Présidentielles 2012: Un Obama blanc pour la France? (Is France headed for its own perfect storm of a white Obama election?)

C’est un terrible avantage de n’avoir rien fait, mais il ne faut pas en abuser. Rivarol
Obama surfe sur cette vague d’aspiration des Blancs qui se projettent sur lui. Il parle d’espoir, de changement, d’avenir… Il se cache derrière ce discours éthéré, sans substance, pour permettre aux Blancs de projeter sur lui leurs aspirations. Il est prisonnier car à la minute où il révélera qui il est vraiment, ce en quoi il croit vraiment, son idéologie, il perdra toute sa magie et sa popularité de rock-star. (…) Il est prisonnier, car il ne peut pas être lui-même. (…) Les Blancs sont l’électorat naturel de Barack Obama. (…) C’est ça l’ironie: il a fallu que Barack Obama gagne les voix blanches pour emporter les voix noires. Shelby Steele (2008)
Obama, un blanc déguisé en noir (…) Il y a quelque chose de fascinant à voir un homme politique relativement jeune (47 ans) et noir comme Barack Obama briguer avec quelque chance de succès l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle américaine. Autant que son audace, frappe l’aisance de ce candidat improbable dans un pays où aucun homme de couleur – à l’exception du général Colin Powell qui, sollicité par le parti républicain, déclara forfait – n’avait pu jusqu’ici envisager sérieusement d’entrer dans la course présidentielle. Une aisance qui le fait même qualifier de « nouveau Kennedy”. (…) La vérité est qu’Obama n’est pas un vrai noir ! Il ne l’est que pour ceux qui pensent que la couleur de la peau a de l’importance. Sur le plan culturel, le seul qui importe, Obama est le contraire d’un noir américain. (…) C’est ce qui explique sans doute que sa candidature pose si peu de problèmes à l’establishment américain et que, bien qu’il s’agisse, au moins formellement, d’une candidature « noire », elle paraisse aller de soi. C’est ce qui explique aussi peut-être la difficulté qu’éprouve la communauté noire américaine à se reconnaître dans ce candidat issu d’un univers si antithétique au sien. En définitive Obama ne s’en rapproche que par l’action sociale qu’il a eue dans les quartiers pauvres de Chicago et par sa femme qui est, elle, une authentique afro-américaine. Son élection éventuelle ne signifierait pas nécessairement une promotion de la communauté noire. Il faudrait plutôt l’analyser comme un phénomène sui generis. Roland Hureaux
Et si la vraie raison était tout simplement que la majorité des Américains trouvent que Barack Obama est un mauvais président ? (…) Et si Obama était definitely, comme on dit là-bas, trop liberal, à gauche pour diriger un pays dont les valeurs de gauche ne sont pas ancrées dans les profondeurs du peuple ? Les préjugés dont il a pu être victime au cours de ses deux premières années de mandat tiennent d’ailleurs plus à son image d’intello, prof à Harvard qu’à la couleur de sa peau. Luc Rosenzweig
I’m trying to give Obama some time. I don’t think Obama is a closet socialist I think he’s a very careful man. As a journalist, I did not drink the Obama Kool-Aid last year. I think if he walks across the Potomac, his feet will get wet. Jon Meacham (editor of Newsweek)
I think many of us were asking the question « Barak who? » during the 2008 election cycle. Many decided the answer wasn’t important. Here’s hoping they change their minds this year. DSchneider  (4/20/2012)
Vous ne pouvez pas continuer à faire de l’argent en vendant des 4×4 et des pick ups. Obama (15.08.11)
On savait la France plus à gauche que les États-Unis, mais à écouter certains des candidats, on prend conscience du fossé qui nous sépare… The Washington Post
Le Socialiste qui a toutes les chances d’être le prochain président de la République française sera mauvais pour son pays et pour l’Europe. The Economist
On a fait l’expérience en Espagne d’un homme charmant, intelligent, non expérimenté, qui s’appelle M. Zapatero: l’Espagne est en faillite. Donc moi, je pense qu’on ne peut pas faire l’expérience de quelqu’un qui n’a pas l’expérience internationale aujourd’hui. (…) Je connais François Hollande comme premier secrétaire. Alors, on peut regarder son expérience si vous volez: quand il a pris le parti socialiste, il y avait 300 000 personnes et quand il l’a quitté, il y avait 150 000 personnes. Claude Allègre
On aura Chirac II au pouvoir. Chirac a cédé à tout, Hollande, c’est la même chose. Claude Allègre
François Hollande est un parfait honnête homme. Il est intelligent, charmant, cultivé, et même spirituel. Il y a chez cet homme-là un mélange de doux rêveur et de professeur Nimbus égaré dans la politique qui le rend sympathique. Il est mondialement connu en Corrèze. Ce n’est pas lui qui irait courir les établissements de luxe sur les Champs-Élysées, ni les suites des grands hôtels à New York ou à Lille, ni les yachts des milliardaires. Il ferait, je le dis sans affectation et sans crainte, un excellent président de la IVe République. Ou plutôt de la IIIe. Par temps calme et sans nuages. Il n’est jamais trop bas. Mais pas non plus trop haut. C’est une espèce d’entre-deux: un pis-aller historique. Ce n’est pas Mitterrand: ce serait plutôt Guy Mollet. Ce n’est pas Jaurès ni Léon Blum: c’est Albert Lebrun. Ce n’est pas Clemenceau: c’est Deschanel. Il parle un joli français. Et sa syntaxe est impeccable. On pourrait peut-être l’élire à l’Académie française. Ce serait très bien. Mais en aucun cas à la tête de la Ve République, par gros temps et avis de tempête. C’est vrai: Sarkozy en a trop fait. Hollande, c’est l’inverse. Car n’avoir rien fait est un immense avantage, mais il ne faut pas en abuser. (…) Je veux bien croire -je n’en suis pas si sûr que pour 2012 les dés sont déjà jetés, que les handicaps du président sortant sont bien lourds pour être surmontés, que le retard est trop rude pour être rattrapé. J’imagine très bien l’explosion d’enthousiasme sur la place de la Bastille ce soir de mai 2012 où l’élection de M. François Hollande à la magistrature suprême sera enfin annoncée. Je me demande seulement dans quel état sera la France en 2014 ou en 2015. Jean D’Ormesson
Pourquoi le fait que Hollande ait dit qu’il se serait désisté pour Mélenchon au second tour – si ce dernier était arrivé premier à « gauche »- ne pose pas autant de problèmes qu’à droite ? Parce que Mélenchon bénéficie de l’aura des 75 000 fusillés du PC alors que si ce dernier en a fait autant c’était surtout pour soulager le front soviétique, pour faire en sorte que le maximum de divisions nazies soient immobilisées en France, afin qu’elles ne puissent pas aller attaquer la vraie « patrie du socialisme « , pas du tout pour les beaux yeux de Marianne ; (…)  Le FN a beau avoir, dit-il, pas mal d’anciens résistants dans ses rangs rien n’y fait, et pourtant est-on sûr que les feu vichystes soutiennent le FN et pas plutôt le feu PFN, l’Oeuvre française, c’est-à-dire Karl Lang, Bruno Mégret, voire le Bloc Identitaire, qui tous les trois refusent l’assimilation des étrangers devenus français, alors que le FN est pour ; ne serait-ce pas, là, plutôt la barre, décisive, à placer? Lucien Ouhlabib
La gauche ne tolère pas l’intolérance. Et pour preuve, elle accepte avec un plaisir non dissimulé le ralliement de Jean-Luc Mélenchon à la candidature de François Hollande. Célébrer l’histoire du communisme ou de la Terreur, c’est tout de même bien plus tolérant que de refuser l’entrée du territoire à un étranger qui ne s’est pas conformé à la loi. Théophane Le Méné
Je ne suis pas un candidat pochette-surprise. François Hollande
Je suis coincée entre la gauche molle, qui ne promet rien, et la gauche folle, qui promet tout. Eva Joly
Je pense que François Hollande, c’est la solution du XXe siècle aux problèmes du XXIe. Eva Joly
Il fait de la politique avec un rétroviseur. La Bastille, la Commune, c’est sympa, c’est la nostalgie d’une époque où il y avait de grands tribuns et pas de femmes en politique. Cécile Duflot (à propos de Jean-Luc Mélenchon)
Monsieur Hollande veut moins de riches, moi, je veux moins de pauvres. Nicolas Sarkozy
La Corrèze, c’est la Grèce de la France.  Nadine Morano
Je ne veux pas réguler le capitalisme, je veux l’étrangler. Jean-Luc Mélenchon
 Eva Joly sera l’accident industriel de l’élection présidentielle. Éric Besson
 À présent, à gauche, pourquoi choisir pour entrer dans la saison des tempêtes un capitaine de pédalo comme Hollande ? Jean-Luc Mélenchon
 Ma grand-mère disait : “Quand c’est flou c’est qu’il y a un loup”. Martine Aubry (à propos de François Hollande, trois jours avant le deuxième tour de la primaire socialiste)
Droitisation. Ce n’était pas la campagne de Nicolas Sarkozy qui la provoquait, comme le prétendaient les commentaires médiatiques. C’est la France qui s’est droitisée. En dix ans, l’évolution est spectaculaire. (…) Plutôt perdre une élection que perdre son âme, disait-on même à droite. (…) Stigmatisation – le grand mot ! Défense de stigmatiser les minorités visibles et invisibles mais pas l’électeur populaire de Le Pen.  (…) Voici que M. Hollande se met à les « comprendre », quand M. Mélenchon qualifiait leur candidate, il y a peu, de « démente ». Mais qu’y a-t-il dans le programme Hollande pour rassurer ces électeurs autrefois bannis et soudain devenus fréquentables ? Le droit de vote aux étrangers ? la régularisation des sans-papiers ? l’inscription de la loi de 1905 dans une Constitution déjà laïque ? la priorité au logement pour ceux qui viennent d’ailleurs ? le RSA pour tous ? Le comble de la “faillite morale” serait que le candidat socialiste soit élu grâce à ces voix-là. Mais d’un autre côté, quand Hollande garantit 22 sièges de députés aux Verts dont la candidate a fait 800 000 voix, Nicolas Sarkozy peut-il ne rien faire pour un parti qui en a obtenu 6,4 millions ? François d’Orcival

Après le Kool-Aid du tout-sauf-Bush il y a quatre ans aux Etats-Unis, la France du tout-sauf-Sarkozy va-telle accoucher de son propre Obama blanc?  (Et en plus, il n’est même pas noir!)

Bloc des droites (Sarkozy-Le Pen Dupont-Aignan) à 47 %,  total des gauches (Hollande-Mélenchon-Joly-Poutou-Arthaud) à 44%, gauche tout droit sortie du XIXe siècle qui après trois défaites consécutives n’a toujours pas fait son aggiornamento, véritable pochette-surprise d’un candidat accidentel (suite à l’auto-sabordage de DSK) en tête des sondages venu d’on ne sait où et sans la moindre expérience de gouvernement ..

A l’heure où, si l’on en croit nos sondeurs, une France majoritairement à droite et embarquée dans peut-être la plus critique période de son histoire récente semble sur le point de jeter son va-tout pour l’incroyable risque politique du plus inexpérimenté et du moins fiable des candidats

Et où les commentateurs anglo-saxons n’en reviennent pas du véritable Jurassic Park qu’ils ont découvert lors de la campagne française fait d’une étrange conjonction d’une majorité de droite et de la plus archaïque des gauches faisant mine, après 20 ans de mépris, de redécouvrir l’électorat FN …

Comment ne pas s’interroger en effet devant un tel insondable mystère?

Mais surtout ne pas repenser, toutes proportions gardées et l’enthousiasme en moins, à la délirante hystérie qui avait saisi ces mêmes Anglo-saxons il y a quatre ans (et peut-être à nouveau dans six mois?) devant le véritable accident industriel que s’est révélé être un certain  Barack who?

« Un repaire de gauchistes » :la France vue par les éditorialistes anglo-saxons…

Plus que la poussée de Marine Le Pen, ce sont les propositions de l’extrême gauche qui frappent les observateurs américains et anglo-saxons. Petite revue de presse d’après premier tour.

Gérald Olivier

Trans Amérique Express

Atlantico

25 avril 2012

Les photos de Nicolas Sarkozy et François Hollande sortant de l’isoloir ont fait la première page du New York Times ce lundi. Mais le reportage qui suivait tenait moins aux deux finalistes, qu’à celle arrivée troisième : « Hier, comme à chaque premier tour d’une élection présidentielle, les Français ont voté avec leur cœur, dans quinze jours, au second tour, ils voteront avec leur tête… Comment Marine Le Pen a-t-elle pu ainsi voler leur cœur… ? »

La réponse pour le journaliste tient à la crise, et à « l’anti-sarkozysme » qui s’est emparé de la France. Il note surtout que ce résultat a déjoué les pronostics. Jusqu’alors la campagne présidentielle avait été dominée par la percée dans les sondages et le succès annoncé de Jean-Luc Mélenchon, « un ancien Trotskyste ». Une percée qui n’en finissait pas de surprendre outre-Atlantique. Comment les Français peuvent-il encore croire à des discours de gauche se demandaient les observateurs ?

« On savait la France plus à gauche que les États-Unis, mais à écouter certains des candidats, on prend conscience du fossé qui nous sépare… » écrit Brad Plumer dans le Washington Post, toujours pas revenu de ce qu’il a entendu dans la bouche de certains candidats. Au point d’avoir dressé la liste des « propositions qu’un candidat d’un des deux grands partis américains ne pourrait pas faire » : taper sans retenue sur le dos de la finance comme Hollande … ; promettre de taxer à 75% les revenus au dessus de 1 million d’euros (sachant que le candidat Mélenchon demande 100% de taxe à partir de 500 000 euros )… ; imposer un plafonnement des rémunérations des patrons ; critiquer tous azimuts la libre entreprise et les marchés, même à droite puisque Marine Le Pen a fait de son score une victoire contre la banque, la finance et les multinationales ».

Un tel radicalisme laisse peu d’options économiques viables à un pays. Surtout un pays en crise, dans un monde en crise. Inquiet des conséquences internationales de telles mesures, Plumer est allé interroger un spécialiste pour essayer de comprendre. Il a trouvé Arthur Goldhammer, directeur du département d’études européennes à l’Université d’Harvard. Pour ce politologue les candidats du premier tour de la présidentielle française se répartissent en deux camps : « le camp des deux candidats arrivés en tête, qui préconisent bon an mal an une forme d’adaptation à la mondialisation » et « le camp des autres qui ont tous en commun de rejeter cette mondialisation ». François Hollande et Nicolas Sarkozy totalisant 56% des voix, le premier camp demeure majoritaire mais « les forces de résistance sont nombreuses et l’anti-establishment puissant ».

De l’autre côté de la Manche, l’hebdomadaire The Economist, a été tout aussi frappé par la prévalence d’un tel discours : « A regarder la télévision et écouter la radio ces jours-ci en France on pourrait penser que ce pays est un repaire de communistes, d’anticapitalistes et de révolutionnaires ». L’hebdomadaire note que « pas moins de trois candidats sur dix se réclamaient de l’extrême gauche », (Mélenchon, Poutou et Arthaud), donc du fait de la règle d’équité de la campagne officielle « l’extrême gauche a totalisé le tiers du temps de parole à l’écran et sur les ondes ».

Et le journal prend plaisir à reproduire quelques perles de campagne sous le titre « Il faut y être pour croire ce que l’on entend » : « A la radio M. Poutou défendait sérieusement la réduction du temps de travail de 35 à 32 heures en précisant que le but ultime est de « travailler le moins possible et gagner le plus possible… et si ne pas travailler du tout était possible, nous ne serions pas contre ».

« Jean Luc Mélenchon a ranimé la vieille alliance entre le parti socialiste et le parti communiste sous les mots d’ordre « prendre le pouvoir » et « partager la richesse » : « Si je suis élu, dit-il, nous partagerons la richesse, et ceux qui ne veulent pas la partager de leur plein gré, la partagerons de force. »

« Jean-Luc Mélenchon (encore lui) dit : « Regardez les riches dans les yeux et ne leur dites pas « je ne suis pas dangereux », dîtes leur au contraire « je suis dangereux et je vais vous vider les poches ».

Et le journaliste de conclure « avec un tel discours ambiant, pas étonnant que, François Hollande, qui, n’importe où ailleurs passerait pour un vieux gauchiste démodé, ait en France une réputation de modéré. »

Cette « modération » est la bouée de sauvetage à laquelle les observateurs étrangers veulent se raccrocher.

Sur la crise de l’euro, dit Arthur Goldhammer, Sarkozy et Hollande « ne sont pas très éloignés », « ils reconnaissent tous deux que quelque chose doit être fait pour changer l’Europe », mais Sarkozy, « véhément et débordant d’énergie s’est sagement rangé derrière Angela Merkel », alors que Hollande « qui a passé sa vie a bâtir des compromis » a promis de tenir une « position ferme». Et d’opiner « il n’est pas sûr qu’il ait la capacité de le faire. »

Tout comme les médias français, les journaux anglo-saxons présentent la victoire du candidat socialiste comme quasi acquise. Même s’ils notent qu’elle suscite peu d’enthousiasme chez les Français. The Economist est allé à Donzy, en Bourgogne, le village qui prédit toujours le vainqueur des scrutins présidentiels. « Donzy vote plutôt Hollande, note le journaliste mais sans enthousiasme »…« Il n’y a aucune ferveur autour de lui », nous dit le maire du village. « Les gens du coin sont résignés à sa victoire » … Il faut dire que c’est « débutant, qui n’a même pas été ministre ».

Mary Ryddell du Telegraph rappelle que les socialistes avaient jadis surnommé François Hollande « Flanby ». Sous sa plume il devient donc « Mr Milk Pudding ».

Plus sérieusement l’Associated Press s’est intéressé aux programmes des deux finalistes face aux échéances qui attendent la France. Le diagnostic est inquiétant : « Aucun des deux candidats ne propose les réformes nécessaires pour remettre la France sur la voie de la réussite économique… Sans croissance, la dette actuelle est insoutenable, et sans réforme la croissance ne repartira pas ! »

Cette sombre perspective est partagée par Desmond Lachman, chercheur de l’American Enterprise Institute qui signe, dans The American du 23 avril, une synthèse implacable de la campagne et des enjeux de l’élection française sous le titre « la prochaine et plus sérieuse phase de la crise européenne »: « L’élection de François Hollande aurait des conséquences sur la crise de l’euro… parce qu’il s’est engagé à aller droit à la collision avec Angela Merkel… et parce que sa posture guerrière contre la finance, sera mal perçues par les marchés… Hollande n’a aucune expérience internationale, la plus haute responsabilité gouvernementale qu’il ait jamais occupée a été celle de maire… Il regarde en arrière, n’offre aucune perspective nouvelle, et se veut la réincarnation du dernier Président socialiste François Mitterrand… Les Français qui sont fatigués de Sarkozy n’aiment guère Hollande… le choix est pour eux déprimant, ils perçoivent que quel que soit le vainqueur c’est la France qui perdra. »

L’épée dans les reins

François d’Orcival

26/04/2012

Droitisation. Ce n’était pas la campagne de Nicolas Sarkozy qui la provoquait, comme le prétendaient les commentaires médiatiques. C’est la France qui s’est droitisée. En dix ans, l’évolution est spectaculaire. Reprenez les chiffres.

 En 2002, Jacques Chirac et ses alliés (Madelin, Boutin) font 7 millions de voix au premier tour ; Le Pen et son ex-second Mégret, 5,5 millions. Total : 12,5 millions. Cinq ans plus tard, Nicolas Sarkozy, avec Nihous et Villiers obtiennent à eux seuls 12,7 millions de suffrages, soit, avec ceux de Le Pen, 16,5 millions. Dimanche dernier, le total Sarkozy, Marine Le Pen, Dupont-Aignan fait 16,7 millions. Toutes familles confondues, avec les contradictions et interdits que l’on sait, la droite a progressé de 4 millions de voix en dix ans – c’est-à-dire de 33 % ! Durant ces seules années 2007-2012, Sarkozy avec Le Pen passent de 41,6 % des voix à 45,1 %. On peut toujours discuter, c’est un fait.

Mais au coeur de cette “droitisation”, la droite frontiste a elle-même effectué un bond : un million de voix de plus en dix ans. Record historique. Quant au centre de François Bayrou, on voit à peu près clairement ce qui s’est passé : à force d’entendre leur leader faire le procès systématique de Nicolas Sarkozy, de sa personne et de tout ce qu’il pouvait faire, le tiers de ses électeurs est allé droit chez Hollande dès le premier tour.

Le second tour est donc entre les mains des électeurs de Marine Le Pen. Il l’était déjà en 2007. Parmi eux se trouvent des électeurs de droite qui ont eu envie de mettre une épée dans les reins de Nicolas Sarkozy, contre tous ceux qui lui conseillaient d’aller à la rencontre du “centre”. D’autres, qui ne sont pas nécessairement différents, ont frappé encore un peu plus fort, exaspérés de voir leur voix éternellement méprisée. Dans les deux cas, ce vote est la traduction de ce que Martine Aubry a bien analysé, quoique mal placée pour en parler : une « faillite morale ».

En 1988 déjà, il y a donc vingt-quatre ans, 4,4 millions d’électeurs votaient Le Pen et, depuis, d’élection en élection, ces mêmes électeurs ont été traités de malades, d’obsédés, de xénophobes, d’islamophobes, de nostalgiques, etc. Plutôt perdre une élection que perdre son âme, disait-on même à droite. Instruite par François Mitterrand, la gauche s’employait savamment à diaboliser moins le Front national que les élus de droite tentés de l’avoir comme allié. On se rappelle la bronca des “valeurs communes”, la manière avec laquelle la gauche sut, avec la complicité du centre, ruiner la carrière de Charles Millon parce que celui-ci n’avait pas renoncé au soutien des élus du FN au conseil régional Rhône-Alpes. Stigmatisation – le grand mot ! Défense de stigmatiser les minorités visibles et invisibles mais pas l’électeur populaire de Le Pen.

Que s’est-il passé ? Voués au bûcher par le “politiquement correct”, ces électeurs frappaient à la porte d’une droite qui ne répondait pas parce qu’elle était pétrifiée par les injonctions de la gauche. Résultat : les électeurs lepénistes ont fait battre la droite sourde aux législatives de 1997 en faisant tomber suffisamment de sièges grâce à des triangulaires, offrant ainsi la majorité à Lionel Jospin pendant cinq ans. L’élection de 2002 aura été pour le Front national une victoire paradoxale : Le Pen fut certes présent au second tour, mais ses électeurs furent plus que jamais isolés et parqués.

En 2007, Nicolas Sarkozy a su aller les chercher, les séduire, les extraire de l’isolement, les ramener à la maison. Mais la gauche veillait, et lui-même, malgré des gestes forts, s’est laissé entraîner par cette gauche factice à une politique d’ouverture inutile, à des nominations offertes à ses adversaires, à des débats restés sans suite. La “morale” commandait d’avoir de la reconnaissance pour ces électeurs trop méprisés. Ses discours n’ont pas suffi. Ils se rappellent au bon souvenir de chacun.

Voici que M. Hollande se met à les « comprendre », quand M. Mélenchon qualifiait leur candidate, il y a peu, de « démente ». Mais qu’y a-t-il dans le programme Hollande pour rassurer ces électeurs autrefois bannis et soudain devenus fréquentables ? Le droit de vote aux étrangers ? la régularisation des sans-papiers ? l’inscription de la loi de 1905 dans une Constitution déjà laïque ? la priorité au logement pour ceux qui viennent d’ailleurs ? le RSA pour tous ? Le comble de la “faillite morale” serait que le candidat socialiste soit élu grâce à ces voix-là. Mais d’un autre côté, quand Hollande garantit 22 sièges de députés aux Verts dont la candidate a fait 800 000 voix, Nicolas Sarkozy peut-il ne rien faire pour un parti qui en a obtenu 6,4 millions ? La démocratie, et pas seulement la morale, appelle une réponse.

François d’Orcival, de l’Institut

Verbatim.

Voir enfin:

Petites phrases de campagne

Valeurs actuelles

26/04/2012

Toujours percutantes, mais aussi drôles ou méchantes, voire de mauvais goût, elles émaillent chaque campagne. Florilège du cru 2012.

Nathalie Kosciusko-Morizet, le 11 avril : « Gauche au volant, Grèce au tournant. »

François Hollande, le 11 avril : « Je ne suis pas un candidat pochette-surprise. »

Eva Joly, le 11 avril : « Je suis coincée entre la gauche molle, qui ne promet rien, et la gauche folle, qui promet tout. »

François Hollande, le 1er avril : « Sarkozy, c’est l’ardoise magique : à chaque scrutin, l’ardoise est effacée. »

Eva Joly, le 30 mars : « Je pense que François Hollande, c’est la solution du XXe siècle aux problèmes du XXIe. »

Jean-Luc Mélenchon, le 27 mars : « Le programme de François Hollande est à prendre ou à laisser. Très bien, on laisse. »

Nicolas Dupont-Aignan, le 25 mars : « Il ne suffit pas d’enlever sa Rolex pour être le candidat du peuple », à propos de Nicolas Sarkozy.

Cécile Duflot, le 18 mars : « Il fait de la politique avec un rétroviseur. La Bastille, la Commune, c’est sympa, c’est la nostalgie d’une époque où il y avait de grands tribuns et pas de femmes en politique », à propos de Jean-Luc Mélenchon.

Nicolas Dupont-Aignan, le 15 mars : « Avec Nicolas Sarkozy tout est possible avant les élections, rien n’est possible après. »

Laurent Fabius, le 6 mars : « Votre bilan, c’est votre boulet », s’adressant à Nicolas Sarkozy.

Marine Le Pen, le 3 mars : « Sarkozy répète ses promesses d’il y a cinq ans. À chaque fois que je l’entends, je rajeunis. »

Nicolas Sarkozy, le 1er mars : « Monsieur Hollande veut moins de riches, moi, je veux moins de pauvres. »

François Bayrou, le 28 février : « Le déconnomètre fonctionne à plein tube », à propos de la proposition de Hollande de taxer à 75 % les revenus supérieurs à 1 million d’euros.

Ségolène Royal, le 21 février : « Il voudrait faire oublier en soixante jours tous les dégâts qu’il a commis en cinq ans. »

François Bayrou, le 19 février : « 0 + 0 = la tête à Toto », à propos des ralliements de Christine Boutin et Hervé Morin à Nicolas Sarkozy.

Nicolas Sarkozy, le 19 février : « Hollande fait semblant d’être Thatcher à Londres et Mitterrand à Paris. »

Nadine Morano, le 8 février : « Le problème d’image d’Eva Joly ne vient pas que de son accent, c’est aussi physique. »

Nadine Morano, le 2 février : « La Corrèze, c’est la Grèce de la France. »

Nicolas Sarkozy, le 24 janvier : « En cas d’échec, j’arrête la politique. Oui, c’est une certitude. »

Hervé Morin, le 22 janvier : « Moi qui ai vu en Normandie le débarquement des Alliés, nous avons vécu des épreuves drôlement plus difficiles que celles que nous avons à vivre aujourd’hui. »

Christine Boutin, le 19 décembre 2011 : « Autant je suis une bonne fille, loyale, mais quand on me cherche, on me trouve. Et vous allez entendre parler de la campagne de Christine Boutin. »

Jean-Luc Mélenchon, le 18 décembre 2011 : « Je ne veux pas réguler le capitalisme, je veux l’étrangler. »

Luc Chatel, le 13 décembre 2011 : « Je conseillerais à Dominique de Villepin de rebaptiser son mouvement, qui s’appelle République solidaire, République solitaire. »

Éric Besson, le 8 décembre2011 : « Eva Joly sera l’accident industriel de l’élection présidentielle. »

Jean-Marc Ayrault, le 1er décembre 2011 : « L’homme du déclin ne sera jamais l’homme du destin », à propos de Nicolas Sarkozy.

Marc-Philippe Daubresse, le 16 novembre 2011 : « Les Français vont désormais réaliser qu’en mélangeant du rose et du vert, on se retrouve toujours marron. »

Jean-Luc Mélenchon, le 13 novembre 2011 : « À présent, à gauche, pourquoi choisir pour entrer dans la saison des tempêtes un capitaine de pédalo comme Hollande ? »

François Hollande, le 28 octobre 2011 : « Pour ce qui concerne les relations avec les patrons du Cac 40, les propriétaires des grands médias et les milieux d’affaires, Nicolas Sarkozy dispose d’une avance que je ne lui contesterai jamais. »

Jean-Luc Mélenchon, le 18 octobre 2011 : « Petit à petit, je vais tellement secouer Hollande qu’il va être obligé de bouger. »

Martine Aubry, le 13 octobre 2011 : « Ma grand-mère disait : “Quand c’est flou c’est qu’il y a un loup” », à propos de François Hollande, trois jours avant le deuxième tour de la primaire socialiste.

Ségolène Royal, le 12 septembre 2011 : « Il y aura du ménage à faire. Et ce n’est pas plus mal que ce soit une femme qui soit élue pour faire le ménage », pendant la campagne pour la primaire PS.


Bloc des droites (Sarkozy-Le Pen Dupont-Aignan) à 47 %,  total des gauches (Hollande-Mélenchon-Joly-Poutou-Arthaud) à 44%,

17 Responses to Présidentielles 2012: Un Obama blanc pour la France? (Is France headed for its own perfect storm of a white Obama election?)

  1. […] saisi ces mêmes Anglo-saxons il y a quatre ans (et peut-être à nouveau dans six mois?) devant le véritable accident industriel que s’est révélé être un certain Barack who? jc durbant @ 23:57 Catégorie(s): […]

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  2. […] vidissime concept dit du “Hope & Change” (“le changement, maintenant”, la couleur en moins, en […]

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  3. […] Grand Timonier Hollande-Obama nous préparait cette société enfin véritablement universelle que nous attendions depuis si […]

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  4. […] où, dans un étrange remake français, la gauche la plus cynique tente de faire passer pour victoire l’auto-sabordage d’une […]

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  6. […] l’auteure – dument colorée – d’une des lois les plus liberticides,  l’Obama  français rencontre son propre modèle qui lui-même vient, à son tour avec le mariage homosexuel, de nous […]

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  7. […] de l’auteure – dument colorée – d’une des lois les plus liberticides,  l’Obama  français rencontre son propre modèle qui lui-même vient, à son tour avec le mariage homosexuel, de nous […]

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  12. […] que, fidèle à son habitude, la France de l’Obama français reprend à son compte avec les bonimenteurs de Téhéran la politique de "redémarrage" […]

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  13. […] que, fidèle à son habitude, la France de l’Obama corrézien reprend à son compte avec les bonimenteurs de Téhéran (ou de Moscou pour l’opposition) la […]

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