Société: Sous la plage, les pavés (Life’s a topless beach)

Le topless sur les plages n'est plus à la modehttps://i0.wp.com/decitre.di-static.com/media/catalog/product/cache/1/image/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/0/9/1/9/9782091904276FS.gifhttps://i0.wp.com/www.52perfectdays.com/wp-content/uploads/2009/08/topless-beach-sign.jpg
Le rapport étroit entre sexualité et violence, héritage commun de toutes les religions, s’appuie sur un ensemble de convergences assez impressionnant. La sexualité a fréquemment maille à partir avec la violence, et dans ses manifestations immédiates, rapt, viol, défloration, sadisme, etc., et dans ses conséquences plus lointaines. Elle cause diverses maladies, réelles ou imaginaires; elle aboutit aux douleurs sanglantes de l’accouchement, toujours susceptibles d’entraîner la mort de la mère, de son enfant ou même des deux en même temps. A l’intérieur même d’un cadre rituel, quand toutes les prescriptions matrimoniales et les autres interdits sont respectés, la sexualité s’accompagne de violence; dès qu’on échappe à ce cadre, dans les amours illégitimes, l’adultère, l’inceste, etc., cette violence et l’impureté qui en résulte deviennent extrêmes. La sexualité provoque d’innombrables querelles, jalousies, rancunes et batailles; elle est une occasion permanente de désordre, même dans les communautés les plus harmonieuses. En refusant d’admettre l’association pourtant si peu problématique que les hommes, depuis des millénaires ont toujours reconnue entre la sexualité et la violence, les modernes cherchent à prouver leur « largeur d’esprit»; c’est là une source de méconnaissance dont on ferait bien de tenir compte. Tout comme la violence, le désir sexuel tend à se rabattre sur des objets de rechange quand l’objet qui l’attire demeure inaccessible. Il accueille volontiers toutes sortes de substitutions. Tout comme la violence, le désir sexuel ressemble à une énergie qui s’accumule et qui finit par causer mille désordres si on la tient longtemps comprimée. Il faut noter, d’autre part, que le glissement de la violence à la sexualité, et de la sexualité à la violence s’effectue très aisément, dans un sens comme dans l’autre, même chez les gens les plus «normaux» et sans qu’il soit nécessaire d’invoquer la moindre « perversion ». La sexualité contrecarrée débouche sur la violence. Les querelles d’amoureux, inversement, se terminent dans l’étreinte. Les recherches scientifiques récentes confirment sur beaucoup de points la perspective primitive. L’excitation sexuelle et la violence s’annoncent un peu de la même façon. La majorité des réactions corporelles mesurables sont les mêmes dans les deux cas. Avant de recourir aux explications passe-partout devant un tabou comme celui du sang menstruel, avant d’en appeler, par exemple, à ces « phantasmes » qui jouent dans notre pensée le rôle de la « malice des enchanteurs» dans celle de Don Quichotte, il faudrait s’assurer, en règle absolue, qu’on a épuisé les possibilités de compréhension directe. Dans la pensée qui s’arrête au sang menstruel comme à la matérialisation de toute violence sexuelle, il n’y a rien, en définitive, qui soi incompréhensible : il v a lieu de se demander en outre si le processus de symbolisation ne répond pas à une « volonté » obscure de rejeter toute la violence sur la femme exclusivement. Par le biais du sang menstruel, un transfert de la violence s’effectue, un monopole de fait s’établit au détriment du sexe féminin. René Girard
Quand elle avait 20 ans, elle fréquentait la piscine Deligny, l’ancienne piscine flottante qui a sombré dans le fleuve en 1993. « C’était hard, il y avait des homos partout. Les gens venaient à la piscine pour la drague. Maintenant, tout se passe sur le Net », croit-elle. Carole aussi se souvient de Deligny. « C’était faunesque, très codé. Ma mère m’interdisait d’y aller parce que les femmes étaient seins nus et les hommes bizarres. Mais elle avait du cachet avec ses vieilles cabines. Et un côté décalé, au bord d’un quartier d’ambassades sinistres. » La nouvelle piscine, elle, voisine le ministère des Finances. Les baigneurs s’y ébrouent le poignet cerclé d’un bracelet électronique qui ouvre les vestiaires. Seuls les hommes ont le droit de bronzer torse nu. Libération
Au nom de la « décence » les strings sont interdits sur Paris Plage, mais les voiles islamiques sont, eux, tout à fait autorisés (et pullulent d’ailleurs largement). Ainsi donc va la mise en place discrète mais efficace d’un mode de pensée, d’un conditionnement social qui préfigure l’intrusion de la shariah dans nos vies quotidiennes… une forme de continuité « extérieure » aux piscines musulmanes en quelque sorte… Pierre Bouskila
On ne joue pas au père la pudeur. Nous étions obligés de faire un règlement intérieur pour Paris-Plages et, par mesure de sécurité, nous avons décidé d’y interdire les tenues indécentes. Cela aurait pu provoquer des tentations et des comportements dangereux alors que nous sommes au bord d’un fleuve. Mairie de Paris
L’existence actuelle de la « société permissive », loin de réfuter le modèle, ne fait que l’exemplifier de façon plus manifeste encore, puisque c’est seulement dans une situation d’extrême autocontrainte qu’émerge la possibilité d’un relatif relâchement des conduites, lequel démontre l’efficacité des contrôles internes. Elias donne à ce sujet l’exemple du maillot de bain : il faut, dit-il, une grande capacité d’autocontrôle de ses pulsions érotiques pour circuler sans risques d’agression parmi des corps à moitié nus – et la démonstration vaut plus encore, bien sûr, pour le naturisme qui, loin de signifier dans nos cultures un rapprochement avec l’état de nature, n’est possible qu’à un stade avancé de « civilisation », au sens où il exige un haut degré de désérotisation du rapport au corps. Nathalie Heinich
Tout le monde dénonce les normes de silhouette imposées par les médias et elles perdurent étrangement, pourtant certains journalistes des pages société des magazines féminins sont excédés par les dossiers régime sortant systématiquement avant l’été et essaient de s’y opposer. Pourquoi? Les normes obligatoires sont de moins en moins nombreuses, tout est mis en flottement, les gens sont complètement perdus et angoissés et ils n’ont qu’une demande, surtout adressée aux médias: qu’est-ce qui est bien?, qu’est-ce qui est mal? Ou version plus soft: comment font les autres ? La plage est une usine à fabriquer le mot “normal”. C’est celui qui revient le plus fréquemment, jusqu’à la définition d’un beau sein normal. Mais la catégorie la plus intéressante est celle du “trop beau” sein (le mot a été employé), qui dans d’autres contextes a des avantages évidents, mais qui sur la plage, parce qu’il accroche trop le regard, provoque chez la personne qui le possède une moindre liberté de mouvement parce que le regard glisse moins. Cet exemple illustre la fabrication d’une norme par les gens. Ce n’est ni une norme explicite ni une norme obligatoire, on peut en sortir, mais quand on en sort, sur la plage par exemple, on subit le poids des regards. Jean-Claude Kauffmann
Enlever le haut rend la drague plus difficile. Les hommes doivent montrer qu’ils savent se tenir. En même temps, une jeune fille qui garde le haut montre une certaine attente conjugale, elle révèle son attente d’une relation sérieuse et de long terme. A l’inverse, une jeune fille sans le haut montre qu’elle est davantage prête à passer un joyeux été (…) La pratique des seins nus est un code culturel très particulier. C’est impensable aux Etats-Unis, ni même au Brésil où le string est de rigueur, mais certainement pas les seins nus ! Jean-Claude Kauffmann

Attention: une norme peut en cacher une autre !

Suite à notre dernier billet sur les plages réservées …

Petit retour, histoire de mesurer le chemin parcouru et presque 20 ans ans après mai 68 …

Sur un temps à présent si reculé et, semble-t-il, tellement plus simple (1995!) …

Où, loin des polémiques sur les interdictions de strings et monokinis à Paris-plage, mais aussi sur le foulard ou le voile intégral …

Et reprenant les travaux fondateurs de Norbert Elias …

Un sociologue avait encore le loisir de se préoccuper de la pratique …

Bien plus réglée que l’on croit mais apparemment en perte de vitesse, des seins nus …

Sous la plage, les pavés
JC Durbant
Juin 95

Malgré l’évidente mauvaise volonté de la météo, il est des signes qui ne trompent pas. Ces affiches de maillots partout, ces stocks de lotion solaire dans les pharmacies, ces régimes amaigrissants plein les magazines : le Jour J est proche, les plages n’ont qu’à bien se tenir!

Et cette année, il y a même un manuel pour guider l’assaut estival : un curieux ouvrage de (tenez-vous bien !)… « sociologie des seins nus » (« Corps de femmes, regards d’hommes : Sociologie des seins nus », JC Kaufmann, 1995).

Pourtant, passé le premier réflexe de surprise (mais où est-ce qu’ils vont chercher ça ? Jusqu’où iront-ils ?), on y découvre une étude parfaitement sensée et passionnante de cette pratique à la fois si récente et déjà si répandue qui – il faut bien le reconnaître – étonne (quand elle ne choque pas) bon nombre de visiteurs étrangers non européens, et peut-être tout particulièrement les Américains.

Attesté désormais (consécration suprême!) par la sociologie, le phénomène des seins nus l’est aussi par l’histoire, qui le date et le situe rigoureusement: Saint-Tropez, 1964.

Tout comme la mode du bronzage vingt ans plus tôt (dont il n’est ne fait que l’extension), le mouvement est parti d’un petit groupe très « select » d’artistes et de vedettes de cinéma. Il s’est alors progressivement propagé de plage en plage, atteignant la Bretagne dans la deuxième moitié des années 70, jusqu’à la quasi-généralisation actuelle et le début de reflux dans certains milieux plus cultivés et plus sensibles au discours médical (on les comprend: si tout le monde s’y met, il faut bien trouver autre chose pour se distinguer des masses !).

Mais la découverte la plus inattendue du livre, c’est que derrière son image de liberté et de spontanéité totales (certains diraient de « relâchement » et de « laisser-aller »), la plage – et la plage aux seins nus tout particulièrement – cache un univers aux règles extrêmement précises et strictes bien que secrètes. Derrière l’illusion de complète ouverture nous apparaît en effet un espace parfaitement balisé par toute une série de limites et de normes.1

La première est tout bonnement géographique: c ‘est d’abord la limite du sable, aussi précise qu’infranchissable seins nus, mais cela peut être par extension (et de plus en plus actuellement) les bords de tout plan d’eau (lacs, rivières, piscines ouvertes) – limite qui se double évidemment sous nos latitudes d’une limite temporelle ou météorologique (la période des vacances d’été, un certain degré d’intensité solaire, etc.).

La troisième limite est de type morphologique ou esthétique (mais bien sûr elle implique presque toujours une limite d’âge): elle a trait à la forme de la poitrine des pratiquantes (ou aspirantes). La règle est simple: plus on s’écarte des formes moyennnes – dans le sens de la grosseur, de la mollesse ou de la distension, mais aussi, dans l’autre sens, du côté de la maigreur ou de la « sur-tonicité » (autrement dit, dans le langage souvent cruellement imagé et principalement masculin de la plage, quand on passe des « vaches à lait » aux « oreilles de cocker » ou aux « gants de toilette », puis aux « planches à repasser » ou aux « obus »), plus on risque de se faire remarquer et donc plus les contraintes vont croitre.

Ce sont justement ces contraintes, d’ordre essentiellement comportemental, qui constituent le quatrième type de limites. Il s’agit de la gamme de positions ou gestes que peut ou non permettre la morphologie évoquée ci-dessus: position allongée sur le ventre ou sur le dos, position assise ou debout, immobilité ou déplacements, voire pratique sportive, qui vont donc plus ou moins accroitre ou diminuer la visibilité des seins en fonction de leur forme.

Ainsi, une position couchée sur le ventre pourra « compenser » la trop grande « générosité » d’une poitrine, une poitrine « normale » (c’est-à-dire ni « trop grosse » ou « trop laide », vieille, etc, mais aussi ni « trop belle ») pouvant au contraire « se permettre » le luxe de l’exposition maximale d’une partie de volley, à condition toutefois que les qualités sportives de la personne soient assez évidentes pour dissiper tout soupçon d’ « exhibitionnisme ».

Enfin, interviennent ce que l’on pourrait appeler des limites d’ordre culturel (mais qui sont dans la pratique difficilement séparables des autres limites susmentionnées): ce sont les « manières » (plus ou moins « distinguées ») ou le degré d’ « aisance ». Ainsi, un sein « fripé » mais « distingué » (ie. faisant preuve d’ « éducation » ) sera beaucoup mieux toléré ou une certaine aisance pourra plus ou moins compenser les « défauts » de la nature ou les « ravages du temps ».

Comme on le voit, ces limites et ces normes se recoupent très souvent, se réduisant en fait dans la plupart des cas à des critères sociaux.2 Ce qui nous ramène à l’ambivalence fondamentale (et, partant, au double langage caractéristique) de la plage, à la fois espace de liberté (« chacun fait ce qu’il veut ») mais aussi de discrimination et d’exclusion (« oui, mais il y a des limites »).

Tout se passe en effet comme s’il y avait une répartition des individus ou groupes entre les différentes plages (et à l’intérieur de l’espace de chaque plage) selon une échelle de « beauté », les grandes plages les plus chic et sélectives tendant à exclure par définition les individus (ou les seins) trop hors norme (gros, vieux, vieux, laids, handicapés, etc), mais aussi les regards non conformes des « gros dégoûtants » ou des « vieux vicieux ».

Mais le plus remarquable, c’est – il faut le répéter – le fait que tout cela reste tacite et silencieux, et à un niveau quasiment inconscient chez la plupart des individus. Fondé essentiellement sur les échanges visuels et gestuels – le jeu silencieux des regards -, le rappel de la norme est d’autant plus efficace qu’il n’a pas à être explicité.

A la limite, loin de témoigner du « laisser-aller » général qu’y voient certains, la pratique des seins nus apparaitrait plutôt au contraire comme la marque d’une maitrise plus grande – parce que plus intériorisée – des émotions et des manières, le relâchement apparent n’étant justement rendu possible que par la capacité accrue d’auto-contrôle des individus.

1. N’ont été retenues ci que les pressions normatives qui pèsent (disproportionnellement, il est vrai) sur le corps des femmes, mais il est bien évident que les hommes n’en sont pas pour autant exempts, en particulier au niveau de leur regard. Il est clair en effet que le refoulement (au moins partiel) du sexuel qu’implique nécessairement tout dénudement public ne serait guère envisageable sans un minimum de coopération entre les sexes. Il faut donc garder à l’esprit qu’à chaque injonction (interdit, caractérisation, etc.) évoquée ici pour la femme correspond son pendant masculin: eg. exhibitionnisme/lubricité; « se montrer sans se montrer »/ »voir sans voir »; provocatrice/voyeur; aguicheuse/ »mateur », etc.

2. Comme on le sait, la morphologie (ou la beauté) est souvent le résultat d’un apprentissage, voire d’un travail, d’où sa fonction de distinction sociale – par ailleurs, le corps exposé sur la plage n’a lui-même rien de « naturel » puisqu’il est aussi « travaillé » (eg. ongles de pieds vernis, aisselles et jambes rasées, aines épilées, etc.) et « accessoirisé » (crème solaire, lunettes de soleil, maillot, serviette, etc.).

Voir aussi:

PARIS-PLAGES
L’interdiction des strings et seins-nus à Paris-Plages fait débat
Diane Heurtaut
TFI
le 30/07/2006

« Sur une plage, il est normal que les gens souhaitent profiter du soleil et porter un string ou se mettre en monokini ». Cette indignation vient du député écologiste Denis Baupin, cité par Le Parisien de dimanche. Elle va dans le même sens que les nombreuses réactions des internautes de LCI à l’interdiction dévoilée samedi des strings et monokinis à Paris-Plages, considérés comme des « tenues indécentes » (lire l’article). La mesure enflamme les coeurs.

« Ces propos sont dignes d’un autre âge. Les affiches publicitaires dans le métro sont bien plus indécentes ! » s’exclame Gérald, de Paris. « Ce n’est pas plus indécent que certaines jupes ou robes totalement transparentes » pour Maret, de Bressuire. « Pourquoi est-ce moins vertueux que sur les plages ? » se demande Michel, de Toulon.

« Ringard »

Arrêté municipal nouveau comme on l’a d’abord cru ou mesure en vigueur depuis le lancement de l’opération Paris-Plages en 2002 et au même titre que dans les parcs et jardins de la capitale comme s’en défend la mairie de Paris, rien n’y change, la polémique est là. « Nous avions ri et trouvé ringard l’arrêté du maire UMP Eric Raoult pour interdire le string à l’école », qui dépassait régulièrement du pantalon de ces demoiselles, « là c’est complètement décalé » fulmine l’adjoint Vert charge des transports et de la circulation à Paris. « Je pense qu’il faudrait la corriger parce que ça donne une image un peu bizarre pour une opération sur une plage » rajoute-t-il sur France Info.

En attendant, un sein ou une fesse à l’air coûte 38 euros d’amende sur les quais de la Seine, théâtre depuis le 20 juillet et jusqu’au 20 août de la manifestation à succès Paris-Plages. Même si la mairie annonce qu’aucune « personne indécente » n’a encore été verbalisée (seules certaines ont été « gentiment rappelées à l’ordre »), les quelque 4 millions de personnes attendues cette année dans les transats de Paris-Plages sont surveillées par 35 « gardiens de la morale » (50 la nuit).

Voir également:

Les strings interdits à Paris-Plages… mais pas les voiles islamiques…
Lucien-Samir Arezki Oulahbib
Agoravox
1er août 2006

« Le Parisien » révèle dans son édition de samedi, que les strings, le monokini et le naturisme sont désormais interdits par un arrêté municipal à Paris-Plages, sous peine d’une amende de 38 euros. « Nous étions obligés de faire un règlement intérieur pour Paris-Plages et, par mesure de sécurité, nous avons décidé d’y interdire les tenues indécentes », explique Pascal Cherki, l’adjoint chargé des sports, dont les propos sont rapportés par le quotidien, relate de son côté une dépêche de l’Associated Press.

Un bloggeur, Pierre Bouskila, réagit à cette restriction vestimentaire en ces termes:  » Au nom de la « décence » les strings sont interdits sur Paris Plage, mais les voiles islamiques sont, eux, tout à fait autorisés (et pullulent d’ailleurs largement). Ainsi donc va la mise en place discrète mais efficace d’un mode de pensée, d’un conditionnement social qui préfigure l’intrusion de la shariah dans nos vies quotidiennes… une forme de continuité « extérieure » aux piscines musulmanes en quelque sorte… »

Une militante féministe, Brigitte Bré Bayle, qui est plus proche de Charlie Hebdo que de France Echo, écrit, elle, ceci dans l’organe de la Gauche Républicaine, ReSpublica (n°483 – Mardi 20 Juin 2006: journal@gaucherepublicaine.org):

 » Moi je dis bravo à ceux qui ont le courage d’intervenir par le pouvoir de leur fonction, qu’ils soient élus, directeurs d’écoles ou simples enseignants, pour empêcher la prolifération du voile dans l’espace public. L’absence de directive précise au sujet de l’accompagnement scolaire, renforcée par la position de la FCPE et des syndicats d’enseignants comme le SNUipp qui se sont opposés à la loi contre les signes religieux, laissent les enseignants démunis et en proie aux pressions des islamistes qui cherchent à investir l’espace de l’école publique dans certains quartiers en faisant admettre que le voile n’est rien d’autre qu’un élément de la diversité culturelle française.

Il est question de bien autre chose que du droit au respect des différences ou de l’aide à l’intégration que les enseignantes pensent apporter aux mères voilées en les faisant sortir de chez elles. Les femmes musulmanes qui ont acquis leur liberté par un combat quotidien contre les traditions et les croyances d’un islam radical qui opprime et asservit ne peuvent comprendre ces discours véhiculés par une gauche communautariste qui fait le jeu des intégristes de tout poil. Et que dire de l’Education Nationale impuissante à faire face aux demandes de soutien formulées par les profs et chefs d’établissements qui subissent intimidations, chantage et lettre d’accusation pour discrimination raciste? Que de lâcheté! En tant que femme, en tant que mère et en tant qu’enseignante, je dis qu’il est inadmissible que les choses continuent ainsi. L’école n’est qu’un aspect de la réalité. Je ne supporte plus de voir des femmes, dans la rue, transformées en Belphégor. Je ne supporte plus ces images qui, à l’époque de l’Afghanistan des talibans, avaient ému la France entière.

Aujourd’hui, dans trop de quartiers, elles sont devenues une réalité. Je ne supporte plus de voir des gamines de plus en plus jeunes voilées, et je ne supporte plus l’absence de réactions de la société toute entière, devant ce que je considère une agression contre mon histoire, mes combats, mes valeurs. Est-ce être sévère et injuste d’affirmer que l’islam radical avance en même temps que diminue la surface visible du corps des femmes musulmanes? Des hommes et des femmes ont lutté depuis des siècles pour que l’égalité entre les sexes soit admise comme un progrès universel. Nous n’avons pas le droit, aujourd’hui en France, de laisser, au nom de ces luttes historiques, au nom de toutes celles qui souffrent et luttent en Iran et ailleurs, l’intégrisme religieux prendre le pouvoir sur les femmes. Il faut protéger les femmes musulmanes du port de cet uniforme réactionnaire, et celles qui veulent le porter le font chez elles ou à la mosquée.

Il ne me convient pas que cela soit le seul Myard, député de la droite catholique, qui pose cette question. Je n’ai pas d’illusion sur le maire de Maisons-Laffitte, je connais ses pratiques et sa complaisance avec les écoles privées dans sa ville, et sa conception de la laïcité est celle de Villiers, qui combat l’islam au nom de la guerre des civilisations. Mais qui osera, à gauche, proposer une loi pour limiter le port du voile, l’interdire aux mineurs et prohiber la burka partout en France? Au nom de la défense et de la dignité de la moitié de l’humanité? Certains amis me disent que cela serait une laïcité à la turque, et qu’il ne faut pas aller sur ce terrain. Moi, j’amalgame le voile à l’iranienne et les burkas à des tenues militantes et prosélytes, j’en ai marre d’en voir de plus en plus, je ne veux plus être agressée par cela, et j’en ai assez qu’il ne se passe rien autour de ces tenues insultantes pour les femmes. « 

Que penser de ces deux réactions et quel lien y a-t-il avec l’interdiction du string et des tenues « indécentes » à Paris Plage? Le débat avait été pourtant semble-t-il tranché par l’arrivée du bikini en 1946 et sa démocratisation par B.B: loin d’être indécent le mini maillot de bain, et ses dérivées mono ou string, renvoie, différemment du slip, à l’image onirique du corps bien dans sa peau, semblable aux statues grecques qui articulent grâce et harmonie. Lorsque les magazines féminins attaquent dès la fin de l’hiver avec nombre de régimes miracles, il ne s’agit pas pour eux de faire appel à la libido de leurs lectrices, mais plutôt à leur narcissisme quant au fait de posséder une silhouette agréable dont la perception est bien loin d’être salace puisque le jeu social sur la plage consiste bien plutôt à mesurer précisément cette harmonie entre sveltesse et estime de soi: les obèses, le savent bien quand ils hésitent à se montrer tels quels, non pas parce qu’ils auraient peur d’attirer vers eux des regards libidineux, ou des regards qui les jugeraient comme hors « norme », mais bien plus parce qu’ils savent s’être mis hors jeu quant à la nécessité de montrer un corps harmonieux.

Le cas des obèses est cependant complexe parce qu’il peut autant s’agir de compensations diverses dues à divers manques qu’à un choix délibéré voire civilisationnel (par exemple les sumos), mais du moins, ils participent tout de même à cette valeur devenue universelle, celle de montrer son corps dans son intimité avec l’élément naturel, qu’il s’agisse de l’eau ou de la lutte, celle-ci étant par exemple incarnée par le terrain de sport.

Qu’en est-il maintenant du lien avec le voile islamique? Notons tout d’abord qu’il diffère du voile porté par une religieuse en ce que celle-ci est dite mariée avec le Christ, une religieuse reste en effet célibataire dans le monde terrestre, notons ensuite que ce voile ne concerne pas les chrétiennes en général, même si l’on peut faire état d’une lettre de St Paul sur la coiffure des femmes, sauf que cette parole de St Paul est datée, l’Église actuelle ne la défend pas, et qu’elle diffère du comportement de Jésus lorsque celui-ci accepte qu’une femme lui essuie ses pieds avec ses longs cheveux (sans voile donc) après les lui avoir oint (Jean, XII, 3). Observons par ailleurs que Jésus n’a, au vu des Ecritures, pas prononcé une parole sur le code vestimentaire, or, l’on pourrait également avancer que seule la Parole de Christ (le vrai…) compte… Mais c’est là une discussion théologique de grande ampleur qu’il s’agirait d’entamer avec les représentants actuels de l’Eglise fondée sur… Pierre, rappelons-le, -or Pierre, disait le Grand Arnauld, ne fut-il pas ce Juste auquel la Grâce manqua trois fois?… ce qui impliquait implicitement que l’Eglise reste humaine et donc faillible…Arnauld fut excommunié pour cette (trop)juste parole.

Le voile islamique diffère en réalité d’un vêtement issu d’une différence culturelle en ce qu’il est à la fois obligation et discrimination. Obligation, et non pas choix comme le prétendent certaines, du moins dans la vie courante contemporaine, (puisque les textes islamiques sont en effet bien moins clairs et parlent plutôt de recommandation; Notons par ailleurs qu’il est plutôt fait état dans le Coran de «poitrine» et que seules les femmes de Mahomet avaient le droit de se couvrir afin que les autres hommes ne les courtisent pas…), obligation durcie en tout cas de telle sorte qu’il en devient de moins en moins un choix, du moins si l’on en croit certains témoignages actuels puisque le voile y serait en définitive conçu à la façon d’un organe dont le non-port aurait l’équivalent d’une amputation, ou alors d’un vêtement sacral dont l’absence indiquerait immédiatement la nudité et l’impureté. Une telle conception implique dans ce cas une discrimination puisque la femme étant déclarée impure, doit non seulement se voiler mais aussi être placée à part, dans l’espace public (trottoir, transport, lieu de culte, hôpital, école…), et dans l’espace privé (les femmes ne mangent pas avec les hommes, ce qui n’a rien à voir avec une quelconque «pudeur» ). Par ailleurs le port de ce voile, et, surtout la façon islamiste de le porter, exclu tout non musulman, voire toute autre autorité que celle de la loi islamique considérée de ce fait comme supérieure juridiquement à toute autre loi, fut-elle républicaine.

Autrement dit, pour certains militants islamistes, non seulement toute mixité, tout mariage avec un non musulman, est interdit (à moins de devenir musulman), mais toute information, tout enseignement même public, non validé «halal», est écarté, tout échange, culturel, est honni: d’où la nécessité dorénavant de manifester contre le sapin de Noël, contre les cadeaux de Noël, fustigeant même certains ressortissants d’Afrique du Nord de fêter le Nouvel An, de manifester contre les tirelires ayant la forme d’un cochon, etc…Bref, le voile apparaît de plus en plus comme un uniforme militaire agressif et expansionniste signifiant immédiatement que son port vous exclut instantanément.

Cette obligation et cette exclusion vont évidemment à l’encontre de la valeur universelle de la liberté, née en Occident, et aujourd’hui répandue dans le monde entier à la façon d’une découverte technique. Et c’est là l’essentiel: il est apparu au fil du temps que nul n’a le droit d’imposer au corps humain une limite qui en interdirait le libre développement en interne comme en externe, (ce qui implique évidemment d’en définir des limites ou normes). Aussi le fait d’avoir le droit de sentir sur sa peau la caresse d’une brise d’été et de sentir sur soi le regard admirateur d’autrui est non seulement un acquis civilisationnel fondamental, mais il dépasse sa relativité culturelle en se hissant au niveau de valeur universelle, c’est-à-dire nécessaire, pour tout être humain, puisque l’humanité est au-delà des races et des cultures. Un tel droit est en effet bien plus lié à la nature intrinsèque du développement humain que la seule résultante d’une normativité historique: les femmes veulent être propriétaires de leurs corps parce que telle est l’exigence intime de ce qui meut la nature humaine, celle de la liberté d’être et non pas de seulement exister à la façon d’une pierre ou d’un animal.

En ce sens, strict, le port du voile est bien plus indécent que le port du string ou du monokini, puisqu’il va à l’encontre de cette liberté, fondement, socle, soc, pierre angulaire sacrale de tout l’Occident, de toute l’Humanité en devenir aujourd’hui autour de cette valeur.

Ceci dit, que faire concrètement devant une telle indécence?… Il va de soi que dans l’espace public institutionnel il doit être prohibé, y compris d’ailleurs à la faculté (nous sommes en retrait de la Turquie sur ce point…) puisqu’il n’exprime pas un choix ni une liberté mais une contrainte jugée discriminante pour des raisons non seulement relatives, juridiques, mais universelles, c’est-à-dire intrinsèques à la nature du développement humain.

Dans la rue, l’interdiction est plus malaisée, puisqu’il ne s’agit pas d’un espace institutionnel ou privé, mais d’un espace social, régulé certes, mais, aujourd’hui, pas au point d’obliger quiconque à se comporter selon des normes strictes, bref, la tolérance est grande, d’où l’attrait mondial de la rue libre, que l’on ne voit nulle part ailleurs que dans les États ayant réellement choisi la liberté comme socle fondamental; néanmoins l’on peut considérer deux choses: d’une part, l’on a le droit de critiquer le port du voile en ce qu’il a d’inhumain, de discriminatoire et d’appel à l’exclusion de tout ce qui n’est pas musulman; d’autre part, on peut exiger que le port intégral du voile comme la burka ou le voile cachant tout le visage et le corps soit interdit parce qu’il va à l’encontre des lois les plus sacrées fondatrices de la dignité humaine telle que celle-ci a progressé et s’est auto-révélée à elle-même dans les luttes pour l’émancipation du libre-arbitre.

C’est ce débat là qu’il s’agit de mener, dont l’occultation est de toute façon au cœur du malaise politique français puisque l’on sait maintenant que l’extrême droite a récupéré ce non dit et fait officiellement 20% grâce à lui dans les intentions de vote (30% si l’on ajoute la droite extrême…), sa montée en puissance venant justement du refus de débattre d’un tel état de fait, alimenté de plus en plus par des aberrations comme l’interdiction du string et du monokini à Paris Plages…

Voir encore:

Kaufmann (Jean-Claude). – Corps de femmes, regards d’hommes : sociologie des seins nus. Paris, Nathan, «Essais & recherches», 1995, 240 p., 139 FF.

François Héran

Revue française de sociologie

Année 1996

Une sociologie des seins nus ? Il n’est pas nécessaire de lire deux fois cet intitulé pour comprendre qu’il y a là un sujet rêvé pour un sociologue : exposer ses seins aux regards du public est un acte que n’importe qui ne peut accomplir n’importe où, n’importe quand, n’importe comment. On imagine bien que cette nouvelle liberté des plages est soumise à des règles qui en disent long sur le fonctionnement du corps social, et du corps tout court : pour l’exercer sans faire scandale il faut y mettre l’art et la manière, et s’assurer que certaines conditions sont remplies.

On peut en dire autant du chercheur qui prétend aborder pareil sujet. Si tolérante que soit, en apparence, la communauté académique, elle a aussi ses règles : va pour les « petits sujets » ou les sujets non conventionnels, mais que la méthode de dévoilement respecte les normes de la profession et que le ton soit juste ! Peu de sociologues auraient couru le risque, et combien l’auraient surmonté ? Ceux qui connaissent les travaux antérieurs de Kaufmann et, notamment, son étonnante sociologie du couple à travers la question du linge, publiée il y a deux ans dans la même collection, ne seront pas surpris de retrouver ici son art et sa science. Disons- le d’emblée : Corps de femmes, regard d’hommes est une parfaite réussite. Tous les écueils y sont évités avec une habileté consommée. Ni pesant ni frivole, Kaufmann établit solidement les faits, reconstitue le système de représentations et parvient à les replacer dans une problématique générale sans chercher pour autant à recouvrir son sujet d’un voile théorique qui aurait pu l’anoblir à bon compte.

Le matériau est d’une étonnante richesse : non content d’observer minutieusement les rituels des plages, Kaufmann a mobilisé une demi-douzaine d’enquêteurs pour interroger au magnétophone quelque trois cents vacanciers sur les côtes de Bretagne et de Normandie. Tâche délicate. Les adeptes du bronzage ont du temps à revendre, mais comment les sortir de leur torpeur intellectuelle ? « La plage, doit constater Kaufmann, n’aime pas penser, n’aime pas parler». L’interroger sur ses motivations, c’est déjà lui faire violence. A fortiori la mettre devant sa principale contradiction : d’un côté, la proclamation d’une tolérance universelle («chacun est libre», «il n’y a pas de règles»…), de l’autre des jugements esthétiques qui stigmatisent sans appel les seins nus non conformes (trop vieux, trop gros, trop déprimés, trop mobiles, etc.). Tolérance ou cruauté ? Nombre d’interviewés fuient la contradiction par des pirouettes ou des abandons. Mais Kaufmann dispose d’enregistrements suffisamment nombreux pour rétablir les connexions cachées et identifier les thèmes récurrents. Précise et subtile, son analyse des entretiens ne donne jamais le sentiment de forcer l’interprétation. Elle sait tirer parti des demi-mots ou des esquives pour dégager des raisons qui se tiennent et qui, à défaut d’être toujours cohérentes, s’ordonnent logiquement.

La pratique des seins nus est une illustration extrême des licences qu’autorise une bonne «définition de la situation». Celle-ci n’a pas besoin d’être théorisée, elle se matérialise simplement dans l’enceinte de la plage ou, à la rigueur (mais cela devient problématique), dans l’espace d’un square ensoleillé muni d’un plan d’eau. Plus délicate pour les sujets est l’interprétation des pratiques : Kaufmann explique qu’elle joue tour à tour sur trois visions du corps. Officiellement, la perception s’appuie sur la notion d’un corps parfaitement normalisé par le respect des rituels communs et devenu si banal, si démotivé, que nul n’est plus censé le regarder. Mais il y a une «dérogation» : un corps esthétique – phénomène jugé rare – offre au regard le droit de s’attarder (à vrai dire, pas plus de quelques secondes…). A Г arrière-plan, un troisième corps ne cesse de fasciner, le corps sexuel, objet d’un regard plus trouble mais quasiment inavouable et qu’on a tôt fait de rejeter dans l’anormalité. Dans cette théorie des trois corps, les notions de rite et de routine jouent un rôle central. C’est parce que la pratique des seins nus s’abrite avec plus ou moins de sincérité dans un rite général qu’elle autorise ces visions à double ou triple entente. Si troublant qu’il soit par moments, ce n’est qu’un sein nu sur la plage : son dévoilement n’engage à rien, il reste intouchable, offert au regard anonyme dans une parfaite abstraction.

Les références historiques et théoriques ne manquent pas tout au long de l’ouvrage. Elias et Goffman y occupent naturellement une place de choix. Le premier parce que l’exposition des seins sur la plage, systématiquement présentée par les pratiquants comme un acte « banal » et « normal », atteste – ou du moins réussit à faire croire – qu’un seuil supplémentaire est franchi dans le contrôle des émotions. Le second, parce que la réussite de cette présentation de soi est conditionnée par une forte ritualisation de la pratique dont Kaufmann décrit minutieusement les règles. D’où le hiératisme des postures : le déplacement des seins n’est autorisé qu’à une minorité de pratiquantes, auxquelles on reconnaît une aisance supérieure. Certes, les acteurs sont de bons stratèges : dès le moment où ils s’approprient un secteur de la plage, ils s’emploient à peser le regard des autres en feignant de l’ignorer et ajustent leur conduite en conséquence. Mais ils n’inventent rien ou presque : leurs mouvements et leurs jugements puisent dans un répertoire fini, d’une grande pauvreté. Quelques catégories binaires (jeune/vieux, petit/ gros, couché/debout, haut/bas…) suffisent à faire un tri expéditif entre le normal et le bizarre, entre le beau et le laid. S’il leur arrive de s’interroger, c’est pour se demander avec angoisse s’ils sont encore du bon côté de la barrière. Et ceux qui, trop âgés ou trop gros, se sont rhabillés parce qu’ils ne se jugent plus dignes de s’exposer sur la scène du jugement, ne sont pas les moins sévères dans leurs jugements sur autrui.

Tout, dans les analyses de Kaufmann, le confirme : la méthode de Goffman dont il s’inspire est fort peu interactionniste. Elle décrit bien des interactions, mais sans postuler que l’ordre social émerge de la multitude des interactions. C’est plutôt l’inverse : l’ordre préexiste et les efforts de chacun sont tendus vers la nécessité du rappel à l’ordre. Mieux vaudrait parler d’un ritualisme stratégique. L’auteur admet que «la plage» n’est pas seulement un vocable commode pour désigner les plagistes : c’est un véritable collectif, puisque tous ces « petits fragments de conformité » qui se tiennent en respect sur la plage forment un système de normes plus rigide qu’on ne pensait, un lourd quadrillage de règles et de classements. «Sous la plage, les pavés», dit joliment Kaufmann.

De fait, il n’est jamais question ici de transgression. Même les pionnières qui relatent leurs premières audaces ont le sentiment de s’être fait une douce violence en suivant un mouvement déjà lancé. Il fallait être «libérée». C’est le conformisme qui domine, «la prise de rôle la plus pleine», l’affirmation d’une impitoyable hiérarchie des corps, le respect des limites – à commencer par les limites d’âge, qui aboutissent souvent à évincer de la plage les personnes âgées. La notion même de gêne se renverse, puisqu’elle n’est plus gêne du corps nu mais gêne de ne plus pouvoir le dénuder. Les vieux ressorts de ce qu’on appelait naguère le «respect humain» sont toujours là, mais détournés sur un autre objet : « A partir du moment où tout le monde fait, explique un plagiste, çà fait tache de ne plus faire ».

Particulièrement révélateurs, pour ne pas dire pathétiques, sont les entretiens qui identifient comme un des mécanismes essentiels de l’exhibition la volonté de prouver et de se prouver, vers 35-40 ans, qu’on est encore jeune – ou que votre compagne l’est encore : l’initiative du dévoilement féminin est souvent le fait des maris, qui ont le sentiment diffus d’en tirer bénéfice (« une certaine fierté, quand même »). Mais la quête du regard ď autrui a une vertu plus générale encore, directement identifiée par certains plagistes : «C’est une recherche pour se sentir exister», ou encore : «C’est pour se sentir aimée parce que regardée» (p. 151). De là les efforts considérables que l’on déploie pour endurer l’exposition au soleil au péril de sa peau, « comme si, commente Kaufmann, la vie entière pouvait en dépendre». On l’aura compris: cette sociologie des seins nus n’a rien d’un livre de vacances ; elle a de quoi désabuser à jamais les lecteurs les plus sensibles à l’attrait des plages écrasées de soleil, car elle conduit tout droit, qu’on le veuille ou non, à cette conclusion que Durkheim n’aurait pas désavouée : ce soleil qui enveloppe tout le corps et tous les corps n’est rien d’autre, en définitive, que la société. Les analyses de Kaufmann sont trop riches, trop suggestives (sur le plan théorique, s’entend) pour qu’on puisse en donner autre chose qu’un aperçu. Certaines auraient peut-être gagné à être développées. Je songe notamment aux variations sociales de la distance au rôle (nombre d’interviewés évoquent spontanément les comportements des diverses catégories sociales), à ces regards réfléchis qui auraient pu intéresser un théoricien des jeux, ou à ces renversements du «respect humain» auxquels on a déjà fait allusion (au fait, comment expliquer aux immigrés pratiquants qu’on fait davantage scandale en portant le voile qu’en dénudant ses seins?). Insistons, pour finir, sur une qualité rare : compréhensif dans tous les sens du terme, Kaufmann ne juge jamais ; il laisse à d’autre la satire sociale des bronzés, qui eût été pourtant si facile ! En réalité, le lecteur qui se croyait le plus étranger au monde de la plage, à ses jeux de regards et à ses contraintes, comprend vite que ce champ de forces étroitement balisé ne fait que concentrer un jeu social qui agite bien d’autres univers dans lesquels il trempe journellement.

François Héran IN ED. Paris

COMPLEMENT (2009):

Etre topless entre copines à la piscine, à la rigueur. Mais à la plage, jamais, il n’y a que les vieilles qui font ça aujourd’hui ! Le regard des garçons, c’est trop gênant. Clara et Euphrasie (17 ans)

Le monokini, c’est fini !

Bronzer seins nus n’est plus à la mode. Sur les plages, les jeunes femmes remettent définitivement le haut. Leurs mères ou grands-mères avaient moins de pudeur…

Le Parisien

22.07.2009

Le topless peut aller se rhabiller ! C’est une tendance de l’été qui saute aux yeux : les vacancières qui se dorent la pilule seins nus sont de moins en moins nombreuses sur les plages hexagonales. Certaines ont décidé de remettre le haut alors que d’autres, appartenant aux jeunes générations, n’ont jamais pensé une seconde tenter l’expérience du monokini. Seules les quadras, quinquas et sexagénaires semblent résister à ce phénomène.

Alors, un vent de pudeur souffle-t-il sur nos côtes ? « Pas du tout ! répond Sabine, vendeuse de maillots de bain face à la plage de Saint-Clair au Lavandou (Var). J’y vois deux raisons. La première, c’est la prise de conscience des femmes, grâce aux campagnes de sensibilisation des dangers du soleil. La seconde, c’est que les filles d’aujourd’hui n’ont plus besoin de revendiquer le droit d’être bien dans leur corps, de le montrer, c’est de l’acquis pour elles. Il y a trente ou quarante ans, quand le seins nus est apparu, c’était d’abord un acte de militantisme, de libération. Les femmes voulaient faire passer un message : C’est mon corps, j’en fais ce que je veux », analyse la commerçante.

« Le regard des garçons c’est trop gênant »

Sur la plage privée du Gaou Benat à Bormes-les-Mimosas, elles sont désormais rares à bronzer topless.

« A une époque, elles étaient près de la moitié. Maintenant, il doit y en avoir 2 % », estiment Nathalie, Joëlle et leurs copines, des quadragénaires fidèles à ce petit coin de paradis depuis leur enfance. « C’est à cause des risques du cancer de la peau », avance l’une d’entre elles qui, depuis cette année, nage sans dévoiler son buste. « Avoir les seins à l’air, ça fait dépassé », observe sa voisine.

Myriam n’est pas mécontente que la gent féminine cache davantage sa poitrine. « Un maillot de bain sexy, c’est tout de même plus mignon que de se dénuder », juge cette retraitée.

A côté, Chouquette, la figure emblématique des lieux qui, à 79 ans et demi, pratique toujours le ski nautique, n’est pas du même avis. « Je me mets très souvent seins nus même si ça dégringole. Je trouve ça très confortable », raconte-t-elle. « S’il y en a moins, ce n’est pas par conservatisme, c’est juste une mode. De toute façon, la poitrine, c’est un bout de chair. Les yeux et le regard, voilà ce qui exprime les sentiments », insiste cette incroyable mamy.

En provenance du Nord, Clara et Euphrasie, 17 ans, ne jurent que par le deux-pièces. « Etre topless entre copines à la piscine, à la rigueur. Mais à la plage, jamais, il n’y a que les vieilles qui font ça aujourd’hui ! Le regard des garçons, c’est trop gênant », confient les adolescentes.

Manon et Blandine, deux jolies étudiantes lyonnaises qui ont les doigts de pied en éventail, sont sur la même longueur d’onde. « Sur cette question, il y a une vraie différence de point de vue entre générations. Des filles de 20 ans qui pratiquent le topless, il n’y en a franchement pas beaucoup », souligne Manon. « Moi, enchaîne Blandine, je considère que c’est une partie du corps qui est intime, je n’ai pas du tout envie de la montrer à tout le monde ! »

COMPLEMENT (2012):

Seins: la vraie raison pour laquelle les hommes en sont fous

Huffington Post

Larry Young, Ph.D. et Brian Alexander

27/09/2012

Les blagues sur les seins et les hommes qui les regardent sont de tels ressorts comiques qu’ils sont devenus des clichés. Combien de fois on a vu un homme parler avec une femme pulpeuse pour finir par voir cette femme pointer ses propres yeux en disant : « Hé, mec, c’est là qu’il faut regarder ! »

C’est drôle – ou du moins c’était drôle les douze premières fois où on l’a dit – parce que c’est vrai. Les yeux du mâle ont vraiment tendance à dériver vers le bas. Pourquoi ? Pourquoi les hétérosexuels sont si fascinés par les seins des femmes qu’ils agissent parfois comme s’ils étaient le siège de leur esprit ?

Et bien, il se trouve que nous sommes des hommes hétérosexuels. Il se trouve aussi que nous éprouvons aussi de l’intérêt pour la biologie – l’un d’entre nous, Larry, est l’un des experts mondiaux de la neuroscience du lien social. Nous avons donc décidé de réfléchir à la question et dans notre nouveau livre, The Chemistry Between Us: Love, Sex, and the Science of Attraction, nous proposons même une réponse.

Biologiquement parlant, cette obsession du mâle humain pour les seins est assez bizarre. Les hommes sont les seuls mammifères mâles à être fascinés par les seins dans un contexte sexuel. Les femmes sont aussi les seules mammifères femelles dont la poitrine grossit à la puberté, indépendamment des grossesses. Nous sommes également la seule espèce où les mâles caressent, massent, et même stimulent oralement les seins durant les préliminaires et l’acte sexuel.

Les femmes ont l’air d’apprécier l’attention, du moins si elle survient au bon moment. Quand Roy Levin, de l’université de Sheffield, et Cindy Meston, de l’université du Texas, ont interrogé 301 personnes – dont 153 femmes – ils ont découvert que pour 82 % des femmes, stimuler la poitrine ou les tétons augmentait l’excitation sexuelle. Presque 60 % avaient d’ailleurs demandé à leur partenaire de leur toucher les seins.

Les hommes sont généralement ravis de leur faire plaisir. A voir le succès de la chaîne de restaurants Hooters (où les serveuses doivent porter un uniforme sexy, NdT), le nombre infini de sites web, et presque 10 000 ans d’art, les hommes sont en effet très portés sur la chose, et pas seulement parce que, dès l’enfance, ils apprennent à la récréation qu’ils devraient s’intéresser aux seins. C’est biologique et complètement ancré dans notre cerveau ! Des recherches indiquent même qu’en fait, dès que nous sommes confrontés à une paire de seins, ou même à un simple stimulus apparenté, comme un soutien-gorge, nous commençons à prendre de mauvaises décisions (et pas seulement celle d’aller manger chez Hooters).

Ce qu’il faut savoir au sujet de l’orgasme des seins

Par exemple, dans une étude, on offrait à des hommes de l’argent : soit ils pouvaient avoir tout de suite quelques euros, soit s’ils attendaient quelques jours, plus d’euros. Dans cette version de l’expérience classique de la « récompense différée » (également appelée choix intertemporel par les économistes comportementaux), certains hommes ont regardé des films présentant des scènes champêtres, tandis que d’autres ont regardé des femmes attirantes assez dénudées et courant au ralenti, façon Alerte à Malibu : les hommes qui ont regardé ce défilé de seins ont plus souvent opté pour la solution « moins d’argent tout de suite », que ceux qui ont visionné les scènes bucoliques.

Cette expérience suggère donc que la partie du cerveau associée à la « récompense », au plaisir et à la motivation orientée vers un but, diminuent l’influence des fonctions rationnelles du cerveau, principalement le cortex préfrontal. Les substances neurochimiques activaient les circuits de la récompense et de la motivation pour conduire ces hommes à accepter moins d’argent.

Donc une paire de seins est très tentante. Mais à quoi cela sert vraiment ?

Selon des théories de biologie évolutive, une poitrine abondante était perçue par l’homme comme un signe de bonne santé de la femme en question, qui devenait du coup une option de tout premier ordre pour porter et élever des enfants. Mais les hommes ne sont pas connus pour faire les difficiles concernant leur partenaires sexuels. Après tout, le sperme est bon marché. Puisque nous ne pouvons pas tomber « enceints » ni porter des enfants, cela ne nous coûte pas cher de l’éparpiller à droite à gauche. Si le but principal du sexe – en termes d’évolution – est de transmettre les gènes, cela a plus de sens de coucher avec le plus de femmes possibles, qu’elles ressemblent ou non à la Playmate du mois dernier.

Une autre hypothèse est basée sur l’idée que pour la plupart des primates, l’acte sexuel se résume à une pénétration par derrière. Ceci expliquerait peut-être pourquoi certaines femelles singes exhibent avec un art consommé leur arrière-train. Chez les humains, avec le temps, les seins seraient devenus plus gros pour imiter le contour des fesses féminines.

Nous pensons que ces deux hypothèses sont des foutaises ! Sans aucun doute, il n’y a qu’une seule explication neurologique et elle a à voir avec les mécanismes du cerveau qui aident au développement du lien très fort entre une mère et son enfant.

Quand une femme donne naissance, son bébé va commencer une manipulation assez élaborée de la poitrine maternelle. Cette stimulation envoie des signaux au cerveau, déclenchant la production depuis l’hypothalamus d’une substance neurochimique appelée ocytocine. Celle-ci va à son tour stimuler les muscles de la poitrine maternelle pour faire sortir le lait, rendant la mère capable de nourrir son enfant.

Mais la production d’ocytocine a d’autres effets. Quand c’est le bébé qui en est à l’origine, l’attention de la mère se porte sur lui, il devient la chose la plus importante au monde. L’ocytocine, agissant de concert avec la dopamine, aide aussi à imprimer dans le circuit neuronal maternel, le visage, l’odeur et les bruits de son bébé, faisant de la maternité et de l’allaitement une expérience positive, et motivant la mère à la poursuivre, tout en renforçant le lien mère-enfant. Ce lien n’est pas seulement le plus beau lien social qui puisse exister. C’est aussi le plus long, qui dure toute une vie.

Une autre étrangeté humaine est que nous sommes parmi les rares animaux à pratiquer l’acte sexuel face-à-face, regardant dans les yeux de l’autre. Nous pensons que cette particularité de la sexualité humaine a évolué dans ce sens pour exploiter le lien séculaire mère-enfant comme moyen d’améliorer la formation du lien entre amants.

Quand un partenaire touche, masse ou mordille les seins d’une femme, cela déclenche le même type de réactions neuronales que l’allaitement. L’ocytocine concentre l’attention du cerveau sur le visage, l’odeur et les sons du partenaire. La combinaison entre l’ocytocine produite par la stimulation de la poitrine, et l’irruption de la dopamine avec l’excitation des préliminaires et du sexe face-à-face, contribuent à créer une association entre le visage et les yeux du partenaires avec des sentiments de plaisir, construisant un lien dans le cerveau féminin.

Bref, vous pouvez plaisanter tant que vous voudrez, mais notre fascination pour vos seins, loin d’être suspecte, est un mouvement inconscient dicté par l’évolution, et qui nous pousse à créer des liens affectifs et nourrissants.

Pour en savoir plus, y compris le côté masculin de l’équation, consultez notre livre : The Chemistry Between Us.

Diaporama: les bénéfices du sexe sur la santé

COMPLEMENT:

Une étude sur le soutien-gorge remet en cause son utilité

Le HuffPost

10/04/2013

ÉTUDE – Et si le soutien-gorge ne servait à rien? C’est l’hypothèse que soulève une étude réalisée par le professeur Jean-Denis Rouillon du CHU de Besançon. Pendant une quinzaine d’années, les poitrines de près de 330 femmes ont été mesurées au pied à coulisse et à la réglette raconte France Info. Et les résultats préliminaires montrent que « les seins ne tombent pas plus quand les femmes ne portent pas de soutien-gorge ». Au contraire.

Interrogé par France Info, Jean-Denis Rouillon tient d’abord à préciser que ce sont des « résultats préliminaires sur un groupe qui n’est pas représentatif de la population générale ». Il estime donc qu’il serait « dangereux de conseiller aux femmes d’arrêter de mettre des soutiens-gorges ».

Toutefois, selon lui, ces premiers résultats « valident l’hypothèse que le soutien-gorge est un faux besoin ». « Médicalement, physiologiquement, anatomiquement, le sein ne tire pas bénéfice d’être privé de la pesanteur », explique le professeur.

Le sous-vêtement empêcherait les « tissus de soutien de se développer » et le sein s’étiolerait même à cause de lui. Une nouvelle qui risque de ne pas plaire aux amatrices (et aux amateurs) de dentelles.

11 Responses to Société: Sous la plage, les pavés (Life’s a topless beach)

  1. […] Tout le monde dénonce les normes de silhouette imposées par les médias et elles perdurent étrangement, pourtant certains journalistes des pages société des magazines féminins sont excédés par les dossiers régime sortant systématiquement avant l’été et essaient de s’y opposer. Pourquoi? Les normes obligatoires sont de moins en moins nombreuses, tout est mis en flottement, les gens sont complètement perdus et angoissés et ils n’ont qu’une demande, surtout adressée aux médias: qu’est-ce qui est bien?, qu’est-ce qui est mal? Ou version plus soft: comment font les autres ? La plage est une usine à fabriquer le mot “normal”. C’est celui qui revient le plus fréquemment, jusqu’à la définition d’un beau sein normal. Mais la catégorie la plus intéressante est celle du “trop beau” sein (le mot a été employé), qui dans d’autres contextes a des avantages évidents, mais qui sur la plage, parce qu’il accroche trop le regard, provoque chez la personne qui le possède une moindre liberté de mouvement parce que le regard glisse moins. Cet exemple illustre la fabrication d’une norme par les gens. Ce n’est ni une norme explicite ni une norme obligatoire, on peut en sortir, mais quand on en sort, sur la plage par exemple, on subit le poids des regards. (…) Enlever le haut rend la drague plus difficile. Les hommes doivent montrer qu’ils savent se tenir. JC Kauffmann […]

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  2. […] Tout le monde dénonce les normes de silhouette imposées par les médias et elles perdurent étrangement, pourtant certains journalistes des pages société des magazines féminins sont excédés par les dossiers régime sortant systématiquement avant l’été et essaient de s’y opposer. Pourquoi? Les normes obligatoires sont de moins en moins nombreuses, tout est mis en flottement, les gens sont complètement perdus et angoissés et ils n’ont qu’une demande, surtout adressée aux médias: qu’est-ce qui est bien?, qu’est-ce qui est mal? Ou version plus soft: comment font les autres ? La plage est une usine à fabriquer le mot “normal”. C’est celui qui revient le plus fréquemment, jusqu’à la définition d’un beau sein normal. Mais la catégorie la plus intéressante est celle du “trop beau” sein (le mot a été employé), qui dans d’autres contextes a des avantages évidents, mais qui sur la plage, parce qu’il accroche trop le regard, provoque chez la personne qui le possède une moindre liberté de mouvement parce que le regard glisse moins. Cet exemple illustre la fabrication d’une norme par les gens. Ce n’est ni une norme explicite ni une norme obligatoire, on peut en sortir, mais quand on en sort, sur la plage par exemple, on subit le poids des regards. (…) Enlever le haut rend la drague plus difficile. Les hommes doivent montrer qu’ils savent se tenir. JC Kauffmann […]

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  3. […] Tout le monde dénonce les normes de silhouette imposées par les médias et elles perdurent étrangement, pourtant certains journalistes des pages société des magazines féminins sont excédés par les dossiers régime sortant systématiquement avant l’été et essaient de s’y opposer. Pourquoi? Les normes obligatoires sont de moins en moins nombreuses, tout est mis en flottement, les gens sont complètement perdus et angoissés et ils n’ont qu’une demande, surtout adressée aux médias: qu’est-ce qui est bien?, qu’est-ce qui est mal? Ou version plus soft: comment font les autres ? La plage est une usine à fabriquer le mot “normal”. C’est celui qui revient le plus fréquemment, jusqu’à la définition d’un beau sein normal. Mais la catégorie la plus intéressante est celle du “trop beau” sein (le mot a été employé), qui dans d’autres contextes a des avantages évidents, mais qui sur la plage, parce qu’il accroche trop le regard, provoque chez la personne qui le possède une moindre liberté de mouvement parce que le regard glisse moins. Cet exemple illustre la fabrication d’une norme par les gens. Ce n’est ni une norme explicite ni une norme obligatoire, on peut en sortir, mais quand on en sort, sur la plage par exemple, on subit le poids des regards. (…) Enlever le haut rend la drague plus difficile. Les hommes doivent montrer qu’ils savent se tenir. Jean-Claude Kauffmann […]

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  4. jcdurbant dit :

    Voir aussi:

    FREE THE NIPPLE (80 years after men will women finally be allowed to get it off their chests ?)

    In the 1930s, men’s nipples were just as provocative, shameful, and taboo as women’s are now, and men were protesting in much the same way. In 1930, four men went topless to Coney Island and were arrested. In 1935, a flash mob of topless men descended upon Atlantic City, 42 of whom were arrested. Men fought and they were heard, changing not only laws but social consciousness. And by 1936, men’s bare chests were accepted as the norm. So why is it that 80 years later women can’t seem to achieve the same for their chests?

    Scout Willis

    http://www.xojane.com/issues/scout-willis-topless-instagram-protest

    By the early 1900s men’s bathing suits had become more streamlined but still covered much of the body. In 1916 beaches on Chicago’s Lake Michigan required men’s bathing costumes to be cut no lower on the chest than the armpits. Bathing suit bottoms had to have a « skirt effect » or a long shirt had to be worn over the suit. The bottoms themselves could be no more than four inches above the knee. A possible alternative was flannel knee pants with a belt and fly front worn with a vest. Failure to obey these rules could result in arrest for indecent exposure.

    Such modest styles began to change during the 1930s. The invention of a rubberized thread called lycra made a new type of snug-fitting bathing suit possible, and a « nude look » came into fashion on beaches everywhere, with tight, one-piece suits that looked glamorous and made swimming easier. However, men still wanted to swim and relax on beaches bare-chested. In 1933 a men’s suit called « the topper » was introduced with a removable tank top that allowed daring men to expose their chests when they wished. That same year the BVD company, which made men’s underwear, introduced a line of men’s swimwear designed by Olympic swimming champion Johnny Weismuller (1904–1984). The new BVD suit was a tight-fitting one piece with a top made of a series of thin straps that exposed much of the chest, while still remaining within the law.

    In the summer of 1936 a male « no shirt movement » led many men to protest the chest-covering requirements. Although topless men were banned from beaches from Atlantic City, New Jersey, to Galveston, Texas, the men eventually swayed the legislature, and by 1937 it was legal for men to appear in public wearing only swim trunks. Since that time men’s swimwear styles have changed little. Into the twenty-first century swim trunks have been either loose-fitting shorts in a « boxer » style or the tighter fitting « brief » style.

    Read more: http://www.fashionencyclopedia.com/fashion_costume_culture/Modern-World-1930-1945/Swim-Trunks-for-Men.html#ixzz36ft8HMkY

    Baring your beer belly is off the menu in Southend this summer, as visitors to the Adventure Island funfair are being told to please keep their clothes on.

    The park’s new ‘Wear Your Shirt’ rule will be enforced no matter how high the temperatures rise, and has been inspired by similiar dress codes used in U.S. theme parks which urge men to stay covered up in a bid to maintain family-friendly standards.

    A spokesman for the park said: ‘We don’t have a strict dress code as such, but would like our male customers to show some decorum.
    Not welcome: Funfair Adventure Island in Southend is banning bare chests this summer.

    ‘In recent years, we’ve seen increasing numbers of lads and men whipping their tops off, eager to make the most of the sun – which is understandable, of course, as Southend is the warmest and driest part of the UK.

    ‘That’s absolutely fine in the right environment, but we try very hard to be a family-focused business and not everybody is a fan of bare chests.

    ‘We simply want to make sure that Adventure Island maintains its status as the best place to bring the whole family for a fun, safe, reasonably-priced great day out.’
    Have some decorum: Marc Miller, managing director, has instructed signs to be posted around the park

    Signs are now being put up around the park and security staff will politely challenge individuals who have removed their tops and ask them to put them back on again. Those who refuse will be asked to leave.

    Mr Miller added: ‘Of course, we don’t want people to think we’re introducing a nightclub-style policy of no jeans or trainers. There definitely won’t be Adventure Island fashion police criticising people for wearing double denim combinations, spots with stripes or inappropriate shades of purple.

    ‘We’ll simply point out that if you want to pose semi-naked, then Southend has miles of glorious beaches on which to do that.’

    http://www.dailymail.co.uk/travel/article-2604285/You-leave-Funfair-bans-bare-chested-men.html

    FREE THE NIPPLE (80 years after men will women finally be allowed to get it off their chests ?) In the 1930s, men’s nipples were just as provocative, shameful, and taboo as women’s are now, and men were protesting in much the same way. In 1930, four men went topless to Coney Island and were arrested. In 1935, a flash mob of topless men descended upon Atlantic City, 42 of whom were arrested. Men fought and they were heard, changing not only laws but social consciousness. And by 1936, men’s bare chests were accepted as the norm. So why is it that 80 years later women can’t seem to achieve the same for their chests?

    Scout Willis

    http://www.xojane.com/issues/scout-willis-topless-instagram-protest

    By the early 1900s men’s bathing suits had become more streamlined but still covered much of the body. In 1916 beaches on Chicago’s Lake Michigan required men’s bathing costumes to be cut no lower on the chest than the armpits. Bathing suit bottoms had to have a « skirt effect » or a long shirt had to be worn over the suit. The bottoms themselves could be no more than four inches above the knee. A possible alternative was flannel knee pants with a belt and fly front worn with a vest. Failure to obey these rules could result in arrest for indecent exposure. Such modest styles began to change during the 1930s. The invention of a rubberized thread called lycra made a new type of snug-fitting bathing suit possible, and a « nude look » came into fashion on beaches everywhere, with tight, one-piece suits that looked glamorous and made swimming easier. However, men still wanted to swim and relax on beaches bare-chested. In 1933 a men’s suit called « the topper » was introduced with a removable tank top that allowed daring men to expose their chests when they wished. That same year the BVD company, which made men’s underwear, introduced a line of men’s swimwear designed by Olympic swimming champion Johnny Weismuller (1904–1984). The new BVD suit was a tight-fitting one piece with a top made of a series of thin straps that exposed much of the chest, while still remaining within the law. In the summer of 1936 a male « no shirt movement » led many men to protest the chest-covering requirements. Although topless men were banned from beaches from Atlantic City, New Jersey, to Galveston, Texas, the men eventually swayed the legislature, and by 1937 it was legal for men to appear in public wearing only swim trunks. Since that time men’s swimwear styles have changed little. Into the twenty-first century swim trunks have been either loose-fitting shorts in a « boxer » style or the tighter fitting « brief » style.

    http://www.fashionencyclopedia.com/fashion_costume_culture/Modern-World-1930-1945/Swim-Trunks-for-Men.html#ixzz36ft8HMkY

    Baring your beer belly is off the menu in Southend this summer, as visitors to the Adventure Island funfair are being told to please keep their clothes on. The park’s new ‘Wear Your Shirt’ rule will be enforced no matter how high the temperatures rise, and has been inspired by similiar dress codes used in U.S. theme parks which urge men to stay covered up in a bid to maintain family-friendly standards. A spokesman for the park said: ‘We don’t have a strict dress code as such, but would like our male customers to show some decorum. Not welcome: Funfair Adventure Island in Southend is banning bare chests this summer. ‘In recent years, we’ve seen increasing numbers of lads and men whipping their tops off, eager to make the most of the sun – which is understandable, of course, as Southend is the warmest and driest part of the UK. ‘That’s absolutely fine in the right environment, but we try very hard to be a family-focused business and not everybody is a fan of bare chests. ‘We simply want to make sure that Adventure Island maintains its status as the best place to bring the whole family for a fun, safe, reasonably-priced great day out.’ Have some decorum: Marc Miller, managing director, has instructed signs to be posted around the park Signs are now being put up around the park and security staff will politely challenge individuals who have removed their tops and ask them to put them back on again. Those who refuse will be asked to leave. Mr Miller added: ‘Of course, we don’t want people to think we’re introducing a nightclub-style policy of no jeans or trainers. There definitely won’t be Adventure Island fashion police criticising people for wearing double denim combinations, spots with stripes or inappropriate shades of purple. ‘We’ll simply point out that if you want to pose semi-naked, then Southend has miles of glorious beaches on which to do that.’

    http://www.dailymail.co.uk/travel/article-2604285/You-leave-Funfair-bans-bare-chested-men.html

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  5. jcdurbant dit :

    Voir également:

    FREE THE NIPPLE (From no-bra-look bra to topless-look top: Imagine having that sensual cold weather/topless look all the time)

    The 1970s were a different time. Tight perms were in, men wore platform heels without anyone asking questions and polyester was considered an acceptable material for absolutely everything.

    It was also a time when the nipple was considered an appropriate focal point for one’s look. How else could you really explain the existence of « The Nipple Bra »? (Besides the Internet’s enduring fascination with this vintage product…)

    http://www.huffingtonpost.com/2013/08/09/nipple-bra_n_3733547.html

    http://www.retronaut.com/2012/10/the-nipple-bra/

    The TaTa Top is the perfect piece for almost any occasion. Whether it be at the beach, on a boat, walking down the street, or a child’s birthday party-the TaTa Top makes a bold statement saying « It’s just boobs, ya’ll. Get over it!! »

    A constant reminder for potential love interests that there are breasts under this bikini top. Disclaimer: Wearers are cautioned to be prepared for the onslaught of pick up lines it is sure to elicit.

    Incredibly soft and TAGLESS, this bikini will feel like you’re…well…topless

    http://www.thetatatop.com/store/p2/The_Light_Tone_TaTa_Top.html

    The saucy swimwear comes in three skin tones: Nude, medium and dark tone, allowing anyone to wear the bikini top and support the cause.

    The cost per top is $28, and every $5 of each sale will go towards a breast cancer research foundation.

    http://lifestyle.iafrica.com/herlife/946443.htmlhttp://lifestyle.iafrica.com/herlife/946443.html

    Women, rejoice! You can now unleash your nipples to the world without having to unleash your nipples to the world. All you have to do is invest $28 (£16) in a TaTa Top aka a bikini top with two pink nipples emblazoned onto it.

    The scarily realistic bikini top means you can be part of the Free the nipple movement, where women are parading around New York City topless in an attempt to break down gender divides and taboos, without having to actually go topless.

    http://www.telegraph.co.uk/women/womens-life/10921973/Free-your-breast-nipples-without-actually-going-topless-women.-Yes-this-is-a-thing.html

    The saucy swimwear comes in three skin tones: Nude, medium and dark tone, allowing anyone to wear the bikini top and support the cause. The cost per top is $28, and every $5 of each sale will go towards a breast cancer research foundation.

    http://lifestyle.iafrica.com/herlife/946443.html

    Lytle is aware that it’s not just feminists who will flock to this product (Enter again: Spencer Gifts’ customers), and anticipates drunk kids at the Jersey Shore and Venice Beach might be interested in it, too. “I don’t think a lot of people think about exactly how serious this issue is,” she said. But that’s not a deterrent to her. “Even if they’re not buying it to champion the cause,” said Lyte, “they’re still supporting the cause.”

    “Personally, I think if you’re going to buy this and wear it because it’s funny and for the shock value, and someone asks you about it, you’re not going to rattle off the whole history of feminism,” she continued, explaining, “That’s totally fine … I think that the important thing about this product is that, if people look around and see this everywhere, then who cares if you can legitimately be topless? Because you’re already seeing it.”

    She has a point. The top is realistic from “as close as 10 feet” for white people (but don’t worry, women of color, there are at least two more skin tones coming)

    http://www.salon.com/2014/06/23/ladies_now_you_can_free_your_nipples_without_going_topless/

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  6. jcdurbant dit :

    Voir aussi:

    Seules 18 % envisagent de bronzer seins nus aujourd’hui, alors que 38 % se sont déjà essayées à l’exercice dans le passé.(…) L’explication tient un peu au retour de la morale – 20 % des interrogés estiment que le topless va « contre la morale ou la religion » – et davantage au renouveau de la pudeur : 39 % des sondés pensent que le topless est « impudique ».
    La France et la mentalité des années 1980 ne sont pas celles de 2013. « On se retrouve dans une société qui manque de repères. Certains ont besoin d’un cadre, comme celui fourni par la religion », estime Jacqueline Feldman, sociologue et l’une des initiatrices du Mouvement de libération des femmes, à la fin des années 1960.
    La féministe pointe ainsi notre société hyper-érotisée. Le monde marchand s’est emparé du corps et affiche des filles nues pour vendre parfums et yaourts.
    « Cela ne m’étonne pas que, par réaction, certains aient envie d’être pudiques », dit-elle.

    L’avenir sera-t-il seins nus ? C’est à la jeune génération d’en décider. Or, elle est divisée.
    C’est la tranche de population la plus choquée par les poitrines exposées (19 % contre une moyenne de 13 %).
    Mais l’envie de bronzer seins nus est toujours présente, affirme le sociologue Jean-Claude Kaufmann, auteur de Corps de femmes, regards d’hommes (Pocket).
    Il retient avant tout de notre enquête que 18 % des femmes veulent bronzer seins nus, et 21 % chez les 18-24 ans.
    « Une femme sur cinq, ce n’est pas rien ! juge-t-il. La baisse apparente de la pratique ne doit pas faire oublier qu’il demeure un désir sous-jacent.

    Mais pourquoi, alors, sont-elles si peu en monokini cet été ? « L’effet d’entraînement », explique le sociologue.
    Dans les années 1980, davantage de plagistes enlevaient le haut, poussant les timides à les imiter.
    Aujourd’hui, quand certaines se rhabillent, les autres hésitent à se dévêtir.
    « Beaucoup de femmes sont prêtes à pratiquer le topless mais attendent le bon moment, continue Jean-Claude Kaufmann. Cela peut être une plage plus tolérante, comme on en trouve dans le Sud-Ouest. »

    Le Parisien

    Pour le D r Reichenbach, cette pudeur est largement justifiée par le nombre croissant de “mateurs” sur les plages publiques. « De nombreuses femmes se font importuner, elles ne cherchent donc plus à provoquer ». De plus, la femme qui assume désormais son désir sexuel ne souhaite plus être assimilée à l’image de “salope” véhiculée par de nombreux films pornographiques, qui participent de plus en plus à formater l’imaginaire masculin, notamment celui des adolescents. « Beaucoup d’hommes sont “élevés” aux films pornos dans lesquels l’image de la femme est celle d’un objet à jouir, désormais, elles refusent de rentrer dans ces clichés-là »

    Le Dauphiné libéré

    Voir aussi Elle

    Voir également Libération

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  7. jcdurbant dit :

    MIGRANTS AND NIPPLES (German pro-migrant photographer wants it all: migrants AND nipples !)

    The #freethenipple campaign aims to end the “discriminatory” banning of female breasts on social media, and so stop men finding breasts attractive by exposing them more often (according to their logic) …

    http://www.breitbart.com/london/2015/10/30/nipples-sans-frontieres-campaign-censor-anti-migrant-talk-facebook-replace-boob-pics/

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  8. jcdurbant dit :

    HISTORY REWRITING 101 (How an ode to fun and female adventure became evidence of the powerlessness of women in a male-dominated world)

    The men were not arranged or told how to look. That is how they were in August 1951.

    Ninalee Craig

    A quarter-century after it was taken, Orkin’s image was printed as a poster and discovered by college students, who decorated countless dorm-room walls with it. After years lying dormant, an icon was born. In its rebirth, however, the photograph was transformed by the social politics of a post-“Mad Men” world. What Orkin and Allen had conceived as an ode to fun and female adventure was seen as evidence of the powerlessness of women in a male-dominated world. In 1999, for example, the Washington Post’s photography critic, Henry Allen, described the American girl as enduring “the leers and whistles of a street full of men.”

    That interpretation bewilders the subject herself. “At no time was I unhappy or harassed in Europe,” says Craig. Her expression in the photo is not one of distress, she says; rather, she was imagining herself as the noble, admired Beatrice from Dante’s Divine Comedy. To this day she keeps a “tacky” postcard she bought in Italy that year—a Henry Holiday painting depicting Beatrice walking along the Arno—that reminds her “of how happy I was.”

    Within photography circles, Orkin’s famous image also became a focal point for decades of discussion over the medium’s sometimes troubling relationship with truth. Was the event she captured “real”? Or was it a piece of theater staged by the photographer? (In some accounts, Orkin asked the man on the Lambretta to tell the others not to look into her camera.) The answer given by historians and critics is usually hazy, perhaps necessarily so: They have spoken of “gradations of truth” and Orkin’s career-long search for “emotional reality.” But photographs, deservedly or not, carry the promise of literal truth for most viewers; disappointment follows the discovery that beloved pictures, such as Robert Doisneau’s Kiss by the Hotel de Ville, were in any way set up…

    http://www.smithsonianmag.com/people-places/an-image-of-innocence-abroad-72281195/#SFDXJ3hKcfuWaDCZ.99

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  9. jcdurbant dit :

    WHAT INHERENT BIOLOGICAL, MORPHOLOGICAL DIFFERENCES BETWEEN THE SEXES ?

    « It is part of a long tradition of laws prohibiting public indecency—the public display of portions of the anatomy that are perceived as particularly erotic or serve an excretory function. These laws may be justified as reducing or preventing antisocial behavior caused by indecent exposure: offensive behavior ranging from assault to corruption of youth to simply distraction from productive activity. The Ordinance does not discriminate against women on the basis of any overbroad generalization about their perceived “talents, capacities, or preferences.” To the extent it distinguishes between the sexes, it is based on inherent biological, morphological differences between them. Those differences are not stereotypes. They are not statistical differences, they are not matters of degree. They are differences in anatomical structure that reflect the unique biological roles played by males and females. (Plaintiffs’ “evidence” that the breasts of men and women are essentially identical cannot be taken seriously.) We are not dealing here with a “simplistic, outdated assumption that gender could be used as a proxy for other, more germane bases of classification.” (Mississippi University for Women, 458 U.S. at 726)

    And, to go back to first principles in equal-protection jurisprudence, there is nothing inherently invidious to an adult of either gender in declaring that an inherent biological, morphological feature of his or her body is erotic. That view would be inconsistent with the fundamental role of sexual attraction in our most revered social institution—marriage; to believe that a spouse is sexually attractive is not to demean the spouse. I do not think the Supreme Court has embraced the view that it is.

    In this light, it is apparent that the rationales supporting heightened scrutiny of gender discrimination have no purchase in the context of indecency laws based on inherent biological, morphological differences between the sexes.

    And, to go back to first principles in equal-protection jurisprudence, there is nothing inherently invidious to an adult of either gender in declaring that an inherent biological, morphological feature of his or her body is erotic. That view would be inconsistent with the fundamental role of sexual attraction in our most revered social institution—marriage; to believe that a spouse is sexually attractive is not to demean the spouse. I do not think the Supreme Court has embraced the view that it is.

    In this light, it is apparent that the rationales supporting heightened scrutiny of gender discrimination have no purchase in the context of indecency laws based on inherent biological, morphological differences between the sexes. »

    Judge Harris Hartz

    Cliquer pour accéder à 17-1103.pdf

    https://hotair.com/archives/ed-morrissey/2019/09/20/dis-robed-time-supreme-court-take-toplessness/

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