Caricatures de Charlie Hebdo: Attention, une imposture peut en cacher une autre (French satirical weekly caught again playing the dubious game of moral equivalence)

NYDailyNews
"Et mes fesses ? Tu les aimes, mes fesses ?" s'ecrie le prophete Mahomet dans cette caricature de "Charlie Hebdo".PhotoL’objectivité parfaite, c’est cinq minutes pour les juifs, cinq minutes pour Hitler. Jean-Luc Godard
Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée. Car je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère; et l’homme aura pour ennemis les gens de sa maison. Jésus
« Le coup de génie, c’est vraiment d’avoir orchestré la concurrence entre les filiales », répéta Dieu pour la millième fois. « Le jour où j’ai trouvé ça…  » Le directeur de la com’ approuva, d’un discret signe de tête. Ne jamais contrarier les accès d’autosatisfaction du Patron. Daniel Schneidermann
Le prophète Mahomet allongé sur le ventre, dans son plus simple appareil, s’écriant au cinéaste venu le filmer : « Et mes fesses ? Tu les aimes, mes fesses ? » Plus bas sur la même page, le même prophète, cette fois accroupi, dévoilant sans peine ses attributs, hormis son orifice caché par une étoile jaune à cinq branches : « Une étoile est née », . Comme il l’avait annoncé la veille, l’hebdomadaire satirique a publié en quatrième de couverture de nouvelles caricatures de Mahomet. Au nom de la liberté d’expression, quitte à entraîner la France dans la vague de colère du monde musulman née de la diffusion du film islamophobe L’innocence des musulmans. « Il n’y a rien à négocier avec les fascistes. La liberté de nous marrer sans aucune retenue, la loi nous la donnait déjà, la violence systématique des extrémistes nous la donne aussi. Merci, bande de cons »,  dans un éditorial titré « Rire, bordel de Dieu ! » Armin Arefi
« Tout est parti d’une inquiétude des services français qui craignaient dans le contexte que Charlie fasse sa couverture avec une caricature de Mahomet. Il n’en est rien », a expliqué Charb à l’AFP. La couverture, qu’il signe, représente un musulman dans un fauteuil roulant poussé par un juif orthodoxe, avec chapeau et papillote, sous le titre « Intouchables 2 », allusion au film éponyme. « Je leur ai dit qu’il n’y avait rien en couverture, le soufflé est retombé et je pense que M. Fabius n’avait pas vu la Une quand il a parlé en Egypte », a estimé Charb. Libération
Nous sommes entrés dans un mouvement qui est de l’ordre du religieux. Entrés dans la mécanique du sacrilège : la victime, dans nos sociétés, est entourée de l’aura du sacré. Du coup, l’écriture de l’histoire, la recherche universitaire, se retrouvent soumises à l’appréciation du législateur et du juge comme, autrefois, à celle de la Sorbonne ecclésiastique. Françoise Chandernagor
L’image correspondait à la réalité de la situation, non seulement à Gaza, mais en Cisjordanie. Charles Enderlin (Le Figaro, 27/01/05)
A Gaza et dans les territoires occupés (…) les femmes palestiniennes violées par les soldats israéliens sont systématiquement tuées par leur propre famille. Ici, le viol devient un crime de guerre, car les soldats israéliens agissent en parfaite connaissance de cause. Sara Daniel (Le Nouvel Observateur, le 8 novembre 2001, démenti par la suite)
Le fait est que nous savons qu’il y a un trafic d’organes en Israël. Et nous savons aussi qu’il y a des familles qui affirment que les organes de leurs enfants ont été prélevés. Ces deux faits mis ensemble suscitent le besoin d’une enquête plus élaborée. David Boström (journaliste suédois)
Si on ajoute à cela l’importante pénurie d’organes et de donneurs en Israël, l’affaire de Brooklyn, les témoignages des familles palestiniennes, tout ces éléments rassemblés font qu’il est tout à fait vraisemblable qu’un tel vol et trafic d’organes de Palestiniens aient pu avoir lieu. Alexandra Sandels
Nous avons commis une terrible erreur, un texte malencontreux sur l’une de nos photos du jour du 18 avril dernier (à gauche), mal traduit de la légende, tout ce qu’il y a de plus circonstanciée, elle, que nous avait fournie l’AFP*: sur la « reconstitution », dans un camp de réfugiés au Liban, de l’arrestation par de faux militaires israéliens d’un Palestinien, nous avons omis d’indiquer qu’il s’agissait d’une mise en scène, que ces « soldats » jouaient un rôle et que tout ça relevait de la pure et simple propagande. C’est une faute – qu’atténuent à peine la précipitation et la mauvaise relecture qui l’ont provoquée. C’en serait une dans tous les cas, ça l’est plus encore dans celui-là: laisser planer la moindre ambiguïté sur un sujet aussi sensible, quand on sait que les images peuvent être utilisées comme des armes de guerre, donner du crédit à un stratagème aussi grossier, qui peut contribuer à alimenter l’exaspération antisioniste là où elle s’enflamme sans besoin de combustible, n’appelle aucun excuse. Nous avons déconné, gravement. J’ai déconné, gravement: je suis responsable du site de L’Express, et donc du dérapage. A ce titre, je fais amende honorable, la queue basse, auprès des internautes qui ont été abusés, de tous ceux que cette supercherie a pu blesser et de l’AFP, qui n’est EN AUCUN CAS comptable de nos propres bêtises. Eric Mettout (L’Express)
Oui, c’est une évidence flagrante qu’il y a des risques liés aux infibulations. Mais il est tout aussi évident qu’une petite entaille, pratique qui ne comporte aucune ablation de tissu ou d’altération définitive des organes génitaux féminins, n’est pas plus risquée que les formes de circoncision masculine ou de piercing qui sont largement (bien qu’évidemment pas uniformément) admises dans la société occidentale. (…) La recherche épidémiologique nous renseigne sur le degré de risque de divers types associé à différentes formes de pratiques. Elle ne nous dit pas quand le risque est trop grand. Et qui décide quand le risque devient trop important ? Cela doit-il être décidé par des organismes internationaux? Des gouvernements ? Quand cela devient-il une nouvelle forme d’impérialisme culturel? Bettina Coquille-Duncan (anthropologue, université de Washington, 28.02.08)
Il serait peut-être plus efficace, en guise de compromis, pour éviter un mal plus grand, que les lois fédérales et les états autorisent les pédiatres à pratiquer une entaille rituelle pour satisfaire la demande des familles. Académie de Pédiatrie Américaine (06.05.10)
Dans le contexte actuel – des manifestations dans le monde musulman contre un film anti-islam, une ambassade américaine incendiée et des diplomates tués –, « Charlie Hebdo » fait de la pure provocation. Il joue à la fois sur la peur des Français non musulmans et sur celle des musulmans, qui craignent la stigmatisation et la prise à partie. Il est important de préciser que les récentes manifestations violentes ne concernent que quelques centaines d’individus et sont condamnées par les gouvernements, y compris ceux issus des Frères musulmans. Elles sont le fruit d’une minorité d’excités, qui ne représentent en rien l’ensemble des musulmans. Il faut se garder de tout amalgame entre cette image minoritaire et déformée de l’islam et la réalité. Or le numéro de « Charlie Hebdo » de cette semaine fait tout l’inverse et participe à l’amalgame. Le moment me semble donc particulièrement mal choisi, « Charlie Hebdo » aurait pu faire ce type de numéro dans une période plus calme. Tout ça ne va pas faciliter la tâche de nos diplomates à l’étranger et il faut souhaiter que nos ambassades ne soient pas prises à partie. Si le moment est mal choisi, il est bien sûr très opportun pour l’intérêt commercial de « Charlie Hebdo ». Ce journal sait que quand on tape sur l’islam, on vend du papier. L’intérêt est donc bien plus commercial qu’une recherche de liberté. Il est très différent de se moquer de la mort de De Gaulle dans une France gaulliste, où l’opposition était faible et la liberté de la presse pas aussi conséquente qu’aujourd’hui, et se moquer de nos jours des musulmans, qui ne sont pas en position de pouvoir en France, n’ont pas d’appuis dans la presse, sont montrés du doigt et connaissent des difficultés d’intégration. Autrement dit, ce n’est pas la même chose de taper sur le fort ou sur le faible. Le premier cas de figure relève du courage, pas le second. Les vrais dissidents ne tapent pas sur les faibles, mais sur les puissants. Là est le courage. (…) La tradition libertaire de « Charlie Hebdo » appartient depuis plusieurs années déjà au passé du journal, qui joue maintenant à fond la carte « beauf-raciste ». Il ratisse ainsi un nouveau type de lectorat, bien éloigné à mon avis des libertaires du début. (…) Il faut faire tomber les masques et dire que « Charlie Hebdo » est devenu journal populiste et non plus libertaire. Il n’y a rien de courageux à taper sur les musulmans en France à notre époque. Pascal Boniface
Il y a un an déjà, les invocations de « blasphème » avaient fait une percée remarquée en France avec la condamnation par les catholiques de deux pièces de théâtre et celle par les musulmans de caricatures du prophète Mahomet publiées, déjà, par Charlie Hebdo. Or, cette notion apparaît anachronique, incompréhensible même pour nombre de contemporains détachés de toute croyance ou d’affinités avec le « sacré ». D’autant que, historiquement, accuser un non-croyant ou le croyant d’une autre religion de « blasphème » n’a guère de sens : les provocations venues de l’extérieur d’une communauté devraient donc être considérées comme insignifiantes par les croyants de la confession visée. Le Monde
La circoncision (…) est aujourd’hui une intervention chirurgicale bénigne, mais dont les complications peuvent être sérieuses si l’acte chirurgical est réalisé par des praticiens peu qualifiés ou mal équipés. La circoncision est créditée d’un certain nombre d’effets bénéfiques : limitation du risque de transmission hétérosexuelle de l’infection par le VIH chez l’homme (Organisation mondiale de la santé, 2007), prévention des fréquents paraphimosis (inflammation du prépuce) de l’enfance ; prévention de certains problèmes sexuels chez les jeunes hommes en rapport avec les fréquents prépuces serrés. (…) Cette analyse montre aussi qu’il n’est pas possible de comparer la circoncision à l’excision clitoridienne dont les bénéfices sanitaires sont nuls face aux risques hémorragiques, infectieux mais surtout sexuels. Cette mutilation, car c’en est une, limite en effet pour sa vie entière le plaisir sexuel de la petite fille qui en est l’objet. Sur les plans religieux et culturel, (…) [b]ien que n’étant pas mentionnée dans le Coran, la circoncision est pratiquée dans l’ensemble du monde musulman, où elle est considérée comme une prescription de la tradition de l’islam, et la plupart des familles y sont très attachées. Elle revêt un caractère central dans la culture, la religion et l’identité juives, dont elle constitue l’un des principaux marqueurs. Rappelons que des milliers d’hommes juifs ont payé de leur vie l’existence de cette scarification reconnaissable entre toutes, qui témoigne de l’alliance avec Dieu. Si les familles juives ont continué à marquer ainsi leurs garçons, malgré les risques mortels, c’est pour que chaque juif soit reconnu comme tel par les juifs comme par les non-juifs. La mise en cause de la liberté de faire circoncire leurs garçons par les familles juives est une remise en question de leur identité la plus intime, la plus mémorielle, alors même que s’éteignent peu à peu les regards qui ont vu la Shoah. (…) Vouloir limiter la discussion sur la circoncision à sa seule dimension sanitaire aboutit à nier a priori son rôle dans la transmission de l’identité religieuse et à une remise en cause majeure de celle-ci. C’est comme si on réduisait la question du voile islamique à un débat sur la santé des cheveux, le débat sur la burqa au rapport bénéfices-risques du soleil sur la peau, vitamine D d’un côté, mélanome de l’autre, ou encore, comme si on remettait en question la pratique du carême, de la cacherout ou du ramadan pour des raisons nutritionnelles. Ce type de raisonnement, qui met en avant des arguments sanitaires aux dépens des pratiques religieuses et culturelles, pour le bien des populations, sonne de façon familière aux oreilles de ceux qui connaissent les rhétoriques totalitaires : élimination des malades mentaux sous couvert d’eugénisme dans l’Allemagne nazie, rhétorique sur la « régénération » des citadins par l’hygiène du travail de la terre chez les massacreurs khmers rouges, reprise en main des jeunes Français par l’hygiénisme des chantiers de jeunesse sous le régime de Vichy, les exemples ne manquent pas. Loin de moi l’idée d’assimiler à des adeptes du totalitarisme tous ceux qui seraient prêts à interdire la circoncision avant la majorité des garçons, mais ont-ils pesé toutes les dimensions du problème ? Et que savent-ils des motivations profondes des leaders, Michel Onfray par exemple, qui accompagnent les campagnes militantes visant à cette interdiction, dont on peut parfois se demander jusqu’où peut conduire leur haine des « monothéismes » ? Richard Guédon
Peu de juifs sont susceptibles de venir s’installer en France, l’assimilation par les mariages mixtes se poursuit, l’aliya [le départ en Israël] aussi, à raison de 1 500 à 2 000 personnes par an. Dans vingt ans, il y aura probablement moins de juifs en France. La question est : veut-on qu’il y en ait un peu moins ou beaucoup moins ? C’est la responsabilité de la France de maintenir une communauté vivante et active. (…) Ces tentatives de remise en cause d’une pratique religieuse ne sont pas des accidents de parcours mais le signe que nos sociétés s’arc-boutent contre le fait religieux. Nous venons d’en avoir une autre illustration en Allemagne avec le débat sur la circoncision. Ce jugement [qui a remis en cause le droit de circoncire un enfant pour des raisons religieuses sans son accord] montre que l’on a atteint un point extrême dans les atteintes à la liberté de culte. Pour nous, l’abattage rituel ou la circoncision sont des pratiques qui ne sont pas négociables. Sinon, cela signifie pour les juifs d’Europe qu’ils doivent partir. La maladresse de François Fillon au printemps [l’ex-premier ministre avait laissé entendre que juifs et musulmans devaient revoir leurs « traditions ancestrales »] montre qu’il faut être vigilant. Il ne faudrait pas entériner le projet d’une société qui accepte toutes les libertés sauf celle de pratiquer une religion. Joël Mergui (président du Consistoire central israélite de France)
Muslim immigration is nurturing European anti-Semitism in more surprising ways as well. One unintended and ironic consequence of European Islam’s demographic growth is that Jews are frequently amalgamated with Muslims. Many people use a widespread concern about a growing influence of Islam in Europe as a way to hurt Jews as well, or to hit them first. (…)  to wrest Europe or any historically Christian part of the world from Christianity; recognizes the supremacy of state law over religious law in non-ritual matters; and sees Western democracy — a polity based on the rule of law — as the most legitimate political system. But Europeans are not culturally equipped to understand such nuances or to keep them in mind (far less than the Americans, who are more religious-minded, more conversant in Biblical matters, and more familiar with the Jewish way of life). (…) And what usually originates as a reaction against difficulties linked to radical brands of Islam quickly evolves into a primarily anti-Jewish business. (…) Earlier this year in France, during the last months of the conservative Sarkozy administration, a debate about the rapidly growing halal meat industry led to attacks against the kosher meat industry as well, complete with uncomely remarks about “old-fashioned rituals” by then-Prime Minister François Fillon. While Fillon subsequently “clarified” his views, the Sarkozy administration upheld its support for some kind of “tagging” of “ritually slaughtered meat,” a European Union-promoted practice that would prompt commercial boycott of such food and thus make it financially unaffordable for most prospective buyers. Since kosher meat regulations are much stricter than halal meat regulations, religious Jews would be more hurt at the end of the day than religious Muslims. (…) In Germany, a rare case of malpractice by a German Muslim doctor in a Muslim circumcision led a court in Cologne to ban circumcision on children all over Germany on June 19, on the quite extravagant grounds that only legal adults may decide on issues irreversibly affecting their body, except for purely medical reasons. Which is tantamount, in the considered issue, to denying parents the right to pass their religion to their children. Conservative Chancellor Angela Merkel immediately filled a bill to make religious circumcision legal in Germany, and it was passed on July 19 by the Bundestag (somehow, German conservatives are nowadays more genuinely conservative than, say, their French counterparts). But according to a YouGov poll for the DPA news agency released at about the same moment, 45% of Germans support the ban, while only 42% oppose it. In an even more ominous instance, Judaism has been singled out in a protracted intellectual debate in France since early June, as the fountainhead, past and present, of totalitarianism and political violence and thus as a more dangerous religion than radical Islam. (…) The second half of the 20th century was a golden age for French Jews, both in terms of numbers (from 250,000 souls in 1945 to 700,000 in 1970 due to population transfers and natural growth) and in terms of religious and cultural revival. There was only one shadow: the French government’s anti-Israel switch engineered by Charles de Gaulle in 1966, in part as a consequence of a more global anti-American switch. The 21st century may however be a much darker age. After a first wave of anti-Jewish violence in the early 2000s, some Jews left for Israel or North America. Emigration never really ceased since then, and may soon reach much more important proportions. Michel Gurfinkiel
Il est coutumier, en Occident, dans les médias, chez les universitaires s’affichant experts et dans la classe politique, de pratiquer, à l’égard du conflit israélo-arabe, ce qu’on peut appeler l’«imposture de l’équivalence morale». (…) Concrètement, l’équivalence morale signifie une culpabilité également partagée, une mauvaise foi également répartie, une intransigeance également intraitable. Vous voyez le topo: Israéliens et Palestiniens, tous dans le même sac! Ils sont tous fautifs, pleins de haine. C’est là, reconnaissez-le, une posture facile et combien rassurante puisque ça vous dispense de prendre parti. (…) Convenons, toutefois, que la pratique de l’équivalence morale n’est pas un phénomène récent. Il est sans cesse présent dans l’Histoire. En 1938, à Munich, la France et l’Angleterre se sont déshonorées en mettant justement sur le même pied, d’une part, le régime nazi, raciste, totalitaire, militariste, fourbe et, d’autre part, les États démocratiques. On sait fort bien ce qu’il advint: la Tchécoslovaquie fut avalée par le Reich et la Paix rata son rendez-vous. Jacques Brassard
Depuis 10 ans, depuis l’avènement du « communautarisme musulman », quand un juif se fait agresser en France, les médias titrent spontanément l’évènement sous la pudique formule de « tensions inter-communautaires » éloignant ainsi les juifs de la communauté nationale, les relayant au statut de néo immigrants. (…) Il n’y a pas de tensions inter communautaires en France, comme il n’y a aucune comparaison à faire entre Israël état démocratique et les salafistes transnationaux qui brûlent, assassinent, violent des membres des services diplomatiques occidentaux. (…) Le judaisme n’a jamais souffert de ses caricatures, ni Rabbi Jacob, ni la Vérité si je Mens, ni des sorties acerbes de Coluche ou caustiques de Desproges. Aucun de ces caricatures n’ont engendré d’explosions ou de massacres de masses. Axel Rehouv
Le nouveau scandale lancé par Charlie Hebdo est aussi significatif de l’idéologie dominante. En portraiturant un Juif orthodoxe poussant la chaise roulante d’un musulman (et donc la dirigeant), il « justifie » la provocation anti-musulmane en « l’équilibrant » par une comparaison de l’intolérance islamique avec une pseudo-intolérance judaïque. J’aimerais que l’on nous donne des exemples de l’intolérance des Juifs sur le plan français et que l’on nous montre son caractère meurtrier dans le monde entier. Nous observons ainsi comment les critiques de l’islam instrumentalisent l’antijudaïsme pour éviter d’être taxés de racistes et dire en même temps leur critique des Juifs. C’est d’autant plus odieux que ces mêmes juifs, eux, n’ont jamais bronché devant les énormités que les médias débitent depuis 10 ans sur la communauté juive et Israël. Shmuel Trigano

Attention: une imposture peut en cacher une autre!

Obligation de protection policière pour les lieux de culte ou d’enseignement, non-condamnation ou non-application des peines pour les auteurs d’actes antisémites ou d’incitation au meurtre, difficulté d’obtention de menus casher pour les détenus, calendrier des concours et examens ne tenant pas toujours compte du shabbat et des fêtes, manque de carrés confessionnels, mise en cause de l’abattage rituel, de la circoncision (jusqu’à New York!) et du soutien à Israël, parti-pris systématique pro-palestinien ou anti-israélien  de la plupart des médias (on floute l’imam mais pas le rabbin) …

A l’heure où, sur fond de récupération jihadiste, une France largement désarmée par son état de déchristianisation avancée, mais prête par ailleurs à baillonner sa recherche historique par les lois mémorielles les plus liberticides …

Redécouvre avec le reste d’un Occident où l’on manifeste ou scie des croix seins nus ou déguisées en « salopes » contre le patriarcat les questions que l’on croyait oubliées de loyauté religieuse …

Comme pour le lieu de repos ultime de l’animateur de télévision récemment décédé Jean-Claude Delarue (le choix, potentiellement déchirant pour les familles, du cimetière si vous voulez reposer auprès de la femme de votre vie et que celle-ci est d‘origine musulmane)

Et où, après les affaires de la viande halal et de la circoncision (les mêmes qui étaient hier prêts à composer avec le prétendu besoin d’excision des nouveaux damnés de la terre …

Vont-ils à présent exiger, pour une population déjà contrainte de pratiquer sa religion ou d’acheter sa viande sous protection policière l’interdiction d’un des rites fondamentaux du judaïsme avec à terme la réalisation du vieux rêve nazi d’une Europe enfin judenfrei?) ?

Et à l’instar d’un Charlie hebdo, jouant avec le feu de la provocation systématique et se croyant obligé d’amalgamer la prétendue susceptibilité juive à la caricature à celle des foules de sauvages vandalisant actuellement les représentations diplomatiques occidentales dans les pays musulmans …

Nos médias comme nos politiques multiplient les gestes de contrition (puisqu’on vous dit que tous les fondamentalismes se valent et que le Grand Satan occidental et américain est bien naturellement responsable de l’obscur torchon de 3e zone faussement attribué à un « Israélo-américain, marchand de biens et financé par des Juifs » mais concocté en fait par des Egyptiens sur son sol et qui sert actuellement de prétexte, pour déchainer leur violence et leur haine de l’Occident, aux jihadistes de la planète entière) et de noyage de poisson (faisant par exemple mine de s’inquiéter d’une éventuelle réaction d' »intégristes » catholiques à une énième annonce sensationnaliste sur la prétendue « femme de Jésus« ) …

Retour, avec Jacques Brassard, sur l’ « imposture de l’équivalence morale ».

Cette forme particulière de bienpensance de l’intelligentsia occidentale qui, derrière la prétendue neutralité ou équité affichée, revient en fait à l’amalgame le plus mensonger quand ce n’est pas à l’inversion pure et simple des rôles (l’agressé devenant l’agresseur) …

Et pourrait déboucher à terme, si l’on n’y prête attention, sur la continuation de la solution finale par d’autre moyens

L’équivalence morale, ou l’hypocrisie occidentale

Jacques Brassard

Le Quotidien

12 août 2009

Il est coutumier, en Occident, dans les médias, chez les universitaires s’affichant experts et dans la classe politique, de pratiquer, à l’égard du conflit israélo-arabe, ce qu’on peut appeler l’«imposture de l’équivalence morale». Un exemple récent: l’opinion d’un ancien Premier ministre du Québec, Bernard Landry, dans sa chronique publiée par la revue La Semaine.

Concrètement, l’équivalence morale signifie une culpabilité également partagée, une mauvaise foi également répartie, une intransigeance également intraitable. Vous voyez le topo: Israéliens et Palestiniens, tous dans le même sac! Ils sont tous fautifs, pleins de haine. C’est là, reconnaissez-le, une posture facile et combien rassurante puisque ça vous dispense de prendre parti. C’est cependant une attitude parfaitement odieuse et méprisable.

Négociations

De plus, Bernard Landry se félicite de la «providentielle élection d’Obama». Le nouveau Président, il en est convaincu, va offrir en cadeau la paix au Moyen-Orient. Voilà un optimisme qui confine à l’angélisme. Parce qu’aucune paix ne saurait surgir de l’équivalence morale. Or, le Président américain a justement fondé sa politique sur l’équivalence morale entre Juifs et Palestiniens.

Convenons, toutefois, que la pratique de l’équivalence morale n’est pas un phénomène récent. Il est sans cesse présent dans l’Histoire. En 1938, à Munich, la France et l’Angleterre se sont déshonorées en mettant justement sur le même pied, d’une part, le régime nazi, raciste, totalitaire, militariste, fourbe et, d’autre part, les États démocratiques. On sait fort bien ce qu’il advint: la Tchécoslovaquie fut avalée par le Reich et la Paix rata son rendez-vous.

Obama, lui, n’hésite pas, pour asseoir son équivalence morale, à dénaturer l’Histoire en adhérant au mensonge arabe sur Israël. Pour les Arabes, Israël est, en quelque sorte, le fruit de l’Holocauste. L’Occident, se sentant coupable du génocide de 6 millions de Juifs, aurait cherché l’apaisement de sa conscience en créant l’État d’Israël. Les Juifs n’auraient donc aucun droit sur la terre d’Israël du point de vue légal, historique et moral. Obama, dans son discours du Caire (une inconvenante et fantaisiste louange de l’islam) légitime cette mystification comme, d’ailleurs, tous les antisionistes et antisémites occidentaux.

Foyer national juif

Pourtant, comme l’écrit Caroline Glick, la «communauté internationale a reconnu les droits légaux, historiques et moraux, du peuple juif bien avant que quiconque n’ait jamais entendu parler d’Adolf Hitler. En 1922, la Société des Nations avait mandaté la «reconstruction» et non la création du foyer national juif sur la terre d’Israël dans ses frontières historiques.»

L’autre volet de l’équivalence morale consiste à se focaliser, de façon quasi exclusive, sur la question des implantations juives en Judée-Samarie tout en occultant pudiquement le refus systématique, depuis 60 ans, des Palestiniens de reconnaître à Israël le droit à une existence légitime.

Enfin, les adeptes de l’équivalence morale mettent sur le même pied les actions et les opérations de défense d’une population agressée et le terrorisme aveugle et barbare des phalanges islamistes. Pire, écrit Caroline Glick, «de façon odieuse et mensongère, Obama a allègrement comparé la manière dont Israël traite les Palestiniens à celle dont les esclavagistes blancs en Amérique traitaient leurs esclaves noirs. De façon plus ignoble encore, en utilisant le terme de «résistance», euphémisme arabe pour désigner le terrorisme palestinien, Obama a conféré à celui-ci la grandeur morale des révoltes des esclaves et du mouvement des Droits civiques.»

Spectateur euphorique

Face à ce triste spectacle, quelle est, pensez-vous, la stratégie de Mahmoud Abbas, le chef du Fatah et président de l’Autorité palestinienne? Ne pas bouger! Se mettre en attente! Ne rien donner. Se faire spectateur euphorique de la manoeuvre du Président américain installant Israël, comme l’écrit Guy Millière, «en position de bouc-émissaire, puis de victime expiatoire». Inutile de vous dire qu’une telle politique est vouée, dès le départ, à l’échec. À moins que l’État hébreu soit devenu subitement suicidaire…

Ceux qui, tel Obama (et Bernard Landry), adoptent la posture de l’équivalence morale dans le conflit israélo-palestinien sont convaincus de choisir la sagesse, la neutralité, l’équité. En fait, ils prennent parti pour les Palestiniens; ils inversent les rôles, l’agressé devenant l’agresseur.

L’écrivain Pierre Jourde a sans doute raison d’écrire qu’au fond, trop d’Occidentaux perçoivent comme un scandale insupportable le fait qu’«une poignée de Juifs transforment un désert en pays prospère et démocratique au milieu d’un océan de dictatures arabes sanglantes, de misère, d’islamisme et de corruption». C’est trop contraire à la réconfortante équivalence morale.

Voir aussi:

Caricatures : les juifs ne sont pas des musulmans

Axel Rehouv

Europe-Israel

19 septembre, 2012

Comment calmer la colère de musulmans fanatisés ? Il suffit de les caricaturer à coté d’un juif bien évidemment.

Ainsi transpire, sur la prochaine couverture de Charlie Hebdo, le réflexe pavlovien hérité de 30 ans de propagandes sur le conflit israélo-arabe. La mise dos à dos systématique des intégristes musulmans, responsables de centaines de milliers de morts en 30 années de Jihad, et d’un religieux juif pour le coup, totalement inoffensif. Ce type de réflexe souligne combien, l’un ne peut aller sans l’autre, dans l’esprit tétanisé par la peur, des professionnels de l’information.

Depuis 10 ans, depuis l’avènement du « communautarisme musulman », quand un juif se fait agresser en France, les médias titrent spontanément l’évènement sous la pudique formule de « tensions inter-communautaires » éloignant ainsi les juifs de la communauté nationale, les relayant au statut de néo immigrants. Cette exclusion sournoise des juifs de la sphère républicaine renforce le sentiment d’abandon et d’insécurité et incite certains juifs à émigrer ou à assurer leur propre protection.

Il n’y a pas de tensions inter communautaires en France, comme il n’y a aucune comparaison à faire entre Israël état démocratique et les salafistes transnationaux qui brûlent, assassinent, violent des membres des services diplomatiques occidentaux.

Second point, la caricature ci dessus produit un autre effet, celui de faire croire que caricaturer le judaïsme ou de la religion juive engendre exactement les mêmes conséquences matérielles et sociales, que caricaturer la religion musulmane. (les deux religieux étant désignés comme « Intouchables » sous entendu incritiquables, non caricaturables).

Les juifs ne sont pas des musulmans, n’en déplaisent aux frileux journalistes de Charlie Hebdo, lesquels espèrent sans doute apaiser les musulmans fanatisés en leurs jetant l’image d’un juif à rogner. Le judaisme n’a jamais souffert de ses caricatures, ni Rabbi Jacob, ni la Vérité si je Mens, ni des sorties acerbes de Coluche ou caustiques de Déproges. Aucun de ces caricatures n’ont engendré d’explosions ou de massacres de masses. L’incendie de leurs locaux suite aux caricatures de Mahomet, semble les avoir poussé à faire, consciemment ou inconsciemment, d’étranges concessions.

 Voir également:

ANTISÉMITISME : LE RETOUR DU SYNDROME SOCIALISTE ?

Shmuel Trigano

Lessakele

19 septembre 2012

Nous venons d’assister ces derniers jours à une nouvelle étape de la crise antisémite française qui nous remémore la politique erronée du parti socialiste, sous le gouvernement Jospin, quand Daniel Vaillant était au ministère de l’intérieur. Les deux événements qui nous donnent à le penser sont en lien évidemment avec le contre-coup en France de ce « film » minable sur le prophète Mahomet, avec la manifestation qui s’est improvisée sur les Champs Élysées.

C’est dans le discours des médias que je décèle le dispositif que je me propose d’analyser, en mettant deux choses en parallèle : la promptitude avec laquelle les télévisions et la presse se sont faites l’écho d’un mensonge en annonçant que le film était l’œuvre d’un Israélo-américain, marchand de biens et financé par des Juifs ainsi que l’omission dans tous les reportages et rapports de l’unique slogan des manifestants des Champs Élysées : « Etbabkh el yahoud/égorge les Juifs » que tout le monde peut voir et entendre sur internet.

Il y a d’abord beaucoup à dire sur chacun de ces événements. Les médias n’ont jamais statué devant le public sur la désinformation à laquelle ils se sont livrés. On est passé au complot copte sans aucune transition. Or, c’est la première information qui compte et qui reste marquée dans l’esprit. En l’occurrence elle témoignait d’un grave préjugé raciste : la volonté de provocation et la violence des Juifs, majorés du coefficient des « deux satans » chers aux Iraniens, les États-Unis et Israël, de la richesse des Juifs (Israélo-américain était crédité d’être un « marchand de biens » dans l’immobilier), et du complot juif impliqué dans la notion de financement multiple, tout cela indiquant en filigrane l’innocence des musulmans dont, on suppose, de facto, la colère.

C’est aussi inquiétant de voir comment les journalistes, pour introduire jour après jour à toutes les violences odieuses qui se sont produites de par le monde les expliquent toujours en relation avec ce film, alors que tous les analystes savent pertinemment qu’il n’était qu’un prétexte pour « fêter » le 11 septembre en le cachant dans une réaction indignée et victimaire. Ils accréditent ainsi la manipulation des islamistes qui prétendent agir en victimes d’une agression et qui appellent à manifester sur cette base.

Nous nous retrouvons dans une situation semblable à celle du meurtre de Toulouse, lorsque les médias avaient sans réfléchir accusé l’extrême droite, et c’est à nouveau l’illustration que les faiseurs d’opinion ont un scénario tout fait des événements avant même qu’ils se produisent et qui fait écran à la réalité et impose au grand public une version mensongère, à la source de malentendus appelés à aller en s’approfondissant et en s’enroulant l’un sur l’autre. Le principe de ces préjugés consiste toujours à accuser les Juifs et à innocenter les milieux islamiques. L’accusation, en l’occurrence, atteint des proportions énormes : tout y est possible sans que personne ne bronche, au point que la violence d’Israël et des Juifs est devenue un fait d’évidence.

Qui remarque qu’elle est criminogène ? Les « jeunes » qui ont manifesté et qui appelaient au meurtre des Juifs réagissaient peut-être à ce mensonge des médias, ou en tout cas à une précipitation informative qui n’a pris aucun soin de vérification parce qu’elle est inspirée par l’idée de la culpabilité permanente des Juifs. Car c’est des Juifs qu’il est question : le slogan des manifestants sont clairs. Et qui sont les Juifs que l’on conspue sur les Champs Élysées sinon les Juifs français ?

C’est là qu’est tout le problème : pourquoi la séquence en question a-t-elle été censurée par tous les médias ? Tous les médias ! Ce qui suppose qu’il y a un donneur d’ordres à l’ensemble de la presse ? C’est presque inconcevable. Mais c’est pourtant ce qui s’est passé en 2001-2002 lorsque l’information sur 450 agressions antisémites a été durant de très longs mois censurée par l’information publique, le gouvernement et les institutions juives parce que le gouvernement en avait décidé ainsi, on l’a su plus tard « pour ne pas jeter de l’huile sur le feu » si bien que les alertes des Juifs à l’opinion se voyaient taxées de racisme et d’agressivité. C’est cette erreur politique fondamentale qui a ouvert la voie au nouvel antisémitisme et à l’ère de troubles de masse dans laquelle la France ne fait qu’entrer.

Dès le départ on a pu observer la gêne de la TV à rendre compte de cet événement, très parcimonieuse en images et commentaires, avant que Manuel Valls n’intervienne sur FR2 puis que commence la valse des critiques partisanes. Mais les Français n’ont jamais entendu « égorgez les Juifs » sur « la plus belle avenue du monde ». Au point que leur connaissance de la situation est profondément biaisée et faussée et au désavantage des Juifs, dans la perspective de ce qui risque de se produire par la suite.

Nous savions déjà depuis 2001 comment les médias prompts à accuser Israël cachaient de façon préméditée et méthodique les aspects négatifs et compromettants des Palestiniens ou de tout autre acteur arabe, tout en surexposant de façon obsessionnelle les pseudo défaillances d’Israël. Regardez bien la télévision quand on interroge un Palestinien quand il dit « Yahoud » la traduction dit « Israéliens ». C’est une réécriture totale de la réalité qui se produit depuis maintenant 12 ans. Ainsi les Français n’ont jamais rien entendu de l’antisémitisme et du racisme qui se donnent libre cours dans le mode arabo-islamique où les appels au meurtre des Juifs sont permanents et d’abord chez les chers Palestiniens, oui, mais eux, ils sont « autorisés » puisqu’Israël est coupable. On les « comprend » ( ce que disait Védrine en 2001).

En l’occurrence, dans le cas qui nous préoccupe maintenant, la réécriture est scandaleuse, car en écartant les appels au meurtre du reportage, on nous a montré des manifestants, des « jeunes » des banlieues, qui protestaient de leur bonne foi et disaient leur indignation, demandant le respect. On a vu une « nourrice assermentée » en voile hurler contre la violence des policiers. On a parlé de 4 policiers blessés mais on n’a vu aucune scène de confrontation. De même on a qualifié les jeunes venus des banlieues, de jeunes comme les autres « en baskets », qui subissent la crise économique. Or ce sont les mêmes qui hurlaient « mort aux Juifs ». En somme, malgré la condamnation de la manifestation, le schéma victimaire habituel fut reconduit. « L’information » qui arrive au public est ainsi le résultat d’une totale réécriture de l’événement. Tout comme dans la propagation du mensonge sur les origines du film, le résultat est globalement défavorable aux Juifs dont personne ne saura qu’ils sont exposés à la haine antisémite de façon courante. Bien au contraire, on retiendra qu’Israël est coupable. Et on sera étonné quand un Merah tuera des Juifs. Comment le pourrait-il ? Il n’y a pas d’antisémitisme dans le monde musulman ! Ce fut bien là l’essentiel du débat journalistique sur le massacre de Toulouse : les journalistes ont cherché longtemps toutes les explications possibles, toujours victimaires et sociologiques, sauf la motivation de l’islam. Aujourd’hui confirmée.

Le hasard a fait que deux jours après le président de la République inaugurant l’exposition d’art islamique au Louvre se livre à un discours incroyable, fustigeant les extrémistes mais nous disant ce qu’est le véritable islam et affirmant que la violence des intégristes déformait le véritable islam. Discours très étonnant, qu’on n’imagine pas possible au profit d’une autre religion et qui surenchérit sur l’innocentement. La République sait ce qu’est l’islam ! C’est plutôt aux musulmans de dénoncer ce qu’ils pensent être une falsification de leur religion. Pas au président de la République. Sur ce plan-là le recteur de la mosquée de Paris a été autrement plus sérieux en lançant un grave avertissement à la société, en affirmant avec toute la gravité que ce qui s’était passé constituait un grave tournant, très dangereux, augurant de lendemains violents. Dommage qu’une semblable condamnation claire et musclée ne soit jamais venue de sa part pour condamner la haine des Juifs qui fait rage dans le monde musulman et dans la bouche de ses plus hautes autorités, je pense à l’imam Qaradawi, entre autres, chef du conseil de la fatwa pour l’Europe, un personnage décisif donc pour les musulmans français, qui avait appelé il y a quelques mois au Caire au meurtre des Juifs, devant un million de personnes. Personne n’a entendu cela en France au moment où on célébrait le « printemps ». La nouvelle fut censurée, alors que les caméras de la TV vivaient au rythme de la place Tahrir. Pour que Qaradawi ne représente pas l’islam, et il le représente officiellement et institutionnellement, il faudrait qu’il soit formellement désavoué et combattu par d’autres autorités instituées. Nous n’en avons eu aucune jusqu’à ce jour et il y a de quoi être choqué des réactions courroucées du CFCM. On ne l’a jamais entendu se démarquer de ce discours on ne peut plus officiel pour l’islam.

La case manquante de l’information finit toujours par se retourner contre les Juifs et renforcer le discours victimaire auto-complaisant des activistes islamiques. C’est ce que nous avons vu à l’œuvre, documenté et démontré depuis 12 ans. Ce n’est pas pour la sauvegarde de « la paix publique ».

PS : le nouveau scandale lancé par Charlie Hebdo est aussi significatif de l’idéologie dominante. En portraiturant un Juif orthodoxe poussant la chaise roulante d’un musulman (et donc la dirigeant), il « justifie » la provocation anti-musulmane en « l’équilibrant » par une comparaison de l’intolérance islamique avec une pseudo-intolérance judaïque. J’aimerais que l’on nous donne des exemples de l’intolérance des Juifs sur le plan français et que l’on nous montre son caractère meurtrier dans le monde entier. Nous observons ainsi comment les critiques de l’islam instrumentalisent l’antijudaïsme pour éviter d’être taxés de racistes et dire en même temps leur critique des Juifs. C’est d’autant plus odieux que ces mêmes juifs, eux, n’ont jamais bronché devant les énormités que les médias débitent depuis 10 ans sur la communauté juive et Israël.

Voir encore:

Il ne faut pas interdire la circoncision

Richard Guédon, docteur en médecine

Le Monde

29.08.12

Les religions doivent être respectées

Un tribunal allemand a condamné fin juin un médecin et des parents musulmans pour la circoncision de leur enfant, estimant que ceux-ci avaient enfreint le droit de l’enfant à une éducation sans « violence ». Cette décision vient renforcer la position de ceux qui militent pour que la loi interdise aux parents de procéder à la circoncision de leurs garçons avant leur majorité. Cette position est fondée sur l’idée que la circoncision est une mutilation comparable à l’excision chez la petite fille.

Ni juif ni musulman, mais agnostique de famille catholique, je pense qu’il s’agit d’une question grave dont on doit penser les différentes dimensions. La dimension sanitaire : qu’est-ce que la circoncision ? Quel est son rapport bénéfices-risques ?

La circoncision consiste en l’excision du prépuce, petit repli cutané qui recouvre le gland. C’est aujourd’hui une intervention chirurgicale bénigne, mais dont les complications peuvent être sérieuses si l’acte chirurgical est réalisé par des praticiens peu qualifiés ou mal équipés. La circoncision est créditée d’un certain nombre d’effets bénéfiques : limitation du risque de transmission hétérosexuelle de l’infection par le VIH chez l’homme (Organisation mondiale de la santé, 2007), prévention des fréquents paraphimosis (inflammation du prépuce) de l’enfance ; prévention de certains problèmes sexuels chez les jeunes hommes en rapport avec les fréquents prépuces serrés.

De surcroît, jamais depuis le début de l’ère de la médecine scientifique la pratique de la circoncision par le corps médical n’a été contestée par lui comme non éthique. Tâchons néanmoins de répondre à certaines questions que pourrait soulever cette pratique.

Tout d’abord, sur le plan sémantique : la circoncision est-elle une mutilation ? Selon la définition du dictionnaire « mutilation : retranchement d’un membre ou d’une autre partie du corps », il s’agit bien d’une mutilation mineure. Mais ce terme comporte une forte connotation péjorative, évoquant un univers de tortures et de blessures de guerre, de douleurs et de séquelles, sans aucun bénéfice. L’utiliser dans une discussion sur la circoncision, qui comporte indéniablement certains bénéfices, apparaît déjà comme un jugement de valeur.

Cette analyse montre aussi qu’il n’est pas possible de comparer la circoncision à l’excision clitoridienne dont les bénéfices sanitaires sont nuls face aux risques hémorragiques, infectieux mais surtout sexuels. Cette mutilation, car c’en est une, limite en effet pour sa vie entière le plaisir sexuel de la petite fille qui en est l’objet.

Sur les plans religieux et culturel, quelle est la place de la circoncision dans l’islam et le judaïsme ? Bien que n’étant pas mentionnée dans le Coran, la circoncision est pratiquée dans l’ensemble du monde musulman, où elle est considérée comme une prescription de la tradition de l’islam, et la plupart des familles y sont très attachées.

Elle revêt un caractère central dans la culture, la religion et l’identité juives, dont elle constitue l’un des principaux marqueurs. Rappelons que des milliers d’hommes juifs ont payé de leur vie l’existence de cette scarification reconnaissable entre toutes, qui témoigne de l’alliance avec Dieu. Si les familles juives ont continué à marquer ainsi leurs garçons, malgré les risques mortels, c’est pour que chaque juif soit reconnu comme tel par les juifs comme par les non-juifs. La mise en cause de la liberté de faire circoncire leurs garçons par les familles juives est une remise en question de leur identité la plus intime, la plus mémorielle, alors même que s’éteignent peu à peu les regards qui ont vu la Shoah.

Enfin, la dimension familiale : a-t-on le droit de décider de circoncire ses enfants à leur place ? Tout parent sait que l’éducation des enfants est une perpétuelle tentative d’évaluation angoissée du rapport entre les bénéfices et les risques de ce qu’on leur commande, laisse faire ou interdit. Elever un enfant, c’est réfléchir en permanence à ce qu’on peut et à ce qu’on doit lui transmettre, en pesant chaque jour sa liberté d’aujourd’hui à l’aune de celle de demain. Les parents décident, en faisant circoncire leurs garçons, d’inscrire dans leur corps la marque d’une identité plurimillénaire, considérant sans doute que la dimension sanitaire du problème, qu’ils ne méconnaissent pas, est très secondaire par rapport à cette transmission religieuse et culturelle. Veut-on vraiment que la loi décide à leur place ?

Pour se faire une opinion, il faut intégrer toutes ces dimensions. Vouloir limiter la discussion sur la circoncision à sa seule dimension sanitaire aboutit à nier a priori son rôle dans la transmission de l’identité religieuse et à une remise en cause majeure de celle-ci. C’est comme si on réduisait la question du voile islamique à un débat sur la santé des cheveux, le débat sur la burqa au rapport bénéfices-risques du soleil sur la peau, vitamine D d’un côté, mélanome de l’autre, ou encore, comme si on remettait en question la pratique du carême, de la cacherout ou du ramadan pour des raisons nutritionnelles.

Ce type de raisonnement, qui met en avant des arguments sanitaires aux dépens des pratiques religieuses et culturelles, pour le bien des populations, sonne de façon familière aux oreilles de ceux qui connaissent les rhétoriques totalitaires : élimination des malades mentaux sous couvert d’eugénisme dans l’Allemagne nazie, rhétorique sur la « régénération » des citadins par l’hygiène du travail de la terre chez les massacreurs khmers rouges, reprise en main des jeunes Français par l’hygiénisme des chantiers de jeunesse sous le régime de Vichy, les exemples ne manquent pas.

Loin de moi l’idée d’assimiler à des adeptes du totalitarisme tous ceux qui seraient prêts à interdire la circoncision avant la majorité des garçons, mais ont-ils pesé toutes les dimensions du problème ? Et que savent-ils des motivations profondes des leaders, Michel Onfray par exemple, qui accompagnent les campagnes militantes visant à cette interdiction, dont on peut parfois se demander jusqu’où peut conduire leur haine des « monothéismes » ?

Voir enfin:

ENTRETIEN

Joël Mergui : « La société s’arc-boute contre le fait religieux »

Le Monde

16.09.12

A la veille du Nouvel An juif, le président du Consistoire central s’inquiète des atteintes à la liberté de culte

A la veille du Nouvel An juif, Joël Mergui, président du Consistoire central israélite de France, s’inquiète des tentatives de remises en cause, par la société, de « rites fondamentaux ».

Le chef de l’Etat et le premier ministre ont inauguré des lieux de mémoire importants pour la communauté juive, un plan d’action contre le racisme et l’antisémitisme a été annoncé et le ministre de l’intérieur devrait adresser ses voeux aux juifs de France pour Roch Hachana (le Nouvel An juif). Les inquiétudes d’une partie de la communauté juive après l’élection de M. Hollande sont-elles levées ?

Certains se demandaient effectivement si la communauté juive serait aussi entendue que sous le gouvernement précédent. Nous attendions des signaux pour que la confiance ne soit pas perdue. D’autant qu’après la tuerie de Toulouse [au cours de laquelle Mohamed Merah a tué trois enfants et un père de famille juifs], alors que nous nous attendions à une diminution des actes antisémites, nous avons au contraire constaté une sorte de libération de pulsions. Cette affaire a toutefois fait prendre conscience à tous les partis politiques que nous étions arrivés à un point extrême de haine antisémite et antisioniste dans notre société.

Aujourd’hui, dans les échanges que j’ai eus avec le président de la République, le premier ministre et de nombreux ministres, je peux dire que l’écoute et la réactivité sont là, l’expérience dira comment les choses évolueront concrètement.

Quels dossiers abordez-vous avec les ministres ?

Ils touchent à tous les aspects de la vie juive en France, car beaucoup ont le sentiment qu’il devient de plus en plus « pesant » d’y être pratiquant. J’ai abordé des questions liées à la liberté religieuse, à la sécurité des bâtiments, à l’application de peines pour les auteurs d’actes antisémites, aux menus casher pour les détenus juifs, au calendrier des concours et examens pour préserver le shabbat et les fêtes juives, aux carrés confessionnels, au rapport des juifs de France avec Israël et Jérusalem, et bien entendu à l’abattage rituel…

Je leur fais aussi toucher du doigt la réalité préoccupante de la démographie juive en France, aujourd’hui à son maximum. Peu de juifs sont susceptibles de venir s’installer en France, l’assimilation par les mariages mixtes se poursuit, l’aliya [le départ en Israël] aussi, à raison de 1 500 à 2 000 personnes par an. Dans vingt ans, il y aura probablement moins de juifs en France. La question est : veut-on qu’il y en ait un peu moins ou beaucoup moins ? C’est la responsabilité de la France de maintenir une communauté vivante et active.

Sur le dossier de l’abattage rituel, les polémiques qui ont éclaté durant la campagne présidentielle ont-elles fait long feu ?

Je ne pense pas que ces questions soient derrière nous ; les coups peuvent venir de partout, d’autant qu’il s’agit d’un enjeu de niveau européen. Nous attendons que la France joue un rôle moteur en Europe dans la défense de cette pratique millénaire.

Ces tentatives de remise en cause d’une pratique religieuse ne sont pas des accidents de parcours mais le signe que nos sociétés s’arc-boutent contre le fait religieux. Nous venons d’en avoir une autre illustration en Allemagne avec le débat sur la circoncision. Ce jugement [qui a remis en cause le droit de circoncire un enfant pour des raisons religieuses sans son accord] montre que l’on a atteint un point extrême dans les atteintes à la liberté de culte.

Pour nous, l’abattage rituel ou la circoncision sont des pratiques qui ne sont pas négociables. Sinon, cela signifie pour les juifs d’Europe qu’ils doivent partir. La maladresse de François Fillon au printemps [l’ex-premier ministre avait laissé entendre que juifs et musulmans devaient revoir leurs « traditions ancestrales »] montre qu’il faut être vigilant. Il ne faudrait pas entériner le projet d’une société qui accepte toutes les libertés sauf celle de pratiquer une religion.

Une alliance avec les autres religions, et notamment l’islam, peut-elle être efficace ?

Certains sujets sont déjà traités ensemble. Mais je ne veux pas que les juifs subissent des dommages collatéraux parce que la laïcité se durcit ou à cause des difficultés d’installation de l’islam en France. Il faut cesser de s’attaquer à des rites fondamentaux et accepter l’idée que l’islam modéré peut être intégré en France.

Les pratiques cultuelles du judaïsme n’ont jamais été en contradiction avec la République. Il faut continuer de faire confiance au Consistoire pour porter ces pratiques. Plus on est à l’aise dans son identité, mieux on s’intègre. Notre institution sert fréquemment de référence pour l’organisation du culte musulman en France, dont le principal enjeu, à mon sens, consiste à se démarquer de l’islam radical et pas seulement après un événement comme celui de Toulouse.

Contrairement aux catholiques, les religieux juifs n’ont pas pris position sur le mariage ouvert aux homosexuels. Pourquoi ?

C’est un sujet de société compliqué. La religion juive ne reconnaît évidemment pas le mariage homosexuel. Mais, au-delà de l’interdit religieux, je m’interroge sur le sens d’une société qui accorderait la même normalité à des familles où l’enfant aurait deux pères ou deux mères au lieu d’un père et d’une mère, le modèle traditionnel. Le « mariage homosexuel » changerait le modèle naturel de la famille ; c’est une lourde responsabilité. C’est pourquoi il ne faut pas se focaliser sur la religion comme un obstacle, mais voir tout ce que cette question remet en cause dans nos repères, nos rapports à la parenté, à la famille, nos modes d’organisation sociale, avant de se prononcer.

Propos recueillis par Stéphanie Le Bars

Voir enfin:

Pourquoi « Charlie Hebdo » joue avec le feu

Les caricatures de Mahomet publiées par l’hebdomadaire pourraient mettre la France en première ligne face à la colère du monde musulman.

Armin Arefi

le Point

19.09. 2012

Le prophète Mahomet allongé sur le ventre, dans son plus simple appareil, s’écriant au cinéaste venu le filmer : « Et mes fesses ? Tu les aimes, mes fesses ? » Plus bas sur la même page, le même prophète, cette fois accroupi, dévoilant sans peine ses attributs, hormis son orifice caché par une étoile jaune à cinq branches : « Une étoile est née », . Comme il l’avait annoncé la veille, l’hebdomadaire satirique a publié en quatrième de couverture de nouvelles caricatures de Mahomet. Au nom de la liberté d’expression, quitte à entraîner la France dans la vague de colère du monde musulman née de la diffusion du film islamophobe L’innocence des musulmans.

« Il n’y a rien à négocier avec les fascistes. La liberté de nous marrer sans aucune retenue, la loi nous la donnait déjà, la violence systématique des extrémistes nous la donne aussi. Merci, bande de cons », , dans un éditorial titré « Rire, bordel de Dieu ! ». Le journaliste vise ici les intégristes musulmans – les salafistes – soupçonnés d’avoir provoqué les manifestations sanglantes qui secouent depuis mardi dernier l’Égypte, puis la Libye, avant d’embraser le Maghreb et le Moyen-Orient. Charb vise par la même occasion les 250 islamistes présumés qui ont surpris la police en manifestant samedi à Paris, non loin de l’ambassade américaine, située place de la Concorde.

Banlieusards en « jean baskets »

Problème, s’il semble bel et bien que ce soient des salafistes qui aient orchestré les manifestations égyptiennes et libyennes, cela paraît beaucoup moins clair concernant le rassemblement parisien. En effet, seules quelques personnes portant la barbe ou la djellaba y ont été observées parmi une foule majoritaire de jeunes banlieusards en « jean baskets ». « Une majorité de jeunes musulmans se sont spontanément rassemblés, outrés par le film anti-islam », affirme au Point.fr le sociologue Samir Amghar (1). Le spécialiste du salafisme en veut pour preuve le fait que les participants n’aient même pas pris le soin de demander au préalable l’autorisation de manifester à la préfecture de police de Paris. De la même manière, ajoute-t-il, ils ne portaient aucune pancarte durant la manifestation.

« Cette manifestation n’a pas été autorisée par les autorités, car elle n’avait aucun organisateur précis », souligne, pour sa part, l’islamologue Mathieu Guidère (2). « C’est par l’intermédiaire des réseaux sociaux que l’appel a été lancé », insiste-t-il. D’après l’AFP, beaucoup des jeunes présents expliquaient s’être déplacés après avoir reçu des SMS ou des tweets, tel celui envoyé par un jeune Parisien annonçant un « rassemblement uniquement pour les frères ». Outre Twitter, Facebook, plusieurs sites musulmans communautaires ont relayé l’appel à manifester. Aucune trace, en revanche, de l’appel sur les réseaux salafistes.

Confusion sémantique

Pourtant, avant même les conclusions de l’enquête de police, c’est bien d’une « manifestation de salafistes » qu’a parlé l’ex-Premier ministre UMP François Fillon, déplorant qu’un tel rassemblement ait pu être toléré en plein Paris, à proximité de l’Élysée. Loin d’éteindre l’incendie, le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, lui a répondu qu’il ne « permettrait pas que des femmes voilées entièrement, que des prières de rue » puissent être organisées « dans nos rues ». « Il règne une confusion en France sur le terme de salafiste, qui est utilisé comme synonyme de terroriste« , regrette le sociologue Samir Amghar.

« Par définition, rappelle le spécialiste, ce mouvement qui prône une interprétation ultra-rigoriste de l’islam se veut quiétiste. En France, il condamne toute politisation de l’islam et considère les manifestations de rue comme une attitude occidentale, donc néfaste. » Les salafistes de France seraient aujourd’hui environ 12 000 sur l’ensemble du territoire. L’une de leurs factions les plus radicales, les djihadistes de Forsane Alizza, a été dissoute par le gouvernement en février dernier. Pourtant, d’après l’islamologue Mathieu Guidère, les salafistes ne seraient pas totalement étrangers au rassemblement de samedi dernier.

Liberté d’expression

« Ils ont lancé l’étincelle sur les réseaux sociaux avant de rester en retrait, pour ne pas être repérés », soutient l’islamologue. Dans quel but ? Mathieu Guidère y voit un lien direct avec les récents incidents perpétrés par les salafistes de l’autre côté de la Méditerranée. Cela fait en effet plusieurs mois que les fondamentalistes islamistes de Tunisie multiplient les attaques contre les cibles culturelles, suscitant l’embarras des islamistes « modérés » d’Ennahda (issus des Frères musulmans, NDLR), désormais au pouvoir. « Ce même rapport de force existe en France », affirme Mathieu Guidère.

« Face à des instances françaises aux mains des Frères musulmans (Conseil français du culte musulman, NDLR), les salafistes, minoritaires, tentent de s’affirmer par des actions spectaculaires », estime l’islamologue. Pris au piège sur sa droite par un incident touchant au « sacré », le CFCM n’a d’autre choix que de jouer l’apaisement sans pour autant renier sa base idéologique. Mardi, le Conseil français du culte musulman s’est ainsi dit « consterné » par ce « nouvel acte islamophobe », tout en appelant les musulmans de France à « ne pas céder à la provocation ». Cela n’a pas empêché la circulation sur les réseaux sociaux de nouveaux appels à manifester. Le rendez-vous est déjà fixé à samedi, à Paris et dans les plus grandes villes de France.

Or le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, l’a bien signifié ce mercredi. S’il a insisté sur la garantie de la liberté d’expression en France, notamment pour les caricatures, il a d’ores et déjà interdit les manifestations de samedi, afin, dit-il, d’éviter tout débordement. Au même moment, son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a annoncé que les ambassades, consulats et écoles françaises seraient fermés vendredi, jour de prière, dans une vingtaine de pays musulmans, par « mesure de précaution ». « L’interdiction de manifester est cette fois difficile à justifier, car, en publiant les caricatures, Charlie Hebdo a ramené un débat extérieur sur le plan français », note Mathieu Guidère. « La décision d’Ayrault est normale, estime pour sa part le sociologue Samir Amghar. Avec le contexte international actuel, tous les ingrédients sont réunis pour que le rassemblement dérape. »

(1) Samir Amghar, auteur de Les islamistes au défi du pouvoir (Éditions Michalon)

(2) Mathieu Guidère, professeur d’islamologie à l’université de Toulouse-II, auteur du Printemps islamiste (éditions Ellipses).

7 Responses to Caricatures de Charlie Hebdo: Attention, une imposture peut en cacher une autre (French satirical weekly caught again playing the dubious game of moral equivalence)

  1. […] pourrait déboucher à terme, si l’on n’y prête attention, sur la continuation de la solution finale par d’autre moyens … jc durbant @ 14:18 Catégorie(s): Antisémitisme / antisionisme etBobologie et […]

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  2. […] Comment ne pas s’étonner, sans parler du toujours plus criant fiasco de la Doctrine Obama, de l’incroyable contresens du choeur des pleureuses occidentales, politiques comme médiatiques, qui, fidèles à eux-mêmes, a repris comme un seul homme le discours de l’autoflagellation et de l’équivalence morale? […]

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  3. […] que d’autres qui avec leurs confrères bouffeurs de curé se sont faits un véritable de fonds de commerce de la caricature la plus débile en sont à […]

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  4. […] que d’autres qui avec leurs confrères bouffeurs de curé se sont faits un véritable de fonds de commerce de la caricature la plus débile en sont à […]

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  5. jcdurbant dit :

    Cherchez l’erreur !

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  6. jcdurbant dit :

    THE ONLY THING MISSING WAS THE DOLLAR SIGN (Desensitization: Like the slip of the tongue that reveals the deeper institutional prejudice: what was long suspected is, at last, revealed)

    As prejudices go, anti-Semitism can sometimes be hard to pin down, but on Thursday the opinion pages of The New York Times international edition provided a textbook illustration of it. Except that The Times wasn’t explaining anti-Semitism. It was purveying it. It did so in the form of a cartoon, provided to the newspaper by a wire service and published directly above an unrelated column by Tom Friedman, in which a guide dog with a prideful countenance and the face of Benjamin Netanyahu leads a blind, fat Donald Trump wearing dark glasses and a black yarmulke. Lest there be any doubt as to the identity of the dog-man, it wears a collar from which hangs a Star of David. Here was an image that, in another age, might have been published in the pages of Der Stürmer. The Jew in the form of a dog. The small but wily Jew leading the dumb and trusting American. The hated Trump being Judaized with a skullcap. The nominal servant acting as the true master. The cartoon checked so many anti-Semitic boxes that the only thing missing was a dollar sign.

    The problem with the cartoon isn’t that its publication was a willful act of anti-Semitism. It wasn’t. The problem is that its publication was an astonishing act of ignorance of anti-Semitism — and that, at a publication that is otherwise hyper-alert to nearly every conceivable expression of prejudice, from mansplaining to racial microaggressions to transphobia. Imagine, for instance, if the dog on a leash in the image hadn’t been the Israeli prime minister but instead a prominent woman such as Nancy Pelosi, a person of color such as John Lewis, or a Muslim such as Ilhan Omar. Would that have gone unnoticed by either the wire service that provides the Times with images or the editor who, even if he were working in haste, selected it? The question answers itself. And it raises a follow-on: How have even the most blatant expressions of anti-Semitism become almost undetectable to editors who think it’s part of their job to stand up to bigotry?

    The reason is the almost torrential criticism of Israel and the mainstreaming of anti-Zionism, including by this paper, which has become so common that people have been desensitized to its inherent bigotry. So long as anti-Semitic arguments or images are framed, however speciously, as commentary about Israel, there will be a tendency to view them as a form of political opinion, not ethnic prejudice. But as I noted in a Sunday Review essay in February, anti-Zionism is all but indistinguishable from anti-Semitism in practice and often in intent, however much progressives try to deny this. Add to the mix the media’s routine demonization of Netanyahu, and it is easy to see how the cartoon came to be drawn and published: Already depicted as a malevolent Jewish leader, it’s just a short step to depict him as a malevolent Jew.

    The paper (…) owes itself some serious reflection as to how its publication came, to many longtime readers, as a shock but not a surprise.

    Bret L. Stephens has been an Opinion columnist with The Times since April 2017. He won a Pulitzer Prize for commentary at The Wall Street Journal in 2013 and was previously editor in chief of The Jerusalem Post.

    A Despicable Cartoon in The Times
    The paper of record needs to reflect deeply on how it came to publish anti-Semitic propaganda.
    Bret Stephens
    NYT
    April 28, 2019

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