Juifs utiles: Ne pas désespérer Gaza (From Shutzjude to JCall: Looking back at the long tradition of useful Jews)

Protected Jew certificate (Prussia, 1833)Qu’on nous trompe, qu’on nous leurre nous donnant le mal pour bien. Celui qui n’en savait rien et qui pour mal le bien tient, n’est-ce pas pour le bien qu’il meurt ? Louis Aragon
Moses Mendelssohn  (1729-1786), est en quelque sorte l’inventeur du terme «  juif allemand  ». Le père de Moses était instituteur dans une école primaire rabbinique à Dessau et apprit à son fils tout ce qu’il savait. À 14 ans, Moses quitta Dessau pour suivre le Rabbin Fränkel, nommé Oberrabin à Berlin. Ce que Moses voulait, c’était apprendre. Il était petit, bossu et rachitique. Il était pauvre, ce qui n’était pas accepté des Juifs à Berlin, il était exigé d’eux d’être riches et Frédéric II se servait d’eux pour remplir ses caisses. Il n’était pas simple d’appartenir à une communauté qui protégeait mais exigeait aussi qu’on ne parle qu’hébreu et yiddish. Moses apprit l’allemand en secret, et engloutit tout ce qui passait à portée de sa main : langues mortes et vivantes, philosophie…  À 21 ans il entra comme précepteur chez le fabriquant de soie Bernhard qui le prit sous sa protection. Moses devint ainsi un Schutzjude. Son but dans la vie devint d’aider ses coreligionnaires à sortir de leur misère physique et morale et à s’inscrire dans la civilisation allemande en tant qu’Allemands. Il fut le premier à revendiquer la double identité, juive et allemande. Il traduisit de l’hébreu vers l’allemand les cinq livres de Moïse, les Psaumes et le Cantique des Cantiques. Il voulait rendre l’allemand accessible aux Juifs, que les Allemands aient accès aux textes hébreux dans une version qui leur soit proche. La culture allemande, pensait-il, était la terre promise des Juifs. Il fut connu et célébré dans l’Europe entière. Lui était certain d’être juif, se disait, se revendiquait juif, sans nul besoin de se convertir pour être allemand. Françoise Tillard
C’était au début du XXe siècle : la « globalisation » commençait de la pire manière ­ par une guerre « mondiale » . Questions sociales, éthiques et esthétiques domineraient la génération suivante. Accompagnées, chez beaucoup, d’un rejet protéiforme de cet Occident dont l’ouverture au monde ­ et les velléités d’emprise sur ce monde ­ avaient abouti à l’« immonde » . Ce rejet amènera beaucoup d’intellectuels à celui de la démocratie. Il en poussera d’autres vers la quête du moi, d’un « ailleurs » ou d’un « autrement » . En France, un jeune normalien, Paul Nizan, quittera Paris pour aller jusqu’à Aden (Arabie) avant de s’y convaincre que, décidément, partout régnait la même lutte des classes. Né cinq ans avant, en 1900, Leopold Weiss, étudiant juif de Berlin, ira aussi en Arabie, et plus loin encore, pour découvrir que son « ailleurs » personnel existait bel et bien. Il était dans l’islam. (…) le parcours sidérant de l’homme qui allait influencer certains théoriciens du fondamentalisme islamique, bien avant qu’il n’émerge comme courant politique (…) Weiss naît à Lemberg, en Galicie, alors austro-hongroise (Lviv, de nos jours, en Ukraine). Grand-père très pieux. Le père partira pour Vienne. Famille juive intellectuelle typique : de « docteurs » et d’émigrés. Un de ses oncles fondera l’ophtalmologie israélienne. Un autre créera, à New York, en 1932, The Psychoanalytic Quarterly. Leopold, lui, part à « la recherche de l’ailleurs » . Il fera trois longs voyages, dans les années 1920, dont deux pour le Frankfurter Zeitung : Egypte, Palestine, Arabie, Syrie, Perse, Afghanistan. Peu à peu s’installe le sentiment d’« étrangeté » à ses origines, tant juives allemandes qu’européennes. De rejet concommitant, aussi, de tout ce qui, pour lui, pervertit l’Occident ­ le matérialisme, la course à la consommation, le nationalisme ­ et son corollaire : une quête insondable de la « pureté originelle » . De rencontres en dévoilements, mais sans déchirements, l’homme change non de peau, mais de chair, de contenu intérieur. (…) La conversion survient à 26 ans. A la clef, l’idée que l’islam exclut le péché, « la pureté est accordée à l’homme avec la naissance » . Désormais, il s’appellera Muhammad Asad. Muhammad pour Mahomet. Asad (lion) pour Leo. L’islam ne le quittera plus, même si, initialement très rigoriste ­ il sera fasciné par le wahhabisme puis les idées salafistes, et convaincu de « l’incompatibilité spirituelle » entre l’islam et l’Occident ­, il mettra, plus tard, un peu de fleur d’oranger dans son eau. Considéré comme juif autrichien et interné en Inde par les Britanniques comme « ennemi étranger » durant la seconde guerre mondiale ­ alors qu’il commence d’être un théoricien reconnu de l’islam ! ­ il cherchera désespérément à sauver ceux de sa famille restés à Vienne. Sans succès : son père, sa belle-mère, sa soeur, sa tante disparaîtront dans la Shoah. Avec l’émergence du Pakistan, il connaîtra, politiquement, sa plus grande heure. Intellectuel polyglotte, il en devient, en 1952, le ministre plénipotentiaire à l’ONU. (…) Ecarté par le pouvoir, il quittera Lahore, traduira ensuite le Coran (sa traduction sera « censurée » par les Saoudiens). Il écrira encore des livres de théologie, prônant finalement une « réforme » de l’islam et se retournant contre les fondamentalistes. Après avoir vécu en Suisse puis à Tanger, Muhammad Asad, alias Leopold Weiss meurt en 1992, à Mijas, en Andalousie, là où, dit-on, juifs et musulmans connurent un « âge d’or » . Depuis longtemps, il vivait abandonné de ceux dont il avait cherché l’estime, « car l’esprit ne peut pas être le serviteur du pouvoir, et le pouvoir n’aime pas les serviteurs de l’esprit » , écrivait-il dans Le Chemin de La Mecque. Sylvain Cypel
Schutzjude (« juif protégé ») était un statut accordé aux juifs allemands par les cours impériales, princières ou royales. Au sein du Saint Empire romain germanique, à l’exception de certains territoires orientaux gagnés par l’Empire aux XIe et XIIe siècles (par exemple le Brandebourg), les Juifs avaient généralement le statut de Servi camerae regis. Ce statut incluait la protection impériale et la perception d’impôts spéciaux sur les Juifs pour le trésor de l’Empire (latin : camera regis). Mais les empereurs, toujours à court d’argent, renoncèrent – par la vente ou la mise en gage – à leur privilège de prélever des taxes supplémentaires sur les Juifs, non pas en une seule fois, mais territoire par territoire, au profit de différents créanciers et acheteurs. Les Juifs perdent ainsi la protection impériale, pas toujours fiable. De nombreux territoires ayant acquis la suprématie sur les Juifs vivant à l’intérieur de leurs frontières les ont ensuite expulsés. Après les expulsions générales des Juifs d’un territoire donné, il arrivait souvent que seuls des Juifs isolés – s’il y en avait – se voient accorder le privilège personnel de résider sur le territoire. Ce privilège personnel, attesté par un Schutzbrief (décret de protection), un Geleitsbrief (décret d’escorte) ou (dans le Brandebourg) un Patent, était parfois héritable par un seul fils (dans de rares cas, par tous les fils), et parfois non héritable. Les Juifs bénéficiant d’un tel privilège étaient appelés Schutzjuden, vergeleitete Juden ou Patentjuden, par opposition aux Juifs qui n’avaient pas le droit de résidence, connus sous le nom de unvergeleitete Juden. Ces derniers n’étaient pas autorisés à se marier et pouvaient passer leur vie sans se marier en tant que membre du ménage d’un parent privilégié ou d’un employeur. Par exemple, en octobre 1763, le roi Frédéric II de Brandebourg-Prusse a accordé à Moses Mendelssohn, jusqu’alors protégé par le fait qu’il était employé par un Patentjude, un privilège personnel et non héréditaire, qui lui garantissait le droit de résider à Berlin sans être dérangé. Sa femme et ses enfants, qui n’avaient pas d’autorisation de résidence indépendante, ont perdu leur statut de membre de la famille d’un Patentjude à la mort de Mendelssohn en 1786. Plus tard, ils se virent accorder des brevets héréditaires pour plusieurs fils. En 1810, les réformes prussiennes de Stein ont introduit une citoyenneté prussienne librement héritable pour tous les sujets du roi, supprimant les différents statuts juridiques antérieurs des États, tels que la noblesse, les bourgeois des villes à charte, les paysans non libres, les fonctionnaires de la cour, les juifs patentés et les huguenots. Wikipedia
Dans sa dernière signification, l’émancipation juive consiste à émanciper l’humanité du judaïsme. Marx
Les médecins français estiment qu’un très grand service a été rendu à la cause de la paix par la mise hors d’état de nuire de ce groupe de criminels, d’autant plus odieux qu’ils ont abusés de la confiance naturelle de leurs malades pour attenter à leur vie. Raymond Leibovici (chirurgien, ancien membre du mouvement de résistance communiste Front national)
Pour moi, l’image correspondait à la réalité de la situation non seulement à Gaza, mais aussi en Cisjordanie. L’armée israélienne ripostait au soulèvement palestinien par l’utilisation massive de tirs à balles réelles. (…) Du 29 septembre à la fin octobre 2000, 118 Palestiniens sont morts, parmi eux 33 avaient moins de 18 ans. Onze Israéliens ont été tués, tous adultes. Charles Enderlin
A Gaza et dans les territoires occupés, ils ont [les meurtres de violées] représenté deux tiers des homicides » (…) Les femmes palestiniennes violées par les soldats israéliens sont systématiquement tuées par leur propre famille. Ici, le viol devient un crime de guerre, car les soldats israéliens agissent en parfaite connaissance de cause. Sara Daniel (Le Nouvel Observateur, le 8 novembre 2001)
On a peine à imaginer qu’une nation de fugitifs issus du peuple le plus longtemps persécuté dans l’histoire de l’humanité, ayant subi les pires humiliations et le pire mépris, soit capable de se transformer en deux générations en peuple dominateur et sûr de lui, et à l’exception d’une admirable minorité en peuple méprisant ayant satisfaction à humilier.Les juifs d’Israël, descendants des victimes d’un apartheid nommé ghetto, ghettoîsent les palestiniens. Les juifs qui furent humiliés, méprisés, persécutés, humilient, méprisent, persécutent les palestiniens. Les juifs qui furent victimes d’un ordre impitoyable imposent leur ordre impitoyable aux palestiniens. Les juifs victimes de l’inhumanité montrent une terrible inhumanité . Les juifs, boucs émissaires de tous les maux, ‹ bouc-émissarisent › Arafat et l’Autorité palestinienne, rendus responsables d’attentats qu’on les empêche d’empêcher. Edgar Morin
Vous n’êtes pas professeur ! Vous êtes sioniste ! Vous êtes raciste ! Assassin d’enfants! ! Gaza ! Check points ! Le mur ! Apartheid ! Goldstone ! Assassins ! Assassins ! Slogans entendus récemment à Normale Sup
Des « pieux » mensonges de Sartre pour ne pas désespérer Billancourt, couvrant ainsi les crimes communistes dont il devenait complice de fait… aux mensonges et falsifications de la meute anti-israélienne, couvrant ainsi les crimes terroristes arabo-islamistes dont ils se rendent complices, existe-il une différence de nature? (…) En 1939, lorsque Staline, devenu l’allié d’Hitler, va lui fournir tout le carburant, les matières premières et la sécurité sur son flanc oriental pour l’aider à liquider la Pologne et à se ruer ensuite sur la Hollande, la Belgique et la France, on peut affirmer que l’URSS était devenue notre ennemie. Or, Maurice Thorez, secrétaire Général du Parti Communiste Français, déserte l’armée française et s’enfuit à Moscou pour se mettre au service de l’URSS, alliée de l’Allemagne nazie. A-t-il trahi la France et les Français? Pas plus ni moins qu’un des nombreux Georges Boudarel du sérail communiste. Dans la vision d’un communiste, le seul crime inexpiable serait de trahir le Parti. Le F. (français) du P.C.F ne fut donc qu’une imposture. Alors il en va de même pour cette minable petite cohorte gauchiste, se proclamant juifs juste le temps d’une nuisance antijuive. De quoi auraient l’air une Sallenave ou un Pascal Boniface ou encore une Leïla Shahid sans l’appoint d’un quelconque supplétif juif? David Dawidowicz

Dhimmis, juifs de cour, juifs protégés, juifs utiles, compagnons de route, alterjuifs …

A l’heure où, après le Hezbollah à la Sorbonne, un universitaire israélien se voit à son tour conspué lors d’un colloque à Normale Sup

Et où notre Debray national enlève publiquement le bas …

Pendant qu’un Pascal Boniface s’inquiète sur une chaine publique de l’absence, dans la liste des otages français dans le monde récemment mentionnés par le président Sarkozy, du membre franco-palestinien d’une organisation terroriste actuellement détenu en Israël pour tentative d’assassinat du chef du parti Shass …

Et qu’un ancien critique des cahiers du cinéma nous sort en plein Cannes un publi-reportage de 3h pour le maitre-terroriste Carlos …

Retour, après le tout récent « Appel à la Raison » Jcall (« European Jewish Call for Reason ») qui a vu quelque 3 000 Juifs d’Europe, y compris des personnalités comme Bernard Henri-Levy, Alain Finkielkraut ou Daniel Cohn-Bendit, pétitionner contre l’actuelle politique étrangère israélienne …

Et avec une tribune de 2005 de David Dawidowicz, sur la longue tradition des juifs utiles.

Cette petite cohorte de pétitionnaires gauchistes, qui sans aller jusqu’à la conversion d’un Leopold Weiss mais à l’instar de ceux du Troisième Reich ou de Staline (comme avant eux des juifs de cour européens ou « protégés » de Frédéric II ou dhimmis de l’Islam), « se proclament juifs juste le temps d’une nuisance antijuive » …

Extraits:

Un militant communiste, quelle que soit son obédience ou sa chapelle, n’est plus un Juif, un Chrétien, un Arabe ou un Français; il est communiste; il a changé de religion et d’identité, il est mentalement prisonnier d’un dogme; Le communisme est désormais sa «Oumma» qui transcende les clivages nationaux. Cela expliquerait pourquoi on passe si aisément du communisme stalinien ou trotskiste au fondamentalisme islamiste; cela expliquerait aussi le nombre de convertis à l’islam djihadiste venus des rangs trotskistes. Ce n’est qu’un changement de totalitarisme, ces convertis ne s’y sentent donc pas dépaysés… Roger Garaudy, ex-membre du comité central du PCF, ou «Carlos», serial killer appointé par le Kremlin, en sont des célèbres illustrations.

Que ces cocos ne viennent surtout pas nous raconter que leur démarche est dictée par la compassion et la quête de justice pour le peuple palestinien. Ou alors, il s’agit d’une compassion bien étriquée et exclusive. Elle ne s’est jamais manifestée en faveur des dizaines de millions de victimes du bolchevisme léniniste, trotskiste, stalinien, maoïste ou polpotiste. Jamais en faveur des centaines de milliers de Tchétchènes victimes de la répression meurtrière de l’ex-URSS, jamais pour les millions de victimes du racisme anti-noir arabe du Soudan, ni pour les infortunés habitants de l’Aceth, soumis au racket et aux effroyables exactions de l’armée indonésienne. Elle ne se manifestera jamais en faveur des centaines de millions de femmes victimes du machisme des abrutis obsédés sexuels dans l’islam, jamais pour les otages assassinés par les narco-marxistes d’Amérique du Sud, jamais en faveur des victimes du totalitarisme castriste, jamais non plus contre la colonisation du Tibet par la Chine communiste. «Les Juifs utiles» ou l’éternel retour.

« Les Juifs utiles » ou l’éternel retour
David Dawidowicz
Libertyvox
02/07/2005

Il est une catégorie d’êtres humains qui hérisse la Rédaction de Libertyvox. Hitler les appelait les “Juifs Utiles”, Staline en faisait grand usage et notre bonne gauche française semble en avoir autant que les djihadistes des kamikazes. A la faveur de l’appel de Libération pour la défense de Morin, David Dawidowicz a décidé de leur régler leur compte. Âmes sensibles s’abstenir!

«Tes fils accourent; tes destructeurs et tes démolisseurs sortiront du milieu de toi»
(Isaïe, le prophète annonçant le rétablissement d’Israël)

Daniel Ben Saïd, Rony Brauman, Suzanne de Brunhoff, Liliane Cardova-Kaczeginsky, Marc Cramer, Joss Dray, Rachel Garbaz, Gisèle Halimi, Samuel Johsua, Francis Kahn, Pierre Khalfa, Hubert Krivine, Isabelle Kzwykowski, Dominique Lévy, Henri Maler, Willy Rozenbaum, Nicolas Shushani, Catherine Samary, Michèle Sibony, Pierre Vidal-Nacquet, Olivia Zémor ont en commun d’être juifs. Juifs de circonstance occasionnellement juifs, juste le temps de cosigner un article anti-israélien, mais toujours et avant tout communistes, quelle que soit leur chapelle dans le grouillement de l’idéologie gauchiste. C’est ce que j’ai découvert dans l’article paru dans le Monde du 6 avril 2002 intitulé «Soutenir Israël? Pas en notre nom».

À cette brochette d’obsédés pathologiques de l’antisionisme, il n’aurait manqué qu’une signature, celle de Maxime Rodinson, autre ennemi du sionisme. Mais deux raisons en expliquent l’absence: cet homme était déjà mort, ce qui me semble une raison suffisante, mais il faut ajouter que, fidèle au fondamentalisme marxiste selon lequel les Juifs, qui ne sont qu’une classe sociale, n’existent pas plus en tant que religion qu’en en tant que peuple, il avait au moins la probité intellectuelle de ne jamais s’exprimer en tant que Juif. C’est un choix qui, pour être discutable, n’en est pas moins respectable. Voilà une honnêteté qui fait cruellement défaut à ces juifs intermittents, révolutionnaires en chambre qui manient la signature comme d’autres la voiture piégée; les deux se complètent du reste.

Mais pourquoi donc revenir sur cet article vieux de 3 ans? C’est qu’il n’a rien perdu de son actualité.

Les signataires illustrent ce phénomène que l’on nommait sous le Troisième Reich les «Juifs utiles», ceux que l’on épargnait momentanément car ils rendaient encore service. Certes, pour ces Juifs de la période tragique, il ne s’agissait pas d’un libre choix mais d’une chance de gagner du temps dans l’espoir ténu de survivre à l’horrible régime. Ces juifs-là n’étaient que des otages en sursis.

Mais sans jamais utiliser cette dénomination, c’est le communisme sous toutes ses formes qui a le plus largement utilisé et utilise encore ce genre de juifs, à la différence près que cette fois-ci, ils agissaient ou agissent davantage par conviction que par opportunisme ou nécessité. Ayant abandonné leur identité et leur culture juive pour n’être plus que des communistes, ils furent relativement nombreux dans les rangs révolutionnaires russes et ont grandement contribué à la prise du pouvoir bolchevik de 1917. Puis, devenant moins utiles, Staline, après avoir fait déporter son rival Lev Bronstein Dawidowicz, dit «Trotski», qu’il fit par la suite assassiner au Mexique en 1940, élimina peu à peu les Juifs du Parti et de l’appareil d’Etat, généralement à sa manière, c’est-à-dire par quelques procès truqués, accusations mensongères et éliminations physiques. Cela ne contribua pas peu à la réactivation du vieil antisémitisme russe, mais aussi à une prise de conscience identitaire chez les Juifs «d’en bas», chez ceux qui ne souscrivaient pas au système ou n’accédaient pas à la nomenklatura ou plus simplement parce que leur «nationalité juive» qui figurait sur leur passeport, sans leur conférer un territoire national, les exposait à l’antisémitisme ambiant entretenu par l’Etat.

Un Litvinov, commissaire du peuple aux affaires étrangères, devenant momentanément inopportun, mais prudemment gardé en réserve, donc en vie, fut remplacé par Molotov, plus présentable en tant qu’«aryen», lorsqu’il s’est agi de négocier le pacte germano-soviétique de 1939. Un chef d’Etat communiste ne pouvait tout de même pas imposer au nazi Von Ribbentrop un interlocuteur juif! Puis, le même Litvinov fut ressorti de sa trappe pour représenter l’URSS aux Etats-Unis après la rupture par Hitler du pacte germano-soviétique. Le système communiste aux abois avait alors besoin d’un Juif utile pour amadouer les Américains. De même, après l’effondrement du système nazi, les militants communistes d’origine juive furent fort utiles à Staline pour mettre en place, dans les pays satellites, des gouvernements sous tutelle soviétique jusqu’au jour où, n’étant plus d’une grande utilité, ou que leur «qualité» de juif rendait le pouvoir communiste impopulaire, ils furent à leur tour victimes dans leurs pays, du glacis soviétique, de procès truqués selon le modèle moscovite.

Cela n’empêchait pas les communistes et leurs compagnons de route «progressistes» des pays occidentaux de soutenir aveuglement la «patrie du prolétariat», récusant grâce à l’alibi fourni par les supplétifs communistes juifs, toute accusation d’antisémitisme de la part de l’URSS.

Ainsi dans les pays bourgeois de l’Occident, gare à celui qui osait critiquer les méthodes staliniennes ou même douter des bienfaits du régime! Aussitôt, la meute communiste, renforcée par les sympathisants et compagnons de route, se ruait sur le blasphémateur, un peu comme le font de nos jours les protestataires contre la récente condamnation du Monde pour écrits antisémites de Morin, Sallenave and Co.

Jean Paul Sartre, qui alors pensait à notre place, comme le font encore les «penseurs» professionnels du Monde Diplomatique, se fendait d’une pièce de théâtre satirique pour dénoncer comme imposteur Kravtchenko, cet ingénieur transfuge de l’Union Soviétique qui avait «choisi la liberté» en Occident. Or, Sartre connaissait la vérité, mais il mentait «pour ne pas désespérer Billancourt», choisissant ainsi de désespérer les goulags. Et lorsque l’immortel Staline, miné par la paranoïa et l’alcool, approchait enfin du terme de sa vie, il parut tellement incroyable et inconcevable qu’un tel surhomme pût mourir comme un vulgaire mortel, qu’aussitôt il fut question, comme récemment pour un Yasser Arafat canonisé par Chirac, d’un complot ourdi par une brochette de médecins pour assassiner le «génial petit père des peuples».

Ce fut le fameux Procès des Blouses Blanches, juifs pour la plupart. Et lorsque l’Occident accusa l’Union Soviétique d’antisémitisme, les journaux publièrent des déclarations collectives signées par des médecins, intellectuels communistes et compagnons de route, à grand renfort de militants et sympathisants «progressistes» juifs devenus utiles en la circonstance, jurant les grands dieux que ces médecins moscovites avaient bel et bien attenté à la vie de Staline. Nous étions déjà en plein délire.

Parmi les noms de ces «témoins» signataires, je me souviens encore du Dr Leibovici, bourgeois cossu des beaux quartiers, au demeurant plutôt sympathique, que je connaissais pour m’avoir un jour opéré. Lorsque j’eus l’occasion de lui demander de quelle preuve il disposait pour affirmer que les «Blouses Blanches» étaient coupables, il me répondit « Rien! Mais je fais confiance au Parti. Le doute ne peut que servir les objectifs des impérialistes ennemis de l’URSS. Souviens-toi que sans l’URSS, le monde serait aujourd’hui sous la domination nazie et tu serais déjà parti en fumée».

Alors, des «pieux» mensonges de Sartre pour ne pas désespérer Billancourt, couvrant ainsi les crimes communistes dont il devenait complice de fait… aux mensonges et falsifications de la meute anti-israélienne, couvrant ainsi les crimes terroristes arabo-islamistes dont ils se rendent complices, existe-il une différence de nature?

Parmi les actuels pétitionnaires de Libé contre la condamnation des menteurs et diffamateurs du Monde, condamnation qui met mal à l’aise les menteurs et faussaires de Libération et autres Nouvel Obs ou Marianne, peut-être quelques-uns d’entre eux, suffisamment âgés, étaient-ils naguère «témoins» à charge contre les Blouses Blanches et protestaient-ils avec indignation contre l’accusation d’antisémitisme dans ce Procès.

Tiens! je relève dans «l’appel de Libération» la signature de Pierre Vidal-Nacquet, nullement gêné de joindre son nom à ceux de quelques fachos notoires et de quelques négationnistes.

Ce Pierrot là, même s’il n’est qu’un gauchiste dans les normes, mérite une mention particulière. Lui qui a naguère si vigoureusement combattu le négationnisme qualifié d’extrême droite, n’a pas hésité, par fidélité à son idéologie, à devenir à son tour un négationniste contre Israël dans un Atlas Historique édité sous sa direction par Hachette en 1987. Ce bouquin est illustré d’une carte du Proche-Orient indiquant les diverses ethnies ou religions peuplant cette région. En se référant à la légende, on situe les Chiites, les Sunnites, les Druzes, les Chrétiens, les Alaouites et puis, à l’emplacement d’Israël, difficile à déchiffrer, c’est la mention Palestine qui est inscrite sur le maigre espace de l’Etat d’Israël. Or, devinez quelle est la religion de cet espace israélien? Réponse: Sunnite! Donc musulmane (voir la carte). Israël, par le tour de passe-passe du truqueur gauchiste, est Judenrein, nettoyé de toute présence juive. Vidal-Nacquet les a rejetés à la mer, réalisant ainsi sur le papier, en attendant «mieux», le vieux rêve de Hussein Amin, de Choukeiri , d’Arafat et du Hamas. Certes, ce fond de couleur sunnite est moucheté de petits points rouges, telle une vilaine maladie de la peau, que la légende désigne par «kibboutzim». L’étudiant qui ferait confiance à Vidal-Nacquet ne saurait jamais que ce pays est peuplé de Juifs et se demanderait quelle est cette étrange ethnie appelée «kibboutzim». Sprechen Sie Kibbutzich? Do you speak Kibbutzic?

Dans son avant-propos de l’Atlas, Vidal-Nacquet écrit «il y a des cartes qui n’ont pas besoin d’un long contrepoint textuel». On ne saurait mieux dire. Cette affirmation, véritable aveu, mérite de figurer sous sa carte

Il aura fallu le dérapage antisémite du Monde pour «apprendre», en dépit du négationnisme de Vidal-Nacquet, que ce sont les Juifs, et non des «kibboutzim» ou des «sunnites» qui constituent la majorité de l’Etat d’Israël. Notons bien qu’en 1987, date de l’édition en cause, Israël était gouverné par la gauche travailliste. Sharon, bouc émissaire des antisémites de gauche, était dans l’opposition.

Du reste, ce Vidal-Nacquet n’en est pas à une imposture près. En décembre 2000, il lançait une pétition pour rouvrir les dossiers des crimes français en Algérie. Ah le grand cœur! Ah l’homme assoiffé de justice! Ah l’historien scrupuleux en quête perpétuelle de la vérité historique! Ah le justicier pourchassant les tortionnaires! Mais neuf ans auparavant, estimant que le temps ayant fait son oeuvre, il s’érigeait en défenseur d’une amnistie pour faits liés à une autre guerre coloniale. Contradiction? Que nenni! Constance dans la vertu à géométrie variable. En 1991, il s’agissait d’éviter des poursuites à Georges Boudarel, ce militant communiste français qui, s’étant mis au service du Vietminh, avait «tourmenté» les officiers français prisonniers en Indochine. Ceux qui ont «séjourné» dans les camps de prisonniers de guerre appellent ce genre d’individus des traîtres. Ceux qui ont goûté aux camps de concentration appelaient ça des kapos. Mais ils sont comme ça, les ardents pourfendeurs d’Israël. Un kapo ou un traître, pourvu qu’il soit communiste, est au-dessus de ces jugements mesquins de petits-bourgeois attardés.

Cela répond à la perplexité de mes amis devant ces agitateurs gauchistes juifs appuyant les campagnes anti-israéliennes aux relents d’antisémitisme. Ils s’étonnent de trouver des Juifs parmi les ennemis d’Israël et apportant leur soutien à l’idéologie palestinienne. C’est qu’un militant communiste, quelle que soit son obédience ou sa chapelle, n’est plus un Juif, un Chrétien, un Arabe ou un Français; il est communiste; il a changé de religion et d’identité, il est mentalement prisonnier d’un dogme; Le communisme est désormais sa «Oumma» qui transcende les clivages nationaux. Cela expliquerait pourquoi on passe si aisément du communisme stalinien ou trotskiste au fondamentalisme islamiste; cela expliquerait aussi le nombre de convertis à l’islam djihadiste venus des rangs trotskistes. Ce n’est qu’un changement de totalitarisme, ces convertis ne s’y sentent donc pas dépaysés… Roger Garaudy, ex-membre du comité central du PCF, ou «Carlos», serial killer appointé par le Kremlin, en sont des célèbres illustrations.

En 1939, lorsque Staline, devenu l’allié d’Hitler, va lui fournir tout le carburant, les matières premières et la sécurité sur son flanc oriental pour l’aider à liquider la Pologne et à se ruer ensuite sur la Hollande, la Belgique et la France, on peut affirmer que l’URSS était devenue notre ennemie. Or, Maurice Thorez, secrétaire Général du Parti Communiste Français, déserte l’armée française et s’enfuit à Moscou pour se mettre au service de l’URSS, alliée de l’Allemagne nazie. A-t-il trahi la France et les Français? Pas plus ni moins qu’un des nombreux Georges Boudarel du sérail communiste. Dans la vision d’un communiste, le seul crime inexpiable serait de trahir le Parti. Le F. (français) du P.C.F ne fut donc qu’une imposture. Alors il en va de même pour cette minable petite cohorte gauchiste, se proclamant juifs juste le temps d’une nuisance antijuive. De quoi auraient l’air une Sallenave ou un Pascal Boniface ou encore une Leïla Shahid sans l’appoint d’un quelconque supplétif juif? Un Edgar Morin, Juif utile, est bien l’homme qu’il faut pour ce genre de service.

Que ces cocos ne viennent surtout pas nous raconter que leur démarche est dictée par la compassion et la quête de justice pour le peuple palestinien. Ou alors, il s’agit d’une compassion bien étriquée et exclusive. Elle ne s’est jamais manifestée en faveur des dizaines de millions de victimes du bolchevisme léniniste, trotskiste, stalinien, maoïste ou polpotiste. Jamais en faveur des centaines de milliers de Tchétchènes victimes de la répression meurtrière de l’ex-URSS, jamais pour les millions de victimes du racisme anti-noir arabe du Soudan, ni pour les infortunés habitants de l’Aceth, soumis au racket et aux effroyables exactions de l’armée indonésienne. Elle ne se manifestera jamais en faveur des centaines de millions de femmes victimes du machisme des abrutis obsédés sexuels dans l’islam, jamais pour les otages assassinés par les narco-marxistes d’Amérique du Sud, jamais en faveur des victimes du totalitarisme Castriste, jamais non plus contre la colonisation du Tibet par la Chine communiste. Ni José Bové, ni la Sallenave, pas plus que cette Olivia Zémor, juive d’un jour, n’y ont jamais fourré leur nez.

Curieusement, leur sens de l’humain ne se manifeste de façon fracassante que lorsque le prétendu oppresseur est américain ou surtout juif. Les autres victimes n’ayant pas la chance d’avoir des oppresseurs juifs, les Sallenave, Pascal Boniface, Edgar Morin, Olivia Zémor et autres zigotos psychopathes gauchistes, obsédés par les Juifs, sont en panne d’encre pour signer des manifestes dénonçant les oppresseurs de ces peuples relégués dans l’oubli et devenus des «causes orphelines».

Faites donc un test: cherchez laquelle des causes défendues ou ayant été défendues par nos gauchistes et autres humanistes pro palestiniens , permet aux sujets qu’elle prétend avoir libérés, de pratiquer la religion de leur choix, en dehors de celle obligatoire imposée par le pouvoir, de choisir son parti politique en dehors du parti imposé. Laquelle de ces causes a aboli la peine de mort, établi l’égalité absolue entre les hommes et les femmes, offert la pleine liberté d’association, accordé la liberté d’expression, permis aux francs-maçons d’ouvrir une Loge? Ce sont pourtant là des critères de «bonne conduite» démocratique et de respect des droits de l’homme.

Mais nos totalitaires ont tellement réussi à marquer les consciences au fer rouge de la dichotomie droite- gauche, la vertu étant bien entendu de gauche et la droite suspecte de tous les vices cachés, que cette vision imposée devient un instrument de chantage contre un public pris en otage. Même les Juifs constamment agressés et fustigés et acculés à la défensive par un Pascal Boniface pour leur manque d’enthousiasme à se joindre aux ramassis pro-palestiniens, hésitent à se référer à des auteurs qui sont favorables aux Juifs et à Israël, mais dont le seul tort est d’être étiquetés de droite ou «politiquement incorrect». Qui oserait se référer à Maurice Dantec ou à Oriana Fallacci? Pourtant, ces auteurs qualifiés de «sulfureux» par nos bobos bien pensants, n’ont jamais atteint la virulence et la mauvaise foi des signataires de l’article «Le Cancer» complaisamment publié par Le Monde en 2002. Ils n’ont jamais mystifié leurs lecteurs par des montages ou des photos falsifiés comme l’ont maintes fois fait Libération ou certaines chaînes télé publiques ou «franco-allemande». Alors merde à ces imposteurs stalinoïdes s’érigeant en donneurs de leçons de vertu.

Très modestement, même s’il doit se priver de quelques plumes de valeur mais trop soucieux de leur avenir politique, et quitte à perdre quelques abonnés frileux, Libertyvox ose ce que les timorés n’osent pas: chercher la vérité, chercher les réponses là où elles se trouvent, sans se laisser impressionner par les chiens qui aboient… La devise de Libertyvox pourrait être «Fais ce que dois, advienne que pourra». Les timorés, pour leur part, s’y prennent un peu comme cet ivrogne de la blague qui, de nuit, cherche au pied d’un lampadaire sa clé qu’il sait avoir perdue ailleurs parce que là, c’est éclairé. C’est plus rassurant et plus confortable.

Mais les imposteurs qui ont encore l’impudence de prétendre gouverner nos pensées, ne perdront jamais leur impudence. Louis Aragon, le chantre du communisme, leur a déjà prévu un émouvant plaidoyer:

Qu’on nous trompe, qu’on nous leurre
Nous donnant le mal pour bien
Celui qui n’en savait rien
Et qui pour mal le bien tient
N’est-ce pas pour le bien qu’il meurt ?
(Louis Aragon)

Moyennant quoi, un gauchiste n’est jamais coupable.

L’ennui, c’est que tout «cloche» dans ce «psaume» du vieux stalinien non repenti: 1) Nul de ceux que nous fustigeons ne peut prétendre être «celui qui n’en savait rien». 2) Celui qui prétend que c’est «pour le bien qu’il meurt» ne fait que mourir par kamikaze ou djihadiste interposé. Nos mystificateurs faussaires gauchistes peuvent nous tromper à répétition mais ne peuvent mourir à répétition. N’est-t-il dès lors pas plus facile et plus gratifiant de chanter la mort délibérée des «désespérés», des «démunis», de «ceux qui n’ont rien à perdre»? Eux, les «en tant que», les «penseurs à notre place», les «damnés de la terre», les «forçats de la faim» meurent généralement dans leur lit des suites d’une surcharge pondérale ou d’intempérance.

Notes:

1: Grand Muphti de Jérusalem ayant initié le terrorisme anti-juif dans les années 1929-1933. Réfugié chez Hitler, il endosse l’uniforme SS à la tête d’une légion musulmane spécialisée dans les «nettoyages ethniques» en Yougoslavie. C’est la grande figure de la «Résistance» palestinienne. Il est aussi le grand père de Leila Shahid, fidèle ambassadrice de Yasser Arafat en France. Quelle belle cause gauchiste!

2: Dirigeant des Palestiniens avant Yasser Arafat. À la veille de la guerre des Six Jours, sûr de la défaire d’Israël, il annonçait que les Juifs qui auront eu la chance de survivre seront rejetés à la mer.

3: La charte du Hamas prévoit que les Juifs seront tous expulsés de la «Palestine» et l’entité «Sioniste» d’Israël gommée de la carte.

4: Quelques «bonnes» causes: URSS, Chine communiste, Vietminh, Cambodge khmer rouge, Algérie du FLN, OLP Autorité palestinienne, Cuba, Sentiers Lumineux, Farc etc…

Voir aussi:

Soutenir Israël ? Pas en notre nom !

Le Monde
06.04.02

Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) appelle à manifester le 7 avril, non seulement pour protester contre les attaques de lieux de culte, mais pour « soutenir Israël ». Alors que le nettoyage militaire bat son plein dans les territoires occupés, ce soutien prend une signification bien particulière. Prétendant parler au nom des Juifs du monde entier, les dirigeants israéliens et les porte-parole communautaires usurpent la mémoire collective du judéocide et commettent un détournement d’héritage. Reprenant le mot d’ordre des opposants américains aux croisades impériales, nous répondons : « Pas en notre nom ! » Ariel Sharon a en effet résolu, avec le soutien de George W. Bush, d’écraser la résistance palestinienne, de détruire ses institutions, d’humilier ses dirigeants et d’acculer leur peuple à un nouvel exode. Le jour de Pâques, les informations télévisées nous ont offert le spectacle dégoûtant d’un président « étasunien », affalé en tenue décontractée de week-end, réclamant cyniquement un surcroît d’efforts et de bonne volonté à un Yasser Arafat assiégé dans ses locaux, privé d’eau, et éclairé à la bougie ! Devant la tragique solitude du peuple palestinien, la « communauté internationale » rivalise en démissions et capitulations honteuses.

Les ministres travaillistes israéliens exécutent docilement la politique du pire ! Les dirigeants arabes ne font rien pour faire respecter les droits du peuple palestinien. Prompts à emboîter le pas aux légions impériales américaines au nom du droit international, les dirigeants européens se contentent au mieux de bonnes paroles lorsque les troupes de Sharon bafouent ouvertement les résolutions de l’ONU ! Les belles âmes intellectuelles, qui se sont émues, à juste titre, du sort des réfugiés kosovars ou des bombardements sur Grozny, se taisent sur le sort des réfugiés palestiniens et se lavent les mains devant les murs calcinés et les ruines de Ramallah !

Pleins de compassion pré-électorale envers les victimes d’actes antisémites que rien, et certainement pas le soutien au peuple palestinien, ne peut justifier, nos gouvernants deviennent pudiquement silencieux devant les crimes commis par les troupes d’occupation en Cisjordanie ! Ceux et celles qui justifient le droit au retour des juifs en Israël, au nom d’un droit du sang millénaire, refusent le droit du sol aux Palestiniens ! Les dignitaires des Nations unies s’accommodent des humiliations infligées à l’Autorité palestinienne ! Ceux qui prétendent administrer la justice universelle détournent la tête devant les « liquidations extra-judiciaires », les exécutions sommaires de prisonniers, et les crimes de guerre d’Ariel Sharon !

Reconnu par l’Autorité palestinienne et par nombre de gouvernements arabes, le fait national israélien est désormais établi de manière irréversible. Mais une paix durable exige la reconnaissance réciproque de deux peuples et leur coexistence fondée sur les droits égaux. Les Israéliens ont un Etat souverain, une armée puissante, un territoire ; les Palestiniens sont parqués dans des camps depuis un demi-siècle, soumis aux brutalités et aux humiliations, assiégés sur un territoire en peau de chagrin : grande comme un département français, la Cisjordanie est lacérée de routes stratégiques, criblée de plus de 700 check points, hérissée de colonies. Il n’y a pas symétrie entre occupants et occupés.

Le retrait inconditionnel de l’armée israélienne des territoires occupés et le démantèlement des colonies ne constitueraient même pas une réparation de l’injustice faite aux Palestiniens, mais seulement l’application d’un droit formellement reconnu depuis trente-cinq ans, des résolutions 242 et 337 de l’ONU jusqu’à la résolution 1042 du Conseil de sécurité. Bush demande au contraire toujours davantage de concessions et de gages aux victimes. Sharon séquestre leurs représentants, dynamite leurs maisons, tandis que son armée bloque les secours sanitaires. Cette politique du pire conduit tout droit à la catastrophe non seulement le peuple palestinien menacé d’un nouvel exode purificateur, mais aussi le peuple israélien entraîné dans la spirale suicidaire de ses dirigeants. Car quel peut être l’avenir d’un Etat fondé sur l’oppression, l’injustice et le crime ? Et quel peut être l’avenir d’un peuple fuyant ses malheurs et ses angoisses dans une escalade meurtrière ?

Il était prévisible qu’à force d’assimiler le judaïsme à la raison d’Etat israélienne et de présenter les institutions juives comme des ambassades officieuses d’Israël, les apprentis sorciers du Grand Israël finiraient par être pris au mot, ce qui n’en rend pas moins odieux et inadmissibles des attentats contre des synagogues et des écoles.

Nous condamnons les agressions qui visent une communauté en tant que telle et rendent les juifs collectivement responsables des exactions commises par le gouvernement israélien. Nous condamnons toute dérive antisémite de la lutte contre sa politique. Nous condamnons, pour raisons tant morales que politiques, les attentats contre les populations civiles en Israël. Les actions contre les colonies et l’armée d’occupation relèvent en revanche d’une résistance historiquement légitime et d’une défense de droits imprescriptibles. Il y a trois mois encore, le ministre israélien de l’intérieur Ouzi Landau annonçait dans Le Monde (14 décembre 2001) une « lutte à mort » contre les Palestiniens, aussi longtemps que ces derniers auraient une goutte d’espoir. Ce désespoir sciemment entretenu constitue ainsi le terreau dans lequel s’enracine la violence extrême.

Alors que Sharon avait promis la sécurité aux Israéliens, leur pays est devenu l’endroit du monde où les juifs sont le plus en insécurité. Liant le sort de son peuple à la guerre illimitée contre le terrorisme décrétée par George W. Bush, il était pourtant clair que sa politique du pire deviendrait une machine infernale à fabriquer des kamikazes. Dénonçant toute dérive raciste ou antisémite en France comme au Moyen-Orient, solidaires des droits nationaux et démocratiques du peuple palestinien, nous refusons l’escalade guerrière et sa chronique d’un désastre annoncé. Nous exigeons l’application des résolutions de l’ONU, le retrait inconditionnel d’Israël des territoires occupés, le démantèlement des colonies et la reconnaissance immédiate par l’Union européenne d’un Etat palestinien laïque et souverain.

BRAUMAN RONY,HALIMI GISELE,VIDAL NAQUET PIERRE

Voir également:

Israël-Palestine: Le cancer
Edgar MORIN
Avec S. Nair et D. Sallenave
Le Monde
4 juin 2002

Le cancer israélo-palestinien s’est formé à partir d’une pathologie territoriale : la formation de deux nations sur une même contrée, source de deux pathologies politiques, l’une née de la domination, l’autre de la privation. Il s’est développé d’une part en se nourrissant de l’angoisse historique d’un peuple persécuté dans le passé et de son insécurité géographique, d’autre part du malheur d’un peuple persécuté dans son présent et privé de droit politique.

La justification.

Dans l’opprimé d’hier l’oppresseur de demain disait Victor Hugo. Israël se présente comme le porte-parole des juifs victimes d’une persécution multiséculaire jusqu’à la tentative d’extermination nazie. Sa naissance attaquée par ses voisins arabes a failli être sa mort. Depuis a naissance, Israël est devenu une formidable puissance régionale, bénéficiant de l’appui des Etats-unis, dotée de l’arme nucléaire.

Et pourtant Sharon a prétendu lutter pour la survie d’Israël en opprimant et asphyxiant la population palestinienne, en détruisant des écoles archives, cadastres, éventrant des maisons, brisant des canalisations et procédant à Jenine à un carnage dont il interdit de connaître l’ampleur. L’argument de la survie n’a pu jouer qu’en ressuscitant chez les israéliens les angoisses de 1948, le spectre d’Auschwitz, et donnant à un passé aboli une présence hallucinatoire. Ainsi la nouvelle Intifada a réveillé une angoisse qui a amené au pouvoir le reconquistador Sharon.

En fait Sharon compromet les chances de survie d’Israël dans le Moyen-Orient en croyant assurer dans l’immédiat la sécurité israélienne par la terreur. Sharon ignore que le triomphe d’aujourd’hui prépare le suicide de demain. A court terme, le Hamas fait la politique de Sharon, mais à moyen terme, c’est Sharon qui fait la politique du Hamas.

Si, en deçà d’un certain seuil, l’Intifada a poussé Israël à négocier, au-delà elle a ranimé l’angoisse de la proie, exaspérée par les attentats suicides, et la répression impitoyable semble une juste réponse à la menace. Si rien ne l’arrête de l’extérieur, l’Israël de Sharon va au minimum vers la bantoustandisation des territoires palestiniens morcelés.

L’unilatéralisme

C’est la conscience d’avoir été victime qui permet à Israël de devenir oppresseur du peuple palestinien. Le mot  » Shoah  » qui singularise le destin victimaire juif et banalise tous les autres (ceux du goulag, des Tsiganes, des Noirs esclavagisés, des Indiens d’Amériques) devient la légitimation d’un colonialisme, d’une apartheid et d’une ghettoïsation pour les palestiniens.

La conscience victimaire comporte évidemment une vision unilatérale de la situation et des événements.

Au départ du sionisme la formule « un peuple sans terre pour une terre sans peuple  » a occulté le peuplement palestinien antérieur. Le droit des juifs à une nation a occulté le droit des palestiniens à leur nation.

Le droit au retour des réfugiés palestiniens est vu aujourd’hui, non comme un droit symétrique è celui du retour de juifs qui n’ont jamais vécu en Palestine, mais à la fois comme un sacrilège et comme une demande de suicide démographique d’Israël. Alors qu’il aurait pu être considéré comme une réparation aux modalités négociables.

Il est horrible de tuer des civils selon un principe de culpabilité collective, comme le font les attentats-suicides, mais c’est un principe appliqué par Israël frappant, depuis le temps de Sabra et Chatila et du Liban Nord jusqu’à aujourd’hui et hélas probablement demain, des civils, femmes et enfants, et en détruisant la maison et les cultures des familles d’auteurs d’attentat. Les victimes civiles palestiniennes sont désormais quinze à vingt fois plus nombreuses que les victimes israéliennes. Est ce que la pitié doit être exclusivement réservée aux unes et non aux autres ?

Israël voit son terrorisme d’Etat contre les civils palestiniens comme auto-défense et ne voit que du terrorisme dans la résistance palestinienne.

L’unilatéralisme attribue à Arafat seul l’échec des ultimes négociations entre Israël et l’autorité palestinienne ; il camoufle le fait que sans cesse depuis les accords d’Oslo la colonisation s’est poursuivie dans les territoires occupés, et considère comme  » offre généreuse » une restitution restreinte et morcelé de territoires, comportant maintien de colonies, et contrôle israélien de la vallée du Jourdain. L’histoire complexe des négociations est effacée par la vision unilatérale d’une  » offre généreuse  » reçue par un refus global, et l’interprétation de ce soi-disant refus global comme une volonté de détruire Israël.

L’unilateralisme masque la dialectique infernale repression-attentat, elle-même alimentée par les forces extrémistes dans les deux camps.

L’unilatéralisme masque le fait que la tournée de Sharon sur l’esplanade de la Mosquée n’a pu que renforcer le cercle vicieux infernal qui favorise le pire dans les deux camps. Le pourrissement de la guerre d’Algérie après 1957 a favorisé le pire du côté français, avec trois putschs militaires qui auraient pu instaurer une dictature durable en France, et le pire du côté algérien, en accroissant le caractère despotique du FLN, ce qui a conduit à une tragédie qui n’a pas cessé 40 ans plus tard.

Le cercle infernal où tout accroissement du pire de l’un accroît le pire de l’autre a donné le pouvoir au clan nationaliste-intégriste en Israël, a installé des officiers issus des colonies à la tête de Tsahal, a transformé des éléments de cette armée de réoccupation en soldatesque pillant et tuant parfois jusqu’au massacre (Jenine). Il a accru le rayonnement et l’emprise des mouvements religieux fanatiques sur la jeunesse palestinienne.

Certes il y a également un unilatéralisme palestinien, mais sur l’essentiel, depuis l’abandon par la charte de l’OLP du principe d’élimination d’Israël, l’autorité palestinienne a reconnu a son occupant l’existence de nation souveraine que celui-ci lui refuse encore. Sharon a toujours refusé, le principe  » la paix contre la terre « , n’a jamais reconnu les accords d’Oslo et a considéré Rabin comme un traître.

La fausse symétrie

En Occident, les médias parlent sans cesse de la guerre israélo-palestinienne ; mais cette fausse symétrie camoufle la disproportion des moyens, la disproportion des morts, la guerre de chars, hélicoptères, missiles contre fusils et kalachnikovs ; la fausse symétrie masque la totale inégalité dans le rapport des forces et elle masque l’évidence simple que le conflit oppose des occupants qui aggravent leur occupation et des occupés qui aggravent leur résistance. La fausse symétrie occulte l’évidence que le droit et la justice sont du côté des opprimés. La fausse symétrie met sur le même plan les deux camps, alors que l’un fait la guerre à l’autre qui n’a pas les moyens de la faire et n’oppose que des actes sporadiques de résistance ou de terrorisme. De même il y a fausse symétrie entre Sharon et Arafat, l’un maître d’une formidable puissance, capable de défier les Nations Unies et les objurgations (certes molles) des Etats-Unis, l’autre de plus en plus impuissant dans la séquestration dont il est victime. Une sinistre farce consiste à demander à Arafat d’empêcher les attentats tout en l’empêchant d’agir,

L’oppresseur d’aujourd’hui

Ce qu’on a peine à imaginer c’est qu’une nation de fugitifs, issus du peuple le plus longtemps persécuté dans l’histoire de l’humanité, ayant subis les pires humiliations et le pire mépris soit capable de se transformer en deux générations non seulement en  » peuple dominateur et sur de lui « , mais, à l’exception d’une admirable minorité, en peuple méprisant ayant satisfaction à humilier. Les médias rendent mal les multiples et incessantes manifestations de mépris, les multiples et incessantes humiliations subies aux contrôles, dans les maisons, dans les rues. Cette logique du mépris et de l’humiliation, elle n’est pas le propre des Israéliens, elle est le propre de toutes les occupations où le conquérant se voit supérieur face à un peuple de sous humains. Et dès qu’il y a signe ou mouvement de révolte, alors le dominant se montre impitoyable. Il est juste qu’Israël rappelle à la France sa répression coloniale durant la guerre d’Algérie ; mais cela indique qu’Israël fait pour la Palestine au moins ce que la France a fait en Algérie. Dans les derniers temps de la reconquête de la Cisjordanie, Tsahal s’est livré à des actes de pillage, destructions gratuites, homicides, exécutions où le peuple élu agit comme la race supérieure. On comprend que cette situation dégradante suscite sans cesse de nouveaux résistants, dont de nouvelles bombes humaines. Qui ne voit que les chars et les canons, mais ne voit pas le mépris et l’humiliation n’a qu’une vision unidimensionnelle de la tragédie palestinienne.

Du terrorisme

Le mot terrorisme fut galvaudé par tous les occupants, conquérants, colonialistes pour qualifier les résistances nationales. Certaines d’entre, elles, comme du temps de l’occupation nazie sur l’Europe ont certes comporté une composante terroriste, c’est-à-dire frappant principalement des civils. Mais il est indu de réduire une résistance nationale à sa composante terroriste, si importante soit elle. Et surtout il n’y a pas de commune mesure entre un terrorisme de clandestins et un terrorisme d’Etat disposant d’armes massives. Au moment où le gouvernement sharonien a dénoncé la bombe humaine qui a fait six morts à Jérusalem, il a occulté la terreur pratiquée à Jenine. De même qu’il y a disproportion entre les armes, il y a disproportion entre les deux Terreurs.

L’horreur et l’indignation devant des victimes civiles massacrées par une bombe humaine doivent-elles disparaître quand ces victimes sont palestiniennes et massacrées par des bombes inhumaines ?

Les bombes humaines

Il ne faut pas craindre de s’interroger sur ces jeunes gens et jeunes filles devenues bombes humaines.

Le désespoir, certes les a animés, mais cette composante ne suffit pas. Il y a également une très forte motivation de vendetta, qui dans sa logique archaïque si profonde surtout en Méditerranée, demande de porter la vengeance, non pas nécessairement sur l’auteur du forfait mais sur sa communauté. C’est aussi un acte de révolte absolue, par lequel l’enfant qui a vu l’humiliation subie par son père, par les siens, a le sentiment de restaurer un honneur perdu et de trouver enfin dans une mort meurtrière sa propre dignité et sa propre liberté. Enfin, il y a l’exaltation du martyre, qui par un sacrifice de sa personne féconde la cause de l’émancipation de son peuple. Évidemment derrière ces actes, il y a une organisation politico-religieuse, qui fournit les explosifs, la stratégie, et conforte par l’endoctrinement la volonté de martyre et l’absence de remords. Et la stratégie des bombes humaines est très efficace pour torpiller tout compromis, toute paix avec Israël, de façon à sauvegarder les chances futures de l’élimination de l’Etat d’Israël. La bombe humaine acte existentiel extrême au niveau d’un adolescent, est aussi un acte politique au niveau d’une organisation extrémiste.

L’affreux paradoxe

Et nous voici à l’incroyable paradoxe. Les juifs d’Israël, descendants des victimes d’un apartheid nommé ghetto, ghettoisent les palestiniens. Les juifs qui furent humiliés, méprisés, persécutés humilient, méprisent, persécutent les palestiniens. Les juifs qui furent victimes d’un ordre impitoyable imposent leur ordre impitoyable aux palestiniens. Les juifs victimes de l’inhumanité montrent une terrible inhumanité. Les juifs, bouc émissaire de tous les maux, bouc-émissarisent Arafat et l’autorité palestinienne, rendus responsables d’attentats qu’on leur empêche d’empêcher.

La course à l’abîme

Une nouvelle vague d’antijudaisme, issue du cancer israélo-palestinien s’est propagée dans tout le monde arabo-islamique, et une rumeur planétaire attribue même la destruction des deux tours de Manhattan à une ruse judéo-américaine pour justifier la répression contre le monde islamique.

De leur côté, les israéliens voisins crient  » mort aux arabes  » après un attentat. Un anti-arabisme se répand dans le monde juif. Les instances  » communautaires  » qui s’autoproclament représentantes des juifs dans les pays occidentaux tendent à refermer le monde juif sur lui-même dans une fidélité inconditionnelle à’Israël.

La dialectique des deux haines s’entretenant l’une l’autre, celle des deux mépris, le mépris du dominant israélien sur l’arabe colonisé, mais aussi le nouveau mépris anti-juif nourri de tous les ingrédients de l’antisémitisme européen classique, cette dialectique est en cours d’exportation

Avec l’aggravation de la situation en Israël-Palestine la double intoxication, l’antijuive et la judéocentrique, va se développer partout où coexistent populations juives et musulmanes. Le cancer israélo-palestinien est en cours de métastases dans le monde.

Le cas français est significatif. En dépit de la guerre d’Algérie et de ses séquelles, en dépit de la guerre d’Irak, et en dépit du cancer israélo-palestinien, juifs et musulmans coexistent en paix en France. Cependant une ségrégation commence. Une rancœur sourde contre les juifs identifiés à Israël couvait dans la jeunesse d’origine maghrébine. De leur côté, les institutions juives dites communautaires entretenaient l’exception juive au sein de la nation française et la solidarité inconditionnelle à Israël.

C’est l’impitoyable répression, menée par Sharon, qui a fait passer l’anti-judaïsme mental à l’acte le plus virulent de haine, l’atteinte au sacré de la synagogue et des tombes. Mais cela conforte la stratégie du Likoud : démontrer que les juifs ne sont pas chez eux en France, que l’antisémitisme est de retour, les inciter à partir en Israël. Ne devons-nous pas au contraire mobiliser l’idée française de citoyenneté comme pouvoir de fraternisation entre musulmans et juifs ?

L’issue

Y a-t-il une issue ? Une haine apparemment inextinguible est au fond du cœur de presque tous les palestiniens et comporte le souhait de faire disparaître Israël ; chez les israéliens, le mépris est de plus en plus haineux, et également semble inextinguible. Mais la haine séculaire entre Français et Allemands, aggravée par la seconde guerre mondiale, a pu se volatiliser en vingt années. De grands gestes de reconnaissance de la dignité de l’autre peuvent, surtout en Méditerranée, changer la situation. Des sémites (n’oublions pas que plus de 40 % des israéliens d’aujourd’hui viennent de pays arabes) peuvent bien un jour reconnaître leur identité cousine, leur langue voisine, leur Dieu commun,

L’énormité de la punition qui s’abat sur un peuple coupable d’aspirer à sa libération vont-il enfin provoquer une réaction dans le monde, autres que de timides objurgations ? l’ONU sera-t’elle capable de décider d’une force d’interposition ? Sharon ne peut qu’être contraint à renoncer à sa politique.

Il y eut le 11 septembre un électrochoc qui au contraire l’a encouragé. La  » guerre au terrorisme » américain lui a permis d’inclure la résistance palestinienne dans le terrorisme ennemi de l’Occident, de façon à ce que le tête-à-tête Israélo-Palestinien devienne un face à face non entre deux nations mais entre deux religions et deux civilisations, et s’inscrive dès lors dans une grande croisade contre la barbarie intégriste

L’électrochoc inverse est en fait advenu. C’est l’offre saoudienne de reconnaissance définitive d’Israël par tous les pays arabes en échange du retour aux frontières de 1967 conformément à toutes les résolutions des Nations Unies. Cette offre permettrait non seulement une paix globale entre nations mais une paix religieuse qui serait consacrée par le pays responsable des lieux saints de l’Islam. On peut donc envisager une conférence internationale pour arriver à un accord comportant une garantie internationale.

. De toutes façons, les Etats-Unis, dont la responsabilité est écrasante disposent du moyen de pression décisif en menaçant de suspendre leur aide, et du moyen de garantie décisif en signant alliance de protection avec Israël.

Le problème n’est pas seulement moyen-oriental ; le Moyen-Orient est une zone sismique de la planète où s’affrontent est-ouest, nord-sud, riches-pauvres, laïcité-religion, religions entre elles.. Ce sont ces antagonismes que le cancer israélo-palestinien risque de déchaîner sur la planète. Ses métastases se répandent déjà sur le monde islamique, le monde juif, le monde chrétien. Le problème n’est pas seulement une affaire où vérité et justice sont inséparables. C’est aussi le problème d’un cancer qui ronge notre monde et mène à des catastrophes planétaires en chaîne.

Edgar Morin. Sami Naïr. Danièle Sallenave.

Voir encore:

En témoignage de solidarité avec Edgar Morin, Sami Naïr et Danièle Sallenave

Après leur condamnation pour «diffamation raciale» à la suite d’un article sur Israël et la Palestine.
Libération
24 juin 2005

Infirmant le jugement rendu en leur faveur par le tribunal de grande instance de Nanterre, la cour d’appel de Versailles vient de condamner pour «diffamation raciale» Edgar Morin, Sami Naïr et Danièle Sallenave, signataires d’un article intitulé «Israël-Palestine : le cancer» publié dans le Monde du 4 juin 2002. Faisant état, sur la base de faits internationalement condamnés, de la politique de répression israélienne, alors particulièrement violente, cet article s’inquiète des conséquences désastreuses de ce conflit dans le monde, notamment en France, où il suscite judéophobie et arabophobie. L’article souligne avec indignation et douleur que l’expérience des persécutions et humiliations bimillénaires subies par les Juifs n’aura nullement empêché persécutions et humiliations des Palestiniens. Dans l’esprit des auteurs, cette constatation comportait un respect de mémoire rendu à un passé de souffrance. L’imputation de diffamation raciale s’appuie sur la façon dont, dans deux passages, extraits de deux paragraphes différents, s’était exprimée cette indignation douloureuse.

Or, par principe élémentaire de connaissance et de jugement, on sait que toute phrase s’éclaire par le texte où elle s’inscrit et que tout texte s’explique par son contexte. De fait, le reste du texte confirme que les critiques s’adressent non à un peuple mais à un occupant ; une phrase de l’article lui-même éclaire sans ambiguïté cette évidence : «Cette logique du mépris et de l’humiliation, écrivent les auteurs, n’est pas le propre des Israéliens, elle est le propre de toutes les occupations, où le conquérant se voit supérieur face à un peuple de sous-humains.»

Quant au contexte, les auteurs de l’article sont connus pour être, dans leurs personnes et leurs écrits, des ennemis de tous les racismes et de toutes les discriminations. Edgar Morin est internationalement reconnu comme un humaniste ayant toute sa vie condamné toute forme de déni d’autrui. Sami Naïr et Danièle Sallenave sont également connus pour les combats politiques et intellectuels qu’ils ont menés contre toutes les formes de discrimination. C’est pourquoi :

Nous nous élevons contre une pratique de lecture qui isole un fragment de texte du texte lui-même et de son contexte. Cette méthode a conduit à imputer aux auteurs une position qui est exactement contraire à leur intention.

Nous nous inquiétons légitimement de toute mesure qui tend à réduire la liberté de critique à l’encontre de la politique d’un Etat quel qu’il soit. Nous craignons que la sanction d’un antisémitisme imaginaire ne contribue à l’expansion néfaste de l’antisémitisme réel.

Nous exprimons notre profonde préoccupation face à un jugement sanctionnant un article qui plaide clairement, à travers une analyse équitable et complexe, pour la paix et la fraternité entre les protagonistes de la tragédie israélo-palestinienne.

Parmi les premiers signataires :

Laure Adler écrivaine, Marine et Jean Baudrillard philosophes, Esther Benbassa directrice d’études à l’EPHE, Sophie Calle, artiste Olivier Cohen éditeur, Jean Daniel directeur du Nouvel Observateur, Régis Debray écrivain et philosophe, Jean-Claude Guillebaud écrivain et éditeur, Stéphane Hessel ancien ambassadeur de France, Emmanuel Le Roy Ladurie professeur au Collège de France, Olivier Mongin directeur de la revue Esprit, Edwy Plénel journaliste, Alain Touraine directeur d’études à l’EHESS.

6 Responses to Juifs utiles: Ne pas désespérer Gaza (From Shutzjude to JCall: Looking back at the long tradition of useful Jews)

  1. […] Des « pieux » mensonges de Sartre pour ne pas désespérer Billancourt, couvrant ainsi les crimes communistes dont il devenait complice de fait… aux mensonges et falsifications de la meute anti-israélienne, couvrant ainsi les crimes terroristes arabo-islamistes dont ils se rendent complices, existe-il une différence de nature? (…) De quoi auraient l’air une Sallenave ou un Pascal Boniface ou encore une Leïla Shahid sans l’appoint d’un quelconque supplétif juif? David Dawidowicz […]

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  2. […] avec l’exemple de Fritz Haber, sur cette sous-catégorie des juifs utiles ou Schutzejude, à savoir ces scientifiques juifs convertis qui pousseront la volonté d’intégration […]

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  3. […] Des « pieux » mensonges de Sartre pour ne pas désespérer Billancourt, couvrant ainsi les crimes communistes dont il devenait complice de fait… aux mensonges et falsifications de la meute anti-israélienne, couvrant ainsi les crimes terroristes arabo-islamistes dont ils se rendent complices, existe-il une différence de nature? (…) De quoi auraient l’air une Sallenave ou un Pascal Boniface ou encore une Leïla Shahid sans l’appoint d’un quelconque supplétif juif? David Dawidowicz […]

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  4. jcdurbant dit :


    AS RARE AS A BLACK SWAN (Will poor Black swan star ever live her image down ?)

    What we call here a Black Swan (and capitalize it) is an event with the following three attributes. First, it is an outlier, as it lies outside the realm of regular expectations, because nothing in the past can convincingly point to its possibility. Second, it carries an extreme ‘impact’. Third, in spite of its outlier status, human nature makes us concoct explanations for its occurrence after the fact, making it explainable and predictable. I stop and summarize the triplet: rarity, extreme ‘impact’, and retrospective (though not prospective) predictability. A small number of Black Swans explains almost everything in our world, from the success of ideas and religions, to the dynamics of historical events, to elements of our own personal lives.

    Nassim Taleb

    A good person is as rare as a black swan.

    Juvenal

    No amount of observations of white swans can allow the inference that all swans are white, but the observation of a single black swan is sufficient to refute that conclusion.

    John Stuart Mill

    The phrase « black swan » derives from a Latin expression; its oldest known occurrence is the poet Juvenal’s characterization of something being « rara avis in terris nigroque simillima cygno » (« a rare bird in the lands: black and very much like a swan »; 6.165). In English, when the phrase was coined, the black swan was presumed not to exist. The importance of the simile lies in its analogy to the fragility of any system of thought. A set of conclusions is potentially undone once any of its fundamental postulates is disproved. In this case, the observation of a single black swan would be the undoing of the logic of any system of thought, as well as any reasoning that followed from that underlying logic. Juvenal’s phrase was a common expression in 16th century London as a statement of impossibility. The London expression derives from the Old World presumption that all swans must be white because all historical records of swans reported that they had white feathers. In that context, a black swan was impossible or at least nonexistent. After Dutch explorer Willem de Vlamingh discovered black swans in Western Australia in 1697, the term metamorphosed to connote that a perceived impossibility might later be disproven. Taleb notes that in the 19th century John Stuart Mill used the black swan logical fallacy as a new term to identify falsification.

    http://en.wikipedia.org/wiki/Black_swan_theory

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  5. jcdurbant dit :

    L’ANTISEMITISME POUR LES NULS (Scandale des scandales: Devinez quel unique Etat l’Europe s’obstine à ne pas menacer de sanctions militaires, financières ou économiques ?)

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