions qui ne devraient souffrir aucun délai, et ce, spécialement dans le domaine dont Madame Rossignol a la responsabilité. Les femmes deviennent un véritable enjeu de la guerre que l’islamisme mène avec détermination contre notre civilisation. Plutôt que d’exhiber des chiffres qui disent tout et rien, je voudrais que l’on reconnaisse une fois pour toutes que si régression de l’égalité entre les sexes il y a en France, si domination et patriarcat il y a dans notre pays, cet état de fait est lié exclusivement à l’importation, sur notre sol, des mœurs musulmanes, et non à je ne sais quelle survivance du passé. Plutôt que des sondages qui noient dans la généralité et l’abstraction des chiffres, des réalités fort contrastées – car quoi de commun entre une femme qui s’interdit de porter telle tenue vestimentaire par crainte d’entendre ses collègues masculins l’en complimenter et une femme qui, en banlieue, exclut de porter une jupe ou un short par soumission aux codes dictés par un islam rigoriste dont les Grands frères se font les gardiens? -, plutôt que ces sondages donc, Madame Rossignol ferait bien de lire par exemple, l’essai de Géraldine Smith, Rue Jean-Pierre Timbaud. Une vie de famille entre barbus et bobos. Elle y apprendrait, entre autres choses tout aussi édifiantes, qu’il est des boulangeries, en plein cœur de la capitale, où les hommes sont systématiquement servis avant les femmes. La croisade contre le sexisme et la reconquête de ces territoires ne se fera pas à coup de manifestations festives. Plutôt que de divertir la nation avec la mobilisation de «people» contre le sexisme ordinaire et la distribution de badge estampillé «Sexisme, pas notre genre», le gouvernement devrait porter le fer là où s’exerce une véritable domination masculine, en commençant par les territoires perdus de la République, ces enclaves ayant fait sécession d’avec nos mœurs, nos lois, nos principes, dont l’égalité des sexes, vivant sous l’autorité et la règle d’un islam radical. Les femmes qui se dressent vaillamment contre leur assujettissement, s’y retrouvent bien seules. Il est vrai que cela suppose un courage qui n’est pas notre fort. Autant il est aisé de mobiliser contre le mâle blanc hétérosexuel de plus de cinquante ans, autant il est inenvisageable de réunir Julie Gayet ou Axel Kahn, pour ne citer que deux des parrains de l’opération de Madame Rossignol, contre la mise sous tutelle des femmes par l’islamisme. J’aimerais les voir aux côtés de Nadia Remadna, la présidente de la Brigade des mères à Sevran par exemple. (…) Cette «campagne culturelle» est l’ultime invention des communicants d’un président aux abois. S’agit-il de reconquérir un électorat perdu? Doit-on y voir une tentative de diversion, afin de faire oublier l’incurie et l’impéritie du gouvernement? Et avec quelle ardeur et quel zèle les médias relayent la campagne du gouvernement. Je pense notamment à France Inter qui a ouvert le bal en recevant dès lundi, Laurence Rossignol, laquelle leur a fait l’honneur de «dévoiler» des chiffres alarmistes sur les humiliations, les injustices dont les femmes seraient victimes. Or, c’est sur cette même antenne que, quelques jours auparavant, Thomas Legrand vociférait contre ceux, dont je suis, qui avaient eu la faiblesse de prendre au sérieux l’irruption sur nos plages de ce vêtement qui dit non seulement la sécession d’avec la communauté nationale mais la soumission des femmes à des diktats masculins. «Surenchère normative» dénonçait-il, et complicité implicite avec le Front national. (…) L’esprit qui préside à cette campagne ministérielle s’inscrit dans la continuité du rapport sur «le harcèlement sexiste et les violences sexuelles dans les transports en commun» et poursuit le même objectif. Il s’agit de conduire les femmes à ne pas oublier qu’elles sont et demeurent les victimes des hommes, c’est-à-dire, je le répète, des mâles blancs hétérosexuels et, suspects entre tous, de plus de cinquante ans, partant que la lutte continue. Ces néo-féministes ne redoutent rien tant que de voir les femmes considérer que l’égalité est acquise – ce qui est, soit dit en passant. Lorsque le rapport sur les transports en commun fut rendu public, l’information a été couverte par tous les médias, unanimement et presque toujours dans les mêmes termes: «Harcèlement dans les transports en commun: 100% des femmes en ont été victimes». Ce score, si je puis dire, m’intrigua. Je lus donc attentivement le rapport. La conclusion était quelque peu hâtive, la réalité était que 100% des femmes avait fait l’expérience d’un regard suggestif, d’une apostrophe flatteuse, d’un sourire enjôleur. Or, et là était le problème, pour le Haut Conseil à l’Egalité dont émanait ce rapport, les femmes n’identifient pas spontanément et nécessairement ces signes à du harcèlement, ni l’homme sensible à leur charme à un agresseur. L’enjeu de la campagne était donc de faire prendre conscience aux femmes qu’elles étaient victimes d’agression. Naïves que nous sommes, nous interprétons comme un hommage à notre féminité ce que nous devrions ipso facto identifier comme une offense! Le scénario est toujours le même avec ces belles âmes, il y a d’un côté, les consciences instruites et de l’autre, les masses ignorantes qu’il faut éclairer. (…) L’usage du mot sexisme ne vise rien d’autre qu’à diaboliser, criminaliser toute perception, toute pensée, toute exaltation de la dualité sexuelle. Cette épithète est absolument redoutable, elle vise à surveiller et punir les hommes en tant qu’ils s’obstinent à voir dans les femmes des femmes et à n’y être pas indifférents. Cette notion de sexisme est, à dessein, une nébuleuse. Elle est une sorte d’enseigne destinée à recevoir les réalités les plus floues: N’importe quelle parole, n’importe quel comportement suspect de pactiser avec le «mythe» de la différence des sexes est menacé d’y être expédié. Où commence, où finit le sexisme? La frontière ne peut être tracée. C’est donc une chasse illimitée et sans merci qui s’ouvre. Il n’est pas inutile de rappeler que le mot de sexisme a été forgé sur le modèle du terme racisme. Il n’est donc pas fortuit qu’il en partage les dérives. De la même façon que se trouve assimilé à une attitude raciste tout attachement à la nation, à ses mœurs, à son histoire, à sa singularité et la hantise de la voir se dissoudre ; se trouve rangé sous le vocable de sexisme, toute attitude qui témoigne de l’attachement à une certaine idée du masculin, du féminin et du jeu qui se noue entre eux, et l’obstination à les perpétuer. La ministre se réjouissait sur France Inter de ce que ce vocable de sexisme, longtemps confiné dans les cercles militants, se soit diffusé dans l’ensemble de la société. La présidence Hollande, avec Najat Vallaud-Belkacem qui occupa ce ministère de 2012 à 2014, chaperonnée par l’inénarrable Caroline de Haas, y aura amplement contribué. Souvenons-nous des séminaires de sensibilisation aux préjugés sexistes imposés en 2012 à l’ensemble de son gouvernement par le Premier ministre d’alors, Jean-Marc Ayrault, et ce à l’initiative de la future ministre de l’Education nationale. Ces stages visaient à immuniser nos ministres contre toute parole qui ferait référence à une quelconque différence des sexes. La fondatrice d’ «Osez le féminisme» leur projetait des images de babygros, afin de démontrer qu’à peine né, chacun des sexes se trouvait assigné à un rôle, fatalement dévalorisant pour le sexe féminin (gourmande, jolie), flatteur pour le sexe masculin (vaillant, robuste). Et voilà comment le destin des hommes et des femmes serait à jamais scellés! Les ministres ressortaient édifiés, incapables d’objecter quoi que ce soit à ces démonstrations purement idéologiques. [«les stéréotypes, les représentations, les comportements nichés dans l’inconscient collectif» dont parle justement Madame Rossignol] ne désignent rien de moins que l’imaginaire collectif, les significations que nous avons attachées au masculin, au féminin, au relation et au jeu qui se nouent entre eux et qui cimentent la communauté nationale. Nous avons perdu le sens de la gratitude pour nos mœurs, on nous a tympanisé les oreilles avec l’idée que la différence des sexes n’avait été pensée, conçue qu’en termes de domination. Le paradigme des rapports de force hérité de Michel Foucault s’est imposé comme grille de lecture exclusive, nous rendant inaccessibles au moindre sentiment de dette. Dans l’esprit de ce féminisme converti à la radicalité anglo-saxonne et acquis aux thèses du Genre, le premier des préjugés est de croire en la différence des sexes. Ces néo-féministes aspirent à vivre dans un monde où il n’y aurait plus ni homme ni femme, seulement des individus neutres, délestés de toute enveloppe charnelle.(…) l’islamisme et le néo-féminisme inspiré du féminisme américain se rejoignent dans une même hantise du désir que l’homme et la femme s’inspirent respectivement. La croisade des féministes est tournée contre l’hétérosexualité. La rédemption, à leurs yeux, est dans l’homosexualité: le désir du même pour le même mettrait à l’abri du rapport de domination qui sature la relation homme/femme.(…) Ce décalage s’explique par le deux-poids deux-mesures de l’islamo-gauchisme. Les néo-féministes en offrirent un funeste exemple lors des agressions sexuelles de Cologne la nuit de la saint-Sylvestre. Les agresseurs étaient musulmans. Entre deux maux – la violence faite aux femmes et la crainte de se rendre suspect d’islamophobie, de faire le jeu du Front national – les égéries du néo-féminisme n’hésitent pas un instant. Elles sacrifient les femmes. La barbarie peut croître, leur conscience est sauve: elles restent du côté de ceux qu’elles ont définitivement rangés dans le camp des opprimés, des reprouvés, des damnés de la terre. Ces égéries comptent des hommes, notamment Eric Fassin qui, à la faveur de cet événement, a déployé une rhétorique destinée à déresponsabiliser les coupables, tout à fait ignominieue. L’idéologie triomphe de toute exigence de vérité et de tout principe de réalité. On songe à la phrase de Tartuffe au sujet d’Orgon: «Je l’ai mis au point de tout voir sans rien croire». Cela vaut pour le féminisme contemporain.

    http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/09/09/31001-20160909ARTFIG00147-la-veritable-domination-masculine-se-trouve-dans-les-territoires-perdus-de-la-republique.php

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  27. jcdurbant dit :

    TERROR EPIDEMIC (Monkey see, monkey do: Now even our suicidees want to jihad it !)

    How naive we have been, whistling by the graveyard as carnage was wrought in Manchester, in Nice, in Paris, in Orlando, in London, in Madrid, in Toulouse, in Barcelona, in Istanbul, in Berlin, in Stockholm, in Boston. On and on in this new normal. When it’s not guns and makeshift bombs, it’s knives and axes and the thousands of pounds of lurching vehicle steel. Into a promenade crowd, into a Christmas market, into a pop concert, into the subway.

    When it’s not a clash of civilization ideology or the desecration of a religion, it’s the madness of a nihilist shooter bristling with assault weapons — Las Vegas, Parkland, Sandy Hook, nursing a grudge.

    Maddened or mesmerized or mentally ill. And how can you even sift the difference anymore?

    We put our faith in the vast apparatus of national security and shared intelligence agencies, but the lone attacker keeps slipping through, the very randomness of it near impossible to avert. The bitter and radicalized individual who never appears as even a blip on the radar. The mentally deranged loner. The freak fanatic. The angry young man who hates women.

    But of course, as the hours wore on, not a single elected official, not a senior cop, allowed the word “terrorism” to cross their lips. Not Mayor John Tory, not the acting police chief. (Federal Public Safety Minister Ralph Goodale said Monday evening: “This incident that happened here on the street behind us was horrendous but it does not appear to be connected in any way to national security.”)

    Promptly Tory leapt to the next phase, reminding that Canada is admired for its peaceful multiculturalism. Know what? We don’t need reminding, any more than we did collectively mourning the murder of Cpl. Nathan Cirillo at the National War Memorial in Ottawa in 2014 and the horrific mass shooting of Muslims at the Islamic Cultural Centre in Quebec City last year.

    Condolences and assurances, of course. But mealy-mouthed non-speak. Even shorn of death-cult association, devoid of jihad affiliation or political messaging, it’s terrorism.

    “From my point of view, it was a terrorist attack,” said the young man who wished he’d crashed the van.

    The motive may be unknown, the suspect’s ideology unclarified, if such exists, and thus far the suspect may have been just one more male rejected by women — the Twitter chatter — taking out his grievances on innocents.

    But we’ve seen the footage captured on phone video.

    A remarkably composed cop, standing mere feet from the suspect where his battered van came to a halt near Sheppard, the man extending his arm, stiff, with something in his hand that could have been a firearm. (It was apparently a cellphone but wielded like a gun.)

    “SHOOT ME! SHOOT ME! KILL ME!” he yelled.

    All the fingerprints of suicide by cop.

    But the officer didn’t shoot and the suspect dropped to his knees, flinging his arms in the air.

    The cop de-escalated the melodrama, moving in to take the suspect down, cuffing him. On a day of many heroes, that brave cop is at the top of the list, along with the many first responders, paramedics and hospital resources stretched to the limits.

    Police named the suspect as Alek Minassian, 25, taken into custody. Forensic teams are now faced with the monumental task of processing a crime scene that extends for two kilometres, numerous points of impact to meticulously cull for evidence, a frenzied attack to reconstruct, and that battered Ryder van.

    For block after block, cops ministered to the shaken and comforted the traumatized, scared-witless kids, senior citizens, merchants who ventured cautiously outside.

    We are often described as a cold-shoulder city where neighbours are strangers. But we are bonded in blood and tragedy now, as perhaps never before.

    April 23, 2018: A day that will live in infamy, strewn with the dying and the maimed.

    https://www.thestar.com/opinion/star-columnists/2018/04/23/toronto-van-tragedy-bonds-city-in-blood-but-no-one-will-say-the-word-terrorism.html

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  28. jcdurbant dit :

    IT’S THE WHOLE RITUAL, STUPID ! (The term “social placebo” describes how bonding and support from others could help to reduce things like pain, fatigue and anxiety, as a placebo isn’t the fake treatment per se, it’s the whole ritual of the therapeutic act, within a complex psychological and social context – who gives it to you, what they say, how much you trust them, and so on)

    “It seems that cues to cohesion and support enable the athletes to get more out of their bodies – more power, more output, higher performance – for the same level of fatigue. The hunter might get more out of his body if he knows that there are supportive individuals, part of his group, that are there running alongside him and able to help in his recovery process. »

    Emma Cohen (Oxford)

    « In order to induce powerful, robust placebo responses, you first need conditioning with the oxygen. Which means that probably, but this is just a speculation, oxygen leaves a trace in the brain. The placebo can mimic the effect, but without any drug in the body. This is a problem for anti-doping tests.”

    Fabrizio Benedetti (University of Turin)

    We normally hear about the placebo effect in a medical context. It’s the beneficial outcome from the belief that a treatment will work, rather than any other effect of the treatment itself, which often is nothing more than a sugar pill. Placebos have been shown to improve symptoms of everything from coughs and pain to depression and even Parkinson’s disease. More recently, scientists like Benedetti have become interested in how placebos could work in the world of sport. Any professional athlete will tell you that their beliefs about winning play a huge role in success, and research suggests that by modifying their expectations, the placebo effect can have a powerful impact on how fast or how far they can go. In one study, well-trained competitive cyclists were told they would receive a zero, low or high dose of caffeine before a time trial (but in reality, all of them were given a placebo – experiments in this field usually involve deception). The athletes who thought they were getting a small dose performed 1.5% better than baseline, while the high dose group showed an increase in power of 3% over a 10km (6.2 mile) race. “Three percent doesn’t sound much,” says Chris Beedie from the School of Psychology at the University of Kent, who was lead author on the study. “But in elite terms, that’s the difference between winning an Olympic medal and not making the top ten. You work very hard to get those three percents.”

    Scientists in this field are keen to understand how an inert pill can have such a dramatic effect on people who dedicate their lives to gruelling training regimes, trying to shave fractions of a second off their best time. Beedie says that the athletes themselves tend to report feeling “more up for it” or “more psyched”. So, surely there’s a simple explanation – doesn’t giving someone a placebo just make them try harder?

    “It’s very hard to disentangle in experimental terms,” Beedie admits. “The data are not definitive, but what we have seen is 2-3% higher levels of performance, without seeing higher heart rate, higher blood lactate accumulate or higher ventilation, which we’d expect to see if the athlete was simply trying harder.” In other words, it’s as if athletes on a placebo are somehow getting more economy from their bodies, like a car getting more miles out of a gallon of fuel.

    Experiments like these point to a more subconscious mechanism for how the placebo effect improves performance. Researchers are a long way from demonstrating what this might be, but there are some obvious candidates.

    One hypothesis is that the placebo effect reduces anxiety. If a cyclist thinks they’re receiving a substance that will boost their ability, they may be able to relax because they feel like they have a safety net. “Muscle tension is a fairly common component of an anxiety or stress response,” says Beedie. “And muscle tension costs energy, and energy is critical to athletes.”

    No pain means gain

    Another possibility is that the placebo effect taps into pathways that regulate pain and endurance. “One of the main limiting factors in performance and physical exercise is fatigue,” says Emma Cohen, who runs the Social Body Lab at the University of Oxford. “You can try to ignore it, but that throbbing feeling is very hard to ignore.”

    Anyone who has ever pushed themselves a bit too far during a workout will be painfully aware of what this is like. But those sensations are there for a good reason – to protect the body from damage.

    “They stop us before it’s actually really strictly necessary,” explains Cohen. “So in theory, we could go for a bit harder for a bit longer without stopping, but our body and our brain tend towards cautiously keeping something in reserve. You never know what you might need to do after the race finishes.”

    Our brains are constantly calculating how much to keep in the tank based on all kinds of information, says Cohen – signals from our muscles, what the weather is like, how thirsty we are and how far we have left to go. “But they’ll also take cognitive and emotional inputs from past experiences. The brain then anticipates how much physical exertion it can continue with, that can be safely sustained under those conditions.”

    A placebo could act like a false signal which influences this calculation, so it “unlocks” access to resources that the brain allocates to muscles during exercise. The athlete’s conscious expectation about what they’re receiving ends up manifesting subconsciously, influencing processes they don’t have voluntary control over.

    False friends

    Cohen’s Social Body Lab is interested in another factor that could affect this computation in the brain – the behaviour of other people. They’ve coined the term “social placebo” to describe how bonding and support from others could help improve performance by reducing things like pain, fatigue and anxiety.

    In experiments, they’ve shown that rowers who train in synchrony with other members of their team have higher pain thresholds than those who row alone. And they’ve demonstrated that rugby players who took part in a coordinated warm up with a teammate ran about six seconds faster in a sprint test.

    “They did this for the same level of reported fatigue, so they didn’t feel any more tired, and there was no difference in their maximum heart rate,” Cohen says. “It seems that cues to cohesion and support enable the athletes to get more out of their bodies – more power, more output, higher performance – for the same level of fatigue.”

    It’s easy to see how this might have evolved. Humans are a social species, and in our past, close bonding and relationships could have been an important signal for safety and security. “The hunter might get more out of his body if he knows that there are supportive individuals, part of his group, that are there running alongside him and able to help in his recovery process,” says Cohen.

    The placebo effect – a modern phenomenon – could be activating pre-existing pathways that evolved thousands of years ago

    Social factors may help to explain why the placebo effect exists at all. According to Benedetti, a placebo isn’t the fake treatment per se, it’s the whole ritual of the therapeutic act, within a complex psychological and social context – who gives it to you, what they say, how much you trust them, and so on. So perhaps the placebo effect – a modern phenomenon – could be activating pre-existing pathways that evolved thousands of years ago, like those that helped our ancestors make use of social bonds.

    Fake it to make it

    Pain, fatigue and anxiety reductions are all logical explanations for how the placebo effect might work. But surely something as vital for life as oxygen to a mountaineer isn’t something you can trick the brain into believing is there?

    “No, because in order to induce powerful, robust placebo responses, you first need conditioning with the oxygen,” says Benedetti. “Which means that probably, but this is just a speculation, oxygen leaves a trace in the brain.” These traces could mean that the brain anticipates the arrival of more oxygen when the placebo is administered, replicating the same physiological response even without any oxygen present.

    This kind of procedure also has other important implications for sport. It means you can give an athlete a banned substance during training, and then swap it for a placebo before the competition. “The placebo can mimic the effect, but without any drug in the body,” Benedetti explains. “This is a problem for anti-doping tests.”

    Anti-doping is also a big focus of Beedie’s research, a message he’s eager to share with athletes. “If you can go faster because of a placebo, how do you tap into that without using these drugs? How do you essentially try and capitalise on what your biology and evolution has given you?”

    That’s the fascinating thing about the placebo effect. It proves that we have the ability to do better – we just have to believe it.

    https://www.bbc.com/future/article/20200501-the-performance-enhancing-trick-to-being-a-better-athlete

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