Iran: Retour sur la démocratie-Potemkine des mollahs (Looking back on Iran’s Potemkin democracy)

Potemkin village (Dark eyes)A mes yeux, le régime islamique relève de l’épure totalitaire et ne peut en aucun cas s’adapter à l’immense demande non seulement de démocratie mais surtout de laïcité issue de la société iranienne. La demande des Iraniens est une demande politique, et le régime islamique y fait obstacle. Il ne peut s’y adapter sans disparaître. Pour les Iraniens, le problème principal est d’en finir avec la République islamique.
Le système islamique présélectionne les candidats et ne laisse concourir que ceux qui ne le menacent pas, ceux qui ont fait la preuve de leur adhésion à l’héritage de Khomeyni. Il exclut les autres. Il n’y a place pour aucun défenseur de la démocratie libérale ou de la laïcité dans les élections iraniennes. (…) Dans un tel contexte on connaît toujours le vainqueur par avance : c’est le régime. L’électorat s’est évaporé sous les pieds de Khatami quand les Iraniens ont compris que, précisément, ce système avait vocation à prémunir le régime de tout changement de fond. La société civile en Iran n’a pas été créée par le système islamique. Frédéric Tellier
La République islamique est une oligarchie militaro-religieuse, c’est la terminologie du mot République qui exige un décorum républicain. La fonction présidentielle n’a aucune autre utilité en Iran. Elle continue cependant à entretenir des malentendus. Les élections imitent les manifestations similaires dans les véritables démocraties. En quelque sorte, la tenue d’élections importe d’avantage aux mollahs iraniens que leurs résultats. Le but est d’attirer les Iraniens jusqu’aux urnes et de montrer les images de cette participation dans les médias occidentaux. Iran-Resist

Présélection des candidats, pas de liberté d’expression, ni de réunion, de création de partis politiques ou de candidature, vote forcé sous peine de licenciement ou de radiation de l’université, « président » n’ayant aucun pouvoir, pouvoir concentré entre les mains de l’homme fort du régime (Rafsandjani, voué à jouer, derrière le rideau de fumée du Maitre Suprême Khameni, les éminences grises du fait des deux mandats internationaux – pour faits aggravés de terrorisme – qu’il a sur le dos ) …

A l’heure où le « président » iranien se permet de donner des leçons de démocratie aux étudiants américains …

Petit retour, avec une mise au point du site d’opposants iraniens Iran-resist, sur la fameuse démocratie à l’iranienne qui, à l’image des fameux villages-Potemkine du favori de Catherine de Russie, permet au régime de mettre en scène une véritable démocratie factice avec faux opposants subventionnés pour faire croire à l’extérieur à la possibilité d’une évolution interne.

Extraits:

Peut-on parler de démocratie sans la liberté d’expression, sans la liberté de réunion, sans la liberté de création des partis politiques et sans la liberté de se porter candidat?

Les Iraniens ne votent plus et ceux qui votent le font pour que leur carnet d’identité soit dûment tamponné, ce qui leur évitera des ennuis ou des restrictions dans leurs diverses démarches administratives.

En mettant en avant des réformateurs ou des femmes élues dans ces élections truquées, le régime veut jouer à fond la carte d’une évolution interne

Les pseudo réformateurs critiqueront Ahmadinejad plutôt que de critiquer la révolution et ses principes. C’est de la manipulation cosmétique. On reste fidèle au régime et sa ligne fondatrice et l’on critique Ahmadinejad, le bouc émissaire, qui constitutionnellement n’a aucun pouvoir et dont le programme du gouvernement avait été défini par avance par Rafsandjani à la tête du Conseil du Discernement.

Iran-élections: de Mossadegh à Ahmadinejad
Iran-Resist
18.12.2006

Hier comme aujourd’hui, un certain lobby occidental a toujours tenté de faire croire au monde qu’il existerait en Iran une forme de démocratie , les choix du régime et des personnalités, qu’ils plaisent ou non, ne seraient que le résultat du souhait du peuple iranien.

Hier, c’est-à-dire au temps « béni » du Docteur Mossadegh, on dit que le peuple iranien a porté au pouvoir son leader nationaliste, un homme élu démocratique qui fut renversé plus tard par le « méchant » Shah. Qu’en était-il réellement ?

Dans ces fins des années 1940, 80% de la population iranienne vivait dans les villages (extrapolation des recensements de 1936 et 1956). Les paysans étaient liés à la terre et subissaient dans les faits un régime de servage, régime qui ne fut aboli qu’en 1963 par le même « méchant Shah ».

Le « nationaliste Docteur Mossadegh », de son nom complet Mossadegh-ol-Saltaneh (Prince Qajar), était l’un des grands propriétaires terriens de l’Iran. Il pratiquait le servage et s’enrichissait comme ses confrères lors des famines des années 1910 (il avait alors 40 ans). Ces famines artificielles furent récurrentes tout au long de la deuxième moitié du XIXe siècle (sous les Qajar) et ne cessèrent qu’avec la prise du pouvoir par Reza Shah, un autre « méchant » (selon l’occident). Ces famines, entretenues artificiellement par les spéculateurs sur les céréales (dont le dernier roi Qajar, Ahmad Shah et le haut clergé), avaient réduit la population iranienne de moitié [1] et transformé un pays prospère en l’un des pays les plus pauvres et misérables de la planète.

Bien que disposant du droit de vote (accordé par la Constitution de 1906), les paysans ne votaient pas ou, quand ils votaient, ils votaient selon les instructions de leur Maître (le princes et le clergé). C’est ainsi que l’Assemblée Nationale Iranienne (le Majlès) était essentiellement composée de grands propriétaires terriens (princes ou mollahs), ennemis jurés des Pahlavis qu’ils considéraient comme gênants dans leur entreprise de mainmise sur les richesses de l’Iran.

Des 20% des habitants des villes, la moitié, c’est-à-dire les femmes, ne disposait pas du droit de vote. Elles n’ont obtenu ce droit qu’en 1963, privilège encore une fois accordé par le Shah contre l’alliance sacrée de la féodalité et du clergé (clergé qui était aussi un des plus importants propriétaires terriens en Iran).

Avant 1963 et les réformes du Shah, au final, seul 10% de la population (tout âge confondu) était en mesure de voter, et encore, la participation n’était pas si élevée qu’on pourrait l’imaginer.

En 1951, Mossadegh, « notre leader nationaliste », qui partageait ce très maigre électorat entre les communistes, les partisans des Pahlavis et les autres tendances politiques, n’était représentatif tout au plus que de 3% des iraniens. Dans ce contexte, parler de démocratie serait abusif.

Bien que la structure sociologique de l’Iran d’aujourd’hui soit très différente, le même phénomène persiste, à savoir la non signification des résultats électoraux. Certes, la paysannerie ne représente plus 80% mais 20% de la population, par ailleurs elle est propriétaire de sa terre (grâce au Shah qui a aboli la féodalité et le servage). Certes cette paysannerie est instruite (toujours grâce aux réformes combattues par le clergé) et dispose de tous les droits civiques, dans les textes et dans les faits. Il est vrai aussi que les femmes ont le droit de vote. Mais pour qui peut-on voter en Iran ?

Le lobby militaro-industriel occidental (qui possède la presse, du moins en France) est favorable au régime des Mollahs et utilise le prétexte des élections comme preuve d’une vie politique démocratique en Iran. A l’exception des journalistes qui souhaitent préserver leur emploi et les experts qui souhaitent rester dans les faveurs de ce lobby, des intellectuels renchérissent et perpétuent ainsi un malentendu sans être eux-mêmes les bénéficiaires directs de ce marché de dupes (à moins qu’ils soient tentés par une carrière dans la presse…). Mais peut-on parler de démocratie sans la liberté d’expression, sans la liberté de réunion, sans la liberté de création des partis politiques et sans la liberté de se porter candidat ?

Les Iraniens ne votent plus [2], et ceux qui votent le font pour que leur carnet d’identité soit dûment tamponné, ce qui leur évitera des ennuis ou des restrictions dans leurs diverses démarches administratives. Le tapage actuel autour des élections en Iran nous semble, dans ces conditions, obscène et mal placé.

Voir aussi:

Les élections présidentielles et la reprise de l’enrichissement d’uranium
Iran-Resist
16.07.2005

La République Islamique est une oligarchie militaro-religieuse, un petit nombre de seigneurs se partagent l’Iran. Il y a une terrible lutte des clans. Tant que le système n’en souffre pas, les ambitions peuvent s’exprimer ; parfois brutalement comme en 1983 quand Rafsandjani élimine ses rivaux dans un attentat la bombe faisant de nombreuses victimes. Très étrangement et contrairement à ce qu’on imagine en occident, les ambitions contraires ne s’expriment pas dans le cadre des élections.

Elections ou sélections

La République Islamique est une oligarchie militaro-religieuse, c’est la terminologie du mot République qui exige un décorum républicain. La fonction présidentielle n’a aucune autre utilité en Iran. Elle continue cependant à entretenir des malentendus. Les élections imitent les manifestations similaires dans les véritables démocraties. En quelque sorte, la tenue d’élections importe d’avantage aux mollahs iraniens que leurs résultats. Le but est d’attirer les Iraniens jusqu’aux urnes et de montrer les images de cette participation dans les médias occidentaux. Ouf ! l’Iran ou plus exactement la république Islamique est une démocratie.

L’objectif de cette mascarade est de satisfaire les partenaires commerciaux de cette oligarchie. L’arrangement convient parfaitement à ces derniers. Les Iraniens, quant à eux, ont très vite mais hélas un peu tardivement compris la nature de ce régime et ont boudé ces « sélections ».

Depuis les dernières élections présidentielles en Iran, les Européens ont appris que les candidats étaient présélectionnés pour répondre à des critères islamiques. C’est un progrès en soi que les plus importants partenaires commerciaux de la République Islamique aient enfin admis cette clause si particulière. Elle permet de prédéterminer l’issue des élections. Ainsi, huit ans auparavant, en 1997, le pouvoir avait présélectionné Khatami [1], un mollah peu connu, souriant, porteur de promesses populaires et un deuxième candidat, Nateq-Nouri, parmi les plus réactionnaires, provoquant du même coup un 21 avril en faveur d’un discours inédit et optimiste. (…)

[1] Rafsandjani, actuel Chef du Conseil de Discernement est sous mandat d’arrêt international (depuis 1997) suite à l’affaire de la Tuerie du MYKONOS en 1992 (du nom d’un restaurant berlinois). Le mandat d’arrêt international d’Interpol empêche ce dernier de voyager hors d’Iran et de ce fait, il est réduit à occuper des fonctions occultes. Il ne fait aucun doute que l’approbation de la candidature de Khatami à la présidence n’avait pas été sans rapport avec les sanctions internationales contre Rafsandjani. Entre autres, l’étiquette politique de Khatami a donné un éclat politiquement correct à la République islamique qui n’avait eu nul besoin de cette condamnation humiliante de Rafsandjani.

Selon le Ministère allemand des Affaires Etrangères, le jugement rendu en avril 1997 dans le procès relatif à l’attentat du restaurant Mykonos, dans le cadre duquel un tribunal de Berlin a constaté que les autorités iraniennes avaient été impliquées dans un autre attentat perpétré en 1992, a déclenché une crise prolongée. Il a fallu attendre 2000 pour que les relations retrouvent une base solide. La visite du Président Khatami en Allemagne en juillet 2000 a entraîné une augmentation sensible du nombre de visites dans chacun des deux pays.

4 Responses to Iran: Retour sur la démocratie-Potemkine des mollahs (Looking back on Iran’s Potemkin democracy)

  1. jam dit :

    nous souhaitons dénoncer le site iran-resist, au nom de la vérité. Ils se disent opposants au régime islamique mais servent en réalité ses intérêts. Les Iraniens ne sont évidemment pas dupes de leurs mensonges mais les occidentaux n’ont que peu de raisons de ne pas y croire… N’allez svp plus sur leur site si vous soutenez notre cause (pour ne pas continuer à les faire monter dans les recherches) et consultez notre blog qui est là pour dénoncer le mensonge au nom de la vérité et faites le passer à toute personne consultant Iran-Resist :

    Blog dénonçant Iran-Resist.org : iran-resist.blogspot.com

    introduction: iran-resist.blogspot.com/2009/07/ce-blog-denonce-le-site-iran-resist-qui_15.html

    analyse et dénonciation d’un article:  iran-resist.blogspot.com/2009/07/mensonge-iran-resist-iran-11-fevrier-la.html

    analyse et dénonciation d’un 2ème article: iran-resist.blogspot.com/2009/07/mensonge-iran-resist-obama-iran.html

    analyse et dénonciation d’un 3ème article: iran-resist.blogspot.com/2009/07/iran-resist-iran-elections-de-mossadegh_14.html

    Vraie histoire de l’Iran du 20ème siècle:  information-iran.blogspot.com/

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  2. After all, Assange is facing extradition to Sweden for
    questioning in a rape case. Undeterred by his constant jailing, Xiaobo took his political ideas to the Internet, which
    he called “God’s gift to China”. « As always, there are the usual ‘nominees’ and some newcomers, some famous and some unknowns, hailing from the four corners of the world.

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  3. […] La République islamique est une oligarchie militaro-religieuse, c’est la terminologie du mot République qui exige un décorum républicain. La fonction présidentielle n’a aucune autre utilité en Iran. Elle continue cependant à entretenir des malentendus. Les élections imitent les manifestations similaires dans les véritables démocraties. En quelque sorte, la tenue d’élections importe d’avantage aux mollahs iraniens que leurs résultats. Le but est d’attirer les Iraniens jusqu’aux urnes et de montrer les images de cette participation dans les médias occidentaux. Iran-Resist […]

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  4. […] Il suffisait apparemment, entre une fausse constitution et un ou deux soi-disant massacres du Shah, d’une bonne dose de naïveté et de complaisance de la part de nos gouvernants et intellectuels (Iraniens compris), de remplacer gouvernement par "république". […]

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