Printemps arabe: Contre un chèque à six chiffres, aucune star ne résiste à Doha (How long can Qatar play with fire without getting burned?)

ZidaneQatarContre un chèque à six chiffres, aucune star ne résiste à l’aller-retour à Doha. L’Express
C’est donc de cette boîte d’allumettes que vient tout ce vacarme. Hosni Moubarak (Octobre 2001)
Al-Jazira a mis le feu en Tunisie, au Liban et dans divers pays arabes. Saëb Erakat (principal négociateur palestinien, 2011)
Sans la couverture télévisuelle, les révolutions n’auraient jamais pris une telle ampleur. Quand les gens ont suivi les révolutions, dans quelle mesure ont-ils utilisé Internet, par rapport à la façon dont ils les ont suivies sur les chaînes de télévision, qui les ont couvertes en continu ? Il est clair qu’il n’y a pas de comparaison possible… La meilleure preuve [de l’impact] des chaînes de télévision est que toute activité populaire qu’elles ne couvrent pas, dans n’importe quel pays, meurt avant d’avoir pu démarrer. Certains pays arabes connaissent actuellement des manifestations et les prémices d’une révolution, mais ces événements ne bénéficient pas de la couverture télévisée nécessaire en raison de l’attention portée à l’escalade de la révolution en Libye. Par conséquent, [ces manifestations] ne prendront pas beaucoup d’ampleur… mais s’estomperont et tomberont dans l’oubli. Certains pourraient faire valoir que les images diffusées sur les chaînes satellitaires sont souvent tirées d’Internet. C’est vrai, mais si les [chaînes] n’avaient pas diffusé ces images à plusieurs reprises, leur impact serait resté limité. Je n’ai encore entendu aucun [manifestant]… se plaindre d’une couverture insuffisante de leur activité sur Internet ou sur Facebook. Mais [certains manifestants sont] très en colère contre les chaînes satellitaires qui, selon eux, ne donnent pas à leur activité la couverture médiatique nécessaire…Ce sont [les chaînes satellitaires] qui alimentent véritablement les révolutions – avec l’image et le son, qui restent plus puissantes que toute autre arme… Il n’est pas exagéré de dire qu’un reportage télévisé sur un certain pays a un impact égal à celui de tous les sites Internet visités par tous les Arabes réunis – à tel point que [les activistes] ont parfois dit : « Reportons notre manifestation, parce qu’une chaîne satellitaire est occupée à couvrir une autre révolution »… Al-Sharq (Qatar,  13 mars, 2011)
J’ai été très impressionnée par l’ouverture de ce pays. Par l’accueil, aussi, sans a priori. J’ai été frappée par l’ouverture, encore une fois, j’insiste, du Qatar. Ségolène Royal
Les gens du Qatar sont très forts en lobbying. Ils ont la volonté d’investir dans différentes causes et s’intéressent aux problématiques sociales en France. Kamel Chibli (« M. Banlieues » de Mme Royal)
Une année, les organisateurs ont fait gagner les trois voitures à la mi-temps. Quand les joueurs sont ressortis du tunnel, il n’y avait plus un chat dans les tribunes. Sabri Lamouchi (ancien milieu de terrain de Parme et de Marseille)
Dans l’histoire, nous n’avons connu qu’un projet aussi concentré que celui-ci et c’était lors de la première Coupe du Monde organisée en Uruguay en 1930 avec 10 équipes qui se partageaient deux stades, a-t-il déclaré. En 80 ans, la compétition a considérablement évolué. Il y a désormais 32 équipes, 80.000 accrédités et des dizaines de milliers de supporters. En l’état actuel des choses, le Qatar ne dispose pas d’assez de transports et d’hôtels. Harold Mayne-Nicholls (FIFA)
Si Doha a tout à gagner dans cette idylle, Paris doit s’accommoder de la diplomatie parfois ambiguë de son nouveau partenaire. Pendant la guerre de Gaza, l’Elysée s’est fortement irrité de la réception, digne d’un chef d’Etat, réservée par le Qatar au leader du Hamas Khaled Mechaal. « C’est déroutant », confie un conseiller. L’Express
Al-Jazeera’s coverage of the Iranian election and its aftermath has been scanty by comparison to other hot topics in the region, such as Gaza (…) Al-Jazeera « has proved itself a useful tool for the station’s political masters (…) Over the past three [visits] we have assessed as steady the lack of overall media freedom in Qatar. Although overt and official censorship is not present, self and discreet official censorship continue to render Qatari domestic media tame and ineffective. Ambassade américaine
Pendant quelques mois, nous avons fait entendre une voix indépendante, qui a dénoncé les exactions sans autre souci que la vérité. Nous avons aidé plus de 250 journalistes et médias en danger dans le monde. Et de cela, je crois, nous pouvons être fiers. Mais certains responsables qataris n’ont jamais voulu d’un Centre indépendant, libre de s’exprimer en dehors de toute considération politique ou diplomatique, libre de critiquer le Qatar lui-même : or, comment être crédible si l’on passe sous silence les problèmes dans le pays qui vous accueille ? Aujourd’hui, le Centre est asphyxié. Nous n’avons plus ni la liberté, ni les moyens de travailler. Cela ne peut plus durer. J’étais prêt à des compromis tant que l’essentiel – les aides distribuées, nos prises de position – était sauf. Ce n’est plus le cas. Robert Ménard.
Nous sommes consternés par l’attitude des autorités qataries qui n’ont pas véritablement joué le jeu, empêchant le Centre d’acquérir son indépendance. Robert Ménard et son équipe ont été pris à partie dès lors qu’ils ont dénoncé les manquements à la liberté de la presse au Qatar. C’était pourtant le préalable à la crédibilité de ce centre. Plusieurs personnes dans l’entourage de l’Emir ne l’ont pas compris. C’est regrettable et guère encourageant pour ceux qui croient en l’avenir de la liberté de la presse dans la région. Pour Reporters sans frontières, à l’origine de ce projet, cette aventure prend fin. Jean-François Julliard (secrétaire général de Reporters sans frontières)

Mini-royaume (moitié d’Israël, 1,5 fois la Corse), massive rente gazo-pétrolière (1er PIB par habitant mondial ; 14% des réserves de gaz mondiales), population réduite (1,5 millions dont 200 000 nationaux soit 20%) et homogène (majorité et famille régnante chiites), 1ère chaine satellitaire de la région (JihadTV alias Al Jazira avec son célèbre consultant religieux, le téléjihadiste Yusuf al-Qaradawi), (dernier dans l’index des lanceurs de chaussures de l’Economist où la seule démocratie arabe arrive, cherchez l’erreur, 4e sur 17!), révolutions de palais entre cousins, achat de sportifs, spectateurs et journalistes pour remplir ses stades vides (avec figurants payés par les clubs ou super-tombola), naturalisation de sportifs de hauts niveau à coup de salaires à vie,  trop petit pour avoir des partis politiques (sic), plus haut taux d’émissions de carbone par habitant (trois fois les Etats-Unis), massive campagnes de pub tous azimuts (55 millions d’euros pour Tracy Edwards pour rebaptiser son bateau Qatar), centre de commandment américain, base aéronavale  française, mission commerciale israélienne, extortion de fonds contre multinationales occidentales, centre de shopping ou de villégiature pour le gratin des autocrates de la région (Assad, Abbas, chef du Hamas), tête de pont chiite pro-iranien contre l’axe sunnite conservateur anti-iranien, soutien financier du Hamas et du Hezbollah, attribution de la Coupe du monde de football 2022 (nécessitant la contruction puis le démontage et démontage au profit de pays en voie de développement de 12 nouveaux stades entièrement climatisés, voire déplacement, pour des raisons climatiques, de la compétition en hiver?) et du Championnat du monde de handball 2015, organisation des jeux asiatiques 2006, candidature pour les JO 2016, candidateure pour la direction de la FIFA, sièges parfois peints en trompe l’oeil afin de créer une illusion de foule devant les 14 caméras de la chaîne Al-Jazira Sport, brumisateurs enchâssés dans le toit des tribunes pour faire pleuvoir une douce rosée sur des gradins déserts, engagement de lobbyistes internationauxde haut vol (Zidane, André Guelfi de l’Affaire Elf récemment sorti de prison), antenne de l’école militaire de Saint-Cyr et de grandes universités britanniques ou américaines, diplomatie hyperactive, médiations et coups politiques (infirmières bulgares), premier dirigeant arabe à être reçu à l’Elysée, dès mai 2007, renflouement de multinationales occidentales à coup de contrats de millions de dollars (aéronautique, armement, 80 avions, au prix catalogue de 16 milliards de dollars), ouverture en grande pompe d’un centre (vite refermé) de la liberté de la presse avec direction prestigieuse (Robert Ménard), dernier dans l’index des lanceurs de chaussures de l’Economist (où la seule démocratie arabe arrive, cherchez l’erreur, 4e sur 17!) …

Alors que contrairement à l’Egypte ou à la Libye,  la situation des peuples syrien, yemeni ou bahreini ne semblent pas préoccuper outre mesure nos nouveaux champions de la liberté des peuples  …

En ces temps étranges où, hormis certes pour leurs alliés syriens et eux-mêmes, les seuls mollahs poussent les feux de la révolution dans les rues du Moyen-Orient et énoncent l’intervention de troupes de la famille Saoud au Bahrein …

Retour sur cette étrange « boite d’allumettes » qui, profitant de sa massive rente gazo-pétrolière pour une population aussi réduite que particulièrement homogène, peut se permettre, via sa chaine satellitaire JihadTV (alias Al Jazira) et selon la bonne vieille méthode de la région (saoudienne comme iranienne ou libyenne) le luxe…

de mettre le feu chez les autres tout en maintenant d’une main de fer ses 20% de naionaux comme ses 80% de travailleurs migrants (121e sur 178 dans le classement RSF,  137e sur 167 à l’indice de démocratie) !

Saudi Columnist: Will Al-Jazeera Cover the Protests in Iran As It Did the Protests in Egypt?

MEMRI

February 17, 2011

In an article in the Saudi daily ‘Okaz, Saudi columnist Khalaf Al-Harbi, an outspoken critic of the Iranian regime, attacked the Al-Jazeera TV channel, arguing that it is motivated not by consistent moral principles but by a political agenda and commercial considerations. Questioning the channel’s sincerity in supporting the Egyptian uprising, Al-Harbi implied that it had acted less out of love for freedom than out of antagonism for Hosni Mubarak coupled with a desire for ratings. He wondered whether the channel would be as sympathetic in its coverage of the Iranian protests, or would change its tune and side with the Iranian regime against the protesters.

Following are excerpts from the article:[1]

Will Al-Jazeera Support Iranian Protesters, or the Mullahs Who Are Gagging the People?

« Thank you to those who helped the illustrious Egyptian people and its heroic youth, who stood exposed in the face of clubs, horses, camels, and armored vehicles. The people whose men, women, and children filled the streets of Cairo, Alexandria, [Port] Said, and the Sinai in order to say the greatest word in modern history: ‘No’. The people whom everyone thought would submit to tyranny forever and would remain forever silent over [its] oppression, [but who instead] leapt forth like a giant of legend and shook the world from end to end, turning the tables on the ruling classes in all the countries of the world – they are the ones who ushered in a new dawn, not Al-Jazeera TV.

« Today, the youth of Iran are taking the same stance, carrying the same desire in their hearts, and standing up to a deceptive regime. Just a few days ago, the turbaned leaders [of this regime] praised the revolution of the Egyptian youth, and [now], only a few days later, they are suddenly [trying] to suppress the revolution of the Iranian youth and calling for the execution of the free people, calling them ‘traitors.’

« Al-Jazeera TV must now answer an important question: Did it [champion the Egyptian uprising because] it supported Egypt’s freedom, or [merely] out of opposition to Hosni Mubarak? This question can be answered by seeing how the channel covers the events in Iran: Will it use the same tactics it used [in covering the events in Egypt], or will it follow the more expected route and support the mullahs who are suppressing the people’s voice? Is Al-Jazeera [guided by] pre-planned political tactics and agendas, or is it grounded in principled views and [a desire to play] a pioneering and enlightened role?…

« There are those who will say that Al-Jazeera views the issue of freedom from the commercial perspective [i.e., from the perspective of ratings], rather than from a political perspective, which is to say that the revolution of the Egyptian and Tunisian youth was a matter of interest to the Arab viewers, whereas the revolution in Iran is unimportant and [therefore] will not be given the same attention. However, this is entirely untrue – the situation in Iran is of interest to all the Arabs, and especially to those in the Gulf, since Iran is an important country in their [region] and the political situation there affects the stability [of their countries]. Moreover, Iran has always had cultural and social influence over the [Gulf] region and over all the Arab peoples, and it intervenes in their affairs, as in the case of the Iraqis, the Lebanese, and the Palestinians. I can assure Al-Jazeera ratings at least as high as those it achieved during the Egyptian revolution, as long as it covers the events [in Iran] in the same revolutionary spirit. »

« Al-Jazeera Is Not Concerned with Principles as Much as It Wants to Fan the [Flames of] Frustration in the Arab World »

« There are those who will say that Al-Jazeera TV is not concerned with principles as much as it wants to fan the [flames of] frustration in the Arab world. It defends Saddam Hussein and Osama bin Laden on the claim that the victory and unity of the Arab nation are more important than the Arabs’ human rights; and at the same time, it opposes Zine Al-‘Abidine Ben ‘Ali and Hosni Mubarak on the grounds that the Arab’s human rights are more important than the victory and unity of the Arab nation. It supports the youth of Al-Qaeda and the Taliban’s mujahideen because it [purportedly] believes they are the only hope for change, but [at the same time] it supports the youth of Facebook and Twitter, because it [purportedly] believes that they are the only hope for change. Finally, it sides with the free people of Tunisia and Egypt [in their struggle] against tyranny, yet all signs indicate that, in [the case of] Iran, it is preparing to side with the powers of tyranny against its free youth.

« In every issue… [Al-Jazeera endorses] ad hoc principles, and values determined by media interests and research, in an attempt to play on the frustrations building up in the Arab’s heart. This media juggling act of Al-Jazeera’s proves that the Arab street is leading [the channel], and not the other way around, as [Al-Jazeera] claims. This is a channel without a fixed airwave or frequency. It rides whatever wave the public is riding [at any given moment] and starts selling big words to simple, destitute people, without [bothering] to suit its stance [of the moment] to the principles it preached in the past. Such a role may bring it sweeping success among the public, but it is an irresponsible role that does not befit a pioneering channel like Al-Jazeera. Principles cannot be bought and sold, and it is unbefitting to sell them cheap at the Friday market.

« I say to [my] dear colleagues, the heroic fighting mujahideen of Al-Jazeera: Iran is calling you. The flags of freedom are waving in the east, only 150 kilometers from your offices, from which you [purport to] free oppressed peoples. Will you turn your feet unexpectedly to [protesters in] Tehran, or have they already been caught by someone else, who is dictating your steps? »

Endnote:

[1] ‘Okaz (Saudi Arabia), February 16, 2011.

Voir aussi:

L’Iran est une nouvelle fois pointé du doigt par le CCG

4 avril L’inquiétude est plus que perceptible au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG). Réunis hier à Ryad, les ministres des Affaires étrangères des six pays du CCG (Arabie Saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Oman, Qatar et Koweït) ont dénoncé l’ingérence persistante de l’Iran dans leurs affaires intérieures et rappelé leur solidarité face à l’Iran chiite. Ils accusent le régime iranien de fomenter des complots visant la sécurité nationale de leur pays.

Certains pays, comme le Koweït, ont dû expulser ces derniers jours des diplomates iraniens, accusés d’entretenir un réseau d’espionnage. Selon le nouveau secrétaire du CCG, Abdellatif al-Zayani, la découverte de ce réseau d’espionnage n’est « qu’un maillon dans la chaîne des ingérences iraniennes ». Les autorités bahreïniennes accusent l’Iran d’avoir soutenu durant un mois l’opposition chiite qui réclame toujours le renversement de la famille régnante sunnite al-Khalifa. L’Iran avait, par ailleurs, dénoncé avec force le déploiement de troupes saoudiennes à Bahreïn et accusé Ryad de « jouer avec le feu » dans le Golfe. L’Arabie Saoudite a condamné ce communiqué, le jugeant « irresponsable » et « insultant ».

M. Zayani a affirmé que les appels à retirer les forces saoudiennes constituaient une ingérence flagrante dans les affaires intérieures de Bahreïn. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad est allé jusqu’à affirmer que l’intervention pour mettre un terme à la révolte populaire était « un acte hideux voué à l’échec ». Les pays réunis au sein du CCG ont demandé à l’Iran de cesser ces politiques hostiles et de respecter les règles de bon voisinage dans le but de préserver la sécurité et la stabilité de cette région.

Plus que tout, les membres du CCG craignent de voir l’Iran favoriser des mouvements de contestations chez leurs minorités chiites. La création de ce club en 1981 avait déjà été motivée par la crainte d’une exportation de la révolution iranienne chez ses voisins. A Bahreïn, une monarchie sunnite règne sur un pays à 70% chiite, en Arabie saoudite, la minorité chiite, qui représente un dixième de la population, est concentrée dans l’Est de la péninsule, là où se trouve l’essentiel des réserves en hydrocarbures. Les Emirats arabes unis ont un conflit territorial avec l’Iran à propos de la souveraineté sur trois îles stratégiques du Sud du Golfe dans le détroit d’Ormuz. Mais le Qatar n’est pas aussi hostile à l’Iran que les autres puisque le pays partage un gisement gazier avec république islamique et tient à conserver de bons rapports avec Téhéran. Doha joue d‘ailleurs un rôle de médiateur dans la région.

Les documents obtenus par Wikileaks témoignent de cette obsession de la menace iranienne partagée par la quasi-totalité des pays de la région. Un compte-rendu américain dévoile quelques déclarations du roi d’Arabie saoudite qui a affirmé, en mai 2009, qu’on ne pouvait pas faire confiance aux Iraniens, que l’objectif de l’Iran était de causer des problèmes. Le 14 février 2010, l’émir du Qatar déclarait ainsi qu’en se basant sur 30 années d’expérience avec les Iraniens, il ne fallait croire qu’un mot sur cent qu’ils prononçaient.

Sources : Le Figaro.fr, Le Monde.fr, Rfi.fr

Voir également:

Le Qatar, ami discret de Paris

L’Express

le 27/02/2009

Cet émirat qui regorge de gaz est un marché en or pour les industriels et l’armement français. Du Golfe à la Syrie, il est devenu un levier clef de la politique arabe de Nicolas Sarkozy.

Le 29 novembre 2008, Nicolas Sarkozy a fait un aller-retour de vingt-quatre heures au Qatar pour prononcer un discours à la conférence des Nations unies sur le financement du développement. Le vrai message était ailleurs: il s’agissait de ménager les susceptibilités en prévenant que sa prochaine tournée dans le Golfe ne passerait pas par Doha.

Idylle judiciaire

La lune de miel entre la France et le Qatar s’étend aussi au domaine de la justice. Depuis quelques mois, la garde des Sceaux, Rachida Dati, et Ali Ben Fetais al-Marri, procureur général du Qatar (qui joue en fait le rôle de ministre de la Justice), ont noué d’excellentes relations. Très francophile – il a étudié le droit en France – le Qatari a organisé le 28 avril 2008 à Doha la deuxième conférence régionale sur la justice dans le monde arabe. A cette occasion, Rachida Dati a évoqué la création d’une antenne de l’Ecole nationale de la magistrature (ENM), destinée à former des juges et à promouvoir la francophonie. Ce projet sera suivi par un magistrat de liaison qui devrait être nommé prochainement. Depuis cette annonce, la garde des Sceaux s’est rendue à plusieurs reprises – le week-end principalement – à Doha. Autant d’escapades qui ont fait écrire à Michaël Darmon et Yves Derai, auteurs de Belle Amie (éd. du Moment) que le procureur général du Qatar serait le père de Zohra, la fille de Rachida. Ce qu’a catégoriquement nié l’intéressé, menaçant même de poursuites quiconque colporterait cette rumeur.

Que de prévenance pour ce petit émirat! Il faut dire que le Qatar, riche des troisièmes réserves mondiales de gaz, dispose de moyens considérables au service d’une diplomatie très active. L’entente entre la France et cet émirat francophile ne date pas d’hier. Or, elle s’est considérablement renforcée depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, et le Qatar s’est imposé comme un médiateur de premier plan de la diplomatie française au Proche et au Moyen-Orient. Parallèlement, il investit massivement en France dans l’aéronautique et l’hôtellerie de luxe. Cette relation privilégiée ne doit rien au hasard. L’émir Hamad ibn Khalifa al-Thani et son éminence grise, le Premier ministre Hamad ibn Jassem al-Thani, partagent avec le président français un goût prononcé pour les coups diplomatiques et politiques.

Bons offices

Doha rêve de jouer un rôle d’intercesseur régional, au détriment de l’Arabie saoudite, autrefois privilégiée par Jacques Chirac. Les dirigeants qataris se sont rapprochés de Sarkozy alors qu’il était ministre de l’Intérieur. En 2005, ce dernier y effectue sa seule visite ès qualités dans un pays du Golfe. Dès cette époque, des émissaires discrets lui proposent leurs bons offices sur le dossier des infirmières bulgares incarcérées en Libye. Sarkozy enregistre. De son côté, il sait qu’il a besoin d’alliés pour montrer aux pays arabes qu’il n’est pas seulement l’ami d’Israël. D’autant que le Qatar, régime modéré, occupe une position singulière : il est le seul à pouvoir dialoguer avec les Etats-Unis, Israël, l’Iran, le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien.

Pour être le premier dirigeant arabe à être reçu à l’Elysée, dès mai 2007, l’émir du Qatar vole au secours de l’Airbus A 350, dont le projet subit des retards. Il achète 80 avions, au prix catalogue de 16 milliards de dollars. Il en profite pour plaider la cause du président syrien Bachar el-Assad, qu’il souhaite sortir de l’isolement dans lequel Chirac l’a placé après l’assassinat, en 2005 à Beyrouth, de l’ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri. Le lancement de l’Union pour la Méditerranée, le 13 juillet 2008, à Paris, lui en donne l’occasion. Plus de 40 chefs d’Etat et de gouvernement des deux rives sont présents, dont Bachar el-Assad, qui perd son statut de paria. Pour la France, c’est un revirement diplomatique complet. En coulisses, l’émir du Qatar est l’artisan discret de la venue de son ami syrien. Sur la tribune présidentielle, il triomphe: il est l’invité d’honneur du défilé du 14 Juillet. Quelques jours plus tard, l’émir offre au président français son premier coup d’éclat, en intervenant financièrement auprès de la Libye, qui libère enfin les infirmières bulgares.

Une antenne de Saint-Cyr ouvrira ses portes à Doha

Royal conquise

« J’ai été très impressionnée par l’ouverture de ce pays. Par l’accueil, aussi, sans a priori. J’ai été frappée par l’ouverture, encore une fois, j’insiste, du Qatar »: ainsi parle la globe-trotteuse socialiste dans son dernier livre (Femme debout, Denoël). Son « M. Banlieues », Kamel Chibli, confirme: « Les gens du Qatar sont très forts en lobbying. Ils ont la volonté d’investir dans différentes causes et s’intéressent aux problématiques sociales en France. »

Depuis, les liens n’ont cessé de se resserrer. « Nous pouvons leur demander de grands services, résume un ministre. En retour, ils savent qu’ils peuvent compter sur nous. » Sur le plan diplomatique, le Qatar prend, de facto, en mai 2008, le relais de la France dans les affaires interlibanaises, parvenant à la conclusion d’un accord qui permet l’élection d’un président de la République après des mois de blocage institutionnel. En septembre, on le retrouve derrière l’organisation de la visite de Sarkozy à Damas, suivie d’un minisommet réunissant la France, la Turquie, la Syrie et le Qatar, au cours duquel Sarkozy apporte une missive des parents du soldat franco-israélien Gilad Shalit, captif du Hamas, destiné à l’un des leaders de l’organisation, Khaled Mechaal. En novembre, l’émir aménage une rencontre entre le président français et son homologue soudanais, Omar al-Bechir, à propos du Darfour.

Sur le plan économique, la France engrange les contrats et les projets: Areva, Gaz de France, EDF, Vinci, Suez, Veolia ont signé d’importants accords lors du premier déplacement du chef de l’Etat, en janvier 2008. Dans le domaine de la défense, une antenne de l’école militaire de Saint-Cyr doit ouvrir ses portes à Doha en 2010, afin de former les officiers qataris. L’an dernier, l’émirat a passé commande pour 142 millions d’euros de matériels de guerre à la France, du jamais-vu depuis 2003.

Si Doha a tout à gagner dans cette idylle, Paris doit s’accommoder de la diplomatie parfois ambiguë de son nouveau partenaire. Pendant la guerre de Gaza, l’Elysée s’est fortement irrité de la réception, digne d’un chef d’Etat, réservée par le Qatar au leader du Hamas Khaled Mechaal. « C’est déroutant », confie un conseiller.

Le Qatar est le 100e fournisseur de la France et son 40e client. Au niveau mondial, le Qatar est au 11e rang des pays générateurs d’excédents commerciaux pour la France (975 millions d’euros en 2007).

Voir de plus:

Le Qatar, un émirat francophile

L’Express

27/02/2009

Dès l’indépendance, en 1971, Doha a noué des liens avec Paris. Approfondis par l’actuel émir, dont la diplomatie vise à imposer ce petit Etat sur la scène régionale.

Les diplomates britanniques présents à l’Assemblée générale des Nations unies, le 21 septembre 1971, n’en croient pas leurs oreilles. A la tribune, le représentant du Qatar demande l’adhésion de son pays à l’ONU non dans la langue de Shakespeare, comme il se doit pour une ancienne colonie britannique, mais dans celle de Molière! Celui qui s’exprime ainsi, Hassan Kamel, est un intellectuel égyptien, conseiller politique et éminence grise du cheikh Khalifa ibn Hamad al-Thani. Un amoureux de la France, où il a jadis fait ses études.

Une obsession: faire sortir son pays de l’anonymat

L’émirat ouvre dès l’année suivante une ambassade à Paris. Mais l’émir lui-même attendra 1974 pour découvrir la France. Premiers accords économiques et financiers, premiers achats d’armes… et premiers investissements immobiliers. Le cheikh s’offre une villa dans le Midi, où il séjourne désormais plusieurs fois par an. Il fait venir à Doha un précepteur chargé d’enseigner le français à sa nombreuse progéniture. Sur fond de choc pétrolier, la « politique arabe de la France » est aussi une stratégie commerciale. En 1980, le Qatar achète ses premiers Mirage. Quelques années plus tard, les Français construisent une base aérienne près de Doha. Aujourd’hui, ces hangars abritent des Mirage 2000 et l’armée de l’émirat est équipée à 80 % de matériels français.

En 1995, le Qatar change d’émir à la suite d’une révolution de palais. Le prince héritier, le cheikh Hamad ibn Khalifa al-Thani, profite de l’un des nombreux séjours en Europe de son père, Khalifa, pour prendre sa place. Une affaire rondement menée, sans effusion de sang. Dans les mois qui suivent, l’embauche, par l’émir déchu, du capitaine de gendarmerie Paul Barril, ancien patron de la cellule antiterroriste de l’Elysée, crée un malentendu provisoire entre Doha et Paris. Mais tout rentre très vite dans l’ordre, d’autant que l’ami Chirac est de retour, à l’Elysée cette fois. Un accord de défense est signé en octobre 1998. Puis, au printemps 2006, les deux chefs d’Etat évoquent au cours d’une conversation à l’Elysée l’installation à Doha d’une antenne de l’école militaire de Saint-Cyr. L’un des fils de l’émir, Jouan, y termine alors ses études et se fait l’avocat du projet, repris par la suite par Nicolas Sarkozy.

Dès son accession au trône, le cheikh Hamad ibn Khalifa al-Thani a une obsession: faire sortir son pays de l’anonymat. Il propose à des journalistes, transfuges de la BBC en langue arabe, de créer à Doha une « télévision pour les Arabes ». Ce sera Al-Jazira. Le succès de cette CNN du Golfe, née en 1996, dont il est toujours le principal actionnaire, est immédiat. Grâce à elle, son petit pays atteint une notoriété que ses faramineux gisements gaziers ne lui avaient jamais conférée…

Au secours des infirmières bulgares

Quel a été le rôle du Qatar dans la libération, en juillet 2007, des cinq infirmières bulgares et du médecin palestinien détenus en Libye? La commission d’enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur ces négociations avec le colonel Kadhafi a cherché à le savoir. Sans grand succès…

Sarkozy avait alors salué devant la presse la « médiation » du Qatar. La commission a demandé des précisions à ses collaborateurs. Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, a dit que, au plus fort des négociations, le président français avait appelé le Premier ministre qatari, qui avait lui-même téléphoné au colonel Kadhafi. Jean-David Levitte, conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy, a confirmé le « rôle décisif » du Qatar. Et un autre conseiller, Boris Boillon, a précisé que ce pays avait fait office de « joker » de dernière minute. Interrogé sur l' »hypothèse d’une transaction financière », le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a répondu: « Mon sentiment est que nous ne sommes pas à l’abri de l’évocation de certaines transactions financières [sourire]. Mais je n’en sais rien! »

Broussard PhilippeCela n’empêche pas l’émir d’autoriser les Israéliens à ouvrir à Doha, l’année même de la naissance de la nouvelle chaîne, une mission commerciale. Ni d’accueillir, en 2003, le quartier général du commandement central américain, dont les Saoudiens n’ont pas voulu. C’est du Qatar que seront dirigées les opérations contre l’Irak de Saddam Hussein. Et du Qatar, aujourd’hui, que partent certains bombardiers américains engagés en Afghanistan.

En 2006, l’émirat devient, pour deux ans, membre du Conseil de sécurité des Nations unies. Une situation dont il va se servir pour se démarquer ostensiblement, à plusieurs reprises, des positions prises par les Etats-Unis, sans pour autant jamais remettre en question son alliance avec Washington. Ce sera notamment le cas à propos du programme nucléaire iranien, des raids israéliens sur Gaza ou de la guerre livrée par Tsahal au Liban contre le Hezbollah. L’émir entretient de bonnes relations avec le président syrien, Bachar el-Assad – ce dernier vient fréquemment faire du shopping en compagnie de son épouse dans les galeries marchandes de Doha – ainsi qu’avec les autorités de Téhéran. Khaled Mechaal, le chef du Hamas, a ses entrées au palais royal de Doha. Ce qui n’empêche pas le président de l’autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, qui possède une résidence dans l’émirat, d’y être également reçu. Le cheikh s’enorgueillit de parler à tout le monde avec franchise. En 2007, il recevait ainsi dans sa capitale le vice-Premier ministre israélien Shimon Peres. Pour lui expliquer, autour d’une tasse de café bédouin, qu’Israël ferait bien de prendre langue avec le Hamas…

Echapper à l’influence de l’Arabie saoudite

Cette diplomatie volontariste a un but: permettre au Qatar, petit Etat de 11 427 kilomètres carrés et de 724 000 habitants, dont à peine 20 % de nationaux, d’exister sur la scène régionale et internationale. Et d’échapper, du même coup, à la sphère d’influence de l’Arabie saoudite, au point d’apparaître comme son concurrent direct. Tandis que les Saoudiens jouent, avec l’Egypte et la Jordanie, la carte d’un axe sunnite conservateur anti-iranien, le Qatar dialogue avec l’Iran et la Syrie, engage des fonds pour aider le Hezbollah à reconstruire les villages du Sud-Liban, aide le Hamas en Palestine… C’est à Doha, en mai 2008, grâce à la médiation sonnante et trébuchante des autorités qataries, que les partis libanais finissent par se mettre d’accord sur l’élection d’un président de la République. Le précédent « traité » interlibanais, en 1989, avait lui été négocié à Taef, en Arabie saoudite, sous la houlette des Saoudiens et de leur homme lige, Rafic Hariri – alors futur Premier ministre libanais, assassiné en 2005. Tout un symbole.

Il était assez naturel, compte tenu de ces équilibres régionaux, que Nicolas Sarkozy, désireux de se rapprocher de la Syrie, avec laquelle Jacques Chirac avait coupé toute relation après l’assassinat de son ami Rafic Hariri, se tourne vers le Qatar. Invité à la tribune des Champs-Elysées le 14 juillet 2007, l’émir jouera un an plus tard un rôle clef dans la préparation de la visite à Paris du président syrien Bachar el-Assad. Entre-temps, les deux hommes ont eu le temps de se découvrir et de se rendre quelques menus services. Entre les deux, le courant passe: l’un et l’autre sont des pragmatiques. Et l’un comme l’autre n’aiment rien de moins que d’être indispensables…

Qatar

Les cheikhs du stade

L’Express

06/03/2008

Par la volonté de l’émir et de ses fils, ce miniroyaume du Golfe aux allures d’eldorado pétrolier se rêve en nouvelle superpuissance du sport. Visite dans les coulisses d’un paradis, un brin artificiel, candidat à l’organisation des JO 2016.

Assis sur la banquette du 4 x 4 qui précède le peloton du 7eTour cycliste du Qatar, Eddy Merckx surveille la course du coin de l’oeil. «Bon, si j’ai bien compris, ça va faire comme hier : arrivée groupée, un sprint à septante à l’heure et le bouquet pour Tom Boonen… » Le roi Eddy a beau être le parrain de l’épreuve, on ne la lui fait pas : rien ne ressemble plus à une étape du Tour du Qatar qu’une autre étape du Tour du Qatar. 140 bornes en ligne droite au milieu de la caillasse. De temps à autre, un chameau dresse un sourcil circonflexe au passage des coureurs. Jamais le désert n’a si bien porté son nom qu’en ce début du mois de février.

Comme chaque année, les plus beaux coups de pédale du cyclisme international ont fait le déplacement mais, sur la ligne d’arrivée, ils ne seront qu’une cinquantaine d’expatriés pour les acclamer. Sans oublier les applaudissements distraits de quelques cheikhs, hublots fumés sous le keffieh, que des serveurs en livrée ont fait patienter tant bien que mal à grand renfort de pâtisseries au miel.

Au Tour du Qatar, quand la caravane passe, les chiens n’aboient même pas. Mais il en faudrait davantage pour dissuader l’Etat confetti de s’incruster à la table des superpuissances du sport. « Il est plus important d’être au Comité international olympique qu’à l’ONU, a dit un jour l’émir du Qatar, le cheikh Hamad Al-Thani. Parce que tout le monde respecte les décisions du CIO…» Du coup, son pays est candidat à tout. A l’organisation des Jeux olympiques de 2016 et également – mais oui ! – au prologue du Tour de France. La Coupe du monde de football en 2018 ? Le cheikh Hamad y pense aussi. Ce n’est pas seulement la folie des grandeurs. C’est d’abord une question de survie dans cette région sous haute tension du golfe Persique où le royaume des Al-Thani dessine une excroissance saugrenue sur la face de l’imposante Arabie saoudite. A travers le sport, le pays, libéré de la tutelle britannique en 1971, construit encore et toujours sa souveraineté. «Quelqu’un qui se sent en danger préférera toujours marcher au milieu de la rue, sous la lumière des réverbères : le Qatar, c’est pareil », résume Pascal Boniface, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques.

Après avoir attiré les vedettes vieillissantes du ballon rond et naturalisé une poignée d’haltérophiles bulgares et d’athlètes kényans, le cheikh et ses deux fils – Jassim, fan de foot ; Tamim, passionné d’équitation – rêvent désormais d’une vraie politique sportive et de champions 100% qatariens. Sauf qu’à Doha il est plus facile de faire pousser les gratte-ciel que les forçats des stades. Sous les lustres des palaces internationaux, la vie s’écoule comme un sablier rempli de poussière d’or. Et le seul record du monde détenu par les sujets du cheikh Hamad est celui du taux de cholestérol. Avec 5 % des réserves mondiales de gaz et 15 milliards de barils de pétrole en soute, le pays taillé comme un département français est l’un des plus riches de la planète. A la naissance, chaque Qatarien hérite d’une maison, d’un terrain et d’une rente à vie. Pour le reste, 1 million de travailleurs venus du tiersmonde asiatique s’occupent de bâtir à coups de pioche, de nuit comme de jour, le paradis de 200 000 autochtones à la silhouette aussi rebondie que les pare-chocs de leur 4 x 4.

Dans ces conditions, franchir les grilles d’un stade relève de la corvée, que ce soit pour y perdre quelques litres de sueur ou pour y faire la « ola ». Fierté nationale, le championnat de foot se déroule dans des cathédrales high-tech dont les sièges sont parfois peints en trompe l’oeil afin de créer une illusion de foule devant les 14 caméras de la chaîne Al-Jazira Sport. Les brumisateurs enchâssés dans le toit des tribunes font pleuvoir une douce rosée sur des gradins déserts. Et la centaine de supporters qui vocifèrent à chaque match dans les virages sont des figurants payés par les clubs. Une exception : la finale de la Coupe de l’émir, au début de juin. Ce jour-là, l’International Stadium de Doha est rempli jusqu’à la gueule de spectateurs hindous et pakistanais. Mais ils sont là pour la super-tombola. «Une année, les organisateurs ont fait gagner les trois voitures à la mi-temps. Quand les joueurs sont ressortis du tunnel, il n’y avait plus un chat dans les tribunes », raconte Sabri Lamouchi, 36 ans, ancien milieu de terrain de Parme et de Marseille, qui finit sa carrière au club d’Umm Salam, en première division qatarienne.

On se moque, mais l’émirat n’est pas qu’un Eldorado d’opérette aux ambitions grandiloquentes. Dans les instances internationales, sa puissance de feu est réelle et ses parrains européens bien introduits. Il y a d’ailleurs fort à parier que ses charmes sonnants et trébuchants ne devraient pas échapper à quelques incorruptibles du CIO au moment d’évaluer ses chances pour l’organisation des Jeux en 2016. Ne dit-on pas déjà qu’un des héros de l’affaire Elf, André Guelfi, alias «Dédé la Sardine », 87 ans, roi du lobbying international, jamais en panne d’aisance, travaille à la candidature de l’émirat ? L’intermédiaire, qui a ses entrées dans les coulisses du mouvement olympique comme dans les cuisines de la diplomatie moyenorientale, n’a pas souhaité répondre à L’Express. Sorti de prison, Dédé la Sardine préfère rester à l’ombre.

« L’argent n’est rien, juste l’air qu’on respire »

Le Qatar a déjà fait ses preuves en matière d’organisation : en 2006, lors des Jeux asiatiques. Un succès dont le président du CIO, le Belge Jacques Rogge, a pris bonne note. Sans en avoir l’air, les Jeux asiatiques n’ont rien d’un rassemblement de quartier. Les participants sont plus nombreux qu’aux JO. Et les « sports » inscrits au programme font rêver : tennis-ballon, catch mongol… Le Qatar en a profité pour décrocher au forceps l’une de ses trop rares médailles. Aux échecs, par équipes.

« L’argent n’est rien, juste l’air qu’on respire », aime à répéter le prince Tamim, qui, en 2002, à 23 ans, est devenu le plus jeune membre du CIO. Une âme de bâtisseur, l’héritier. Quelques semaines avant la cérémonie d’ouverture des Jeux asiatiques de 2006, il imagine une tour de 300 mètres au sommet de laquelle scintillera la flamme. Sa construction sera l’exploit sportif de la compétition. « Un contre-la-montre hallucinant : le building montait de 5 mètres par jour ! » se souvient l’entraîneur de chevaux Alban de Mieulle, qui affûte les pur-sang de la famille royale depuis huit ans.

L’architecte français Roger Taillibert, jeune homme de 81 ans, père du Parc des Princes à Paris et du stade olympique de Montréal, fait, lui aussi, partie des intimes de la famille Al-Thani. A l’automne 2005, il est l’invité de l’émir en son palais. On vient de baptiser sa dernière progéniture «Aspire », le plus grand dôme de sports du monde – 20 000 places assises, piscine olympique, terrain de football, centre de formation, une ville sous cloche rafraîchie par l’énergie d’une demi-centrale nucléaire. Coût total : 1 milliard de dollars. A côté, le Palais omnisports de Bercy ressemble à la halle polyvalente de Brie-Comte-Robert.

Ce jour-là, Roger Taillibert n’est pas seul à la table du cheikh Hamad. L’émir du Qatar a réquisitionné Pelé, Diego Maradona et Franz Beckenbauer comme d’autres convoquent la belle famille pour le repas du dimanche. Au café, il prend l’architecte par l’épaule : « Je crois que nous avons encore deux, trois bricoles à faire ensemble. » Cela fait maintenant deux ans que Roger Taillibert est attelé aux « deux, trois bricoles » en question, dont une académie militaire calquée sur le modèle de Saint-Cyr. L’addition devrait tourner autour de 5 milliards de dollars. 5 milliards et des bricoles.

Trop de tout est un manque de quelque chose, affirme le proverbe arabe. Chaque jour, dans le Gulf Times, le quotidien qatarien de référence, les pages sportives prennent des airs de Bottin mondain. Contre un chèque à six chiffres, aucune star ne résiste à l’aller-retour à Doha. En janvier, les dirigeants du FC Barcelone ont été sciés d’apprendre par une dépêche d’agence que le prodige argentin, Lionel Messi, était allé visiter Aspire durant sa journée de repos. La coqueluche du Nou Camp, qui a tapé ses premiers corners sur un terrain vague avec une balle de chiffon, a écarquillé les yeux en découvrant les chambres des aspirants footballeurs qatariens : minibars, écrans plasma, salles de bains cinq étoiles. « C’est beau, tout ce marbre…», a-t-il commenté.

Loin du rêve olympique climatisé, le gymnase Khalifa, dans la banlieue de Doha, semble sortir d’un autre siècle. C’est une salle de gym à l’ancienne, aux murs défraîchis et aux tapis de sol usés par les pirouettes d’une poignée de gamines en justaucorps acidulés. Elles ont 9 ans, traversent l’air cambrées comme des danseuses étoiles sous le regard ému de quelques mères de famille voilées. Ça n’a l’air de rien, ce ballet d’oisillons agrippés à des barres si hautes qu’il faut les y hisser à bout de bras, mais au pays de l’islam wahhabite et de la charia, c’est ici, aussi, que se joue l’avenir du sport au Qatar. Et même un peu plus que cela.

« La place des juments,c’est à l’étable ! »

Quand les parents viennent inscrire leur fillette au gymnase Khalifa, il leur faut d’abord signer une décharge. Pour la tenue vestimentaire de l’enfant. Il arrive, malgré tout, que des gamines veuillent s’initier aux acrobaties le corps entravé dans une abayah noire qui leur tombe jusqu’aux chevilles. Personne ne les en empêche. A la séance suivante, la plupart du temps, ce sont elles qui choisissent de laisser la panoplie au vestiaire. « Les choses se font d’elles-mêmes », souligne la directrice technique de la Fédération qatarienne de gymnastique, Jacqueline Herbrand.

L’entraîneuse belge n’a jamais oublié son arrivée à Doha, à la fin des années 1970. « Le matin, je suis allée courir sur la corniche, en survêtement et coupe-vent, capuche sur la tête. Le premier type que j’ai croisé m’a hurlé au visage : « Ici, la place des juments, c’est à l’étable ! »… » Trente ans plus tard, lors des finales de gymnastique des Jeux asiatiques, elle repense encore à son philosophe du bord de mer. Une de ses élèves, Shijoon, 17 ans, a accédé à la finale des barres asymétriques. C’est l’heure de gloire. L’heure de la revanche. Enfin, presque.

Le mois suivant, revenu d’un séjour d’études en Europe, le frère de la jeune fille remet de l’ordre dans l’étable : il n’a rien contre sa soeur, ni contre le sport. Il a juste un problème avec la gym et ses tenues échancrées. « Il lui a ordonné de se mettre à l’athlétisme, avec un short bien large, ou alors de s’essayer à l’escrime », dit Jacqueline Herbrand. Depuis ce jour, la petite championne n’est jamais réapparue au gymnase Khalifa. Depuis ce jour, chez Shijoon, le téléphone sonne dans le vide.

Voir enfin:

The US embassy cables

WikiLeaks cables claim al-Jazeera changed coverage to suit Qatari foreign policyUS embassy memos contradict Arabic satellite channel’s insistence that it is editorially independent despite being heavily subsidised by Gulf state

Robert Booth

The Guardian

6 December 2010

The Qatari prime minister, Sheikh Hamad bin Jassim al-Thani, offered a deal which was not agreed with Egypt over al-Jazeera, US embassy cables claim. Photograph: Getty

Qatar is using the Arabic news channel al-Jazeera as a bargaining chip in foreign policy negotiations by adapting its cohttp://www.guardian.co.uk/world/2010/dec/05/wikileaks-cables-al-jazeera-qatari-foreign-policyverage to suit other foreign leaders and offering to cease critical transmissions in exchange for major concessions, US embassy cables released by WikiLeaks claim.

The memos flatly contradict al-Jazeera’s insistence that it is editorially independent despite being heavily subsidised by the Gulf state.

They will also be intensely embarrassing to Qatar, which last week controversially won the right to host the 2022 World Cup after presenting itself as the most open and modern Middle Eastern state.

In the past, the emir of Qatar has publicly refused US requests to use his influence to temper al-Jazeera’s reporting.

But a cable written in November 2009 predicted that the station could be used « as a bargaining tool to repair relationships with other countries, particularly those soured by al-Jazeera’s broadcasts, including the United States » over the next three years.

Doha-based al-Jazeera was launched in 1996 and has become the most watched satellite television station in the Middle East. It has been seen by many as relatively free and open in its coverage of the region, but government control over its reporting appears to US diplomats to be so direct that they said the channel’s output had become « part of our bilateral discussions – as it has been to favourable effect between Qatar and Saudi Arabia, Jordan, Syria and other countries ».

In February, the US embassy reported to Washington how « relations [between Qatar and Saudi Arabia] are generally improving after Qatar toned down criticism of the Saudi royal family on al-Jazeera ». In July 2009, the US embassy said the channel « has proved itself a useful tool for the station’s political masters ».

In one dispatch, the US ambassador, Joseph LeBaron, reported that the Qatari prime minister, Hamad bin Jassim al-Thani, had joked in an interview that al-Jazeera had caused the Gulf state such headaches that it might be better to sell it. But the ambassador remarked: « Such statements must not be taken at face value. » He went on: « Al-Jazeera’s ability to influence public opinion throughout the region is a substantial source of leverage for Qatar, one which it is unlikely to relinquish. Moreover, the network can also be used as a chip to improve relations. For example, al-Jazeera’s more favourable coverage of Saudi Arabia’s royal family has facilitated Qatari-Saudi reconciliation over the past year. »

Although LeBaron noted that the station’s coverage of the Middle East was « relatively free and open », he added: « Despite GOQ protestations to the contrary, al-Jazeera remains one of Qatar’s most valuable political and diplomatic tools. »

US allegations of manipulation of al-Jazeera’s content for political ends also contradict Qatar’s claim to support a free press. « The Qatari government claims to champion press freedom elsewhere, but generally does not tolerate it at home, » the US embassy said after the French director of the Doha Centre for Media Freedom resigned in June 2009, citing restrictions on the centre’s freedom to operate.

In a clear example of the regional news channel being exploited for political ends, the Doha embassy claimed Sheikh Hamad (HBJ) told the US senator John Kerry that he had proposed a bargain with the Egyptian president, Hosni Mubarak, which involved stopping broadcasts in Egypt in exchange for a change in Cairo’s position on Israel-Palestinian negotiations.

« HBJ had told Mubarak ‘we would stop al-Jazeera for a year’ if he agreed in that span of time to deliver a lasting settlement for the Palestinians, » according to a confidential cable from the US embassy in Doha in February. « Mubarak said nothing in response, according to HBJ. »

The US has benefitted, too. « Anecdotal evidence suggests, and former al-Jazeera board members have affirmed, that the United States has been portrayed more positively since the advent of the Obama administration, » a cable in November 2009 said. « We expect that trend to continue and to further develop as US-Qatari relations improve. »

In 2001 the emir, Hamad bin Khalifa al-Thani, refused a US request to stop al-Jazeera giving so much airtime to Osama bin Laden and other anti-American figures, saying: « Parliamentary life requires you to have a free and credible media, and that is what we are trying to do.

« Al-Jazeera is one of the most widely watched [TV stations] in the Arab world because of its editorial independence. » The Gulf state has frequently held up al-Jazeera as evidence of its relative openness. The independent Visit Qatar website states: « What makes al-Jazeera such a unique channel in the Middle East is its editorial independence.

« This has been seen by many as evidence that Qatar is one of the region’s more liberal and democratic countries, and one which provides freedom of press and speech. »

Qatar maintains a working relationship with Iran, and the US embassy was concerned by the lack of al-Jazeera coverage of the civil unrest in Iran after the disputed presidential election in the summer of 2009.

« Al-Jazeera’s coverage of the Iranian election and its aftermath has been scanty by comparison to other hot topics in the region, such as Gaza, » reported the embassy at the time.

Al-Jazeera « has proved itself a useful tool for the station’s political masters », the cables said.

Local media are also affected by government interference. « Over the past three [visits] we have assessed as steady the lack of overall media freedom in Qatar, » the November cable said.

« Although overt and official censorship is not present, self and discreet official censorship continue to render Qatari domestic media tame and ineffective. »

Al-Jazeera last night denied the claims. A spokesman for the station said: « This is the US embassy’s assessment, and it is very far from the truth. Despite all the pressure al-Jazeera has been subjected to by regional and international governments, it has never changed its bold editorial policies which remain guided by the principles of a free press. » The embassy of Qatar in London declined to comment on the story last night.

COMPLEMENT:

Comment le Qatar a acheté la France (et s’est payé sa classe politique)

Eric Leser

Slate

06.06.11

Dans la stratégie d’influence de ce micro Etat richissime, la France occupe une place à part. La simple addition des liens établis en France par le Qatar et des intérêts acquis a pourtant de quoi inquiéter.

Le Qatar qui vient de racheter la majorité du capital du PSG, qui intervient militairement aux côtés des Occidentaux en Libye et qui organisera la Coupe du monde de football en 2022 est à peine un Etat. Etabli sur une petite presqu’île de 11.437 km2, un peu plus grande que la Corse, à l’est de l’Arabie saoudite, son territoire désertique est invivable l’été quand les températures oscillent entre 40 et 50 degrés.

L’émirat a obtenu son indépendance en 1971. Il compte 1,5 million d’habitants dont 200.000 seulement sont des citoyens qataris. Leur revenu par tête est tout simplement le plus élevé de la planète. Ils ne payent pas d’impôts, disposent de transports et d’un système de santé gratuits et pour la plupart n’ont tout simplement pas besoin de travailler, la main d’œuvre immigrée est là pour cela.

La vraie raison de la notoriété et du poids économique et politique de ce micro Etat se trouve sous la terre et sous la mer: le pétrole et plus encore le gaz naturel dont ce pays est le troisième producteur au monde. Cela permet au Qatar de gérer le plus grand fonds souverain de la planète, QIA (Qatar Investment Authority), dont les avoirs des différentes entités approchent les 700 milliards de dollars. Les Qataris sont riches à la naissance et assez rapidement inquiets.

Alternance de coups d’Etat

Leur obsession est de préserver et protéger ce qu’ils ont, c’est-à-dire l’indépendance et l’existence même d’un Etat féodal dirigé par un émir qui change au gré des coups d’Etat. Le dernier en date, en juin 1995, a permis à l’actuel émir, Hamad bin Khalifa al-Thani, de déposer son père qui était en vacances en Suisse et qui lui-même avait chassé son cousin du pouvoir en février 1972.

Il a failli y avoir un autre coup d’Etat en juillet 2009, mais il a échoué. «Les Qataris s’achètent en permanence des assurances-vie ou ce qu’ils croient être des assurances-vie, explique un banquier français installé depuis des années à Doha, la capitale de l’émirat. Ils ne font pas dans la finesse et dans la subtilité, mais ils sont très forts. Ils pensent non sans raison que tout s’achète.»

La survie étant sa préoccupation permanente, le Qatar cherche sans cesse des alliés, des obligés et toute forme de reconnaissance: diplomatique, économique, financière, et sportive… Il est le conseiller, le financier, le partenaire, l’intermédiaire de tout le monde ou presque: des Etats-Unis et d’Israël, de l’Arabie saoudite et de l’Iran, de l’Autorité palestinienne, du Hamas, de la Grande-Bretagne, de la France, de la Syrie, du Liban…

Le Qatar a eu l’habileté de se doter d’une arme de politique internationale exceptionnelle, la chaîne de télévision d’information continue la plus influente du monde musulman, al-Jazeera. Elle couvre tous les pays, sauf un… le Qatar. Et sa bienveillance plus ou moins grande avec les régimes dépend aussi parfois des intérêts de l’émir comme le montrent certaines dépêches secrètes, révélées par Wikileaks, de la diplomatie américaine.

L’addition des biens acquis ne gêne personne

Dans la stratégie d’influence du Qatar, la France occupe une place à part. D’abord parce que les Qataris la connaissent très bien: ses institutions, son personnel politique, ses entreprises, ses forces et ses faiblesses. Ils viennent pour bon nombre d’entre eux en France tous les étés quand ils fuient les grandes chaleurs. Le Qatar aime tellement la France, qu’il a décidé de se la payer… au sens propre.

De se payer sa classe politique, ses grandes entreprises, sa fiscalité, ses grandes écoles, son patrimoine immobilier, ses footballeurs… Et cela ne semble gêner personne. La simple addition des liens établis en France par le Qatar et des intérêts acquis a pourtant de quoi inquiéter.

Car le Qatar n’est pas vraiment un pays fréquentable. C’est une monarchie absolue construite sur une rente. Il n’y a pas de partis politiques et encore moins de démocratie. Le régime de l’émir est fragile même si les révolutions arabes semblent ne pas l’avoir affecté. Il est très difficile d’obtenir des informations sur la tentative de coup d’Etat de juillet 2009. Des militaires de haut rang alliés à une puissance étrangère auraient été arrêtés avant de passer à l’acte.

Doha fait preuve d’une attitude pour le moins ambiguë à l’égard de l’islamisme chiite iranien et plus encore sunnite. C’est le seul pays wahhabite en-dehors de l’Arabie saoudite. C’est un pays où plus des trois quarts des résidents ne sont pas des nationaux et où les minorités iranienne, chiite, pakistanaise, immigrés de pays arabes, pourraient un jour se révolter, prendre le pouvoir, agir pour une puissance étrangère.

Alors Doha tente de jouer un jeu diplomatique subtil consistant à être dans tous les camps en même temps. En février 2010, le Qatar aurait signé un pacte de défense avec la Syrie et l’Iran tout en ayant sur son sol une base militaire américaine depuis la première guerre du Golfe.

Le Qatar a été l’organisateur avec le président syrien Bachar el-Assad, de la visite triomphale de Mahmoud Ahmadinejad, le président iranien, au Liban en juillet 2010. L’émir du Qatar s’est rendu en Israël lors d’une visite secrète en mars 2010. Et selon toujours des sources Wikileaks, le Qatar fait preuve d’un considérable laxisme concernant le financement du terrorisme à partir de son sol.

Tout cela n’empêche pas nos hommes et nos femmes politiques de se succéder en rangs serrés au Qatar. On peut citer pêle-mêle parmi les habitués des séjours à Doha: Dominique de Villepin, Bertrand Delanoë, Philippe Douste-Blazy, Rachida Dati, Ségolène Royal, Fadela Amara, Claude Guéant, Jean-Louis Debré, Gérard Larcher, Hubert Védrine, Frédéric Mitterrand, Hervé Morin, Jean-Pierre Chevènement, Dominique Baudis, Jack Lang…

Un pays pas fréquentable, mais très fréquenté par les politiques français

Trois semaines après son élection en 2007, le premier chef d’Etat arabe reçu à l’Elysée par Nicolas Sarkozy était l’émir Hamad bin Khalifa al-Thani. Un mois et demi plus tard, le 14 juillet 2007, il assistait au défilé sur les Champs-Elysées au côté du président de la République. Les liens étroits tissés par Nicolas Sarkozy avec l’émir quand il était ministre de l’Intérieur et faisait former les forces de l’ordre qataries ont été fructueux.

Cela s’est traduit, pour la partie visible, par le rôle déterminant du Qatar dans la libération en juillet 2007 des infirmières bulgares détenues en Libye par Kadhafi et plus récemment par la participation symbolique du Qatar à l’intervention militaire occidentale contre le même Kadhafi, seul pays arabe à le faire.

Illustration toutefois du double jeu permanent du Qatar, l’émirat a aussi joué un rôle dans l’affaire al-Megrahi, la libération en août 2009, soi-disant pour raisons médicales, de l’un des auteurs libyens de l’attentat de Lockerbie.

Parmi les actuels et anciens membres du gouvernement, Claude Guéant en tant qu’envoyé spécial de Nicolas Sarkozy, Rachida Dati dont la sœur travaille pour le procureur général du Qatar et Fadela Amara ont multiplié les voyages dans l’émirat. A une époque, quand elle était Garde des sceaux, Rachida Dati se rendait jusqu’à deux ou trois fois par mois au Qatar.

Le Qatar soigne Sarkozy, mais pas seulement: des proches de Chirac (qui en tant que président de la République s’était rendu 9 fois en visite officielle à Doha) et des socialistes bénéficient aussi de son attention et de ses faveurs.

Le Qatar est le principal client du cabinet d’avocat de Dominique de Villepin. Le contrat stipulerait que les déplacements de l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac à Doha se font dans les avions de l’émir. Ségolène Royal s’est elle vu offrir un dîner en son honneur à l’ambassade du Qatar le 27 mars 2008.

La bataille d’Areva et les réseaux Sarkozy

Autre démonstration du poids de l’émirat dans la vie politique française, il a obtenu le vote à l’Assemblée et au Sénat au début de l’année 2008 d’un statut fiscal exorbitant pour ses investissements en France. Les investissements immobiliers ne sont pas imposables sur les plus-values et les résidents qataris en France ne payent pas l’ISF pendant leurs cinq premières années de présence. Le groupe d’amitié entre la France et le Qatar compte 49 députés à l’Assemblée nationale…

Le Qatar a passé des accords de défense avec la France qui assure la formation des marins de sa flotte de guerre et de ses policiers et lui a fourni une grande partie de son matériel militaire, notamment des mirages 2000. Le Qatar a obtenu ou veut obtenir l’ouverture d’antennes à Doha de quelques-unes de nos plus prestigieuses grandes écoles comme HEC, Saint-Cyr ou l’Ecole nationale de la magistrature.

Les grandes entreprises françaises sont évidemment très présentes à Doha, notamment dans la défense et l’énergie: Total, GDF-Suez, EDF, Veolia, Vinci, Air Liquide, EADS, Technip… ont raflé des contrats importants. Mais le Qatar est aussi et avant tout un investisseur. Le fonds souverain du Qatar est actionnaire ou cherche à le devenir, de groupes stratégiques comme Lagardère (défense et presse), Veolia environnement (services collectifs), Suez (énergie, services collectifs), Vinci (BTP), et du coté des tentatives répétées CMA CGM (shipping) et surtout Areva (nucléaire).

La partie qui s’est jouée il y a quelques mois autour du capital d’Areva illustre bien le poids et l’ambition des Qataris en France et la façon dont ils procèdent et dont leurs réseaux fonctionnent. En l’occurrence, ils ont joué sur les liens étroits et anciens entre Claude Guéant, alors secrétaire général de l’Elysée, François Roussely, président du Crédit Suisse France et Henri Proglio, PDG d’EDF et proche de Nicolas Sarkozy.

Ces trois hommes se connaissent très bien. François Roussely a précédé Claude Guéant à la direction de la police nationale et Henri Proglio à la présidence d’EDF. François Roussely a été chargé par le gouvernement de rédiger un rapport sur l’avenir du nucléaire et, ce qui ne semble gêner personne, conseille le Fonds souverain du Qatar qui est client et actionnaire du Crédit Suisse et souhaite ardemment entrer dans le capital d’Areva.

Paris, la tête de pont qatarie

Il a fallu une intervention conjointe du Premier ministre François Fillon, de la ministre de l’Economie Christine Lagarde et d’Anne Lauvergeon, la présidente d’Areva, pour empêcher in extremis l’entrée à la fin de l’année 2010 du Qatar dans le capital du fleuron français du nucléaire.

«Avec les Qataris, c’est toujours du donnant-donnant, explique sous le couvert de l’anonymat un Français qui a longtemps vécu au Qatar, connaît bien la famille régnante et a vu défiler à Doha une bonne partie de la nomenklatura française. Parfois, il y a un grain de sable in extremis comme dans l’affaire Areva, mais c’est l’exception, ils préparent bien leurs coups.»

L’immobilier donne également une bonne mesure de l’influence qatarie. L’émir possède un palais de 4.000 m2 à Marnes-la-Coquette (Hauts-de-Seine) et l’hôtel d’Evreux, place Vendôme ainsi que deux autres hôtels particuliers attenant. Le fonds souverain détient à Paris des hôtels de luxe (Majestic et Royal Monceau).

Mais ce sont les travaux du frère de l’émir lors de la restauration de l’hôtel Lambert, joyau du XVIIe siècle situé sur l’île Saint-Louis, racheté en 2007 aux héritiers du baron Guy de Rotschild, qui ont fait un peu de bruit. Des travaux considérables et illégaux qui ont provoqué une polémique. Pour y mettre fin, Christine Albanel, alors ministre de la Culture, n’avait pas saisi la Commission nationale des monuments historiques, mais un Comité scientifique… créé spécialement.

Et pour finir donc le sport et le football qui pour le Qatar semblent être le moyen idéal pour obtenir enfin la reconnaissance et le statut qu’il cherche frénétiquement. Le recrutement de Zinedine Zidane pour plusieurs millions d’euros afin de vanter les mérites de la candidature à la Coupe du monde de football de 2022 du plus petit pays au monde l’ayant jamais organisé — qui ne s’est jamais qualifié pour cette compétition et de surcroit à un climat inadapté à la pratique de ce sport en été… — a été couronné de succès.

La controverse qui a suivi et les lourds soupçons de corruption de la Fifa n’y ont rien changé. Après le Royaume-Uni, l’Allemagne à son tour vient pourtant de contester le choix du Qatar et demande que la candidature soit rééxaminée. Peu probable.

L’intérêt du Qatar pour le football ne s’arrête pas à l’organisation de la Coupe du monde et à l’achat pour ses clubs de joueurs européens en fin de carrière payés à prix d’or. Les clubs de football européens deviennent aussi des proies, celui de Malaga en Espagne, le FC Barcelone dans une moindre mesure, et donc maintenant le Paris Saint-Germain, le seul grand club de la capitale française dont Nicolas Sarkozy est un supporter affirmé. Il se dit de façon insistante que l’Elysée n’aurait d’ailleurs pas ménagé ses efforts pour convaincre l’émir de donner au PSG les moyens de nouvelles ambitions. Mais quelle en sera la contrepartie?

28 Responses to Printemps arabe: Contre un chèque à six chiffres, aucune star ne résiste à Doha (How long can Qatar play with fire without getting burned?)

  1. […] A l’heure où, grâce aux pétrodollars de jihadTV, le PSG est en train de vivre son printemps arabe … […]

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  2. […] que tout en finançant nos clubs de foot et peut-être bientôt nos banlieues, nos grands amis qataris s’achètent leur tranquillité à la saoudienne en mettant le feu avec leur chaine […]

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  3. […] qu’au Pays autoproclamé des Droits de l’homme, les patrons de Jihad-TV et financiers tous azimuth du jihadisme de la Libye au Nord-Mali se voient remercier par une place au sein de l’Organisation […]

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  4. […] qu’entre Gaza et le PSG et de Kaboul à Tombouctou, nos amis qataris et saoudiens continuent de financer la crème du […]

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  7. […] pour le "printemps arabe" laissant enfin voir en plein jour, entre Téhéran, Ryiad et Doha et avec le soutien objectif de Moscou et Pékin, les vrais instigateurs et financiers du terrorisme […]

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  17. […] Printemps arabe: Contre un chèque à six chiffres, aucune … – Apr 08, 2011 · 18 commentaires pour Printemps arabe: Contre un chèque à six chiffres, aucune star ne résiste à Doha (How long can Qatar play with fire without getting …… […]

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  18. […] savoir, des financiers avérés même du PSG et du terrorisme qui continuent à avoir leurs entrées tant à Washington qu’à Londres ou […]

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  19. jcdurbant dit :

    Dominique De Villepin, Frédéric Mitterrand, Bertrand Delanoë, Jack Lang, Michel Rocard, Hubert Vedrine, Gérard Larcher, Régis Debray, Tahar Ben Jelloun, Edmonde Charles-Roux, Emmanuel Todd, Renaud Donnedieu de Vabres, Jean Daniel, Paul Mongi, Roger Taillibert, Monique Papon, sénatrice et adjointe au maire de Nantes Jean-Marc Ayrault, et même le dessinateur Plantu (ah, l’esprit Charlie !) ont reçu chacun la petite enveloppe de 10.000 euros. La liste n’est pas exhaustive…

    http://www.medias-presse.info/le-qatar-achete-des-amis-francais-a-coups-denveloppes-de-10-000-euros/32683

    Pour faire court, rappelons que le Qatar n’a pas de comptabilité publique, la caisse de l’Etat est celle de la famille régnante. Il n’est pas doté d’une constitution puisque Dominique de Villepin, chargé de la besogne avec, espérons-le une avance sur salaire, n’a toujours pas eu le temps de la rédiger. Les lois sont de circonstance, et les jugements aléatoires, prononcés par des magistrats qui sont des mercenaires étrangers obéissant au palais. La presse n’existe pas et la liberté donc pas d’avantage. Pour tout dire : Hollande met les pieds dans un monde assez peu « Charlie ». Pour mémoire, citons les centaines de milliers d’ouvriers étrangers, et exploités dans conditions dignes de l’esclavage, pour l’édification du paradis qatari.

    http://mondafrique.com/lire/politique/2015/06/04/fifagate-le-silence-des-nombreux-amis-du-qatar-a-paris

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  20. jcdurbant dit :

    François Hollande décore le PDG de Qatar Airways en catimini

    Le Point

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  21. jcdurbant dit :

    SPOT THE ERROR (Award for inspiration: Is women’s sport the next target for the islamization of the West ?)

    ‘Football is my second religion.’

    Annie Zaidi (first female Muslim football coach in the UK)

    http://www.leicestermercury.co.uk/Annie-Zaidi/story-26890935-detail/story.html#ixzz3qn63qgIm

    “I coach at QPR every week. I coach the under-21s – and tell the boys how it is really done. I’m hoping to get my Uefa B licence done at the end of this year. My ultimate job in football? Well that would be to coach the Arsenal men’s team maybe.”

    Annie Zaidi

    Midlands football coach Annie Zaidi is the first South Asian and Muslim woman in her region to acquire a Level 2 coaching certification badge from the Football Association.

    When she was the only female manager of a Sunday League team in her area, Zaidi endured overwhelming levels of discrimination from opposition team managers and parents. However, despite the abuse and lack of inclusion, she did not abandon her dreams, maintaining her passion to coach football.

    She is currently head coach of the under-11s at Leicester City Girls’ Centre of Excellence. And has recently completed a placement at QPR, coaching the under-21s team – a great step towards her goal of one day becoming a coach in the professional men’s game. With the support of QPR director Les Ferdinand and the former Rangers manager Chris Ramsey, she has undertaken her UEFA B license.

    THE HELEN ROLLASON AWARD FOR INSPIRATION
    Winner: Annie Zaidi

    https://corporate.sky.com/media-centre/news-page/2015/winners-announced-for-the-2015-sportswomen-of-the-year-awards

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  22. jcdurbant dit :

    Football: Iran vs Qatar, un match français?
    Un fonds iranien propose de racheter l’OM

    L’Iran et le Qatar n’ont d’ailleurs pas d’autre choix pour l’heure que d’investir dans le football de clubs. En matière de sélections nationales, le premier n’a participé qu’à deux phases finales de Coupe du monde (1978, 1998) tandis que le second y participera… en 2022, parce que la FIFA lui en a confié l’organisation, dans les conditions que l’on sait.

    Ainsi va le football français d’aujourd’hui. Les clubs deviennent les instruments de promotion de nations étrangères et ils jouent dans des stades aux noms de firmes. Le Vélodrome aurait d’ailleurs été rebaptisé « Orange Vélodrome », du nom d’un célèbre opérateur téléphonique, le stade de Nice a été nommé « Allianz riviera » tandis que celui de Bordeaux a pris le nom poétique de « Matmut Atlantique ».

    À défaut de présenter un niveau de jeu comparable à celui de ses voisins, le championnat de France de football ne manque décidément pas d’assurances.

    http://www.causeur.fr/football-om-psg-qatar-38621.html

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  23. jcdurbant dit :

    The biggest diplomatic crisis in the Persian Gulf region since the 1991 US-led war against Iraq pits several nations against Qatar, which is home to some 10,000 American troops and a major US military base. It was revealed on Monday that one of the tipping points for Qatari-Gulf Arab relations could have been a ransom Qatar officials paid earlier this year. Qatar paid the ransom to al-Qaeda affiliate fighting in Syria and Iranian security officials, a person involved in ransom negotiations said in April. The incident was sparked when the group was kidnapped December 16, 2015 from a desert camp for falcon hunters in southern Iraq. They had legally entered Iraq to hunt inside Muthanna province, some 230 miles (370 kilometers) southeast of the Iraqi capital, Baghdad. Shiite militias are active in that area and work closely with the neighboring Shiite power Iran. A person involved in the ransom negotiations said in April that 11 of the captives were members of Qatar’s Al Thani ruling family. He also said Qatar paid tens of millions of dollars to Shiite groups, and to the al-Qaida-linked Levant Liberation Committee and Ahrar al-Sham, which are involved in the population transfers underway in Syria. Both groups were part of an armed opposition alliance that swept through Syria’s Idlib province, seizing it from government control in 2015. Qatar says it does not support extremist groups in Syria or elsewhere, despite aggressive efforts to back Sunni rebel groups fighting to oust the Syrian government, which is backed by Iran and Russia.

    http://www.dailymail.co.uk/news/article-4576212/Ransom-countries-decisions-cut-ties-Qatar.html#ixzz4jXKkhD7y

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  24. jcdurbant dit :

    QUELS FOURRIERS DU TERRORISME ISLAMIQUE ? (Devinez qui après le PSG financent nos amis qataris ?)

    Selon une note du service de renseignement Tracfin que Libération a pu consulter, le théologien musulman a perçu, en qualité de consultant, de très généreux émoluments en provenance du Qatar, 35 000 euros mensuels. Des sommes versées par la Qatar Foundation, l’une des filières permettant à l’émirat de financer à travers le monde des projets, liés le plus souvent à la mouvance des Frères musulmans. Très influente et bénéficiant de fonds importants, la Qatar Foundation est présidée par la cheikha Mozah, la mère de l’actuel émir, qui aurait selon d’anciens proches de Ramadan facilité l’installation de l’intellectuel à Doha. L’intellectuel a aussi bénéficié de l’appui du Youssef al-Qaradawi, le théologien de référence de la mouvance des Frères musulmans, un proche de la famille Ramadan depuis de très nombreuses années. D’après la note de Tracfin, Tariq Ramadan a rapatrié le 1er juin 2017 en France l’équivalent de 590 000 euros, en provenance de son compte qatari alimenté par les versements mensuels de la Qatar Foundation. Les transferts de fonds auraient servi à l’achat, le 28 juillet 2017, d’un duplex situé rue Gabrielle sur la butte Montmarte à Paris. D’autres fonds auraient également été versés à deux associations, Juste Cause et Horizons, permettant en partie à Ramadan de financer ses frais de justice. Depuis 2012, l’intellectuel suisse dirigeait à Doha un centre de recherches, le Cile, consacré à l’étude de l’éthique islamique. Mais depuis sa sortie de détention provisoire en novembre dernier, le Qatar a pris nettement ses distances. S’il clame son innocence, le théologien est devenu infréquentable depuis qu’il a avoué une double vie, très peu conforme à la morale islamique. Ramadan a d’ailleurs été remplacé à la tête du Cile. Selon d’anciens proches, son contrat avec le Qatar arriverait à échéance dans les prochains mois.

    Dans un livre paru le 4 avril, Qatar Papers, comment l’émirat finance l’islam de France et d’Europe, les journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot font mention des émoluments versés à Ramadan, selon un article publié jeudi par le quotidien suisse la Tribune de Genève. L’ouvrage révélerait aussi les financements accordés par le Qatar à des institutions et des projets de mosquées liés au réseau des Frères musulmans en Europe. Parmi les bénéficiaires figurerait l’Institut européen de sciences humaines (IESH), faculté privée proche de Musulmans de France (la branche française des Frères musulmans) qui est située à Saint-Denis et à Château-Chinon et qui dispense des enseignements en théologie musulmane et en langue arabe…

    https://www.liberation.fr/france/2019/04/05/le-qatar-verserait-35-000-euros-chaque-mois-a-tariq-ramadan_1719428

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  25. jcdurbant dit :

    WHAT QATARIFICATION OF GLOBAL SPORTS ? (Empty seats in the midnight heat: If you build it, they will not come)

    “Even if not everyone is saying it, we can all see that this is a catastrophe. There’s no one in the stands. The heat isn’t suitable at all…It’s sad.”

    French decathlete Kevin Mayer

    The athletes can’t get over it. When they arrive outside Khalifa International Stadium here for each day of the track and field world championships, the temperature is somewhere north of 100 degrees, with a pizza-oven breeze blowing in their faces. But as soon as they get within 100 feet of the gates, something bizarre happens: the temperature suddenly plummets by 30 degrees. Not only does the stadium’s state-of-the-art cooling system keep the inside of this outdoor venue bearable, it also creates a humane micro-climate outside.

    At this point, one fact cannot be stressed enough: Doha is a city in the middle of a desert. Visiting athletes have never seen anything like it.

    “I feel like me and the girls have been talking about it all day, how grateful we are for the air conditioning,” U.S. heptathlete Chari Hawkins said. “Honestly, what would we be doing right now if we were outside? We’d just be like, ‘I’m going home.’”

    Qatar’s dominion over the weather has been just one contributing factor to the profound weirdness that reigns over these championships. Serious questions linger about the country’s treatment of migrant workers employed to build its lavish sporting venues. Athletes have complained about small crowds and the subdued atmosphere. And events outside the stadium, like the women’s marathon and race walking, have turned into brutal wars of attrition in the midnight heat.

    The whole thing is taking place across the street from a supermall that has indoor Venetian-style canals, American chain restaurants, and a regulation ice hockey rink that is home to a team called the Qatar Raiders.

    While it might feel like a strange dream, it’s also a glimpse into the future of major international sports. Qatar is treating the track and field worlds as a dress rehearsal for the most popular sporting event on the planet just three years from now, the 2022 soccer World Cup.

    The difference is that the World Cup is spread out over eight stadiums in five cities around the country, which is smaller than Connecticut. The total expense has been widely reported as $220 billion, roughly four times the final cost of the 2014 Winter Games in Sochi, the most expensive Olympics in history. On top of the venues, Qatar must also prepare to host all 32 teams within its borders and welcome potentially hundreds of thousands of fans.

    Organizers insist that they are on track. Construction sites are everywhere. And at a time when many countries in the West are rethinking their willingness to host expensive, burdensome international sporting events, oil-rich countries in the Gulf have shown no sign of a shrinking appetite. Before the year is out, Qatar will also host the FIFA Club World Cup, while its neighbor Saudi Arabia puts on a heavyweight boxing world title fight.

    And in the International Association of Athletics Federation, track and field’s world governing body, they have found a willing partner.

    “If we’re a global sport, we have to be seen as global,” IAAF president Sebastian Coe said here. “[The championships] can’t keep going back to the same eight or nine places that we’ve always sort of focused on in the past.”

    The Qatar-ification of international sports started long before Qatar even knew it wanted to get in the game. Its neighbor across the water, the United Arab Emirates, got a head start by hosting golf and tennis tournaments since the 1980s and 1990s. Those efforts ramped up in the mid-2000s as Bahrain acquired a Formula One Grand Prix in 2004 and Abu Dhabi followed suit in 2009.

    Qatar, meanwhile, hosted the calamitous Asian Games in 2006 and immediately turned around to bid for the 2022 World Cup, which it won the right to host in 2010. (The fallout of Qatar’s victory would include the scandal that brought FIFA, soccer’s world governing body, to its knees in 2015.)

    The track and field worlds, however, are the highest profile event this country has hosted so far. Athletes have not been shy about their concerns.

    “Even if not everyone is saying it, we can all see that this is a catastrophe,” French decathlete Kevin Mayer said here. “There’s no one in the stands. The heat isn’t suitable at all…It’s sad.”

    Attendance was below 70% of capacity for the first three days at Khalifa International Stadium, where the number of seats had already been reduced to 21,000 for the event. Organizers declined to provide figures for subsequent nights, but by the time event finals rolled around on Friday evening, there were vast swaths of empty seats around the lower bowl.

    The IAAF said some of this is down to premier events starting late at night to suit global broadcast schedules and greater regional interest for middle- and long-distance events.

    “We want a full stadium and that has to be the challenge, but we need to focus also on the absolute quality of what we are seeing here,” Coe said.

    While it’s true that performances in the stadium haven’t been affected, the events held outside it, such as the marathon and race walking, have been severely warped. The women’s marathon, which started at midnight in sweltering heat, saw 28 runners fail to finish in a field of 62. And the men’s 50-kilometer race walk was won in just over 4 hours, more than 30 minutes off world-record pace as runners poured ice over their heads—one podium finisher called the race “hell.”

    Even when they aren’t drenching themselves in ice water, the athletes have faced other heat-related challenges, like coping with the wild temperature swings caused by the air conditioning. Finnish triple-jumper Kristiina Mäkelä explained that she has taken special precautions to avoid getting sick, like sleeping with the A/C off and always carrying extra clothes—for when she’s inside.

    “It’s very different from Finland,” she said. “Probably the opposite.”

    Tom Walsh of New Zealand, the defending world champion in the shot put, said he traveled to Qatar earlier this season to make sure he was familiar with the unique conditions. He came away with two big lessons. The first was to warm up indoors. And the second was to wear pants over his shorts. “There’s a little breeze out there with the A/C,” he said.

    For the most part, the athletes competing here haven’t let the strangeness break their focus. Ashraf Amgad El Seify, a hammer thrower who is one of 19 Qatari athletes competing at home, said he’d received only compliments. One thing in particular had struck his rivals here. It was the spot just across the street from the stadium.

    “They really like the mall,” El Seify said.

    The Qatar-ification of Global Sports Is Just Beginning
    From air-conditioned outdoor stadiums to thin crowds, the prevailing mood at Doha’s World Athletics Championships is strangeness
    Joshua Robinson
    WSJ
    Oct. 4, 2019

    https://www.wsj.com/articles/the-qatar-ification-of-global-sports-is-just-beginning-11570186801

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