Mariage pour tous: Aujourd’hui à l’école on a eu théorie du genre (Today Petit Nicolas learns about gender theory)

martine-et-la-theorie-du-genregestation pour autruiLe gouvernement s’est engagé à s’appuyer sur la jeunesse pour changer les mentalités, notamment par le biais d’une éducation au respect de la diversité des orientations sexuelles. Vincent Peillon (Ministre de l’Education, Lettre aux recteurs, 04.01.13)
La laïcité, c’est ce qui protège l’enfant et garantit aux enfants les mêmes droits et l’accès aux mêmes valeurs. Les enfants n’appartiennent pas à leurs parents. Donc la République doit leur offrir… Chaque enfant doit pouvoir accéder à des lieux qui lui permettront lui-même, ensuite, de faire son choix. C’est le cadre de l’école publique. Laurence Rossignol (sénatrice socialiste, France 2, 5 avril 2013)
Dans sa lettre du 4 janvier adressée aux recteurs, Vincent Peillon affirme sa volonté de révolutionner la société en se servant de l’école : « le gouvernement s’est engagé à s’appuyer sur la jeunesse pour changer les mentalités, notamment par le biais d’une éducation au respect de la diversité des orientations sexuelles », affirme-t-il en début de lettre. On remarque les termes : « s’appuyer sur la jeunesse » pour « changer les mentalités ». Qui ? Le gouvernement. En réalité, c’est donc lui qui choisit les orientations politiques et morales qui doivent prévaloir dans la société. Ce n’est plus la famille, l’école et la société adulte qui éduquent la jeunesse. Contrairement à la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948, c’est donc désormais l’État en France qui se pose en seul détenteur de la vérité. On assiste à une dérive théocratique de l’État républicain actuel. Et cette jeunesse, qui, par définition, ne possède pas encore les repères lui permettant de poser des choix par elle-même, il la mobilise dans le sens qu’il juge bon, selon le schéma de la révolution culturelle. La position de Vincent Peillon est vraiment choquante. Lorsqu’il s’appuie sur la jeunesse comme moteur révolutionnaire, renouant avec l’esprit de 1968, le gouvernement sort à l’évidence de son rôle : il instrumentalise la jeunesse à des fins politiques, pour changer les représentations sexuelles et morales dominantes. Ce faisant, il change les règles du jeu au sein de l’École publique en abandonnant ostensiblement l’exigence de neutralité. L’État sort également de son devoir de neutralité et de respect des droits éducatifs familiaux et de l’intimité des enfants lorsque le ministre demande aux recteurs de renforcer les campagnes d’information sur la ligne azur. Ainsi, contrairement à ce qui est affiché, il ne s’agit plus de lutter contre des stigmatisations homophobes en tant que telles, il s’agit bien plutôt d’inciter activement les jeunes en recherche d’identité (comme le sont par construction tous les adolescents) à explorer pour eux-mêmes la voie de l’homosexualité ou de la transsexualité. De même, lorsque le ministre encourage les recteurs à faire intervenir davantage les associations de lutte contre l’homophobie, il encourage en pratique l’ingérence dans l’enceinte de l’école d’associations partisanes engagées dans la banalisation et la promotion des orientations sexuelles minoritaires, si l’on se réfère à la liste des associations agréées par l’Éducation nationale pour intervenir sur ces thématiques dans les établissements. Il favorise donc des prises de paroles unilatérales auprès des jeunes, sur un sujet qui n’a pas encore été tranché par le législateur. (…) Durant la période soviétique, comme durant d’autres périodes totalitaires, il était habituel de se servir des enfants pour démasquer et sanctionner les opinions dissidentes des parents. C’était l’époque de la délation par ses propres enfants. Revenir à de telles pratiques inhumaines et profondément immorales serait une grave régression de l’État de droit. Non content enfin de mettre au pas les écoles publiques, le gouvernement entend aussi museler les écoles privées en bafouant clairement leur caractère propre. Il est évident que les écoles dont le projet éducatif et l’identité sont fondés sur la foi seront opposées à la légalisation du mariage homosexuel. Leur demander d’être neutres sur ce sujet n’a aucun sens, si ce n’est celui de leur faire renier purement et simplement leur vocation spécifique. Anne Coffinier
La loi pour le mariage pour tous est un début. Il faut continuer à se battre pour obtenir la procréation médicalement assistée (PMA) pour les lesbiennes. Le droit des trans n’avance toujours pas. Enfin les discriminations au quotidien sont toujours nombreuses. Il faut aller au bout de l’égalité. Nicolas Gougain (porte-parole du collectif d’associations lesbiennes, gays, bi et trans)
La PMA faisait partie du programme présidentiel de François Hollande. Il y a eu une reculade énorme. Nous sommes flouées. Bénédicte (Osez le féminisme)
La loi pour le mariage et l’adoption pour tous est bien belle.Mais l’adoption en France reste très difficile. Et encore, le nombre de pays acceptant l’adoption par des couples homos est très limité. La liste a même tendance à se réduire. Il faut arriver à faire passer pour toutes les femmes la PMA et, pour les hommes, donner la possibilité, d’une façon encadrée et éthique, de la gestation pour autrui (GPA). Delphine (association des parents et futurs parents gays et lesbiens)
De nombreuses femmes doivent aujourd’hui partir à l’étranger pour effectuer une PMA. Ce n’est pas normal. Nicolas Gougain
Quand nos papiers d’identité ne correspondent pas à notre apparence, cela pose de nombreux problèmes. Les démarches sont très longues. J’ai mis deux ans de demi pour changer mon prénom. Heureusement, mon employeur a été très compréhensif. Laure Leprince (travesti)

Oui, notre ministre de l’Education a raison …

Si on veut changer la vie, il faut commencer tôt …

Dès l’école primaire en fait …

Et, comme le rappelle brillamment Luc Tesson, quel meilleur moyen que notre petit Nicolas national …

Pastiche du Petit Nicolas : « On a eu éducation sexuelle »

Luc Tesson

Famille Chrétienne

09/02/2013

Si le projet de loi Taubira était adopté, que se passerait-il dans les classes ? Réponse, à la manière du Petit Nicolas…

 A l’école, la maîtresse était toute bizarre aujourd’hui.

Elle nous attendait dans la classe en poussant des gros soupirs, alors que d’habitude elle est toute rigolote, et qu’elle pousse des gros soupirs que quand elle interroge Clotaire et que Clotaire est tout rouge.

Elle a dit : « Bon ! …… Que comme M. Peillon, le ministre chargé de notre éducation, avait décidé de s’appuyer sur la jeunesse pour faire évoluer les mentalités, on allait faire un cours d’éducation sexuelle et que le premier qui rigole, il irait voir le Bouillon …… (le Bouillon c’est notre surveillant, c’est pas son vrai nom, il s’appelle M. Dubon, mais quand il vous gronde il vous dit : « Regardez-moi dans les yeux » et dans le bouillon, il y a des yeux. Ce sont les grands qui m’ont expliqué ça) …… nous on n’avait pas du tout envie de rigoler parce que le Bouillon, c’est pas un rigolo.

La maîtresse nous a regardés et elle a dit que l’important dans la vie, c’était d’être tolérant.

Nous on est drôlement tolérants alors on a tous fait oui et Agnan qui est le chouchou de la maîtresse, et qui se met toujours devant, il a dit qu’il était encore plus tolérant que tout le monde puisque de toute façon il est le premier de la classe partout sauf en sport.

Eudes, il lui a dit : « Fais pas le malin, mon petit pote, sinon tu vas voir comment je suis tolérant ». Et là, je crois que la maîtresse elle a compris que ce serait pas facile aujourd’hui.

Elle est allée au tableau, elle a attendu qu’on se taise, et elle a demandé avec un air très sérieux : « Bon… Alors… Si vous êtes une fille, levez la main ! »

Toutes les filles ont levé la main, et aussi Clotaire, qui avait l’air embêté.

Mais la maîtresse elle a dit comme ça : « Très bien Clotaire, c’est ton choix, si tu veux être une fille, c’est à toi de décider ».

Là, Clotaire, il est devenu tout rouge et il a dit « Non, M’dame, c’est juste que je veux aller faire pipi ».

« Bon, a dit la maîtresse, tu peux y aller ».

« Va pas chez les filles ! », a dit alors Eudes en rigolant.

Mais la maîtresse a tapé sur son bureau et elle a dit que si Clotaire voulait aller dans les toilettes des filles, c’était son choix, et qu’il fallait pas rigoler avec ça. Et que c’était la théorie du genre, et qu’il fallait que chacun choisisse, et elle nous a fait écrire sur nos cahiers :

«Chacun est libre de choisir son genre ».

« N’empêche, a dit alors Rufus, moi j’ai un kiki, et je vais pas décider que je suis une fille. »

La maîtresse a répondu que c’était de l’hétérosexisme, et qu’il fallait en finir avec l’hétérocratie, et que si ça continuait comme ça on finirait au bagne parce qu’on était tous homophobes.

J’ai regardé Agnan, et j’ai vu que même lui il avait rien compris.

Ça devenait vraiment compliqué et j’aurais presque préféré faire de l’arithmétique.

Elle a senti qu’on était un peu perdus, alors elle a essayé d’expliquer de manière pas pareille :

«Vous avez un corps… c’est à vous de décider de… ».

« Moi, j’ai un goûter, mais j’ai pas un corps !, il a dit Alceste. Mon corps, c’est moi ! »

Faut que je vous dise, Alceste, c’est un copain, il aime bien manger, il mâche lentement un peu toute la journée, et ça lui donne sûrement le temps de bien réfléchir à la vie.

Souvent quand il se bagarre, c’est moi qui lui tient ses croissants et après il m’en donne toujours un bout.

Bon, a dit la maîtresse, je continue. Nous on a trouvé ça bizarre, mais on a rien dit parce que des fois la maîtresse c’est comme si elle allait pleurer et nous on veut pas lui faire de peine.

Elle s’est mise à faire un petit rond blanc sur le tableau tout noir en disant : « Ça, c’est un spermatozoïde ». Et elle m’a demandé d’expliquer ce que c’était. Ça tombait bien parce que

Papa m’avait expliqué la semaine dernière le coup des petites graines que le papa donne à la maman… et après ça fait un bébé dans le ventre de la maman et paf !, le bébé sort. On lui fait des tas de câlins et on appelle Mémé pour la prévenir qu’elle est encore grand-mère

« Merci Nicolas, a dit la maîtresse, je reprends la leçon. Bien sûr vous pensez tous qu’une famille c’est un papa, une maman et des enfants. Eh bien, il y a d’autres modèles, et ce serait drôlement rétrograde de pas l’accepter. Et si deux monsieurs s’aiment ou deux dames on voit pas ce qui les empêcherait de se marier et de faire ou d’adopter des bébés. »

« Ça tombe bien ! a dit Rufus. Moi j’aime bien Léanne et Chloé, alors je me marierai avec les deux en même temps puisqu’on s’aime. »

Léanne a dit qu’elle était pas d’accord du tout, et Chloé a dit que de toute façon elle épouserait son papa, et que puisque deux monsieurs qui s’aiment pouvaient se marier, elle pourrait bien se marier avec son papa, parce qu’elle aimait très fort son papa.

« Oui, a dit Rufus, mais il est déjà marié avec ta maman ! »

La maîtresse a dit que c’était pas le sujet et elle s’est remise à taper sur sa table, juste quand on commençait à drôlement bien s’amuser. Et elle a continué à expliquer: avec la technique on peut faire tout ce qu’on veut et tout ce qu’on pourra faire on le fera. On peut faire des PMA ou des GPA, et d’ailleurs louer son ventre ou louer ses bras à l’usine, c’est du pareil au même.

Et elle a expliqué qu’un monsieur peut donner une petite graine à deux dames, qui avec un docteur sauront bien se débrouiller pour faire un enfant. Ou bien deux monsieurs peuvent mélanger leurs petites graines et aller voir une dame pour qu’elle donne sa petite graine à elle, et on donne tout ça à une autre dame qui va faire le bébé dans son ventre et le revendre aux deux monsieurs.

Moi, a dit Rufus, j’ai vu un reportage à la télé, et on pourra bientôt faire des clones ! Puisque je m’aime, j’ai droit à mon clone ! Mais Agnan a dit que ce serait mieux de le cloner lui, parce qu’il était le premier de la classe et que M. Peillon préférait sûrement qu’on le clone lui et pas Rufus.

Ils allaient commencer à se battre quand Geoffroy a rangé ses affaires et pris son sac.

« Où vas-tu ? », a demandé la maîtresse.

« Je m’en vais, a dit Geoffroy. Puisqu’on peut choisir son genre, ben moi, je vais aussi choisir mon espèce. Je suis un pingouin. Et comme les pingouins vont pas à l’école, je rentre chez moi. »

J’ai regardé Geoffroy, et je me suis dit que c’était vrai, il avait un peu une tête de pingouin et qu’après tout, c’était son choix. Mais Geoffroy, lui, il a regardé la maîtresse et il a compris que pingouin ou pas, il valait mieux revenir à sa place.

On allait chahuter, mais on s’est arrêté parce qu’au fond de la classe Juliette pleurait. Juliette on l’entend jamais, elle dit jamais rien… Et Juliette elle a dit que si c’était comme ça, elle allait se jeter sous un pont… Parce que déjà c’était pas facile de grandir surtout quand on a des parents séparés, que si en plus on faisait des enfants sans papa ou sans maman, alors c’était pas juste, c’était simplement moche, et que si tout le monde a le droit de s’aimer il faudrait pas oublier non plus qu’un enfant, ça a besoin d’un papa et d’une maman, et que c’est peut-être ça d’abord l’égalité des droits, et qu’on pourrait donner autant de papas qu’on voudrait à un enfant ça lui ferait jamais une maman. Elle a dit tout ça d’un coup, et la maîtresse elle est restée longtemps la bouche ouverte et j’ai bien vu qu’elle avait très envie de pleurer. Mais elle a pas pleuré. Elle a pris Juliette dans ses bras, elle lui a fait un gros câlin comme Maman fait avec moi, en lui disant des choses gentilles dans l’oreille. Après, elle nous a regardés.

Et puis d’un coup, comme ça, elle a essuyé le tableau en disant que « zut, tout ça c’était des bêtises et qu’on allait pas se laisser faire, et que si Mr. Peillon voulait faire cours à sa place, qu’il essaie un peu, mais qu’en attendant on allait faire de la grammaire. Non mais sans blague ! »]

Voir aussi:

SOCIÉTÉ – Un mois après le premier mariage homosexuel

Une gay pride très revendicative

Patrice Barrère

JSL

30/06/2013

Après le mariage pour tous, les gays et lesbiennes attendent des avancées sur la procréation médicalement assistée et la gestation pour autrui. Une question d’égalité.

Musique techno, ballons multicolores, drapeaux arc-en-ciel, costumes extravagants des drag-queens… Si la recette de la marche parisienne des fiertés lesbiennes, gays, bi et trans n’a pas changé, hier, elle avait un autre goût. C’était la première « gay pride » depuis l’entrée en vigueur le 18 mai dernier de la loi autorisant le mariage et l’adoption pour les couples de même sexe.

Plusieurs dizaines de milliers de militants et sympathisants de la cause homosexuelle ont défilé entre la place du 18 Juin 1940 à Montparnasse et la place de la Bastille. Hier, jour pour jour, on fêtait aussi le premier « mois » de la célébration du premier mariage gay en France. « La loi pour le mariage pour tous est un début. Il faut continuer à se battre pour obtenir la procréation médicalement assistée (PMA) pour les lesbiennes. Le droit des trans n’avance toujours pas. Enfin les discriminations au quotidien sont toujours nombreuses. Il faut aller au bout de l’égalité », revendique Nicolas Gougain, porte-parole du collectif d’associations lesbiennes, gays, bi et trans (LGBT) qui organisait la manifestation.

« Nous sommes flouées »

« La PMA faisait partie du programme présidentiel de François Hollande. Il y a eu une reculade énorme. Nous sommes flouées », affirme Bénédicte, membre d’Osez le féminisme. « La loi pour le mariage et l’adoption pour tous est bien belle, ajoute Delphine de l’association des parents et futurs parents gays et lesbiens. Mais l’adoption en France reste très difficile ». Aujourd’hui, pour les couples gays, la parentalité se réalise essentiellement à travers l’adoption d’enfants étrangers. « Et encore, le nombre de pays acceptant l’adoption par des couples homos est très limité. La liste a même tendance à se réduire. Il faut arriver à faire passer pour toutes les femmes la PMA et, pour les hommes, donner la possibilité, d’une façon encadrée et éthique, de la gestation pour autrui (GPA) », ajoute Delphine.

« De nombreuses femmes doivent aujourd’hui partir à l’étranger pour effectuer une PMA. Ce n’est pas normal », souligne Nicolas Gougain.

Ils seraient entre 20 000 et 50 000 en France. Les trans étaient également en première ligne de la marche des fiertés. « Quand nos papiers d’identité ne correspondent pas à notre apparence, cela pose de nombreux problèmes. Les démarches sont très longues. J’ai mis deux ans de demi pour changer mon prénom. Heureusement, mon employeur a été très compréhensif », explique Laure Leprince.

La peur de l’homophobie

Dans le cortège, la présidente nationale de Contact qui aide les familles à accepter l’orientation sexuelle de leurs enfants était plutôt optimiste. « À long terme, la loi pour le mariage pour tous va nous aider à sensibiliser les entourages des gays et lesbiennes. Mais aujourd’hui, c’est plutôt le contraire. Les débats ont libéré la parole homophobe. De nombreux jeunes n’osent plus faire leur coming out et se referment ».

« L’année prochaine, il y aura encore beaucoup de monde dans la rue. Notre combat pour l’égalité n’est pas prêt de se terminer », soupire Nicolas Gougain.

12 Responses to Mariage pour tous: Aujourd’hui à l’école on a eu théorie du genre (Today Petit Nicolas learns about gender theory)

  1. […] comme il se doit, en ces temps bénis de "mariage pour tous" et de "théorie du genre" à l’école et après les huées et les sifflets de rigueur contre les candidates […]

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  2. […] comme il se doit, en ces temps bénis de "mariage pour tous", "théorie du genre" et journée de la jupe pour garçons à l’école et après les huées et les sifflets […]

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  3. jcdurbant dit :

    LE BEURRE ET L’ARGENT DU BEURRE (Contre le monopole autoproclamé des associations militantes, trois homosexuels dénoncent la fausse assimilation des limites objectives de la condition homosexuelle à une discrimination et la réification de la femme et de l’enfant que représenterait la légalisation de la PMA et de la GPA)

    C’est en tant qu’homosexuels que nous souhaitons aujourd’hui prendre position contre ce que nous estimons être de graves dérives, réalisées au nom d’un individualisme exacerbé et contre ce qui n’est rien d’autre qu’une tentative de briser l’interdit entourant la réification du corps humain. Notre démarche s’inscrit par ailleurs dans une volonté de briser le monopole des associations dites LGBT, représentantes autoproclamées des personnes homosexuelles, dans leur prétention à incarner l’ensemble des voix de celles-ci. Face à la gravité de la situation et des enjeux éthiques soulevés, nous estimons qu’il est de notre devoir de citoyens et de notre responsabilité morale de prendre publiquement position afin de faire entendre une voix alternative et raisonnable.

    Le désir d’enfant chez les personnes homosexuelles est éminemment légitime, mais ne peut cependant se réduire à une question d’accès à l’égalité, à des droits, et à la lutte contre les discriminations. Une telle vision simpliste implique en effet qu’il existerait une inégalité dans l’accès à la procréation pour les homosexuels, que cette inégalité serait le fruit d’une discrimination, et qu’il appartiendrait donc à l’État de corriger cette situation en ouvrant la PMA aux couples de femmes et en légalisant la GPA. Or, cet argument est fallacieux. En effet, deux hommes ou deux femmes ensemble ne peuvent intrinsèquement concevoir un enfant et cette impossibilité de procréer est une donnée objective qui n’est pas le fruit d’une quelconque action discriminante de la société ou de l’État ; elle est de nature, et propre à la condition homosexuelle. En ce sens, les personnes homosexuelles ne peuvent prétendre à une réparation de l’État afin de pallier une discrimination puisque cette dernière n’existe pas. Dire cela n’est pas de l’homophobie, mais simplement un rappel objectif des faits. Ce constat est peut-être difficile à entendre pour certains, mais nous pensons pour notre part qu’assumer pleinement son homosexualité revient aussi à accepter les limites qui en découlent.

    la PMA pour les couples hétérosexuels entre dans le cadre de l’Assistance médicale à la procréation (AMP). Elle est donc un traitement médical qui permet de pallier une condition médicale d’infertilité d’un couple hétérosexuel. Effectivement, l’ordre naturel des choses implique qu’un couple hétérosexuel soit normalement fertile. L’infertilité peut donc s’assimiler dans ce cas-ci à une maladie, il est alors normal qu’un traitement médical soit offert. Or, un couple de femmes est objectivement et par définition infertile. Celles-ci ne souffrent donc d’aucune condition médicale ou maladie qui justifierait qu’elles aient accès à la PMA. Nous irons même plus loin en affirmant que, la PMA étant un traitement médical, permettre son accès aux couples de femmes reviendrait à sous-entendre que les femmes homosexuelles seraient malades, ce qui constituerait bien entendu un retour en arrière considérable.

    Nous nous opposons aussi à la légalisation de la PMA pour les couples de femmes, car elle ouvre une boîte de Pandore qui mènera tout naturellement à la légalisation à terme de la GPA (bien que la GPA concerne tous les couples, homosexuels comme hétérosexuels, elle est notamment promue par des associations dites LGBT comme un moyen de permettre aux couples d’hommes de «concevoir» un enfant). En effet, bien que de natures différentes, la PMA pour les couples de femmes et la GPA sont revendiquées au nom d’un prétendu nouveau droit pour les couples homosexuels, le droit à l’enfant. Or, au nom du principe d’égalité, il sera impossible d’interdire la GPA une fois la PMA pour les couples de femmes légalisée. En effet, au nom de quoi les homosexuels hommes n’auraient-ils pas, eux aussi, le droit d’avoir accès à une nouvelle technique leur permettant de «concevoir» un enfant?

    L’enjeu principal ici est la réification de la femme vue comme «moyen» au service d’un couple qui louerait son utérus pour porter son enfant. Or, après des décennies de féminisme, il est difficilement concevable qu’aujourd’hui la réification du corps de la femme apparaisse par le biais du discours libéral. En ce sens, l’argument selon lequel la mise à disponibilité par certaines femmes de leur utérus serait éthique parce qu’elles le feraient de manière libre et consentie nous semble irrecevable. Ce serait en effet nier toute la dimension d’un principe moral fondamental et caractéristique de notre civilisation occidentale, résumé notamment par l’impératif pratique kantien: «Agis de telle sorte que tu traites l’humanité comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.»

    Cet impératif est au cœur du principe de dignité humaine que l’on est en droit d’exiger de l’autre, mais aussi de tout être humain envers lui-même. En ce sens, il existe une multitude d’exemples où la loi interdit certains comportements et pratiques, quand bien même cela ne concernerait personne d’autre que soi: ne pas porter sa ceinture de sécurité en voiture est dangereux seulement pour soi et pourtant illégal (on ne peut invoquer sa liberté individuelle pour ne pas la porter), le lancer de nains est interdit (indépendamment du consentement des intéressés), je n’ai pas le droit de consommer de la drogue (même si en le faisant je ne porterais atteinte qu’à moi-même), et si je porte atteinte à mon intégrité physique en m’automutilant, il est possible que je sois interné de force en hôpital psychiatrique. Ainsi, pourquoi la société devrait-elle accepter que certaines femmes réifient leur propre corps en louant leur utérus au prétexte qu’elles seraient consentantes?

    Ensuite, le caractère éthique de la GPA serait supposément garanti par l’interdiction de rémunérer la gestatrice et par le caractère altruiste qui motiverait sa décision de louer son utérus. Argument irrecevable, encore une fois, puisque l’absence de rémunération ou l’altruisme de la démarche n’enlèvent rien au fait que le corps serait tout de même réifié, la grossesse n’étant pas une activité, mais un état.

    Enfin, à la réification de la femme s’ajoute celle de l’enfant: objet d’une transaction contractuelle, ce dernier devient donc lui aussi un objet, et non plus une personne. Nous estimons, en outre, inadmissible que des individus contournent l’interdiction de la GPA en France en faisant appel à des gestatrices à l’étranger et demandent, une fois de retour en France, la reconnaissance par l’état civil de leurs droits parentaux sur l’enfant qu’ils ont obtenu. Nous voyons là une façon malhonnête et mesquine de mettre l’État français au pied du mur. Ces personnes se sont volontairement mises hors la loi, elles ne peuvent donc pas ensuite demander un accommodement à l’État français puisque la pratique de la GPA est illégale en France. En ce sens, l’existence en France d’enfants nés par GPA à l’étranger ne peut en aucun cas motiver une adaptation ou une modification de la législation française puisqu’on ne fonde pas la règle sur l’exception ni sur la légalité de tel ou tel acte à l’étranger. Nous reconnaissons cependant ici la précarité de la situation de ces enfants qui subissent les conséquences de l’irresponsabilité de leurs «parents» d’intention. Nous reconnaissons aussi l’importance de trouver des solutions dans l’intérêt supérieur de ces enfants. Nous refusons cependant que l’unique réponse à apporter soit celle d’une trahison par l’État français de l’esprit de ses propres lois en reconnaissant les droits parentaux d’individus ayant eu recours à une GPA à l’étranger.

    Ainsi, le maintien de l’interdiction de la GPA en France (à l’instar de l’Allemagne, de l’Italie, de la Suisse, de l’Espagne, du Danemark, de la Suède, de la Finlande, des Pays baltes, du Québec, etc.) va dans l’intérêt de la protection d’une conception humaniste de la procréation, soucieuse de la défense des plus vulnérables, et qui respecte l’interdit de toute exploitation et réification de l’être humain. Dans cette perspective, le rôle de l’État n’est pas d’assurer l’accès à toujours plus de droits individuels, mais bien de protéger les plus faibles contre les excès de l’individualisme et de préserver une certaine conception de l’Homme.

    La PMA pour les couples de femmes et la GPA, présentées faussement comme des avancées permettant aux femmes et aux hommes homosexuels de «concevoir» un enfant, ne sont que des avancées techniques. Or, des avancées techniques ne sont pas nécessairement des progrès sur le plan moral. En ce sens, elles sont axiologiquement neutres et ne nous disent rien de l’usage moral qui en sera fait. Les partisans de la PMA pour les couples de femmes et de la GPA se parent de la vertu de la lutte contre l’homophobie pour les faire accepter. Nous refusons de servir de caution morale à une vision archaïque et régressive de l’humain, fût-ce au nom de la liberté.

    Nous refusons de servir de caution morale à une vision archaïque et régressive de l’humain, fût-ce au nom de la liberté.

    Pour finir, face à ceux qui affirmeraient que nos positions empêchent toute possibilité pour les homosexuels de devenir parents, là encore nous répondons que cela est faux. En effet, il n’existe, aujourd’hui en France, aucune loi qui interdise aux personnes homosexuelles de devenir parents (ce ne sont que les moyens par lesquels elles souhaitent le devenir, c’est-à-dire la PMA pour les couples de femmes et la GPA, qui sont interdits). En ce sens, le maintien de l’interdiction de la PMA pour les couples de femmes et de la GPA n’épuise pas, par ailleurs, la possibilité d’une réflexion de fond sur les alternatives éthiques dont disposent les homosexuels pour avoir des enfants.

    Jean-Mathias Sargologos, Sébastien de Crèvecoeur et Jacques Duffourg-Müller

    http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2018/01/26/31003-20180126ARTFIG00197-en-tant-qu-homosexuels-il-est-de-notre-devoir-de-prendre-position-contre-la-pma-et-la-gpa.php

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