Mort de Clément Méric: La mode, ça sert aussi à faire la guerre (How Fred Perry became the brand of choice for France’s extremist groups)

https://i0.wp.com/www.dobi.nu/yourscenesucks/skinhead/scene.jpgClément Méric cache sa chevalièreLes fascistes de demain s’appelleront eux-mêmes antifascistes. Winston Churchill
Pendant toutes les années du mitterrandisme, nous n’avons jamais été face à une menace fasciste, donc tout antifascisme n’était que du théâtre. Nous avons été face à un parti, le Front National, qui était un parti d’extrême droite, un parti populiste aussi, à sa façon, mais nous n’avons jamais été dans une situation de menace fasciste, et même pas face à un parti fasciste.D’abord le procès en fascisme à l’égard de Nicolas Sarkozy est à la fois absurde et scandaleux. Je suis profondément attaché à l’identité nationale et je crois même ressentir et savoir ce qu’elle est, en tout cas pour moi. L’identité nationale, c’est notre bien commun, c’est une langue, c’est une histoire, c’est une mémoire, ce qui n’est pas exactement la même chose, c’est une culture, c’est-à-dire une littérature, des arts, une, la philo, les philosophies. Et puis c’est une organisation politique avec ses principes et ses lois. Quand on vit en France, j’ajouterai : l’identité nationale, c’est aussi un art de vivre, peut-être, que cette identité nationale. Je crois profondément que les nations existent, existent encore, et en France, ce qui est frappant, c’est que nous sommes à la fois attachés à la multiplicité des expressions qui font notre nation, et à la singularité de notre propre nation. Et donc ce que je me dis, c’est que s’il y a aujourd’hui une crise de l’identité, crise de l’identité à travers notamment des institutions qui l’exprimaient, la représentaient, c’est peut-être parce qu’il y a une crise de la tradition, une crise de la transmission. Il faut que nous rappelions les éléments essentiels de notre identité nationale parce que si nous doutons de notre identité nationale, nous aurons évidemment beaucoup plus de mal à intégrer. Lionel Jospin (France Culture, 29.09.07)
Car la consigne (« Qu’ils s’en aillent tous ») ne visera pas seulement ce président, roi des accointances, et ses ministres, ce conseil d’administration gouvernemental de la clique du Fouquet’s ! Elle concernera toute l’oligarchie bénéficiaire du gâchis actuel. « Qu’ils s’en aillent tous ! » : les patrons hors de prix, les sorciers du fric qui transforment tout ce qui est humain en marchandise, les émigrés fiscaux, les financiers dont les exigences cancérisent les entreprises. Qu’ils s’en aillent aussi, les griots du prétendu « déclin de la France » avec leurs salles refrains qui injectent le poison de la résignation. Et pendant que j’y suis, « Qu’ils s’en aillent tous » aussi ces antihéros du sport, gorgés d’argent, planqués du fisc, blindés d’ingratitude. Du balai ! Ouste ! De l’air ! Jean-Luc Mélenchon (extrait du livre)
Quand Mélenchon titre son livre Chassez-les tous (sic), c’est d’une violence extraordinaire. Mais lui est invité partout.  Jean-Marie Aphatie
C’est une chose complètement acceptée. Certains antifa ne partagent pas ces codes-là, mais dans le noyau dur du mouvement, ils s’habillent de la même façon et avec les mêmes marques que le camp d’en face. Parce que les racines de leurs mouvements sont les mêmes: les skinheads. Les deux ont divergé entre redskins et skins d’extrême-droite, mais l’origine est la même. (…) depuis que les antifa se revendiquent plus ouvertement skinheads, et se rasent même la tête, ce sont les mêmes au niveau du look. Avec les mêmes bombers, les mêmes Dr Martens, les mêmes origines culturelles, et la même fascination pour la baston. Ce sont les frères ouverts contre les frères fermés, en somme. (…) c’est un grand classique. Les boutiques qui vendent des fringues «rock» au sens très large du terme sont peu nombreuses, donc c’est un lieu de croisement. Dans le XVe arrondissement parisien, une boutique qui distribue ces marques est surtout visitée par les skinheads d’extrême droite, mais peut l’être par l’autre bord aussi. Il y a déjà eu plusieurs bastons autour de la boutique, surtout entre 1990 et 1995. (…) pratiquement tous les skins et les antifafs qui portent ces marques s’habillent là-bas. Ils ont généralement peu de moyens, et comme les prix de ces marques sont élevés, ils attendent ces réductions pour se fournir. Depuis deux, trois ans, il y a des tensions lors de ces ventes, des individus des deux bords s’y croisent, il y a des regards. On peut presque dire que ce drame était inéluctable. Marc-Aurèle Vecchione
Dans les années 60, les mods anglais, incarnés par les Kinks ou les Who, s’emparent des vêtements bourgeois destinés aux élites (celles qui jouent au tennis, notamment) : le polo Fred Perry, le blouson Harrington ou les chemises Ben Sherman. Avec la fin des mods à l’aube des années 70, l’image de ces maisons se trouble : les skinheads, nés en réaction au mouvement hippie, se les approprient. Parmi eux, certains sont apolitiques, d’autres d’extrême gauche, beaucoup sont fascistes. Si bien que dans les années 70 et 80, le vestiaire en descendance mods est davantage associé aux militants extrémistes qu’à la musique. La succession d’artistes anglo-saxons s’affichant en Fred Perry (les Pogues, époque punk ; les Specials, version ska ; les Blur et Oasis, à l’ère brit-pop, ou les Strokes et Franz Ferdinand, plus rock), n’a pas suffi à dissiper l’image ambiguë de la marque. Aujourd’hui, Fred Perry ne communique pas sur sa stratégie marketing, mais les activités de ces dix dernières années montrent sa volonté de se distinguer en tant que maison de mode versée dans la créativité, et la musique. (…) Autre signe d’une volonté d’assainissement de son image : Fred Perry inaugure en 2008 sa première boutique française à Paris, dans le quartier du Marais. Une enseigne proprette, à côté de Zadig & Voltaire, Maje et Sandro, où règne une ambiance bien différente des petites boutiques multimarques à l’ambiance un peu tendue, spécialisées dans les griffes qu’aiment certains militants d’extrême droite, comme Ben Sherman ou Lonsdale.
Si Fred Perry et Ben Sherman ont pu compenser de troubles associations politiques par une cool attitude, la marque anglaise Lonsdale a été clairement associée aux groupuscules d’extrême droite. Les néonazis l’auraient «récupérée» à cause des lettres «NSDA» au cœur du mot «Lonsdale» (NSDA pour Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei, le parti nazi). Au milieu des années 2000, la griffe a ainsi été bannie dans plusieurs établissements scolaires en Allemagne, et surtout aux Pays-Bas, ou l’expression «jeunesse Lonsdale» était apparue pour évoquer la résurgence néonazie dans le pays. Plusieurs points de vente, trop marqués politiquement, ont dû être fermés, et les campagnes de communication de la marque martèlent désormais le slogan «Lonsdale loves all colours». Libération
La tragique mort de Clément Méric réveille une image que la marque anglaise avait réussi à faire un peu oublier. Il faudra qu’elle redouble d’effort pour éloigner ces clients aussi fidèles que gênants. Un peu comme Lacoste avait tenté de le faire en son temps avec les rappeurs des cités. Huffington post

Pour ceux qui avaient oublié que  la politique était la continuation du baston par d’autres moyens  …

Où l’on (re)découvre …

Derrière les évidentes récupérations de la mort apparemment accidentelle du petit casseur de fachos de Sciences Po il y a trois jours …

Par nos belles âmes (de l’ancien amant d’YSL et financier du matraquage homo à qui l’on droit le mariage pour tous Pierre Bergé au tribun pousse-au-crime Jean-Luc Mélenchon et jusqu’au zozo et apprenti-sorcier de l’Elysée) …

Et, sans compter la même musique et les mêmes Doc Martens,  les « polos proprets à la couronne de lauriers » du dernier (avant Andy Murray)  grand champion de tennis britannique qui habillent nos jeunes extrémistes  …

La réalité jusqu’ici bien cachée, à gauche comme à droite, de l’amour de la baston

« On peut presque dire que ce drame était inéluctable »

François-Luc Doyez

Libération

6 juin 2013

Marc-Aurèle Vecchione a réalisé en 2008 un film sur les combats entre antifascistes et skinheads d’extrême droite dans les années 80, «Antifa, chasseurs de skins». Suite à la mort Clément Méric, un antifa tué mercredi par des militants d’extrême droite, le cinéaste analyse, pour Next, les rapports entre ces deux mouvances, aux apparences identiques mais diamétralement opposées politiquement.

Comment expliquer que les groupuscules d’extrême droite et les antifascistes se soient entichés des mêmes marques, Fred Perry et Ben Sherman en l’occurrence ?

C’est une chose complètement acceptée. Certains antifa ne partagent pas ces codes-là, mais dans le noyau dur du mouvement, ils s’habillent de la même façon et avec les mêmes marques que le camp d’en face. Parce que les racines de leurs mouvements sont les mêmes: les skinheads. Les deux ont divergé entre redskins et skins d’extrême-droite, mais l’origine est la même.

Ce n’est donc pas étonnant de voir des groupuscules diamétralement opposés politiquement revendiquer les mêmes signes d’appartenance ?

Non, depuis que les antifa se revendiquent plus ouvertement skinheads, et se rasent même la tête, ce sont les mêmes au niveau du look. Avec les mêmes bombers, les mêmes Dr Martens, les mêmes origines culturelles, et la même fascination pour la baston. Ce sont les frères ouverts contre les frères fermés, en somme.

Les boutiques qui vendent ces marques sont donc source de tensions ?

Oui, c’est un grand classique. Les boutiques qui vendent des fringues «rock» au sens très large du terme sont peu nombreuses, donc c’est un lieu de croisement. Dans le XVe arrondissement parisien, une boutique qui distribue ces marques est surtout visitée par les skinheads d’extrême droite, mais peut l’être par l’autre bord aussi. Il y a déjà eu plusieurs bastons autour de la boutique, surtout entre 1990 et 1995.

Vous aviez entendu parler de ces braderies regroupant plusieurs marques, comme celle de mercredi qui fut le cadre de la bagarre entraînant la mort de Clément Méric ?

Oui, pratiquement tous les skins et les antifafs qui portent ces marques s’habillent là-bas. Ils ont généralement peu de moyens, et comme les prix de ces marques sont élevés, ils attendent ces réductions pour se fournir. Depuis deux, trois ans, il y a des tensions lors de ces ventes, des individus des deux bords s’y croisent, il y a des regards. On peut presque dire que ce drame était inéluctable.

Les marques se sont-elles accomodées de cette récupération ?

Non, elles ont été prises dans un phénomène culturel qui les dépassait, et ont essayé de s’en dissocier. La meilleure preuve, ce sont les polos aux couleurs flashy lancés par Fred Perry. Au milieu des années 90, les polos sont devenus «casual», et les Fred Perry ont alors été récupérés par des gays du Marais qui affichaient un look skinhead, sans conviction politique, uniquement pour le look. En sortant des couleurs fluo, Fred Perry a essayé d’accompagner ce mouvement de «popularisation» de la marque.

Voir aussi:

Fred Perry : le style des extrêmes ?

6 juin 2013 à 18:11

Elvire Von Bardeleben , François-Luc Doyez

La marque anglaise, comme Ben Sherman, est devenue le signe d’appartenance de groupuscules aux idées politiques diamétralement opposées.

Peu de marques de vêtements sont le symbole d’une pensée politique. Plus rares encore sont celles qui représentent deux mouvances opposées. C’est pourtant le cas de Fred Perry ou Ben Sherman, dont les polos et les blousons servent de marqueurs aux groupes fascistes et antifascistes. Dans les années 60, les mods anglais, incarnés par les Kinks ou les Who, s’emparent des vêtements bourgeois destinés aux élites (celles qui jouent au tennis, notamment) : le polo Fred Perry, le blouson Harrington ou les chemises Ben Sherman. Avec la fin des mods à l’aube des années 70, l’image de ces maisons se trouble : les skinheads, nés en réaction au mouvement hippie, se les approprient. Parmi eux, certains sont apolitiques, d’autres d’extrême gauche, beaucoup sont fascistes. Si bien que dans les années 70 et 80, le vestiaire en descendance mods est davantage associé aux militants extrémistes qu’à la musique.

Se distinguer par la créativité

La succession d’artistes anglo-saxons s’affichant en Fred Perry (les Pogues, époque punk ; les Specials, version ska ; les Blur et Oasis, à l’ère brit-pop, ou les Strokes et Franz Ferdinand, plus rock), n’a pas suffi à dissiper l’image ambiguë de la marque. Aujourd’hui, Fred Perry ne communique pas sur sa stratégie marketing, mais les activités de ces dix dernières années montrent sa volonté de se distinguer en tant que maison de mode versée dans la créativité, et la musique. En 2005, il lance Fred Perry Subculture, une plateforme destinée à produire de jeunes groupes, sponsorise le festival de mode et de photo de Hyères en 2011, puis Garorock et la seconde édition du Disquaire Day, en 2012. A cela, la marque ajoute des collaborations stylistiques remarquées avec Rei Kawakubo, designer de Comme des garçons, avec Raf Simons, actuel designer de Dior, ou encore avec quelques figures du rock comme Peter Doherty et Amy Winehouse.

Autre signe d’une volonté d’assainissement de son image : Fred Perry inaugure en 2008 sa première boutique française à Paris, dans le quartier du Marais. Une enseigne proprette, à côté de Zadig & Voltaire, Maje et Sandro, où règne une ambiance bien différente des petites boutiques multimarques à l’ambiance un peu tendue, spécialisées dans les griffes qu’aiment certains militants d’extrême droite, comme Ben Sherman ou Lonsdale. Thierry*, vendeur dans l’une des boutiques parisienne de Fred Perry, raconte : «Nous avons quelques skinheads parfois, mais ils s’inspirent de la mouvance originelle qui ne se souciait pas de politique, qui s’intéressait à la musique jamaïcaine et au ska. Nous avons toutes sortes de clients, et ceux qui achetaient du Fred Perry dans les années 80 n’ont rien à voir avec ceux d’aujourd’hui. La marque s’est popularisée.» En effet, le polo (à 75 euros) est aussi bien porté par des nostalgiques des mods, par des bobos, que par des gays.

Au cœur du mot «Lonsdale»

Si Fred Perry et Ben Sherman ont pu compenser de troubles associations politiques par une cool attitude, la marque anglaise Lonsdale a été clairement associée aux groupuscules d’extrême droite. Les néonazis l’auraient «récupérée» à cause des lettres «NSDA» au cœur du mot «Lonsdale» (NSDA pour Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei, le parti nazi). Au milieu des années 2000, la griffe a ainsi été bannie dans plusieurs établissements scolaires en Allemagne, et surtout aux Pays-Bas, ou l’expression «jeunesse Lonsdale» était apparue pour évoquer la résurgence néonazie dans le pays. Plusieurs points de vente, trop marqués politiquement, ont dû être fermés, et les campagnes de communication de la marque martèlent désormais le slogan «Lonsdale loves all colours».

Voir encore:

Fred Perry et les skinheads : pourquoi les agresseurs de Clément Méric sortaient d’une vente privée de la marque anglaise

Sandra Lorenzo

Le HuffPost

06/06/2013

SKINHEADS – Mercredi 5 juin, quartier Saint-Lazare dans le neuvième arrondissement de Paris. A quelques mètres du magasin Citadium, spécialisé dans le « sportswear » et très fréquenté par les jeunes, est organisée une vente privée notamment de vêtements de la marque Fred Perry et Ben Sherman. À la sortie, rue Caumartin, la tension monte entre cinq skinheads et quelques militants antifascites. La bagarre dégénère. Quelques minutes plus tard, Clément Méric reçoit un coup fatal.

La mention de la marque Fred Perry n’est pas sans importance. Avec Ben Sherman, elle constitue effectivement le club des marques les plus prisées par les militants d’extrême droite et les groupes de skins, mais aussi des militants antifascistes. Une image qui lui colle à la peau. Fred Perry et ses polos proprets à la couronne de lauriers ont suivi l’évolution et les dérives d’une partie la jeunesse anglaise du XXème siècle.

Le fondateur, superstar du tennis anglais

Selon la légende, c’est à l’âge de 16 ans que Fred Perry aurait décidé de devenir champion de tennis en voyant les voitures de luxe des joueurs garées à la sortie d’un tournois de tennis. Très talentueux, il gagne trois fois l’US Open et trois fois le tournoi de Wimbledon. Après une carrière éblouissante, cet ancien joueur de ping-pong né en 1909 décide de prendre sa retraite à la fin des années 1940. Il s’associe alors à Tibby Wegner, un joueur de football autrichien, pour lancer une marque de vêtements spécialisés dans le tennis. Le duo inventera par exemple le célèbre bracelet-éponge, accessoire indispensable arborés par de nombreux sportifs.

Fred Perry est à ce jour le dernier Britannique à avoir remporté Wimbledon, en 1936. Marié 4 fois à des actrices et des mannequins, le tennisman est aussi resté célèbre pour avoir côtoyé les grands de son époque, comme la reine d’Angleterre ou le président John Fitzgerald Kennedy. Au départ, Fred Perry avait pensé à une pipe pour le logo de sa marque. Son associé réussira finalement à le convaincre d’adopter la couronne de lauriers, symbole de victoire antique et référence directe à son statut de champion.

Les « mods », jeunes dandys anglais, s’emparent du polo Fred Perry

À la fin des années 50, la marque a conquis les professionnels du tennis. Reste la rue. Et c’est à ce moment qu’un groupe de Londoniens va donner une « street credibility » à Fred Perry. Le mouvement des « modernists » ou « mods » naît dans la capitale anglaise. De jeunes adultes défendent l’image d’une jeunesse moderne qui tente de se détacher de la classe ouvrière et de l’élite. Tout les différencie de la société bien-pensante anglaise de l’époque, ils écoutent du « modern jazz » (d’où ils tirent leur nom), de la soul, du R’n’B et de la musique jamaïcaine. C’est aussi par leur look, que les mods se distinguent.

Ils arborent la French Line, une coupe de cheveux courts mi-longs avec une raie sur le côté, puis le Black Comb, les cheveux longs pour finir par une coupe très courte, la chevelure presque rasée, les futurs skinheads. Les mods sont vêtus de chemises Ben Sherman, de polos Fred Perry, de pantalons coupe cigarette (très moulants) ou hipsters (pantalons taille basse) et raffolent des costumes. Clarks, Doc Martens, Brogues ou encore Bowling Shoes aux pieds, les mods portent aussi des larges parkas de l’armée américaines.

Fred Perry entre dans l’armoire du hooligan et du skinhead

Finis les polos blancs qui ont fait le succès de la marque, Fred Perry diversifie sa gamme de vêtements et fait entrer la couleur au début des années 1970. Les cols et poignets deviennent personnalisables. Il est alors possible d’acheter une chemise aux couleurs de son équipe de foot préférée. Les hooligans en font leur uniforme. On les appelle les hard mods. À côté se développe le mouvement des rude boys ou rudies, des immigrés antillais qui écoutent la même musique noire américaine. La presse anglaise en septembre 1969 baptisent ces jeunes, les skinheads.

Au fil des années, le hooliganisme devient un vrai problème de société. Les skinheads, de leur côté, sont aussi synonymes de troubles, adeptes de violences urbaines en bandes. Radicalisés, ils se sont considérablement éloignés des mods. Nés en réaction contre le mouvement hippie, ces crânes rasés sont pour certains apolitiques, pour d’autres d’extrême gauche, pour beaucoup fascistes. Flirtant volontiers avec l’extrême-droite et la mouvance néo-nazie, ces derniers aiment beaucoup les vêtements de la marque anglaise, en particulier à cause de son logo repris à l’envi dans la symbolique skinhead d’extrême-droite.

Fred Perry a mauvaise presse. La marque essaie de redorer son blason en sponsorisant des concerts de ska et de reggae pour renouer avec l’héritage mods. Mais la mode est au grunge et au hip-hop, les polos de la marque ne séduisent plus. En 1994, la marque est en très mauvaise posture.

La renaissance Fred Perry

Deux ans plus tard, elle noue un partenariat avec un groupe de textile japonais et renaît de ses cendres. Parallèlement la britpop explose sur la scène internationale. Blur et Oasis s’habillent en Fred Perry. La marque signe des contrats avec des groupes très populaires comme Gorillaz ou les Arctic Monkeys. La marque fait un retour en force.

Toujours très liée aux skinheads et aux groupuscules d’extrême-droite dans l’imaginaire collectif, Fred Perry a réussi à s’écarter de cette image sulfureuse. La chanteuse Amy Winehouse a collaboré à quatre collections de la marque. Fred Perry a aussi fait un retour remarqué en tant qu’équipementier de tennis professionnel, en sponsorisant le joueur écossais Andy Murray.

La marque multiplie aussi les projets créatifs, en 2005, elle lance Fred Perry Subculture, une plateforme pour repérer et produire de nouveaux talents. En 2011, elle s’allie au très pointu festival de mode et de photo de Hyères. Pour ses dernières collections, la marque a aussi su s’entourer des meilleurs comme Rei Kawakubo, designer de Comme des garçons, ou Raf Simons, le directeur artistique de Dior.

La tragique mort de Clément Méric réveille une image que la marque anglaise avait réussi à faire un peu oublier. Il faudra qu’elle redouble d’effort pour éloigner ces clients aussi fidèles que gênants. Un peu comme Lacoste avait tenté de le faire en son temps avec les rappeurs des cités.

Voir enfin:

Quand Clément Méric se réfugiait derrière la sécurité de la Manif Pour Tous


Posté par Thomas DEBESSE le 07/06/2013 à 14:12. cc Licence CC by (copiez-moi !)

Alors qu’on apprend la mort de Clément Méric, la première réaction, légitime, est la désolation : encore une mort inutile qu’on ne peut que regretter. Malheureusement, le deuil est très vite terni par des vautours en mal de récupération politique…

D’un coté on aurait l’image d’Épinal du bon élève tolérant victime d’un get-apens et de l’autre des méchants nazis tout droit sorti du Château de Wolfenstein, et l’ensemble plongé dans une grande soupe d’amalgames…

Au milieu de tout ce foin médiatique, je trouve que l’article du Monde est remarquable : l’auteur n’hésite pas, par exemple, à montrer que Clément Méric critiquait le Front de Gauche qui pourtant récupère sa mort aujourd’hui. L’auteur ajoute également que selon les premiers éléments de l’enquête de police, les provocations étaient partagées.

Clément Méric avant sa mort

Le 17 avril 2013, en marge d’une Manif Pour Tous, la cellule d’extrême gauche à laquelle appartient Clément Méric vient agresser les manifestants. Line Press était sur place et a filmé une partie des événements. Les extraits sont très intéressants.

Malheureusement, je n’ai certainement pas les moyens de me payer une vidéo Line Press… Je me limite donc à une petite sélection de 7 images en invoquant le droit de courte citation… Cette vidéo était jusqu’à peu disponible sur le compte Youtube officiel de LinePress, si vous avez l’occasion de regarder cette vidéo, je vous y invite à le faire, elle est riche en renseignements.

Alors que son groupe agresse la manifestation, tandis que la police intervient pour calmer le jeu et commence à attraper certains, Clément Méric se faufile entre les policiers en civils pour se réfugier derrière les bénévoles de sécurité de la Manif Pour Tous (c’est le jeune au polo rouge à droite) :

Clément Méric fuit la police
Citation Line Press, tous droits réservés à Line Press, Cette illustration n’est pas libre.

Le 24 mars, les bénévoles de la Manif Pour Tous avaient protégé les manifestants de la police, le 17 avril, ces mêmes bénévoles avaient protégé Clément Méric de la police.

Des altercations naissent entre ses camarades et des manifestants. Les bénévoles rappliquent. Clément Méric observe en retrait. On ne voit pas sur cette photo-ci (voir ci-après) mais ceux qui regarderont la vidéo pourront vérifier, Clément Méric place sa chevalière de manière à pouvoir frapper avec s’il le faut :

Clément Méric observe la bagarre
Citation Line Press, tous droits réservés à Line Press, Cette illustration n’est pas libre.

Les bénévoles du service sécurité de la Manif Pour Tous protègent Clément Méric :

Clément Méric se planque derrière la Manif Pour Tous
Citation Line Press, tous droits réservés à Line Press, Cette illustration n’est pas libre.

Ensuite, alors que la tension baisse un peu, Clément Méric rejoint ses camarades qui déploient une banderole « l’homophobie tue », et ils crient ensemble le slogan « Pas de fachos dans nos quartiers, pas de quartier pour les fachos ». L’ironie du sort voudra que ce ne soit pas l’homophobie qui l’ai tué…

Clément Méric n’aime pas être pris en photo. En fait il retire son foulard dès qu’il faut se glisser incognito au milieu des policiers, profitant de son « visage de poupon » comme alibi, et le remet dès qu’il s’agit d’agir avec son groupe. On le voit à un autre moment de la vidéo lever la banderole sur son visage alors qu’un photographe se place pour photographier le groupe.

Mais ce qui nous intéresse dans cette photo n’est pas le foulard, c’est sa chevalière. Sur cette image il joue du pouce et du majeur pour retourner le chaton sous son index et dissimuler la trop voyante bague aux vues des objectifs. Tout le long de la vidéo on le voit tourner cette chevalière, en fonction du rôle qu’il joue.

Clément Méric ne se sert pas de sa chevalière comme d’une simple bague d’appartenance ou par coquetterie. Il la porte à l’index pour s’en servir comme une arme et lorsqu’il est inquiet et que le danger menace, place le chaton en avant du poing. Dès lors qu’il ne se sent plus en danger ou qu’il est pris en photo, il cache le chaton dans sa paume. Cet adolescent au nom de noblesse ne semble assumer sa chevalière qu’en tant qu’arme de poing :

Clément Méric cache sa chevalière

La vidéo ne montre pas l’acte qui a motivé une poursuite de la police, mais on le voit lui et son groupe se réfugier à SciencesPo, rue de la chaise :

Clément Méric à Science Po
Citation Line Press, tous droits réservés à Line Press, Cette illustration n’est pas libre.

Là encore, jouant son jeu d’élève modèle arrivé là par hasard, d’un air de rien il passe au milieu des policiers :

Policiers à Science Po
Citation Line Press, tous droits réservés à Line Press, Cette illustration n’est pas libre.

Tandis certains de ses camarades se font embarquer :

Antifas dans le panier à salade
Citation Line Press, tous droits réservés à Line Press, Cette illustration n’est pas libre.

Bref, le personnage est trouble. En d’autres circonstances, Clément Méric aurait pu se faire agresser par un antifa ou par un activiste prolétarien en mal de lutte des classes. Et sous le visage d’un enfant de chœur, malgré ses airs de bon élève et sa chevalière de bonne famille, Clément Méric portait son lot d’intolérance.

C’est humain.

Rixe et couverture médiatique

Certains évoquent une rixe qui engagerait la responsabilité de Clément Méric, ce serait à l’occasion d’une vente privée prisée autant par les dits « redskins » ainsi que que les dits « skinheads » (selon les mots trouvés dans la presse) que son groupe aurait pris à parti un groupe d’appartenance opposée. Plusieurs altercations auraient eu lieu, jusqu’à la dernière rixe où Clément Méric, frappé par un coup de poing tombe et heurte violemment un poteau. Affaibli par une leucémie dont il se remettait à peine, le choc lui est fatal et lorsque les secours arrivent, son état est jugé désespéré. La mort sera annoncée le lendemain.

Les média rivalisent de bidonnage. Du coté du Monde, « pour souligner que Clément Méric n’était pas un provocateur » on précise que le drame s’est déroulé alors qu’ il « se rendant à une vente privée de vêtements » comme s’il était allé à une vente BCBG. C’est oublier un peu vite que ladite vente privée est connue pour être un repaire d’extrémistes de tout bord et qui serait souvent l’occasion de bagarres… Tous les ingrédients pour une nomination au prix Albert Moscou sont là…

Déjà, à l’occasion d’un autre fait divers heureusement moins dramatique, je m’étais étonné au début du mois de mai en lisant un article sur une action d’antifa qui avaient troublé un rassemblement venu commémorer la mort d’un nationaliste.

Je lisais ces mots étonnant :

« [Les antifas ont] repéré les quelques nationalistes déjà présents. Ces derniers n’ont pu que détaler très vite pour éviter de prendre des coups. »

Comme s’il était normal, dans certains cas comme celui-ci, de recevoir des coups…

Certains rappellent le souvenir de François Noguiez, mort mardi dernier sans que son cas ne soulèvent d’indignation. Tandis que d’autres tentent difficilement de pondérer un peu. Pendant ce temps, les médias et les personnalités rivalisent de délire..

Récupération politique et amalgames

Notre classe politique aime le sang. Elle s’est repue du sang de Wilfred de Bruijn, elle s’enivre du sang de Clément Méric.

Si les agresseurs de Wilfred de Bruijn n’ont toujours pas été arrêtés il me semble, il paraîtrait que les rivaux présumés de Clément Méric aient été interpellés… nous en sauront peut-être plus sur les circonstances de ce dernier drame. En attendant, alors que l’incident n’est même pas encore compris, la France sombre dans une espèce de folie. Chacun verse ses fantasmes dans les caniveaux, à tel point que cela donne l’amère impression que ce drame était attendu avec impatience, afin de pouvoir s’épancher…

Entre les hommes politique amalgamant les partis opposés ou les mouvances adverses, les médias s’appropriant les témoignages sans discernements, certaines personnalités profanent le deuil sans aucune honte… La palme de l’horreur revient certainement à la Vilaine Lulu qui instrumentalise ce drame pour justifier ses fantasmes, et ce sans aucun respect pour Clément Méric :

« Ce sont ces inconscients de la #manifpourtous qui ont préparé le terrain. En s’associant avec l’extrême droite ils lui ont permis d’exister. »

Insatisfaite, la Vilaine Lulu pousse l’infamie jusqu’à se placer elle-même en victime, se vautrant dans le sang encore chaud de Clément Méric :

« Malgré tous ceux qui m’insultent, je le redis #lamanifpourtous a accepté dans ses rangs ces fachos qui ont tué Clément. A eux de réfléchir. »

La Vilaine Lulu oublie que le seul lien que l’on peut honnêtement tirer entre Clément Méric et les Manif Pour Tous, c’était quand Clément Méric agressait la Manif Pour Tous avec sa cellule d’extrême gauche, et quand il se réfugiait ensuite derrière la sécurité de la Manif Pour Tous pour se protéger à la fois des manifestants provoqués et des policiers qui allaient les interpeller !

Cependant, si vous ne cherchez pas de la haine et du mensonge mais plutôt du creux et du convenant qui n’apporte rien, vous le trouverez dans la bouche de François Hollande :

« Ces groupes qui, depuis trop longtemps créent le désordre doivent être réprimés. Maintenant, je vous le dis, l’enquête est en cours et n’allons pas plus vite et faisons en sorte de ne pas créer un climat qui est déjà trop lourd. Chacun, je l’avais dit, doit prendre ses responsabilités, et il est bien d’ailleurs que tous les partis aient condamnés ce qui s’est produit et faient en sorte que nous puissions tirer tous les enseignements de ce qui est arrivé hélas, dramatiquement, pour ce jeune. »

Écouter François Hollande sur RCF :

Vous pouvez télécharger cet extrait audio en vorbis, en mp3 ou en flac.

Sans se rendre compte que ses paroles ordonnent également la répression des mouvements dont était membre Clément Méric, le président de la république remplit le vide des lieux communs qu’il ne cesse d’user jusqu’à la moelle (et insiste pour dire qu’il le dit) : « prendre ses responsabilité », « condamner », « tirer enseignement », on n’a pas besoin d’un président de la république pour cela…

La mort d’un frère

Finalement, un des meilleurs commentaires de l’événement que j’ai pu lire, je l’ai trouvé sous la plume de Paul Da Silva :

« Et donc les médias s’en mêlent, les politiques – dont le métier est de plus en plus de faire de la télévision que d’avoir des idées – hurlent, pleurent et font des déclarations plus stupides les unes que les autres. Parmi ces voix là, une me choque plus que les autres […] des appels au meurtre (la loi du talion), d’autres à l’interdiction pour ces fascistes de s’exprimer, des amalgames à l’emporte pièce… »
« Je constate que ce mouvement qui profite bien sur de la crise et d’autres éléments de l’actualité joue le même jeu que l’extrême droite mise en cause aujourd’hui, surfe sur les faits divers à grand renfort de récupération politique et en profite pour attiser doucement une autre forme de haine. »
« Je n’ai pas de solution miracle, je n’ai pas de réponse géniale à apporter à ce qu’il vient de se passer et rien ne ramènera ce jeune homme à la vie. Mais doit-on pour autant remplacer un extrême par un autre ? »

On avait déjà pu lire de sa part, un peu plus tôt cette année, cette pensée pertinente au sujet de la haine :

« la liberté d’expression c’est aussi pour les cons, et j’aime savoir qui sont les cons autour de moi. »

Commentant le drame de Clément Méric, Paul Da Silva évoque la loi du Talion et cite des commentaires appelant au meurtre, trouvés sur des blogs de gauche.

Le drame, c’est que l’on se serve de la mort d’un homme pour justifier la haine, et réclamer encore la mort. C’est comme si la société avait attendu cette mort pour s’épancher, et c’est comme si la société attendait encore des morts pour se justifier.

Et finalement, ce sont des Français qui instrumentalisent la mort d’un Français pour appeler au meurtre d’autres Français.

L’un des commentaire cité par Paul Da Silva est tout simplement :

« Un mort chez nous, un mort chez eux »

Je trouve ce commentaire très significatif : la mort doit appeler la mort, et surtout, il y un « nous » et il y aurait un « eux ».

Quelles sont ces constructions mentales qui ne servent qu’à une chose : faire couler le sang français, le sang du concitoyen, le sang du frère ?

Ce n’est pas nouveau : le sang impur de la Marseillaise a longtemps été le sang français ! Et quand le sang d’un frère coule, certains y voient la justification du sang d’autres frères encore ! Il faut que le sang coule ! Il faut que le Français meure, car je fais partie de « nous » et il fait partie d’ « eux ». En fait peut importe qui est « nous » et qui est « eux », parce qu’il est le « eux » d’un autre « nous », il doit mourir.

Tout est bon pour justifier de faire couler le sang du français : il est de droite je suis de gauche, je suis d’extrême gauche il est d’extrême droite. Je suis pour, il est contre, il aime, j’aime pas. je dois souhaiter qu’il meure, et il doit le souhaiter pour moi.

« Ce sont des skinheads » entend-t-on. Non, ce sont des Français ! « Ce sont des redskins » entend-t-on. Non, ce sont des Français ! « Un mort chez nous, un mort chez eux ». Mais qui définit ces camps ? Ne sommes-nous tous pas du même pays ?

Si la mort de François Naugiez ne soulève pas les masses, c’est que sa récupération pourrait nourrir la xénophobie plutôt que le fratricide, ce qui n’a absolument aucun intérêt. Un prétexte est bien inutile s’il n’est pas un prétexte à haïr son frère.

On choisit ses amis, mais on ne choisit pas ses frères. Alors il ne faut pas s’attendre à ce que tout le monde s’aime et soit gentil, mais ceux que l’on supporte le moins sont souvent ceux que l’on ne choisit pas mais que l’on reçoit et pour qui nous avons des devoirs.

À lire et à entendre tous ces commentaires, il sembleraient que les antifas ne connaissent pas d’autres solutions que la mort de l’autre… et inversement. La France a inventé le génocide, la France a inventé l’extermination légale de population, et ce bien avant que le fascisme ne soit ne serait-ce qu’une hypothèse ! Pour preuve, les décrets ordonnant l’extermination du peuple Vendéen ne sont toujours pas abrogés ! Nobles de cour ou paysan de Vendée, de droite ou de gauche, le Français mérite la mort parce qu’un autre Français a décidé que je fais partie de « nous » et qu’il fait partie de « eux  !

Dans l’actualité récente on a lut l’un annoncer qu’il ne pleurerait pas une hypothétique bombe, l’autre souhaiter que la police tire à vue

Et ces menaces et malheureusement parfois ces actes sont justifiés par le « c’est nous » et le « c’est eux ».

La France est experte pour diviser les Français. Le meurtre devient possible si la victime fait partie de « eux ». Le Français peut tuer le Français dès qu’il a pu montrer que l’autre fait partie de « eux ».

Mais en fait, ces constructions mentales ne seraient pas plutôt le piège qu’on tend aux gens pour qu’ils s’entre-tuent, plutôt que d’y reconnaître un frère qu’il faudrait accompagner ? Pleurez la mort de Clément Méric, oui, et je la pleure avec vous. Mais s’il vous plaît, ne vous en servez pas pour justifier la mort d’un autre, ni même souhaiter la mort d’un autre !

L’Espérance

La foule qui s’est réunie spontanément pour pleurer la mort de Clément Méric avait en commun avec les veilleurs d’avoir chanté le Chant des partisans. Il n’y a plus qu’à prier pour que dans l’unité, ce soit tout le peuple de France qui entonne l’Espérance.

9 Responses to Mort de Clément Méric: La mode, ça sert aussi à faire la guerre (How Fred Perry became the brand of choice for France’s extremist groups)

  1. jcdurbant dit :

    « D’une certaine manière, les griffes jouent avec le feu en essayant de créer des groupes de société. Mais il arrive aussi qu’elles soient victimes d’une appropriation « de la rue » », souligne de son côté Jean-Michel Bertrand, professeur associé à l’Institut français de la mode et consultant en communication. Ce fut notamment le cas de Lacoste qui, à la fin des années 1990, sous l’impulsion de groupes de rap comme Arsenik, est devenue la griffe emblématique des jeunes de banlieue. Des consommateurs bien éloignés de sa cible originelle alors très bourgeoise et qui lui ont fait craindre la perte de certains clients. « Ces vêtements étaient des symboles statutaires et, dès lors qu’un groupe aux origines populaires a pu s’en emparer, ils ont perdu toute valeur », résume le directeur associé de HCK. Confrontée au même phénomène, la marque britannique Burberry est allée jusqu’à supprimer certains modèles d’écharpes ou de casquettes de ses boutiques en France. Car la réappropriation d’une marque par un groupe se limite généralement à un modèle clairement identifiable synonyme de réussite sociale ou de respectabilité.

    Un temps échaudée, Lacoste a opté en revanche pour une stratégie volontariste. Elle a recruté en 2000 le styliste Christophe Lemaire pour se positionner non plus comme un label de sportswear mais comme une marque de mode à part entière. Misant sur la tendance émergente des « fluo kids », elle a créé une ligne spéciale. « Ces jeunes clubbeurs adeptes des polos colorés représentaient une cible plus cohérente avec son identité originelle, qui se veut chic et décontractée », détaille Benjamin Simmenauer. Une reprise en main que toutes les marques n’ont pas eu l’habileté – ou les moyens – d’opérer.

    Le Monde

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  2. jcdurbant dit :

    Les skinheads d’extrême gauche ne sont pas toujours faciles à distinguer des skinheads d’extrême droite. Ils écoutent souvent la même musique, la « oi ! ». Ils portent les mêmes chaussures Doc Martens, la couleur des lacets signant toutefois l’appartenance idéologique, et ils arborent les mêmes tee-shirts Fred Perry. C’est d’ailleurs lors d’une vente privée de cette marque qu’a eu lieu mercredi 5 juin la rencontre à l’issue dramatique entre le groupe de Clément Méric et celui d’Esteban Morillo.

    Clément Méric militait au sein du collectif « Action antifasciste Paris-banlieue » (AFA), un groupe de « chasseurs de skins » à l’idéologie libertaire et au sein duquel se trouvent des skinheads d’extrême gauche. La dernière campagne de ce groupe, lancée le 25 avril 2013, vise les forces de l’ordre avec le message en anglais « Fuck The Police-Do Not Comply-All Cops Are Bastards (ACAB)-Anarchy (A) ».

    « La violence fait partie de la culture commune de ces militants qui vivent leur engagement comme un engagement total, absolu, décrypte Stéphane François. Les skins d’extrême droite se font régulièrement bastonner par ceux d’extrême gauche, non pas à la suite de provocations mais simplement en raison de ce qu’ils sont et représentent. »

    À la gare de Chauny (Aisne), le politologue a ainsi pu voir quasiment tous les vendredis soirs, lorsque les jeunes rentrent chez eux avant le week-end, une situation de confrontation violente entre les deux bandes. « Au tribunal, ce sont les mêmes gamins que l’on retrouve d’une semaine sur l’autre, a-t-il observé. Une semaine parce qu’on leur a cassé la gueule, la semaine suivante parce qu’ils ont cassé la gueule, dans un jeu sans fin. »

    L’affrontement musclé entre mouvements d’extrême gauche et d’extrême droite n’est pas nouveau. En mars 1971, un militant du GUD, Robert Allo, avait dû subir une trépanation après une agression d’extrême gauche l’ayant plongé dans le coma. En juin 1973, le gouvernement a décidé la dissolution, après des heurts violents, de deux groupuscules : Ordre nouveau (qui fut à l’origine du FN l’année précédente) et la Ligue communiste d’Alain Krivine. Mais, historiquement, la violence s’est également exercée entre groupes concurrents, par exemple entre les représentants des différents courants d’extrême gauche (anarchistes, communistes « staliniens », trotskistes).

    Entre skinheads d’extrême gauche et d’extrême droite, ce sont, d’après Stéphane François, les années 1985-1988 qui furent les plus violentes. Ces affrontements ont fait l’objet en 2008 d’un documentaire de Marc-Aurèle Vecchione, Antifa, chasseurs de skins. En réponse, Serge Ayoub a produit l’année suivante son propre documentaire, intitulé Sur les pavés.

    « Les choses se sont calmées des deux côtés dans les années 1990, mais j’ai constaté une réapparition des skins d’extrême gauche », note Stéphane François. Signe aussi qu’ils avaient retrouvé en face un adversaire avec qui en découdre.

    La Croix

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  3. jcdurbant dit :

    – Trois semaines après l’agression mortelle de Clément Méric le 5 juin, la police judiciaire parisienne vient de mettre la main sur les toutes premières images de la bagarre.

    La scène a été filmée par une caméra de surveillance de la RATP, située côté rue, au niveau de la station Havre-Caumartin. Les experts de la police technique et scientifique ont travaillé pendant plusieurs jours sur ces images pour les faire parler. Elles permettent de se faire une idée précise de la scène, jusqu’alors uniquement racontée par des témoins.

    On y voit notamment Clément Méric se précipiter vers Esteban Morillo, le meurtrier présumé, alors de dos, semble-t-il pour lui asséner un coup. Le skinhead se retourne alors et le frappe avec son poing en plein visage.

    L’image ne permet pas de dire de façon formelle si Esteban Morillo donne un deuxième coup, ni s’il a ou non un poing américain. Le militant d’extrême-gauche, en tout cas, tombe immédiatement au sol, inconscient. Il n’est pas lynché une fois par terre.

    L’autopsie avait établi que la victime n’était pas morte en tombant sur le bitume, mais avait été tuée par un ou plusieurs coups au visage Ces images permettent de confirmer l’identité du meurtrier. Elles excluent l’hypothèse d’un lynchage, montrent un Clément Méric provocateur et confortent la thèse du juge sur une mort accidentelle à la suite de coups donnés.

    RTL

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  4. jcdurbant dit :

    Dans le monde du spectacle de l’indignation sélective, la vérité est la première victime à tomber à terre. Il est rare qu’elle se relève.

    Stéphane Montabert

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  5. jcdurbant dit :

    Si l’on se résume, et toujours selon la police, Clément Méric et ses amis, cornaqués par un antifa dur-à-cuire réputé pour sa pratique des sports de combat, étaient venus spécialement à la vente privée de la rue Caumartin pour en découdre. C’est-à-dire que s’il y a eu préméditation, elle était de leur côté. Dans la boutique même, ils commencent à prendre à partie des skins peu soucieux d’en venir aux mains qui en appellent à la sécurité. Celle-ci expulse les chasseurs de skins qui, têtus, se postent en bas, dans la cour, en attendant leur proie. Quand celle-ci arrive, une deuxième fois elle requiert les services des videurs qui éloignent à nouveau Clément Méric et ses camarades. Et c’est quand les skins, rassurés, se dispersent que, dissimulée un peu plus loin dans la rue, la bande d’extrême gauche tombe à bras raccourcis sur l’un d’eux. Les autres, alertés, rappliquent : une bagarre d’une « violence extrême », selon la police, se déclenche. La tragédie se noue : alors qu’Esteban Morillo lutte contre deux assaillants, Clément Méric tente de le frapper par derrière. Morillo se retourne et lui assène deux coups en pleine figure mais, et les images le confirment, c’est sans poing américain. D’ailleurs, quand les policiers perquisitionneront chez lui, il en découvriront deux, l’un vert fluo qui serait parfaitement identifiable sur une vidéo, l’autre clouté, dont les marques auraient été trouvées sur le visage de Méric s’il avait servi. Un Méric qui, toujours selon nos informations, portait pour sa part un protège-dents, accessoire peu usité quand on est en mode shopping. La vidéo permet aussi de savoir que les mains de la plupart des combattants étaient serties de bagues d’un genre contondant, qui ne poussent guère au pacifisme.

    Causeur

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  6. jcdurbant dit :

    JE NE SUIS PAS GENDARME

    « À chaque fois qu’un gendarme se fait buter, et c’est pas tous les jours, je pense à mon ami Rémi Fraisse [un jeune homme mort en 2014 lors d’une manifestation contre le barrage de Sivens, NDLR]. Là, c’est un colonel, quel pied ! Accessoirement, un électeur de Macron en moins », a-t-il notamment écrit sur les réseaux sociaux. Une heure plus tard, il postait : « Je ne suis pas gendarme », en référence aux messages fraternels comme « Je suis Paris » qui abondent après chaque attentat. Dans d’autres posts, il invite les « lèches-culs qui chougnent sur la mort d’un colonel de gendarmerie » à « quitter sa page », et dit « rêver de Rémi Fraisse », qui doit être « ravi d’accueillir un colonel de gendarmerie ». Son compte a été désactivé samedi 24 mars dans l’après-midi.

    http://www.valeursactuelles.com/politique/mort-darnaud-beltrame-les-scandaleux-tweets-dun-ex-candidat-france-insoumise-94223

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  7. jcdurbant dit :

    PALLYWOOD COMES TO PARIS (Entre guerre urbaine asymétrique et boucliers humains consentants, le perfectionnement des téléphones portables a rendu possible une mise en scène de la violence policière qui consiste à capter les images des réactions policières en omettant le travail préalable de harcèlement et de provocation effectué par certains militants violents)

    C’est en définitive la conséquence la plus grave de cette affaire, qui menace de ternir dans son ensemble l’action des forces de l’ordre chargées d’encadrer ces manifestations violentes. Or leur comportement lors de ces événements est, compte tenu de la situation, largement exemplaire. Seulement certains journalistes, on l’a vu avec Yann Moix à Calais, conçoivent effectivement la police comme un instrument d’État de nature essentiellement répressive et non comme une force de sécurité et de protection de la population. Dans cette mesure, ils voient dans toutes les bavures, qui sont statistiquement très rares, le signe d’une pratique générale ; ce qu’aucun élément concret ne confirme. (…) La manière dont communiquent les mouvements violents vise à présenter leurs membres comme des jeunes laissant exploser leur colère. Le phénomène serait donc spontané et passionnel. Cette violence est en réalité méthodique et renvoie à une longue tradition de pratiques dites subversives. Les partis ou groupes révolutionnaires veulent renverser l’ordre établi. Pour justifier leur propre violence il leur faut prouver que l’ordre qu’ils combattent est illégitime, qu’il est lui-même violent et injuste. Pour ce faire il leur faut exposer les forces de l’ordre à des situations où leurs concepts opérationnels deviennent inopérants et où elles sont donc amenées à commettre des erreurs et exercer la force de manière excessive ou sur des innocents. Le black block constitue un exemple typique de cette technique. Le public comprend que la police soit habilitée à faire un usage proportionnel de la force contre les manifestants violents. L’objectif du black block est donc d’attirer l’action de la police en dehors de ce cadre. Pour cela les militants ne vont pas créer une manifestation séparée mais au contraire s’immiscer au milieu des manifestants pacifiques. Les organisations ou individus non violents, mais favorables à la cause ou aux moyens d’action du black block, vont quant à eux tâcher d’empêcher l’identification des éléments violents. Par exemple en s’interposant entre le black block et la police ou encore en portant le même genre de vêtements noirs que ces derniers. Les forces de sécurité sont alors confrontées à une alternative. Soit elles agissent et prennent alors le risque de provoquer des victimes collatérales. Soit elles n’agissent pas et laissent faire les violences. En sachant que même lorsqu’elles interviennent, les techniques citées plus haut rendent impossible le rassemblement des preuves ou l’identification des auteurs. (…) Le perfectionnement des téléphones portables a rendu possible une mise en scène de la violence policière qui consiste à capter les images des réactions policières en omettant le travail préalable de harcèlement et de provocation effectué par certains militants violents. (…) Pour faire une guerre civile, il faut être deux. Étant donné la détermination de ces groupes violents à provoquer des incidents, on peut au contraire saluer le professionnalisme des forces de sécurité. Avec la prise vidéo systématique des interventions par les « journalistes indépendants », le petit nombre d’incidents justifiant des sanctions à l’égard des policiers montre que le portrait d’une institution violente et raciste est très éloigné de la réalité. Aussi navrante que soit l’affaire Benalla, elle ne doit pas servir de prétexte afin de discréditer le difficile travail des forces de l’ordre.

    http://www.atlantico.fr/decryptage/affaire-benalla-bien-plus-qu-fait-divers-indicateur-decomposition-francaise-alexis-carre-3457656.html

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