Présidentielles 2012: Aujourd’hui, le clivage n’est plus idéologique mais philosophique et moral (Why not polygamy?)

Israël est détruit, sa semence même n’est plus. Amenhotep III (Stèle de Mérenptah, 1209 or 1208 Av. JC)
Le Front de Gauche pense lui aussi que l’accord d’association UE-Israël doit être suspendu tant que le gouvernement israélien ne se conformera aux obligations qui lui incombent en vertu de ce traité. Nous œuvrerons en ce sens au sein du Conseil européen et nous veillerons à ce qu’aucune nouvelle opportunité commerciale ne soit accordée à Israël en l’état actuel des choses. La France appuiera la mise en place d’une liste noire des entreprises israéliennes qui violent délibérément l’esprit des dispositions prises par l’UE en exportant abusivement des produits provenant des territoires occupés. Ces entreprises devront être boycottées. Elles le seront en France. En outre, la France veillera à ce que les entreprises françaises – et européennes – ne participent pas, par des investissements illégaux, à la colonisation. Une liste noire des entreprises se livrant à ce genre d’opération sera dressée, rendue publique et des sanctions appliquées. Le Front de gauche (Mélenchon)
Depuis que l’ordre religieux est ébranlé – comme le christianisme le fut sous la Réforme – les vices ne sont pas seuls à se trouver libérés. Certes les vices sont libérés et ils errent à l’aventure et ils font des ravages. Mais les vertus aussi sont libérées et elles errent, plus farouches encore, et elles font des ravages plus terribles encore. Le monde moderne est envahi des veilles vertus chrétiennes devenues folles. Les vertus sont devenues folles pour avoir été isolées les unes des autres, contraintes à errer chacune en sa solitudeChesterton
C’est le sens de l’histoire (…) Pour la première fois en Occident, des hommes et des femmes homosexuels prétendent se passer de l’acte sexuel pour fonder une famille. Ils transgressent un ordre procréatif qui a reposé, depuis 2000 ans (sic), sur le principe de la différence sexuelle. Evelyne Roudinesco
Je m’ennuie follement dans la monogamie, même si mon désir et mon temps peuvent être reliés à quelqu’un et que je ne nie pas le caractère merveilleux du développement d’une intimité. Je suis monogame de temps en temps mais je préfère la polygamie et la polyandrie. Carla Bruni
Pourquoi est-il devenu aujourd’hui impossible de prononcer le mot polygamie sans qu’aussitôt le débat s’enflamme? La polygamie serait à éradiquer, comme un fléau, si l’on écoute certains politiques. (…) La polygamie opprime la femme, entend-on dire partout, et elle est contraire à l’ordre public. En quoi la polygamie serait-elle par essence source de délinquance? Dans la monogamie, tout irait-il donc très bien, madame la marquise? Aucun délinquant dans les foyers monogamiques? (…) Ce qui pose problème, ce n’est pas la modalité matrimoniale en elle-même, mais l’inégalité entre les hommes et les femmes, l’oppression de la femme, considérée comme une propriété, comme un bien, comme une chose, scandale que la polygamie rend encore plus manifeste, plus criant, plus insupportable. Ce qui est à combattre, c’est le mariage forcé, sous quelque forme qu’il soit. (…) Or donc, pourquoi ne pas revendiquer une polygamie égalitaire plutôt que de vouloir à tout prix « faire la peau » à la polygamie? Pourquoi ne pas réfléchir à des conditions de logement et de vie adéquates pour les personnes qui souhaitent s’épanouir dans ce mode de vie? Le vrai combat de libération de la femme mariée sous le régime de la polygamie (en réalité: polygynie) ne consisterait-il pas à revendiquer le droit à la polyandrie? Pour qu’une femme puisse se marier également avec plus d’un homme. (…) les premiers Chrétiens étaient polygames. Et (…) la polygamie n’est nulle part interdite dans la Bible. Dans le cadre du catholicisme, le divorce est mille fois plus problématique que la polygamie! Il a d’ailleurs paru au XIXe siècle tout aussi scandaleux et immoral que peut paraître à certains aujourd’hui la polygamie. Et pourtant, qui s’effarouche aujourd’hui du divorce? La morale n’est pas donnée une fois pour toute et partout. Elle est une vision qui colore les situations, positivement ou négativement à un moment donné, elle n’est ni fixe ni universelle. Il fut un temps où il était, en France, hérétique de penser qu’un mariage pût être d’amour! (…) Et si une « nouvelle polygamie » était un très bon moyen de retisser du lien social au sein de notre société anémiée, déprimée, et privée de l’ampleur de l’amour? Il ne s’agit pas de vivre tous ensemble, dans un même lieu, mais, pour reprendre le terme employé par Vincent Cespedes, de « consteller » nos vies. Les familles recomposées ne seraient-elles pas les prémices de familles composées? La monogamie n’a pas le monopole du cœur. Ni le mariage non plus! Fort heureusement, l’amour est plus vaste et plus fort que toutes les constructions sociales! Il ne s’agit donc pas ici de faire une apologie du mariage, mais puisque ce lien -qui symbolise un engagement (notamment de fidélité, et non d’exclusivité, ce qui correspond à deux notions bien distinctes)- existe, il est sain de l’interroger, et de croire possibles des amours réellement « pour la vie ». Catherine Ternaux
Une telle évolution de la jurisprudence est très inquiétante au regard du droit des femmes. Il semble d’ailleurs qu’elle se fonde curieusement sur un contre-sens – à moins qu’il ne s’agisse plus vraisemblablement d’un essai de justification bien douteux… Il est d’usage en effet, de comparer l’union polygamique au concubinage, notamment adultérin, et d’indiquer que, dans le contexte actuel des mœurs occidentales, une telle situation n’a rien de choquant. Il s’agit là d’un grave contre-sens. C’est oublier qu’il y a dans la polygamie un élément fortement discriminatoire et défavorable aux femmes, puisqu’elle est imposée et non choisie par celles-ci. Comparer ainsi une situation traditionnelle à l’évolution des mœurs modernes, fondée sur la liberté de choix des femmes (et des hommes) est donc une position inacceptable. Gristi
J’ouvrirai le droit au mariage et à l’adoption aux couples homosexuels. Hollande (Programme PS)
Nous sommes cette génération de trentenaires engagés autour de Nicolas Sarkozy, secrétaires nationaux de l’UMP aux parcours et profils différents, élus ou aspirant à le devenir, qui souhaite contribuer au débat et au projet de l’UMP et dessiner la France de l’après-crise, cette France dans laquelle nous vivrons, en laquelle nous croyons, et que, certainement, nous gérerons. C’est pourquoi nous sommes favorables à l’ouverture du mariage à tous les couples, quels que soient leurs sexes. (…) Nous soutenons bien l’ouverture du mariage à tous parce que nous sommes gaullistes, centristes, libéraux, conservateurs, républicains, sociaux, progressistes et… sarkozystes! (…) Un droit qui correspond à des devoirs déjà existants (impôts, communauté de vie…), déjà assumés de facto par les couples homosexuels, désireux désormais d’une égalité totale et d’une reconnaissance pleine et entière de leur engagement par notre République. (…)  La France de l’après-crise (…) devra poser de nouveaux repères, des bases solides pour construire un avenir plus harmonieux. Nous n’avons pas vocation, sur ce sujet de société comme sur d’autres, et contrairement au PS, à ouvrir un guichet aux droits, répondant à toutes les demandes et émanant ainsi de toutes les clientèles politiques identifiées. Notre position est responsable, notre pays est désormais prêt à cette reconnaissance, il a évolué et une large majorité de Français y est favorable. Il n’en est certes pas de même sur tous les sujets – celui de l’adoption fait encore débat et il n’est donc pas utile de le lier, à ce stade, à la reconnaissance du mariage pour tous. Conscients et soucieux d’un projet de société intégrant cette légitime attente, nous souhaitons donc voir cette proposition figurer dans le programme de l’UMP et portée par notre candidat l’an prochain devant les Français. Collectif de jeunes députés UMP
Les règles de notre société, c’est que le mariage s’effectue entre un homme et une femme. Je ne pense pas qu’il soit positif de changer cette règle. Si on part de ce principe, on peut aller à la limite très loin dans la modification de notre civilisation. On peut aussi décider que, après tout, pourquoi n’a-t-on le droit que de se marier avec un homme? (…) Pourquoi pas l’autorisation de la polygamie! Il existe des familles polygames, pourquoi est-ce que demain un certain nombre de groupes politico-religieux ne demanderaient pas que la polygamie, sous prétexte d’égalité des droits, soit inscrite dans le code civil français? Eh bien, c’est une autre civilisation. (…) On dit que les homosexuels réclament le mariage homosexuel. Moi je m’élève contre ça, c’est faux. C’est une toute petite minorité qui le réclame, comme d’ailleurs c’était une toute petite minorité qui réclamait le pacs, laissant croire que l’ensemble des homosexuels réclamaient le pacs. Résultat du pacs: 5% seulement sont des pacs homosexuels. Donc ça n’était pas une demande des homosexuels mais bien une demande d’une minorité. (…) On ne se mêle pas de la vie privée des gens, on considère que cela fait partie de la sphère intime. (…) Quels droits autres que ceux obtenus par un certain nombre avec le pacs? Le droit d’adoption? Je suis également contre. Marine Le Pen (France inter)
En ces temps troublés où notre société a besoin de repères, je ne crois pas qu’il faille brouiller l’image de cette institution sociale essentielle qu’est le mariage. (…) [l’adoption par des couples de même sexe?] C’est une des raisons pour lesquelles je ne suis pas favorable au mariage homosexuel. Il ouvrirait la porte à l’adoption. Je sais qu’il existe, de fait, des situations particulières avec des hommes et des femmes qui assument parfaitement leur rôle parental. Mais elles ne m’amènent pas à penser qu’il faudrait inscrire dans la loi une nouvelle définition de la famille. Sarkozy
Aujourd’hui le clivage droite/gauche n’est plus idéologique, mais philosophique et moral. (…) Quoiqu’ils en disent, les programmes respectifs de Nicolas Sarkozy et de François Hollande ne sont pas si éloignés que cela. L’époque où la droite et la gauche proposaient deux types de sociétés diamétralement opposées est révolue. Pour des raisons de fond, qu’on analysera pas ici, mais aussi pour des motifs plus conjoncturels: les caisses de l’Etat sont vides, les marges de manœuvre fort étroites, nombre de décisions ne se prennent plus à Paris mais à Bruxelles, et la mondialisation est passée par là. Est-ce à dire pour autant qu’il n’y a plus de droite ni de gauche? La réponse est clairement non. S’il est vrai que le libéralisme social de la droite (classique) et le socialisme libéral de la gauche (réformiste) se rejoignent aujourd’hui sur l’essentiel, on voit bien, à travers la personnalité et le style de leurs deux candidats, qu’il y a derrière deux visions du monde, de l’homme et de la société. Qui renvoient à des valeurs bien distinctes. Hervé Bentégeat
Le vote juif (…) s’est rapproché de la droite traditionnelle. (…) le basculement s’est produit au début des années 2000 avec l’éclatement de la seconde Intifada dans les territoires palestiniens et la recrudescence des actes antisémites, d’origine arabe, dans une société française devenue la transposition du conflit moyen-oriental. (…) La proximité avec la droite est encore plus forte dans l’électorat catholique. (…) Cette préférence à droite de l’électorat catholique —probablement accentué par la variable de l’âge (l’électorat catholique est plus âgé que la moyenne)— remonte à loin dans l’histoire politique de la France, depuis la Révolution et les combats laïques des XIXe et XXe siècles. Elle s’identifie à des «valeurs» d’ordre, de sécurité, de légitimité. Au delà des préoccupations communes (emploi, éducation) qui sont prioritaires, les principaux «marqueurs» du vote catholique sont, selon les spécialistes, la défense de la famille, le choix de l’école privée, le refus de l’euthanasie active et de la revendication homosexuelle (mariage gay, adoption). (…)  Le vote catholique n’est plus aussi hermétique aux idées frontistes. Le passage de témoin entre Jean-Marie Le Pen et sa fille Marine explique sans doute ce glissement, l’autre raison étant probablement liée à la question de l’immigration et aux peurs provoquées dans la population catholique par l’influence grandissante de l’islam.(…) Longtemps classé à gauche, le vote protestant (entre 2 et 3% de l’électorat) a également opéré un basculement à droite, comme le montre la récente enquête de l’IFOP pour l’hebdomadaire Réforme du 31 mars 2012. Nicolas Sarkozy figure loin devant ses concurrents. Il est victorieux dans les intentions de vote des protestants au deuxième tour par 53,5% contre 46,5% à François Hollande. On peut avancer plusieurs facteurs d’explication: le vieillissement de cette population, le poids croissant des protestants évangéliques, et aussi, comme pour une partie de l’électorat catholique, le fait que «certains protestants perçoivent assez mal que l’islam tienne le haut du pavé dans le débat public» (Jerôme Fourquet). (…) Reste le vote musulman, estimé à 5% de l’électorat. Il est très marqué par l’abstention. Moins de la moitié des musulmans se déplacent pour aller voter, ce qui est la traduction électorale de leur faible niveau d’intégration dans la société française. Mais il est très homogène et très marqué à gauche. Selon les derniers sondages d’intentions de vote, 80% des électeurs musulmans s’apprêteraient à voter François Hollande au second tour de l’élection dans le cadre d’un duel avec Nicolas Sarkozy. (…) Si on ne peut nier la place du facteur religieux dans le vote des 22 avril et 6 mai prochains, on doit relever que ces électorats religieux demeurent très minoritaires. Avec 14 % de catholiques pratiquants, 2 % à 3% de protestants, 5 % à 6 % de musulmans, moins de 1% de juifs, cet électorat religieux forme à peine 30% de l’électorat. Henri Tincq

Après l’Espagne, le Portugal, la Belgique, les Pays-Bas, le Danemark,l ‘Irlande, l’Angleterre, la Suède, la Finlande, l’Islande, le Canada, l’Argentine, le Brésil ou le Mexique et bientôt l’Australie, la Norvège, l’Ecosse, la Nouvelle Zélande, l’Autriche, le Chili et  l’Afrique du sud, la France serait-elle, si l’on en croit nos sondeurs, sur le point de rejoindre les pays où les idées chrétiennes sont devenues folles?

Ordre, sécurité, légitimité, « laïcité positive », défense de la famille, choix de l’école privée, refus de l’euthanasie active et de la revendication homosexuelle (mariage, adoption), méfiance vis à vis de la diplomatie pro-arabe  …

En cette journée où, contre ses ennemis et leur kyrielle d’idiots utiles, la seule véritable démocratie du Moyen-Orient célèbre le retour il y a 64 ans à  sa terre multi-millénaire …

En ces temps où, caisses vides et mondialisation obligent, les idéologies ont bien perdu de leur superbe …

Où, dans une présidentielle qui pourrait bien se révéler beaucoup plus serrée que nos sondeurs ne veulent bien le dire, quelque 25% des électeurs revendiquant une appartenance judéo-chrétienne se rapprochent de la droite pendant que les mosquées appellent à voter socialiste …

Et face au Kool-Aid d’une gauche postmoderne prête (à l’instar de son ex-candidat coureur de clubs de échangistes) à se jeter sur la première aberration venue (ie. le mariage, après l’avoir dénoncé comme trop bourgeois, mais désormais homosexuel, s’il vous plait!) mais aussi une jeune génération de droite où « branchitude » oblige il faut s’afficher pro-mariage homo ou pro-cannabis (d’une ex-ministre de la justice en plus qui refuse par ailleurs toujours de donner un père à sa fille!) …

Comment ne pas voir, comme le rappelait récemment Hervé Bentégeat, qu’« aujourd’hui le clivage droite/gauche n’est plus idéologique, mais philosophique et moral »?

Autrement dit qu’il porte essentiellement sur les fameux enjeux de civilisation (euthanasie, mariage homosexuel, bioéthique, vote des étrangers, politique migratoire)?

Présidentielle 2012: pour qui vont voter les juifs, les catholiques, les protestants, les musulmans?

Malgré la laïcisation de la société française, la variable religieuse reste déterminante dans le vote des citoyens.

Henri Tincq

Slate

08/04/2012

Y a-t-il un vote juif? Ou catholique? Ou protestant? Ou musulman? Les politologues interrogés répondent par l’affirmative. Malgré la laïcisation de la société française, la variable religieuse reste déterminante dans le vote des citoyens. Elle renforce des tendances historiquement lourdes. Depuis quelques années, elle subit des inflexions, confirmées dans les intentions de vote pour la prochaine élection présidentielle que révèlent les enquêtes d’opinion.

Le virage à droite du vote juif

Très minoritaire (moins de 1% de l’électorat), le vote juif n’est plus spontanément identifié à la gauche émancipatrice et assimilatrice, héritière des combats révolutionnaires, adversaire de la droite antisémite et stigmatisante de l’entre-deux guerres et de Vichy.

Sous la Ve République, la position du général de Gaulle sur Israël («sûr de lui et dominateur») et la diplomatie pro-arabe de la France avaient puissamment contribué à cette méfiance pour la droite de l’électorat juif. Celui-ci avait largement participé aux victoires de François Mitterrand en 1981 et 1988.

Cette situation a changé. Le vote juif est plus hétérogène qu’autrefois. Il s’est rapproché de la droite traditionnelle. Selon Jérôme Fourquet, politologue spécialiste des études d’opinion à l’Ifop, le basculement s’est produit au début des années 2000 avec l’éclatement de la seconde Intifada dans les territoires palestiniens et la recrudescence des actes antisémites, d’origine arabe, dans une société française devenue la transposition du conflit moyen-oriental. En 2002, la communauté juive avait voté pour Jacques Chirac et même Alain Madelin, de préférence à Lionel Jospin.

Nicolas Sarkozy, par sa politique sécuritaire, par son parti-pris pro-israélien et pro-américain, a achevé de convertir à la droite cet électorat juif auquel, comme Président, il n’a cessé de donner des gages. Au premier tour de la présidentielle de 2007, il avait obtenu 45% des voix juives, soit quatorze points de plus que sa moyenne nationale. En 2012, les instituts de sondage ne donnent pas de chiffres sur les intentions de vote d’une communauté juive numériquement très faible. Mais ils s’attendent à une confirmation assez large du vote Sarkozy.

Les catholiques, à droite toute toujours

La proximité avec la droite est encore plus forte dans l’électorat catholique. De 50% à 60% d’électeurs français se définissent comme catholiques, dont 14% comme «pratiquants». Leur comportement électoral est d’autant plus frappant à étudier qu’il s’écarte de la moyenne nationale. «Plus on est catholique pratiquant, plus on vote à droite, notamment vers l’UMP, et avec une prime très nette à Nicolas Sarkozy», observe Jérôme Fourquet.

Quand il rassemble autour de 28% des intentions de vote de l’ensemble des Français au premier tour, le président sortant «monte» à 34% chez les catholiques non pratiquants et à 45% chez les pratiquants. A l’inverse, le candidat socialiste François Hollande ne recueille que 16% des intentions de vote des catholiques pratiquants (24% des non-pratiquants). La tendance s’amplifie au second tour: Nicolas Sarkozy réunirait 70% des suffrages des pratiquants et même 55% des non pratiquants.

Cette préférence à droite de l’électorat catholique —probablement accentué par la variable de l’âge (l’électorat catholique est plus âgé que la moyenne)— remonte à loin dans l’histoire politique de la France, depuis la Révolution et les combats laïques des XIXe et XXe siècles. Elle s’identifie à des «valeurs» d’ordre, de sécurité, de légitimité.

Au delà des préoccupations communes (emploi, éducation) qui sont prioritaires, les principaux «marqueurs» du vote catholique sont, selon les spécialistes, la défense de la famille, le choix de l’école privée, le refus de l’euthanasie active et de la revendication homosexuelle (mariage gay, adoption).

Ce vote Sarkozy dans l’électorat catholique justifie le discours du président sur la «laïcité positive». Il confirme la stratégie «droitière» de Patrick Buisson, son conseiller qui, il y a quelques mois encore, avait organisé un déplacement présidentiel au Puy-en-Velay, haut lieu de pèlerinage, où Nicolas Sarkozy avait exalté le patrimoine chrétien de la France.

Il reste que le candidat doit rester attentif à la façon de s’adresser à cet électorat. En juillet 2010, le discours de Grenoble sur la délinquance et les Roms avait provoqué de fortes réticences dans la hiérarchie catholique. «Sa cote de popularité n’avait toutefois pas diminué chez les catholiques en général, se rappelle Jérôme Fourquet. La baisse, dans ce segment de l’électorat, avait eu lieu bien avant, au moment de la polémique sur la nomination de Jean Sarkozy à la tête de l’Epad de la Défense et le double salaire d’Henri Proglio.»

Dans cet électorat, le candidat centriste François Bayrou ne jouit plus de la «surcote» dont il avait bénéficié en 2007, mais il reste un peu au dessus de la moyenne nationale: il est à 15% chez les catholiques pratiquants et à 12% chez les non-pratiquants. Il y a cinq ans, il était à 27% chez les pratiquants contre 20% en moyenne nationale.

Le rapport avec Marine Le Pen et le Front national bouge également. A l’époque de la montée en puissance de Jean-Marie Le Pen, il existait une corrélation forte entre la pratique catholique et le rejet du vote Front national. C’est moins vrai aujourd’hui. Le vote catholique n’est plus aussi hermétique aux idées frontistes.

Le passage de témoin entre Jean-Marie Le Pen et sa fille Marine explique sans doute ce glissement, l’autre raison étant probablement liée à la question de l’immigration et aux peurs provoquées dans la population catholique par l’influence grandissante de l’islam. Quoiqu’il en soit, Marine Le Pen est à 13% des intentions de vote chez les catholiques pratiquants —très légèrement en dessous de la moyenne nationale— et à 18% chez les catholiques non-pratiquants.

Des disparités régionales dans le vote protestant

Longtemps classé à gauche, le vote protestant (entre 2 et 3% de l’électorat) a également opéré un basculement à droite, comme le montre la récente enquête de l’IFOP pour l’hebdomadaire Réforme du 31 mars 2012. Nicolas Sarkozy figure loin devant ses concurrents. Il est victorieux dans les intentions de vote des protestants au deuxième tour par 53,5% contre 46,5% à François Hollande.

On peut avancer plusieurs facteurs d’explication: le vieillissement de cette population, le poids croissant des protestants évangéliques, et aussi, comme pour une partie de l’électorat catholique, le fait que «certains protestants perçoivent assez mal que l’islam tienne le haut du pavé dans le débat public» (Jerôme Fourquet).

Mais on doit relever, dans ce vote protestant, de fortes disparités régionales. Ainsi François Hollande ne recueille que 13% des intentions de vote du premier tour chez les protestants luthériens, plus traditionnels, de l’Est de la France (Alsace et Lorraine), mais il est à 37% dans le Sud (Drôme, Ardèche, etc) d’obédience plus réformée et plus progressiste.

Nicolas Sarkozy est respectivement à 35% dans l’Est et à 31% dans les zones protestantes du Midi cévenol. Quant à Marine Le Pen, elle rassemblerait 28% des électeurs protestants de l’Est et seulement 9% dans le Sud.

Le vota à gauche massif des musulmans

Reste le vote musulman, estimé à 5% de l’électorat. Il est très marqué par l’abstention. Moins de la moitié des musulmans se déplacent pour aller voter, ce qui est la traduction électorale de leur faible niveau d’intégration dans la société française. Mais il est très homogène et très marqué à gauche. Selon les derniers sondages d’intentions de vote, 80% des électeurs musulmans s’apprêteraient à voter François Hollande au second tour de l’élection dans le cadre d’un duel avec Nicolas Sarkozy.

Ce vote massif pour la gauche est ancien. Celle-ci bénéficie de son image émancipatrice et décolonisatrice. Le débat récurrent sur la place de l’islam dans l’espace public renforce aussi le réflexe anti-droite. L’islam reste perçu par ses membres comme une minorité marginalisée et stigmatisée et, à cet égard, la droite au pouvoir porterait une grande responsabilité. Si le Front national reste l’ennemi numéro un, l’image de Nicolas Sarkozy est très écornée.

Si on ne peut nier la place du facteur religieux dans le vote des 22 avril et 6 mai prochains, on doit relever que ces électorats religieux demeurent très minoritaires. Avec 14 % de catholiques pratiquants, 2 % à 3% de protestants, 5 % à 6 % de musulmans, moins de 1% de juifs, cet électorat religieux forme à peine 30% de l’électorat. Nous sommes bien loin des États-Unis.

Voir aussi:

La polygamie: pourquoi pas?

 Catherine Ternaux

Huffington Post

24/03/2012

Pourquoi est-il devenu aujourd’hui impossible de prononcer le mot polygamie sans qu’aussitôt le débat s’enflamme? La polygamie serait à éradiquer, comme un fléau, si l’on écoute certains politiques. En 2010, Brice Hortefeux avait proposé de faire de « la polygamie de fait » un délit pour les personnes naturalisées, puni de la déchéance de la nationalité, installant une nationalité française à deux niveaux, puisque les Français d’origine qui la pratiquent parfois aussi n’auraient pas été concernés par ce « crime ». La proposition fut abandonnée, on en fut quitte pour le ridicule.

Pourquoi donc cet acharnement contre la polygamie? Parce qu’il n’y a plus aucune once de réflexion censée sur la place publique concernant ce sujet. Ce ne sont qu’amalgames et a priori, ressassements et attaques aveugles. C’est à qui s’indignera le plus vite et le plus fort. La polygamie serait la mère de tous les vices, et la monogamie le garant de l’ordre moral et le fondement de notre société… C’est un fantasme qu’il est temps de dénoncer.

Essayons d’établir un peu de clarté sur la question en précisant d’abord ce que signifie « polygamie ». Poly=plusieurs+gamie=mariage. Marié plusieurs fois. C’est tout. Le mot ne veut dire que cela. Concevons que dans notre société où un mariage sur deux se termine par un divorce, et qu’il est souvent suivi d’un remariage, une grande partie de nos concitoyens sont déjà polygames. Ah oui, ferez-vous remarquer, mais ils ne sont pas mariés plusieurs fois en même temps! Absolument. Mais pourquoi ne le seraient-ils pas? Qu’est-ce qui ferait dommage ou offense? A partir du moment où toutes les personnes sont consentantes, trop d’amour nuirait-il?

Le divorce est un droit, conquis lors de la Révolution française, mais il est aussi, ce qui est complètement abusif, une obligation. Tu ne te remarieras pas sans avoir divorcé de ta précédente épouse ou de ton précédent époux. Et pourquoi cette limitation imposée dans notre vie amoureuse et dans notre vie de famille? Il se trouve qu’il existe des hommes et des femmes pour lesquels, aimer une nouvelle personne, ne signifie pas obligatoirement qu’elles n’aiment plus la précédente. Pourquoi la société oblige-t-elle à rompre le lien? Pourquoi n’aurions-nous pas le choix, de divorcer ou de ne pas divorcer pour se remarier? Quel argument définitif pour imposer le seul modèle monogamique?

La polygamie opprime la femme, entend-on dire partout, et elle est contraire à l’ordre public. En quoi la polygamie serait-elle par essence source de délinquance? Dans la monogamie, tout irait-il donc très bien, madame la marquise? Aucun délinquant dans les foyers monogamiques? Aucun appel de femmes mariées en détresse dans le cadre de la monogamie à S.O.S femmes battues? En France, une femme meurt tous les 2 jours et demi (estimation basse) du fait de violences conjugales, et ce dans le cadre de la monogamie…

Ce qui pose problème, ce n’est pas la modalité matrimoniale en elle-même, mais l’inégalité entre les hommes et les femmes, l’oppression de la femme, considérée comme une propriété, comme un bien, comme une chose, scandale que la polygamie rend encore plus manifeste, plus criant, plus insupportable. Ce qui est à combattre, c’est le mariage forcé, sous quelque forme qu’il soit. Mais on confond tout, et on jette le bébé avec l’eau du bain.

Or donc, pourquoi ne pas revendiquer une polygamie égalitaire plutôt que de vouloir à tout prix « faire la peau » à la polygamie? Pourquoi ne pas réfléchir à des conditions de logement et de vie adéquates pour les personnes qui souhaitent s’épanouir dans ce mode de vie? Le vrai combat de libération de la femme mariée sous le régime de la polygamie (en réalité: polygynie) ne consisterait-il pas à revendiquer le droit à la polyandrie? Pour qu’une femme puisse se marier également avec plus d’un homme.

La polyandrie? Mais c’est contre nature! Pas du tout, là encore: fantasme. Les études scientifiques sérieuses, comme celle de Pascal Picq et Philippe Brenot, ou encore celle de Frank Cézilly, montrent que cet argument n’est qu’un cliché éculé, et que cela ne correspond à aucune réalité, si ce n’est à celle d’un machisme encore trop répandu, qui verrouille non seulement les esprits mais aussi hélas, grandement les cœurs.

Autre argument évoqué: la monogamie serait liée à la religion chrétienne. Ce qui est contrariant, c’est que les premiers Chrétiens étaient polygames. Et que la polygamie n’est nulle part interdite dans la Bible. Dans le cadre du catholicisme, le divorce est mille fois plus problématique que la polygamie! Il a d’ailleurs paru au XIXe siècle tout aussi scandaleux et immoral que peut paraître à certains aujourd’hui la polygamie. Et pourtant, qui s’effarouche aujourd’hui du divorce? La morale n’est pas donnée une fois pour toute et partout. Elle est une vision qui colore les situations, positivement ou négativement à un moment donné, elle n’est ni fixe ni universelle. Il fut un temps où il était, en France, hérétique de penser qu’un mariage pût être d’amour!

L’argument d’une dispersion patrimoniale est également parfois avancé. C’est que nous ne sommes pas, malgré nos beaux discours, dans un état d’esprit de partage. Ce qui est dramatique, c’est que nous avons tendance à penser l’amour de la même façon. On ne pourrait aimer qu’une personne à la fois, car sinon chacun en aurait moins… Mais l’amour n’est pas division, il est multiplication! Simplement, nous sommes un peu handicapés de ce côté là, nous entretenons la paresse du cœur, et vivons dans la peur de l’autre, dans la peur de perdre, crispés et intolérants.

Oh, mais ce doit être compliqué la polygamie…! Oui, peut-être, mais est-ce qu’on peut interdire quelque chose sous prétexte que c’est compliqué? Beaucoup de situations sont compliquées, toutes sortes de questions se posent en permanence à l’homme, bref, vivre est un peu compliqué. Mais quelle formidable aventure, et qui ne nous arrivera qu’une fois (à mon avis)!

En matière de vivre ensemble, il y a encore beaucoup à apprendre, ayons l’humilité de le reconnaître. Brisons le cercle vicieux obligé de l’isolement et de l’exclusion. Et si une « nouvelle polygamie » était un très bon moyen de retisser du lien social au sein de notre société anémiée, déprimée, et privée de l’ampleur de l’amour? Il ne s’agit pas de vivre tous ensemble, dans un même lieu, mais, pour reprendre le terme employé par Vincent Cespedes, de « consteller » nos vies. Les familles recomposées ne seraient-elles pas les prémices de familles composées?

La monogamie n’a pas le monopole du cœur. Ni le mariage non plus! Fort heureusement, l’amour est plus vaste et plus fort que toutes les constructions sociales! Il ne s’agit donc pas ici de faire une apologie du mariage, mais puisque ce lien -qui symbolise un engagement (notamment de fidélité, et non d’exclusivité, ce qui correspond à deux notions bien distinctes)- existe, il est sain de l’interroger, et de croire possibles des amours réellement « pour la vie ».

Voir enfin:

Des responsables UMP pour le mariage homo

L’Express

le 22/11/2011

Des responsables UMP pour le mariage homo

Six secrétaires nationaux de l’UMP demandent que le droit au mariage pour les couples homosexuels figure dans le programme de Nicolas Sarkozy en 2012.

C’est un coup de tonnerre à droite: six secrétaires nationaux de l’UMP appellent à l’ouverture du mariage aux couples homosexuels. Et ils demandent que cette proposition figure dans le programme de Nicolas Sarkozy en 2012.

[Tribune] La stratégie de l’évitement ne mène à rien et il est temps aujourd’hui pour notre famille politique de mettre un terme à celle-ci et d’ouvrir le mariage aux couples du même sexe. L’actualité récente, les clins d’oeil appuyés du Front national vers l’électorat gay et les promesses électoralistes du candidat socialiste l’imposent.

Nous sommes cette génération de trentenaires engagés autour de Nicolas Sarkozy, secrétaires nationaux de l’UMP aux parcours et profils différents, élus ou aspirant à le devenir, qui souhaite contribuer au débat et au projet de l’UMP et dessiner la France de l’après-crise, cette France dans laquelle nous vivrons, en laquelle nous croyons, et que, certainement, nous gérerons.

C’est pourquoi nous sommes favorables à l’ouverture du mariage à tous les couples, quels que soient leurs sexes. A l’image du conservateur David Cameron, Premier ministre britannique, « nous croyons aux liens qui nous unissent, que la société est plus forte quand nous faisons des voeux et quand nous nous soutenons les uns les autres ».

Attachés à la famille et à l’institution du mariage, comme Cameron, nous croyons profondément qu’une société est mieux construite lorsqu’elle soutient les preuves d’engagement et les solidarités interfamiliales. Nous soutenons bien l’ouverture du mariage à tous parce que nous sommes gaullistes, centristes, libéraux, conservateurs, républicains, sociaux, progressistes et… sarkozystes! Eh oui, nous souhaitons voir notre pays et notre majorité légiférer en ce sens. La droite s’en honorerait, dans un esprit de réforme et de liberté, à l’image de Mariano Rajoy, qui, en Espagne, ne reviendra certainement pas sur cette disposition.

Ainsi, il doit s’agir ici d’un point de rencontre au sein de notre famille politique et non d’un point de rupture. Un droit qui correspond à des devoirs déjà existants (impôts, communauté de vie…), déjà assumés de facto par les couples homosexuels, désireux désormais d’une égalité totale et d’une reconnaissance pleine et entière de leur engagement par notre République.

L’ouverture du mariage aux couples homosexuels n’est ni un préalable ni un aboutissement, encore moins une question de vie privée, elle est un point de convergence entre celles et ceux qui croient en ces valeurs d’engagement, de droits et de devoirs, et la nécessaire solidarité et reconnaissance d’une société réelle et non fantasmée.

La France de l’après-crise ne ressemblera pas à celle que nous quitterons. Bousculée, elle devra poser de nouveaux repères, des bases solides pour construire un avenir plus harmonieux. Nous n’avons pas vocation, sur ce sujet de société comme sur d’autres, et contrairement au PS, à ouvrir un guichet aux droits, répondant à toutes les demandes et émanant ainsi de toutes les clientèles politiques identifiées. Notre position est responsable, notre pays est désormais prêt à cette reconnaissance, il a évolué et une large majorité de Français y est favorable. Il n’en est certes pas de même sur tous les sujets – celui de l’adoption fait encore débat et il n’est donc pas utile de le lier, à ce stade, à la reconnaissance du mariage pour tous.

Conscients et soucieux d’un projet de société intégrant cette légitime attente, nous souhaitons donc voir cette proposition figurer dans le programme de l’UMP et portée par notre candidat l’an prochain devant les Français.

Les auteurs

Sébastien Chenu, secrétaire national UMP chargé de l’exception culturelle, vice-président de l’agglomération du Beauvaisis, Samia Badat, secrétaire nationale chargée des nouveaux engagements solidaires, Frédéric Bouscarle, secrétaire national chargé de l’insertion des personnes handicapées, Nathalie Fanfant, secrétaire nationale chargée de la lutte contre les discriminations, Stéphane Jacquot, secrétaire national chargé des politiques pénitentiaires et des prisons, conseiller municipal de Châtillon (Hauts-de-Seine), David-Xavier Weiss, secrétaire national chargé des industries de la presse, conseiller municipal de Levallois-Perret.

10 Responses to Présidentielles 2012: Aujourd’hui, le clivage n’est plus idéologique mais philosophique et moral (Why not polygamy?)

  1. […] le rappelait récemment Hervé Bentégeat, qu’”aujourd’hui le clivage droite/gauche n’est plus idéologique, mais philosophique et moral”? jc durbant @ 03:38 Catégorie(s): Christianophobie […]

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  2. jcdurbant dit :

    Près de huit catholiques pratiquants sur dix ont voté pour Nicolas Sarkozy

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  3. […] Le vote juif (…) s’est rapproché de la droite traditionnelle. (…) le basculement s’est produit au début des années 2000 avec l’éclatement de la seconde Intifada dans les territoires palestiniens et la recrudescence des actes antisémites, d’origine arabe, dans une société française devenue la transposition du conflit moyen-oriental. (…) La proximité avec la droite est encore plus forte dans l’électorat catholique. (…) Cette préférence à droite de l’électorat catholique —probablement accentué par la variable de l’âge (l’électorat catholique est plus âgé que la moyenne)— remonte à loin dans l’histoire politique de la France, depuis la Révolution et les combats laïques des XIXe et XXe siècles. Elle s’identifie à des «valeurs» d’ordre, de sécurité, de légitimité. Au delà des préoccupations communes (emploi, éducation) qui sont prioritaires, les principaux «marqueurs» du vote catholique sont, selon les spécialistes, la défense de la famille, le choix de l’école privée, le refus de l’euthanasie active et de la revendication homosexuelle (mariage gay, adoption). (…)  Le vote catholique n’est plus aussi hermétique aux idées frontistes. Le passage de témoin entre Jean-Marie Le Pen et sa fille Marine explique sans doute ce glissement, l’autre raison étant probablement liée à la question de l’immigration et aux peurs provoquées dans la population catholique par l’influence grandissante de l’islam.(…) Longtemps classé à gauche, le vote protestant (entre 2 et 3% de l’électorat) a également opéré un basculement à droite, comme le montre la récente enquête de l’IFOP pour l’hebdomadaire Réforme du 31 mars 2012. Nicolas Sarkozy figure loin devant ses concurrents. Il est victorieux dans les intentions de vote des protestants au deuxième tour par 53,5% contre 46,5% à François Hollande. On peut avancer plusieurs facteurs d’explication: le vieillissement de cette population, le poids croissant des protestants évangéliques, et aussi, comme pour une partie de l’électorat catholique, le fait que «certains protestants perçoivent assez mal que l’islam tienne le haut du pavé dans le débat public» (Jerôme Fourquet). (…) Reste le vote musulman, estimé à 5% de l’électorat. Il est très marqué par l’abstention. Moins de la moitié des musulmans se déplacent pour aller voter, ce qui est la traduction électorale de leur faible niveau d’intégration dans la société française. Mais il est très homogène et très marqué à gauche. Selon les derniers sondages d’intentions de vote, 80% des électeurs musulmans s’apprêteraient à voter François Hollande au second tour de l’élection dans le cadre d’un duel avec Nicolas Sarkozy. (…) Si on ne peut nier la place du facteur religieux dans le vote des 22 avril et 6 mai prochains, on doit relever que ces électorats religieux demeurent très minoritaires. Avec 14 % de catholiques pratiquants, 2 % à 3% de protestants, 5 % à 6 % de musulmans, moins de 1% de juifs, cet électorat religieux forme à peine 30% de l’électorat. Henri Tincq […]

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  4. […] Le vote juif (…) s’est rapproché de la droite traditionnelle. (…) le basculement s’est produit au début des années 2000 avec l’éclatement de la seconde Intifada dans les territoires palestiniens et la recrudescence des actes antisémites, d’origine arabe, dans une société française devenue la transposition du conflit moyen-oriental. (…) La proximité avec la droite est encore plus forte dans l’électorat catholique. (…) Cette préférence à droite de l’électorat catholique —probablement accentué par la variable de l’âge (l’électorat catholique est plus âgé que la moyenne)— remonte à loin dans l’histoire politique de la France, depuis la Révolution et les combats laïques des XIXe et XXe siècles. Elle s’identifie à des «valeurs» d’ordre, de sécurité, de légitimité. Au delà des préoccupations communes (emploi, éducation) qui sont prioritaires, les principaux «marqueurs» du vote catholique sont, selon les spécialistes, la défense de la famille, le choix de l’école privée, le refus de l’euthanasie active et de la revendication homosexuelle (mariage gay, adoption). (…)  Le vote catholique n’est plus aussi hermétique aux idées frontistes. Le passage de témoin entre Jean-Marie Le Pen et sa fille Marine explique sans doute ce glissement, l’autre raison étant probablement liée à la question de l’immigration et aux peurs provoquées dans la population catholique par l’influence grandissante de l’islam.(…) Longtemps classé à gauche, le vote protestant (entre 2 et 3% de l’électorat) a également opéré un basculement à droite, comme le montre la récente enquête de l’IFOP pour l’hebdomadaire Réforme du 31 mars 2012. Nicolas Sarkozy figure loin devant ses concurrents. Il est victorieux dans les intentions de vote des protestants au deuxième tour par 53,5% contre 46,5% à François Hollande. On peut avancer plusieurs facteurs d’explication: le vieillissement de cette population, le poids croissant des protestants évangéliques, et aussi, comme pour une partie de l’électorat catholique, le fait que «certains protestants perçoivent assez mal que l’islam tienne le haut du pavé dans le débat public» (Jerôme Fourquet). (…) Reste le vote musulman, estimé à 5% de l’électorat. Il est très marqué par l’abstention. Moins de la moitié des musulmans se déplacent pour aller voter, ce qui est la traduction électorale de leur faible niveau d’intégration dans la société française. Mais il est très homogène et très marqué à gauche. Selon les derniers sondages d’intentions de vote, 80% des électeurs musulmans s’apprêteraient à voter François Hollande au second tour de l’élection dans le cadre d’un duel avec Nicolas Sarkozy. (…) Si on ne peut nier la place du facteur religieux dans le vote des 22 avril et 6 mai prochains, on doit relever que ces électorats religieux demeurent très minoritaires. Avec 14 % de catholiques pratiquants, 2 % à 3% de protestants, 5 % à 6 % de musulmans, moins de 1% de juifs, cet électorat religieux forme à peine 30% de l’électorat. Henri Tincq […]

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