Iran: Chronique d’une catastrophe annoncée (How the Islamic revolution will all over again bury us)

 Que vous le vouliez ou non, l’histoire est de notre côté. Nous vous enterrerons. Nikita Khrushchev, Nov. 26, 1956

Intéressant contrepoint à la désinformation habituelle de nos médias que ce papier de l’économiste JP Chevalier sur la situation catastrophique, derrière la fuite en avant et les vociférations d’Ahmadinejad, de l’économie iranienne.

Avec une économie nationalisée à 80 % et le détournement de recettes pétrolières déclinantes (suite au grave manque d’investissements pour des infrastructures pétrolières vieillissantes – l’Iran, on le sait, n’est même pas capable de couvrir elle-même ses besoins en essence – et malgré ses énormes réserves et la hausse actuelle mais conjoncturelle du prix du baril) vers l’armement notamment nucléaire et les subventions pour tenter de désamorcer le mécontentement social, le régime des mollahs ne serait-il pas en train, à l’instar de l’URSS à la fin de la guerre froide et malgré la collusion de nombre d’entreprises européennes et notamment françaises, d’être poussé à sa perte ?

Iran : libéralisme et guerre économique
JP Chevalier
le 26 décembre 2006

La situation économique en Iran en 2005-2006 était a priori satisfaisante : le PIB de 187 milliards de dollars augmentait de 5,4 % avec une inflation contenue à 12 %, la masse monétaire M2 représentait seulement 50 % du PIB, les exportations (60 milliards de dollars) couvraient largement les importations (41 milliards), l’excédent de la balance des paiements de 13,5 milliards alimentait des réserves qui se montaient à 36 milliards de dollars (mais avec une dette extérieure de 24 milliards).

Cependant, la masse monétaire M2 a augmenté de 34 % en un an. La création monétaire (qui est égale à l’augmentation de M2 moins la croissance du PIB réel) très importante, de 30 % environ, révèle une détérioration considérable de l’économie qui est en réalité en récession avec une forte inflation plus ou moins cachée par des subventions de plus en plus importantes qui diminuent l’augmentation naturelle des prix créée par la pénurie qui atteint la plupart des secteurs. Par ailleurs, la courbe des taux est plate et à un niveau beaucoup trop élevé de 16 %, ce qui contribue à paralyser la croissance car les nouveaux projets ne sont pas rentables à ce niveau de taux d’intérêt.

L’économie iranienne est en réalité dans un état catastrophique qui vient du fait que les marchés ne jouent plus leur rôle d’entraînement car l’économie a été nationalisée à 80 % par les mollahs. En Iran comme partout ailleurs (en URSS par exemple), plus les marchés sont réduits, plus la croissance du PIB est faible (et inversement).

Les recettes tirées des exportations de pétrole et de gaz (49 milliards de dollars, 26 % du PIB) ne sont pas consacrées au financement d’infrastructures qui faciliteraient la croissance en augmentant la productivité mais à des dépenses militaires (avec la mise au point d’une bombe atomique) et au dopage de l’économie (par des subventions et des aides sociales) de façon à éviter un soulèvement populaire contre le régime qui accumule les erreurs économiques. Des économistes iraniens sont bien conscients de ces problèmes, mais ils sont impuissants face au pouvoir en place.

Les Américains ont tendu un piège machiavélique aux mollahs : non seulement ils les poussent à leur perte en les incitant à renforcer leur effort de guerre (comme ils l’ont fait jadis avec l’URSS, en particulier dans le domaine nucléaire), mais en outre, ils maintiennent les prix du pétrole à un niveau élevé, ce qui encourage les mollahs à poursuivre leur politique.

Le jour venu, il suffira de faire baisser les prix du pétrole (à la suite du ralentissement de la croissance aux Etats-Unis, ce qui est en train de se produire) pour que tout l’édifice chiite s’écroule : avec des exportations annuelles d’hydrocarbures en baisse à 40 milliards de dollars, la situation sera alors critique et désespérée en dessous de ce seuil.

Les prix du pétrole sont très volatils : ils varient de 10 à 80 US$ depuis une trentaine d’années (en dollars constants). Il est certain qu’ils ne resteront pas stables à un niveau élevé de 60 à 70 US$ : ils sont donc amenés à baisser, ce qui entraînera la chute du régime islamique en Iran.

Par ailleurs, la production d’hydrocarbures exige de très lourds investissements qui ne sont pas réalisés depuis plusieurs années car les risques que présentent ce pays sont trop élevés à cause des islamistes au pouvoir). Les revenus pétroliers vont donc chuter du fait de la baisse des quantités exportées et des prix. La situation ne peut qu’empirer dans un avenir proche. Déjà, les quantités (en volume) de pétrole exporté stagnent, la hausse des ventes ne s’expliquant que par l’augmentation des prix.

Ainsi, les Américains auront gagné la guerre en la livrant uniquement sur le plan économique sans la confier aux militaires (qui ne sont généralement pas capables de les gagner !). Bien mieux : la guerre des idées sera finalement gagnée par les Américains car les Iraniens rendront responsables les Chiites de la dégradation de leur situation économique, surtout en considération de la prospérité qui régnait du temps du Shah dans le cadre d’un système libéral intégré au Monde Libre, et non pas contre lui.

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La politique des Américains en Iran repose sur son isolement qui est malheureusement rompu par des pays de la Vieille Europe continentale, en particulier par la France dont les dirigeants politiques défendent depuis des décennies la théorie de l’eurasisme qui est censée regrouper les pays d’ancienne grande culture allant de l’Atlantique au Pacifique, intégrant au passage son influence sur l’Iran, le tout dressé contre le Nouveau Monde libéral représenté par les Etats-Unis. Les dirigeants d’entreprises françaises, de connivence, espèrent ainsi profiter de l’absence de leurs concurrents américains pour remporter des marchés rémunérateurs.

Cette politique française a déjà été menée dans les années 70 lorsque la France a accueilli Khomeini. Elle est ardemment défendue par Jacques Chirac et mise en œuvre par des entreprises comme Total, Renault, Peugeot, BNP, etc. Elle sera catastrophique à terme car elle symbolisera la collaboration avec le régime honni des mollahs.

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Le cas de l’Iran est édifiant : ce qui fait la richesse d’une nation et de ses habitants, ce ne sont pas ses richesses naturelles, pétrole ou autre, mais le travail des hommes. Le sous-sol de l’Irlande ne présente aucune trace d’hydrocarbures, la tourbe rend le sol inculte, et pourtant les Irlandais qui mouraient de faim au XIX° siècle sont devenus les plus prospères du monde en une vingtaine d’années.

Les revenus du pétrole ne créent aucune richesse durable s’ils ne sont pas utilisés pour dynamiser les marchés qui sont les seuls à pouvoir créer de la richesse (comme l’ont fort bien compris les dirigeants du Parti Communiste Chinois). Ils peuvent même être un obstacle au développement comme le montre l’Iran en cassant le jeu des marchés et en créant de l’inflation. Il en est de même de l’aide aux pays pauvres qui devrait être prohibée. Seule l’ouverture des marchés (la mondialisation) permet aux pays émergents… d’émerger.

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Des informations très intéressantes sur la situation en Iran sont disponibles sur le site de la mission économique française, ce qui est rare car les analyses de ces établissements ne brillent pas généralement par leur qualité : http://www.missioneco.org/iran/infopays.asp

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Sur l’eurasisme, lire : http://chevallier.turgot.org/a383-Eurasisme.html

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Pour suivre la situation en Iran, voir le site d’Iran-Résist : http://www.iran-resist.org/

pour les aspects militaires, le blog de Ludovic Monnerat : http://www.ludovicmonnerat.com/

26/12/2006

Actualisation au 28 décembre : d’après les déclarations d’un parlementaire à un journal iranien, la situation nette de l’Iran est déjà négative fin décembre. Les 10 milliards de réserves nettes qui apparaissaient fin septembre 2006 ont fondu, certainement à cause de la baisse des exportations de pétrole en prix et en volume, de l’augmentation des subventions et des aides sociales, du prix très élevé des investissements militaires et du désengagement de la Russie.

Le degré de liberté du régime iranien est maintenant nul. Sa chute prochaine entraînera celle du Hezbollah, du Hamas et des Chiites irakiens. Le nouveau Grand Moyen Orient voulu par les Américains est sur le point de finir à se mettre en place.

Lire l’analyse de l’article de ce journal iranien: http://www.iran-resist.org/article2951

Iran : la manne pétrolière sera de courte durée
G. Q.

Le Figaro

le 27 décembre 2006

Malgré ses énormes réserves, le pays pourrait voir ses exportations de pétrole fondre d’ici à 2015, à cause du manque d’investissements.

LE MAINTIEN d’un prix élevé des hydrocarbures n’empêchera pas la manne pétrolière de l’Iran de diminuer de moitié d’ici à cinq ans, voire de disparaître à l’horizon 2015, selon Roger Stern, chercheur à la Johns Hopkins University. Dans une étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States, le chercheur observe que la production de pétrole de l’Iran a été inférieure au cours des dix-huit derniers mois au plafond autorisé par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Il en déduit que l’industrie pétrolière iranienne est en déclin, rejoignant en cela l’opinion de nombreux experts (*).

65 % des recettes du budget

Conséquence, la République islamique risque de devoir diminuer sensiblement ses dépenses publiques. Les ventes de pétrole à l’étranger rapportent en effet chaque année quelque 50 milliards de dollars au budget iranien, soit plus de 65 % de ses recettes. Les conséquences d’une telle baisse ne seraient pas seulement économiques mais aussi sociales. L’État dépense près de 10 % du PIB (hors pétrole) pour subventionner les carburants. Le prix d’un plein d’essence coûte ainsi à peine plus d’un euro en Iran.

Le déclin attendu de la production de pétrole iranien a de quoi étonner s’agissant d’un pays qui dispose des premières réserves mondiales prouvées de pétrole. La compagnie nationale iranienne (Nioc) possède 370 milliards de barils équivalent pétrole de réserves, soit autant que la Saudi Aramco, compagnie publique d’Arabie saoudite.

Selon Roger Stern, le déclin des exportations de pétrole iranien serait une conséquence du déplacement des investissements publics du secteur des hydrocarbures vers les programmes nucléaires. L’Iran possède quelque 32 champs pétroliers qui sont, dans leur grande majorité, anciens et en mauvais état. Faute d’entretien, leur production devrait diminuer de 7 à 13 %, selon leur localisation sur terre ou en mer (*). Ce recul se traduirait par une perte de 350 000 barils par jour selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

L’Iran n’en affiche pas moins des objectifs d’extraction ambitieux. Téhéran envisage d’augmenter la production de pétrole d’un million de barils supplémentaires chaque jour jusqu’en 2010 ! Une ambition qui exigerait « des investissements estimés à 55 milliards de dollars à l’horizon 2015 » (*). Or on voit mal les compagnies étrangères se lancer dans de tels investissements. L’Iran a la réputation d’être le plus inhospitalier des pays du Moyen-Orient pour les compagnies pétrolières étrangères. Leurs marges y sont faibles et les contraintes qui pèsent sur elles fortes.

Dans une interview accordée hier à l’agence semi-officielle Fars, le ministre iranien du Pétrole, Kazem Vaziri-Hamaneh, s’est défendu en arguant que de nombreuses sociétés étrangères « ne coopèrent pas avec nous par peur des pressions américaines », ajoutant qu’en matière nucléaire, « les équipements à double usage (civil et militaire) que nous avions achetés par le passé ne sont pas livrés sous divers prétextes ».

(*) « La guerre de l’énergie n’est pas une fatalité », rapport d’information, Assemblée nationale, décembre 2006.

Voir aussi sur Primo Europe (merci PAF):

Iran : une chute programmée
Pierre Lefebvre
Primo Europe
Le 30-12-2006

Les récentes élections iraniennes montrent que le régime d’Ahmadinejad n’est pas si installé qu’il y parait dans la conscience politique iranienne. L’humiliante déculottée que doit affronter le président iranien laisse peu de doute sur son avenir politique.

Le négationnisme forcené d’Ahmadinejad rend finalement bien service, non seulement aux firmes occidentales – nous verrons pourquoi – , mais aussi et surtout au clergé chiite. Les religieux vont reprendre la main.

Encore que, nous l’avons vu, le terme « religieux » doit être pris avec circonspection. Rafsandjani et consorts sont, depuis Bani Sadr, les principaux acteurs économiques de l’Iran islamiste.

Corruption, fortunes immenses, prévarication sont monnaie courante. Les firmes occidentales qui négocient de juteux contrats avec la République Islamique connaissent le système des commissions. Total vient d’être inquiété par la justice française à ce propos. Dès le 17 décembre, Primo évoquait l’attitude équivoque du groupe Total dans une affaire de corruption impliquant le fils de cet ayatollah « réformateur ».

Nous ignorions, au moment de la rédaction de ces lignes, que 3 jours plus tard, la justice française allait donner de la voix. (En savoir plus sur cette affaire trouble http://www.iran-resist.org/article2921 )

Peu importe le régime qui s’installera en Iran si, d’aventure, celui d’Ahmadinejad venait à tomber, comme cela est de plus en plus clairement envisagé.

La question est maintenant de savoir s’il tombera avant ou après avoir acquis la maîtrise nucléaire. Les récentes sanctions de l’ONU et les atermoiements qui ont présidé à l’établissement de ces sanctions sont autant de signes que la diplomatie internationale est d’abord la somme d’intérêts particuliers.

Dans cette affaire iranienne, aucun pays n’a véritablement le souci premier de la paix et de la justice internationale.

Qu’Ahmadinejad menace Israël de désintégration est certes fâcheux pour ceux qui nous gouvernent, mais leur approvisionnement énergétique leur cause bien plus de soucis.

Plusieurs voix se sont élevées pour attirer l’attention des investisseurs mondiaux. L’Iran veut maintenant dépendre de l’Euro plutôt que du dollar. Il y a seulement quelques années, cette annonce aurait plongé l’économie occidentale dans le marasme. Certains, qui ont envisagé cette hypothèse, y voyaient le facteur déclenchant d’une guerre mondiale. « Jamais les Etats-Unis n’autoriseront un tel affront », clamaient-ils.

Mais la donne a changé avec la guerre en Irak et la relative stabilisation du marché pétrolier. De plus, depuis plusieurs mois, un autre géant est venu perturber les calculs iraniens. Le montant des réserves de la république islamique ne pèse plus très lourd en regard des mille milliards de dollars détenus par la Banque de Chine par exemple.

Les analystes s’accordent à dire que les pays du Moyen-Orient détiennent en général un montant qui varie de 20 à 30 milliards de dollars, autant dire des cacahuètes face au mastodonte chinois.

Idéologie et économie ne font pas bon ménage

Le régime iranien fait donc un mauvais calcul. Cela, en passant, réjouit les Etats-Unis puisque l’euro sera, un jour ou l’autre, affaibli par cette initiative. De surcroît, le calcul est risqué. Cette décision, qui a tout du politique, du symbole, ne tient pas compte des réalités économiques.

A court terme, l’Iran perdra, ce qui ne fait pas les affaires de ceux qui dirigent, en sous-main, la République Islamiste.

Ils sont en train d’y perdre leurs chemises et leurs burkhas. L’euro est pour l’instant une monnaie plus forte. Ils y perdent avec un dollar aussi faible qu’il l’est actuellement. L’économiste iranien Mohammad Reza Behzadian fait remarquer, que, s’agissant du pétrole, «l’échange des pétrodollars en euros sera très coûteux».

Ahmadinejad a donc plus à craindre de ses adversaires à l’intérieur de l’Iran dont il ruine toute l’économie depuis son accession au pouvoir que des pressions extérieures.

Le nucléaire, une nécessité (???)

Il n’est pas question ici de morale ni d’éthique. Il est toujours gratifiant de se prononcer, face aux caméras, contre le nucléaire iranien, même civil. Cette position ne tient aucun compte des réalités économiques. Il est hors de doute qu’une bombe nucléaire aux mains d’un idéologue haineux comme Ahmadinejad reste un danger sans égal.

Sur ce point, Israël, qui sera le premier visé, fait bien de mobiliser la communauté internationale.

Mais l’Iran a d’autres urgences, qui concernent sa survie. Assis sur les premières réserves d’or noir de la planète, il étonne l’analyste moyen qui se demande comment on peut autant avoir besoin d’énergie avec ces réserves incalculables d’or noir. L’analyste moyen néglige le fait qu’avoir de grandes réserves ne signifie pas pour autant avoir les moyens techniques de les exploiter.

Une étude américaine rendue publique lundi décrit par le menu ce qui risque fort d’arriver à la République Islamique. La conclusion est sans appel : l’Iran souhaite développer le nucléaire civil pour éviter d’avoir à faire face dans les prochaines années à une pénurie d’énergie provoquée par le manque d’investissements dans le secteur pétrolier. (???)

En bref, les occidentaux ont de l’Iran pays exportateur de pétrole une image tronquée.

« Depuis 1980, la croissance de la demande énergétique (en Iran) a atteint 6,4%, ce qui est supérieur à la croissance de l’offre (+5,6%) et les exportations stagnent depuis 1996 ».

Selon cette étude, la production de l’Iran a été inférieure lors des 18 mois écoulés au quota fixé par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), ce qui témoigne des difficultés de production du pays.

Roger Stern, l’auteur de cette étude, estime que cette crise énergétique potentielle pourrait faire chuter le régime actuellement en place à Téhéran.

On sait des courbes de production qu’elles font apparaître un seuil critique au delà duquel la demande sera toujours plus forte que l’offre. Nous le connaîtrons en Europe, selon les spécialistes, d’ici 20 à 30 ans. Pour accroître la capacité iranienne de production énergétique, il faudrait des efforts de modernisation de la chaîne d’extraction et de traitement sans aucune comparaison avec les capacités financières de cet état.

L’écart entre la demande intérieure et l’offre ira en s’accroissant. La population iranienne ne pourra supporter longtemps un régime qui ne sut permettre qu’à une toute petite nomenklatura de profiter de la manne pétrolière.

La croissance du reste de la population entraîne une hausse de la demande intérieure à laquelle ne peuvent répondre des infrastructures vieillissantes. L’Iran, deuxième producteur de l’Opep derrière l’Arabie Saoudite, se retrouve donc contraint d’importer certains produits pétroliers, ce qui obère les bénéfices qu’il peut tirer de ses faibles exportations.

L’Iran aura son nucléaire civil

L’optimisme incite à penser à une révolution en douceur. L’Iran, héritier d’une longue histoire d’échanges et de philosophie, berceau de plusieurs religions et écoles de pensée, est peuplé non d’Arabes mais de Perses, dont la langue, à la différence des pays qui l’entourent, est indo-européenne. Ce substrat culturel ne peut s’éliminer en 30 années de révolution islamique, même la plus répressive. Mais l’islamisme a su maintes fois doucher les optimismes les plus débridés.

L’Iran est donc confronté à un choix cornélien : il a besoin du nucléaire civil pour répondre à ses besoins intérieurs en énergie. Il lui faut produire plus pour exporter plus afin d’avoir les moyens de moderniser sa chaîne de traitement de l’or noir. La communauté internationale connait ce besoin et doit en tenir compte sous peine de voir l’Iran basculer définitivement dans le Moyen Age.

Alors, il vient le Medhi ?

Le malheur est qu’Ahmadinejad attend son medhi qui sortira d’un puits à la fin du monde. C’est du moins sa croyance, son dogme. Et on ne discute pas avec le dogme. Le président iranien ne convainc personne lorsqu’il dit que son nucléaire sera à visée civile uniquement.

Mais on ne peut raisonnablement écarter l’hypothèse que les affirmations de l’Iran selon lesquelles il a besoin de l’énergie nucléaire sont réelles et trahissent l’inquiétude d’être confronté à un manque de revenus des exportations de pétrole.

« Le régime iranien serait, dans un tel cas, beaucoup plus vulnérable qu’estimé actuellement », selon Roger Stern.

Et l’on sait combien un peuple vulnérable peut devenir un danger pour la paix du monde. Du coup, il faut regarder de près l’installation prochaine des 3000 centrifugeuses en cascade qui permettront à l’Iran d’obtenir le combustible.

Malheureusement, les inspecteurs de l’AIEA ne sont plus les bienvenus en Iran depuis les sanctions onusiennes.

Le scénario est rédigé au détail près. Les acteurs sont en place. Les navires lance-missiles français, anglais et américains sont sur zone.

Tout le monde attend une seule chose : un changement de régime à Téhéran et un président plus souple sur le nucléaire, susceptible de donner toutes les assurances qu’il s’agit bien que de nucléaire civil et qu’il n’aura jamais la tentation de s’en servir.

Les promesses n’engagent que ceux qui les croient. Les trafics continueront, au grand bénéfice des religieux iraniens jusqu’à ce que le peuple, étudiants en tête, ne se lasse vraiment.

Mais la communauté internationale a-t-elle déjà encouragé les étudiants démocrates iraniens ?

Pour un autre éclairage sur le douteux champion du « ne rien faire » et professeur Stern, voir aussi Iran-Resist:

L’Iran : Ne rien faire ?
13.01.2007

Le système d’information du régime des mollahs utilise la méthode 80/20. Il s’agit de diffuser 80% de données fondées (généralement une analyse des défauts du régime dans un domaine précis) afin de faire passer 20% de données délibérément fausses (qui sont les solutions proposées par un courant réformateur du régime).

Roger Stern suit ce modèle. Dans son seul et unique article scientifique, il avait ainsi évoqué les lacunes de l’industrie pétrolière iranienne afin de justifier le programme nucléaire iranien. Après avoir essuyé quelques critiques quant à ses conclusions, il revient en changeant ses conclusions ! C’est ce qui fait le charme de la méthode 80/20.

Les données fondées sont constantes, et l’on peut à volonté varier les plaisirs intellectuels des 20% restants. Ainsi dans la version précédente, Stern justifiait le programme nucléaire et diabolisait le recours à une option militaire : nous y avions vu la signature des diverses campagnes médiatiques des mollahs qui ont toujours diabolisé l’option militaire, pour ameuter les mouvements anti-guerre et créer un mouvement international pour accélérer la tenue d’une conférence internationale Iran-USA qui permettrait d’aboutir à une Solution consensuelle Globale [1] (Iran-Irak-Hezbollah).

C’est pourquoi, l’absence de toute référence à de possibles sanctions économiques nous avait frappée : Le document de Stern ne tenait à aucun moment compte de l’efficacité d’un isolement économique de l’Iran. A l’époque les Etats-Unis n’avaient pas encore divulgué leur plan pour abattre le système bancaire des mollahs, mais de la part d’un supposé chercheur économiste de la classe internationale de Stern, cette absence était suspecte et l’est encore d’avantage aujourd’hui.

Dans la version précédente de son article destiné essentiellement à la presse virtuelle, son souci avait été de frapper l’opinion, de donner un délai aux mollahs et de justifier leur programme nucléaire qui était selon lui purement civile. Parallèlement, il avait réussi à focaliser l’attention de l’opinion publique sur le danger d’une option militaire et surtout il avait réussi à convaincre l’opinion malléable des internautes de l’absence de l’efficacité des sanctions économiques.

Aujourd’hui, la donne a changée de nombreuses banques internationales ont rompu leurs relations avec Téhéran et la dernière d’entre elles est la Commerzbank de l’Allemagne. Hormis cette mise à l’écart des banques internationales, les grandes compagnies pétrolières, y compris Total, suivent l’exemple de la japonaise INPEX (et la chinoise SINOPEC) et se montrent réticentes pour renouveler leurs contrats en Iran.

Aujourd’hui, il y a des vraies sanctions contre l’Iran et les choses risquent d’empirer si l’ONU leur apporte son « approbation » car alors la Russie, la Chine mais aussi de nombreux états Européens devront également renoncer à certaines manœuvres pour préserver leurs intérêts en Iran.

L’article de Stern arrive à point nommé : il re-propose de laisser un délai aux mollahs et surtout d’abandonner les sanctions onusiennes (ou autrement dit, la « caution morale » d’un soutien l’ONU aux sanctions déjà appliquées).

La forme du nouvel article de Stern (publié par l’International Herald Tribune) est délibérément moqueuse envers la république Islamique et utilise les terminologies des opposants (les mollahs – ndlr : pour faire taire les opposants et écarter les soupçons d’une entente entre l’auteur et « les mollahs »).

Les éléments de la partie des « 80 % » des données fondées (de la méthode) sont particulièrement bien dosés et évoquent sans langue de bois l’affairisme des mollahs et leur économie mafieuse. Il fallait ce niveau de vérité pour prouver la sincérité de l’auteur et donner plus de poids à ses conclusions.

A l’issue de cet exposé sans complaisance, quel est son argument pour justifier que l’on accorde un nouveau délai aux mollahs et surtout que l’on abandonne les « inefficaces » sanctions onusiennes ?

Selon Roger Stern, le régime des mollahs risquerait de faire passer ses propres déboires économiques pour des conséquences des sanctions à venir !

On voit bien que Stern habite en Californie et non pas en Iran où les pilotes de l’aviation civile arrondissent leur fin de mois en faisant le taxi au noir.

Cher Monsieur Stern,

Ne vous en faites pas pour l’état mental des Iraniens. Ils savent que les « méchants » sont les mollahs et leurs fistons, ils savent que l’argent public est distribué aux terroristes du Hezbollah (tiens, vous n’en parlez pas !). Les iraniens voient les fortunes des mollahs et leur train de vie et voient les SDF iraniens, il n’y a aucun risque qu’ils attribuent leur misère à autrui !

Il est de notoriété publique que les mollahs ont gagné 560 milliards de $ avec le pétrole depuis 1979 soit 80 fois les revenus pétroliers iraniens d’avant la révolution ! Les iraniens connaissent bien tout ce qui avait été alors accompli (avant la révolution) avec ce presque RIEN, et le trésor qui a été gâché sous les mollahs. Aujourd’hui, les iraniens souffrent et attendent du soutien de la part des occidentaux. Ils ne comprendraient pas que l’on puisse donner du temps aux mollahs en prétendant qu’il faut attendre tranquillement un effondrement du régime dans cinq à huit ans. Si on les laisse tomber, il est clair qu’ils n’auront plus aucune envie de prendre leur destin en main et d’aider l’occident à abattre ce régime. Les mollahs le savent bien et compte sur les partisans des « délais supplémentaires » car ces derniers sont là pour tuer les urgences.

Cher Monsieur Stern, vous êtes au service des intérêts des mollahs : gagner du temps, attendre la fin du mandat de Bush, espérer un consensus… Ainsi on néglige le peuple iranien pour le pousser à haïr l’occident et retourner dans les bras des mollahs. Bizarrement ces dernières années, le quotidien International Herald Tribune a répondu présent à chaque fois qu’un partisan des délais s’est manifesté dans le cas du dossier nucléaire iranien.

International Herald Tribune : Les mollahs maladroits !8 Janvier 2006 | Roger Stern

L’Iran s’est lui-même enlisé dans sa crise pétrolière qui pourrait ramener ses exportations de pétrole à zéro en 2015. Alors que l’Iran dispose de la troisième réserve mondiale de pétrole, ses exportations ralentissent de 10 à 12 % par an. Comment cela a-t-il pu arriver ?

Les industries lourdes doivent être entretenues pour être productives, et c’est particulièrement vrai dans le cas du pétrole. En Iran, les rendements de chaque puits diminuent tous les ans. Si de nouveaux forages ne sont pas faits, la production s’effondrera. C’est ce qui arrive à l’Iran car ce pays n’a pas réinvesti dans de nouvelles productions. Mais pourquoi ?

Pour les mollahs, le retour sur investissement à court terme dans le pétrole équivaut à zéro. Ils sont réticents au principe d’attendre 4 à 6 ans pour qu’un forage soit rentable, aussi plutôt que de réinvestir pour relancer la production, la république islamique assèche son secteur pétrolier en dépensant les profits du pétrole dans un état providence d’une inefficacité inouïe (il n’y a pas d’état providence en Iran, sauf pour les clans au pouvoir. Certains ouvriers ne sont même pas payés depuis des années… –ndlr).

La survie politique du régime est assurée par la création d’emploie dans des sociétés publiques subventionnées par un état qui est lui-même déficitaire (le système économique iranien ne crée pas d’emploie car elle ne croit qu’en la spéculation).. L’autre menace qui plane sur les exportations est la croissance de la demande intérieure. La demande iranienne en pétrole n’est pas simplement croissante, elle est explosive, à cause du prix subventionné des carburants qui crée une croissance de la demande la plus élevée au monde (là encore, Stern interprète les chiffres selon ses convenances… Cette croissance de la demande intérieure est liée à la contrebande de l’essence par les Pasdaran).

Ainsi l’Iran brûle sa chandelle par les deux bouts en produisant de moins en moins tout en consommant de plus en plus.

En l’absence d’un changement de la politique énergétique en Iran, un déclin rapide des exportations semble rapide. L’immobilisme politique et une économie planifiée à la soviétique rendent la résolution de ce problème pratiquement impossible. Le régime aurait pu s’aider en facilitant les investissements étrangers dans de nouvelles productions et étonnamment il ne l’a pas fait alors que le déclin de ses exportations pétrolières met la survie même du régime en péril (c’est totalement faux, le régime a toujours privilégié le buy-back, mais il n’a pas réinvesti convenablement ses revenus. Et en plus, le texte de Stern se contredit – ndlr).

Même programme nucléaire iranien, qui est aperçu par les Etats-Unis comme une tentative pour posséder la bombe atomique, est un signe de l’effondrement pétrolier. Les USA disent que l’Iran est un pays riche en pétrole qui n’a pas besoin de l’énergie nucléaire et alors que ce pays est décevant dans ses réponses sur le sujet… On ne peut pas dire que tous les arguments iraniens soient faux. La plupart des centrales électriques d’Iran sont au fuel ou au gaz et de l’électricité moins chère fournie par les réacteurs de fabrication russe pourrait libérer plus de pétrole pour les exportations. Reconstruire de nouvelles centrales à gaz ne serait pas beaucoup moins cher que de construire un nouveau réacteur. Et les ventes russes de réacteur bon marché sont une subvention indirecte à la survie du régime.

Investir en Iran est devenu si peu attractif que même les états désespérément en manque d’énergies ont arrêté leurs tentatives. Par exemple, l’INPEX, la compagnie pétrolière japonaise, a abandonné une négociation étalées sur sept ans concernant l’immense gisement d’Azadegan. Si l’Iran avait été un meilleur partenaire de négociation, Azadegan serait aujourd’hui en production. Les fuites à l’intérieur des raffineries est à l’exemple de tout ce qui va mal dans le secteur pétrolier de ce pays. Selon le journal gouvernemental « Iran », les fuites représentent 6% de la production totale et sont toujours non solutionnées. Cette perte colossale de revenus persiste en raison du modèle soviétique d’économie planifiée par l’état. Les prix subventionnés (de l’énergie) forcent la compagnie nationale de pétrole à vendre à perte sur le marché intérieur. L’Iran pourrait gagner des milliards en réparant les fuites, mais la compagnie nationale de pétrole ne fait pas ces réparations car, selon la direction, ces réparations ne sont pas rentables. Les fuites du pétrole entraînent des pertes d’argent.

Dans un monde menacé par les propos va-t-en-guerre d’Ahmadinejad, les soucis pétroliers de l’Iran peuvent apparaître comme une bonne nouvelle. La décision du Conseil de Sécurité de l’ONU de s’en prendre au développement de l’armement iranien semble aussi être un bon signe.

Pourtant les dommages économiques que l’Iran s’inflige à lui même sont bien pires que les sanctions insignifiantes que l’ONU pourrait mettre en oeuvre. Les sanctions économiques pourraient mettre en difficulté les adversaires de la politique (nucléaire) iranienne : Téhéran pourrait faire passer ces déboires comme étant les conséquences des sanctions économiques. Les mollahs font un excellent travail de destruction de l’économie iranienne et il faudrait les laisser seuls finir le travail.

Attaquer l’Iran permettrait au régime d’échapper à la responsabilité d’un désastre économique qu’il a lui-même créé. Pire, une attaque pourrait conduire à l’unité derrière un clergé actuellement en perte de vitesse. C’est pour cela que la meilleure des politiques face à l’Iran est peut-être de ne rien faire du tout.

Ne Rien faire : Si vous avez des doutes sur les liens entre les mollahs et Stern, relire nos remarques qui précédaient ce texte.

[1] Solution Globale | L’instabilité de la région permet aux mollahs de se poser en arbitre de la confusion. Cette confusion ne peut exister que si les mollahs ont des agitateurs sur place. Tel est le fondement de leur stratégie, ils restent en retrait et laissent faire des intermédiaires : le Hamas, le Hezbollah et même la Syrie. C’est pourquoi le Hezbollah est une nécessité pour les mollahs. Le Hezbollah garantit la politique de nuisance régionale des mollahs et au retour les mollahs doivent trouver un cadre international qui garantisse le Hezbollah. La communauté internationale s’y oppose (avec des nuances). C’est pourquoi le régime des mollahs doit faire peur à une très grande échelle afin de pousser les Européens et surtout les Américains à consentir à accepter un compromis : un statut quo sur le Hezbollah.

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