Journée de Jérusalem/46e: Au nom du mensonge (Enderlin and the irresistible ascension of anti-jewish ideology)

https://i0.wp.com/i2.cdn.turner.com/cnn/2009/images/05/22/young.isr.jeru.day.jpgSi Israël est un occupant dans son pays, le christianisme, qui tire sa légitimité de l’histoire d’Israël, l’est aussi comme le serait tout autre État infidèle. Bat Ye’or
C’était une cité fortement convoitée par les ennemis de la foi et c’est pourquoi, par une sorte de syndrome mimétique, elle devint chère également au cœur des Musulmans. Emmanuel Sivan
Le dôme célèbre aussi l’Islam triomphant, au centre d’une ville majoritairement chrétienne et à forte communauté juive. Le dôme aurait ainsi mis en valeur la victoire de l’Islam, complétant la révélation des deux autres religions monothéistes, et aurait permis à l’état nouveau de rivaliser en magnificence avec les grands sanctuaires chrétiens de Jérusalem et de Syrie. Plusieurs arguments appuient cette interprétation : la taille du dôme, sa position théâtrale dans la ville et son ancien revêtement brillant, de céramiques à fond d’or prouvent qu’il était fait pour être vu de loin. De plus, son plan centré, donne l’impression que le monument irradie dans toutes les directions, concourant également à un effet scénique. (…) Le choix du lieu lui-même est extrêmement symbolique : lieu sacré juif, où restent encore des ruines des temples hérodiens, laissé à l’abandon par les chrétiens pour marquer leur triomphe sur cette religion, il est à nouveau utilisé sous l’Islam, marquant alors la victoire sur les Chrétiens et, éventuellement, une continuité avec le judaïsme. (…)  Enfin, l’historien Al-Maqdisi, au Xe siècle, écrit que le dôme a été réalisé dans la but de dépasser le SaintSépulcre, d’où un plan similaire, mais magnifié. De cette analyse on a pu conclure que le dôme du Rocher peut être considéré comme un message de l’Islam et des Umayyades en direction des chrétiens, des Juifs, mais également des musulmans récemment convertis (attirés par les déploiements de luxe des églises chrétiennes) pour marquer le triomphe de l’Islam. Wikipedia
Nous ne sommes pas venus pour conquérir les lieux saints des autres ou restreindre leurs droits religieux, mais pour assurer l’intégrité de la ville et y vivre avec d’autres dans la fraternité. Moshe Dayan (Jérusalem, 1967)
C’est une mosquée depuis mille trois cents ans, les Juifs doivent se contenter de la visiter et de prier devant les tombes. Moshe Dayan (Hébron, 1967)
Jérusalem apparaît 669 fois et Sion (qui signifie habituellement Jérusalem, et parfois la terre d’Israël) 154 fois dans la Bible juive, soit 823 fois au total. La Bible chrétienne mentionne Jérusalem 154 fois et Sion 7 fois. En revanche, comme le relève le chroniqueur Moshe Kohn, Jérusalem et Sion apparaissent aussi fréquemment dans le Coran «que dans la Bhagavad Gita hindoue, le Tao te King taoïste, le Dhammapada bouddhiste et le Zend Avesta de Zarathoustra» – c’est-à-dire tout simplement pas.  Daniel Pipes
Il n’y a pas de preuve tangible qu’il y ait la moindre trace ou le moindre vestige juif que ce soit dans la vieille ville de Jérusalem ou dans le voisinage immédiat. Communiqué du ministère palestinien de l’Information (10 décembre 1997)
Le mur d’Al-Buraq [Mur des Lamentations] et sa place sont une propriété religieuse musulmane…[Il fait] partie de la mosquée Al Aqsa. Les Juifs n’ont aucun lien avec cet endroit. Mufti de Jérusalem (nommé par Yasser Arafat, Al Ayyam [journal de l’Autorité palestinienne], 22 novembre 1997)
Le mur d’Al-Buraq est une propriété musulmane et fait partie de la mosquée Al Aqsa. Hassan Tahboob (Ministre des Affaires religieuses de Yasser Arafat, dans interview accordée à l’agence de presse, IMRA, le 22 novembre 1997)
Ce n’est pas du tout le mur des Lamentations, mais un sanctuaire musulman. Yasser Arafat (Maariv, 11 octobre 1996)
Tous les événements liés au roi Saul, au roi David et au roi Rehoboam se sont déroulés au Yémen, et aucun vestige hébreu n’a été trouvé en Israël pour la bonne et simple raison qu’ils n’y ont jamais vécu. Jarid al-Kidwa (historien arabe, au cours d’un programme éducatif de l’OLP, juin 1997, cité dans Haaretz le 6 juillet 1997)
Jérusalem n’est pas une ville juive, en dépit du mythe biblique qui a été semé dans certains esprits…Il n’y a pas d’évidence tangible de l’existence juive d’un soi-disant « Temple du mont Era »…on doute de l’emplacement du mont du Temple…il se peut qu’il ait été situé à Jéricho ou ailleurs. Walid Awad (directeur des publications pour l’étranger du ministère de l’Information de l’OLP, interviewé par l’agence de presse IMRA, le 25 décembre 1996)
Abraham n’était pas juif, pas plus que c’était un Hébreu, mais il était tout simplement irakien. Les Juifs n’ont aucun droit de prétendre disposer d’une synagogue dans la tombe des patriarches à Hébron, lieu où est inhumé Abraham. Le bâtiment tout entier devrait être une mosquée. Yasser Arafat (Jerusalem Report, 26 décembre 1996)
[La Shoa] est un mensonge des Sionistes concernant de soi-disant massacres perpétrés contre les Juifs. Al Hayat Al Jadeeda ( journal de l’Autorité palestinienne, 3 septembre 1997)
[Notre but est] d’éliminer l’Etat d’Israël et d’établir un Etat qui soit entièrement palestinien. Yasser Arafat (session privée avec des diplomates arabes en Europe, 30 janvier 1996)
La lutte contre l’ennemi sioniste n’est pas une question de frontières, mais touche à l’existence même de l’entité sioniste. Bassam-abou-Sharif (porte-parole de l’OLP, Kuwait News Agency – Agence de presse koweïtienne, 31 mai 1996)
A document found in the Cairo Geniza describes the way in which Umar I brought a group of Jews to the site of the Temple in order to clean it. The Jewish elders were asked to identify the stone known as the Foundation Stone. When it was found and identified, Umar ordered « a sanctuary to be built and a dome to be erected over the stone and overlaid with gold. » As a reward, Umar permitted the Jews to return to Jerusalem and establish the Jewish Quarter. Reuven Hammer
Les colons ont gagné. (…) L’avenir d’Israel, de sa démocratie, du sionisme libéral et de la paix dépendra de la manière dont le judaisme saura résister à l’eschatologie. Charles Enderlin
Selon la sociologue, Tamar Herman, l’immense majorité du public israélien n’acceptera certainement pas une souveraineté musulmane palestinienne sur l’ensemble de ce qui est le troisième lieu saint de l’Islam. Tout au plus, une partie des Juifs israéliens séculiers pourraient accepter un partage du mont. Les sionistes religieux et aussi certains ultra-orthodoxes s’opposent à toute concession sur ce lieu saint juif et, au contraire, réclament le droit d’y prier. C’est la victoire du fondamentalisme messianique telle que je la décris dans mon livre  » Au nom du Temple. Israël et l’irrésistible ascension du messianisme juif. 1967-2013. » Charles Enderlin
Les Israéliens et leurs chefs politiques, de droite comme de gauche, ont été incapables, depuis la guerre des Six-Jours, en 1967, de répondre à l’alternative existentielle suivante : Israël est-il le pays des juifs – visant à la libération nationale d’un peuple jadis opprimé, et dans ce contexte qu’importe de contrôler tout ou partie seulement de la Terre biblique ? Ou Israël est-il le pays juif (et non pas des juifs) répondant à une exigence divine et messianique : contrôler et prendre possession à tout jamais de chaque centimètre carré de la « terre juive », au risque de déclarer une guerre perpétuelle avec les Palestiniens et de susciter des troubles civils au sein même de la société israélienne ? (…) Le livre de Charles Enderlin est… effrayant. Parce qu’il raconte sans détour ni afféterie comment et à quel point les messianistes juifs n’ont cessé de dévorer l’Israël laïc, imposant à la droite comme à la gauche leur idéologie (radicalement antidémocratique), leurs méthodes (musclées, parfois fascisantes, souvent violentes) et leurs certitudes idéologiques (ce sont eux les « bons » juifs, tout contradicteur n’étant qu’un traître méritant châtiment). La conclusion d’Enderlin est terrifiante : le rouleau compresseur messianiste ne cesse d’avancer sur Israël dans une irrésistible progression, provoquant une tout aussi irrésistible régression. Puisse-t-il se tromper.  Maurice Szafran (Marianne)
Attention: une idéologie peut en cacher une autre !
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En ce 46e anniversaire de la réunification de Jérusalem
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Qui avait mis fin à 19 ans, sous autorité jordanienne et entre profanations de synagogues et désécrations de cimetières, d’interdiction de présence juive dans la vieille ville comme dans les lieux saints du judaïsme …

Alors que, pour cause d’occupation depuis treize siècles par les mosquées-coucou des disciples de Mahomet, les juifs ne peuvent toujours prier sur l’esplanade de leur ancien temple

Pendant que, fidèle à elle-même, la Patrie autoproclamée des droits de l’homme exprime ses réserves sur les seuls raids israéliens contre les transferts de missiles syriens au Hezbollah …

Comment ne pas voir l’incroyable aveuglement de nos belles âmes …

Pour qui, à l’instar du tristement célèbre faussaire de France 2 Charles Enderlin et face au contre-sionisme mimétique des Palestiniens en particulier et des musulmans en général …

La « juste solution » du conflit proche-oriental ne saurait passer que par le renoncement d’Israël à sa capitale historique et à son premier lieu saint?

Le dernier livre de Charles Enderlin

Victor Perez

 21 avril 2013

Si l’on avait le moindre doute quant au refus israélien d’une ‘’juste solution’’ pour le conflit proche-oriental, grâce aux bons soins du ‘’professionnel’’ (avec guillemets) Charles Enderlin, le public en est informé. Il suffit de lire le tout début des articles publicisant son dernier livre, voire seulement leurs titres, pour connaître le nom du coupable, du fauteur de paix. Des papiers, favorables au livre, repris, évidemment, par les alliés idéologiques de celui-ci tel Palestine Solidarité qui se targue d’être un « Site d’information sur la Palestine, le Moyen-Orient… » (Sic).

Ne dit-on pas qui se ressemble s’assemble?

Un livre dans lequel, assure le JDD, « Défilent (…) des portraits de rabbins enflammés, de colons armés, de dirigeants politiques pris au piège et, en creux, les contours d’une population israélienne otage de ses extrémismes ».

Un livre qui garantit que depuis la guerre des six jours de 1967 « la mouvance des colons est devenue une force dominante dans la société israélienne, avec un discours théologique eschatologique » dixit le ‘’journaliste’’ (avec guillemets) de France 2.

Dominante ? Sur quoi s’appuie l’auteur pour affirmer cette ‘’vérité’’ sinon sur sa seule doctrine voyant en l’Israélien le fauteur de paix ? Doctrine que l’on aperçoit déjà sur la quatrième de couverture de son livre intitulé « Au nom du Temple » et qui installe l’israélien comme « colon » du lieu le plus saint du Judaïsme.

La présentation de l’éditeur, faite bien sûr avec l’accord de l’auteur, assure que « Plongeant ses sources dans la haute antiquité biblique, le fondamentalisme messianique juif a pris son essor en juin 1967, après la conquête de la Cisjordanie et, surtout, du Haram Al-Sharif, le troisième lieu saint de l’Islam – là où se trouvent aussi les ruines du Temple d’Hérode, là où le patriarche Abraham avait prétendu sacrifier son fils Isaac ».

Si le lecteur avait, jusqu’à ce jour, le moindre doute quant à la ‘’sainteté’’ de l’esplanade des mosquées il est levé par ce ton catégorique. Une sainteté obtenue par la montée au ciel de Mahomet à partir de mosquées… qui, cependant, n’existaient pas encore à la mort de celui-ci.

Quelque peu gênant, non ? Mais de cela il n’en sera pas fait mention dans le livre.

Quant à Abraham…si le lieu du sacrifice est ‘’supposé’’, alors chacun se demandera à quand l’affirmation que c’est Ismaël et non Isaac qui était l’enfant chéri du patriarche prêt à être sacrifié pour l’amour de D… ?

Si ce petit détail est symptomatique, les interviews de Charles Enderlin sont parlantes.

Dans un entretien diffusé sur les ondes de France info, celui-ci affirme : « Le conflit entre Israéliens et Palestiniens était territorial. Il est en train de devenir religieux ».

Ce qui est comique lorsque l’on sait que le Hamas et le Hezbollah, mouvements religieux, ou encore, pour ne parler que de ceux-là, l’Iran théocratie musulmane participent, depuis des décennies, à toutes les tentatives d’éradication de l’Etat d’Israël. Des participations prouvées qui n’ont nullement donné envie d’écrire un livre à l’envoyé permanent à Jérusalem afin de dénoncer les ‘’imams enflammés, les criminels de guerre et contre l’humanité ‘’palestiniens’’ ou autres, les dirigeants politiques pris au piège et, en creux, les contours d’une population palestinienne otage de ses extrémismes’’.

Cette dénonciation, il est vrai ne paye pas financièrement, voire peut être dangereuse pour la santé !

Autre affirmation d’Enderlin :

« Aujourd’hui, avec 350 000 Israéliens dans les colonies de Cisjordanie, la création d’un Etat palestinien indépendant sur ce territoire paraît quasiment impossible ». Sans oublier les « 200.000 Israéliens installés dans des colonies urbaines à Jérusalem-Est ».

A n’en pas douter, l’auteur veut vendre son bouquin et empocher de juteuses royalties ! Tout autre journaliste, cogitant quelque peu aurait annoncé l’exigence israélienne. A savoir que tout accord de paix comprendra l’annexion définitive des « colonies urbaines » de Jérusalem ainsi que celles des blocs d’implantations situées près de la future frontière.

Ce qui réduira considérablement le nombre de « colons » présents sur le territoire de la future « Palestine » à quelques dizaines de milliers et qui, si une véritable paix s’instaure, pourront devenir binationaux. Ce qui laisse totalement ouvertes les chances de paix satisfaisant les deux peuples, mais pas certains dirigeants rêvant d’un ‘’droit de retour’’ de « réfugiés » au sein même de l’Etat d’Israël afin, par la démographie, le transformer en un énième pays musulman.

De cela, non plus, le livre n’entretiendra pas son lecteur !

Ni, sans doute, sur les plans de paix proposés, malgré la ‘’dominance’’ de la mouvance des « colons » depuis 1967, par Ehud Barak en l’an 2000, ou encore par Ehud Olmert en 2008. Il y a seulement cinq ans ! Deux plans refusés par l’Autorité palestinienne car n’intégrant pas le retour de centaines de milliers de soi-disant « réfugiés » au sein de l’état juif ni la propriété totale et exclusive de la veille ville de Jérusalem.

Mieux ! Ce pamphlet accusateur ne rappellera sans doute pas qu’en 2009 Benjamin Netanyahou, alors tout juste devenu Premier ministre, a accepté le principe d’un état ‘’palestinien’’ suivi, en 2010, d’un moratoire de dix mois des constructions dans les implantations de la Judée et la Samarie.

Deux gestes forts de la part d’un politique sensé être un ‘’ auxiliaire de cette mouvance extrémiste’’ dominant la société israélienne ! Un ‘’complice’’ soutenu dans ses efforts, jusqu’à ce jour, par une très large majorité de celle-ci qui est prête à la solution de deux états pour deux peuples mais non pas à une capitulation aux oukases des amis d’Enderlin.

A n’en pas douter, suite à ces faits tangibles, factuels, nul ne pourra soutenir, sans se fourvoyer, la thèse que la « mouvance des colons » domine la société israélienne et empêche la paix d’advenir! Ni que l’idéologie fétide de gauche, systématiquement anti-israélienne, ne mène pas la ‘’réflexion’’ (avec guillemets) de Charles Enderlin.

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Charles Enderlin dément sur Amazon.fr avec véhémence n’avoir jamais été officier dans l’armée israélienne. Serait-ce une tare pour lui qui se targue d’avoir défendu son pays à maintes reprises ?

Voir aussi:

Les choix de France Info

Charles Enderlin : « En Israël, la droite religieuse gagne du terrain »

le Mardi 9 Avril 2013

En Israël, le paysage politique se transforme, sous l’influence de la religion. La référence biblique devient majeure dans le débat public. Elle influence le développement des colonies. Le journaliste Charles Enderlin a enquêté.

Charles Enderlin : enquête sur la droite religieuse en Israël

Charles Enderlin publie Au nom du Temple (Seuil). Selon lui, aucun doute: « Le conflit entre Israéliens et Palestiniens était territorial. Il est en train de devenir religieux ». Le journaliste analyse l’essor du messianisme juif, ce mouvement qui entend faire reposer la politique israélienne sur des fondements bibliques. Ce sionisme religieux existe depuis longtemps, mais il connaît un vif succès depuis quelques années.

De plus en plus d’Israéliens rêvent de reconstruire le Temple, détruit en 70 après JC, à l’emplacement du troisième lieu saint de l’Islam, l’esplanade des mosquées. Ils en font un symbole. Mais leur but est plus large, selon Charles Enderlin : « Occuper la terre d’Israël, créer des colonies, s’y installer le plus possible. Aujourd’hui, avec 350 000 Israéliens dans les colonies de Cisjordanie, la création d’un Etat palestinien indépendant sur ce territoire paraît quasiment impossible ».

Charles Enderlin observe une montée en puissance de cette tendance à la fois religieuse et politique. Le messianisme imprègne de plus en plus la société israélienne, initialement libérale : « Des études sociologiques montrent que 51% des Israéliens juifs pensent que le messie va arriver. Le grand débat politique, c’est : l’Etat doit-il être d’abord juif et ensuite démocratique ou bien démocratique et juif ? »

Voir également:

Livres

Engrenage de la non-paix au proche-orient

Critique: Victoire militaire d’Israël, la guerre des Six Jours marque aussi le début de la débâcle du sionisme laïc et socialiste.

Annettte Lévy-Willard

Libération

12 avril 2013

On le savait mais le livre de Charles Enderlin le rappelle avec force : le tournant dans l’histoire d’Israël a bien été cette année 1967, où l’Etat hébreu a gagné la guerre des Six Jours. Victoire militaire, victoire indispensable à la survie d’Israël, menacé de destruction par l’attaque des pays arabes voisins. Et, paradoxe, cette guerre gagnée va se transformer en défaite politique du sionisme laïc et socialiste des origines. Cette année-là, et au nom d’un «droit divin», la religion et l’occupation des territoires du «Grand Israël» vont peu à peu envahir – polluer – la vie politique israélienne.

En ce mois de juin 1967 donc, les soldats de Tsahal repoussent l’armée jordanienne, pénètrent dans la Vieille Ville de Jérusalem et pleurent en découvrant le vestige du Temple des Hébreux, détruit par Titus dix-neuf siècles plus tôt, le mur des Lamentations (ou mur occidental du Temple), où sont construits des lieux sacrés de l’autre monothéisme, la mosquée Al-Aqsa et le Dôme du Rocher. Les rabbins se précipitent pour récupérer le Mont du Temple, ce symbole de la «rédemption d’Israël».

A la tête des troupes israéliennes, le général et ministre de la Défense Moshe Dayan, est le héros de la guerre, et un laïc convaincu. Tout comme Theodor Herzl, l’inventeur du sionisme au XIXe siècle, pour qui «l’Etat des Juifs» n’est pas un Etat religieux : «Nous ne permettrons pas aux velléités théocratiques de nos chefs religieux d’émerger.» Laïc comme les premiers chefs de l’Etat hébreu, David Ben Gourion et Golda Meir. Ce jour-là, Dayan a le bon réflexe : il ordonne qu’on retire le drapeau israélien planté sur le Dôme du Rocher. «Nous ne sommes pas venus pour conquérir les lieux saints des autres ou restreindre leurs droits religieux, mais pour assurer l’intégrité de la ville et y vivre avec d’autres dans la fraternité», déclare-t-il à la radio israélienne.

Le lendemain, les soldats prennent la ville palestinienne de Hébron où seraient enterrés les patriarches de la Bible. Même ferveur messianique des religieux et même intervention ferme de Dayan : «C’est une mosquée depuis mille trois cents ans, les Juifs doivent se contenter de la visiter et de prier devant les tombes.» Le rabbin aumônier des armées refuse d’obéir : «Il n’y a pas ici de terre arabe, dit-il. C’est un héritage divin.»

Avec l’occupation de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie, de Gaza et du Golan, les organisations et partis annexionnistes et religieux font irruption sur la scène politique. Et ne cesseront de progresser. Ceux qui veulent garder le «Grand Israël» et construire un Etat religieux s’opposent aux Israéliens laïcs et modernes, qui reconnaissent la nécessité d’un Etat palestinien. Une bataille «Juifs contre Israéliens», disent les extrémistes religieux.

Le journaliste Charles Enderlin, correspondant à Jérusalem de France 2, a écrit de nombreux livres d’analyse politique sur la question de la paix au Proche-Orient. Dans Au nom du Temple, il retrace l’engrenage désespérant de la non-paix : la progression de la religion, les reculades des Premiers ministres, la colonisation… Avec près de 500 000 colons de l’autre côté de la ligne de 1967, la situation est-elle irréversible ? Ou Israël et le judaïsme résisteront-ils à l’appel du messianisme ?

Au nom du temple. Israël et l’irrésistible ascension du messianisme juif (1967-2013) de Charles Enderlin Seuil, 381 pp, 20 €.

Voir encore:

Au nom de la raison

François Clemenceau

Le Journal du Dimanche

14 avril 2013

Au nom du Temple, de Charles Enderlin, Seuil, 375 p., 20 euros.

C’est de nouveau un livre de mise en garde que vient de signer Charles Enderlin. Trois décennies de reportages pour France 2 à Jérusalem, d’enquêtes et de réflexions. En 2002, son Rêve brisé, deux ans après l’échec retentissant des accords de Camp David entre Ehoud Barak et Yasser Arafat, avait envoyé un premier message : la responsabilité du naufrage de la négociation n’était pas due uniquement au recul d’Arafat mais aussi à la partie israélienne qui n’était pas prête à la paix.

En 2006, dans Les Années perdues, son récit de la deuxième Intifada illustrait la volonté d’Ariel Sharon d’enfoncer le clou, de casser ce qui restait de l’Autorité palestinienne. Mais le fond de l’affaire est, selon lui, ailleurs. Dans la montée inexorable de l’extrême droite religieuse en Israël et sa volonté de moins en moins cachée de reprendre le mont du Temple. Pour démontrer sa thèse d’un messianisme continuel, Enderlin reprend l’histoire presque de zéro dans Au nom du Temple. Depuis 1967 et la guerre des Six-Jours, il raconte, documents à l’appui, comment l’alliance des colons et des religieux nationalistes a puissamment fait pression sur les gouvernements successifs de l’État hébreu pour annexer toujours davantage de terres arabes dans le seul but de reconquérir Jérusalem, tout Jérusalem, y compris ce Haram Al-Sharif, esplanade des mosquées qui domine le Mur des lamentations.

Défilent dans ces pages des portraits de rabbins enflammés, de colons armés, de dirigeants politiques pris au piège et, en creux, les contours d’une population israélienne otage de ses extrémismes. Dans cette chronologie, l’assassinat d’Yitzhak Rabin en novembre 1995 se lit d’un regard plus instruit. Depuis la percée aux élections de janvier du parti du Foyer juif, son leader Naftali Bennett est devenu un poids lourd du cabinet Netanyahou, lequel a toujours pensé et affirmé que « la Bible est le cadastre d’Israël ». De quoi s’interroger sur les chances du secrétaire d’État américain John Kerry de remettre le processus de paix sur les rails.

Voir de même:

« Au nom du Temple Israël et l’irrésistible ascension du messianisme juif, 1967-2013 »

Affaires stratégiques

3 mai 2013

Charles Enderlin, correspondant permanent de France 2 à Jérusalem dépuis 1981, répond aux questions de Pascal Boniface, directeur de l’IRIS, à l’occasion de la parution de son ouvrage « Au nom du Temple Israël et l’irrésistible ascension du messianisme juif, 1967-2013 » (Editions du Seuil, 2013).

Le titre de votre ouvrage signifie-t-il que pour vous les sionistes religieux et Jabotinsky, qui voulaient ériger un mur d’acier envers la population arabe ont gagné ?

Les faits sont là : depuis 1967, la guerre de Six jours et la conquête des territoires occupés, la droite nationaliste et le mouvement fondamentaliste messianique ont réussi à installer 360 000 colons en Cisjordanie avec un taux de croissance de 5%. Il est impossible d’en évacuer la plus grande partie. Souvenez-vous, il avait fallu 13000 militaires et policiers pour déménager les colons de Gaza. Or, aujourd’hui, rien que dans une colonie comme Beit El, près de Ramallah, on compte 8000 habitants… et il y a plus d’une centaine de colonies de ce genre au cœur de la Cisjordanie. Cela, sans parler des blocs urbains proches de la ligne verte. Il faut rappeler qu’actuellement plus de 40% des officiers d’infanterie sont des sionistes religieux dont un pourcentage important habite des colonies, certaines même « sauvages » non autorisées par le gouvernement israélien. Obéiront-ils à l’ordre d’évacuer leurs proches ?

Ce n’est pas tout, le problème qui a fait capoter les négociations de Camp David, en juillet 2000, est toujours là ! Jérusalem-Est, la vieille ville et le Haram Al Sharif, les saintes mosquées où se trouve aussi le mont du Temple, le lieu saint juif. Les Musulmans refusent d’accorder une forme quelconque de souveraineté à Israël et au Judaïsme dans ce qui est le troisième lieu saint de l’Islam… A Camp David, Ehoud Barak avait déclaré que c’était la pierre de fondation du sionisme et qu’aucun chef de gouvernement israélien ne saurait y renoncer. Selon tous les sondages, c’est également le point de vue de l’immense majorité des Israéliens. A priori, le sionisme religieux et Jabotinsky ont gagné. La solution à deux Etats a probablement vécu.

Vous estimez en citant Zeev Sternhell que la défaite de la gauche israélienne remonte au fait que Rabin n’a pas osé évacuer la colonie d’Hébron après le massacre de Goldstein qui a tué 29 Palestiniens et blessé 125, le 25 février 1994.

Yitzhak Rabin craignait un affrontement sanglant avec les colons qui menaçaient de s’opposer physiquement à l’évacuation de la colonie extrémiste située au cœur de Hébron. Il s’agissait de quelques dizaines de fidèles du rabbin raciste Meir Kahana, une mouvance à laquelle appartenait Godstein. Leur évacuation devait constituer un message important aux Palestiniens, au moment où, selon le Shin Beth, le Hamas préparait des attentats suicides en représailles au massacre du caveau des Patriarches. Selon le professeur Zeev Sternhell, « Si Israël avait évacué Hébron après le meurtre de Goldstein, les choses auraient tourné d’une autre manière. La droite aurait compris qu’elle avait en face d’elle une gauche capable de résister, alors qu’elle pensait toujours être intellectuellement, moralement, idéologiquement, beaucoup plus forte que la gauche. Quand Rabin a cédé face aux gens d’Hébron, il a apporté la preuve qu’ils avaient raison. Ce fut là le grand malheur de l’époque ».

L’année suivante, Shimon Pérès, a décidé de limiter les travaux de la commission d’enquête judiciaire sur les circonstances de l’assassinat de Rabin. Elle ne devait pas s’intéresser aux rabbins qui avaient, religieusement, condamné à mort le Premier ministre, pas à l’incitation à la violence de la droite… Pérès espérait ainsi obtenir le soutien de la droite religieuse modérée et conférer ainsi une certaine légitimité au processus d’Oslo. On connaît le résultat !

Politiquement, où en est le fondamentalisme messianique que vous décrivez ?

Ses représentants – du parti « La maison juive » – occupent des postes clés au gouvernement et à la Knesset. Naftali Bennet, le ministre de l’Economie et de l’Industrie, est un ancien président du conseil des colonies de même que Nissan Slomiansky qui dirige la commission parlementaire des finances. Ouri Ariel, colon, un des fondateurs du mouvement Goush Emounim – Le bloc de la foi-, a le portefeuille de l’Habitat. Au sein du Likoud, au moins un tiers des membres du comité central viennent des colonies de Cisjordanie. Moshé Feiglin, qui milite pour la reconstruction du Temple juif est député et vice président de la Knesset, etc. Dans mon livre, je définis le fondamentalisme messianique comme un mouvement révolutionnaire pour qui la fin justifie les moyens. Ses partisans ont infiltré tous les niveaux de l’administration israélienne et constitue aujourd’hui, un des principaux courants au sein de la société israélienne. Selon la sociologue Tamar Hermann, 51 % des Israéliens juifs croient en la venue du Messie. Parmi eux, il y a les religieux mais aussi des traditionalistes et des séculiers. 67 % d’entre eux croient encore que le peuple juif est le peuple élu… C’est le résultat de développements démographiques, mais aussi le résultat de l’influence croissante du discours sioniste religieux dans l’ensemble du système éducatif. La gauche sioniste, libérale, n’a pas réussi à combattre ces tendances.

Voir enfin:

.. Au nom du Temple : l’irrésistible ascension du messianisme juif en Israël, 1967-2013

Couverture du livre Au nom du Temple : l’irrésistible ascension du messianisme juif en Israël, 1967-2013

Auteur : Charles Enderlin

Date de saisie : 20/04/2013

Genre : Documents Essais d’actualité

Editeur : Seuil, Paris, France

Prix : 20.00 €

ISBN : 9782021044072

GENCOD : 9782021044072

Sorti le : 04/04/2013

Les présentations des éditeurs : 20/04/2013

Plongeant ses sources dans la haute antiquité biblique, le fondamentalisme messianique juif a pris son essor en juin 1967, après la conquête de la Cisjordanie et, surtout, du Haram Al-Sharif, le troisième lieu saint de l’Islam – là où se trouvent aussi les ruines du Temple d’Hérode, là où le patriarche Abraham avait prétendu sacrifier son fils Isaac.

Convaincus que le monde est entré dans l’ère eschatologique, les militants de ce mouvement religieux, allié à la droite nationaliste, s’opposent à toute concession territoriale, et a fortiori à la création d’un État palestinien souverain et indépendant. Les idéaux, la politique, les principes qui avaient inspiré le sionisme des origines, libéral et pragmatique, ont été, à mesure que progressait la pénétration du fondamentalisme juif dans la société israélienne, de plus en plus marginalisés.

Dans ce nouveau document d’enquête, Charles Enderlin décrit la lente diffusion de l’idée messianique et son corollaire, le développement de la colonisation juive en Cisjordanie, qui rend impossible toute solution à deux États. Un nouvel Israël est-il en train de naître, menant le Proche-Orient à un point de non-retour ?

Charles Enderlin est le correspondant permanent de France 2 à Jérusalem depuis 1981. Il est l’auteur d’une fameuse trilogie sur le conflit israélo-palestinien, publiée chez Fayard : Paix ou guerres (1997 et 2004), Le Rêve brisé (2002), 40.000 exemplaires vendus, Les Années perdues (2006). Puis, chez Albin Michel : Par le feu et par le sang (2008) et Le Grand aveuglement (2009). Ses livres sont pratiquement tous réédités au Livre de poche.

La revue de presse Annette Lévy-Willard – Libération du 11 avril 2013

On le savait mais le livre de Charles Enderlin le rappelle avec force : le tournant dans l’histoire d’Israël a bien été cette année 1967, où l’Etat hébreu a gagné la guerre des Six Jours…

Le journaliste Charles Enderlin, correspondant à Jérusalem de France 2, a écrit de nombreux livres d’analyse politique sur la question de la paix au Proche-Orient. Dans Au nom du Temple, il retrace l’engrenage désespérant de la non-paix : la progression de la religion, les reculades des Premiers ministres, la colonisation… Avec près de 500 000 colons de l’autre côté de la ligne de 1967, la situation est-elle irréversible ? Ou Israël et le judaïsme résisteront-ils à l’appel du messianisme ?

Les courts extraits de livres : 20/04/2013

Extrait de l’introduction

«Chaque fois qu’on introduit le messianisme en politique, les choses se gâtent. Cela ne peut mener qu’à la catastrophe.»

Gershom Scholem, 14 août 1980

Londres, juillet 1937. La commission d’enquête dirigée par sir Robert Peel publie son rapport sur la situation en Palestine à la suite de la révolte arabe. Elle propose la création de deux États. Les Juifs recevraient la plaine côtière à l’exception de Jaffa, de Gaza et de la Galilée. Les Arabes, le reste de la Palestine. Jérusalem et Bethléem formeraient une enclave sous mandat britannique.

Pour la première fois depuis sa création, à la fin du XIXe siècle, le mouvement sioniste doit maintenant clairement définir son objectif final. Quelle sera la nature de l’État qu’il entend édifier ? S’agit-il de transformer le Juif diasporique en un citoyen responsable dans le cadre d’une communauté unie autour de principes, d’idéaux et d’une tradition issue de l’histoire biblique – la question de l’étendue de son territoire et de ses frontières étant alors secondaire ? Serait-ce plutôt l’aboutissement de l’aspiration millénaire du peuple juif à retrouver ses racines, à libérer la Terre d’Israël et renouer avec l’aventure biblique ? L’État, dans ce cas, ne serait qu’un moyen pour y parvenir, pas un but en soi.

A Zurich, un mois plus tard, le XXe Congrès sioniste s’ouvre dans une atmosphère tendue. David Ben Gourion, qui dirige l’Agence juive, est favorable au partage de la Palestine sans pour autant renoncer à l’idée du droit historique des Juifs sur la Terre d’Israël, fondement du mouvement sioniste. Mais, à ses yeux, il convient d’être réaliste. Seuls l’immigration, le développement économique, la force militaire et d’éventuelles négociations avec les pays arabes détermineront, pense-t-il, les frontières du futur État. Il l’explique en ces termes, dans une lettre adressée à son fils Amos :

«La création d’un État, même limité, servira de levier puissant pour nos efforts en vue de délivrer la terre dans son ensemble. Nous amènerons dans cet État le plus possible de Juifs. Plus de deux millions, pensons-nous. Nous créerons une économie diversifiée, fondée sur l’agriculture, l’industrie, la mer. Nous mettrons sur pied une force de défense, une armée exemplaire, je n’ai pas le moindre doute là-dessus. Ensuite, j’en suis certain, cela ne nous empêchera pas de nous installer sur les autres parties du pays, que ce soit dans le cadre d’un accord et d’une entente avec nos voisins arabes ou d’une autre manière. […]»…

L’opposition à cette stratégie est quasi générale. Plusieurs dirigeants travaillistes, parmi lesquels Golda Meyerson (Meir), futur Premier ministre d’Israël, et Yitzhak Tabenkin, qui prône l’instauration du socialisme sur l’ensemble de la Terre d’Israël, sont convaincus que Robert Peel veut imposer au mouvement sioniste qu’il accepte la formation d’un État croupion et ils rappellent la promesse faite en 1917 par lord Balfour : «Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un Foyer national pour le peuple juif, et il emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui porte atteinte aux droits civils et religieux des communautés non juives de Palestine ainsi qu’aux droits et aux statuts politiques dont les Juifs jouissent dans les autres pays.»

Voir par ailleurs:

Enderlin-Al-Dura : une histoire française

France Télévisions a instrumentalisé la justice pour faire obstacle à la vérité

 Luc Rosenzweig

25 Février 2013

Lundi 16 janvier, devant la 11e chambre de la Cour d’appel de Paris, se tenait, pour la troisième fois, une audience où Charles Enderlin et France Télévisions demandaient à la justice française de condamner Philippe Karsenty, directeur de Médias-Ratings, un site web de notation des médias, pour diffamation dans l’affaire Al-Dura. Karsenty a mis en cause l’authenticité d’un reportage diffusé dans le JT de France 2, le 30 septembre 2000, dans lequel Charles Enderlin, directeur du bureau de France 2 à Jérusalem, commentait des images filmées à Gaza par le cameraman palestinien Talal Abou Rahma, collaborateur habituel de la chaîne publique française. Dans le commentaire, Charles Enderlin affirme que ces images montrent la mort d’un enfant, Mohammed Al-Dura, victime de tirs de l’armée israélienne alors que son père, Jamal aurait, lui, été grièvement blessé.

Cette nouvelle audience devant la Cour d’appel de Paris faisait suite à l’annulation, par la Cour de cassation, de l’arrêt de cette même Cour d’appel, laquelle, en mai 2008, avait relaxé Philippe Karsenty du chef de diffamation, infirmant ainsi un premier jugement prononcé en sa défaveur par le tribunal de grande instance de Paris.

Quoique parfaitement fondé en droit, le motif de la cassation est pour le moins étonnant pour ceux qui se soucient de l’établissement de la vérité dans cette interminable affaire. La Cour a en effet considéré que l’arrêt de la présidente de la Cour d’appel ordonnant à France Télévisions de mettre à la disposition de la Cour les « rushes » (les images tournées, mais non diffusées) du reportage contesté était en contradiction avec les procédures judiciaires en matière de diffamation. Il appartient en effet au prévenu, et à lui seul, d’apporter à la justice les preuves et documents pouvant attester de sa bonne foi et de la véracité des accusations portées.

C’est pourtant cette divulgation publique qui permit, dans les mois qui suivirent, d’établir « beyond reasonable doubt » comme diraient les Américains, que ce reportage était une supercherie, voire une mise en scène pure et simple. C’est pourquoi, au cœur de ce deuxième procès en appel, Charles Enderlin et France 2 n’ont pas plaidé sur la véracité des faits rapportés, mais sur le fait que Philippe Karsenty, au moment où, en novembre 2004, il portait de graves accusations contre France 2, Charles Enderlin et Arlette Chabot, directrice de l’information de la chaîne publique, ne répondait pas aux critères pouvant excuser la diffamation, notamment en matière d’enquête sérieuse et de prudence dans la formulation. Comme ces subtilités sont difficilement perceptibles par le grand public, une condamnation définitive de Karsenty permettrait à Enderlin et à France 2 de clamer que l’affaire est close, et que la vérité des faussaires est devenue vérité judiciaire. Il n’en est évidemment rien, et c’est avec une parfaite placidité que je peux, aujourd’hui, réaffirmer que Charles Enderlin et France 2 se sont rendus complices d’un bidonnage éhonté commis par leur cameraman de Gaza, dont les conséquences furent dramatiques1 [1]. Je suis certain que France 2 ne poursuivra plus aucun de ceux qui partagent ce point de vue, comme la documentariste allemande Esther Schapira, le philosophe Pierre-André Taguieff2 ou tous ceux qui s’apprêtent à publier de nouveaux ouvrages ou à réaliser de nouveaux documentaires sur la question. Car l’affaire a tellement évolué, grâce notamment à la persévérance de Philippe Karsenty, que désormais tout procès en diffamation serait perdu par la chaîne publique. C’est pourquoi, pour les faussaires et leurs complices, il est essentiel d’obtenir, le 3 avril, un arrêt de la Cour d’appel en leur faveur. Cela leur permettra de continuer à s’appuyer sur la justice française pour empêcher l’émergence, en France, d’une vérité déjà largement admise dans d’autres pays, notamment en Israël, aux États-Unis et en Allemagne.

Pour avoir été, depuis mai 2004, partie prenante du débat sur ce sujet, j’ai pu observer comment Charles Enderlin et France 2 ont mis toute leur énergie à empêcher la vérité de surgir en instrumentalisant sans vergogne la justice française.

La mise en cause du reportage de France 2 commença, quelques semaines après sa diffusion, par une enquête lancée à la demande du général Yom Tov Samia, alors commandant les forces engagées à Gaza. Cette enquête, à laquelle participa le physicien israélien Nahum Shahaf, mit en lumière quelques éléments invalidant la thèse d’Enderlin, concernant notamment la provenance des tirs ayant prétendument tué l’enfant et grièvement blessé le père, et l’heure auquel le drame était censé s’être déroulé. À la suite de ces premières révélations, d’autres personnes enquêtent : le journaliste américain James Fallows, du prestigieux mensuel Atlantic Monthly, la documentariste allemande Esther Schapira, l’universitaire américain Richard Landes et le site d’information francophone israélien Mena, dirigé par Stéphane Juffa. Tous parviennent à la conclusion que la version présentée par France 2 ne tient pas. En 2003, un psychanalyste français, Gérard Huber, correspondant en France de la Mena, publiait un livre intitulé Contre-expertise d’une mise en scène qui synthétise tous les arguments étayant la thèse de la supercherie.

Le doute commence à se propager, et des journalistes reconnus sur la place de Paris se posent des questions. Raison pour laquelle la direction de France 2 invite trois d’entre eux, dont l’auteur de ces lignes, à visionner les « rushes » de Talal Abou Rahma au siège de la chaîne. Le principal effet de cette séance est de mettre en lumière les incohérences, contradictions et mensonges de Talal Abou Rahma et de Charles Enderlin dans leur défense de l’authenticité des faits rapportés. Au lieu d’accepter ma suggestion de mettre un terme définitif aux interrogations de ceux qui doutent en demandant à Jamal Al-Dura de se soumettre à une expertise médico-légale indépendante, France 2 envoie Talal Abou Rahma filmer les cicatrices, bien réelles, que le père de l’enfant prétendu mort porte sur tout le corps. Ces images seront présentées à la presse lors d’une projection d’où sont exclus tous les médias jugés défavorables à la thèse de France 2. On verra plus loin que ce film, qui persuada la plupart des journalistes présents de la bonne foi de France 2, allait se retourner contre elle. Sûre de son fait, la chaîne publique se lance alors dans un combat judiciaire pour écraser définitivement ses contradicteurs. France 2 cependant, n’attaque pas en diffamation ceux qui sont directement à l’origine de sa mise en cause : la Mena, Gérard Huber ou Esther Schapira, qui, dans un premier film, conclut que l’enfant est bien mort, mais exonère les soldats israéliens de la responsabilité de ce drame. Elle choisit, à dessein, de traîner devant les tribunaux des sites internet qui n’ont fait que reprendre ces informations. Ce choix n’est pas le fruit du hasard, mais vise à éviter que le tribunal reconnaisse aux critiques de Charles Enderlin l’excuse de la bonne foi et d’un travail d’enquête réel. Dans la ligne de mire de la chaîne se trouvent Pierre-Itzhak Lurçat, un Franco-Israélien qui anime le site de la Ligue de défense juive, Charles Gouz, un médecin retraité qui dirige le site Désinfos.com, et Philippe Karsenty de Médias-Ratings. Le premier est relaxé pour des raisons de procédure : il n’a pas pu être établi qu’il était l’administrateur du site concerné. En revanche, Charles Gouz et Philippe Karsenty sont condamnés en dépit d’une demande de relaxe de l’avocat général, le tribunal estimant que les critères juridiques de la diffamation s’appliquent en la matière : enquête insuffisante, manque de prudence dans la formulation etc…En prime, le tribunal avalise le refus de France 2 de rendre publics les « rushes » du cameraman sous le fallacieux prétexte de la protection des sources, totalement inadéquat en l’espèce. Forte de ses condamnations, France 2 mobilise alors le ban et l’arrière-ban de la profession pour dénoncer la « campagne de calomnies » dont serait victime son correspondant à Jérusalem.

La Cour d’appel, en 2008, infirme le jugement, et c’est ce qui permet, pour la première fois, à tout un chacun de se faire une idée de ce qui s’est réellement passé le 30 septembre 2000, au carrefour de Netzarim. Des experts en balistique et de médecine légale, totalement indépendants, à qui les images sont projetées, concluent que la version présentée par Enderlin est contraire à toute vraisemblance (absence de sang sur les vêtements des victimes, impossibilité que les traces de balles sur le mur puissent provenir de la position israélienne etc.). De plus, après avoir longuement hésité à rompre le secret médical, un chirurgien israélien déclare que les cicatrices présentes sur le corps de Jamal Al-Dura sont la conséquence de blessures à l’arme blanche subies par ce dernier lors d’une rixe à Gaza en 1994, et de l’intervention chirurgicale qu’il avait réalisée pour greffer des tendons sur sa main. Le CRIF, resté jusque-là très en retrait dans cette affaire, interpelle alors France 2 et le CSA pour que la lumière soit faite au plus vite. Il y a donc le feu à la maison France 2, et son président d’alors, Patrick de Carolis, accepte une médiation entre la chaîne publique et le CRIF, confiée à la LICRA. Celle-ci propose de faire venir Jamal Al-Dura à Paris pour qu’il se soumette à une expertise médico-légale confiée à des médecins légistes désignés par les deux parties.

Dans un premier temps, Charles Enderlin se réjouit, sur son blog, de cette initiative, dont il affirme qu’elle lui rendra, enfin, justice. Les semaines et les mois passent, et France 2, qui était chargée d’organiser le voyage en France de Jamal Al-Dura, est aux abonnés absents. Interrogés par Richard Prasquier, président du CRIF, les dirigeants de France Télévisions répondent que le blocus de Gaza par Israël empêche Jamal Al-Dura de se rendre à Ramallah, en Cisjordanie, pour renouveler son passeport périmé. Cette version est immédiatement contredite par le ministère israélien des Affaires étrangères qui se dit prêt à accorder, à tout moment, un sauf-conduit à Jamal Al-Dura pour se rendre à Ramallah, et une autorisation de prendre l’avion pour Paris à l’aéroport de Tel Aviv. Quelques jours plus tard, on apprend que Jamal Al-Dura, de sa propre initiative (!) a décidé de porter plainte en diffamation contre Actualité juive, un hebdo communautaire paraissant à Paris, qui avait publié un entretien du Dr Yehuda David, réalisé par Clément Weill-Raynal, rédacteur en chef adjoint à France 32 [2]. Cela fournit à France 2 un nouveau prétexte − « ne pas interférer dans une procédure en cours » − pour se tirer du mauvais pas de l’accord passé avec le CRIF. Cela permet surtout de gagner du temps, en attendant que la Cour de cassation se prononce sur l’arrêt de la Cour d’appel favorable à Philippe Karsenty. Parallèlement, France Télévisions exerce des pressions sur l’ARD, première chaîne de télévision allemande, pour qu’elle renonce à la diffusion et à la vente à l’étranger du nouveau film d’Esther Schapira, qui conclut, cette fois-ci, à la très grande probabilité d’une mise en scène de la mort d’un enfant. France Télévisions menace même de rompre ses accords de coopération avec l’ARD. Contrairement à la plupart des médias français, la télévision allemande ne se laisse pas intimider, diffuse le film, et le vend dans plusieurs pays, dont Israël.

Nous en sommes là. L’opinion publique s’est, depuis longtemps, désintéressée de l’affaire. Les juges de la Cour d’appel de Paris pourront, certes, infirmer l’arrêt de leurs collègues en se drapant dans une interprétation littérale du droit en matière de diffamation. Summum jus, summa injuria (« Justice excessive devient injustice ») disaient sagement les Anciens. Sur l’attitude de France 2, et de l’ensemble des appareils de pouvoir venus à sa rescousse, l’Histoire jugera.

Douze années de polémiques…

30 septembre 2000. France 2 diffuse, au « 20 heures », un reportage, commenté par Charles Enderlin, semblant montrer la mort d’un enfant palestinien, Mohammed Al-Dura, tué intentionnellement par des balles de l’armée israélienne dans les bras de son père.

3 octobre 2000. Talal Abou Rahma, le cameraman, déclare sous serment au « Palestinian Centre for Human Rights » de Gaza que les Israéliens ont tué l’enfant intentionnellement.

4 octobre 2000. Jamal Al-Dura est hospitalisé à l’hôpital d’Aman, où il recevra la visite du roi de Jordanie.

12 octobre 2000. Deux réservistes israéliens égarés à Ramallah sont lynchés aux cris de « Vengeance pour Al-Dura ! ».

19 octobre 2000. Le chercheur israélien Nahum Shahaf demande, en vain, l’accès aux « rushes » de France 2.

25 octobre 2000. Dans Télérama, Charles Enderlin affirme avoir coupé l’agonie de l’enfant au montage.

Février 2002. Le journaliste du Wall Street Journal, Daniel Pearl, est décapité pour venger la « mort » du petit Mohammed.

18 mars 2002. La chaîne publique allemande ARD diffuse Drei Kugeln für ein todes Kind (« Trois balles pour un enfant mort ») d’Esther Schapira.

Janvier 2003. Gérard Huber publie, aux éditions Raphaël Contre-expertise d’une mise en scène.

Octobre/décembre 2003. Richard Landes, professeur à l’université de Boston, rencontre Charles Enderlin qui lui permet de visionner les « rushes ».

21 octobre 2004. Daniel Leconte, Denis Jeambar et Luc Rosenzweig visionnent les « rushes » avec Arlette Chabot.

18 novembre 2004. Arlette Chabot organise une conférence de presse pour communiquer ses « preuves ».

22 novembre 2004. Philippe Karsenty, de Media-Ratings déclare : « Arlette Chabot et Charles Enderlin doivent être démis de leurs fonctions immédiatement. »

19 octobre 2006. Philippe Karsenty est condamné pour diffamation contre France 2 et Charles Enderlin, bien que le procureur ait demandé sa relaxe. Philippe Karsenty fait appel.

10 septembre 2007. L’armée israélienne envoie une demande officielle à France 2 « en vue de communication des rushes ».

19 septembre 2007. Ouverture du procès en appel en diffamation intenté par France 2 et Charles Enderlin contre Philippe Karsenty.

3 octobre 2007. La présidente de la Cour, Laurence Trébucq, ordonne officiellement à France 2 de présenter les « rushes ». Charles Enderlin et France 2 se pourvoient en cassation.

12 décembre 2007. Le Dr Yehuda David révèle que les cicatrices de Jamal Al-Dura ne datent pas du 30 septembre 2000.

21 mai 2008. Philippe Karsenty gagne en appel le procès pour diffamation intenté par France 2 et Charles Enderlin contre lui.

27 mai 2008. Le Nouvel Observateur publie la pétition « Pour Charles Enderlin ».

Juin 2008-septembre 2008. Le président du CRIF, Richard Prasquier, obtient de France Télévisions la création d’une commission d’enquête, mais elle ne verra jamais le jour…

4 mars 2009. La chaîne publique allemande ARD diffuse un nouveau documentaire d’Esther Schapira, L’Enfant, la mort et la vérité, qui démonte la mise en scène diffusée de France 2.

14 juillet 2009. Bernard Kouchner, alors ministre des Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy, fait attribuer la Légion d’honneur à Charles Enderlin.

Mai 2010. Pierre-André Taguieff publie, aux PUF, La Nouvelle propagande antijuive qui consacre 100 pages à l’affaire Al-Dura.

7 Octobre 2010. Charles Enderlin publie un livre sur l’affaire Al-Dura : Un enfant est mort.

21 octobre 2010. Le bureau du Premier ministre israélien émet un communiqué contredisant la version de France 2.

28 février 2012. La Cour de Cassation annule la relaxe de Philippe Karsenty, contre l’avis de l’avocat général, et ordonne que l’affaire soit rejugée par la Cour d’appel de Paris.

16 janvier 2013. Lors du nouveau procès en appel, le procureur « s’en remet à la sagesse de la Cour », qui prononcera son arrêt le 3 avril 2013.

La diffusion de ces images provoqua, début octobre 2000, des émeutes dans les villages arabes d’Israël, qui provoquèrent 13 morts, et servirent de prétexte aux djihadistes pakistanais pour exécuter, devant une caméra, le journaliste américain Daniel Pearl. ↩ [3]

Yehuda David et Clément Weill-Raynal ont été condamnés en première instance. La Cour d’appel relaxe Yehuda David, mais maintient, sur un point de détail, la condamnation de Clément Weill-Raynal, qui s’est pourvu en cassation. ↩ [4]

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[1] 1: #fn-21398-1

[2] 2: #fn-21398-2

[3] ↩: #fnref-21398-1

[4] ↩: #fnref-21398-2

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Voir enfin:

Un oeil borgne sur la planète

Guy Millière

Drzz.fr

Une émission d’incitation à la haine sur France 2

Je m’attendais à une belle émission, et ce fut effectivement une belle émission. J’aimerais en voir plus souvent de semblables. Cela me permettrait de devenir un bon antisémite français.

L’émission s’appelait Un œil sur la planète : pour cette fois, l’expression appropriée aurait été un œil borgne sur la planète. D’ailleurs, je pense que c’est l’explication fondamentale.

Les journalistes qui font l’émission sont borgnes, ce qui les empêche de voir une bonne partie de la réalité qui les entoure. Ils sont aussi en partie sourds, car il est des mots qu’ils n’entendent pas.

Ils sont tellement ignorants en histoire qu’ils ont dû retripler leur sixième et rater leur bac à vingt cinq ans.

Ils souffrent aussi de déficiences mentales assez marquées, car lorsque leur interlocuteur les prend pour des imbéciles, ils montrent avec un sourire niais que l’interlocuteur concerné a raison.

Le sujet était la création de l’Etat palestinien. Tous les Palestiniens montrés étaient des gens doux et gentils qui souffraient sans cesse pour toutes les raisons imaginables, à croire qu’ils étaient atrocement persécutés par de monstrueux sadiques appelés les Juifs, parfois, les Israéliens.

Certains de ces gens doux et gentils rejoignaient des groupes armés désireux de tuer les monstrueux sadiques d’en face, ces sales Juifs, et il était fatal, à l’évidence, que des gens doux et gentils en arrivent là : quand la souffrance devient insupportable et quand les persécutions atroces durent trop longtemps, même le plus doux des agneaux peut se mettre à crier et à se rebeller.

On a montré Gaza enfermé entre de hauts murs par les Juifs. On a dit que les Juifs ne voulaient pas que les terres soient cultivées sur une bande de trois cent mètres le long de la frontière, juste pour empêcher des agriculteurs de planter des légumes et pour faire mourir de faim des familles entières.

On a montré les tunnels de contrebande vers l’Egypte et pas longtemps après, dans un centre commercial, le seul escalator de Gaza, flambant neuf. Ils sont vraiment forts les Palestiniens doux et gentils. Ils ont réussi à faire passer un escalator par des tunnels d’un mètre de large.

On a évoqué les tirs de roquettes sur Gaza, mais on a expliqué que ces tirs se faisaient en représailles aux tirs des Juifs, qui, semble-t-il tirent sur des Palestiniens doux et gentils de Gaza rien que pour le plaisir.

Il y a eu un beau passage sur la Judée-Samarie, expliquant que les Juifs coupent l’eau aux Palestiniens qui, sans cela, cultiveraient tellement que la région serait aussi prolifique et féconde que la Beauce. Les Juifs empêchent les cultivateurs de cultiver et veulent faire mourir de soif les gens doux et gentils : une honte.

Et le journaliste croit savoir qu’avant les Juifs, la Judée-Samarie était verdoyante. J’attendais des photos de la Judée-Samarie verdoyante d’avant les Juifs. Il semble que le journaliste ne les ait pas trouvées.

Bien sûr, le mur a été évoqué.

Et là, les Juifs ont construit un mur enfermant les gens doux et gentils d’un côté du mur tout en laissant le jardin que les gens doux et gentils cultivent de l’autre côté du mur.

Du pur sadisme. Il n’a pas été question d’attentats ou de terrorisme, car, comme chacun le sait, il n’y a jamais eu d’attentats ou de terrorisme. S’il y en avait eu, le journaliste l’aurait dit.

On a vu Ramallah, belle, propre, neuve, avec une police souriante et scrupuleuse, des services administratifs qui fonctionnent. On donnerait un Etat les yeux fermés à ces gens là. Surtout lorsqu’on est borgne et qu’on ne demande pas pourquoi toutes les rues ont des noms de terroristes ou d’auteur d’attentat suicide.

On a vu Hebron et les humiliations incessantes que des Juifs colonisateurs font subir aux gens doux et gentils. On n’a pas entendu parler des gens assassinés ou égorgés par des gens doux et gentils, sans doute parce que des Juifs assassinés, cela n’existe pas non plus.

On a appris que Jérusalem Est était très largement colonisée, que des Juifs y démolissaient cyniquement des maisons de gens doux et gentils, et qu’on y construisait des maisons pour les Juifs. Quels gens répugnants, ces Juifs !

On a vu des gens dans un camp de réfugiés au Liban, et ces gens souffrent aussi énormément à cause des Juifs : les Juifs les ont chassés de chez eux en 1948, le droit international, a dit le journaliste, leur donne le droit de rentrer chez eux, mais comme les Juifs violent sans cesse le droit international, ils doivent pendre au mur la clé de leur maison que des Juifs occupent indûment.

Le fait que les Arabes palestiniens n’ont pas le droit de s’intégrer à la société libanaise a été évoqué par quelqu’un qui a dit que c’était parce qu’il fallait d’abord libérer la Palestine. Le journaliste a trouvé l’explication convaincante.

C’est vrai, quoi ! Si on ne peut pas faire revenir cinq millions de personnes qui n’ont jamais mis les pieds en Israël, et dont l’arrière grand père est parti sur ordre des autorités arabes, pour quinze jours, le temps que tous les Juifs soient massacrés, c’est injuste !

Est-ce de la faute de ces gens si les Juifs n’ont pas été tous massacrés ! Les Juifs se sont défendus : c’est dire à quel point ils sont ignobles.

On a très peu vu Israël : l’œil borgne n’a pas vu qu’Israël existait, et il a préféré ne pas voir. Cela aurait été risqué pour lui de se promener au milieu de Juifs, ces gens sont si méchants ! Pas étonnant si Hitler les détestait !

Se disant qu’il devait quand même équilibrer son discours, le journaliste a rencontré, pour une minute trente Uzi Landau, ministre du gouvernement israélien. Il n’a pas pu tenir davantage qu’une minute trente : une minute trente de vérité après une dose intensive de mensonges, c’est dangereux pour le rythme cardiaque, surtout chez les borgnes.

On a aperçu Charles Enderlin, dont la réputation n’est plus à faire. Et on a eu dix minutes d’interview d’Avraham Burg qui a pu dire amplement que le gouvernement présent d’Israël pratique l’apartheid, est composé de racistes et de gens d’extrême-droite.

Pour de l’information, çà c’est de l’information.

Le dernier volet était consacré aux Etats-Unis : comment se fait-il que le peuple américain aime tant les Juifs et Israël ? Comment se fait-il que tant d’hommes politiques américains soutiennent Israël ? Le journaliste l’œil borgne n’a pas tardé à trouver la réponse : le lobby juif, bien sûr. L’argent juif qui va de pair avec le lobby juif.

Ces sales juifs achètent les hommes politiques qui sont, bien sûr, très corrompus et vendus au pouvoir juif. Ils placent des journalistes juifs dans les médias, et dans ces conditions, comment voudriez-vous que l’information soit aussi bien faite qu’en France ?

Et puis il y a des Chrétiens qui ne sont pas antisémites, et qui sont même tout le contraire, et qui parlent avec déférence du peuple juif comme du peuple élu pour apporter au monde le message de Dieu. Et ces Chrétiens sont influents.

Le peuple américain est sous influence juive et chrétienne. Il est composé de gens qui ne sont pas capables de penser par eux-mêmes et qui n’ont pas les bonnes informations.

Obama a fait son possible, et a dénoncé Israël dans son discours au Caire, ce qui a beaucoup plu aux musulmans et, a dit le journaliste, a été un pas en avant en direction de la paix, mais Obama n’a pas pu poursuivre dans cette direction. Pourquoi ? Demandez au lobby juif.

Les explications finales ont été fournies par un ami d’Ismael Haniyeh, Jimmy Carter, qui lui aussi a parlé d’apartheid israélien, puis par deux auteurs antisémites, auteurs d’un best seller qui s’est bien vendu en France : The Israel Lobby, Stephen Walt et John Measheimer, qui ont expliqué à quel point le soutien américain à Israël était irrationnel, et que c’est à cause de ce soutien irrationnel que tout le terrorisme islamique existait sur la planète, y compris les attentats du onze septembre.

Une superbe explication. Très convaincante.

Sans le soutien américain à Israël, plus d’Israël, donc plus de problèmes. Les musulmans du monde entier se comporteraient comme des moines bouddhistes. Les gens doux et gentils du Moyen Orient n’auraient plus à souffrir.

Et c’est vrai : si Israël n’existait pas et si les Etats-Unis ne soutenaient pas Israël, il ne se serait rien passé le onze septembre.

Je savais bien que le onze septembre, c’était à cause d’Israël ! J’y vois enfin clair. Et je sais aussi que si Hassan el-Banna a fondé les Frères musulmans en 1928, c’est parce qu’Israël a été fondé en 1948. C’est logique.

Dans un prochain documentaire que j’attends avec impatience, on m’expliquera sans doute que Syed Ahmad Shaheed, djihadiste des années 1820 en Inde était devenu djihadiste à cause de la création d’Israël en 1948.

Ce fut une belle émission, oui.

Réflexion faite, je me passerai d’en voir de semblables. Mais c’est à force de faire des émissions de ce genre que l’antisémitisme remonte en France, dans le sillage de la haine d’Israël. France 2 fait partie du service public.

Les missions du service public ne me semblaient pas inclure l’incitation à la haine, la propagation de l’antisémitisme et la falsification de l’histoire. Mais c’était avant qu’on embauche dans le service public des journalistes borgnes, en partie sourds, déficients mentalement et ignorants en histoire.

Je leur enverrais bien le prochain livre que je publie, début novembre, vu le titre, « Comment le peuple palestinien fut inventé », je suis certain qu’il va leur plaire.

3 Responses to Journée de Jérusalem/46e: Au nom du mensonge (Enderlin and the irresistible ascension of anti-jewish ideology)

  1. jcdurbant dit :

    ENDERLIN LE FAUSSAIRE CONFIRME LE BON CHOIX DE TRUMP

    Je suis pressé de prendre mes fonctions depuis la capitale éternelle d’Israël.

    David Friedman

    Trump nomme David Friedman ambassadeur en Israël. Fiddèle soutien de la colonisation. L’ambassade doit passer à Jérusalem

    Charles Enderlin

    https://ledesk.ma/2016/12/16/david-friedman-lambassadeur-dextreme-droite-de-donald-trump-en-israel/

    J’aime

  2. jcdurbant dit :

    PERSONNEL IS POLICY

    “Personnel is policy because you can’t have Reaganism without Reaganites. Unless the personnel changes, we’e going to have policy different from that Ronald Reagan promised us.”

    Richard Viguerie

    Asked the other day if he was more concerned with personnel than policy, Lofton (John D. Lofton Jr.—ed.) said, “We believe personnel is policy.”

    http://www.barrypopik.com/index.php/new_york_city/entry/personnel_is_policy

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