Nous estimons que des déclarations dans le style de la Révolution culturelle, comme celles faites par le dirigeant du Parti communiste dans la région autonome du Tibet, affirmant que « le Dalai Lama est un chacal en habit de moine, un démon à face humaine et au cœur de bête sauvage » ne sont d’aucune aide pour apaiser la situation, et n’améliorent pas l’image du gouvernement chinois. Nous estimons que le gouvernement chinois, qui cherche à tout prix à s’intégrer à la communauté internationale, doit montrer un visage conforme à un style de gouvernement moderne civilisé. Pétition d’intellectuels chinois
Mais attention, il ne s’agit pas d’un autoritarisme mou, comme le franquisme de la fin. Nous sommes dans un régime autoritaire musclé qui devient sauvage chaque fois qu’il se sent menacé. Jean-Luc Domenach,
L’avocat Teng Biao, qui a reçu le prix des droits de l’homme des mains de Rama Yade, a raconté comment des policiers avaient reçu l’ordre de résoudre une affaire de meurtre avant la fin du mois. Ils ont donc pris quatre hommes au hasard et les ont fait avouer sous la torture. Les juges savaient qu’ils étaient innocents, mais tous les quatre ont été exécutés. Des exemples terribles comme celui-ci, il y en a tous les jours. (…) La corruption, c’est bien pratique : chaque fois qu’il y a un problème, le pouvoir désigne tel maire véreux, tel cadre corrompu. La fureur populaire se déverse sur les pourris, qui sont dûment fusillés, et les gens se calment. Marie Holzman
Cela va faire un demi siècle que la France a fait le choix stratégique de la Chine, un choix qui n’a jamais été démenti par les événements, un choix qui nous a amenés à être à vos côtés dans des moments très difficiles où parfois seule la France se mobilisait, souvenez-vous par exemple en 2003 de l’affaire du SRAS. Qui d’autre du monde entier est venu en Chine à ce moment-là ? le Premier ministre français. Qui d’autre a soutenu aussi activement les vues de la Chine, la politique de la Chine vis-à-vis de Taiwan ? la France toujours. Qui donc a bâti toute cette relation faite de contacts, de coopération dans tous les domaines, du plus politique à l’économique, au culturel, à la jeunesse, c’est toujours la France. Hervé Ladsous (ambassadeur de France, Pékin, conférence de presse du 18/04/2008)
L’indépendance du Tibet ? Et pourquoi pas les Bretons, les Basques et les Ch’tis ? Georges Freche
Je ne partage pas du tout l’enthousiasme béat pour le Dalaï-lama ni pour le régime qu’il incarne. (…) seule l’enquête « d’arrêt sur image » rapporte que les « évènements du Tibet » ont commencé par un pogrom de commerçants chinois par des « Tibétains ». (…) autant dire que le gouvernement français de l’époque a ordonné de pousser deux jeunes dans un transformateur électrique à Clichy Sous Bois au motif qu’il avait alors une politique de main dure face aux banlieues. Personne n’oserait avancer une bêtise aussi infâme. Dans les émeutes urbaines américaines la répression a aussi la main lourde. (…) Robert Ménard est un défenseur des droits de l’homme à géométrie variable. A-t-il mené une seule action, même ultra symbolique, quand les Etats-Unis d’Amérique ont légalisé la torture ? A-t-il mené une seule action pour que les détenus de Guantanamo soient assistés d’avocat ? (…) Le Tibet est chinois depuis le quatorzième siècle. (…) Parler « d’invasion » en 1959 pour qualifier un évènement à l’intérieur de la révolution chinoise est aberrant. Dit-on que la France a « envahi » la Vendée quand les armées de notre République y sont entrées contre les insurgés royalistes du cru ? (…) La version tibétaine de la Charia a pris fin avec les communistes. La révolte de 1959 fut préparée, armée, entretenue et financée par les USA dans le cadre de la guerre froide. (…) Depuis la scolarisation des enfants du Tibet concerne 81% d’entre eux là où il n’y en avait que 2% au temps bénis des traditions. Et l’espérance de vie dans l’enfer chinois contemporain prolonge la vie des esclaves de cette vallée de larmes de 35, 5 à 67 ans. Jean-Luc Melenchon
Chassez le naturel, comme disait Destouches, il revient au galop!
Arrogance et démonstrations musclées de robocops en bleu à Londres puis à Paris, parcours de la flamme olympique plus en plus réduit à San Francisco ou Canberra, embarrassant triomphe à Dar es Salaam ou Pyongyang, appels au boycott et insultes contre la France, contre-manifestations et violences d’étudiants chinois à Paris puis Séoul, refus même du Toit du monde de se laisser gravir …
Plus grande catastrophe ferroviaire depuis dix ans, nouvelle épidémie par un virus hautement pathogène atteignant des enfants, mystérieuse explosion dans un bus de Shanghai faisant trois morts …
Répression féroce et déclarations d’une violence digne de la révolution culturelle contre les Tibétains et le dalai lama, paysannes avortées de force à huit ou neuf mois de grossesse, corruption endémique et sauvages règlements de compte par justice interposée, inflation galopante et hausse de 50% des produits alimentaires, début de ralentissement de la croissance …
Au terme, à mois de 100 jours des Jeux, d’une tournée mondiale de la flamme olympique censée afficher les spectaculaires succès de l’économie chinoise qui tourne au contraire au fiasco et au cauchemar médiatiques …
Retour, après l’année de tous les scandales, à… l’année de tous les dangers!
Avec notamment deux sinologues interrogés par Le Nouvel Observateur de la semaine dernière et malgré les récents contacts avec des représentants tibétains, sur la face jusqu’ici cachée de ce « régime autoritaire musclé qui devient sauvage chaque fois qu’il se sent menacé » …
Pendant que, désindustrialisation du reste du monde, produits dangereux, enfants-esclaves, nouveau colonialisme, brutalité du régime, laminage des minorités, sous-évaluation délibérée de sa monnaie, voracité de ses fonds d’investissement, surarmement suspect, cauchemar écologique, le même Nouvel Obs fait la liste, apparemment interminable, des menaces du nouvel empire …
Deux sinoloques débattent de la vraie nature du régime
Le grand bond autoritaire
Pour Jean-Luc Domenach, le système a cessé d’être totalitaire. Pour Marie Holzman, seule la société civile a bougé. Le pouvoir est toujours aussi répressif
Le Nouvel Observateur. – Y a-t-il selon vous une chance pour que le gouvernement chinois réagisse à la crise tibétaine moins rudement que par le passé ?
Marie Holzman. – Si l’on s’en tient au discours du gouvernement, on voit bien qu’il régresse en recourant au vocabulaire de la Révolution culturelle : le dalaï-lama est de nouveau traité de «moine à tête de chacal», etc. Il n’y a d’évidence aucun progrès, même si on ne peut pas exclure qu’un dirigeant chinois décide de le rencontrer malgré tout.
Jean-Luc Domenach. – Tout est possible dans un régime autoritaire. Au terme d’un règlement de compte quelconque, l’attitude du pouvoir peut changer. Mais c’est de moins en moins probable au vu de l’incroyable vague de nationalisme qui déferle sur la Chine, une vague qui rappelle les excès que nous avons connus en France à propos de l’Alsace-Lorraine. Or le pouvoir est affaibli notamment parce que la croissance économique ralentit. S’il se retrouve contraint de lâcher quelque chose, ce ne sera pas sur le Tibet, et je pense que le Tibet va passer par pertes et profits.
N. O. – Vous n’êtes donc pas optimistes quant à un assouplissement de la politique vis-à-vis des ethnies minoritaires…
J.-L. Domenach. – Dans le cas des Ouïgours (musulmans turcophones), qui s’agitent de nouveau au Xinjiang, les Chinois doivent se dire qu’ils peuvent les écraser sans hésiter. Car bien qu’ils soient plus vigoureux et organisés que les Tibétains, ils ont moins de soutien à l’extérieur.
M. Holzman. – Les Chinois sont absolument sans concession vis-à-vis des Ouïgours. Rebiya Kader a fait cinq ans de prison, dont deux ans dans le noir total, parce qu’elle envoyait des informations à son mari installé aux Etats-Unis. Et quand, après sa libération, elle a été élue en 2006 présidente du Congrès mondial des Ouïgours, deux de ses fils restés au Xinjiang ont été arrêtés et torturés. Il n’y a pas de méthode plus épouvantable pour punir une femme.
J.-L. Domenach. – A mon sens, la situation ne peut que s’aggraver dans le court terme, car la légitimité du gouvernement, jusqu’à présent fondée sur sa capacité à produire de la croissance économique, est en train de glisser vers sa capacité à défendre ses prétentions nationalistes. Dans le long terme, il peut y avoir des conséquences positives; on a vu certains nationalismes évoluer vers des formes d’institution plus souples.
M. Holzman. – Pour l’instant, l’exemple des Mongols donne une idée de ce qui attend les Tibétains. Aujourd’hui, on compte un Mongol pour dix habitants en Mongolie. Le vécu de cette perte d’identité, de culture, de territoire est extrêmement violent.
N. O. – Venons-en à la question plus générale des droits de l’homme en Chine, sur laquelle vous n’êtes pas d’accord Pour vous, Jean-Luc Domenach, je résume : la situation n’est pas bonne, mais elle est meilleure qu’avant…
J.-L. Domenach. – Oui. Sauf depuis trois mois, j’y reviendrai.
Dans l’ensemble, on ne peut pas nier que ce régime jadis totalitaire soit devenu un régime autoritaire. Il reposait sur un appareil et une idéologie qui visaient à transformer le réel et les hommes, quitte à les détruire. II est maintenant dirigé par une couche sociale, issue du Parti, qui se préoccupe d’entreprendre, quitte à vendre ce qu’il n’est plus profitable d’exploiter. Résultat : sur le front des droits sociaux (droits des travailleurs, des femmes, etc.), le pouvoir réprime activement, mais en ce qui concerne les droits politiques (liberté d’expression, liberté de se défendre face à un parti unique, etc.), il est juste défensif et n’attaque que quand il est contesté. Il y a donc selon moi une amélioration constante – bien que limitée – des droits politiques classiques. Mais attention, il ne s’agit pas d’un autoritarisme mou, comme le franquisme de la fin. Nous sommes dans un régime autoritaire musclé qui devient sauvage chaque fois qu’il se sent menacé.
N. O. – Dans votre dernier ouvrage (1), vous parlez tout de même de «ramollissement».
J.-L. Domenach. – Le ramollissement s’arrête dès qu’il y a une menace, mais il existe. Les prisonniers politiques, par exemple, sont moins nombreux. Je les évaluais à 200 000 au lendemain de 1989, contre 15 000 ou 20 000 aujourd’hui. Les exécutions capitales restent trop nombreuses, mais la tendance est nettement à la baisse. Enfin, le contrôle de la presse est total là où cela compte (les titres, le journal télévisé, qui sont les mêmes partout) et beaucoup plus flou dans les articles des pages intérieures, et surtout sur internet. On voit la police du Net s’acharner à interdire des sites qui réapparaissent aussitôt sous un autre nom…
M. Holzman. – Pour moi, cette approche quantitative n’a pas de sens. Prenez le laojiao (détention arbitraire, sans procès, décidée par la police), qui était censé être réformé à la demande répétée du haut-commissaire aux Droits de l’homme. Or à l’approche des JO, que voit-on ? Que le laojiao a été largement étendu, au-delà des petits délinquants, aux drogués, aux mendiants, etc., afin que les rues de Pékin soient nickel au moment des Jeux. Pendant ce temps, il y a des colloques, des débats autour de ce sujet comme autour de la peine de mort. Les spécialistes étrangers sont contents, ils ont l’impression que les choses bougent. Mais, dans les faits, rien n’a changé. Voyez la peine de mort. On a accueilli comme un grand progrès que la décision finale revienne à la Cour suprême, et non pas aux tribunaux provinciaux, pour éviter les règlements de comptes locaux. Mais l’été dernier, le responsable de l’agence de sécurité alimentaire, accusé dans le scandale des médicaments frelatés, a été arrêté, jugé, condamné et exécuté en onze jours ! Un cas parmi d’autres qui montre que la justice en Chine est toujours soumise au pouvoir.
J.-L. Domenach. – Tout cela est vrai, mais un élément me rend optimiste : comme dans la France du XVe siècle, une bourgeoisie apparaît aujourd’hui et des corps professionnels se forment, comme ceux des juges, des avocats, des ingénieurs et des médecins. Ils n’agissent pas toujours pour le bien commun, mais ils sont animés d’une sorte d’élan professionnel qui les fait s’opposer par exemple à la police.
M. Holzman. -Je suis d’accord sur le fait que la société chinoise a énormément évolué. Elle est infiniment plus à même de se comporter comme toute société parvenue à maturité. En contraste, le comportement du régime paraît spécialement anachronique. A la veille du dernier congrès du Parti à l’automne, l’avocat Li Heping a été frappé pendant trois heures par les policiers qui lui disaient : «Dis que tu vas quitter Pékin !» Ils ne voulaient pas qu’il puisse rencontrer des journalistes étrangers et témoigner des abus subis par ses clients. L’avocat Teng Biao, qui a reçu le prix des droits de l’homme des mains de Rama Yade, a raconté comment des policiers avaient reçu l’ordre de résoudre une affaire de meurtre avant la fin du mois. Ils ont donc pris quatre hommes au hasard et les ont fait avouer sous la torture. Les juges savaient qu’ils étaient innocents, mais tous les quatre ont été exécutés. Des exemples terribles comme celui-ci, il y en a tous les jours.
J.-L. Domenach. -Je suis d’accord. Cette criminalité locale n’existerait pas sans le régime, et le régime en vit très largement. Mais la faction actuellement au pouvoir cherche à s’en dégager. Robert Ménard parle des 50 journalistes emprisonnés en Chine. D’une part, c’est bien peu, comparé aux 550 000 journalistes que compte le pays. D’autre part, les trois quarts d’entre eux sont des victimes de vengeances, de crapuleries locales contre lesquelles le régime a décidé de lutter pour ne pas disparaître.
N. O. – Cela nous amène à la question de la corruption. Peut-elle être résolue dans un système de parti unique ?
J.-L. Domenach. – La corruption est un pilier fondamental du pouvoir et un mode de rémunération de la couche dirigeante. Malheureusement, dans l’histoire économique du monde, les pourris ne disparaissent pas parce qu’ils sont pourris mais parce qu’ils échouent.
M. Holzman. – La corruption, c’est bien pratique : chaque fois qu’il y a un problème, le pouvoir désigne tel maire véreux, tel cadre corrompu. La fureur populaire se déverse sur les pourris, qui sont dûment fusillés, et les gens se calment. C’est ainsi que le système se perpétue sans jamais se corriger. Tant qu’il n’y aura pas une presse libre où puissent s’exprimer des voix divergentes, tant qu’il n’y aura pas un espace d’opinion libre, il n’y aura pas de contre-pouvoir. Je rappelle que le fondateur du Parti démocratique de Chine, Wang Bingzhang, purge une peine de prison à vie ! C’est un sacré message à l’intention de ceux qui voudraient s’y risquer, qui explique assez pourquoi les dissidents chinois n’arrivent pas à s’organiser. C’est très grave, car il n’y a pas d’alternative au régime s’il se produit une explosion du Parti, par suite d’un incident environnemental ou d’une inflation insupportable. Actuellement, les produits alimentaires ont augmenté de 50% en moyenne…
N. O. – Vous pensez que le pouvoir est inquiet ?
J.-L. Domenach. – Le durcissement que l’on observe depuis trois mois le laisse penser. L’inflation a joué un rôle décisif dans le déclenchement du mouvement de 1989. Et je ne donne pas trois ans pour que la croissance descende à 5%. Les protestations ne vont pas cesser de s’enchaîner, car la population ne supporte ce pouvoir que tant qu’il rapporte de l’argent. Le Parti en est conscient et je crois que les couacs vont se succéder, sauf si l’Europe ou les Occidentaux prennent une initiative concertée. Aussi bien en politique économique que sur la question tibétaine, la France devrait consulter Angela Merkel avant de faire quoi que ce soit. L’Allemagne en Chine, c’est trois fois et demie la France et les Chinois ne se priveront jamais des machines-outils allemandes. Sans cela, on va vers des JO où il y aura du sport sur les terrains et du sport dans les tribunes.
M. Holzman. – Il faut soutenir le mouvement de défense des droits citoyens, représenté par des avocats, des militants de plus en plus nombreux (2), au lieu de gober la propagande chinoise sur une prétendue amélioration. Si tous les dirigeants internationaux demandaient la libération d’un seul d’entre eux – Chen Guangcheng, par exemple, l’avocat aveugle qui défend des paysannes avortées de force à huit ou neuf mois de grossesse – ce serait un message d’encouragement en direction des Chinois prêts à défendre leurs droits. Et c’est le seul moyen de faire bouger le système.
(1) «La Chine m’inquiète», Perrin, 2008.
(2) « L’envers des médaille. J.O. de Pékin 2008 », Editions Bleu de Chine.
Voir aussi:
Bientôt la surpuissance ?
Les dix menaces du nouvel empire
En pleine expansion, la République populaire s’empare de marchés entiers, amasse d’énormes réserves financières et augmente ses dépenses militaires. A quelle fin ?
1 – Le piège des délocalisations
C’est devenu l’usine du monde. Avec des villes dédiées entièrement à une seule activité – la chaussette, la cravate, le tee-shirt, les jouets… Grâce à son inépuisable réservoir de main-d’oeuvre à bas prix, la Chine est bel et bien la terre promise des délocalisations. De quoi en faire le bouc émissaire idéal. La Chine, responsable de la désindustrialisation ? «Le mouvement en France était amorcé depuis bien plus longtemps», rappelle Françoise Lemoine, économiste au Centre d’Etudes prospectives et d’Informations internationales (Cepii), spécialisée sur la Chine. «Dans le textile, par exemple, les emplois étaient déjà partis vers des pays frontaliers, au Maghreb ou en Turquie.» Bref, ce sont ces derniers qui ont pris de plein fouet la concurrence chinoise avec la fin des quotas. Contrairement à la France, réorientée vers le haut de gamme, qui restait préservée. Pour combien de temps ? La Chine reste pour l’instant cantonnée dans la production de masse à faible valeur ajoutée. Et elle est elle-même concurrencée par des pays qui deviennent plus compétitifs en matière de salaires : selon une récente étude du cabinet Booz Allen Hamilton, 20% des entreprises songeraient à des relocalisations dans des pays encore moins chers, comme le Vietnam. Résultat : la Chine cherche à monter en gamme. Mais elle devra affronter la concurrence d’un autre géant, l’Inde, le plus gros pourvoyeur d’ingénieurs bon marché. D. B.
2 – Des produits dangereux
C’était cet été. 20 millions de jouets Fisher Price (groupe Mattel) rappelés en catastrophe : des Polly Pocket avec des aimants que risquaient d’ingérer les enfants, des jouets Dora recouverts de peinture toxique au plomb, des trains en bois défectueux… Les 60 millions de cannettes de nourriture pour chiens et chats contaminées. Les dentifrices empoisonnés qui contenaient de l’antigel. 2007 aura été l’année de tous les scandales pour le made in China, de quoi sérieusement entamer la confiance des consommateurs. Aux Etats-Unis, la psychose est telle qu’une marque agroalimentaire a même décidé de lancer un label «China Free» pour rassurer ses clients. «Il y a eu des décès aux Etats-Unis. Pas en Europe, heureusement : nous avons mis en place un système d’alerte pour produits dangereux, et les produits chinois sont particulièrement sujets à vigilance», dit Meglena Kuneva, à la Commission européenne. En témoigne le nombre de notifications de produits dangereux passé de 468 en 2004 à … 1 605 en 2007, dont 60% émanaient de Chine ! Le gouvernement à Pékin a compris qu’il y avait péril en la demeure. D’autant que les consommateurs chinois commencent à se rebiffer, au vu des innombrables scandales qui ont émaillé ces derniers mois. Les mesures ? Elles ont été drastiques. 80 usines douteuses ont été fermées. Et les têtes sont tombées : le directeur de la Sécurité alimentaire a carrément été exécuté cet été… D.B.
3 – Les damnés de l’usine
On les appelle «les oubliés du miracle chinois» : 200 millions de mingong, jeunes travailleurs migrants corvéables à merci, venus des campagnes surpeuplées, triment dans les usines de l’eldorado chinois ou au fond des mines les plus dangereuses du monde. «Ils sont toujours présentés comme les laissés-pour-compte de la croissance, mais leur exploitation constitue en réalité le socle même de cette croissance», affirme Luc Richard dans son essai «Pékin 2008» (Ed. Mille et Une Nuits). C’est en effet la «sueur bon marché» des mingong qui permet aux articles à bas prix made in China de déferler sur tous les marchés du monde. Des ouvrières encore adolescentes, appréciées pour leur docilité et leur endurance, sont payées 30 à 50 euros par mois pour travailler douze heures par jour, sans protection contre les produits chimiques qu’elles manipulent, ni contre les abus qu’elles subissent.
La signature d’un contrat de travail est obligatoire depuis… le 1er janvier 2008 ! Mais l’adoption de cette législation n’a guère fait avancer les choses : 80% des travailleurs n’ont jamais signé de contrat, et la loi du plus fort est toujours de mise. Les employeurs licencient à volonté, ne paient pratiquement jamais les heures supplémentaires, ni les frais médicaux en cas d’accident. «Ils profitent souvent de la vulnérabilité des migrants pour retenir des milliards de yuans (des millions d’euros) de salaires impayés», précise Benoît Vermander dans son livre «Chine brune ou Chine verte ?» (Presses de Sciences-Po).
L’été dernier, l’extension effrayante de cette exploitation a été révélée par la découverte de centaines d’enfants-esclaves travaillant dans des briqueteries appartenant à des responsables locaux du PC. Au même moment, une ONG révélait que des entreprises fabriquant des gadgets pour les JO recouraient au travail forcé des enfants. U. G.
4 – Un nouveau colonialisme ?
Après avoir longtemps été une voisine menaçante, prompte à contester ses frontières (avec la Russie ou l’Inde), à disputer des archipels et des zones maritimes gigantesques à tous les Etats riverains (du Japon au Vietnam en passant par les Philippines et la Malaisie), la Chine semble avoir changé de style. A l’exception de la question taïwanaise, qui peut susciter de redoutables gesticulations militaires, elle s’est dans l’ensemble convertie à la logique du soft power. Les mandarins rouges ne parlent plus que de commerce, d’investissement, d’import-export, d’échanges «gagnant-gagnant». La Chine n’a-t-elle pas besoin de matières premières comme de débouchés ? Ne peut-elle réaliser des infrastructures rapidement et pour pas cher, grâce à ses armées d’ouvriers, de techniciens et d’ingénieurs durs à la tâche et économes ? Elle a tout à offrir – et à gagner – aux petits Etats dans sa région et au-delà.
La formule rencontre un franc succès, à commencer par son voisinage immédiat. Les commerçants chinois ont déjà largement investi les espaces sous-peuplés d’Asie – Sibérie, républiques d’Asie centrale… Ils sont devenus des partenaires incontournables en Indochine. Depuis quelques années, la machine économique céleste s’est lancée à la conquête de l’Afrique. En 2007, la Chine a supplanté la France comme second plus gros partenaire commercial du continent noir. Pour les auteurs de «la Chinafrique» à paraître chez Grasset (1), la «pax sinica» et le «grand bond chinois en Afrique» sont d’ores et déjà à l’oeuvre, avec des résultats plutôt bénéfiques. Mais cette irruption chinoise n’a pas rompu avec les dérives de la Françafrique : soutien aux régimes despotiques, vente d’armes, corruption, etc. Plus inquiétant, le soutien sans faille que Pékin offre à ceux qui acceptent son partenariat : le Soudan, malgré le génocide au Darfour, le Zimbabwé de Mugabe – ainsi que le régime des généraux birmans – sont les grands gagnants d’une politique chinoise mercantile qui ne s’embarrasse pas de scrupules humanitaires. U. G
5 – Un régime trop brutal
Qu’est-ce que la Chine hypercapitaliste doit au grand despote qui fonda le régime ? «Le Parti, et le principe selon lequel le Parti peut se tromper, mais seul le Parti peut rectifier ses erreurs», répond Federico Rampini («l’Ombre de Mao», Robert-Laffont, 2008). Conséquence : toutes les libertés (religieuses, civiles, de pensée, d’expression, d’association, etc.) sont toujours réversibles. Dès qu’ils sont confrontés à une opposition organisée, les mandarins rouges font comme Mao : ils sévissent. En 2007, 470 exécutions capitales documentées ont eu lieu, selon Amnesty. Le nombre réel s’élèverait à 7 000 ou 8 000 selon le sinologue Jean-Luc Domenach (lire notre débat p. 18). U. G.
6 – Des minorités laminées
La tragédie tibétaine, celle des Ouïgours du Xinjiang, celle – désormais irréversible – des Mongols montrent le visage «colonial» du régime chinois. Mao avait pourtant promis aux minorités la création d’un Etat fédéral sur le modèle des républiques soviétiques. Mais en prenant le pouvoir en 1949, il annexe purement et simplement leurs territoires – plus vastes que l’ensemble des régions de peuplement «han» (l’ethnie dominante). Condamnées à devenir minoritaires dans leur propre pays, les minorités n’ont d’autre choix que la radicalisation. U. G.
7 – La tactique du yuan
Et si la «monnaie du peuple» était la botte secrète de la Chine ? Non convertible, le yuan, tout droit issu de l’économie communiste administrée, permet aux autorités chinoises d’ajuster la valeur de leur monnaie pour inonder la planète de marchandises made in China déjà avantagées par de faibles coûts de main-d’oeuvre. Imparable. Grâce à cette stratégie du «yuan bas», les excédents du commerce extérieur chinois ont atteint 1 680 milliards de dollars. Une manne que la banque centrale chinoise s’efforce, selon le jargon de la finance, de «stériliser» : les colossaux avoirs en dollars encaissés par l’entreprise Chine ne sont pas convertis en yuans mais en obligations auxquelles les banques locales sont invitées à souscrire. Cela pour éviter d’augmenter trop brutalement la masse monétaire et d’alimenter l’inflation qui a tendance à s’emballer. Les principales «victimes» de cette politique monétaire très restrictive sont bien sûr les principaux partenaires commerciaux de la Chine qui aimeraient tant voir s’apprécier le yuan pour rééquilibrer leurs échanges avec le nouveau géant. Ainsi les Etats-Unis et le G7 ne manquent-ils jamais une occasion d’exhorter Pékin à réévaluer sa monnaie. Depuis quelques semaines, face aux désordres financiers mondiaux, le gouvernement de Hu Jintao a cédé : désormais un dollar vaut 7 yuans, un niveau qualifié d’historique. B. B.
8 – Des fonds voraces
La Chine fait des emplettes. Après avoir raflé 1,3% de Total, amassé discrètement depuis novembre, un nouveau fonds de l’Etat chinois vient d’entrer dans le capital de BP (1%). Mais de là à imaginer un raz de marée chinois emportant sur son passage les multinationales étrangères, les analystes restent beaucoup plus prudents. L’essentiel de l’activité financière chinoise se concentre dans un domaine : les matières premières, et surtout le pétrole. La Chine, en effet, se retrouve dans la situation de la France et de l’Italie de l’après-guerre : l’or noir est entre les mains des majors anglo-saxonnes. Pour assurer son indépendance énergétique, la Chine réagit comme Paris lors de la création d’Elf ou Rome avec Eni, voire Tokyo avec la création de sociétés mixtes à participations japonaises…
Mais cette offensive est parcellisée. Pékin contrôle un fonds souverain : la China Investment Corp (CIC), doté de 200 milliards de dollars empruntés aux réserves de change du pays (1 600 milliards de dollars !) . Plutôt que de garder cet avoir placé en bonds du Trésor américain, le CIC est sensé partir à la recherche d’investissements plus rentables. Pourtant ses premières opérations sont loin d’être concluantes. En mai 2007, le CIC a investi 3 milliards de dollars dans le fonds américain Blackstone. Neuf mois plus tard, cette somme a fondu comme neige au soleil (- 40%) à cause de l’effondrement de Wall Street. Des déboires qui profitent à Safe, une autre émanation du gouvernement chinois. Créée il y a une trentaine d’années pour acheter des bons du Trésor américain, cette société incorporée à Hongkong rêve aujourd’hui de voler de ses propres ailes. C’est elle qui vient de marquer des points en s’offrant un ticket d’entrée au capital de Total et BP. B. B.
9 – Un géant surarmé
Quand ils évoquent leur ambition pour leur pays, les dirigeants chinois parlent d’une «montée en puissance pacifique». Pacifique ? A Washington, à Tokyo et un peu partout dans le monde, on s’interroge sur les intentions réelles de l’empire du Milieu. Pourquoi, demande-t-on au Pentagone, le budget chinois de la Défense progresse-t-il de près de 20% tous les ans depuis quinze ans ? Pourquoi est-il nécessaire d’entretenir une armée de 2,5 millions de soldats, la plus grande du monde et de loin ? Pourquoi masser 1 000 missiles de courte et moyenne portée et près de 500 avions bombardiers le long de la côte qui fait face à l’île de Taiwan ? Tout cela est-il vraiment pacifique ?
Les Chinois affirment qu’il ne s’agit là que d’une mise à niveau, que leur défense a pris beaucoup de retard technologique pendant que l’Amérique et les autres grandes puissances renouvelaient leur matériel militaire. Ils ajoutent que leur pays a des dizaines de milliers de kilomètres de frontière à défendre et que le budget américain de la défense est près de dix fois supérieur au leur.
Quoi qu’il en soit, les Américains pensent que la Chine a remplacé la Russie et qu’elle sera bientôt leur principal adversaire stratégique, voire leur ennemi militaire. D’ailleurs le Pentagone assure, et ce n’est pas un hasard, que le budget de l’armée chinoise est égal à la somme des budgets japonais, coréen et… russe. Il faut aussi compter avec l’immense réseau d’espionnage de Pékin, le Guoanbu. A son propos, le grand spécialiste français, Roger Faligot, écrit, dans le livre qu’il lui consacre (Editions Nouveau Monde) : «Les services spéciaux chinois sont devenus, au début du XXIe siècle, les plus importants du monde.» Et il précise que bientôt le vocable Guoanbu sera aussi tristement célèbre que son modèle, le KGB. Reste à savoir si l’affrontement tant de fois annoncé ressemblera à la guerre froide ou sera un conflit plus chaud… V. J.
10 – L’environnement en péril
Il y a la championne de tennis Justine Henin ou le coureur Haïlé Gebreselassié qui envisagent de déclarer forfait pour les JO pour «raisons sanitaires». Ceux qui ont décidé de se replier sur Singapour ou la Corée du Sud, à quelques heures de vol de Pékin, pour l’entraînement. Et les autres qui, en tout cas, veulent passer le moins de temps possible à Pékin, ou au minimum avec un masque de protection spécial. Paranoïa ? A Pékin, l’une des capitales les plus polluées du monde, le ciel plombé par des nappes de brouillard gras laisse rarement percer le soleil… Inquiet pour son image, le gouvernement a tenté un plan d’urgence antipollution pour se préparer aux JO, avec la fermeture temporaire des aciéries et des usines les plus polluantes de la région. Histoire de faire de la ville un endroit – un tout petit peu – plus respirable pendant quelques semaines…
La Chine, cauchemar écologique ? Les chiffres font peur. Selon une récente étude de la Banque mondiale, censurée par Pékin, 750 000 morts par an seraient directement causées par la pollution. Un tiers des rivières sont tellement chargées en polluants que l’eau ne peut plus être utilisée pour l’irrigation. 300 millions de Chinois boivent de l’eau polluée, parmi lesquels 190 millions tombent malades chaque année. En 2009, avec dix ans d’avance sur ce que prévoyaient les experts, la Chine va devenir le plus gros émetteur mondial de dioxyde de carbone, ravissant la première place aux Etats-Unis. Et sur les 30 villes les plus polluées de la planète, 20 sont chinoises. «De tous les problèmes de la Chine, la pollution est le plus urgent», estime David Dollar, à la Banque mondiale. Une situation alarmante qui pèse directement sur l’économie : la pollution coûterait au pays de 6 à 10 points de PIB. De quoi inquiéter le gouvernement qui a fait de l’environnement l’un de ses chevaux de bataille. «Il y a une prise de conscience en haut, dit Françoise Lemoine, économiste. Mais c’est très compliqué de faire passer cela au niveau des autorités locales.» D. B.
(1)Michel Beuret et Serge Michel, mai 2008.
Doan Bui, Bruno Birolli, Ursula Gauthier, Vincent Jauvert
Le Nouvel Observateur
Voir enfin:
Douze propositions d’intellectuels pour résoudre la crise au Tibet
Pierre Haski
Rue89
23/03/2008
Rue89 publie, à titre de document, le texte complet de la pétition signée par plusieurs dizaines d’intellectuels chinois à propos de la crise du Tibet. L’original peut être consulté sur ce site en chinois.
Pour l’instant, le style de la propagande unilatérale déployée dans les médias officiels chinois, en attisant le ressentiment ethnique et en exacerbant la tension résultant de la situation actuelle, a considérablement miné l’objectif à long terme de la sauvegarde de l’unité nationale: nous appelons à mettre un terme à ce type de propagande.
Nous soutenons l’appel du dalaï Lama en faveur de la paix, nous espérons qu’en suivant les principes de bienveillance, de paix et de non-violence, une issue favorable sera trouvée aux affrontements ethniques. Nous condamnons toutes les actions violentes dirigées contre des civils innocents, et exhortons fermement le gouvernement chinois à arrêter la répression violente ; nous appelons aussi la population tibétaine à s’abstenir de toute action violente.
Le gouvernement chinois affirme dans sa propagande qu’ »il existe suffisamment de preuves pour démontrer que la clique du dalaï lama a organisé, prémédité et planifié dans le moindre détail » les événements présents. Nous espérons que le gouvernement produira ces preuves, et nous proposons que le gouvernement invite le Conseil des Droits de l’homme de l’ONU à diligenter une enquête indépendante sur ces preuves et sur le déroulement des événements eux-mêmes, ainsi que sur le nombre des morts et de blessés, s’il souhaite infléchir le point de vue contraire et l’attitude de doute qui prévalent dans la communauté internationale.
Nous estimons que des déclarations dans le style de la Révolution culturelle, comme celles faites par le dirigeant du Parti communiste dans la région autonome du Tibet, affirmant que « le Dalai Lama est un chacal en habit de moine, un démon à face humaine et au cœur de bête sauvage » ne sont d’aucune aide pour apaiser la situation, et n’améliorent pas l’image du gouvernement chinois. Nous estimons que le gouvernement chinois, qui cherche à tout prix à s’intégrer à la communauté internationale, doit montrer un visage conforme à un style de gouvernement moderne civilisé.
Nous notons que le jour même où des actions violentes ont éclaté à Lhasa (le 14 mars), les responsables de la région autonome du Tibet ont déclaré détenir « suffisamment de preuves pour démontrer que la clique du dalaï lama a organisé, prémédité et planifié cela dans le moindre détail ». Cette déclaration montre que les autorités du Tibet savaient à l’avance que des violences allaient éclater, mais qu’elles n’ont pris aucune mesure efficace pour les empêcher ou les contenir. Il convient de mener une enquête rigoureuse afin de déterminer s’il y a eu négligence et d’en tirer des conséquences s’il y a lieu.
Si, en fin de compte, il est impossible de démontrer que les événements ont été organisés, prémédités, et planifiés dans le moindre détail, et qu’il s’avère qu’il s’agissait d’une « révolte populaire » provoquée, il faudra rechercher les responsables qui ont provoqué cette révolte populaire et fabriqué de fausses informations pour tromper le gouvernement central et la population. Il faudra également entamer une réflexion approfondie, et tirer les leçons de cette expérience, afin d’éviter que de tels événements se reproduisent.
Nous appelons vigoureusement à ne pas faire subir au peuple tibétain d’investigation généralisée ni de règlements de comptes. Le jugement de ceux qui auront été arrêtés devra suivre une procédure juridique ouverte, juste et transparente, faute de quoi il ne permettra pas d’apaiser toutes les parties impliquées.
Nous exhortons le gouvernement chinois à permettre à des médias chinois et étrangers qui jouissent de la confiance publique à se rendre dans les zones tibétaines afin d’y conduire des entretiens indépendants. Nous estimons que le blocage médiatique actuel ne peut que susciter la méfiance des citoyens et de la communauté internationale ; il endommage la crédibilité du gouvernement chinois. Si le gouvernement contrôle la situation, il n’a aucune raison de craindre une enquête méticuleuse. C’est seulement en adoptant une attitude ouverte que notre gouvernement pourra infléchir la défiance actuelle de la communauté internationale envers lui.
Nous appelons le peuple chinois et les Chinois de l’étranger à conserver une attitude calme et tolérante, et à se consacrer à une réflexion profonde. L’affichage d’un nationalisme véhément ne provoquera que le rejet de la communauté internationale, et nuira davantage à l’image internationale de la Chine.
Dans les années 1980, les protestations au Tibet se sont toujours limitées à Lhasa, cette fois elles se sont diffusées à toutes les régions tibétaines. Cette détérioration de la situation démontre que la politique tibétaine reste entachée de graves manquements ; les administrations concernées doivent faire leur examen de conscience et changer radicalement une politique ethnique qui a ainsi démontré son échec.
Afin d’éviter que de tels événements se reproduisent, le gouvernement chinois doit respecter le droit à la liberté de religion et à la liberté de parole clairement stipulés dans la constitution chinoise, permettre à la population tibétaine d’exprimer pleinement son mécontentement et ses espoirs, et permettre aux citoyens de toutes les ethnies d’exprimer leurs critiques et leurs propositions vis-à-vis de la politique ethnique du gouvernement.
Nous estimons qu’il faut éliminer le ressentiment ethnique, réaliser l’harmonie entre les ethnies et cesser d’exagérer la division entre les différents ethnies. Si un pays veut éviter le démembrement, il doit d’abord éviter la fracture ethnique. Pour cette raison, nous appelons les dirigeants chinois à dialoguer directement avec le dalaï lama. Nous espérons que les Chinois et les Tibétains pourront éliminer les malentendus, développer les échanges, et réaliser l’union entre eux. Qu’il s’agisse des agences du gouvernement, ou des organisations populaires et des personnalités religieuses, tous doivent œuvrer en vue de cet objectif.
22 mars 2008
premiers signataires:
Wang Lixiong (Pékin, écrivain), Liu Xiaobo (Pékin, écrivain indépendant), Zhang Zuhua (Pékin, juriste constitutionnaliste), Sha Yexin (Shanghai, écrivain, Hui), Yu Haocheng (Pékin, juriste), Ding Zilin (Pékin, professeur), Jiang Peikun (Pékin, professeur), Sun Wenguang (Shandong, professeur), Yu Jie (Pékin, écrivain), Ran Yunfei (Sichuan, éditeur, Tujia), Pu Zhiqiang (Pékin, avocat), Teng Biao (Pékin, avocat, universitaire), Liao Yiwu (Sichuan, écrivain), Jiang Qisheng (Pékin, universitaire), Zhang Xianling (Pékin, ingénieur), Xu Jue (Pékin, chercheur), Li Jun (Gansu, photographe), Gao Yu (Pékin, journaliste), Wang Debang (Pékin, écrivain indépendant), Zhao Dagong (écrivain indépendant), Jiang Danwen (Shanghai, écrivain), Liu Yi (Gansu, peintre), Xu Hui (Pékin, écrivain), Wang Tiancheng (Pékin, universitaire), Wen Kejian (Hangzhou, profession libérale), Li Hai (Pékin, écrivain indépendant), Tian Yongde (Mongolie intérieure, défenseur de droits populaires), Zan Aizong (Hangzhou, journaliste), Liu Yiming (Hubei, écrivain indépendant), Liu Di (Pékin, profession libérale).
[…] une certaine libéralisation au Tibet doivent se ranger à la fermeté de la majorité. Dénoncer «le chacal en habit de moine réfugié en Inde avec sa clique» fait partie du vocabulaire obligé jusque dans les plus hautes instances du parti communiste […]
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[…] Je ne partage pas du tout l’enthousiasme béat pour le Dalaï-lama ni pour le régime qu’il incarne. (…) seule l’enquête « d’arrêt sur image » rapporte que les « évènements du Tibet » ont commencé par un pogrom de commerçants chinois par des « Tibétains ». (…) autant dire que le gouvernement français de l’époque a ordonné de pousser deux jeunes dans un transformateur électrique à Clichy Sous Bois au motif qu’il avait alors une politique de main dure face aux banlieues. Personne n’oserait avancer une bêtise aussi infâme. Dans les émeutes urbaines américaines la répression a aussi la main lourde. (…) Robert Ménard est un défenseur des droits de l’homme à géométrie variable. A-t-il mené une seule action, même ultra symbolique, quand les Etats-Unis d’Amérique ont légalisé la torture ? A-t-il mené une seule action pour que les détenus de Guantanamo soient assistés d’avocat ? (…) Le Tibet est chinois depuis le quatorzième siècle. (…) Parler « d’invasion » en 1959 pour qualifier un évènement à l’intérieur de la révolution chinoise est aberrant. Dit-on que la France a « envahi » la Vendée quand les armées de notre République y sont entrées contre les insurgés royalistes du cru ? (…) La version tibétaine de la Charia a pris fin avec les communistes. La révolte de 1959 fut préparée, armée, entretenue et financée par les USA dans le cadre de la guerre froide. (…) Depuis la scolarisation des enfants du Tibet concerne 81% d’entre eux là où il n’y en avait que 2% au temps bénis des traditions. Et l’espérance de vie dans l’enfer chinois contemporain prolonge la vie des esclaves de cette vallée de larmes de 35, 5 à 67 ans. Jean-Luc Melenchon […]
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[…] Je ne partage pas du tout l’enthousiasme béat pour le Dalaï-lama ni pour le régime qu’il incarne. (…) seule l’enquête « d’arrêt sur image » rapporte que les « évènements du Tibet » ont commencé par un pogrom de commerçants chinois par des « Tibétains ». (…) autant dire que le gouvernement français de l’époque a ordonné de pousser deux jeunes dans un transformateur électrique à Clichy Sous Bois au motif qu’il avait alors une politique de main dure face aux banlieues. Personne n’oserait avancer une bêtise aussi infâme. Dans les émeutes urbaines américaines la répression a aussi la main lourde. (…) Robert Ménard est un défenseur des droits de l’homme à géométrie variable. A-t-il mené une seule action, même ultra symbolique, quand les Etats-Unis d’Amérique ont légalisé la torture ? A-t-il mené une seule action pour que les détenus de Guantanamo soient assistés d’avocat ? (…) Le Tibet est chinois depuis le quatorzième siècle. (…) Parler « d’invasion » en 1959 pour qualifier un évènement à l’intérieur de la révolution chinoise est aberrant. Dit-on que la France a « envahi » la Vendée quand les armées de notre République y sont entrées contre les insurgés royalistes du cru ? (…) La version tibétaine de la Charia a pris fin avec les communistes. La révolte de 1959 fut préparée, armée, entretenue et financée par les USA dans le cadre de la guerre froide. (…) Depuis la scolarisation des enfants du Tibet concerne 81% d’entre eux là où il n’y en avait que 2% au temps bénis des traditions. Et l’espérance de vie dans l’enfer chinois contemporain prolonge la vie des esclaves de cette vallée de larmes de 35, 5 à 67 ans. Jean-Luc Melenchon […]
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