Chute du mur/20e: Attention, un mur peut en cacher d’autres (What about Vietnam?)

IronCurtain
Vietnamese dissidents arrested
Nous avons tué le mauvais cochon. Churchill
De Stettin sur la Baltique à Trieste sur l’Adriatique, un rideau de fer s’est abattu à travers le continent. Winston Churchill (Westminster College, Fulton, Missouri, le 5 mars 1946)
La première utilisation de l’expression Rideau de fer vient du rideau de fer utilisé dans des théâtres (et les boutiques). Comme analogie il avait le sens de « barrière impénétrable », et en 1918, le russe Vassili Rosanov écrit dans son livre L’Apocalypse de notre temps : « En cliquetant, en craquant et en grinçant, un rideau de fer descend sur l’histoire de la Russie. La représentation prend fin. » Le terme est ensuite repris par Ethel Snowden, une politicienne féministe socialiste britannique, qui dénonce le développement du bolchévisme dans ce pays dans son livre Through Bolshevik Russia paru en 1920. Dès lors, il commence à désigner la limite occidentale de l’Union soviétique. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le ministre roumain des affaires étrangères Grégoire Gafenco, dont le pays vient d’être victime du pacte Hitler-Staline, écrit le 2 juillet 1940 à Winston Churchill : Nous ne parvenons plus à avoir la moindre nouvelle de nos compatriotes restés de l’autre côté de la ligne de démarcation, comme si un rideau de fer s’était abattu en travers de notre pays1. Côté allemand, Joseph Goebbels emploie aussi ce terme dans le journal interne du parti nazi Das Reich, le 23 février 1945 (« eiserner Vorhang »), de même que le comte Lutz Schwerin von Krosigk, éphémère ministre des affaires étrangères de l’amiral Dönitz, qui déclare à la radio allemande le 2 mai 1945 : « À l’Est, le rideau de fer derrière lequel, invisible aux yeux du monde, la destruction est en œuvre, s’avance inexorablement ». Mais c’est Winston Churchill, le 5 mars 1946, qui rendit l’expression populaire lors du fameux discours de Fulton (Missouri) en prononçant une phrase restée célèbre: « De Stettin sur la Baltique à Trieste sur l’Adriatique, un rideau de fer s’est abattu à travers le continent ». Alarmé par les violations répétées de la Charte de l’Atlantique et de la Déclaration de Yalta sur l’Europe libérée, Churchill fait part dans un télégramme du 12 mai 1945 à Truman de ses craintes de voir les forces soviétiques s’avancer si elles le veulent jusqu’aux rives de l’Atlantique. L’expression Rideau de Fer fera dès lors florès. Wikipedia
Faites tomber ce mur, M. Gorbatchev! Ronald Reagan (Berlin, juin 1987)
Un président américain ratera les événements qui souligneront la fin d’un combat auquel nous avons, en tant que nation et sous des présidents des deux partis – consacré sang et argent pendant 50 années. Pour Barack Obama, 1989 est juste une autre année lointaine – et le Parti démocrate d’hommes comme Harry Truman et JFK n’a jamais été aussi lointain. Rich Lowry
La torture est maintenant une pratique répandue dans les prisons palestiniennes. Les techniques ont évolué. Les différents services de sécurité de l’Autorité palestinienne utilisent à présent des méthodes qui laissent moins de traces. Ils s’inspirent souvent des Israéliens, mais aussi des Américains, qui les entraînent en Jordanie. Shawan Jabarin (directeur de l’organisation de défense des droits de l’homme al-Haq)
Les membres du Fatah ont beaucoup appris dans les prisons israéliennes. Abou Ali (ministre de l’Intérieur de l’Autorité palestinienne)
D’ailleurs, l’immense majorité des dissidents de l’Est ne manifestaient pas pour le capitalisme. Slavoj Zizek
Rappelons que tous les murs ne sont pas abattus! Les Chinois, les Nord-Coréens, les Cubains, les Vietnamiens ne sont toujours pas libres de sortir comme ils l’entendent de leur paradis communiste. Ces murs-là ne sont plus en béton : le contrôle des frontières, la censure d’internet sont des alternatives plus sophistiquées que ne fut le Mur primitif de Berlin. Mais le principe est le même : l’enfermement reste indissociable de tout régime communiste, tandis qu’aucun pays capitaliste ne s’est jamais emmuré. On m’objectera les murs qui séparent Israël et la Cisjordanie et celui qui coupe le Mexique des Etats-Unis. On peut, on doit regretter leur existence mais leur fonction est sécuritaire, pas idéologique: le Mur de Berlin et ceux qui lui ressemblent encore, sont uniques et sont seuls à symboliser une idéologie. Guy Sorman
Pour tous ceux qui ont regardé le discours d’investiture de Barack Obama la semaine dernière depuis un pays non libre, assurément l’une des phrases les plus remarquable a été : « Eh oui, à tous les autres peuples et gouvernements qui nous regardent aujourd’hui, […] sachez que l’Amérique est l’amie de chaque nation, de chaque homme, femme ou enfant qui cherche un avenir de paix et de dignité. Et nous sommes prêts à mener le mouvement une fois de plus. Le Vietnam serait l’endroit parfait pour commencer. Duy Hoang (membre du parti réformiste interdit Viet tan)
Le Vietnam est gouverné par une dictature corrompue et responsable de l’un des pires bilans sur les droits de l’homme dans le monde. Le pays a une population dynamique, jeune dont la vie et les aspirations sont réprimées par un appareil de sécurité et des « lois » arbitraires destinées à protéger le Parti communiste des points de vue dissidents et d’une opposition organisée. Do Hoang Diem (Viet Tan)

Attention: un mur peu en cacher d’autres!

En ce 20e anniversaire de la Chute du mur de Berlin (qui est aussi le 71e de la Nuit de cristal) et Journée mondiale de la liberté institué en novembre 2001 par George Bush (à quand, à défaut d’un nouveau Nuremberg, une Journée commémorative pour les quelque 70millions de victimes?) …

Snobés par un nouveau chef de file du Monde libre trop occupé à dénigrer son propre pays (y compris pour ses… victoires!) et courtiser les tyrans de la planète, comme en témoigne l’annonce de sa rencontre avec les dictateurs birmans en fin de semaine …

Pendant que, dans les Etats policiers du Moyen-Orient et sous couvert d’une véritable orgie de critiques contre le seul « mur israélien », continuent plus que jamais tortures et exécutions extra-judiciaires comme purification religieuse contre les non-musulmans ou censure de toute référence au bouc émissaire sioniste jusqu’au Journal d’Anne Frank

Corruption généralisée, arrestations et détentions arbitraires (3 journalistes et 17 blogueurs), non-respect de la liberté de parole et d’expression, intimidation des militants pour la démocratie, restrictions sur l’indépendance des organisations religieuses et politiques, confiscations des biens de l’Eglise catholique, surveillance policière et harcèlement de l’église mennonite dans les zones des minorités ethniques, interdiction de créer un syndicat des travailleurs indépendant, mauvaises conditions de travail, bas salaires et traitements dégradants …

Retour sur ces autres murs qui, comme le rappelait tout récemment Guy Sorman, n’ont « plus besoin, avec les alternatives plus sophistiquées du contrôle des frontières et de la censure d’internet, d’être en béton » mais restent appuyés sur la force militaire et policière.

Et notamment, derrière les cas notoires des Chine, Corée du nord et Cuba, celui, « glissé sous le radar » après un début de libéralisation pendant que d’autres conflits occupaient les unes des médias, du Vietnam.

Que, malgré les efforts du Parti réformiste Viet Tan et après avoir payé pourtant de la vie de près de 60 000 de ses soldats, le Monde libre semble apparemment avoir décidé d’abandonner à son triste sort …

M. Obama, rendez le Vietnam libre!
Duy Hoang
Wall Street Journal
30 janvier 2009

La « douce » puissance Américaine peut inciter au changement démocratique.

Pour tous ceux qui ont regardé le discours d’investiture de Barack Obama la semaine dernière depuis un pays non libre, assurément l’une des phrases les plus remarquable a été : « Eh oui, à tous les autres peuples et gouvernements qui nous regardent aujourd’hui, […] sachez que l’Amérique est l’amie de chaque nation, de chaque homme, femme ou enfant qui cherche un avenir de paix et de dignité. Et nous sommes prêts à mener le mouvement une fois de plus. »

Le Vietnam serait l’endroit parfait pour commencer.

D’un point de vue purement stratégique, le Vietnam se trouve en plein milieu de l’Asie du Sud-Est, à côté de la Chine et de la Thaïlande, et en parallèle avec les importantes lignes maritimes de la mer de Chine méridionale. L’Amérique ne pourrait que se réjouir de voir s’instaurer là-bas un régime pacifique et démocratique. Dans une perspective plus large, l’un des plus importants faux pas de la politique étrangère de l’Amérique au 20e siècle a été l’abandon du Vietnam au Parti communiste. Les temps ont changé, mais pas le Vietnam qui dispose pourtant d’un potentiel d’ancrage économique dynamique et libéral en Asie du Sud-Est. En utilisant la puissance douce, les États-Unis disposent des moyens diplomatiques permettant d’aider le peuple vietnamien, et les intérêts américains.

Le Vietnam est prêt pour le changement. Le Vietnam n’est pas la Malaisie ou l’Indonésie, en proie à des conflits sectaires. Il n’est pas non plus comme la Chine, malgré les ressemblances superficielles des gouvernements communistes dans des pays de culture confucéenne, gouvernements qui ont essayé d’offrir à leur peuple la croissance économique en échange d’une allégeance politique.

Alors que les dirigeants chinois aspirent au statut de grande puissance, les communistes du Vietnam maintiennent une position de subordonné avec la Chine, en s’appuyant sur le soutien politique de Pékin. En conséquence, alors que le Parti communiste chinois peut manipuler les sentiments nationalistes pour asseoir son contrôle, le Parti communiste vietnamien doit tempérer le nationalisme de peur de voir son pouvoir menacé. Hanoi est déjà confronté à une facture élevée pour ses mauvaises politiques et ses échecs de la réforme. Les compagnies multinationales ne peuvent pas ignorer l’énorme marché chinois, mais elles peuvent se permettre de faire l’impasse sur le Vietnam si l’environnement devient trop difficile ou le système politique trop répressif.

Un autre facteur décisif est la relative homogénéité des attitudes et de la diaspora vietnamienne. Estimée à 1,5 millions de personnes aux États-Unis et à trois millions dans le monde, les Vietnamiens de l’étranger sont pour la plupart des boat people qui ont fui en tant que réfugiés politiques à partir de 1975. Avec un passé commun, nombreux sont ceux qui partagent l’espoir d’un Vietnam libre et démocratique pour l’avenir. Pendant ce temps, le Vietnam possède l’une des populations les plus pro-américaines dans le monde. Au Vietnam, le régime n’apprécie pas les États-Unis, mais « la rue » aime l’Amérique. Tant que la politique américaine reste concentrée sur la mobilisation de la population vietnamienne, elle peut s’appuyer sur un énorme réservoir de bonne volonté.

Ce qui ne veut pas dire que Washington doive enfreindre la loi pour renverser le régime de Hanoi. Les changements politiques, lorsqu’ils arrivent, devront être l’œuvre du peuple vietnamien. Mais si M. Obama veut encourager l’évolution politique au Vietnam, il a des outils à sa disposition qui pourraient avoir un impact important. L’outil le plus important est tout simplement le ton que Washington donne à ses relations avec Hanoi. Les responsables américains doivent clairement faire savoir que les États-Unis travailleront avec le régime dans la mesure où c’est le gouvernement actuel, mais que l’Amérique est d’abord et avant tout un partenaire du peuple vietnamien.

Les États-Unis pourraient commencer en se prononçant contre les arrestations arbitraires, l’intimidation des militants pour la démocratie et les restrictions sur l’indépendance des organisations religieuses et politiques. Pour que les États-Unis parlent d’une seule voix, toutes les administrations impliquées au Vietnam, comme le Département d’État, du Commerce et de la Défense doivent avoir des priorités cohérentes. Une politique plus forte des droits de l’homme exige aussi que l’administration se conforme à la lettre et à l’esprit de la Loi sur la Liberté Religieuse Internationale. L’administration Bush a fait une erreur lorsqu’elle a retiré le Vietnam de la liste des pays particulièrement préoccupants pour les violations de la liberté religieuse afin de faire avancer d’autres objectifs diplomatiques.

Les États-Unis devraient s’impliquer dans toutes les facettes de la société vietnamienne. L’éducation est un domaine clé. Les programmes pour que les jeunes vietnamiens puissent étudier dans les universités américaines devraient recevoir un financement accru. Dans le même temps, les opportunités doivent être créés pour des universitaires et des experts basés aux USA d’échanger des idées avec le public, au Vietnam, par exemple par le biais de forums organisés par l’ambassade américaine à Hanoi. Les discussions politico-militaires des USA avec le gouvernement vietnamien et le Programme International d’Entrainement et de Formation Militaire du Pentagone encourageront l’Armée populaire du Vietnam, non seulement à moderniser ses capacités opérationnelles, mais aussi à modifier sa manière de penser en termes d’équilibre des relations civiles et militaires pour se concentrer sur la mission fondamentale de l’armée – qui est de défendre le pays contre des menaces extérieures.

Les États-Unis peuvent également aider pour que le peuple vietnamien ait son mot à dire sur son propre avenir en soutenant la société civile. Les programmes dirigés par le gouvernement vietnamien et d’autres canaux officiels sur la santé, l’éducation, la micro finance ne constituent pas une solution à long terme. Les États-Unis peuvent soutenir des capacités locales en explorant toutes les possibilités de coopérer directement avec le secteur privé vietnamien, avec des individus et des organisations communautaires. Les États-Unis doivent établir le dialogue avec les organisations vietnamiennes pro-démocratie ainsi qu’avec des éléments favorables aux réformes au sein du régime. Le message des États-Unis devrait être : « Il appartient au peuple vietnamien de choisir son propre gouvernement. En tant qu’ami du Vietnam, nous sommes prêts à écouter tous ceux qui ont des vues constructives. »

En effet, la politique américaine doit répondre à l’enthousiasme pour le changement sur le terrain. S’appuyant sur l’expérience de l’Europe de l’Est et d’ailleurs, les États-Unis peuvent également contribuer à rassurer ceux qui sont au pouvoir que le changement ne doit pas être destructeur ni mener au chaos.

Les principales décisions de la politique des États-Unis envers le Vietnam depuis la normalisation des relations en 1995 – comme l’accord de commerce bilatéral et les relations commerciales normales permanentes – ont souvent été justifiées par leur effet à long terme favorisant une plus grande ouverture. Mais le long terme peut se situer très loin. Le choix de la politique de l’administration Obama n’est pas de savoir si le Vietnam libre est simplement un résultat souhaitable à long terme, mais s’il devrait être un objectif réel à plus court terme. En se tenant du côté du peuple vietnamien, les États-Unis ont la possibilité de transformer le Vietnam et, en définitive, une large région de l’Asie.

M. Hoang est un des dirigeants de Viet Tan aux États-Unis, un parti politique pro-démocratie et non autorisé au Vietnam.

Voir aussi:

Témoignage de Viet Tan sur la situation des droits de l’homme devant le Parlement australien
Do Hoang Diem
Viet Tan
19/03/2009

Exposé de M. Do Hoang Diem
Président de Viet Tan

Témoignage devant la Sous-Commmission des Droits de l’Homme,
la Commission permanente mixte des Affaires étrangères, de la Défense et du Commerce,

le Parlement d’Australie

Enquête sur les Mécanismes des Droits de l’Homme en Asie-Pacifique
19 mars 2009

***

Mesdames et messieurs,

Je vous remercie d’avoir invité Viet Tan (Parti pour la Réforme du Vietnam) à témoigner lors de cette audience publique d’aujourd’hui, dans le cadre de l’enquête sur les mécanismes des droits de l’homme en Asie-Pacifique. Viet Tan est un parti défenseur de la démocratie, actif au Vietnam bien qu’il y soit officiellement interdit. Notre objectif est d’améliorer la situation actuelle des droits de l’homme et de susciter un changement politique pacifique à travers le pouvoir du peuple vietnamien. Nous croyons qu’une société libre, non seulement est le meilleur moyen d’exploiter le vaste potentiel du pays et de son peuple, mais aussi constitue les fondations des mécanismes des droits de l’homme. En outre, un Vietnam démocratique peut être un pilier de prospérité et de stabilité dans la zone Asie-Pacifique.

Situation actuelle au Vietnam

Le Vietnam est gouverné par une dictature corrompue et responsable de l’un des pires bilans sur les droits de l’homme dans le monde. Le pays a une population dynamique, jeune dont la vie et les aspirations sont réprimées par un appareil de sécurité et des « lois » arbitraires destinées à protéger le Parti communiste des points de vue dissidents et d’une opposition organisée.

Je voudrais illustrer plusieurs sujets de préoccupation

1. Arrestation et détention arbitraires

Le gouvernement utilise des décrets ambiguës et des dispositions juridiques visant à criminaliser l’expression politique et à considérer une opposition légitime et pacifique comme attentant à la sécurité nationale. Usant de lois aussi puissantes, le gouvernement vietnamien a lancé une série de répressions que Human Rights Watch a qualifié de pire en 20 ans. Plus récemment, en septembre 2008, de nombreux militants pour la démocratie (dont Nguyen Xuan Nghia, Pham Thanh Nghien, Ngo Quynh, Vu Hung, Tran Duc Thach, Nguyen Van Tuc et Pham Van Troi) ont été arrêtés pour avoir distribué des tracts en faveur de la démocratie et pour avoir diffusé des slogans critiquant le gouvernement. Ils sont toujours détenus sans aucune accusation formelle. Dans le cas de Pham Thanh Nghien, bien qu’elle soit détenue depuis déjà six mois, sa famille n’a pas encore été autorisée à lui rendre visite. Sa santé serait en train de se détériorer.

2. Liberté de parole et d’expression

La constitution du Vietnam garantit la liberté d’expression et de la presse ; pourtant le gouvernement continue d’étouffer les journalistes indépendants d’esprit et Internet. Les autorités persécutent notamment ceux qui discutent de pluralisme politique ou qui s’interrogent sur les politiques concernant des questions sensibles comme la corruption impliquant des fonctionnaires du gouvernement ou des différends frontaliers avec la Chine. Par exemple deux journalistes, Nguyen Viet Chien et Nguyen Van Hai, respectivement des quotidiens Thanh Nien et Tuoi Tre, ont été arrêtés pour avoir exposé le scandale de corruption politique portant sur plusieurs millions de dollars et impliquant le détournement de fonds, les jeux de hasard et la prostitution au ministère des Transports (PMU-18) [1]. Ces hommes ont ensuite été jugés, condamnés et accusés d’avoir « abusé des libertés démocratiques ».

De même, ces derniers mois, les autorités ont lancé une campagne pour faire taire les militants sur Internet. Un blogueur bien connu, Dieu Cay, a été arrêté après avoir critiqué la politique du gouvernement sur les litiges territoriaux avec la Chine. Il a été condamné à 30 mois de prison pour « fraude fiscale » dans un procès qui a été condamné par la communauté internationale. Sa famille et ses collègues blogueurs ont été constamment harcelés et menacés.

Le gouvernement est même allé jusqu’à promulguer un nouveau décret en décembre 2008 interdisant aux blogueurs de publier des articles susceptibles d’être considérés comme « attentant à la sécurité nationale ». Ce nouveau décret impose aux fournisseurs internationaux de services Internet de fournir aux autorités des informations sur les utilisateurs privés.

3. Liberté religieuse

Toutes les organisations et pratiques religieuses au Vietnam doivent être officiellement enregistrées et reconnues par le gouvernement. L’Église Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV) est toujours hors-la-loi et son plus haut dirigeant, le Vénérable Thich Quang Do, a été soumis arbitrairement à la détention à domicile et au harcèlement depuis plus de trente ans.

L’Église catholique souffre encore de grandes restrictions. Toute nomination ou affectation de son clergé exige l’approbation du gouvernement. En septembre 2008, plusieurs grandes veillées de masse ont été effectuées par l’archevêque de Hanoï et la paroisse de Thaï Ha, avec parfois la présence de plus de 15 000 fidèles, veillées demandant la restitution des propriétés confisquées de l’Église. Huit de ces paroissiens ont été arrêtés puis condamnés.

Mais plus opprimée encore est l’Église mennonite, là où ses adeptes appartiennent principalement à des minorités ethniques vivant dans les Hauts Plateaux du centre du Vietnam. Un des dirigeants de l’Église, le pasteur Nguyen Hong Quang a été maintes fois arrêté et emprisonné pour avoir exercé sans autorisation officielle. Lui et ses collègues font actuellement l’objet d’une surveillance policière et de harcèlement.

4. Droits des travailleurs

Il n’y a pas de syndicat des travailleurs indépendant reconnu au Vietnam. Il est interdit aux travailleurs de former un tel syndicat ou d’y adhérer.

Le seul syndicat qui existe est un organe de l’État appelé Confédération Générale du Travail du Vietnam, qui répond directement au Parti communiste vietnamien. En raison de cette antinomie, les droits des travailleurs sont souvent violés et négligés. Ces dernières années, des grèves à grande échelle ont eu lieu dans tout le pays en raison de mauvaises conditions de travail, de bas salaires et de traitements dégradants. Des milliers de travailleurs ont participé à ces grèves et de nombreux chefs de file de ces grèves ont été arrêtés et emprisonnés. Selon la loi vietnamienne, les grèves sans autorisation du gouvernement sont considérées comme illicites ; par conséquent, les travailleurs eux-mêmes prennent souvent un risque important d’être persécutés par les autorités et licenciés par leur employeur. L’agitation dans le monde du travail reflète les difficultés économiques et le mécontentement social. Le contrôle étroit des travailleurs exercé par le gouvernement et les restrictions au droit de grève enfreignent gravement le Code du travail.

Recommandations

1. Dialogue sur les droits de l’homme

Le dialogue Australie-Vietnam sur les droits de l’homme peut être un mécanisme efficace pour encourager une plus grande liberté politique au Vietnam. Pour accroître son efficacité, nous suggérons un renforcement des programmes concrets. Les programmes devraient en particulier se concentrer sur la promotion de la liberté des médias, de la libre utilisation d’Internet et de la liberté d’association. Toute aide financière pour ces projets doit avoir des repères clairs ; Il faut que soient documentés clairement des objectifs précis ainsi que les progrès effectués. Les résultats doivent être communiqués à la Commission permanente mixte et être transparents de telle sorte que le public puisse les étudier.

2. Soutien parlementaire pour le changement démocratique

Alors qu’est nécessaire l’institution de mécanismes de prévention et de réparation des violations des droits de l’homme, il importe également de promouvoir la démocratie car elle contribue à garantir ces mécanismes dans le long terme. Un système autoritaire à parti unique est un terrain fertile pour les violations des droits de l’homme. Nous pensons que la solution aux droits de l’homme est une société démocratique où les citoyens ont le droit de faire des choix politiques et de tenir le gouvernement pour responsable de ses actions. Le parlement australien peut soutenir le peuple du Vietnam et d’autres peuples réprimés en critiquant les persécutions, en discutant avec la société civile et les groupes démocratiques, en continuant à pousser au changement le régime actuel.

3. Commission des droits de l’homme de l’ ASEAN [2]

Nous appuyons fermement l’initiative du Groupe de Travail pour un Mécanisme des Droits de l’Homme de l’ASEAN de former une commission intergouvernementale des droits de l’homme. Nous recommandons que tous les États membres de l’ ASEAN soient automatiquement membres de cette commission et soient ainsi tenus de respecter les normes internationales des droits de l’homme. La Commission agira comme un organe de contrôle veillant à ce que les plaintes puissent être entendues et que ses recommandations soient mises en œuvre. Nous préconisons aussi que la Commission des droits de l’ASEAN puisse recommander une Cour qui, dans certaines circonstances pourrait prendre une décision collective à valeur contraignante. Bien que l’Australie ne soit pas membre de l’ASEAN, avec sa longue histoire d’une étroite relation de travail et d’un engagement dans la région, nous pensons que l’Australie peut engager un dialogue avec l’ASEAN et le Forum Asie-Pacifique afin de faire progresser la protection des droits de l’homme dans la région.

Voir également:

Appel pour faire cesser les pratiques arbitraires au Vietnam
Appel à l’Organisation des Nations Unies et aux pays concernés pour mettre fin aux pratiques arbitraires du gouvernement du Vietnam
Viet Tan
16/10/2009

À l’attention de :

* Le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, Ban Ki-moon
* Les dirigeants des nations démocratiques
* Les organisations internationales de défense des droits de l’homme

Nous, soussignés, familles des patriotes vietnamiens suivants :

* L’écrivain Nguyen Xuan Nghia
* L’enseignant Vu Hung
* L’ingénieur Pham Van Troi
* L’étudiant Ngo Quynh
* M. Nguyen Van Tinh
* M. Nguyen Van Tuc
* M. Nguyen Kim Nhan

Nos proches ont été arrêtés en septembre 2008 simplement pour avoir parlé de la souveraineté territoriale du Vietnam, de la lutte contre la corruption, de la démocratie et des droits de l’homme. Pendant quatre jours, du 6 au 10 octobre 2009, ils ont été jugés et condamnés pour « propagande contre l’État socialiste » au sens de l’article 88 du code pénal vietnamien et condamnés à de sévères peines d’emprisonnement.

Par cette lettre, nous tenons à remercier sincèrement les pays et les organisations qui ont manifesté leurs préoccupations pour nos proches, cherché des informations sur leur situation, et envoyé des représentants pour assister et de comprendre de visu comment les tribunaux fonctionnent actuellement au Vietnam. Par cette lettre, nous dénonçons également l’arbitraire dans les mécanismes juridiques et les conditions de détention inhumaines au Vietnam.

1. La nature inhumaine de la détention et les procédures juridiques au Vietnam.

Tout au long de la période de détention provisoire de nos proches, les autorités ont créé toutes sortes de difficultés pour qu’ils ne puissent pas bénéficier de visites ni de soins. Dans le cas de l’enseignant Vu Hung, sa famille n’a été autorisée à lui rendre visite durant une année entière. Concernant M. Nguyen Van Tinh, les autorités ont interdit à sa famille de lui rendre visite, même en sachant qu’il était gravement malade.

Les autorités ont déclaré que les procès seraient ouverts au public. Cependant, aux procès de Vu Hung et Pham Van Troi à Hanoi, seuls deux membres de leurs familles respectives ont été autorisés à être présents. Lors du procès des six autres personnes à Hai Phong, chaque prévenu n’avait le droit d’avoir un seul membre de la famille dans la salle d’audience. Pourtant, les salles d’audience étaient pleines de gens dont nous croyons fermement qu’ils étaient des policiers en civil se faisant passer pour des citoyens lambda. Entre-temps, à l’extérieur du tribunal, une centaine de sympathisants et amis n’est pas seulement privée du procès, mais a également été intimidée et dispersée par les forces de la Sécurité Publique.

2. Les raisons arbitraires données par le tribunal pour condamner nos proches sont écrites nulle part dans la loi vietnamienne.

Lors des procès, le parquet a fourni les pièces à convictions suivantes :

* Des banderoles disant que Hoang Sa (Paracel) et Truong Sa (Spratly) sont des îles vietnamiennes, appelant à tous les citoyens de combattre la corruption, demandant la démocratie et des droits de l’homme pour le Vietnam.
* Les articles diffusés sur Internet critiquant la corruption et réclamant la justice pour les victimes d’agressions physiques dont la Sécurité Publique a non seulement échoué à prévenir, mais qui ont sciemment dissimulé.

Sur la base des éléments ci-dessus, nous demandons sincèrement votre soutien et vous demandons de prendre contact avec le gouvernement et les tribunaux du Vietnam afin de clarifier les questions suivantes :

* Est-ce que le patriotisme et l’affirmation de la souveraineté territoriale sont des crimes et, si oui, en vertu de quels articles de la constitution vietnamienne et du code pénal ?
* Est-ce que protester contre la corruption et parler au nom des personnes défavorisées sont des crimes et, si oui, en vertu de quels articles de la constitution vietnamienne et du code pénal ?
* Est-ce qu’utiliser Internet pour diffuser et recevoir des informations est un crime et, si oui, en vertu de quels articles de la constitution vietnamienne et du code pénal ?

En devenant volontairement membre de l’Organisation des Nations Unies et de l’Organisation Mondiale du Commerce, le Vietnam doit respecter les lois relatives aux droits de l’homme. En particulier, l’article 19 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme déclare que les citoyens de tous les pays ont le « droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières » et l’article 9 de la Déclaration stipule que : « Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé ».

Nous condamnons les sentences injustes rendues par les tribunaux vietnamiens sur nos proches. Nous prions instamment le Secrétaire général de l’ONU et les chefs d’Etat d’intervenir directement auprès de Nguyen Minh Triet, Président de la République Socialiste du Vietnam, et demandons au gouvernement vietnamien de respecter les droits de l’homme, mettre fin aux pratiques judiciaires arbitraires, et de libérer immédiatement notre proches.

Nous vous remercions pour votre attention.

Signés conjointement,

1. Nguyen Thi Nga, épouse de Nguyen Xuan Nghia, Hai Phong, Viet Nam
2. Ly Thi Tuyet Mai, épouse de Vu Hung, Ha Tay, Viet Nam
3. Nguyen Thi Huyen Trang, épouse de Pham Van Troi, Ha Tay, Viet Nam
4. Ngo Quyen, frère de Ngo Quynh, Bac Giang, Viet Nam
5. Duong Thi Hai, épouse de Nguyen Van Tinh, Hai Phong, Viet Nam
6. Bui Thi Re, épouse de Nguyen Van Tuc, Thai Binh, Viet Nam
7. Ngo Thi Loc, épouse de Nguyen Kim Nhan, Bac Giang, Viet Nam

Voir par ailleurs:

Viêt-nam
RSF
le 7 février 2008

Les élections législatives de mai 2007 ont été l’occasion pour le parti unique de rappeler que l’opposition n’avait pas le droit d’exister. Dans certains quartiers d’Hô Chi Minh-Ville, le taux de participation s’est élevé à 100%, et aucun candidat indépendant n’a été élu. La presse a été contrainte de s’enthousiasmer pour ces élections jouées d’avance.

Répondant à une question d’un journaliste européen sur la situation des droits de l’homme, le président Nguyen Minh Triet a déclaré en mai : « Peut-être qu’il est difficile pour vous de comprendre l’amour que nous avons pour les gens, et l’amour que nous avons pour les droits de l’homme. Mais les gens qui violent la loi doivent être poursuivis. » Quelques semaines auparavant, le père Nguyen Van Ly, responsable de la revue dissidente Tu do Ngôn luan, et quatre de ses collaborateurs, avaient été condamnés à de lourdes peines de prison à l’issue d’un procès expéditif. Ils avaient été reconnus coupables de « propagande contre la République socialiste du Viêt-nam ».

Des procès staliniens contre les dissidents

Le procès du père Nguyen Van Ly et ses quatre coaccusés n’a duré qu’un peu plus de trois heures. Affaibli par une grève de la faim, le prêtre a refusé de se lever pour énoncer son nom devant le juge du tribunal populaire de Hué (Centre). Après avoir entendu sa condamnation à huit ans de prison, il a crié : « A bas le Parti communiste du Viêt-nam ! » Condamné à six ans de prison, son collègue Nguyen Phong a déclaré face au juge : « Pour la nation vietnamienne, je continuerai à me battre pour les valeurs de liberté et de démocratie. » Nguyen Binh Thanh, condamné à cinq ans de prison, s’est défendu en affirmant qu’il n’avait fait qu’agir dans le respect des « lois internationales ». Hoang Thi Anh Dao et Le Thi Le Hang ont été condamnées à un an et demi de prison avec sursis.

Arrêté en février, le père Nguyen Van Ly est l’un des responsables du magazine clandestin Tu do Ngôn luan (Liberté d’expression), publié à Hué. En 2007, deux autres animateurs de la revue, le père Chan Tin et le père Phan Van Loi, ont été placés en résidence surveillée. Le magazine a continué à être diffusé à l’étranger et, sous le manteau, au Viêt-nam.

Le retour des « tribunaux populaires »

Les autorités ont de nouveau mobilisé les « tribunaux populaires » pour intimider les dissidents. Les habitants des quartiers sont alors invités à s’exprimer devant la cour pour dénoncer et condamner un accusé. En août, Nguyen Khac Toan, rédacteur en chef adjoint de la publication dissidente en ligne Tu Do Dân Chu (Liberté et démocratie), a été jugé devant l’un de ces tribunaux à Hanoi. Une dizaine de cadres du Parti et des policiers l’ont accusé d’avoir incité des paysans à manifester dans la capitale, avant de recommander de l’envoyer dans un camp de rééducation pour l’ »écarter de la société ». Ce procès s’est fait en parallèle d’une campagne de presse contre lui, l’accusant d’être un « opportuniste politique démasqué ».

En février déjà, l’avocat de plusieurs dissidents emprisonnés, Nguyen Van Dai, avait dû affronter une « tribunal populaire » du district de Bach Khoa, accusé d’avoir « trahi son pays ». Les « juges » avaient exigé que son droit d’exercer son métier d’avocat lui soit retiré et que son cabinet soit fermé.

Les autorités sont allées bien au-delà des recommandations du peuple, puisqu’en mars, Nguyen Van Dai, également animateur du blog nguyenvandai.rsfblog.org, et une autre avocate, Le Thi Cong Nhan, ont été arrêtés à Hanoi. Leur détention ayant été critiquée à l’étranger, les forces de sécurité ont ordonné à leurs familles de ne plus s’exprimer publiquement par l’intermédiaire des médias étrangers. En mai, les deux avocats ont été condamnés respectivement à cinq et quatre ans de prison en vertu de l’article 88 du code pénal.

Les dissidents Le Nguyen Sang, médecin, Huynh Nguyen Dao, journaliste, et Nguyen Bac Truyen, tous membres du Parti populaire démocratique (interdit) ont également été condamnés à des peines de prison par un tribunal de Hô Chi Minh-ville. Ils étaient accusés d’avoir publié des documents hostiles au régime par le biais d’Internet. Tran Quoc Hien, porte-parole de l’Union des ouvriers et des paysans (United Workers-Farmers Organization, illégale), a quant à lui été arrêté en janvier pour « propagande contre le régime ». Il avait diffusé sur Internet de nombreuses informations sur la situation des travailleurs vietnamiens.

Une journaliste française détenue pour « terrorisme »

« Entre quatre murs, j’étais angoissée car je n’arrivais pas à imaginer une issue à cette situation. Il n’y a jamais eu de violence contre moi, mais j’étais interrogée tous les jours, sauf le dimanche, pendant une ou deux heures, par des policiers. Ils essayaient de me déstabiliser. C’était une forme de terreur morale », a raconté la journaliste d’opposition Nguyen Thi Thanh Van, détenue du 17 novembre au 12 décembre à Hô Chi Minh-Ville. Munie de son passeport français, elle était entrée au Viêt-nam afin de faire la promotion de la radio Chan Troi Moi (Nouvel Horizon), proche du parti d’opposition Viet Tan, et réaliser des interviews de dissidents.

Cette affaire a illustré l’hostilité affichée des autorités vis-à-vis des radios internationales qui émettent en vietnamien. En décembre, quatre syndicalistes ont été jetés en prison pour avoir communiqué des informations à Radio Free Asia. Tandis que l’ambassade du Viêt-nam a menacé à plusieurs reprises des journalistes de Radio France Internationale, privant certains de visas.

Les journaux libéraux, notamment Tuoi Tre (La Jeunesse), ont tenté de repousser les limites de la censure officielle. Mais le gouvernement s’est appuyé sur une législation répressive pour rappeler à l’ordre les plus téméraires. Une loi adoptée en 2006 prévoit des amendes et des suspensions de licence pour les médias et les journalistes qui diffament et mettent en cause le « prestige de l’Etat ».

La presse officielle, qui compte plus d’une centaine de radios et de télévisions, autant de sites Internet et près de 600 publications, n’a pas profité en 2007 des espaces de débat ouverts en 2006 pendant la préparation du Congrès du Parti communiste. Au contraire, les médias, notamment les journaux du Parti, Nhân Dân (Le Peuple), et de la police, An Ninh Thu Do (La sécurité de la capitale), ont été mobilisés pour dénoncer les « agitateurs et les terroristes » de l’intérieur et de l’extérieur. Certains gouvernements étrangers et des organisations internationales, comme Reporters sans frontières, ont été accusés de soutenir les ennemis du régime.

Internet a fêté ses dix ans d’existence au Viêt-nam

En 2007, le pays a connu sa vague de répression la plus forte depuis 2002. En une semaine, six cyberdissidents ont été condamnés à des peines de prison allant de trois à cinq ans. Depuis qu’il est devenu le 150e membre de l’Organisation mondiale du commerce, le Viêt-nam a adopté un comportement contraire à celui qu’il avait montré à la communauté internationale avant son intégration. Il est l’un des pays les plus autoritaires de la planète et suit scrupuleusement le modèle chinois en matière d’atteinte à la liberté d’expression sur Internet. Au 1er janvier 2008, huit cyberdissidents étaient derrière les barreaux pour avoir usé de leur droit d’expression sur le Web.

En septembre, la police et le ministère de la Culture ont ordonné au site Intellasia.com de « fermer ». Animée par un Australien et spécialisée dans l’information économique, Intellasia.com diffusait des articles politiques sur le Viêt-nam.

Voir de plus:

Viêt-nam
166 sur 175 dans le dernier classement mondial

A l’exception des publications dissidentes qui circulent sous le manteau et sur le Web, il n’existe pas de médias indépendants dans le pays. La presse écrite, la télévision et les radios sont toutes contrôlées par les autorités de Hanoi. Pour autant, la presse poursuit sa modernisation et tente de repousser les limites de la censure. Une dizaine de journalistes et cyberdissidents sont actuellement emprisonnés.

En 2008, le gouvernement a donné un coup d’arrêt à l’émancipation progressive de la presse réformiste. Deux journalistes d’investigation des journaux Thanh Niên et Tuoi Tré ont été jugés pour avoir révélé une affaire de corruption retentissante. L’un d’eux a été condamné à deux ans de prison pour « abus des libertés démocratiques pour enfreindre les intérêts de l’Etat ». Il n’a été libéré début 2009 qu’en raison de fortes protestations internationales.

Ce procès s’est accompagné d’une purge au sein des médias les plus ouverts. Résultat : « Ces médias ont perdu leur ton mordant. Nous sommes revenus dix ans en arrière », estime un journaliste vietnamien.

La concurrence s’accentue entre les principales rédactions, bien que les médias restent placés sous l’autorité de leur institution de tutelle : le Parti communiste, l’armée, l’agence de presse officielle ou les municipalités, selon le cas. Mais les journalistes, notamment ceux issus de la jeune génération, de mieux en mieux formée, s’écartent de temps en temps des directives éditoriales du parti unique. Le média le plus libre est sans conteste le site VietnamNet qui ose encore soulever des questions embarrassantes.

Les radios nationales, contrôlées par le cabinet du Premier ministre et par le comité central du Parti communiste, sont très écoutées, tout comme les programmes en vietnamien des radios internationales (BBC, RFI). Ces dernières ne peuvent malheureusement être captées qu’en ondes moyennes ou courtes, car le gouvernement refuse de leur accorder des licences en modulation de fréquence, sans aucun doute afin de limiter leur audience.

Par ailleurs, la police politique mène une lutte implacable contre les mouvements d’opposition et les publications dissidentes. Début 2009, deux journalistes et sept cyberdissidents étaient emprisonnés. Ainsi, le père Nguyen Van Ly, responsable de la revue dissidente Tu do Ngôn luan, a été condamné à huit ans de prison pour « propagande contre la République socialiste du Viêt-nam ».

La police utilise également les « tribunaux populaires » pour intimider les dissidents. Les habitants des quartiers sont alors invités à s’exprimer devant la cour pour dénoncer et condamner un accusé. Une justice d’un autre âge, qui fait fi du droit à la défense, sans parler d’équité.

Les autorités surveillent le Web, très populaire dans le pays. L’accès aux sites jugés « réactionnaires », particulièrement ceux des dissidents réfugiés à l’étranger, est bloqué. Depuis 2002, une trentaine de cyberdissidents ont été arrêtés. L’un d’entre eux a été condamné à 12 ans de prison. En janvier 2009, le gouvernement a adopté la “Circulaire n°7” qui interdit les contenus politiques sur les blogs. Et la cyberpolice est chargée de renforcer la surveillance. Le défenseur des droits de l’homme Nguyen Hoaong Hai, surnommé Dieu Cay, en fait les frais. Il a été condamné à deux ans et demi de prison, après avoir notamment créé le Free Vietnamese Journalists Club, regroupant des blogueurs indépendants.

En plus des « organes d’Etat », notamment Le Peuple, quotidien du Parti communiste, on compte plus de 600 titres. Mais ils sont tous susceptibles d’être sanctionnés pour « violation grave de la loi sur la presse ». C’est le cas du magazine Du Lich, un organe de la direction du tourisme, suspendu pendant trois mois pour avoir publié des articles traitant des îles Paracels et Spratleys, objet d’un important contentieux territorial avec la Chine.

Répondant à une question d’un journaliste européen sur la situation des droits de l’homme, le président Nguyen Minh Triet a déclaré en mai 2008 : « Peut-être qu’il est difficile pour vous de comprendre l’amour que nous avons pour les gens, et l’amour que nous avons pour les droits de l’homme. Mais les gens qui violent la loi doivent être poursuivis. »

Voir encore:

Le nerf de la paix

Discours prononcé à Fulton

5 mars 1946

[Le discours prononcé par Winston Churchill, le 5 mars 1946 (quelques mois après la défaite électorale du parti conservateur en juillet 1945, au lendemain de la victoire) au Westminster College, de Fulton (Missouri), en présence du président Truman, est resté célèbre par la dénonciation du « Rideau de fer » qui partage l’Europe de Stettin à Trieste. Mais ce discours énonce aussi l’idée d’une « relations spéciale » entre les peuples anglophones, et un plus vaste programme d’organisation du monde sous le titre « The Sinews of Peace » que nous avons traduit par « Le nerf de la paix ».

Le texte original du discours se trouve à l’adresse suivante http://www.britannia.com/history/docs/sinews1.html%5D

M. le président McCluer,

Mesdames et Messieurs,

et le dernier, mais non le moindre, Monsieur le président des États-Unis d’Amérique,

Je suis heureux d’être à Westminster College cet après-midi, et je suis flatté qu’une institution à la réputation aussi solidement établie souhaite me conférer un doctorat honoris causa.

Le nom de « Westminster » m’est quelque peu familier. Il me semble l’avoir déjà entendu. En effet, c’est à Westminster que j’ai reçu une très grande partie de mon éducation en politique, en dialectique, en rhétorique et dans une ou deux autres matières encore. En fait, en matière d’éducation, ce sont deux institutions identiques, ou similaires, ou du moins analogues.

C’est également un honneur, Mesdames et Messieurs, et un honneur peut-être quasiment unique, pour un visiteur privé d’être présenté à une audience académique par le président des États-Unis. Au milieu de ses lourdes charges, tâches et responsabilités – qu’il n’a pas recherchées, mais devant lesquelles il ne recule pas – le Président a fait ce voyage de plus de mille kilomètres pour honorer et rehausser notre réunion d’aujourd’hui, qui me donne l’occasion de m’adresser à cette nation alliée, ainsi qu’à mes compatriotes au-delà de l’océan et peut-être à quelques autres pays encore. Le Président vous a dit que c’est son voeu et je suis sûr que c’est aussi le vôtre, que j’aie toute liberté d’exprimer mon opinion honnête et loyale en ces temps d’anxiété et de déroute. Je vais bien évidemment user de cette liberté, d’autant plus que toutes les ambitions personnelles que j’ai pu caresser dans ma jeunesse ont été satisfaites au-delà de mes rêves les plus audacieux. Permettez-moi toutefois de préciser clairement que je n’ai aucune mission ni aucune habilitation officielles quelles qu’elles soient et que je parle uniquement en mon nom personnel. Il n’y a rien d’autre ici que ce que vous voyez.

C’est pourquoi, fort de l’expérience de toute une vie, je puis permettre à mon esprit de s’attarder sur les problèmes qui nous accablent au lendemain de notre victoire absolue par les armes et tenter, de toutes mes forces, de faire en sorte que ce qui a été gagné au prix de tant de sacrifices et de souffrances soit préservé pour la gloire et la sécurité futures de l’humanité.

Les États-Unis, Mesdames et Messieurs, sont actuellement au pinacle de la puissance mondiale. C’est un moment solennel pour la démocratie américaine car la primauté en matière de puissance s’accompagne aussi d’une responsabilité redoutable pour l’avenir. En regardant autour de vous, vous devez éprouver non seulement le sentiment du devoir accompli, mais également la crainte de tomber en-dessous du niveau atteint. Une chance s’ouvre ici à nos deux pays, claire et lumineuse. Si nous la rejetons, si nous l’ignorons ou si nous la gaspillons, nous attirerons sur nous tous les longs reproches des générations futures. Il faut que la fermeté d’esprit, la persistance de l’intention et une grande simplicité de décision guident et régissent la conduite des peuples anglophones en temps de paix comme elles l’ont fait en temps de guerre. Nous devons, et je suis sûr que nous le ferons, nous montrer à la hauteur de cette lourde exigence.

Président McCluer, lorsque les militaires américains abordent une situation sérieuse, ils ont coutume d’écrire au-dessus de leur directive les mots « concept stratégique global ». Il y a de la sagesse dans cette attitude car elle mène à la clarté d’esprit. Quel est donc notre concept stratégique global aujourd’hui ? Ce n’est rien de moins que la sécurité et le bien-être, la liberté et le progrès pour les foyers et les familles, pour tous les hommes et toutes les femmes dans tous les pays. Je pense tout particulièrement ici à la myriade de petites maisons et d’appartements où les salariés s’efforcent au milieu des vicissitudes et des difficultés de la vie de préserver leurs épouses et leurs enfants des privations et d’élever leur famille dans la crainte du Seigneur ou selon des conceptions éthiques dont le rôle est souvent important.

Pour assurer la sécurité de ces innombrables foyers, il faut les protéger contre les deux affreux maraudeurs que sont la guerre et la tyrannie. Nous connaissons tous les effroyables bouleversements qui accablent une famille ordinaire lorsque la malédiction de la guerre frappe le père de famille et ceux pour qui il travaille et peine. Les terribles destructions qui se sont abattues sur l’Europe, avec toutes ses gloires anéanties, et sur de vastes parties de l’Asie nous saute aux yeux. Lorsque les desseins conçus par des hommes frappés de folie ou les envies agressives d’États puissants rompent sur de vastes étendues le cadre de la société civilisée, les gens humbles sont confrontés à des difficultés auxquelles ils ne peuvent pas faire face. Pour eux, tout est déformé, tout est cassé et même réduit en bouillie.

Je me tiens ici, devant vous, en cet après-midi paisible et je frémis en pensant à ce que vivent des millions d’hommes maintenant et à ce qui va leur arriver lorsque la famine régnera sur la terre. Nul ne peut évaluer ce qui a été appelé « la somme inestimable de la douleur humaine ». Notre tâche et notre devoir suprêmes exigent que nous préservions les foyers des gens humbles des horreurs et des misères d’une nouvelle guerre. Nous sommes tous d’accord là-dessus.

Après avoir proclamé leur « concept stratégique global » et évalué les ressources disponibles, nos collègues militaires américains passent toujours à l’étape suivante, à savoir la méthode. Là encore, nous sommes largement d’accord. Une organisation mondiale a déjà été instaurée, dont la mission première est d’empêcher la guerre. L’ONU, qui succède à la Société des Nations, avec l’adhésion déterminante des États-Unis et tout ce que cela implique, a déjà commencé à travailler. Nous devons faire en sorte que son travail porte des fruits, qu’elle soit une réalité et non une fiction, qu’elle soit une force tournée vers l’action et non seulement un flot de paroles creuses, qu’elle soit un vrai temple de la paix où pourront un jour être suspendus les boucliers de beaucoup de nations, et non seulement un poste de contrôle dans une tour de Babel. Avant de nous défaire de nos armements nationaux, qui constituent une assurance solide pour notre sécurité, nous devons être sûrs que notre temple a été construit non pas sur des sables mouvants ou des bourbiers, mais sur du roc. Il suffit d’ouvrir les yeux pour voir que notre sentier sera ardu et long, mais si nous persévérons ensemble, comme nous l’avons fait dans les deux Guerres mondiales – mais non pas, hélas, dans l’intervalle qui les a séparées -, je ne doute pas que nous finirons par accomplir notre mission commune.

Je tiens à faire, à cet égard, une proposition d’action précise et concrète. Nous avons beau instituer des tribunaux et des magistrats, ils ne pourront pas fonctionner sans police. L’Organisation des Nations unies doit être équipée dès le départ d’une force armée internationale. Nous ne pouvons avancer ici qu’à petits pas mais nous devons commencer tout de suite. Je propose que chaque Puissance et chaque État soit invité à déléguer un certain nombre d’escadrilles aériennes au service de l’organisation mondiale. Ces escadrilles pourraient être entraînées et préparées dans leur propre pays mais se déplaceraient par voie de rotation d’un pays à l’autre. Elles porteraient l’uniforme de leur propre pays mais avec des insignes différents. Elles ne seraient pas appelées à intervenir contre leur propre nation mais pour le reste elles seraient sous les ordres de l’organisation mondiale. Cette initiative pourrait commencer à petite échelle et s’étendre à mesure que grandira la confiance. J’aurais voulu déjà qu’elle soit prise après la Première Guerre mondiale et je suis fermement convaincu qu’elle pourra l’être maintenant.

Il serait cependant erroné et imprudent, Mesdames et Messieurs, de confier le secret de la connaissance ou de l’expérience de la bombe atomique, que partagent désormais les États-Unis, la Grande-Bretagne et le Canada, à une organisation mondiale encore dans l’enfance. Ce serait folie criminelle que de le divulguer dans ce monde toujours agité et désuni. Personne, dans aucun pays, n’a vu son sommeil troublé en sachant que cette connaissance ainsi que la méthode et les matières premières nécessaires pour la mettre en pratique se trouvent aujourd’hui essentiellement entre les mains de l’Amérique. Je ne pense pas que nous aurions tous dormi si profondément si la situation avait été renversée et qu’un État communiste ou néofasciste détenait actuellement le monopole de ces porteurs de terreur. La seule peur qu’ils inspirent aurait très bien pu suffire pour imposer des systèmes totalitaires sur le monde démocratique libre, avec des conséquences terrifiantes pour l’imagination des hommes. Dieu a voulu qu’il n’en soit rien et nous disposons au moins d’un répit pour mettre de l’ordre dans notre maison avant que nous ayons à affronter ce péril : même alors, si nous ne ménageons pas nos efforts, notre supériorité devrait être telle qu’elle empêchera efficacement les autres de s’en servir ou de menacer de s’en servir. Lorsque enfin la fraternité profonde entre les hommes sera réellement ancrée et exprimée dans une organisation mondiale, avec toutes les mesures de sauvegarde concrètes qui seront nécessaires pour la rendre efficace, ces pouvoirs seront naturellement confiés à cette organisation mondiale.

J’en arrive maintenant au second danger qui menace les maisons, les foyers et les gens humbles, à savoir la tyrannie. Nous ne pouvons fermer les yeux devant le fait que les libertés dont jouit chaque citoyen partout aux États-Unis et partout dans l’Empire britannique n’existent pas dans un nombre considérable de pays, dont certains sont très puissants. Dans ces États un contrôle est imposé à tout le monde par différentes sortes d’administrations policières toutes puissantes. Le pouvoir de l’État est exercé sans restriction, soit par des dictateurs, soit par des oligarchies compactes qui agissent par l’entremise d’un parti privilégié et d’une police politique. A un moment où les difficultés sont si nombreuses, notre devoir n’est pas d’intervenir par la force dans les affaires intérieures de pays que nous n’avons pas conquis pendant la guerre. Toutefois nous ne devons jamais cesser de proclamer sans peur les grands principes de la liberté et les droits de l’homme, qui sont l’héritage commun du monde anglophone et qui, en passant par la Grande Charte, la Déclaration des Droits, le Habeas Corpus, les jugements par un jury et le droit civil anglais trouvent leur plus célèbre expression dans la Déclaration d’Indépendance américaine.

Tout cela signifie que les populations de n’importe quel pays ont le droit et devraient avoir la possibilité, constitutionnellement garantie, de choisir ou de changer le caractère ou la forme du gouvernement sous lequel elles vivent, au scrutin secret, dans des élections libres et sans entraves ; cela signifie qu’il faudrait que règne la liberté de parole et de pensée ; que les tribunaux, indépendants du pouvoir exécutif et impartiaux devraient appliquer les lois qui ont reçu l’assentiment massif de larges majorités ou qui ont été consacrées par le temps et par l’usage. Voilà les titres de liberté que l’on devrait trouver dans chaque foyer. Voilà le message que les peuples britannique et américain adressent à l’humanité. Prêchons ce que nous pratiquons ; pratiquons ce que nous prêchons.

J’ai exposé maintenant les deux grands dangers qui menacent les foyers des gens : la guerre et la tyrannie. Je n’ai pas encore parlé de la pauvreté, ni des privations qui sont souvent le principal sujet d’anxiété. Mais si les dangers de la guerre et de la tyrannie sont écartés, il n’y a pas de doute que la science et la coopération pourront apporter d’ici quelques années et certainement au cours des prochaines décennies, au monde qui vient de tirer les leçons de l’école de la guerre, une expansion de son bien-être matériel au-delà de tout ce que l’humanité a connu jusqu’à présent.

Aujourd’hui, en ce moment triste et étouffant, nous sommes plongés dans la famine et la détresse qui sont les conséquences de notre formidable résistance ; mais cela passera, cela passera peut-être rapidement et rien, sauf la folie humaine ou le crime indigne des hommes, ne devrait empêcher une nation d’inaugurer et de jouir d’une ère de plénitude. J’ai souvent employé des expressions que j’ai apprises il y a cinquante ans d’un grand orateur irlando-américain, mon ami Bourke Cockran. « Il y a assez pour tous. La terre est une mère généreuse ; elle fournira, en abondance de la nourriture pour tous ses enfants, à condition seulement qu’ils cultivent son sol dans la justice et dans la paix ». Jusqu’ici je sens que nous sommes tout à fait d’accord.

Tout en continuant de rechercher le moyen de réaliser notre concept stratégique global, j’en arrive maintenant au point crucial de ce que je suis venu vous dire ici. Ni la prévention certaine d’une guerre, ni la montée continue de l’organisation mondiale ne seront acquises sans ce que j’ai appelé l’association fraternelle des peuples anglophones. Cela implique une relation particulière entre le Commonwealth et l’Empire britanniques d’une part et les États-Unis d’autre part. Ce n’est pas le moment de faire des généralités et je vais m’efforcer d’être précis. Une association fraternelle exige non seulement une amitié croissante et une compréhension mutuelle entre nos deux systèmes de société vastes mais analogues, mais également la continuation des relations étroites entre nos conseillers militaires, menant à l’étude commune de dangers potentiels, à la similitude de nos armements et de nos manuels d’instruction ainsi qu’à l’échange d’officiers et de cadets dans les hautes écoles techniques. Elle devrait comprendre la continuation des efforts actuels en faveur de la sécurité mutuelle par l’utilisation commune de toutes les bases militaires navales et aériennes qu’un de nos pays possède, partout dans le monde. Une telle association permettrait peut-être de doubler la mobilité des forces navales et aériennes américaines. Elle augmenterait sensiblement celle des forces de l’Empire britannique et mènerait très probablement, au fur et à mesure que le monde se calmera, à d’importantes économies financières. Nous utilisons d’ores et déjà ensemble un grand nombre d’îles ; d’autres encore pourront très bien être confiées à notre sollicitude commune dans un proche avenir.

Les États-Unis ont déjà conclu un accord de défense permanent avec le Dominion du Canada, très attaché au Commonwealth et à l’Empire britanniques. Cet accord est plus efficace que beaucoup d’autres qui ont souvent été conclus au sein d’alliances formelles. Ce principe devrait être étendu à tout le Commonwealth britannique à titre de réciprocité totale. Ainsi, quoi qu’il arrive, et ainsi seulement, nous assurerons notre propre sécurité et serons capables de travailler ensemble pour les causes nobles et simples qui nous sont chères et qui ne risquent de porter préjudice à personne. Finalement nous pourrons voir naître – et je sens que finalement nous verrons naître – le principe d’une citoyenneté commune, mais contentons-nous de laisser cette décision au destin dont le bras étendu apparaît déjà clairement à beaucoup d’entre nous.

Nous devons toutefois nous poser une question importante. Les relations spéciales entre les États-Unis et le Commonwealth britannique seraient-elles incompatibles avec notre loyauté primordiale à l’égard de l’organisation mondiale ? Je répondrai que, au contraire, c’est peut-être le seul moyen de permettre à cette organisation d’atteindre sa pleine grandeur et sa pleine puissance. Il y a déjà les relations spéciales entre les États-Unis et le Canada, que je viens de mentionner, et il y a les relations spéciales entre les États-Unis et les Républiques d’Amérique du Sud. La Grande-Bretagne a conclu pour vingt ans un traité de coopération et d’assistance mutuelle avec la Russie soviétique. Je suis d’accord avec M. Bevin, le ministre britannique des Affaires étrangères, que, pour notre part, ce traité pourrait bien durer cinquante ans. Notre seul but est l’assistance mutuelle et la collaboration avec la Russie. Les Britanniques entretiennent avec le Portugal une alliance ininterrompue depuis 1384 et cette alliance a porté ses fruits à des moments critiques lors de la dernière guerre. Aucune de ces alliances n’est en contradiction avec un accord mondial ou une organisation mondiale ; au contraire, elles leur sont favorables. « Dans la maison de mon père, il y a beaucoup de demeures ». Les associations spéciales qui sont conclues entre des membres des Nations unies, qui ne contiennent aucun point d’agressivité à l’égard d’aucun autre pays, qui ne poursuivent aucun dessein incompatible avec la Charte des Nations unies, loin d’être nocives, sont propices, voire, à mon avis, indispensables.

J’ai parlé tout à l’heure, Mesdames et Messieurs, du temple de la paix. Les travailleurs de tous les pays doivent construire ce temple. Si deux de ces travailleurs se connaissent particulièrement bien et sont de vieux amis, si leurs familles sont alliées et s’ils ont « confiance dans leurs objectifs mutuels, s’ils espèrent en leur avenir réciproque et s’ils sont indulgents envers leurs défauts réciproques » – je cite quelques bonnes paroles que j’ai lues ici l’autre jour – pourquoi ne pourraient-ils pas travailler ensemble à la tâche commune en tant qu’amis et partenaires ? Pourquoi ne pas partager leurs outils et augmenter ainsi leur puissance de travail réciproque ? C’est bien là ce qu’ils doivent faire, sinon le temple risque de ne pas être construit ou, s’il est construit, de s’écrouler, et nous aurons prouvé une nouvelle fois que nous sommes incapables d’apprendre et il nous faudra revenir en arrière et tenter une troisième fois d’apprendre à l’école de la guerre et cette guerre sera incomparablement plus cruelle que celle dont nous venons d’être libérés. Les temps des ténèbres risquent de recommencer, l’âge de pierre risque de revenir sur les ailes scintillantes de la science, et ce qui pourrait aujourd’hui inonder l’humanité de bienfaits matériels incommensurables risquerait de provoquer jusqu’à sa destruction totale. Prenez garde, vous dis-je ! le temps risque de nous manquer. Ne laissons pas libre cours aux événements jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Si nous voulons une association fraternelle comme je viens de la décrire, avec cette force et cette sécurité supplémentaires que nos deux pays peuvent en tirer, faisons en sorte que ce grand événement soit connu du monde entier et qu’il joue son rôle en consolidant et en stabilisant les fondements de la paix. Voilà le chemin de la sagesse. Il vaut mieux prévenir que guérir.

Une ombre est tombée sur les scènes qui avaient été si clairement illuminées récemment par la victoire des Alliés. Personne ne sait ce que la Russie soviétique et son organisation communiste internationale ont l’intention de faire dans l’avenir immédiat, ni où sont les limites, s’il en existe, de leurs tendances expansionnistes et de leur prosélytisme. J’éprouve une profonde admiration et un grand respect pour le vaillant peuple russe et pour mon camarade de combat, le maréchal Staline. Il existe en Grande-Bretagne – de même qu’ici, je n’en doute pas – une profonde sympathie et beaucoup de bonne volonté à l’égard des peuples de toutes les Russies et une détermination à persévérer, malgré beaucoup de divergences et de rebuffades, à établir des amitiés durables. Nous comprenons le besoin de la Russie de se sentir en sécurité le long de ses frontières occidentales en éliminant toute possibilité d’une agression allemande. Nous accueillons la Russie à sa place légitime au milieu des nations dirigeantes du monde. Nous accueillons son pavillon sur les mers. Par-dessus tout, nous nous félicitons des contacts fréquents et croissants entre le peuple russe et nos propres populations de part et d’autre de l’Atlantique. Il est toutefois de mon devoir, car je suis sûr que vous souhaitez que je vous expose les faits tels que je les vois, de rappeler devant vous certains faits concernant la situation présente en Europe.

De Stettin dans la Baltique jusqu’à Trieste dans l’Adriatique, un rideau de fer est descendu à travers le continent. Derrière cette ligne se trouvent toutes les capitales des anciens États de l’Europe centrale et orientale. Varsovie, Berlin, Prague, Vienne, Budapest, Belgrade, Bucarest et Sofia, toutes ces villes célèbres et les populations qui les entourent se trouvent dans ce que je dois appeler la sphère soviétique, et toutes sont soumises, sous une forme ou sous une autre, non seulement à l’influence soviétique, mais aussi à un degré très élevé et, dans beaucoup de cas, à un degré croissant, au contrôle de Moscou. Seule Athènes – la Grèce et ses gloires immortelles – est libre de décider de son avenir dans des élections contrôlées par des observateurs britanniques, américains et français. Le gouvernement polonais dominé par la Russie a été encouragé à empiéter largement et de façon illégitime sur l’Allemagne, et nous assistons actuellement à des expulsions massives de millions d’Allemands dans une mesure atroce et inimaginable. Les partis communistes, qui étaient très faibles dans tous ces États de l’Est européen, se sont vu élevés à une prédominance et un pouvoir bien au-delà de leur importance numérique et cherchent partout à accéder à un contrôle totalitaire. Des gouvernements policiers dominent dans presque tous les cas et, jusqu’à présent, à l’exception de la Tchécoslovaquie, il n’y a pas de vraie démocratie.

La Turquie et la Perse sont toutes les deux profondément inquiètes et troublées devant les revendications dont elles font l’objet et la pression exercée par le gouvernement de Moscou. Les Russes à Berlin tentent actuellement de mettre sur pied un parti quasi communiste dans leur zone de l’Allemagne occupée en accordant des faveurs spéciales à des groupes de dirigeants allemands de gauche. À la fin des combats en juin dernier, les armées américaines et britanniques se sont retirées vers l’ouest, conformément à un accord conclu préalablement, jusqu’à une distance atteignant par endroits plus de 200 kilomètres le long d’un front de près de 600 kilomètres, afin de permettre à nos alliés russes d’occuper ce vaste territoire que les démocraties occidentales avaient conquis.

Si le gouvernement soviétique tente maintenant, par une action séparée, de construire une Allemagne pro-communiste dans les régions qu’il contrôle, cela va provoquer de nouvelles difficultés sérieuses dans les zones britannique et américaine, et donner aux Allemands vaincus le pouvoir de se mettre eux-mêmes aux enchères entre les Soviétiques et les démocraties occidentales. Quelles que soient les conclusions que l’on peut tirer de ces faits – car ce sont des faits – ce n’est certainement pas là l’Europe libérée pour la construction de laquelle nous avons combattu. Ce n’est pas non plus une Europe qui présente les caractéristiques essentielles d’une paix durable.

La sécurité du monde exige une nouvelle unité en Europe, dont aucune nation ne doit être exclue pour toujours. C’est de la lutte entre les races puissantes de nos ancêtres en Europe que sont nées les guerres mondiales que nous avons vécues, ou celles qui se sont déroulées à des époques antérieures. Deux fois au cours de notre propre vie, nous avons vu comment, contre leur volonté et leurs traditions, contre les arguments invoqués dont il est impossible de ne pas comprendre la force, les États-Unis ont été entraînés par des forces irrésistibles dans ces deux guerres, à temps pour assurer la victoire de la bonne cause, mais seulement après qu’avaient eu lieu des massacres et des destructions effroyables. Deux fois les États-Unis ont été obligés d’envoyer plusieurs millions de leurs jeunes gens au-delà de l’Atlantique pour trouver la guerre ; mais maintenant la guerre peut trouver n’importe quelle nation, n’importe où et n’importe quand. Il est évident que nous devons travailler avec détermination pour rétablir une paix globale en Europe, au sein de la structure des Nations unies et en accord avec sa charte. À mon sens c’est là un devoir politique évident d’une très grande importance.

Face au rideau de fer qui divise l’Europe, il y a d’autres causes d’inquiétude. En Italie le parti communiste se trouve sérieusement gêné parce qu’il doit soutenir les revendications du maréchal Tito, formé par le communisme, sur l’ancien territoire italien au nord de l’Adriatique. Néanmoins l’avenir de l’Italie est en suspens. Une fois de plus, il est impossible d’imaginer une Europe régénérée sans une France puissante. Tout au long de ma vie publique, j’ai oeuvré pour une France forte et je n’ai jamais perdu confiance en sa destinée, même au cours des heures les plus sombres. Je ne vais pas perdre confiance maintenant. Pourtant, dans un grand nombre de pays, loin des frontières russes et partout à travers le monde, les cinquièmes colonnes communistes se sont installées et travaillent en parfaite unité et dans l’obéissance absolue aux directives qu’elles reçoivent du centre communiste. A l’exception du Commonwealth britannique et des États-Unis, où le communisme en est encore à ses débuts, les partis communistes ou les cinquièmes colonnes constituent un défi et un danger croissants pour la civilisation chrétienne. Ce sont là des faits sombres que nous sommes obligés de mentionner au lendemain d’une victoire remportée par une si grande et belle camaraderie sous les armes et pour la cause de la liberté et de la démocratie ; mais il serait très imprudent de ne pas y faire face résolument alors qu’il en est encore temps.

Les perspectives sont effrayantes aussi en Extrême-Orient et surtout en Mandchourie. L’accord conclu à Yalta, avec ma participation, a été extrêmement favorable à la Russie soviétique, mais il a été conclu à un moment où personne ne pouvait dire que la guerre contre l’Allemagne ne risquait pas de se prolonger tout au long de l’été et de l’automne de 1945 et où l’on s’attendait à ce que la guerre contre le Japon se poursuive encore pendant 18 mois après la fin de la guerre contre l’Allemagne. Dans votre pays, vous êtes tous si bien informés sur l’Extrême-Orient et vous êtes des amis si dévoués de la Chine que je n’ai pas besoin de m’étendre sur la situation qui règne là-bas.

J’ai senti qu’il était de mon devoir d’attirer votre attention sur l’ombre qui, à l’ouest comme à l’est, tombe sur le monde. J’étais ministre au moment du traité de Versailles et un proche ami de Lloyd George, qui était à la tête de la délégation britannique à Versailles. Pour ma part, je n’étais pas d’accord sur un grand nombre de choses qui ont été faites, mais je garde en moi une très forte impression de la situation d’alors et il m’est douloureux de la comparer à ce qui se passe maintenant. À ce moment-là régnaient de grands espoirs et une confiance illimitée que les guerres étaient finies et que la Société des Nations allait devenir toute puissante. Je ne retrouve ni ne sens cette confiance, ni même ces espoirs, dans le monde inquiet d’aujourd’hui.

D’un autre côté, Mesdames et Messieurs, je repousse l’idée qu’une nouvelle guerre est inévitable, voire imminente. C’est parce que je suis sûr que notre destin est toujours entre nos mains et que nous détenons le pouvoir de sauver l’avenir, que j’estime qu’il est de mon devoir de parler maintenant que j’ai l’occasion et l’opportunité de le faire. Je ne crois pas que la Russie soviétique désire la guerre. Ce qu’elle désire, ce sont les fruits de la guerre et une expansion illimitée de sa puissance et de ses doctrines. Toutefois, ce que nous devons considérer ici aujourd’hui, pendant qu’il en est encore temps, c’est la prévention permanente de la guerre et la réalisation de conditions de la paix et de la démocratie aussi rapidement que possible dans tous les pays. Nous ne viendrons pas à bout des difficultés et des dangers en se voilant la face. Nous ne les ferons pas disparaître en attendant simplement de voir ce qui va se passer ; nous ne les écarterons pas non plus par une politique d’apaisement. Ce qu’il faut, c’est un arrangement et plus nous tardons à le conclure, plus il sera difficile à trouver et plus les dangers qui nous menacent deviendront importants.

Ce que j’ai pu voir chez nos amis et alliés russes pendant la guerre, m’a convaincu qu’il n’y a rien qu’ils admirent autant que la force et rien qu’ils respectent moins que la faiblesse, surtout la faiblesse militaire. C’est pourquoi la vieille doctrine d’un équilibre des forces est hasardeuse. Nous ne pouvons nous permettre, s’il est en notre pouvoir de l’éviter, de nous appuyer sur des marges étroites et d’éveiller ainsi les tentations d’une épreuve de force. Si les démocraties occidentales s’unissent dans le strict respect des principes de la Charte des Nations unies, leur influence dans la propagation de ces principes sera immense et personne ne sera capable de les molester. Mais si elles sont divisées, si elles manquent à leur devoir et qu’elles laissent échapper ces années ô combien importantes, alors une catastrophe risque effectivement de s’abattre sur nous tous.

La dernière fois, j’ai tout vu venir et je l’ai crié à mes propres concitoyens et au monde mais personne n’y a prêté attention. Jusqu’en 1933 ou même jusqu’en 1935, l’Allemagne aurait peut-être pu être sauvée du terrible destin qui s’est abattu sur elle et nous aurions peut-être pu échapper tous aux malheurs que Hitler a lâchés sur l’humanité. Jamais dans toute l’histoire une guerre n’aurait pu être évitée plus facilement par une action engagée au moment opportun que celle qui vient de ravager de si vastes étendues du globe. Cette guerre aurait pu être évitée à mon avis sans coup férir, et l’Allemagne pourrait être puissante, prospère et honorée aujourd’hui ; mais personne ne voulait écouter et l’un après l’autre nous fûmes tous aspirés par l’affreux tourbillon. Nous devons absolument faire en sorte, Mesdames et Messieurs, que cela ne se reproduise plus. Nous n’y parviendrons que si nous réalisons aujourd’hui, en 1946, une bonne entente sur tous les points avec la Russie sous l’autorité générale de l’Organisation des Nations unies et si nous maintenons cette bonne entente pendant de longues années de paix grâce à cet instrument mondial soutenu par toute la force du monde anglophone et de toutes ses connections. Voilà la solution que je vous offre respectueusement dans ce discours auquel j’ai donné le titre « Le nerf de la paix ».

Que personne ne sous-estime la puissance éternelle de l’Empire britannique et du Commonwealth. Même si vous voyez les 46 millions d’habitants de notre île préoccupés par leur approvisionnement en denrées alimentaires, dont ils n’assurent la production que pour moitié, même en temps de guerre, ou même si nous éprouvons des difficultés à faire redémarrer nos industries et nos exportations après six années d’efforts de guerre passionnés, n’allez pas penser que nous ne sortirons pas de ces sombres années de privations comme nous sommes sortis des glorieuses années d’agonie, ou que, d’ici un demi-siècle, vous ne verrez pas 70 ou 80 millions de Britanniques dispersés de par le monde et unis dans la défense de nos traditions, de notre façon de vivre et des causes universelles que vous et nous embrassons de même. Si la population du Commonwealth anglophone se joint effectivement à celle des États-Unis, avec tout ce qu’une telle coopération implique dans les airs, sur les mers, partout sur le globe, dans les sciences et l’industrie, et dans la force morale, alors aucun équilibre tremblant, précaire entre les forces en présence ne servira de tentation à l’ambition et à l’aventure. Au contraire, il y aura une certitude absolue de sécurité. Si nous adhérons loyalement à la Charte des Nations unies et si nous avançons avec une force calme et sobre, en ne convoitant ni le territoire ni les trésors de personne, en ne cherchant pas à imposer un contrôle arbitraire sur les pensées des hommes, si toutes les forces et les convictions morales et matérielles de la Grande-Bretagne se joignent aux vôtres dans une association fraternelle, alors les routes de l’avenir deviendront claires, non seulement pour nous, mais pour tous, non seulement pour le présent, mais pour le siècle à venir.

Voir enfin:

The Sinews of Peace

Winston Churchill

Fulton, 1946

I am glad to come to Westminster College this afternoon, and am complimented that you should give me a degree. The name « Westminster » is somehow familiar to me. I seem to have heard of it before. Indeed, it was at Westminster that I received a very large part of my education in politics, dialectic, rhetoric, and one or two other things. In fact we have both been educated at the same, or similar, or, at any rate, kindred establishments.

It is also an honour, perhaps almost unique, for a private visitor to be introduced to an academic audience by the President of the United States. Amid his heavy burdens, duties, and responsibilities – unsought but not recoiled from – the President has travelled a thousand miles to dignify and magnify our meeting here to-day and to give me an opportunity of addressing this kindred nation, as well as my own countrymen across the ocean, and perhaps some other countries too. The President has told you that it is his wish, as I am sure it is yours, that I should have full liberty to give my true and faithful counsel in these anxious and baffling times. I shall certainly avail myself of this freedom, and feel the more right to do so because any private ambitions I may have cherished in my younger days have been satisfied beyond my wildest dreams. Let me, however, make it clear that I have no official mission or status of any kind, and that I speak only for myself. There is nothing here but what you see.

I can therefore allow my mind, with the experience of a lifetime, to play over the problems which beset us on the morrow of our absolute victory in arms, and to try to make sure with what strength I have that what has been gained with so much sacrifice and suffering shall be preserved for the future glory and safety of mankind.

The United States stands at this time at the pinnacle of world power. It is a solemn moment for the American Democracy. For with primacy in power is also joined an awe-inspiring accountability to the future. If you look around you, you must feel not only the sense of duty done but also you must feel anxiety lest you fall below the level of achievement. Opportunity is here now, clear and shining for both our countries. To reject it or ignore it or fritter it away will bring upon us all the long reproaches of the after-time. It is necessary that constancy of mind, persistency of purpose, and the grand simplicity of decision shall guide and rule the conduct of the English-speaking peoples in peace as they did in war. We must, and I believe we shall, prove ourselves equal to this severe requirement.

When American military men approach some serious situation they are wont to write at the head of their directive the words « over-all strategic concept. » There is wisdom in this, as it leads to clarity of thought. What then is the over-all strategic concept which we should inscribe today? It is nothing less than the safety and welfare, the freedom and progress, of all the homes and families of all the men and women in all the lands. And here I speak particularly of the myriad cottage or apartment homes where the wage-earner strives amid the accidents and difficulties of life to guard his wife and children from privation and bring the family up in the fear of the Lord, or upon ethical conceptions which often play their potent part.

To give security to these countless homes, they must be shielded from the two giant marauders, war and tyranny. We all know the frightful disturbances in which the ordinary family is plunged when the curse of war swoops down upon the bread-winner and those for whom he works and contrives. The awful ruin of Europe, with all its vanished glories, and of large parts of Asia glares us in the eyes. When the designs of wicked men or the aggressive urge of mighty States dissolve over large areas the frame of civilised society, humble folk are confronted with difficulties with which they cannot cope. For them all is distorted, all is broken, even ground to pulp.

When I stand here this quiet afternoon I shudder to visualise what is actually happening to millions now and what is going to happen in this period when famine stalks the earth. None can compute what has been called « the unestimated sum of human pain. » Our supreme task and duty is to guard the homes of the common people from the horrors and miseries of another war. We are all agreed on that.

Our American military colleagues, after having proclaimed their « over-all strategic concept » and computed available resources, always proceed to the next step – namely, the method. Here again there is widespread agreement. A world organisation has already been erected for the prime purpose of preventing war, UNO, the successor of the League of Nations, with the decisive addition of the United States and all that that means, is already at work. We must make sure that its work is fruitful, that it is a reality and not a sham, that it is a force for action, and not merely a frothing of words, that it is a true temple of peace in which the shields of many nations can some day be hung up, and not merely a cockpit in a Tower of Babel. Before we cast away the solid assurances of national armaments for self-preservation we must be certain that our temple is built, not upon shifting sands or quagmires, but upon the rock. Anyone can see with his eyes open that our path will be difficult and also long, but if we persevere together as we did in the two world wars – though not, alas, in the interval between them – I cannot doubt that we shall achieve our common purpose in the end.

I have, however, a definite and practical proposal to make for action. Courts and magistrates may be set up but they cannot function without sheriffs and constables. The United Nations Organisation must immediately begin to be equipped with an international armed force. In such a matter we can only go step by step, but we must begin now. I propose that each of the Powers and States should be invited to delegate a certain number of air squadrons to the service of the world organisation. These squadrons would be trained and prepared in their own countries, but would move around in rotation from one country to another. They would wear the uniform of their own countries but with different badges. They would not be required to act against their own nation, but in other respects they would be directed by the world organisation. This might be started on a modest scale and would grow as confidence grew. I wished to see this done after the first world war, and I devoutly trust it may be done forthwith.

It would nevertheless be wrong and imprudent to entrust the secret knowledge or experience of the atomic bomb, which the United States, Great Britain, and Canada now share, to the world organisation, while it is still in its infancy. It would be criminal madness to cast it adrift in this still agitated and un-united world. No one in any country has slept less well in their beds because this knowledge and the method and the raw materials to apply it, are at present largely retained in American hands. I do not believe we should all have slept so soundly had the positions been reversed and if some Communist or neo-Fascist State monopolised for the time being these dread agencies. The fear of them alone might easily have been used to enforce totalitarian systems upon the free democratic world, with consequences appalling to human imagination. God has willed that this shall not be and we have at least a breathing space to set our house in order before this peril has to be encountered: and even then, if no effort is spared, we should still possess so formidable a superiority as to impose effective deterrents upon its employment, or threat of employment, by others. Ultimately, when the essential brotherhood of man is truly embodied and expressed in a world organisation with all the necessary practical safeguards to make it effective, these powers would naturally be confided to that world organisation.

Now I come to the second danger of these two marauders which threatens the cottage, the home, and the ordinary people – namely, tyranny. We cannot be blind to the fact that the liberties enjoyed by individual citizens throughout the British Empire are not valid in a considerable number of countries, some of which are very powerful. In these States control is enforced upon the common people by various kinds of all-embracing police governments. The power of the State is exercised without restraint, either by dictators or by compact oligarchies operating through a privileged party and a political police. It is not our duty at this time when difficulties are so numerous to interfere forcibly in the internal affairs of countries which we have not conquered in war. But we must never cease to proclaim in fearless tones the great principles of freedom and the rights of man which are the joint inheritance of the English-speaking world and which through Magna Carta, the Bill of Rights, the Habeas Corpus, trial by jury, and the English common law find their most famous expression in the American Declaration of Independence.

All this means that the people of any country have the right, and should have the power by constitutional action, by free unfettered elections, with secret ballot, to choose or change the character or form of government under which they dwell; that freedom of speech and thought should reign; that courts of justice, independent of the executive, unbiased by any party, should administer laws which have received the broad assent of large majorities or are consecrated by time and custom. Here are the title deeds of freedom which should lie in every cottage home. Here is the message of the British and American peoples to mankind. Let us preach what we practise – let us practise what we preach.

I have now stated the two great dangers which menace the homes of the people: War and Tyranny. I have not yet spoken of poverty and privation which are in many cases the prevailing anxiety. But if the dangers of war and tyranny are removed, there is no doubt that science and co-operation can bring in the next few years to the world, certainly in the next few decades newly taught in the sharpening school of war, an expansion of material well-being beyond anything that has yet occurred in human experience. Now, at this sad and breathless moment, we are plunged in the hunger and distress which are the aftermath of our stupendous struggle; but this will pass and may pass quickly, and there is no reason except human folly of sub-human crime which should deny to all the nations the inauguration and enjoyment of an age of plenty. I have often used words which I learned fifty years ago from a great Irish-American orator, a friend of mine, Mr. Bourke Cockran. « There is enough for all. The earth is a generous mother; she will provide in plentiful abundance food for all her children if they will but cultivate her soil in justice and in peace. » So far I feel that we are in full agreement.

Now, while still pursuing the method of realising our overall strategic concept, I come to the crux of what I have travelled here to say. Neither the sure prevention of war, nor the continuous rise of world organisation will be gained without what I have called the fraternal association of the English-speaking peoples. This means a special relationship between the British Commonwealth and Empire and the United States. This is no time for generalities, and I will venture to be precise. Fraternal association requires not only the growing friendship and mutual understanding between our two vast but kindred systems of society, but the continuance of the intimate relationship between our military advisers, leading to common study of potential dangers, the similarity of weapons and manuals of instructions, and to the interchange of officers and cadets at technical colleges. It should carry with it the continuance of the present facilities for mutual security by the joint use of all Naval and Air Force bases in the possession of either country all over the world. This would perhaps double the mobility of the American Navy and Air Force. It would greatly expand that of the British Empire Forces and it might well lead, if and as the world calms down, to important financial savings. Already we use together a large number of islands; more may well be entrusted to our joint care in the near future.

The United States has already a Permanent Defence Agreement with the Dominion of Canada, which is so devotedly attached to the British Commonwealth and Empire. This Agreement is more effective than many of those which have often been made under formal alliances. This principle should be extended to all British Commonwealths with full reciprocity. Thus, whatever happens, and thus only, shall we be secure ourselves and able to work together for the high and simple causes that are dear to us and bode no ill to any. Eventually there may come – I feel eventually there will come – the principle of common citizenship, but that we may be content to leave to destiny, whose outstretched arm many of us can already clearly see.

There is however an important question we must ask ourselves. Would a special relationship between the United States and the British Commonwealth be inconsistent with our over-riding loyalties to the World Organisation? I reply that, on the contrary, it is probably the only means by which that organisation will achieve its full stature and strength. There are already the special United States relations with Canada which I have just mentioned, and there are the special relations between the United States and the South American Republics. We British have our twenty years Treaty of Collaboration and Mutual Assistance with Soviet Russia. I agree with Mr. Bevin, the Foreign Secretary of Great Britain, that it might well be a fifty years Treaty so far as we are concerned. We aim at nothing but mutual assistance and collaboration. The British have an alliance with Portugal unbroken since 1384, and which produced fruitful results at critical moments in the late war. None of these clash with the general interest of a world agreement, or a world organisation; on the contrary they help it. « In my father’s house are many mansions. » Special associations between members of the United Nations which have no aggressive point against any other country, which harbour no design incompatible with the Charter of the United Nations, far from being harmful, are beneficial and, as I believe, indispensable.

I spoke earlier of the Temple of Peace. Workmen from all countries must build that temple. If two of the workmen know each other particularly well and are old friends, if their families are inter-mingled, and if they have « faith in each other’s purpose, hope in each other’s future and charity towards each other’s shortcomings » – to quote some good words I read here the other day – why cannot they work together at the common task as friends and partners? Why cannot they share their tools and thus increase each other’s working powers? Indeed they must do so or else the temple may not be built, or, being built, it may collapse, and we shall all be proved again unteachable and have to go and try to learn again for a third time in a school of war, incomparably more rigorous than that from which we have just been released. The dark ages may return, the Stone Age may return on the gleaming wings of science, and what might now shower immeasurable material blessings upon mankind, may even bring about its total destruction. Beware, I say; time may be short. Do not let us take the course of allowing events to drift along until it is too late. If there is to be a fraternal association of the kind I have described, with all the extra strength and security which both our countries can derive from it, let us make sure that that great fact is known to the world, and that it plays its part in steadying and stabilising the foundations of peace. There is the path of wisdom. Prevention is better than cure.

A shadow has fallen upon the scenes so lately lighted by the Allied victory. Nobody knows what Soviet Russia and its Communist international organisation intends to do in the immediate future, or what are the limits, if any, to their expansive and proselytising tendencies. I have a strong admiration and regard for the valiant Russian people and for my wartime comrade, Marshal Stalin. There is deep sympathy and goodwill in Britain – and I doubt not here also – towards the peoples of all the Russias and a resolve to persevere through many differences and rebuffs in establishing lasting friendships. We understand the Russian need to be secure on her western frontiers by the removal of all possibility of German aggression. We welcome Russia to her rightful place among the leading nations of the world. We welcome her flag upon the seas. Above all, we welcome constant, frequent and growing contacts between the Russian people and our own people on both sides of the Atlantic. It is my duty however, for I am sure you would wish me to state the facts as I see them to you, to place before you certain facts about the present position in Europe.

From Stettin in the Baltic to Trieste in the Adriatic, an iron curtain has descended across the Continent. Behind that line lie all the capitals of the ancient states of Central and Eastern Europe. Warsaw, Berlin, Prague, Vienna, Budapest, Belgrade, Bucharest and Sofia, all these famous cities and the populations around them lie in what I must call the Soviet sphere, and all are subject in one form or another, not only to Soviet influence but to a very high and, in many cases, increasing measure of control from Moscow. Athens alone – Greece with its immortal glories – is free to decide its future at an election under British, American and French observation. The Russian-dominated Polish Government has been encouraged to make enormous and wrongful inroads upon Germany, and mass expulsions of millions of Germans on a scale grievous and undreamed-of are now taking place. The Communist parties, which were very small in all these Eastern States of Europe, have been raised to pre-eminence and power far beyond their numbers and are seeking everywhere to obtain totalitarian control. Police governments are prevailing in nearly every case, and so far, except in Czechoslovakia, there is no true democracy.

Turkey and Persia are both profoundly alarmed and disturbed at the claims which are being made upon them and at the pressure being exerted by the Moscow Government. An attempt is being made by the Russians in Berlin to build up a quasi-Communist party in their zone of Occupied Germany by showing special favours to groups of left-wing German leaders. At the end of the fighting last June, the American and British Armies withdrew westwards, in accordance with an earlier agreement, to a depth at some points of 150 miles upon a front of nearly four hundred miles, in order to allow our Russian allies to occupy this vast expanse of territory which the Western Democracies had conquered.

If now the Soviet Government tries, by separate action, to build up a pro-Communist Germany in their areas, this will cause new serious difficulties in the British and American zones, and will give the defeated Germans the power of putting themselves up to auction between the Soviets and the Western Democracies. Whatever conclusions may be drawn from these facts – and facts they are – this is certainly not the Liberated Europe we fought to build up. Nor is it one which contains the essentials of permanent peace.

The safety of the world requires a new unity in Europe, from which no nation should be permanently outcast. It is from the quarrels of the strong parent races in Europe that the world wars we have witnessed, or which occurred in former times, have sprung. Twice in our own lifetime we have seen the United States, against their wishes and their traditions, against arguments, the force of which it is impossible not to comprehend, drawn by irresistible forces, into these wars in time to secure the victory of the good cause, but only after frightful slaughter and devastation had occurred. Twice the United States has had to send several millions of its young men across the Atlantic to find the war; but now war can find any nation, wherever it may dwell between dusk and dawn. Surely we should work with conscious purpose for a grand pacification of Europe, within the structure of the United Nations and in accordance with its Charter. That I feel is an open cause of policy of very great importance.

In front of the iron curtain which lies across Europe are other causes for anxiety. In Italy the Communist Party is seriously hampered by having to support the Communist-trained Marshal Tito’s claims to former Italian territory at the head of the Adriatic. Nevertheless the future of Italy hangs in the balance. Again one cannot imagine a regenerated Europe without a strong France. All my public life I have worked for a strong France and I never lost faith in her destiny, even in the darkest hours. I will not lose faith now. However, in a great number of countries, far from the Russian frontiers and throughout the world, Communist fifth columns are established and work in complete unity and absolute obedience to the directions they receive from the Communist centre. Except in the British Commonwealth and in the United States where Communism is in its infancy, the Communist parties or fifth columns constitute a growing challenge and peril to Christian civilisation. These are sombre facts for anyone to have to recite on the morrow of a victory gained by so much splendid comradeship in arms and in the cause of freedom and democracy; but we should be most unwise not to face them squarely while time remains.

The outlook is also anxious in the Far East and especially in Manchuria. The Agreement which was made at Yalta, to which I was a party, was extremely favourable to Soviet Russia, but it was made at a time when no one could say that the German war might not extend all through the summer and autumn of 1945 and when the Japanese war was expected to last for a further 18 months from the end of the German war. In this country you are all so well-informed about the Far East, and such devoted friends of China, that I do not need to expatiate on the situation there.

I have felt bound to portray the shadow which, alike in the west and in the east, falls upon the world. I was a high minister at the time of the Versailles Treaty and a close friend of Mr. Lloyd-George, who was the head of the British delegation at Versailles. I did not myself agree with many things that were done, but I have a very strong impression in my mind of that situation, and I find it painful to contrast it with that which prevails now. In those days there were high hopes and unbounded confidence that the wars were over, and that the League of Nations would become all-powerful. I do not see or feel that same confidence or even the same hopes in the haggard world at the present time.

On the other hand I repulse the idea that a new war is inevitable; still more that it is imminent. It is because I am sure that our fortunes are still in our own hands and that we hold the power to save the future, that I feel the duty to speak out now that I have the occasion and the opportunity to do so. I do not believe that Soviet Russia desires war. What they desire is the fruits of war and the indefinite expansion of their power and doctrines. But what we have to consider here to-day while time remains, is the permanent prevention of war and the establishment of conditions of freedom and democracy as rapidly as possible in all countries. Our difficulties and dangers will not be removed by closing our eyes to them. They will not be removed by mere waiting to see what happens; nor will they be removed by a policy of appeasement. What is needed is a settlement, and the longer this is delayed, the more difficult it will be and the greater our dangers will become.

From what I have seen of our Russian friends and Allies during the war, I am convinced that there is nothing they admire so much as strength, and there is nothing for which they have less respect than for weakness, especially military weakness. For that reason the old doctrine of a balance of power is unsound. We cannot afford, if we can help it, to work on narrow margins, offering temptations to a trial of strength. If the Western Democracies stand together in strict adherence to the principles of the United Nations Charter, their influence for furthering those principles will be immense and no one is likely to molest them. If however they become divided or falter in their duty and if these all-important years are allowed to slip away then indeed catastrophe may overwhelm us all.

Last time I saw it all coming and cried aloud to my own fellow-countrymen and to the world, but no one paid any attention. Up till the year 1933 or even 1935, Germany might have been saved from the awful fate which has overtaken her and we might all have been spared the miseries Hitler let loose upon mankind. There never was a war in all history easier to prevent by timely action than the one which has just desolated such great areas of the globe. It could have been prevented in my belief without the firing of a single shot, and Germany might be powerful, prosperous and honoured to-day; but no one would listen and one by one we were all sucked into the awful whirlpool. We surely must not let that happen again. This can only be achieved by reaching now, in 1946, a good understanding on all points with Russia under the general authority of the United Nations Organisation and by the maintenance of that good understanding through many peaceful years, by the world instrument, supported by the whole strength of the English-speaking world and all its connections. There is the solution which I respectfully offer to you in this Address to which I have given the title « The Sinews of Peace. »

Let no man underrate the abiding power of the British Empire and Commonwealth. Because you see the 46 millions in our island harassed about their food supply, of which they only grow one half, even in war-time, or because we have difficulty in restarting our industries and export trade after six years of passionate war effort, do not suppose that we shall not come through these dark years of privation as we have come through the glorious years of agony, or that half a century from now, you will not see 70 or 80 millions of Britons spread about the world and united in defence of our traditions, our way of life, and of the world causes which you and we espouse. If the population of the English-speaking Commonwealths be added to that of the United States with all that such co-operation implies in the air, on the sea, all over the globe and in science and in industry, and in moral force, there will be no quivering, precarious balance of power to offer its temptation to ambition or adventure. On the contrary, there will be an overwhelming assurance of security. If we adhere faithfully to the Charter of the United Nations and walk forward in sedate and sober strength seeking no one’s land or treasure, seeking to lay no arbitrary control upon the thoughts of men; if all British moral and material forces and convictions are joined with your own in fraternal association, the high-roads of the future will be clear, not only for us but for all, not only for our time, but for a century to come.

* The text of Sir Winston Churchill’s « The Sinews of Peace » speech is quoted in its entirety from Robert Rhodes James (ed.), Winston S. Churchill: His Complete Speeches 1897-1963 Volume VII: 1943-1949 (New York: Chelsea House Publishers, 1974) 7285-7293.

5 Responses to Chute du mur/20e: Attention, un mur peut en cacher d’autres (What about Vietnam?)

  1. SD dit :

    Les démocrates ont milité pour que le parti communiste vietnamien prenne le pouvoir, contre le régime conservateur et corrompu à la solde de l’impérialisme américain. Obama n’est-il pas démocrate ?

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  2. […] que l’Amérique bien-pensante d’un président qui ne s’est même pas donné la peine de venir fêter la victoire du monde libre sur le totalitarisme se réveille avec le pire attentat […]

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  3. […] Nous devons absolument faire en sorte, Mesdames et Messieurs, que cela ne se reproduise plus. Churchill (Fulton, Missouri, […]

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  4. […] la Baltique à Trieste sur l’Adriatique, un rideau de fer s’est abattu à travers le continent. Churchill (Westminster College, Fulton, Missouri, le 5 mars […]

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  5. jcdurbant dit :

    WHAT LIBERAL CROCODILE TEARS ? (Where were you, Joe, when we abandoned our Vietnamese friends to a generations-long nightmare of life under communism, complete with concentration camps and forced exile ?)

    « I will vote for any amount for getting the Americans out. I don’t want it mixed with getting the Vietnamese out.”

    Senator Joe Biden (1975)

    Flash back to the mid-1970s and these, or their parents, were the same people cheering as we abandoned Southeast Asia’s millions of wonderful people to a generations-long nightmare of life under communism. Recall the suave assurances from, say, the Times, that “disengagement from a civil war in which the United States should never have become engaged need not shake this country’s position in the world.”

    To hell with them, I say. As a veteran of the Vietnam War and the so-called secret war in Laos, I don’t get upset thinking about how we lost the war. That’s because we didn’t lose it. We won it. It was lost — thrown away — by liberal politicians besotted with hubris over from their success in forcing Nixon from office. It was they who threw away our victory.

    The same people tut-tutting about the Kurds had no problem whatsoever stabbing our friends in Saigon in the back by defunding American commitments for military assistance to enforce the Paris Peace Accords. And they were fully content to see North Vietnamese forces crush our former allies and send millions of formerly free South Vietnamese to concentration camps and forced exile.

    Take Joe Biden. Where was he back in 1975? It turns out that the future vice president was then a freshman in the senate. He argued that America had no legal or moral obligation to help refugees fleeing the communist conquest of Vietnam. “I will vote for any amount for getting the Americans out,” Mr. Biden said as the enemy was closing in on Saigon. “I don’t want it mixed with getting the Vietnamese out.”

    Mr. Biden’s statements at the time were recalled in July by the Washington Times. The Republican administration in 1975, led by President Ford and Secretary Kissinger, had a different view. As, later on, did President Carter. So the United States was able to give refuge to thousands of boat people who have become as hard-working, productive and loyal Americans as anyone could find. No thanks to Joe.

    As the liberals and Democrats go into high dudgeon about Mr. Trump, I find myself thinking also of Cambodia. In 1975, the pro-American government, installed by a CIA-backed coup in 1970, was facing its own dire fate. As Communist Khmer Rouge forces closed in on the capital of Phnom Penh, our ambassador, John Gunther Dean, offered asylum to a former prime minister, Prince Sirik Matak.

    Matak knew he was number one on a communist death list. Yet, in a famous letter, he declined the offer to flee, “I cannot, alas, leave in such a cowardly fashion,” he wrote to our envoy. “As for you and in particular for your great country, I never believed for a moment that you would have this sentiment of abandoning a people which has chosen liberty. You have refused us your protection and we can do nothing about it.”

    He ended the letter with the words: “I have only committed the mistake of believing in you, the Americans.” When the Khmer Rouge, Maoist monsters, seized Phnom Penh, they shot Matak in the stomach. Unattended, he took three days to die. During the Khmer Rouge’s four-year reign of terror, some 1.5 million people perished from execution in the killing fields, starvation, and forced labor.

    The way our country turned its back on our allies in the 1970s is one of the blackest hours in our history. It told every small country fighting for freedom against communism or other tyranny that America could be a fair-weather friend. A new administration or a liberal Congress could mean the sudden nullification of solemn promises. America had no permanent friends or even permanent interests. Just permanent politics.

    Mr. Trump insists he will stand with the Kurds. He has already done more for them than President George H.W. Bush, who let Saddam Hussein slaughter them, or President Clinton, who sent Turkey arms to kill their Kurds, or President George W. Bush, who let Turkey bomb the Iraqi Kurds, or President Obama, who pressured Arab states not to arm the Syrian Kurds for the fight against ISIS.

    I hope the President will keep his word. My instinct is that he’s a better bet to do so than his detractors. My guess is that there are hundreds of thousands of proud veterans of Vietnam who would make the same bet. It’s that the same liberal and Democratic politicians wringing their hands about the noble Kurds — and they are noble — will be the first to sell them out when Mr. Trump leaves office. History proves it.

    Philip Jennings

    https://www.nysun.com/foreign/liberals-tears-for-the-kurds-ring-hollow-after/90861/

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