Affaire Al Doura: Charles Enderlin peut d’autant moins se soustraire à la critique qu’elle le vise en tant que professionnel de l’information (French court throws the book at France 2 reporter)

Enderlin le journaliste-combattant
Oh, ils font toujours ça. C’est une question de culture. Représentants de France 2 (cités par Enderlin)
Pour moi, l’image correspondait à la réalité de la situation non seulement à Gaza, mais aussi en Cisjordanie. L’armée israélienne ripostait au soulèvement palestinien par l’utilisation massive de tirs à balles réelles. (…) Du 29 septembre à la fin octobre 2000, 118 Palestiniens sont morts, parmi eux 33 avaient moins de 18 ans. Onze Israéliens ont été tués, tous adultes. Charles Enderlin (Le Figaro, 27/01/05)
Il y a lieu de décider que Patrick Karsenty a exercé de bonne foi son droit à la libre critique (…) En répondant à Denis Jeambar et à Daniel Leconte dans le Figaro du 23 janvier 2005 que « l’image correspondait à la réalité de la situation, non seulement à Gaza, mais en Cisjordanie », alors que la diffusion d’un reportage s’entend comme le témoignage de ce que le journaliste a vu et entendu, Charles Enderlin a reconnu que le film qui a fait le tour du monde en entrainant des violences sans précédent dans toute la région ne correspondait peut-être pas au commentaire qu’il avait donné. Laurence Trébucq (Présidente de la Cour d’appel de Paris, le 21 mai dernier)

Remarquable leçon de journalisme en effet que huit ans après les faits le jugement (mise en ligne sur son site par Richard Landes) de la 11e chambre d’appel de Paris mercredi dernier au sujet de l’Affaire Enderlin.

Qui, déboutant complètement les accusations de diffamation de France 2 et de Charles Enderlin à l’encontre du journaliste Philippe Karsenty, affirme haut et fort le droit de celui-ci à exercer de bonne foi son « droit de libre critique ».

Reprenant l’ensemble des inexplicables incohérences des images présentées comme des réponses contradictoires et des réticences persistentes, tant d’Enderlin que de France 2, à laisser visionner la totalité des images, il enfonce le clou en démontrant que le correspondant permanent de France 2 en Israël a reconnu par ses propres paroles que « ses images ne correspondaient peut-être pas au commentaire qu’il en avait donné ».

Reste à présent, en attendant l’appel en cassation des parties civiles, à en convaincre ses toujours aussi prudents confrères (seuls Marianne et Le Monde jusqu’à présent et à demi-mot ou aussitôt contredit) de façon à ce que le principal intéressé, le public que ceux-ci prétendent informer, puisse enfin lui aussi exercer son droit à l’information et au libre jugement …

Extrait:

Charles Enderlin peut d’autant moins se soustraire à la critique qu’elle le vise en tant que professionnel de l’information, correspondant en Israël et dans les territoires palestiniens pour les journaux télévisés de france 2 diffusés aux heures de grande audience, et qu’à ce titre, il s’expose inévitablement à un contrôle des plus attentifs de ses faits et gestes de la part de ses concitoyens comme de ses confrères.

L’affaire Mohamed Al Doura rebondit
David Martin-Castelnau
Marianne
23/05/2008

« En déboutant France 2, la justice française rend désormais inévitable un débat concret sur cette affaire passionnelle. » (D. Martin-Castelnau).

La mort du « petit Mohamed » Al Doura ? Les choses étaient parfaitement claires : le 30 septembre 2000, au carrefour de Netzarim (Gaza), l’armée israélienne avait tué un jeune enfant au cours d’une fusillade filmée pour France 2 par un caméraman palestinien. Quelques secondes d’images insoutenables. Une émotion planétaire. Et des conséquences dévastatrices : l’affaire a depuis fait couler presque autant de sang que d’encre.

Bien sûr, l’instrumentalisation de ce fait divers géopolitique par certains démagogues antisémites était répugnante ; mais enfin, nous serrions les dents : jadis, déjà, Le Pen exploitait de manière odieuse, lui aussi, des faits avérés.

Bien sûr, une poignée de militants pro-israéliens criait à l’imposture, à la manipulation, au complot. Qu’importait ! Les islamo-gauchistes avaient bien Thierry Meyssan… Et puis le journaliste qui avait endossé ce reportage était estimé.

Bien sûr, on s’interrogeait à voix basse : mais pourquoi, diable, France 2 refusait-elle de tuer une bonne fois pour toute la polémique en diffusant l’ensemble des « rushes » d’une fusillade dont elle n’avait retenue que quelques brefs instants ?

Bien sûr, huit ans plus tard, subsistait comme un malaise à devoir choisir entre une vérité officielle que la chaîne publique française se refusait à démontrer – alors que les preuves étaient déclarées existantes… – et les arguments, parfois troublants, de militants que l’on disait tout droit sortis de la série X-Files.

L’affaire Al Doura relancée

Le jugement rendu ce mercredi 21 mai par la 11ème chambre de la Cour d’Appel de Paris vient tout bouleverser. Elle relance, de fond en comble, le débat sur l’affaire Al Doura. Chargée de dire si Philippe Karsenty, fondateur d’une agence de notation des médias, avait, oui ou non, diffamé France 2 et son journaliste, Charles Enderlin, en affirmant qu’ils s’étaient rendus coupables d’une «imposture médiatique», la cour a tranché : au vu des images, il n’y a, en aucun cas, diffamation.

« La Cour d’Appel a fait apparaître, mercredi, un doute sur l’authenticité des images d’un enfant palestinien tombant sous les balles, devenues le symbole de l’Intifada [et] qui ont fait le tour du monde. Le visionnage des 18 minutes de «rushes» du reportage «ne permettent pas d’écarter les avis de professionnels qui concluent au trucage.» (Reuters, Paris, 21 mai)

Traduction en français : on peut légitimement s’interroger sur la bien-fondé de la thèse de France 2, selon laquelle le petit enfant, désigné comme « Mohammed Al Doura » serait bel et bien mort, ce jour-là, à cet endroit-là, et qu’il serait mort sous les balles israéliennes et non sous des balles palestiniennes.

Retour à la case départ, donc : ceux qui prétendent que le film de la mort du « petit Mohammed Al Doura », tourné par un Palestinien, relève de la propagande, voire de la mise en scène, ne sont donc ni des maboules, ni des ordures. La décision de la Cour d’Appel de Paris est, sur ce point, catégorique : les arguments de Philippe Karsenty méritent d’être examinés. Et doivent l’être.

Car il est anormal que, huit ans après les faits, les citoyens d’un pays libre, prospère et éduqué comme la France soient encore et toujours dans l’impossibilité de se faire une idée objective, et donc définitive, de l’événement. Les dirigeants de France devraient estimer que le temps est venu d’accepter un débat contradictoire au sujet de cette affaire, qui a eu des conséquences épouvantables. Mieux : France 2 pourrait prendre l’initiative de rendre accessible l’intégralité des « rushes » en ligne, pour que chacun puisse se faire une opinion concrète.

Il faut désormais nous éclairer : tel est le sens de la décision de la Cour d’Appel de Paris. L’affaire Al Doura, décidément, n’est pas close.

Grand reporter au magazine « Optimum », il est notamment l’auteur des « Francophobes » (Fayard, 2002) et publiera prochainement « Ecoute Ismaël ! Histoire, Islam & Repentance ».

Voir aussi:

Charles Enderlin perd son procès en diffamation

Pascale Robert-Diard

Le Monde

25.05.08

Un permis de douter a été décerné, mercredi 21 mai, par la cour d’appel de Paris, dans l’affaire qui oppose, depuis sept ans, France 2 et Charles Enderlin au directeur d’une agence de notation des médias, Philippe Karsenty, à propos des images de la mort de, Mohammed Al Dura, 12 ans, dans les bras de son père à Gaza. Réalisées en septembre 2000, ces images et leur commentaire affirmant que l’enfant palestinien avait été tué par des tirs « venus des positions israéliennes », sont devenues emblématiques de la cause palestinienne.

Reprenant les accusations lancées par une agence franco-israélienne, Metula News Agency, M. Karsenty avait qualifié ce reportage de « supercherie » et d' »imposture » sur son site Mediaratings. Condamné pour diffamation en octobre 2006 par le tribunal correctionnel de Paris, M. Karsenty avait fait appel.

Dans son arrêt, la cour infirme le jugement de première instance en reconnaissant la « bonne foi » à M. Karsenty qui « n’a pas dépassé les limites de la liberté d’expression ». « Il est légitime pour une agence de notation des médias d’enquêter, ne serait-ce qu’en raison de l’impact qu’ont eu (ces) images, sur les conditions dans lesquelles le reportage en cause a été tourné et diffusé », note la cour dans son arrêt.

Si elle ne se prononce pas sur le contenu du reportage diffusé sur France 2, elle relève que « l’examen des rushes ne permet plus d’écarter les avis des professionnels entendus au cours de la procédure » qui avaient mis en doute l’authenticité du reportage. « On a mis sept ans à obtenir ces rushes. On en attendait 27 minutes, on est passé à 18. Pourquoi ? » s’était interrogé l’avocat de M. Karsenty, Me Patrick Maisonneuve à l’audience le 27 février.

France 2 et Charles Enderlin s’étaient montré moins affirmatifs sur l’origine des tirs. L’avocat de la chaîne, Me Francis Szpiner, qui s’est déclaré « attristé » par l’arrêt, a annoncé son intention de se pourvoir en cassation.

6 Responses to Affaire Al Doura: Charles Enderlin peut d’autant moins se soustraire à la critique qu’elle le vise en tant que professionnel de l’information (French court throws the book at France 2 reporter)

  1. […] dans toute la région ne correspondait peut-être pas au commentaire qu’il avait donné. Laurence Trébucq (Présidente de la Cour d’appel de Paris, le 21 mai […]

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  2. […] Pour moi, l’image correspondait à la réalité de la situation non seulement à Gaza, mais aussi en Cisjordanie. L’armée israélienne ripostait au soulèvement palestinien par l’utilisation massive de tirs à balles réelles. (…) Du 29 septembre à la fin octobre 2000, 118 Palestiniens sont morts, parmi eux 33 avaient moins de 18 ans. Onze Israéliens ont été tués, tous adultes. Charles Enderlin (2000) […]

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  3. […] dans toute la région ne correspondait peut-être pas au commentaire qu’il avait donné. Laurence Trébucq (Présidente de la Cour d’appel de Paris, […]

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