Terrorisme: L’incroyable aveuglement occidental devant la véritable horreur de ce que peut produire l’effacement des cultures traditionnelles (Last bang before the whimper ? : Why Israeli-Palestinian peace is not for tomorrow)

https://i0.wp.com/www.undergroundvoices.com/ApocalypseNOV2011.jpgTravaillons donc à bien penser : Voilà le principe de la morale. Blaise Pascal
C’est ainsi que finit le monde pas sur un boum mais sur un murmure. TS Eliot
C’est quand les phénomènes vont mourir qu’ils s’exaspèrent. René Girard
Le « bazar » qu’est Al-Qaida – on ne peut en effet plus y distinguer une quelconque structure hiérarchique – est composé d’un cercle mondial de personnes qui commettent des attentats tout simplement nihilistes, puisqu’on ne décèle plus aucun objectif définissable pour lesquels ces acteurs se battent. (…) Ces gens sont complètement détachés des conflits: il s’agit d’une secte ou du moins d’une entité qui a le bagage idéologique d’une secte. Ce qui est dangereux, c’est qu’Internet permet justement à ces fanatiques de se regrouper, de s’organiser et de s’auto-encourager. (…) Al-Qaida est devenue une sorte d’agrégat dans lequel les relations personnelles avec les cadres ne sont plus nécessaires: il s’agit d’une pure idéologie, une idée selon laquelle le monde doit être « nettoyé » des infidèles et qu’il est en guerre, même dans des régions comme Casablanca, Madrid, Paris ou Londres où les gens n’ont pas le sentiment de vivre dans une situation de conflit. Si l’on considère Mohammed Siddique Khan et son message vidéo, on n’a l’impression qu’il se trouvait dans un autre pays qui s’appellerait par hasard « Angleterre ». Le monde est en guerre, et il s’agit de continuer la lutte. Ces gens sont complètement détachés des conflits: il s’agit d’une secte ou du moins d’une entité qui a le bagage idéologique d’une secte. Ce qui est dangereux, c’est qu’Internet permet justement à ces fanatiques de se regrouper, de s’organiser et de s’auto-encourager. (…) Les kamikazes de Casablanca, par exemple, sont allés à pied pour rejoindre le lieu de leur attentat: ils n’avaient pas les moyens de payer un taxi. Comment s’imaginer alors qu’ils aient eu suffisamment d’argent pour entreprendre un voyage en Irak? Je crois qu’il s’agit d’une erreur d’affirmer que les attentats d’Al-Qaida soient liés à une notion de territoire. Même en Irak, on observe depuis environ une année des combats massifs entre la résistance sunnite et des militants qui se sont établis comme Al-Qaida, du fait que sur place, Al-Qaida a assassiné tellement de sheiks, de personnalités locales dans les cercles radicaux que même leurs alliés se sont retournés contre eux plutôt que de perpétrer des attentats sur les Américains.(…) L’attentat-suicide constitue l’ultima ratio de la lutte, mais peut perdre sa valeur s’il est utilisé de manière indiscriminée, comme ce fut le cas durant la guerre Iran-Irak où des centaines de milliers d’enfants ont été envoyés à la mort. Dans ce dernier cas, presque la moitié des familles des quartiers pauvres de Téhéran pourraient prétendre au titre de familles de martyrs. Mais cela crée des conflits puisqu’il n’y pas assez d’argent et qu’il est difficile d’honorer la mémoire de 50.000 personnes chaque année, alors que dans le cas du LTTE et du Hezbollah, il existe des reliquaires pour les martyrs dont on fête l’anniversaire et dont on se souvient. Mais cela ne peut fonctionner que si l’on sacrifie une trentaine de personnes en l’espace de 25 ans, comme dans le cas du Hezbollah. Ce qui se passe en Irak est lié à la désintégration générale d’Al-Qaida. (…) Dans le cas d’Al-Qaida et de sa façon arbitraire et indiscriminée de frapper, ceci aura probablement pour conséquence que l’attrait de l’attentat-suicide va diminuer. On a assisté à un phénomène similaire en Iran après les vagues de kamikazes durant le conflit avec l’Irak: il n’y a plus jamais eu de kamikazes iraniens du fait que la valeur du phénomène a été complètement dévaluée. On peut observer une baisse de l’attrait, mais dans une proportion moindre, dans la société palestienne, où l’on a assisté à d’énormes fluctuations que ce soit au niveau de l’approbation des attentats ou de leur nombre. Par exemple, après le début de la seconde Intifada, les attaques étaient presque quotidiennes, alors que maintenant où l’on assiste à une certaine lassitude, leur nombre a baissé de manière drastique. Dans le cas d’Al-Qaida, cette « réaction à retardement » fonctionne de manière ralentie puisqu’il ne s’agit pas d’un groupe militants limité, mais de ce qu’on pourrait qualifier de « crème de la crème » des ultra-radicaux de toutes les sociétés musulmanes.(…) Il y aura peut-être un problème avec ce qu’on appelle « Al-Qaida », du fait qu’elle opère comme une secte isolée et que malgré son manque de succès, elle trouvera toujours des gens pour se faire sauter, peut-être moins en Irak, mais en Allemagne ou dans des endroits où les mesures de sécurité sont beaucoup plus faibles et que l’on peut facilement se mélanger à des foules nombreuses. En principe, rien ne serait plus facile que de perpétrer un attentat-suicide en Allemagne où dans tous les endroits où il est possible de s’approcher d’une foule avec une camionnette remplie d’explosifs, ce qui est devenu impossible en Irak puisqu’il y a partout ces barrières de béton. (…) La fierté – qui est en fait également très ambivalente puisqu’il s’agit d’une fierté officielle, mais qu’au niveau privé les familles sont souvent accablées – que l’on retrouve dans les familles palestiniennes n’a pas été observé dans les familles irakiennes du fait que les familles ne sont souvent pas au courant et qu’une telle approbation publique n’existe pas en Irak. (…) C’est difficile à dire étant donné que la situation ressemble au jet d’un cocktail Molotov dans une mer de flammes, c’est-à-dire que les attentats-suicides ne constituent qu’une partie de la situation qui perturbe beaucoup la population. A cela s’ajoutent les nettoyages ethniques, c’est-à-dire qu’on assiste à de véritables chasses contre les sunnites, les chiites, les chrétiens. Les escadrons de la mort des groupes de confession sunnite et chiite font la chasse aux membres des autres confessions. Les enlèvements ont atteint un niveau tel que même de pauvres chauffeurs de taxi sont kidnappés, étant donné que tous les gens riches ont déjà été enlevés. Christoph Reuter (2007)
Dans les pays occidentaux, nous avons partout ce système d’allocations sociales qui est à peine utilisé par la population locale. D’un autre côté, il y a cette population immigrante dont les femmes ne peuvent être compétitives sur le marché du travail local. Pour les Danoises et les Allemandes, les allocations sont trop faibles pour être attractives. Pas pour les immigrants. Ce que l’on voit donc en Angleterre, en France, en Allemagne et aux Pays-Bas, ce sont des femmes issues de l’immigration qui complètent leur éventuel petit salaire par les deniers publics. Ce n’est pas un revenu extraordinaire, mais ça leur suffit. Et cela crée un genre de « carrière » réservé aux femmes, un modèle que leurs filles suivront. Mais les fils n’ont pas ce choix. Ils ont grandi dans les basses couches de la société, sans les compétences intellectuelles nécessaires pour améliorer leur position. Ce sont ces garçons qui mettent le feu à Paris, ou dans des quartiers de Brême. Certains d’entre eux parviennent jusqu’à l’université et deviennent des leaders pour les autres – pas des pauvres, mais de jeunes hommes de rang social peu élevé, qui croient être opprimés à cause de leur confession musulmane, alors qu’en réalité c’est le système social qui a créé cette classe de perdants. Gunnar Heinsohn
Le 17 février 2001, un cargo vétuste s’échouait volontairement sur les rochers côtiers, non loin de Saint-Raphaël. À son bord, un millier d’immigrants kurdes, dont près de la moitié étaient des enfants. « Cette pointe rocheuse faisait partie de mon paysage. Certes, ils n’étaient pas un million, ainsi que je les avais imaginés, à bord d’une armada hors d’âge, mais ils n’en avaient pas moins débarqué chez moi, en plein décor du Camp des saints, pour y jouer l’acte I. Le rapport radio de l’hélicoptère de la gendarmerie diffusé par l’AFP semble extrait, mot pour mot, des trois premiers paragraphes du livre. La presse souligna la coïncidence, laquelle apparut, à certains, et à moi, comme ne relevant pas du seul hasard. Jean Raspail
C’est sous la tutelle de Yasser Arafat, le véritable père du terrorisme du Moyen-Orient moderne, les Palestiniens ont appris l’éthique flexible qui permet à des hommes de massacrer des femmes et des enfants et d’appeler cela de la « résistance. » Avec ce type de morale, le respect islamique traditionnel pour le martyre istishhad converti en cri de guerre moderne, l’évolution d’un combattant palestinien armé d’une mitraillette et de grenades en terroriste-suicide homme puis femme semble, rétrospectivement, inévitable. Entendre des mères musulmanes palestiniennes raconter fièrement comment elles avaient envoyé des fils mourir comme terroristes-suicide et se réjouir à présent à l’idée d’envoyer plus de fils ou de filles mourir pour la cause, on réalise la véritable horreur de ce que peut produire l’effacement des cultures traditionnelles par la face cachée de la modernité occidentale. Reuel Marc Gerecht
La même force culturelle et spirituelle qui a joué un rôle si décisif dans la disparition du sacrifice humain est aujourd’hui en train de provoquer la disparition des rituels de sacrifice humain qui l’ont jadis remplacé. Tout cela semble être une bonne nouvelle, mais à condition que ceux qui comptaient sur ces ressources rituelles soient en mesure de les remplacer par des ressources religieuses durables d’un autre genre. Priver une société des ressources sacrificielles rudimentaires dont elle dépend sans lui proposer d’alternatives, c’est la plonger dans une crise qui la conduira presque certainement à la violence. Gil Bailie
L’erreur est toujours de raisonner dans les catégories de la « différence », alors que la racine de tous les conflits, c’est plutôt la « concurrence », la rivalité mimétique entre des êtres, des pays, des cultures. La concurrence, c’est-à-dire le désir d’imiter l’autre pour obtenir la même chose que lui, au besoin par la violence. Sans doute le terrorisme est-il lié à un monde « différent » du nôtre, mais ce qui suscite le terrorisme n’est pas dans cette « différence » qui l’éloigne le plus de nous et nous le rend inconcevable. Il est au contraire dans un désir exacerbé de convergence et de ressemblance. (…) Ce qui se vit aujourd’hui est une forme de rivalité mimétique à l’échelle planétaire. Lorsque j’ai lu les premiers documents de Ben Laden, constaté ses allusions aux bombes américaines tombées sur le Japon, je me suis senti d’emblée à un niveau qui est au-delà de l’islam, celui de la planète entière. Sous l’étiquette de l’islam, on trouve une volonté de rallier et de mobiliser tout un tiers-monde de frustrés et de victimes dans leurs rapports de rivalité mimétique avec l’Occident. Mais les tours détruites occupaient autant d’étrangers que d’Américains. Et par leur efficacité, par la sophistication des moyens employés, par la connaissance qu’ils avaient des Etats-Unis, par leurs conditions d’entraînement, les auteurs des attentats n’étaient-ils pas un peu américains ? On est en plein mimétisme.Ce sentiment n’est pas vrai des masses, mais des dirigeants. Sur le plan de la fortune personnelle, on sait qu’un homme comme Ben Laden n’a rien à envier à personne. Et combien de chefs de parti ou de faction sont dans cette situation intermédiaire, identique à la sienne. Regardez un Mirabeau au début de la Révolution française : il a un pied dans un camp et un pied dans l’autre, et il n’en vit que de manière plus aiguë son ressentiment. Aux Etats-Unis, des immigrés s’intègrent avec facilité, alors que d’autres, même si leur réussite est éclatante, vivent aussi dans un déchirement et un ressentiment permanents. Parce qu’ils sont ramenés à leur enfance, à des frustrations et des humiliations héritées du passé. Cette dimension est essentielle, en particulier chez des musulmans qui ont des traditions de fierté et un style de rapports individuels encore proche de la féodalité. (…) Cette concurrence mimétique, quand elle est malheureuse, ressort toujours, à un moment donné, sous une forme violente. A cet égard, c’est l’islam qui fournit aujourd’hui le ciment qu’on trouvait autrefois dans le marxisme.  René Girard
Si les convertis jouent un rôle fondamental dans la stratégie islamiste, c’est parce qu’ils se trouvent justement à l’intersection de ces deux versants complémentaires de la stratégie de lutte contre l’Occident : certains deviennent des soldats du djihad, d’autres sont employés à des fonctions de da’wa. » (propagation de la foi) Paul Landau
Aucun nombre de bombes atomiques ne pourra endiguer le raz de marée constitué par les millions d’êtres humains qui partiront un jour de la partie méridionale et pauvre du monde, pour faire irruption dans les espaces relativement ouverts du riche hémisphère septentrional, en quête de survie. Boumediene (mars 1974)
Un jour, des millions d’hommes quitteront le sud pour aller dans le nord. Et ils n’iront pas là-bas en tant qu’amis. Parce qu’ils iront là-bas pour le conquérir. Et ils le conquerront avec leurs fils. Le ventre de nos femmes nous donnera la victoire. Houari Boumediene (ONU, 10.04.74)
Le jihad n’est pas exigé si l’ennemi est deux fois plus puissant que les musulmans. (…) Quel intérêt y a-t-il à détruire un des édifices de votre ennemi si celui-ci anéantit ensuite un de vos pays ? A quoi sert de tuer l’un des siens si, en retour, il élimine un millier des vôtres ? Saïd Imam Al-Sharif alias Dr. Fadl (ex-idéologue d’Al Qaeda)
Je ne crois guère au développement d’un terrorisme de masse. (…) Je ne pense donc pas, contrairement à certains, que nous verrons des actes terroristes entraînant des milliers de victimes. Pascal Boniface (mai 2001)
La liberté d’expression est dans tous les pays occidentaux d’ores et déjà limitée (…) en 2005, l’Eglise catholique de France a obtenu le retrait d’une publicité utilisant la Cène, mais remplaçant les apôtres par des femmes court vêtues. Cela relève exactement de la même démarche qu’entreprennent les associations musulmanes aujourd’hui. (…) Aucun grand journal ne publierait des caricatures se moquant des aveugles, des nains, des homosexuels ou des Tziganes, plus par peur du mauvais goût que de poursuites judiciaires. Mais le mauvais goût passe pour l’islam, parce que l’opinion publique est plus perméable à l’islamophobie (qui très souvent recouvre en fait un rejet de l’immigration). Olivier Roy
Four-in-ten Palestinian Muslims see suicide bombing as often or sometimes justified, while roughly half (49%) take the opposite view. In Egypt, about three-in-ten (29%) consider suicide bombing justified at least sometimes. Elsewhere in the region, fewer Muslims believe such violence is often or sometimes justified, including fewer than one-in-five in Jordan (15%) and about one-in-ten in Tunisia (12%), Morocco (9%) and Iraq (7%). In Afghanistan, a substantial minority of Muslims (39%) say that this form of violence against civilian targets is often or sometimes justifiable in defense of Islam. In Bangladesh, more than a quarter of Muslims (26%) take this view. Support for suicide bombing is lower in Pakistan (13%). Sondage Pew
Les attentats du 11 septembre 2001 constituent l’aboutissement extrême d’une orientation prise par la mouvance islamiste radicale depuis le milieu des années 1980, à l’époque où se rassemblaient en Afghanistan les combattants du jihad contre l’Armée rouge. Sous l’égide des États-Unis et des pétro-monarchies de la péninsule arabique, les activistes les plus déterminés venus d’Égypte, d’Algérie, d’Arabie Saoudite, du Pakistan, du Sud-est asiatique… et parfois des banlieues européennes avaient alors constitué des brigades internationales islamiques. […] Pour les États-Unis et les États musulmans conservateurs alliés à Washington, ce jihad en Afghanistan permettait du même coup de piéger l’Union soviétique […] et d’éviter que l’Iran révolutionnaire ne conquière l’hégémonie sur une mouvance islamiste alors en pleine expansion à travers le monde. Ces deux objectifs ont été atteints.[…] Le 11 septembre 2001, les États-Unis vont subir, pour une large part, le choc en retour du phénomène qu’ils ont contribué à engendrer dans les années 1980. La tuerie des milliersde civils du World Trade Center et du Pentagone est le prix payé, avec une décennie de décalage, pour le « zéro mort » américain du jihad contre l’Armée rouge. Gilles Kepel (2003)
Les groupes salafistes (…) ne sont pas très nombreux mais très déterminés. Surtout, dans un univers où les repères ont disparu, ils donnent une sorte de corset à la société, ce qui est rassurant quand vous êtes paumé. Ils font des pauvres et des laissés-pour-compte des héros. Cela crée, dans les situations de désarroi, un phénomène frappant qui ressemble à ce qu’on voit dans l’extrême-droite. Les salafistes arrivent à récupérer les frustrations sociales, et à les traduire dans l’exigence de l’application des normes les plus strictes. (…) Il y a eu trois phases dans les révolutions. La première : la chute des régimes. La deuxième : la conquête du pouvoir, la plupart par des partis islamistes. La troisième se déroule aujourd’hui : la mise en cause de ces partis islamistes pour leur incompétence et le caractère liberticide de certains. Ces partis sont aujourd’hui débordés à la fois par des éléments de la société civile laïque, dont des jeunes ont qui ont porté la révolution, et par des déshérités qui ont épousé le salafisme radical. Nous sommes dans une période d’incertitude totale. Mais c’est assez normal car ces révolutions n’ont que deux ans. (…) Au début, les monarchies du Golfe étaient très inquiètes. Car les mots d’ordre révolutionnaires – liberté, démocratie, justice sociale – pouvaient être prises comme une remise en cause de ce qu’elles sont. Le cauchemar des émirs c’était que des dizaines de millions d’Egyptiens et autres déferlent sur leurs puits de pétrole. Ils ont donc développé deux stratégies : les Saoudiens ont renforcé leur soutien aux salafistes, qui obéissent aux oulémas saoudiens, et les Qataris ont soutenu les Frères musulmans, y voyant des alliés pour construire leur hégémonie sur le monde arabe sunnite. (…) L’affrontement chiites-sunnites est le clivage principal qui sort des révolutions. Le Qatar a tenté de dévier l’énergie révolutionnaire dans la lutte contre l’Iran, le chiisme et ses alliés. C’est une façon de prendre en otage les aspirations révolutionnaires et démocratiques des peuples dans l’affrontement chiites-sunnites pour le contrôle du gaz et du pétrole du Golfe. ( la Syrie) est dans un état catastrophique. On en est à 100 000 morts, avec des perspectives épouvantables. Les salafistes y montent en puissance grâce à la manne financière des pays du Golfe, et parce que l’occident n’a pas aidé l’armée syrienne libre. (la révolution au Bahreïn) survenue après celle de Tunisie et d’Egypte, a été écrasée par l’Arabie saoudite dans l’indifférence totale du monde des consommateurs de pétrole, qui craignait qu’une révolution au Bahreïn mette le feu au Golfe et fasse grimper le prix du baril.. (le printemps arabe dans les banlieues françaises) a créé un espace plus fluide, décrispé de la citoyenneté. Il n’y a plus le bled et la dictature d’un côté, l’Europe et la démocratie de l’autre. Ça c’est l’aspect favorable. L’autre aspect, défavorable, c’est l’arrestation de ce djihadiste de Haute Savoie originaire d’Algérie arrêté au Mali et, plus largement, la fascination pour les terrains du djihad, que ce soit au Mali ou en Syrie. Des jeunes prennent des charters pour aller combattre. Pour ceux qui n’arrivent pas à s’insérer par le travail dans la société, c’est une manière de se construire une position héroïque. Mais leur retour en France sera très préoccupant. A cet égard, le cas de Mohamed Merah reste dans les mémoires. Gilles Kepel
L’attentat de Boston présente de troublantes similitudes avec la tuerie de Montauban et Toulouse en mars 2012. A une année de distance, deux opérations de « djihad du pauvre » ont été menées en Occident par des jeunes musulmans brusquement radicalisés issus de l’immigration. (…) Ces deux passages à l’acte illustrent en effet les préconisations du « troisième âge du djihad », théorisées par l’idéologue islamiste syrien Moustafa Sitt Mariam Al-Nassar – dit Abou Moussab Al-Souri – dans son volumineux opus Appel à la résistance islamique mondiale. Il fut mis en ligne à partir de 2005, lorsque l’auteur comprit que les opérations centralisées impulsées par Al-Qaida avaient failli, avec l’échec du djihad du « deuxième âge », à instaurer un « califat islamiste » en Irak – le « premier âge » se référait au djihad contre l’Armée rouge en Afghanistan dans la décennie 1980. (…) En septembre 2001, la stratégie de Ben Laden était en avance sur la doctrine militaire américaine : l’arsenal de la « guerre des étoiles » s’avéra futile contre les pirates de l’air de New York et de Washington. Dans la décennie qui suivit, l’Occident rattrapa son retard : la surveillance des transferts de fonds, la réorganisation du renseignement et des forces spéciales, les ravages causés par les drones parmi les imams et les fedayins de l’Irak au Yémen et à l’Afghanistan, portèrent des coups terribles au djihad « organisé » par le haut. L’exécution de Ben Laden, et plus encore le succès militaire français au Mali en 2013 contre une Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), dont la logique avait été percée, le démontrèrent. C’est en alternative à cette défaite anticipée que Souri prôna une stratégie de djihad « par le bas », déstructuré, qu’il nomma nizam la tanzim (un système et non une organisation). A un terrorisme hâtif de destruction massive devenu impraticable, il oppose la multiplication d’actions quasi « spontanéistes » mises en oeuvre au long cours par des djihadistes autoradicalisés grâce aux sites de partage de vidéos – prolongés par quelques stages de formation in situ – incités à choisir eux-mêmes, dans leur proximité, une cible opportune. Peu ou mal identifiables par le renseignement – Merah comme Tsarnaev avaient été repérés et interrogés, mais leur dangerosité fut sous-estimée –, équipés d’explosifs ou d’armes de fortune, autofinancés par des larcins, ils ne pourront tuer des milliers d’ »impies » comme au 11-Septembre. Mais la répétition de ces actions spectaculaires, leur diffusion et leur glorification sur Internet, leur imprédictibilité, sèmeront à la longue, escompte Souri, la terreur au sein d’un ennemi démoralisé, qui multipliera les réactions « islamophobes », soudant en réaction, autour du djihad défensif, une communauté de croyants immigrés que rejoindront des convertis en nombre croissant. C’est alors, pense l’idéologue du « djihad 3G », qu’adviendra sous les meilleurs auspices l’affrontement qui détruira la civilisation occidentale sur son territoire même. Ce djihad de basse intensité, progressif, mécaniste et eschatologique, n’a guère été pris au sérieux par la communauté du renseignement, requinquée par les succès remportés contre Al-Qaida depuis la seconde moitié de la décennie écoulée. Les « terroristologues de plateau télévisé », généralement ignorants d’une idéologie qui suppose la connaissance de l’arabe et de la culture islamiste radicale, avaient traité en son temps Merah de « loup solitaire » pour masquer leur incompréhension du phénomène. Aux Etats-Unis, on affectionne l’expression stray dogs (chiens errants) pour désigner le passage à l’acte djihadiste depuis 2010 d’une demi-douzaine de résidents ou nationaux américains, qui « mordent où ils peuvent » dans la chair de la société américaine multiculturelle. Mais aucun n’avait, en s’attaquant à une grande communion civique comme le marathon de Boston, arrêtant le peuple américain dans sa course, suscité en contrepartie un traumatisme d’une telle ampleur symbolique – concrétisé par l’immobilisation de plus d’un million d’habitants consignés à domicile pour contempler à la télévision le spectacle hollywoodien de la traque d’un fugitif devenu l’ennemi intérieur par excellence. Ce qui nous frappe, dans les affaires Tsarnaev et Merah, c’est l’énorme retour sur investissement terroriste, le retentissement incommensurable avec les misérables moyens mis en oeuvre – comme si les élucubrations de Souri se traduisaient dans la réalité. Au départ, il y a la divagation sur la planète de destins familiaux ravagés. A Boston, une famille tchétchène anciennement exilée par les persécutions staliniennes au Kirghizistan, ballotée entre la décomposition de l’Homo sovieticus et l’identité nationale ; un père et une mère éduqués qui se projettent dans le rêve américain, où ils se dégradent en mécanicien auto et esthéticienne, avant de s’en revenir dépités au bercail. Un frère aîné, nommé, d’après le terrible empereur mongol, Tamerlan, qui rate une carrière de boxeur, perd ses repères, boit, court les filles, puis découvre une version rigoriste de l’islam, voile sa mère, se nourrit de sites djihadistes tant et si bien que les services russes en informent leurs collègues américains qui interrogent, puis laissent aller le suspect. Un séjour de presque six mois en 2012 dans le Caucase suscitant toutes les spéculations – y compris sur les manipulations ou les ratages du renseignement russe –, d’où il revient si radicalisé qu’il effraie les fidèles de sa mosquée de Boston. Gilles Kepel
Moustapha Sitt Mariam Nassar, plus connu sous le pseudonyme d’Abou Moussab Al-Souri (le Syrien), né à Alep en 1958, a été de tous les combats du djihad depuis qu’il a rejoint en 1976 les rangs de l’Avant-Garde combattante, la branche paramilitaire des Frères musulmans syriens. Etudiant en ingénierie, il assiste au massacre des Frères musulmans par le régime lors du soulèvement de Hama en 1982. Réfugié en France, il se familiarise avec la production tiers-mondiste. En 1985, il se fixe en Espagne, où il épouse une gauchiste athée qui se convertira à l’islam et lui donnera le précieux passeport européen facilitant ses déplacements. Rejoignant le front afghan sur fond de retraite de l’Armée rouge et proche de l’idéologue du djihad « du premier âge », le Palestinien Abdallah Azzam, assassiné en 1989 à Peshawar, il commence à coucher sur le papier ses réflexions en plein conflit civil afghan, puis revient dans son Andalousie en 1992 – où il soutient le djihad du Groupe islamique armé algérien, dont il se fera le relais depuis le « Londonistan » en Angleterre. Il y publie le journal ronéoté Al Ansar, qui exalte faits d’armes et autres massacres d’ »impies ». En 1996, après la victoire des talibans, il revient en Afghanistan, où il organise les rendez-vous de Ben Laden et des doctrinaires du « deuxième âge du djihad », dont Zawahiri, avec la presse internationale. Il est dubitatif envers les actions spectaculaires montées par Al-Qaida et commence à écrire un premier jet de son opus, Appel à la résistance islamique mondiale. Le déluge de feu qui s’abat sur Al-Qaida après le 11-Septembre, l’invasion de l’Afghanistan et la chute des talibans le renforcent dans ses convictions : errant au Pakistan, il achève son livre, rédigé au format d’un e-book, où les conseils de « manuel du djihad » sont téléchargés par les adeptes. Capturé en octobre 2005 à Quetta, il est remis aux Américains et, selon ses avocats, livré par ceux-ci aux Syriens autour de 2007 – à une époque où Bachar Al-Assad est en cour en Occident. Selon des sites islamistes « fiables », il est remis en liberté fin 2011, alors que la révolution syrienne a débuté et que le régime s’emploie à inoculer à celle-ci le virus djihadiste pour lui aliéner le soutien occidental. Gilles Kepel
Où l’on voit que l’éducation à la haine, financée en grande partie avec de l’argent européen (les manuels scolaires de l’AP, dégoulinant de la haine la plus sauvage, sont produits grace à des fonds européens, une bonne partie des médias audiovisuels également) a porté ses fruits : 40% des Palestiniens considèrent totalement ou parfois justifiés les attentats suicide visant une population civile. Seuls les Afghans font presque « aussi bien », avec 39%, le soutien à ce genre d’acte étant bien moindre dans les autres pays musulmans : 29% en Egypte, 15 en Jordanie ou Turquie, 3% en Bosnie et 1% en Azerbaïdjan. Résultat d’autant plus écoeurant que lesdits Palestiniens sont les mieux à même de savoir comment, en comparaison, les Israéliens font de leur mieux pour protéger les civils, entre les envois de tracts, SMS et coup de téléphone prévenant des actions militaires (exclusivité mondiale), les soins apportés même aux pires ordures terroristes, les aides humanitaires diverses… Il suffit de voir comment leurs enfants vont provoquer les soldats pour mesurer à quel point cela est un fait acquis pour cette population qui justifiera pour plus de sa moitié les attaques aveugles visant une population civile. En effet, les réponses possibles opposées étaient « ces attentats sont-ils rarement/jamais justifiés », couvrant donc encore des personnes trouvant des justifications à cette barbarie, et que selon PEW ces 2 réponses ne cumulent que 49% des suffrages. Ari Cohen

Dernier boum, avant le murmure ?

A l’heure où, après le pathétique bricolage mortel (pardon: d’ « épisodes de violence sur le lieu de travail ») de Boston et d’Istres d’un terrorisme manifestement à bout de souffle,  nos « terroristologues de plateau télévisé » s’extasient devant « l’énorme retour sur investissement terroriste, le retentissement incommensurable avec les misérables moyens mis en oeuvre » du « jihad 3G du pauvre » …

Et qu’un sondage sur les pays musulmans confirme, en ces temps de perte de repères, tant la demande d’idéologies et d’hommes forts que l’inévitable discrédit que subit ledit jihad en dehors de certaines réserves d’indiens (Syrie, avant nos propres « banlieues », désormais comprise?) entretenues à grands frais par les contribuables européens ou les pétrodollars de monarchies du golfe toujours plus manipulatrices …

Comment ne pas voir l’incroyable aveuglement occidental devant  la « véritable horreur de ce que peut produire », dans lesdites réserves, « l’effacement des cultures traditionnelles par la face cachée de la modernité occidentale »?

Mais aussi la non moins formidable hypocrisie des appels des belles âmes et des faussaires à la Enderlin à imposer, à la seule véritable démocratie du Moyen-Orient, un dialogue avec ceux qui de toute évidence ne peuvent avoir aujourd’hui d’autre souhait que celui de son annihilation ?

Un nouveau sondage confirme que 40% des Palestiniens soutiennent les attentats suicides

Ari Cohen

JSSNews

2 mai 2013

Le dernier sondage du Pew Research Center, réalisé dans 21 pays, met une fois de plus en lumière la barbarie dans laquelle se complait la population palestinienne de Judée Samarie et de Gaza.

Pew Research Suicide Bombing

Le sondage portait sur différents points tel que les droits des femmes, l’application de la sharia, les attentats suicide…

Sans surprise particulière pour toute personne disposant d’informations valides sur la région, les « Palestiniens » (comprendre : ceux vivant en Judée Samarie et à Gaza) se situent en haut de classement sur de nombreux points :

application de la sharia comme législation unique (89%, seulement dépassés par l’Afghanistan (99%) et l’Irak (91%), la Jordanie arrivant bien plus bas à 71%, l’Egypte à 74, le Maroc à 83

la place de la femme dans la famille : 87% des Palestiniens considérant que la femme doit obéir à son mari (ils partagent sur ce point l’opinion de l’écrasante majorité du monde musulman, seul la Bosnie Herzébovine, l’Albanie et le Kosovo obtiennent sur cette question des scores inférieurs à 50% (respectivement 45, 40 et 34), l’Afghanistan montant à 84% et la Malaysie à 96 !), 33% considérant qu’elle n’a aucun droit au divorce (ils sont sur ce point vers le bas du tableau) et 45% considérant les « crimes d’honneur » comme

Les relations inter-confessionnelles : les Palestiniens répondant à 89%, et ce alors qu’ils comptent une minorité chrétienne en leur sein, que seul l’Islam accorde l’accès au paradis (1ers ex-aequo : Egypte et Jordanie, avec 96%), 42% affirmant cependant que l’Islam et le christianisme ont de nombreux points en commun (quand seuls 15% affirment connaitre « un peu » ou « beaucoup » le christianisme…). Notons également que seuls 80% d’entre eux (les chiffres montent jusqu’à 100% en Tunisie par exemple !) affirment n’avoir comme meilleurs amis que, ou pratiquement qu’exclusivement, des musulmans. Cela donne donc au bas mot 7% des sondés qui ont comme dans leur amitié proche des gens qu’ils considèrent voués à l’enfer… Notons également que Pew a décidé de ne pas aborder les relations avec les Juifs, seuls celles avec les chrétiens sont abordées dans le sondage, ainsi que dans une moindre mesure le bouddhisme.

démocratie / dictature : 55% des Palestiniens souhaitent vivre dans un régime démocratique contre 40% préférant être dirigé par un « puissant leader). Les pays sondés varient sur ce point entre l’extrème du Kyrgystan (32%/64%) et celui du Ghana (87%/12%), le Liban n’étant pas loin derrière (81%/19%). Les Palestiniens ne semblent visiblement pas réaliser l’incompatibilité entre la Sharia et la démocratie…

opinions sur les partis religieux : 29% des Palestiniens considèrent que les partis religieux sont pires que les autres. Ils sont sur ce point ceux qui rejettent le plus lesdits partis. Probablement l’effet Hamas. A l’inverse, la triste surprise vient de l’Egypte et surtout de la Tunisie où 55% de la population considèrent les partis religieux comme étant meilleurs, devançant même l’Afghanistan (54).

rejet de l’extrémisme religieux : les Palestiniens se retrouvent dans la moitié supérieure du tableau, avec des réponses amenant cependant des questions : 22% d’entre eux se déclarent concernés par l’existence d’extrémistes musulmans au sein de leur population, mais 9% d’entre eux répondre se sentir concernés uniquement par les extrémistes chrétiens (??????) et 30% par les deux. Réponses assez sidérantes quand on connait les chrétiens vivant dans ces régions, oscillant entre soumission servile voir zelée et fuite vers d’autres cieux plus cléments. Des pays comme l’Indonésie, l’Irak ou la Guinée Bissau présentent des résultats plus cohérents, avec une inquiétude face à l’extrémisme musulman touchant plus ou moins 50% de la population, mais l’inquiétude envers le supposé extrémisme chrétien d’une partie de la population se retrouve dans pratiquement tous les pays musulmans, y compris ceux n’ayant pour ainsi dire aucune population chrétienne.

soutien aux attentats suicide : où l’on voit que l’éducation à la haine, financée en grande partie avec de l’argent européen (les manuels scolaires de l’AP, dégoulinant de la haine la plus sauvage, sont produits grace à des fonds européens, une bonne partie des médias audiovisuels également) a porté ses fruits : 40% des Palestiniens considèrent totalement ou parfois justifiés les attentats suicide visant une population civile. Seuls les Afghans font presque « aussi bien », avec 39%, le soutien à ce genre d’acte étant bien moindre dans les autres pays musulmans : 29% en Egypte, 15 en Jordanie ou Turquie, 3% en Bosnie et 1% en Azerbaïdjan. Résultat d’autant plus écoeurant que lesdits Palestiniens sont les mieux à même de savoir comment, en comparaison, les Israéliens font de leur mieux pour protéger les civils, entre les envois de tracts, SMS et coup de téléphone prévenant des actions militaires (exclusivité mondiale), les soins apportés même aux pires ordures terroristes, les aides humanitaires diverses… Il suffit de voir comment leurs enfants vont provoquer les soldats pour mesurer à quel point cela est un fait acquis pour cette population qui justifiera pour plus de sa moitié les attaques aveugles visant une population civile. En effet, les réponses possibles opposées étaient « ces attentats sont-ils rarement/jamais justifiés », couvrant donc encore des personnes trouvant des justifications à cette barbarie, et que selon PEW ces 2 réponses ne cumulent que 49% des suffrages. Il est de plus assez facile de comprendre ce que peuvent penser les 11% qui ont refusé de répondre…

Faire la paix ? Mais avec qui ?

Voir également:

Une majorité de musulmans se déclare pour la charia

OLJ/AFP

| 01/05/2013

Étude Le sondage montre les différences d’interprétation, plus ou moins souples selon le pays.

Une majorité des musulmans dans le monde veulent que la charia, la loi islamique, devienne la loi de leur pays, tout en montrant des opinions disparates sur ce qu’elle recouvre, indiquait hier une étude de l’institut Pew. Cette vaste étude, réalisée de 2008 à 2012 auprès de 38 000 personnes dans 39 pays, porte sur le thème de « Religion, politique et société » dans la communauté musulmane, forte de 1,6 milliard d’individus, la deuxième religion au monde après la religion chrétienne. Une majorité des musulmans notamment en Asie, Afrique et Moyen-Orient, veulent ainsi l’établissement de la charia, avec toutefois des disparités géographiques – 8 % en Azerbaïdjan, mais 99 % en Afghanistan –, affirme Pew qui l’explique par l’histoire des pays et la séparation de l’Église et de l’État.

L’étude montre que l’application de la charia est surtout souhaitée dans la sphère privée, pour régler les affaires familiales ou foncières, par les musulmans habitant des pays où siègent déjà des cours religieuses de ce type. L’exécution de musulmans convertis à une autre religion ou les supplices des coups de fouet ou des mains coupées pour les voleurs recueillent néanmoins une minorité d’avis favorables, sauf pour une forte majorité en Afghanistan et Pakistan et un peu plus d’une personne sur deux au Moyen-Orient et Afrique du Nord. Ils sont aussi majoritaires à vouloir accorder la liberté religieuse aux autres religions. Ainsi au Pakistan, 84 % veulent voir la charia inscrite dans la loi du pays et 96 % estiment que la liberté des cultes est « une bonne chose ». La moitié des musulmans sont également préoccupés par l’extrémisme religieux dans leur pays, dont une majorité en Égypte, Tunisie ou Irak. De même, une majorité de femmes comme d’hommes estime que la femme doit obéir au mari, notamment en Irak, Maroc, Tunisie, Indonésie, Afghanistan et Malaisie, mais une majorité aussi estime qu’une femme doit pouvoir décider toute seule de porter ou non le voile. De fait, la plupart des musulmans ne ressentent pas de tensions entre leur religion et la vie moderne, préfèrent un régime démocratique, aiment la musique ou les films occidentaux même s’ils pensent que cette culture sape la moralité.

Également, une très forte majorité considère la prostitution, l’homosexualité, le suicide ou l’alcool immoraux mais le regard sur la polygamie diverge (4 % l’estiment moralement acceptable en Bosnie-Herzégovine, contre 87 % au Niger). Seuls l’Afghanistan et l’Irak excusent majoritairement les « crimes d’honneur ». La violence au nom de l’islam est largement rejetée mais approuvée par des minorités substantielles au Bangladesh, en Égypte, en Afghanistan et dans les territoires palestiniens. 81 % des musulmans américains estiment qu’elle n’est « jamais » justifiée, contre une moyenne médiane de 72 % dans le reste du monde, ajoute l’étude.

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Merah et Tsarnaev, même combat

Gilles Kepel (Politologue et spécialiste de l’islam, professeur à Sciences Po)

Le Monde

28.04.2013

Les auteurs des tueries de Toulouse et Boston incarnent le troisième âge du djihad, celui d’un terrorisme isolé et d’un échec de l’intégration en Occident.

L’attentat de Boston présente de troublantes similitudes avec la tuerie de Montauban et Toulouse en mars 2012. A une année de distance, deux opérations de « djihad du pauvre » ont été menées en Occident par des jeunes musulmans brusquement radicalisés issus de l’immigration.

Les rapports des Etats-Unis à la Tchétchénie ex-soviétique et ceux de la France à l’Algérie ex-coloniale diffèrent. Mais l’attentat à l’autocuiseur piégé qui a tué trois passants dont un enfant et blessé des dizaines de personnes, suivi du meurtre d’un policier, participe de la même logique que l’assassinat des militaires français ainsi que des petits élèves et du professeur de l’école juive Ozar-Hatorah.

Ces deux passages à l’acte illustrent en effet les préconisations du « troisième âge du djihad », théorisées par l’idéologue islamiste syrien Moustafa Sitt Mariam Al-Nassar – dit Abou Moussab Al-Souri – dans son volumineux opus Appel à la résistance islamique mondiale. Il fut mis en ligne à partir de 2005, lorsque l’auteur comprit que les opérations centralisées impulsées par Al-Qaida avaient failli, avec l’échec du djihad du « deuxième âge », à instaurer un « califat islamiste » en Irak – le « premier âge » se référait au djihad contre l’Armée rouge en Afghanistan dans la décennie 1980.

Lire aussi : Al-Souri, le cerveau du djihad des pauvres

En septembre 2001, la stratégie de Ben Laden était en avance sur la doctrine militaire américaine : l’arsenal de la « guerre des étoiles » s’avéra futile contre les pirates de l’air de New York et de Washington. Dans la décennie qui suivit, l’Occident rattrapa son retard : la surveillance des transferts de fonds, la réorganisation du renseignement et des forces spéciales, les ravages causés par les drones parmi les imams et les fedayins de l’Irak au Yémen et à l’Afghanistan, portèrent des coups terribles au djihad « organisé » par le haut.

DJIHAD « PAR LE BAS »

L’exécution de Ben Laden, et plus encore le succès militaire français au Mali en 2013 contre une Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), dont la logique avait été percée, le démontrèrent. C’est en alternative à cette défaite anticipée que Souri prôna une stratégie de djihad « par le bas », déstructuré, qu’il nomma nizam la tanzim (un système et non une organisation).

A un terrorisme hâtif de destruction massive devenu impraticable, il oppose la multiplication d’actions quasi « spontanéistes » mises en oeuvre au long cours par des djihadistes autoradicalisés grâce aux sites de partage de vidéos – prolongés par quelques stages de formation in situ – incités à choisir eux-mêmes, dans leur proximité, une cible opportune.

Peu ou mal identifiables par le renseignement – Merah comme Tsarnaev avaient été repérés et interrogés, mais leur dangerosité fut sous-estimée –, équipés d’explosifs ou d’armes de fortune, autofinancés par des larcins, ils ne pourront tuer des milliers d' »impies » comme au 11-Septembre.

Mais la répétition de ces actions spectaculaires, leur diffusion et leur glorification sur Internet, leur imprédictibilité, sèmeront à la longue, escompte Souri, la terreur au sein d’un ennemi démoralisé, qui multipliera les réactions « islamophobes », soudant en réaction, autour du djihad défensif, une communauté de croyants immigrés que rejoindront des convertis en nombre croissant. C’est alors, pense l’idéologue du « djihad 3G », qu’adviendra sous les meilleurs auspices l’affrontement qui détruira la civilisation occidentale sur son territoire même.

PEU PRIS AU SÉRIEUX PAR LES RENSEIGNEMENTS

Ce djihad de basse intensité, progressif, mécaniste et eschatologique, n’a guère été pris au sérieux par la communauté du renseignement, requinquée par les succès remportés contre Al-Qaida depuis la seconde moitié de la décennie écoulée. Les « terroristologues de plateau télévisé », généralement ignorants d’une idéologie qui suppose la connaissance de l’arabe et de la culture islamiste radicale, avaient traité en son temps Merah de « loup solitaire » pour masquer leur incompréhension du phénomène.

Aux Etats-Unis, on affectionne l’expression stray dogs (chiens errants) pour désigner le passage à l’acte djihadiste depuis 2010 d’une demi-douzaine de résidents ou nationaux américains, qui « mordent où ils peuvent » dans la chair de la société américaine multiculturelle.

Mais aucun n’avait, en s’attaquant à une grande communion civique comme le marathon de Boston, arrêtant le peuple américain dans sa course, suscité en contrepartie un traumatisme d’une telle ampleur symbolique – concrétisé par l’immobilisation de plus d’un million d’habitants consignés à domicile pour contempler à la télévision le spectacle hollywoodien de la traque d’un fugitif devenu l’ennemi intérieur par excellence.

Ce qui nous frappe, dans les affaires Tsarnaev et Merah, c’est l’énorme retour sur investissement terroriste, le retentissement incommensurable avec les misérables moyens mis en oeuvre – comme si les élucubrations de Souri se traduisaient dans la réalité.

INTÉGRATION RATÉE

Or, ce qui s’est joué à Boston comme à Toulouse dépasse la seule logique du terrorisme : l’immense résonance de ces deux affaires provient du basculement effarant de destins individuels, chez des immigrés ou enfants d’immigrés que l’ingénierie sociale occidentale, par-delà la différence des modalités américaine ou française, avait vocation à intégrer.

Tout au contraire, ils se sont « désintégrés » par rapport aux sociétés d’accueil, au travers du rejet systématique de leurs valeurs au nom d’une norme islamiste exacerbée, exprimant par le paroxysme de la violence leur adhésion à une cybercommunauté imaginaire de djihadistes, héros fantasmatiques de la rédemption de l’humanité face aux kouffar (« impies ») occidentaux.

Les deux frères Tsarnaev, suspects de l’attentat de Boston.

Au départ, il y a la divagation sur la planète de destins familiaux ravagés. A Boston, une famille tchétchène anciennement exilée par les persécutions staliniennes au Kirghizistan, ballotée entre la décomposition de l’Homo sovieticus et l’identité nationale ; un père et une mère éduqués qui se projettent dans le rêve américain, où ils se dégradent en mécanicien auto et esthéticienne, avant de s’en revenir dépités au bercail.

Un frère aîné, nommé, d’après le terrible empereur mongol, Tamerlan, qui rate une carrière de boxeur, perd ses repères, boit, court les filles, puis découvre une version rigoriste de l’islam, voile sa mère, se nourrit de sites djihadistes tant et si bien que les services russes en informent leurs collègues américains qui interrogent, puis laissent aller le suspect. Un séjour de presque six mois en 2012 dans le Caucase suscitant toutes les spéculations – y compris sur les manipulations ou les ratages du renseignement russe –, d’où il revient si radicalisé qu’il effraie les fidèles de sa mosquée de Boston.

FRÈRE AÎNÉ DOMINATEUR

Le jeune frère, Dzhokhar (de l’arabe jawhar : joyau), carabin tout empreint des traits de l’enfance, loué pour sa douceur par ses camarades, se définit sur son profil Facebook par la triade « islam, carrière, argent ». C’est le visage d’ange, la beauté du diable de ce jeune homme au nom de bijou, si parfaitement américain en apparence et en esprit, qui suscite le plus insondable malaise.

Et même s’il incrimine sur son lit d’hôpital la domination de son aîné, le ressort du basculement dans le djihad va chercher plus loin que la simple adhésion aux thèses d’un Souri dont il ignore probablement tout : dans les tréfonds du malaise de la mondialisation, des traumatismes de l’immigration, qu’a su capter et mobiliser à son profit l’idéologie islamiste radicale.

Merah aussi avait un visage encore enfantin et un sourire charmeur ; et également un aîné dominateur, parti étudier le salafisme en Egypte, une mère et une soeur tombées sous l’emprise d’un islamisme rigoriste, une famille brisée, ballottée entre l’Algérie et la France, un père ayant refait sa vie au bled sans plus se préoccuper des siens, après avoir purgé une condamnation pour trafic de stupéfiants.

Mohamed retrouve en prison une identité en survalorisant un islam exalté qui l’absout des délits commis contre une société « impie » dont les lois sont ipso facto dévalorisées. Il ne parvient pas à construire une vie professionnelle, mais se gave de vidéos exaltant le martyre des croyants et l’exécution des infidèles, puis part au contact de groupes djihadistes au Moyen-Orient et en Afghanistan, et roule la police qui pense pouvoir le retourner.

Les croisements avec le destin de Tamerlan Tsarnaev sont frappants – même si le fils de prolétaire algérien était plus démuni que l’enfant choyé d’un couple de petits-bourgeois tchétchènes.

Et quel incroyable entrelacs de ces destins chaotiques avec la grande Histoire : le djihad de Mohamed Merah a lieu entre le 11 et le 22 mars 2012, cinquante ans après les accords d’Evian du 18 mars 1962, qui scellent l’indépendance d’une Algérie dont tant d’enfants iront s’installer dans le pays qu’ils combattirent pour s’en séparer. Quant à « Bijou » Tsarnaev, il vient d’être naturalisé américain, le 11 septembre 2012, onze ans après les attentats de New York et Washington, l’acte fondateur du djihad en terre d’Occident, dont il a joué une variation qui représente le plus pervers des défis pour la citoyenneté et l’intégration de nos sociétés.

Gilles Kepel (Politologue et spécialiste de l’islam, professeur à Sciences Po)

Voir aussi:

Al-Souri, le cerveau du djihad des pauvres

Gilles Kepel (Politologue et spécialiste de l’islam, professeur à Sciences Po)

Le Monde

28.04.2013

Moustapha Sitt Mariam Nassar, plus connu sous le pseudonyme d’Abou Moussab Al-Souri (le Syrien), né à Alep en 1958, a été de tous les combats du djihad depuis qu’il a rejoint en 1976 les rangs de l’Avant-Garde combattante, la branche paramilitaire des Frères musulmans syriens. Etudiant en ingénierie, il assiste au massacre des Frères musulmans par le régime lors du soulèvement de Hama en 1982.

Réfugié en France, il se familiarise avec la production tiers-mondiste. En 1985, il se fixe en Espagne, où il épouse une gauchiste athée qui se convertira à l’islam et lui donnera le précieux passeport européen facilitant ses déplacements. Rejoignant le front afghan sur fond de retraite de l’Armée rouge et proche de l’idéologue du djihad « du premier âge », le Palestinien Abdallah Azzam, assassiné en 1989 à Peshawar, il commence à coucher sur le papier ses réflexions en plein conflit civil afghan, puis revient dans son Andalousie en 1992 – où il soutient le djihad du Groupe islamique armé algérien, dont il se fera le relais depuis le « Londonistan » en Angleterre. Il y publie le journal ronéoté Al Ansar, qui exalte faits d’armes et autres massacres d' »impies ».

Lire aussi : Merah et Tsarnaev, même combat

En 1996, après la victoire des talibans, il revient en Afghanistan, où il organise les rendez-vous de Ben Laden et des doctrinaires du « deuxième âge du djihad », dont Zawahiri, avec la presse internationale. Il est dubitatif envers les actions spectaculaires montées par Al-Qaida et commence à écrire un premier jet de son opus, Appel à la résistance islamique mondiale. Le déluge de feu qui s’abat sur Al-Qaida après le 11-Septembre, l’invasion de l’Afghanistan et la chute des talibans le renforcent dans ses convictions : errant au Pakistan, il achève son livre, rédigé au format d’un e-book, où les conseils de « manuel du djihad » sont téléchargés par les adeptes.

Capturé en octobre 2005 à Quetta, il est remis aux Américains et, selon ses avocats, livré par ceux-ci aux Syriens autour de 2007 – à une époque où Bachar Al-Assad est en cour en Occident. Selon des sites islamistes « fiables », il est remis en liberté fin 2011, alors que la révolution syrienne a débuté et que le régime s’emploie à inoculer à celle-ci le virus djihadiste pour lui aliéner le soutien occidental. Des rumeurs invérifiables font état de son retour dans sa ville natale d’Alep, place forte de l’insurrection, où les milices djihadistes du Jabhat Al-Nousra ont pignon sur rue – sans que l’on puisse mesurer son rôle exact.

Gilles Kepel (Politologue et spécialiste de l’islam, professeur à Sciences Po)

Voir encore:

Révolutions arabes: «Nous sommes dans une période d’incertitude totale»

8 avril 2013

20 minutes

INTERVIEW – Gilles Kepel, professeur à Sciences-Po, publie «Passion arabe», récit de son périple sur les traces du Printemps arabe…

Gilles Kepel, professeur à Sciences-Po et grand connaisseur du monde arabe contemporain, publie Passion arabe (Ed. Gallimard), récit du périple qu’il a effectué pendant deux ans sur les traces du Printemps arabe. 20 Minutes l’a rencontré…

L’enthousiasme qui a accueilli l’éclosion du printemps arabe a laissé place à un discours pessimiste sur «l’hiver islamiste». Que vous inspire cette analyse?

Les deux discours étaient faux : l’enthousiasme naïf du début qui croyait qu’on pouvait faire l’impasse sur l’histoire des sociétés arabes, comme si elles se réduisaient à Facebook et Twitter, et le discours actuel sur l’hiver islamiste, le retour du terrorisme etc. Malgré tous leurs soubresauts, les révolutions ont créé quelque chose de décisif : les arabes se sont emparés de la liberté d’expression, que les régimes avaient confisquée après les indépendances. Quel que soit le devenir de ces révolutions, ils ne vont pas se la laisser reprendre. Cela a complètement modifié le logiciel politique, culturel et mental des sociétés arabes.

Quel regard portez-vous sur leur apprentissage de la démocratie?

La démocratisation est un test pour les gens qui veulent conquérir le pouvoir. La population ne s’en laisse plus conter. Les mouvements islamistes sont aujourd’hui confrontés à la gestion des affaires courantes et s’en sortent mal parce qu’ils ont fait passer l’idéologie avant le pragmatisme. Ils sont en outre en concurrence les uns avec les autres : les salafistes disent que les Frères musulmans sont pourris, et les Frères musulmans disent que salafistes sont des fanatiques. Les islamistes sont considérablement descendus de leur piédestal dans les populations du monde arabe. Les Frères musulmans, qui avaient l’aura des martyrs parce qu’ils avaient été violemment réprimés sous (l’ancien président égyptien) Moubarak, ont désormais davantage l’image de mauvais gestionnaires tentés par la dérive autoritaire que de martyrs.

Où sont passées la liberté et la démocratie pour lesquelles les populations se sont soulevées?

Les mots d’ordre des révolutions c’était : liberté, démocratie, justice sociale. La liberté a été conquise dans beaucoup de cas. La démocratie, plus ou moins. Mais la justice sociale, pas du tout, à cause de problèmes économiques, de la crise, la mauvaise gouvernance, l’absence d’investissements étrangers, la fuite des touristes… Il y a aujourd’hui un appauvrissement général. Du coup, on entend parfois dire que «Moubarak, Kadhafi et Ben Ali étaient des salauds, mais au moins à leur époque il y avait de l’ordre et du travail». Les groupes salafistes bénéficient de ce désenchantement.

Quelle influence ont-ils?

Ils ne sont pas très nombreux mais très déterminés. Surtout, dans un univers où les repères ont disparu, ils donnent une sorte de corset à la société, ce qui est rassurant quand vous êtes paumé. Ils font des pauvres et des laissés-pour-compte des héros. Cela crée, dans les situations de désarroi, un phénomène frappant qui ressemble à ce qu’on voit dans l’extrême-droite. Les salafistes arrivent à récupérer les frustrations sociales, et à les traduire dans l’exigence de l’application des normes les plus strictes.

Sommes-nous dans une spirale : pas de travail, plus de pauvreté, radicalisation?

Il y a eu trois phases dans les révolutions. La première : la chute des régimes. La deuxième : la conquête du pouvoir, la plupart par des partis islamistes. La troisième se déroule aujourd’hui : la mise en cause de ces partis islamistes pour leur incompétence et le caractère liberticide de certains. Ces partis sont aujourd’hui débordés à la fois par des éléments de la société civile laïque, dont des jeunes ont qui ont porté la révolution, et par des déshérités qui ont épousé le salafisme radical. Nous sommes dans une période d’incertitude totale. Mais c’est assez normal car ces révolutions n’ont que deux ans.

Quelle a été l’influence des pétromonarchies du Golfe dans les révolutions, en particulier le Qatar, dont l’influence est controversée en France?

Au début, les monarchies du Golfe étaient très inquiètes. Car les mots d’ordre révolutionnaires – liberté, démocratie, justice sociale – pouvaient être prises comme une remise en cause de ce qu’elles sont. Le cauchemar des émirs c’était que des dizaines de millions d’Egyptiens et autres déferlent sur leurs puits de pétrole. Ils ont donc développé deux stratégies : les Saoudiens ont renforcé leur soutien aux salafistes, qui obéissent aux oulémas saoudiens, et les Qataris ont soutenu les Frères musulmans, y voyant des alliés pour construire leur hégémonie sur le monde arabe sunnite.

C’est-à-dire?

L’affrontement chiites-sunnites est le clivage principal qui sort des révolutions. Le Qatar a tenté de dévier l’énergie révolutionnaire dans la lutte contre l’Iran, le chiisme et ses alliés. C’est une façon de prendre en otage les aspirations révolutionnaires et démocratiques des peuples dans l’affrontement chiites-sunnites pour le contrôle du gaz et du pétrole du Golfe.

Et la Syrie?

Le pays est dans un état catastrophique. On en est à 100 000 morts, avec des perspectives épouvantables. Les salafistes y montent en puissance grâce à la manne financière des pays du Golfe, et parce que l’occident n’a pas aidé l’armée syrienne libre.

Pourquoi la révolution au Bahreïn a-t-elle avorté?

Cette révolution, survenue après celle de Tunisie et d’Egypte, a été écrasée par l’Arabie saoudite dans l’indifférence totale du monde des consommateurs de pétrole, qui craignait qu’une révolution au Bahreïn mette le feu au Golfe et fasse grimper le prix du baril…

Vous avez travaillé sur la place de l’islam dans les banlieues françaises. Quel écho le printemps arabe a-t-il dans ces banlieues?

Ça a créé un espace plus fluide, décrispé de la citoyenneté. Il n’y a plus le bled et la dictature d’un côté, l’Europe et la démocratie de l’autre. Ça c’est l’aspect favorable. L’autre aspect, défavorable, c’est l’arrestation de ce djihadiste de Haute Savoie originaire d’Algérie arrêté au Mali et, plus largement, la fascination pour les terrains du djihad, que ce soit au Mali ou en Syrie. Des jeunes prennent des charters pour aller combattre. Pour ceux qui n’arrivent pas à s’insérer par le travail dans la société, c’est une manière de se construire une position héroïque. Mais leur retour en France sera très préoccupant. A cet égard, le cas de Mohamed Merah reste dans les mémoires.

Propos recueillis par Faustine Vincent

Voir par ailleurs:

Make No Mistake, It Was Jihad

Let’s hope the administration gets over its reluctance to recognize attacks on the U.S. for what they are.

Michael B. Mukasey

The WSJ

April 21, 2013

If your concern about the threat posed by the Tsarnaev brothers is limited to assuring that they will never be in a position to repeat their grisly acts, rest easy.

The elder, Tamerlan—apparently named for the 14th-century Muslim conqueror famous for building pyramids of his victims’ skulls to commemorate his triumphs over infidels—is dead. The younger, Dzhokhar, will stand trial when his wounds heal, in a proceeding where the most likely uncertainty will be the penalty. No doubt there will be some legal swordplay over his interrogation by the FBI’s High-Value Interrogation Group without receiving Miranda warnings. But the only downside for the government in that duel is that his statements may not be used against him at trial. This is not much of a risk when you consider the other available evidence, including photo images of him at the scene of the bombings and his own reported confession to the victim whose car he helped hijack during last week’s terror in Boston.

But if your concern is over the larger threat that inheres in who the Tsarnaev brothers were and are, what they did, and what they represent, then worry—a lot.

For starters, you can worry about how the High-Value Interrogation Group, or HIG, will do its work. That unit was finally put in place by the FBI after so-called underwear bomber Umar Farouk Abdulmutallab tried to blow up the airplane in which he was traveling as it flew over Detroit on Christmas Day in 2009 and was advised of his Miranda rights. The CIA interrogation program that might have handled the interview had by then been dismantled by President Obama.

At the behest of such Muslim Brotherhood-affiliated groups as the Council on American Islamic Relations and the Islamic Society of North America, and other self- proclaimed spokesmen for American Muslims, the FBI has bowdlerized its training materials to exclude references to militant Islamism. Does this delicacy infect the FBI’s interrogation group as well?

Will we see another performance like the Army’s after- action report following Maj. Nidal Hasan’s rampage at Fort Hood in November 2009, preceded by his shout « allahu akhbar »—a report that spoke nothing of militant Islam but referred to the incident as « workplace violence »? If tone is set at the top, recall that the Army chief of staff at the time said the most tragic result of Fort Hood would be if it interfered with the Army’s diversity program.

Presumably the investigation into the Boston terror attack will include inquiry into not only the immediate circumstances of the crimes but also who funded Tamerlan Tsarnaev’s months-long sojourn abroad in 2012 and his comfortable life style. Did he have a support network? What training did he, and perhaps his younger brother, receive in the use of weapons? Where did the elder of the two learn to make the suicide vest he reportedly wore? The investigation should include as well a deep dive into Tamerlan’s radicalization, the Islamist references in the brothers’ social media communications, and the jihadist websites they visited.

Will the investigation probe as well the FBI’s own questioning of Tamerlan two years ago at the behest of an unspecified foreign government, presumably Russia, over his involvement with jihadist websites and other activities? Tamerlan Tsarnaev is the fifth person since 9/11 who has participated in terror attacks after questioning by the FBI. He was preceded by Nidal Hasan; drone casualty Anwar al Awlaki; Abdulhakim Mujahid Muhammad (born Carlos Leon Bledsoe), who murdered an Army recruit in Little Rock in June 2009; and David Coleman Headley, who provided intelligence to the perpetrators of the Mumbai massacre in 2008. That doesn’t count Abdulmutallab, who was the subject of warnings to the CIA that he was a potential terrorist.

If the intelligence yielded by the FBI’s investigation is of value, will that value be compromised when this trial is held, as it almost certainly will be, in a civilian court? Dzhokhar Tsarnaev’s lawyers, as they have every right to do, will seek to discover that intelligence and use it to fashion a case in mitigation if nothing else, to show that his late brother was the dominant conspirator who had access to resources and people.

There is also cause for concern in that this was obviously a suicide operation—not in the direct way of a bomber who kills all his victims and himself at the same time by blowing himself up, but in the way of someone who conducts a spree, holding the stage for as long as possible, before he is cut down in a blaze of what he believes is glory. Here, think Mumbai.

Until now, it has been widely accepted in law-enforcement circles that such an attack in the U.S. was less likely because of the difficulty that organizers would have in marshaling the spiritual support to keep the would-be suicide focused on the task. That analysis went out the window when the Tsarnaevs followed up the bombing of the marathon by murdering a police officer in his car—an act certain to precipitate the violent confrontation that followed.

It has been apparent that with al Qaeda unable to mount elaborate attacks like the one it carried out on 9/11, other Islamists have stepped in with smaller and less intricate crimes, but crimes that are nonetheless meant to send a terrorist message. These include Faisal Shahzad, who failed to detonate a device in Times Square in 2010, and would-be subway bomber Najibullah Zazi and his confederates.

Is this, as former CIA Director Michael Hayden put it, the new normal?

There is also cause for concern in the president’s reluctance, soon after the Boston bombing, even to use the « t » word—terrorism—and in his vague musing on Friday about some unspecified agenda of the perpetrators, when by then there was no mystery: the agenda was jihad.

For five years we have heard, principally from those who wield executive power, of a claimed need to make fundamental changes in this country, to change the world’s—particularly the Muslim world’s—perception of us, to press « reset » buttons. We have heard not a word from those sources suggesting any need to understand and confront a totalitarian ideology that has existed since at least the founding of the Muslim Brotherhood in the 1920s.

The ideology has regarded the United States as its principal adversary since the late 1940s, when a Brotherhood principal, Sayid Qutb, visited this country and was aghast at what he saw as its decadence. The first World Trade Center bombing, in 1993, al Qaeda attacks on American embassies in Kenya and Tanzania in 1998, on the USS Cole in 2000, the 9/11 attacks, and those in the dozen years since—all were fueled by Islamist hatred for the U.S. and its values.

There are Muslim organizations in this country, such as the American Islamic Forum for Democracy, headed by Dr. Zuhdi Jasser, that speak out bravely against that totalitarian ideology. They receive no shout-out at presidential speeches; no outreach is extended to them.

One of the Tsarnaev brothers is dead; the other might as well be. But if that is the limit of our concern, there will be others.

Mr. Mukasey served as attorney general of the United States from 2007 to 2009 and as a U.S. district judge for the Southern District of New York from 1988 to 2006.

Voir de plus:

Defining ‘Rights’ in a Terror Case

Michael B. Mukasey

WSJ

May 1, 2013

The new arrests in Boston look like criminal cases. But why was the interrogation of the accused bomber handled like a criminal matter too?

By MICHAEL B. MUKASEY

The three suspects arrested Wednesday in the Boston Marathon bombing case appear to be considered accomplices after the fact. It is likely that they will be treated as common criminals rather than terrorists. Unfortunately, law-enforcement has approached the accused bomber Dzhokhar Tsarnaev that way as well.

A miasma of conflicting views about Mr. Tsarnaev’s legal status has engulfed the case. The rules and principles that should govern the relevant facts are pretty straightforward, but they alone do not explain the actual outcome thus far, which seems rooted instead in the Obama administration’s gauzy notions about what is required of law informed by morality.

At the time of Mr. Tsarnaev’s April 19 apprehension, no warrant had been issued for his arrest. The case law on warrantless arrests requires the initiation of the court process within 48 hours, with exceptions arguably not relevant here. The reason for the 48-hour requirement, as explained by the Supreme Court in County of Riverside v. McLaughlin (1991), is to prevent secret arrests unsupported by probable cause, as determined by what the law calls a neutral magistrate. Of course, Dzhokhar Tsarnaev’s arrest was not secret, and the facts surrounding it far surpassed the modest probable-cause standard. All that was missing was the finding by a neutral magistrate.

That gap was filled, when a criminal complaint was filed by federal prosecutors based on an affidavit that established probable cause, and the magistrate judge issued an arrest warrant. Using that warrant, the authorities—if they wished to indulge an exacting taste for formality—could have rearrested Mr. Tsarnaev. No more was required.

At that point his interrogation had already begun, but it was being conducted by the FBI-led High Value Interrogation Group, solely—or so it should have been—for the purpose of gathering intelligence. Recall that the HIG, as the interrogation group is known, wascreated to fill the void left after President Obama, on his second day in office, abolished the CIA’s then-classified interrogation program.

The president limited future use of interrogation techniques to those set forth in the Army Field Manual, a document long available on the Internet and actually used by terrorist groups to train their recruits to resist questioning. Mr. Obama also promised to create a team of specially trained law-enforcement officers and intelligence officials to question captured terrorists. That team had not yet been created when, almost a year later, Umar Farouk Abdulmutallab tried to blow up himself and his fellow passengers aboard an airplane over Detroit on Christmas Day 2009. The opportunity to question him extensively was lost when he stopped talking to the FBI after being advised of his Miranda right to silence.

Didn’t Dzhokhar Tsarnaev have the same right as Abdulmutallab, and weren’t officials legally required to inform him of it? Well, not quite. The right in question is not, strictly speaking, a right to remain silent. Rather, it is derived from the Fifth Amendment, which guarantees that a defendant in a criminal case may not be compelled to be a witness against himself. But if an interrogation is being conducted to gather information, not to build a criminal case, then no right to remain silent exists. Law enforcement already has a surfeit of evidence—including photographs and videos of him at the scene of the bombing. The HIG interrogators weren’t trying to help prosecutors construct their case.

Of course, Mr. Tsarnaev could have chosen not to talk to intelligence interrogators, or chosen to lie to them. But that is what he would have been exercising: a choice, not a right.

Wasn’t there a requirement that Mr. Tsarnaev be brought without delay before a judge? Again, not quite. The rule in question requires that defendants be taken to court without unnecessary delay—but the rule has been interpreted in one case from the judicial circuit that includes Massachusetts to permit even a hiatus of almost four months between arrest and court appearance when a defendant was in state custody during that period. The circuit court found that so long as the delay wasn’t used to obtain a confession, it was not unreasonable.

And what of the right to counsel? Didn’t Mr. Tsarnaev have the right to a lawyer, and to have that lawyer present during any questioning? Once more, not quite. Another amendment, the Sixth, guarantees the right to counsel in a criminal case, but it guarantees no more.

If Mr. Tsarnaev was being questioned by the HIG solely to gather intelligence, and no admission of his or lead from information he disclosed was to be used in his criminal case, then he was no more entitled to a lawyer in connection with such questioning unrelated to his criminal case than he was entitled to a lawyer to close a real-estate transaction. The HIG could have easily ensured that none of the fruits of its questioning could be used in the criminal case.

Ideally, such intelligence questioning would have continued for a long period, probably months, so that interrogators could try to substantiate the information they obtained, then double back and ask more questions based on what they found. Intelligence-gathering is an incremental process, at best.

Would the HIG have run any risks by continuing to question Mr. Tsarnaev outside the presence of a lawyer? Not really. Defense counsel could have filed a habeas corpus petition on his behalf challenging the circumstances of the detention and his continued questioning for intelligence purposes. If the ruling on such a petition, for some reason I cannot now fathom, went against the government, and that ruling were sustained for months all the way through a Supreme Court review, then—and only then—the HIG questioning would have had to stop. No right of Mr. Tsarnaev’s would have been compromised in the interim because, again, none of the fruits of the HIG questioning would be used in the criminal case.

Could all of this legal mumbo-jumbo have been avoided by labeling Mr. Tsarnaev an unlawful enemy combatant? No. As an American citizen, by law he could not be tried before a military commission, and labeling him an unlawful enemy combatant would have had no legal significance when it came to interrogating him.

There is one question about the Tsarnaev legal matter for which no answer readily appears: Why did the Justice Department order U.S. Marshals to bring a magistrate judge to Mr. Tsarnaev’s hospital room on April 22 to advise him of a right he did not have if he was being questioned for intelligence purposes, and to introduce him to a lawyer with no authority to advise him in connection with such questioning?

Why indeed. Regrettably, it appears that here we must fall back to the Obama administration’s frequently articulated concern, always presented in overarching moral terms, that America must prove to a constantly doubting world that the U.S. can follow the law even—especially—when it confers rights on unlovely folk like Dzhokhar Tsarnaev, and even if those rights don’t quite exist. Here, maybe it is time that our hectoring schoolmasters and schoolmarms consider a lesson taught by the philosopher Blaise Pascal: The first rule of morality is to think clearly.

Mr. Mukasey served as U.S. attorney general (2007-09) and as a U.S. district judge for the Southern District of New York (1988-2006).

Voir enfin:

The World’s Muslims: Religion, Politics and Society

POLL
Pewforum
April 30, 2013

Chapter 2: Religion and Politics

Muslims around the world express broad support for democracy and for people of other faiths being able to practice their religion freely. At the same time, many Muslims say religious leaders should influence political matters and see Islamic political parties as just as good or better than other political parties.

Many Muslims express concern about religious extremist groups operating in their country. On balance, more Muslims are concerned about Islamic than Christian extremist groups. And while the vast majority of Muslims in most countries say suicide bombing is rarely or never justified to defend Islam against its enemies, substantial minorities in a few countries consider such violence justifiable in at least some circumstances.

Democracy

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In 31 of the 37 countries where the question was asked at least half of Muslims believe a democratic government, rather than a leader with a strong hand, is best able to address their country’s problems.

Support for democracy tends to be highest among Muslims in sub-Saharan Africa and Southeast Asia. In 12 of the 16 countries surveyed in sub-Saharan Africa, roughly two-thirds or more prefer a democratic government, including nearly nine-in-ten (87%) in Ghana. Fewer, though still a majority, prefer democracy over a strong leader in Guinea Bissau (61%), Niger (57%) and Tanzania (57%). In Southeast Asia, more than six-in-ten Muslims in Malaysia (67%), Thailand (64%) and Indonesia (61%) also prefer democracy.

In the Middle East and North Africa, at least three-quarters of Muslims support democracy in Lebanon (81%) and Tunisia (75%). At least half in Egypt (55%), the Palestinian territories (55%) and Iraq (54%) do so as well.

Attitudes vary somewhat in the other regions surveyed. In South Asia, the percentage of Muslims who say a democratic government is better able to solve their country’s problems ranges from 70% in Bangladesh to 29% in Pakistan. In Central Asia, at least half of Muslims in Tajikistan (76%), Turkey (67%), Kazakhstan (52%) and Azerbaijan (51%) prefer democracy over a leader with a strong hand, while far fewer in Kyrgyzstan (32%) say the same.

In Southern and Eastern Europe, support for democracy is much higher among Muslims in Kosovo (76%) and Albania (69%) than in Bosnia-Herzegovina (47%) and Russia (35%), where a majority of Muslims favor a powerful leader.

Views about the better type of government differ little by frequency of prayer, age, gender or education level.

Religious Freedom

Muslims generally say they are very free to practice their religion. Most also believe non-Muslims in their country are very free to practice their faith. And among those who view non-Muslims as very free to practice their faith, the prevailing opinion is that this is a good thing.

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Muslims in Southeast Asia, South Asia and sub-Saharan Africa are particularly likely to say they are “very free” to practice their faith. Roughly seven-in-ten or more Muslims in each country surveyed in these regions hold this view.

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There is more variation in the Middle East-North Africa region, where Muslims in Iraq (48%) and Egypt (46%) are much less likely than Muslims in Lebanon (90%) and Morocco (88%) to believe they are able to practice Islam very freely. Muslims in Uzbekistan (39%) are the least likely among the Muslim populations surveyed to say they are very free to practice their faith.

In addition to freedom for themselves, most Muslims believe individuals from other religions are able to practice their faith openly. In 33 of the 38 countries where the question was asked at least half say people of other faiths are very free to practice their religion. (This question was not asked in Afghanistan.)

Muslims in Central Asia and the Middle East and North Africa are generally less likely to believe non-Muslims can practice their faith freely. Fewer than half in Kyrgyzstan (48%), Tajikistan (47%) and Uzbekistan (26%), for example, say others are able to practice their faith openly. Similarly, in the Middle East-North Africa region, fewer than four-in-ten Muslims in Iraq (37%) and Egypt (31%) believe non-Muslims are free to practice their religion.

In 15 of the countries surveyed, Muslims are significantly more likely to say they themselves are very free to practice their religion than to say the same about people of other faiths. The gaps are particularly wide in Jordan (-22 percentage points), Kyrgyzstan (-20), Turkey  (-20) and Egypt (-15).

Overall, Muslims broadly support the idea of religious freedom. Among Muslims who say people of different religions are very free to practice their faith, three-quarters or more in each country say this is a good thing.

Religious Leaders’ Role in Politics

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Compared with support for democracy and religious freedom, sharper regional differences emerge over the question of the role of religious leaders in politics. The prevailing view among Muslims in Southeast Asia, South Asia and the Middle East-North Africa region is that religious leaders should have at least some influence in political matters. By contrast, this is the minority view in most of the countries surveyed in Central Asia and Southern and Eastern Europe. With the notable exception of Afghanistan, fewer than half of Muslims in any country surveyed say religious leaders should have a large influence in politics.

Support for religious leaders having a say in political matters is particularly high in Southeast Asia. At least three-quarters of Muslims in Malaysia (82%) and Indonesia (75%) believe religious leaders should influence political matters, including substantial percentages who say they should play a large role (41% and 30%, respectively).

In South Asia, a large majority in Afghanistan (82%) and Bangladesh (69%) believe religious leaders ought to influence political matters, while 54% of Pakistani Muslims agree. Afghan Muslims are the most likely among the populations surveyed to say religious leaders should have a large influence on politics (53%), while roughly a quarter of Muslims in Pakistan (27%) and Bangladesh (25%) express this view.

In the Middle East-North Africa region, a majority of Muslims in most countries surveyed say religious leaders should play a role in politics. Support is highest among Muslims in Jordan (80%), Egypt (75%) and the Palestinian territories (72%). Roughly six-in-ten in Tunisia (58%) and Iraq (57%) agree. Lebanese Muslims are significantly less supportive; 37% think religious leaders should have at least some role in political matters, while 62% disagree. In each country in the region except Lebanon, about a quarter or more say religious leaders should have a large influence on politics, including 37% in Jordan.

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Muslims in Southern and Eastern Europe and Central Asia tend to be less supportive of a role for religious leaders in political matters. Only in Russia does a majority (58%) believe religious leaders should have at least some influence. Meanwhile, Muslims in Kyrgyzstan are divided over the issue (46% say religious leaders should have an influence on political matters, 51% disagree). In the other countries surveyed in these two regions, fewer than four-in-ten Muslims believe religious leaders should have a role in politics.

In some countries, Muslims who pray several times a day are more likely than those who pray less often to say religious leaders should influence political matters. The gap is particularly large in Lebanon, where 51% of Muslims who pray several times a day believe religious leaders should have at least some political influence, compared with 13% of those who pray less often.

Islamic Political Parties

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In most countries where the question was asked at least half of Muslims rate Islamic parties as better than, or about the same, as other political parties.

The percentage of Muslims who say Islamic parties are better than other political parties is highest in Egypt (55%), Tunisia (55%) and Afghanistan (54%), although at least four-in-ten share this view in Jordan (46%), Malaysia (43%) and Bangladesh (41%). By contrast, fewer than a quarter of Muslims view Islamic parties more favorably than other parties in the Palestinian territories (21%), Kosovo (16%), Bosnia-Herzegovina (12%), Azerbaijan (11%) and Kazakhstan (9%).

In all countries where the question was asked, substantial percentages of Muslims rate Islamic parties as the same as other political parties, including at least half in Indonesia (57%) and Lebanon (51%). Elsewhere, at least one-in-five rate Islamic and other political parties the same.

Relatively few Muslims consider Islamic parties to be worse than other political parties. Only in the Palestinian territories (29%), Azerbaijan (27%) and Turkey (26%) do more than a quarter subscribe to this view.

In many countries, favorable assessments of Islamic political parties track with support for religious leaders having an influence on politics. In Lebanon, for example, Muslims who say religious leaders should have at least some political influence are 53 percentage points more likely than those who disagree to say Islamic parties are better (63% vs. 10%). In 15 of the other countries surveyed, similar double-digit gaps emerge over the question of Islamic parties, with those who support a role for religious leaders in politics consistently more favorable toward Islamic political parties.

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Views on the role of religion in politics may not be the only factor affecting attitudes toward Islamic parties. Local political circumstances may also influence opinions on this question. Both Tunisia and Egypt, for example, experienced major political upheavals in 2011, with Islamic parties emerging as the dominant political blocs. At the time of the surveys in Tunisia and Egypt, Muslims who said they were satisfied with the direction of the country were significantly more likely than those who were dissatisfied to say Islamic political parties are better than other political parties (+24 percentage points in Tunisia and +11 in Egypt).20

Concern About Religious Extremism

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At least half of Muslims in 22 of the 36 countries where the question was asked say they are at least somewhat concerned about religious extremist groups in their country. In most countries, Muslims are much more worried about Islamic extremists than Christian extremists. Substantial proportions in some countries, including countries surveyed in the Middle East and North Africa, express concern about both Muslim and Christian extremist groups.

The survey finds widespread concern about religious extremism in Southeast Asia, South Asia and the Middle East-North Africa region. In nearly every country surveyed in these regions, at least half of Muslims say they are very concerned or somewhat concerned about extremist groups. In Indonesia, nearly eight-in-ten Muslims say they are worried about religious extremism (78%), including more than half (53%) who are worried about Islamic extremists. In Malaysia, too, a majority of Muslims (63%) are worried about extremist groups; however, more Malaysian Muslims express concerns about Christian than Muslim groups (31% vs. 8%). In the Middle East-North Africa region, on balance, Muslims are more concerned about Islamic than Christian extremist groups, but more than one-in-five in most countries surveyed in the region are worried about both Islamic and Christian groups.

At least half in nine of the 16 countries surveyed in sub-Saharan Africa also say they are concerned about religious extremism. And in most countries, Islamic extremism rather than Christian extremism is the principal worry. For example, in Guinea Bissau, more than half of Muslims (54%) say they are at least somewhat concerned about Islamic extremist groups; in Ghana 45% say the same, as do roughly a third of Muslims in Djibouti (36%), Chad (33%), Kenya (33%) and Niger (32%).

In Southern and Eastern Europe, worries about religious extremism are most widespread in Bosnia-Herzegovina, where more than six-in-ten (63%) are at least somewhat concerned about religious extremist groups, including 27% who are specifically concerned about Islamic extremists. A similar proportion of Muslims (30%) in Bosnia-Herzegovina are worried about both Muslim and Christian groups in the country. Fewer than half say they are very or somewhat concerned about religious extremist groups in Russia (46%), Kosovo (45%) and Albania (21%).

In Central Asia, the percentage of Muslims concerned about religious extremism ranges from roughly six-in-ten in Kazakhstan (63%) and Kyrgyzstan (62%) to fewer than one-in-ten in Azerbaijan (6%). In most of the countries surveyed in the region, worries about Islamic extremists are more common than are concerns about Christian extremists, although one-in-five in Kyrgyzstan are concerned about extremists of both faiths.

Suicide Bombing

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In most of the 21 countries where the question was asked few Muslims endorse suicide bombing and other forms of violence against civilian targets as a means of defending Islam against its enemies. But in a few countries, substantial minorities believe suicide bombing can be often justified or sometimes justified.

Muslims in some countries surveyed in South Asia and the Middle East-North Africa region are more likely than Muslims elsewhere to consider suicide bombing justified. Four-in-ten Palestinian Muslims see suicide bombing as often or sometimes justified, while roughly half (49%) take the opposite view. In Egypt, about three-in-ten (29%) consider suicide bombing justified at least sometimes. Elsewhere in the region, fewer Muslims believe such violence is often or sometimes justified, including fewer than one-in-five in Jordan (15%) and about one-in-ten in Tunisia (12%), Morocco (9%) and Iraq (7%).

In Afghanistan, a substantial minority of Muslims (39%) say that this form of violence against civilian targets is often or sometimes justifiable in defense of Islam. In Bangladesh, more than a quarter of Muslims (26%) take this view. Support for suicide bombing is lower in Pakistan (13%).

In the countries surveyed in Central Asia and Southern and Eastern Europe, fewer than one-in-six Muslims consider suicide bombing justified in Turkey (15%), Kosovo (11%) and Kyrgyzstan (10%). Elsewhere in these two regions, even fewer say this tactic can be justified.

In Southeast Asia, Malaysian Muslims are more likely than Indonesian Muslims to consider suicide bombing justifiable (18% vs. 7%).


Footnotes:

20 The survey in Egypt was conducted Nov. 14-Dec. 18, 2011. Parliamentary elections were held in November 2011 through January 2012, and the Islamist Freedom and Justice Party was declared the winner of a plurality of seats in January 2012. The survey in Tunisia was conducted Nov. 10-Dec. 7, 2011. The Islamist party Ennahda won a plurality of seats in the Constituent Assembly elections in October 2011, and the Constituent Assembly met for the first time in November 2011.

7 Responses to Terrorisme: L’incroyable aveuglement occidental devant la véritable horreur de ce que peut produire l’effacement des cultures traditionnelles (Last bang before the whimper ? : Why Israeli-Palestinian peace is not for tomorrow)

  1. […] L’erreur est toujours de raisonner dans les catégories de la « différence », alors que la racine de tous les conflits, c’est plutôt la « concurrence », la rivalité mimétique entre des êtres, des pays, des cultures. La concurrence, c’est-à-dire le désir d’imiter l’autre pour obtenir la même chose que lui, au besoin par la violence. Sans doute le terrorisme est-il lié à un monde « différent » du nôtre, mais ce qui suscite le terrorisme n’est pas dans cette « différence » qui l’éloigne le plus de nous et nous le rend inconcevable. Il est au contraire dans un désir exacerbé de convergence et de ressemblance. (…) Ce qui se vit aujourd’hui est une forme de rivalité mimétique à l’échelle planétaire. Lorsque j’ai lu les premiers documents de Ben Laden, constaté ses allusions aux bombes américaines tombées sur le Japon, je me suis senti d’emblée à un niveau qui est au-delà de l’islam, celui de la planète entière. Sous l’étiquette de l’islam, on trouve une volonté de rallier et de mobiliser tout un tiers-monde de frustrés et de victimes dans leurs rapports de rivalité mimétique avec l’Occident. Mais les tours détruites occupaient autant d’étrangers que d’Américains. Et par leur efficacité, par la sophistication des moyens employés, par la connaissance qu’ils avaient des Etats-Unis, par leurs conditions d’entraînement, les auteurs des attentats n’étaient-ils pas un peu américains ? On est en plein mimétisme.Ce sentiment n’est pas vrai des masses, mais des dirigeants. Sur le plan de la fortune personnelle, on sait qu’un homme comme Ben Laden n’a rien à envier à personne. Et combien de chefs de parti ou de faction sont dans cette situation intermédiaire, identique à la sienne. Regardez un Mirabeau au début de la Révolution française : il a un pied dans un camp et un pied dans l’autre, et il n’en vit que de manière plus aiguë son ressentiment. Aux Etats-Unis, des immigrés s’intègrent avec facilité, alors que d’autres, même si leur réussite est éclatante, vivent aussi dans un déchirement et un ressentiment permanents. Parce qu’ils sont ramenés à leur enfance, à des frustrations et des humiliations héritées du passé. Cette dimension est essentielle, en particulier chez des musulmans qui ont des traditions de fierté et un style de rapports individuels encore proche de la féodalité. (…) Cette concurrence mimétique, quand elle est malheureuse, ressort toujours, à un moment donné, sous une forme violente. A cet égard, c’est l’islam qui fournit aujourd’hui le ciment qu’on trouvait autrefois dans le marxisme.  René Girard […]

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  2. […] à l’échelle planétaire, que « c’est l’islam qui fournit aujourd’hui le ciment qu’on trouvait autrefois dans le marxisme » […]

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